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Eira x Arian : You're my savior
fief de nyugard / domaine de north odin
Le ciel bleu est sans nuages et le soleil, à son zénith, vient baigner le Domaine de North Odin de ses doux rayons. Cela n'empêche pourtant pas aux températures d'être plus basse que la normale. Le sol s'est tapi d'un épais manteau blanc éternel. Un décor qui fait la particularité ainsi que la beauté de cette nation, celle qui a vu naître la danseuse. Si durant ces années passées ici, cela n'a pas été tout rose, ses prunelles azur s'émerveille toujours autant face à ce paysage.
Le tournesol s'efforce de garder le dos bien droit sur sa selle et de maintenir fermement les rênes de son cheval. Sa tête penche dangereusement vers l'avant, sa bouche s'entrouvre pour bâiller à s'en décrocher la mâchoire. Il faut dire que le trajet depuis l'Empire Nuhoko jusqu'au fief de Nyugard a été long et plus éprouvant. Elle a manqué de s'arrêter dans le fief de Lodowic, l'endroit qui l'a vu pousser son premier cri.
Fort heureusement, le visage de son père lui revient brusquement en tête, la faisant frémir. Eira a certes réussi à trouver une vocation qui lui permet de s'épanouir, cela ne reste pas assez pour ne plus être hanté par le passé. Elle continue alors son périple avec en tête de retrouver une amie proche dans le fief de Nyugard. Plusieurs jours et plusieurs nuits, la danseuse chevauche avec pour seule compagnie, son cheval. L'astre solaire laisse doucement la place à la lune lorsque la demoiselle franchit les portes de Jogdheleim, la capitale des terres enneigées.
Laissant son destrier dans la première écurie, la blonde déambule dans les grandes ruelles en pierres. La fatigue la rend plus sensible au froid et un frisson traverse son corps de part en part. Avant de retrouver son amie, Eira espère pouvoir se reposer un petit peu, ainsi que se sustenter. Pour cela, il lui faut gagner une auberge et au détour d'une allée, un petit groupe semble plus qu'intéresser par sa silhouette. Trois hommes décidés de trouver du réconfort auprès de la danseuse.
"Mais c'est qu'elle est jolie la petite dame. Que dirais-tu d'aller boire un coup ?"
Le tournesol se retient de lâcher un soupir de lassitude. Quels imbéciles pense-t-elle, alors qu'aucun mot ne franchit ses fines lèvres. Seul un regard courroucé se pose sur eux. Son mutisme est un réel handicap... Si certains peuvent être réceptifs à ces problèmes, ce n'est pas le cas de tout le monde et encore moins d'eux. Car, s'ils apprécient des filles qui se laissent faire, ils préfèrent tout de même d'avoir quelqu'un qui communique. C'est donc sans étonnement qu'Eira les voient s'échauffer en se rapprochant dangereusement. S'ils savaient...
Il n'y a qu'à attraper l'arc qu'elle porte dans le dos et de figer dans leurs corps, une flèche bien méritée. Mais elle s'avère bien trop proche d'eux et cela reviendrait à se mettre en danger. Au final, elle tente de reculer, de jeter des coups d'œil suppliant sur quelqu'un qui pourrait lui venir en aide.
Marchant dans le froid du nord, j'arpente avec détermination les rues, admirant l’état des rues et ce qu’il se passait actuellement. La brume de ce matin voile les rues pavées et ajoute un charme mystérieux à l'atmosphère. Au chaud derrière ma cape, je me baladais avec une tenue qu’on ne pouvait pas vraiment appeler comme une tenue chaude du nord. Mais elle gardant élégance et efficacité, soulignant mes formes.
En tant que capitaine, il est de mon devoir de surveiller les alentours de ma seigneurie. Les remparts en pierre grise se dressent majestueusement autour de la ville, offrant une vue imprenable sur les montagnes qui encerclent la région. Alors que je parcours les remparts, je scrute l'horizon, attentive au moindre signe de trouble.
Soudain, une voix lointaine attire mon attention. Une invitation vulgaire d’une demoiselle par un homme. J'ajuste mon regard et me dirige vers le bruit voyant rapidement que ce n’était pas une invitation fort amical, mes talons claquant avec légèreté le sol de pierre. Au détour d'une ruelle, je découvre une scène peu amicale. Un groupe de truands, s’approchant d’une jeune femme qui semblait se faire silencieuse. Pas un seul appel à l’aide, mais regardant mieux, je pouvais la voir doucement reculer et chercher quelque chose. Une arme ?
D'un pas silencieux, je m'approche d'eux, un truand se retourne déjà, se figeant sur place de peur à la présence, me reconnaissant et s’immobilisant. Il semblait savoir qui j’étais, mais surtout, savoir qu’il n’avait pas encore fait d’erreur. Je m’annonce aux deux derniers d’une voix très claire. « Si vous souhaitez boire un coup, je serais ravi de vous inviter, messieurs. »
Les deux se retournent, l’un énerver et l’autre ravit de mon invitation… Sauf qu’ils s’arrêtent l’un comme l’autre, alors qu’ils me fixaient dans les yeux. Je ne leur accordais aucune attention à part le fait d’ouvrir ma cape pour afficher ma lame à ma ceinture. Je fixe la demoiselle, voyant si elle allait bien.
« Mais ça sera avec une cuillière que vous allez boire si vous osez continuer à vous comporter ainsi. »
L’un des deux vient attraper son épée, mais l’autre le retient… Essayant d’encore jouer avec les mots. « Oooh, voyons madame. On peut s’entendre. Il y a trois des nous et deux de vous. On peut clairement vous satisfaire l’une et l’autre. » Celui qui venait chercher sa lame réagit aussitôt en posant une main sur le torse de son camarade, le repoussant.
« Ma-madame Nyugard… On a … Rien fait. On va vous laisser tranquille. » « Nyugard… Elle ? Tu te fous de moi, elle est surtout belle pour une noble ~ » « Ta gueule ! On… On y a va ! » Il repousse alors aussitôt son camarade alors qu’ils s’engueulent les uns les autres en partant. « Tu fais quoi ? Elle était marché, mais c’est juste une conne de noble ! T’as vu comment elles sont gaulées ! On aurait pu profiter des deux ! » « Ferme ta gueule et marche ! C’est une capitaine de l’ordre ! On lève notre épée, on finit pendu par la gorge dans le meilleur cas ! »
Ignorant leur commentaire, je remets ma cape et m’avance vers la demoiselle blonde qui semblait ne pas avoir été touchée ou blesser. Je la fixe de haut en bas, mais… Je la fixe alors droit dans ses yeux, me rapprochant un peu en étant persuadé d’avoir déjà l’avoir croisé… Mais… C’était il y a très longtemps. Elle était bien plus petite et jeune… J’ouvre doucement mes lèvres, parlant d’une voix plus douce.
« Vous allez bien ? » Mais ma mémoire revient légèrement et je viens lui poser une simple question. « … Ma…Mademoiselle Eira ? C’est bien vous ? »
fief de nyugard / domaine de north odin
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You're my savior
Fief de Nyugard - Vega de l'an 0Le ciel bleu est sans nuages et le soleil, à son zénith, vient baigner le Domaine de North Odin de ses doux rayons. Cela n'empêche pourtant pas aux températures d'être plus basse que la normale. Le sol s'est tapi d'un épais manteau blanc éternel. Un décor qui fait la particularité ainsi que la beauté de cette nation, celle qui a vu naître la danseuse. Si durant ces années passées ici, cela n'a pas été tout rose, ses prunelles azur s'émerveille toujours autant face à ce paysage.
Le tournesol s'efforce de garder le dos bien droit sur sa selle et de maintenir fermement les rênes de son cheval. Sa tête penche dangereusement vers l'avant, sa bouche s'entrouvre pour bâiller à s'en décrocher la mâchoire. Il faut dire que le trajet depuis l'Empire Nuhoko jusqu'au fief de Nyugard a été long et plus éprouvant. Elle a manqué de s'arrêter dans le fief de Lodowic, l'endroit qui l'a vu pousser son premier cri.
Fort heureusement, le visage de son père lui revient brusquement en tête, la faisant frémir. Eira a certes réussi à trouver une vocation qui lui permet de s'épanouir, cela ne reste pas assez pour ne plus être hanté par le passé. Elle continue alors son périple avec en tête de retrouver une amie proche dans le fief de Nyugard. Plusieurs jours et plusieurs nuits, la danseuse chevauche avec pour seule compagnie, son cheval. L'astre solaire laisse doucement la place à la lune lorsque la demoiselle franchit les portes de Jogdheleim, la capitale des terres enneigées.
Laissant son destrier dans la première écurie, la blonde déambule dans les grandes ruelles en pierres. La fatigue la rend plus sensible au froid et un frisson traverse son corps de part en part. Avant de retrouver son amie, Eira espère pouvoir se reposer un petit peu, ainsi que se sustenter. Pour cela, il lui faut gagner une auberge et au détour d'une allée, un petit groupe semble plus qu'intéresser par sa silhouette. Trois hommes décidés de trouver du réconfort auprès de la danseuse.
"Mais c'est qu'elle est jolie la petite dame. Que dirais-tu d'aller boire un coup ?"
Le tournesol se retient de lâcher un soupir de lassitude. Quels imbéciles pense-t-elle, alors qu'aucun mot ne franchit ses fines lèvres. Seul un regard courroucé se pose sur eux. Son mutisme est un réel handicap... Si certains peuvent être réceptifs à ces problèmes, ce n'est pas le cas de tout le monde et encore moins d'eux. Car, s'ils apprécient des filles qui se laissent faire, ils préfèrent tout de même d'avoir quelqu'un qui communique. C'est donc sans étonnement qu'Eira les voient s'échauffer en se rapprochant dangereusement. S'ils savaient...
Il n'y a qu'à attraper l'arc qu'elle porte dans le dos et de figer dans leurs corps, une flèche bien méritée. Mais elle s'avère bien trop proche d'eux et cela reviendrait à se mettre en danger. Au final, elle tente de reculer, de jeter des coups d'œil suppliant sur quelqu'un qui pourrait lui venir en aide.
Arianrhod B. Nyugard
Marchant dans le froid du nord, j'arpente avec détermination les rues, admirant l’état des rues et ce qu’il se passait actuellement. La brume de ce matin voile les rues pavées et ajoute un charme mystérieux à l'atmosphère. Au chaud derrière ma cape, je me baladais avec une tenue qu’on ne pouvait pas vraiment appeler comme une tenue chaude du nord. Mais elle gardant élégance et efficacité, soulignant mes formes.
En tant que capitaine, il est de mon devoir de surveiller les alentours de ma seigneurie. Les remparts en pierre grise se dressent majestueusement autour de la ville, offrant une vue imprenable sur les montagnes qui encerclent la région. Alors que je parcours les remparts, je scrute l'horizon, attentive au moindre signe de trouble.
Soudain, une voix lointaine attire mon attention. Une invitation vulgaire d’une demoiselle par un homme. J'ajuste mon regard et me dirige vers le bruit voyant rapidement que ce n’était pas une invitation fort amical, mes talons claquant avec légèreté le sol de pierre. Au détour d'une ruelle, je découvre une scène peu amicale. Un groupe de truands, s’approchant d’une jeune femme qui semblait se faire silencieuse. Pas un seul appel à l’aide, mais regardant mieux, je pouvais la voir doucement reculer et chercher quelque chose. Une arme ?
D'un pas silencieux, je m'approche d'eux, un truand se retourne déjà, se figeant sur place de peur à la présence, me reconnaissant et s’immobilisant. Il semblait savoir qui j’étais, mais surtout, savoir qu’il n’avait pas encore fait d’erreur. Je m’annonce aux deux derniers d’une voix très claire. « Si vous souhaitez boire un coup, je serais ravi de vous inviter, messieurs. »
Les deux se retournent, l’un énerver et l’autre ravit de mon invitation… Sauf qu’ils s’arrêtent l’un comme l’autre, alors qu’ils me fixaient dans les yeux. Je ne leur accordais aucune attention à part le fait d’ouvrir ma cape pour afficher ma lame à ma ceinture. Je fixe la demoiselle, voyant si elle allait bien.
« Mais ça sera avec une cuillière que vous allez boire si vous osez continuer à vous comporter ainsi. »
L’un des deux vient attraper son épée, mais l’autre le retient… Essayant d’encore jouer avec les mots. « Oooh, voyons madame. On peut s’entendre. Il y a trois des nous et deux de vous. On peut clairement vous satisfaire l’une et l’autre. » Celui qui venait chercher sa lame réagit aussitôt en posant une main sur le torse de son camarade, le repoussant.
« Ma-madame Nyugard… On a … Rien fait. On va vous laisser tranquille. » « Nyugard… Elle ? Tu te fous de moi, elle est surtout belle pour une noble ~ » « Ta gueule ! On… On y a va ! » Il repousse alors aussitôt son camarade alors qu’ils s’engueulent les uns les autres en partant. « Tu fais quoi ? Elle était marché, mais c’est juste une conne de noble ! T’as vu comment elles sont gaulées ! On aurait pu profiter des deux ! » « Ferme ta gueule et marche ! C’est une capitaine de l’ordre ! On lève notre épée, on finit pendu par la gorge dans le meilleur cas ! »
Ignorant leur commentaire, je remets ma cape et m’avance vers la demoiselle blonde qui semblait ne pas avoir été touchée ou blesser. Je la fixe de haut en bas, mais… Je la fixe alors droit dans ses yeux, me rapprochant un peu en étant persuadé d’avoir déjà l’avoir croisé… Mais… C’était il y a très longtemps. Elle était bien plus petite et jeune… J’ouvre doucement mes lèvres, parlant d’une voix plus douce.
« Vous allez bien ? » Mais ma mémoire revient légèrement et je viens lui poser une simple question. « … Ma…Mademoiselle Eira ? C’est bien vous ? »
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Eun-ji x Zeng : L'ÂME VOIT AU DELÀ DE L'APPARENCE
Capital AICHI / empire nuhoko
Capital AICHI / empire nuhoko
La majorité de sa vie, Eun-Ji l'a passé dans la capitale, sans manquer de rien. Enfant gâtée, intéressée uniquement par elle-même, le monde tournait autour de son nombril. C'était le cas avant de vivre des expériences suffisamment violentes pour la traumatiser. Elle aurait préféré ne pas les affronter mais sans elles, Eun-Ji n'aurait jamais pu devenir une Impératrice digne d'être respectée et adulée. Elle n'aurait jamais pu autant mûrir. Le décès de sa sœur cadette a été un déclic. Celui qui lui a permis de s'éveiller. La discussion qui a suivi avec son père lui a permis de prendre sa résolution. Celle de préserver son peuple et sa nation.
Dès lors, Eun-Ji a consacré tout son temps à cet objectif, il est devenu sa raison de vivre et de gouverner. D'abord, elle a visité les autres pays afin de créer de bonnes relations avec eux. Elle a montré la sincérité de sa personne et par là, celle de l'Empire. Elle a juré qu'elle n'attaquerait jamais les autres nations sur son honneur et que si elle trahissait sa parole, elle quitterait immédiatement ses fonctions. La diplomatie est la clé vers la paix. Et pour l'obtenir, il faut être digne de confiance. L'entente acquise, Eun-Ji s'est rendue compte que sur les terres de l'Empire, des inégalités existent. Un fait dont elle n'a conscience et qu'elle n'imaginait même pas possible avant d'en être témoin. Une réalité que ses conseillers lui ont caché.
Tous ne jouissent pas de la même richesse. Nombre d'enfants sont abandonnés à la naissance. Des parents trop pauvres pour s'en occuper, des enfants provenant d'un amour impur, d'une histoire d'un soir et dont la présence s'avère gênante et tout un tas d'autres raisons... Certains perdent la vie sans même avoir un nom. D'autres parviennent à grandir et deviennent des bandits ou voleurs pour survivre. Les nobles en ont conscience mais le problème ne choque personne. Dans sa campagne pour les aider, elle n'obtient pas de soutien.
Jusqu'à ce qu'elle entende au détour d'un couloir, parler d'un homme particulièrement laid que les troupes engagent pour de sales besognes. Cela la surprend. Nuhoko est un territoire où la beauté extérieure et l'apparence d'une personne sont très importantes. Chacun veille à se rendre le plus beau possible et il est rare que quelqu'un soit autant rabaissé pour ce qu'il est. Les critiques sont nombreuses et piquent sa curiosité. Pourquoi un mercenaire qui leur rend service reçoit-il de telles remarques ?
— Pouvez-vous m'en dire davantage sur ce fameux « Gobelin » ?
Sans y être invitée, Eun-Ji se joint à la discussion. Naturellement, les domestiques se sentent gênées et s'inclinent tout en s'excusant de parler dans le dos de quelqu'un. Cependant, elles acceptent bien vite d'en dire davantage une fois qu'elles ont compris qu'elles ne seraient pas punies pour cela. Ainsi, Eun-Ji obtient plus de précisions sur ce mystérieux homme et apprend qu'il s'agit d'un orphelin. Un de ceux qu'elle a laissé de côté à cause de son ignorance. Pour se dédouaner, elle pourrait penser que c'est son père qui n'a pas agi mais ce serait redevenir celle qu'elle était : l'enfant ignare qui reporte la faute sur son entourage. Elle ne compte pas agir ainsi et elle ne compte pas fuir ses responsabilités.
Touchée par l'histoire de cet homme qui est une victime sous leur règne, Eun-Ji écrit une missive marquée d'un sceau officiel et elle la transmet à un messager en lui précisant le caractère urgent de ce qu'il transporte. Le contenu est écrit avec une encre dorée, demandant une rencontre dans le Palais Yon. Un privilège que peu ont. Le messager s'en va à la recherche du mercenaire et Eun-Ji rejoint ses quartiers. Elle espère qu'il viendra. Si ce n'est pas le cas, elle a mentionné qu'elle lui offrira une généreuse compensation en échange de son aide. C'est un bon marché.
[...]
Quelques jours se sont écoulés le temps que le messager ne revienne après avoir délivré sa missive. Eun-Ji l'a félicité pour son travail et a pris connaissance de la réponse, à l'oral, du mercenaire. Ce dernier ne devrait plus tarder et l'Impératrice s'est chargée en personne de préparer le salon des invités dans lequel elle le recevra. Elle n'a toléré aucune mauvaise langue cependant, le naturel revient très vite au galop et les bruits de couloir se sont amplifiés quand le Gobelin s'est introduit dans le Palais. A cela, Eun-Ji n'a pu que pousser un soupir, navrée de ne pouvoir les empêcher de juger les apparences. Ce serait renié ce qu'ils sont.
Un garde lui annonce l'arrivée de son invité. Assise sur le tatami, devant une table où deux tasses ornées de motif d'or sont posées, Eun-Ji jette un coup d'oeil vers l'entrée où un rideau de papier lui permet de distinguer deux silhouettes. Elle a choisi le salon qui donne une vue sur les jardins et l'étang dans lequel des lotus fleurissent. Un coin charmant qu'elle aime et qui la détend. Sa voix s'éclaire, pleine de douceur et de maturité.
— Merci pour votre travail, vous pouvez nous laisser. J'aimerais lui parler seule à seul. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Le garde hésite longuement. Elle le devine à son ombre, il se tourne plusieurs fois dans sa direction puis dans celle du mercenaire. Cependant, comme elle insiste, il finit par céder, s'éloignant de quelques pas, assez pour ne pas les écouter mais il reste proche, prêt à intervenir. Eun-Ji pousse un soupir, reprenant la parole.
— J'espère que vous ne tiendrez pas rigueur de la rigidité de mes gardes. Je vous en prie, rejoignez moi.
Lorsque le Gobelin franchit le cap, il remarque certainement l'expression de l'Impératrice. Il y est habitué c'est certain, de voir la surprise, l'étonnement et le regard fuyant. Mais rapidement, Eun-Ji se reprend et repose ses yeux sur lui, ne se détourne pas de lui. Les rumeurs sont vrais, il ne correspond pas aux standards de l'Empire. Cependant, elle ne veut pas le rejeter pour cela puisqu'il n'y peut rien. Personne ne naît comme il le veut. La Déesse ne leur donne pas tous la beauté et ils n'ont d'autres choix que de vivre avec ce qu'ils sont.
— Les rumeurs à votre égard sont bien cruelles, Monsieur le Gobelin. Même votre surnom est odieux, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de l'employer puisque j'ignore votre vrai nom. Pardonnez mon regard, je m'attendais à être confrontée à une infamie mais vous êtes un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
D'un geste de main, Eun-Ji l'invite à s'assoir en face d'elle, sur un pied d'égalité. Avant de commencer sérieusement leur discussion, elle attrape la théière et tente, avec un peu de maladresse, de servir le thé. Elle n'en a pas l'habitude. Ce sont ses servantes qui font tout à sa place mais pour une fois, elle a eu envie de s'y mettre. Cela lui semble important de se mettre à leur place. Son regard carmin se lève vers celui du mercenaire et elle lui adresse un sourire détendu, s'essayant à une plaisanterie pour détendre l'atmosphère.
— Je vous remercie d'être venu. Vous devez vous demander pour quelle raison je vous ai fait venir. Au regret de vous décevoir, ce n'est pas pour me moquer de vous mais pour vous demander votre aide. J'ai ouï dire que vous aviez grandi sans parents ainsi vous pouvez comprendre mieux que quiconque ce que ressentent les enfants abandonnés, les orphelins. Et vous pourrez m'aider mieux que quiconque à leur porter assistance. Qu'en dites-vous, voulez-vous participer à mon projet d'aides aux orphelins, Monsieur le Gobelin ?
Dès lors, Eun-Ji a consacré tout son temps à cet objectif, il est devenu sa raison de vivre et de gouverner. D'abord, elle a visité les autres pays afin de créer de bonnes relations avec eux. Elle a montré la sincérité de sa personne et par là, celle de l'Empire. Elle a juré qu'elle n'attaquerait jamais les autres nations sur son honneur et que si elle trahissait sa parole, elle quitterait immédiatement ses fonctions. La diplomatie est la clé vers la paix. Et pour l'obtenir, il faut être digne de confiance. L'entente acquise, Eun-Ji s'est rendue compte que sur les terres de l'Empire, des inégalités existent. Un fait dont elle n'a conscience et qu'elle n'imaginait même pas possible avant d'en être témoin. Une réalité que ses conseillers lui ont caché.
Tous ne jouissent pas de la même richesse. Nombre d'enfants sont abandonnés à la naissance. Des parents trop pauvres pour s'en occuper, des enfants provenant d'un amour impur, d'une histoire d'un soir et dont la présence s'avère gênante et tout un tas d'autres raisons... Certains perdent la vie sans même avoir un nom. D'autres parviennent à grandir et deviennent des bandits ou voleurs pour survivre. Les nobles en ont conscience mais le problème ne choque personne. Dans sa campagne pour les aider, elle n'obtient pas de soutien.
Jusqu'à ce qu'elle entende au détour d'un couloir, parler d'un homme particulièrement laid que les troupes engagent pour de sales besognes. Cela la surprend. Nuhoko est un territoire où la beauté extérieure et l'apparence d'une personne sont très importantes. Chacun veille à se rendre le plus beau possible et il est rare que quelqu'un soit autant rabaissé pour ce qu'il est. Les critiques sont nombreuses et piquent sa curiosité. Pourquoi un mercenaire qui leur rend service reçoit-il de telles remarques ?
— Pouvez-vous m'en dire davantage sur ce fameux « Gobelin » ?
Sans y être invitée, Eun-Ji se joint à la discussion. Naturellement, les domestiques se sentent gênées et s'inclinent tout en s'excusant de parler dans le dos de quelqu'un. Cependant, elles acceptent bien vite d'en dire davantage une fois qu'elles ont compris qu'elles ne seraient pas punies pour cela. Ainsi, Eun-Ji obtient plus de précisions sur ce mystérieux homme et apprend qu'il s'agit d'un orphelin. Un de ceux qu'elle a laissé de côté à cause de son ignorance. Pour se dédouaner, elle pourrait penser que c'est son père qui n'a pas agi mais ce serait redevenir celle qu'elle était : l'enfant ignare qui reporte la faute sur son entourage. Elle ne compte pas agir ainsi et elle ne compte pas fuir ses responsabilités.
Touchée par l'histoire de cet homme qui est une victime sous leur règne, Eun-Ji écrit une missive marquée d'un sceau officiel et elle la transmet à un messager en lui précisant le caractère urgent de ce qu'il transporte. Le contenu est écrit avec une encre dorée, demandant une rencontre dans le Palais Yon. Un privilège que peu ont. Le messager s'en va à la recherche du mercenaire et Eun-Ji rejoint ses quartiers. Elle espère qu'il viendra. Si ce n'est pas le cas, elle a mentionné qu'elle lui offrira une généreuse compensation en échange de son aide. C'est un bon marché.
[...]
Quelques jours se sont écoulés le temps que le messager ne revienne après avoir délivré sa missive. Eun-Ji l'a félicité pour son travail et a pris connaissance de la réponse, à l'oral, du mercenaire. Ce dernier ne devrait plus tarder et l'Impératrice s'est chargée en personne de préparer le salon des invités dans lequel elle le recevra. Elle n'a toléré aucune mauvaise langue cependant, le naturel revient très vite au galop et les bruits de couloir se sont amplifiés quand le Gobelin s'est introduit dans le Palais. A cela, Eun-Ji n'a pu que pousser un soupir, navrée de ne pouvoir les empêcher de juger les apparences. Ce serait renié ce qu'ils sont.
Un garde lui annonce l'arrivée de son invité. Assise sur le tatami, devant une table où deux tasses ornées de motif d'or sont posées, Eun-Ji jette un coup d'oeil vers l'entrée où un rideau de papier lui permet de distinguer deux silhouettes. Elle a choisi le salon qui donne une vue sur les jardins et l'étang dans lequel des lotus fleurissent. Un coin charmant qu'elle aime et qui la détend. Sa voix s'éclaire, pleine de douceur et de maturité.
— Merci pour votre travail, vous pouvez nous laisser. J'aimerais lui parler seule à seul. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Le garde hésite longuement. Elle le devine à son ombre, il se tourne plusieurs fois dans sa direction puis dans celle du mercenaire. Cependant, comme elle insiste, il finit par céder, s'éloignant de quelques pas, assez pour ne pas les écouter mais il reste proche, prêt à intervenir. Eun-Ji pousse un soupir, reprenant la parole.
— J'espère que vous ne tiendrez pas rigueur de la rigidité de mes gardes. Je vous en prie, rejoignez moi.
Lorsque le Gobelin franchit le cap, il remarque certainement l'expression de l'Impératrice. Il y est habitué c'est certain, de voir la surprise, l'étonnement et le regard fuyant. Mais rapidement, Eun-Ji se reprend et repose ses yeux sur lui, ne se détourne pas de lui. Les rumeurs sont vrais, il ne correspond pas aux standards de l'Empire. Cependant, elle ne veut pas le rejeter pour cela puisqu'il n'y peut rien. Personne ne naît comme il le veut. La Déesse ne leur donne pas tous la beauté et ils n'ont d'autres choix que de vivre avec ce qu'ils sont.
— Les rumeurs à votre égard sont bien cruelles, Monsieur le Gobelin. Même votre surnom est odieux, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de l'employer puisque j'ignore votre vrai nom. Pardonnez mon regard, je m'attendais à être confrontée à une infamie mais vous êtes un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
D'un geste de main, Eun-Ji l'invite à s'assoir en face d'elle, sur un pied d'égalité. Avant de commencer sérieusement leur discussion, elle attrape la théière et tente, avec un peu de maladresse, de servir le thé. Elle n'en a pas l'habitude. Ce sont ses servantes qui font tout à sa place mais pour une fois, elle a eu envie de s'y mettre. Cela lui semble important de se mettre à leur place. Son regard carmin se lève vers celui du mercenaire et elle lui adresse un sourire détendu, s'essayant à une plaisanterie pour détendre l'atmosphère.
— Je vous remercie d'être venu. Vous devez vous demander pour quelle raison je vous ai fait venir. Au regret de vous décevoir, ce n'est pas pour me moquer de vous mais pour vous demander votre aide. J'ai ouï dire que vous aviez grandi sans parents ainsi vous pouvez comprendre mieux que quiconque ce que ressentent les enfants abandonnés, les orphelins. Et vous pourrez m'aider mieux que quiconque à leur porter assistance. Qu'en dites-vous, voulez-vous participer à mon projet d'aides aux orphelins, Monsieur le Gobelin ?
COPYRIGHT : Jawn
Stupeur, incompréhension, se murmurent au travers des couloirs, les gardes s’échangent un regard, est-ce vraiment lui, qu’elle a fait appeler ?
Bien sûr, que c’est Lui, le seul, celui dont l’on grimace le nom, Gobelin, le Mercenaire des Lanternes Vertes, le monstre des bois, celui qui ravit les enfants et se nourrit de cadavres, on le dit, immonde, terrible, redoutable, il est cruel, répugnant, détestable. Pourtant, il arrive que certains murmurent la beauté de ses spectacles, l’espoir qu’il offre aux orphelins, il n’est pas rare de voir sa troupe suivie d’une quinzaine de bambins, dont ils prennent apparemment soin. Mais ils sont rares, ceux qui propagent ces rumeurs là, de toute façon, ce n’est pas celles dont l’on veut se souvenir.
Car l’Homme a beau se réfugier derrière les sciences et la religion, derrière la philosophie et toutes ses questions, l’Homme reste et restera toujours effrayé par ce qu’il ne sait pas expliquer. L’inconnu éveille un malaise viscéral, dégoût ou attirance lugubre, pour tout ce qui dérange, et Gobelin se sait maître de leurs regards. Il est pourtant comme tous ces pauvres gens que l’on ignore, difforme, misérable. Ses armes, ne sont guère la magie ou l’acier non, ce sont celles que la Déesse lui a données. Son corps, son esprit vif et acéré, ses espoirs. Il a pris le masque, qu’on lui a donné. Il joue son rôle dans ce grand théâtre, mais son texte n’est pas celui qu’on lui a dicté.
Il est, ce qu’il a lui-même créé.
Jouant des attentes, pour mieux les tromper. Il bouleverse, les à priori, il veut, marquer les esprits, il veut, rappeler l’existence de toutes ces âmes oubliées, il veut, renverser l’ordre si bien établie de cette société. Un Duc, s’est incliné jusqu’au sol devant lui et voilà qu’à présent, l’Impératrice elle-même l’a invité. Si les Lanternes se sont affolées, Gobelin lui, a éclaté de rire, d’un rire qui a défié le ciel, d’un rictus, il a donné sa réponse au messager stupéfait.
Il serait présent.
Il ignore ce qu’elle attend de lui, si même ! Elle le laissera sortir vivant.
Les lanternes inquiètes sont abandonnées au détour d'un carrefour, restez à l'orée des bois, partez, si Gobelin ne revient pas. L'homme, un baluchon sur l'épaule, s'arrête auprès d'une rivière pour se laver, enfiler une nouvelle tenue, attacher ses cheveux, face à son reflet, il hésite. Sur le bout de ses doigts, ciel noir imprégné d'étoiles, teintures qu'il écrase sur ses paupières, charbon, pour allonger le dessin des yeux, Gobelin, devient Zeng Min, mais la métamorphose s'interrompt.
Car il entend les rires.
Ses mains s'emplissent d'eau et l'eau, ruisselle sur son visage, effaçant toutes traces de maquillage. Il sait qu'il aura beau frotter, rien, rien ne parviendra à polir ses traits osseux, rien n'effacera, tous ces traits disgracieux. Alors, entre ses lèvres, s'échappe un rire, crissement d'ongles sur le bois d'un cercueil, raclement de coeur, contre la gorge. Son dos, se tord, se tend, entre ses mains, se réfugie son visage hideux.
Quoi qu'il fasse, il ne pourra jamais, cacher ce qu'il est.
Et c'est ce qui fait sa force. Rire, de ce qui les horrifie, vivre, de ce qui les mortifie. Il est et sera toujours, Survivant.
Alors Gobelin se présente au Palais. Vêtu d'un simple kimono vert, qui dévoile ses genoux cagneux, ses mollets maigres, les ongles crasseux dans les getas. Les bras malingres et osseux, les poignets saillants, les mains, aux très, très longs doigts, les griffes, étirées. Les cheveux noirs huileux, dégoulinent sur sa peau cadavérique, les mèches s'écartent par tas, dévoilant le long nez aquilin aux parois creusées. Au fond des orbites creusées, luisent les prunelles : d'un vert, comme celui des eaux croupies des marais, animé de lointains feux follets. Fantômes lugubres, de tant de vies qui ont défilé, de toutes ces fois où la mort l'a frôlé. Ses lèvres inexistantes, font que sa bouche entrouverte a tout d'une plaie ouverte, où s'extirpent borborygmes et jacassements.
L'arrivée du Gobelin surprend les gardes, ils s'échangent un regard, peut-il se présenter ainsi à l'Impératrice ?
Et alors que l'un prévient la Dame, l'autre saisit la créature abjecte par le bras. Le geste n'est d'aucune douceur, Gobelin bascule à genoux dans un croassement surpris, l'homme appuie son pied contre son genou pour l'empêcher de se relever. Gobelin a levé son bras libre, entre ses mèches, ses yeux se sont écarquilés. La peur, d'être frappée, s'accompagne d'un rictus provocateur, d'un rire défiant, d'une langue qui s'échappe d'entre les babines.
_ Vous allez frapper Gobelin ?! Misérable Gobelin ! Est-ce ce que l'Impératrice désire ?
L'homme serre les dents, bien sûr que non, elle ne voudrait pas cela, mais son devoir, son honneur, lui font resserrer ses emprises. Sous sa poigne d'acier, résistent à peine les os fragiles, les tendons, les muscles, les yeux du Gobelin, se réfugient sous ses paupières. Ses yeux se sont éteints, il ne reste plus qu'une profonde, profonde obscurité, quand ses lèvres susurrent.
_ Maltraitez donc, les faibles et les souffrants, c'est ainsi que vous vous sentez puissants ? Frappez ! Satisfaites donc votre ego ! Il vaut mieux tabasser du Gobelin qu'user de vos poings sur vos propres gamins.
Le garde le relâche, avec dégoût, il prend un mouchoir pour s'essuyer les mains.
_ Faites un minimum d'effort. Une tenue convenable, pour voir l'Impératrice.
_ Ah ! Elle a demandé à me voir, pas à ce que je me fasse beau ! S'écrie Gobelin théatralement, écarquillant les yeux en plaquant ses mains contre son torse malingre, Qu'est-ce que Gobelin va faire ?!
Croasse t il. Le second garde les rejoint, étonné des éclats de voix, tourne les yeux vers son congénère puis l'être abjecte, fronçant le nez de dégoût.
_ Que se passe-t-il ici ?
_Gobelin doit voir l'Impératrice ! Ne la faites pas attendre !
Il sort de sa poche, la lettre qu'il a soigneusement gardée pour preuve. Les 2 gardes s'échangent un regard, quelques mots, Gobelin attend, jusqu'à couiner quand de nouveau, une poigne puissante le tire par le poignet. Gobelin crie et proteste comme un porc, il fait du bruit, pour attirer les regards, susciter les rumeurs, finalement, le garde abandonne, lui lance une brosse.
_ Frotte toi avec ça, que tu sois un minimum présentable pour l'Impératrice.
_ Frotter, frotter ! On peut essayer, ça n'efface pas la mocheté ! Glapit Gobelin bien qu'il s'exécute, grattant ses ongles, sa tignasse, est-ce lui ou la brosse sent le cheval ? Le garde a probablement fait avec ce qu'il avait.
Les gardes se rendent rapidement compte, que les propos du monstre sont bien vrais. Il retire la crasse de sous les ongles, mais rien ne fait à ses cheveux, rien ne fait à sa sale tronche, et en plus de cela, il sent maintenant le cheval. Par jeu, l'un lui balance un sceau d'eau, l'autre, une serviette, Gobelin se débarrasse de l'odeur, le garde dira à l'impératrice, que Gobelin a trainé des pieds.
Lorsqu'elle le voit, que discerne-t-elle ? Les cheveux qui dégoulinent, le dos voûté, les épaules nerveusement relevées et les mains ramenées nerveusement contre son torse, il l'observe entre ses mèches, de ses yeux verts incisifs. Et lui, que voit il ?
Une femme. Magnifique. La longue chevelure claire, visage aux traits doux, peau délicieusement rosée, elle est comme ces fruis d'été, gorgés de soleil et recouverts de rosée. Un corps, tout ce qu'il y a de plus parfait, fait de courbes harmonieuses, elle est, montagnes et vallées, champs traversés de rivières ondulantes, sa voix dégage, une alliance de fraicheur et de majesté, de douceur, d'innocence et d'autorité.
Gobelin ne descend pas plus bas mais le garde, d'une main ferme qu'il abat sur sa nuque, le fait se plier plus bas encore ; incapable de résister, Gobelin tombe à genoux, ses mains s'écrasent au sol, il s'applatit de tout son long, en fait même un peu trop, surprenant le garde qui le relâche tout aussi vite.
_ Mais relevez vous !
Perd-t-il patience ou s'inquiète-t-il ? Gobelin, dans un gémissement, redresse son popotin, à 4 pattes, tourne la tête vers le garde pour lui adresser un mauvais regard, le visage tordu, d'un rictus.
_ Osez vous commander avant l'Impératrice ? C'est à elle, que Gobelin obéit.
Aussi, c'est lorsqu'elle lui demande qu'il se redresse. Le garde s'éloigne. Gobelin le suit du regard, ses yeux reviennent vers la jeune femme qu'il dévisage. Elle est d'une telle beauté, qu'elle lui fait mal. Et l'envie, lui serre le ventre.
_ Gobelin, Gobelin n'a pas de nom. Le sien, il se l'est donné, c'est son trésor. Ne soyez pas ! Si triste, d'appeler Gobelin, Gobelin, c'est ce qu'il est. C'est ainsi qu'on l'appelle, de toutes parts avec le sourire, qu'on le salue, qu'on parle de lui, ce nom, est une fierté, c'est une part de son identité. Qu'il y a t il d'odieux à cela ? Certains Humains, sont plus monstrueux que les monstres eux-mêmes et pourtant, ont un prénom pour les qualifier. Si vous le souhaitez O, O douce et magnifique Impératrice, Gobelin vous contera l'histoire de son surnom et celle-ci, vous fera peut-être sourire, vous fera peut-être voir d'un tout autre œil Gobelin. C'est un plaisir, d'entendre votre si belle voix, prononcer ces quelques syllabes. Gobelin, c’est un nom qui sautille, un nom qui glapit, c’est, un rire qui résonne comme une crécelle ! Dans votre bouche, c’est un nom qui sonne, comme celui d’un chevalier ou d’un Noble, Sir Gobelin, quel plaisir de vous accueillir ici !
Il s'installe face à elle. Décontenancé, il écarquille les yeux en voyant… Qu'elle se tient face à lui. Sur un rang d'égalité. Qu'elle saisit la théière, qu'elle déverse son contenu dans une tasse, qu'elle pousse dans sa direction. L'Impératrice le… sert ?! Éberlué, Gobelin reste sans voix. Ses yeux s'écarquillent. Sa bouche s'entrouvre. Sa main saisit son bras, le pince durement à plusieurs reprises, et peut-être qu'Elle voit les marques rouges. Les empreintes des mains des gardes qui l'ont malmené. Les traces sont particulièrement récentes et commencent déjà à noircir. Car sa peau fragile, est une toile parfaite pour la violence. Elle marque si aisément, les coups et les griffures, les morsures et les blessures, les cicatrices sont nombreuses.
La surprise laisse place à l'émotion, puis à une étrange extinction. Le regard éteint, de longues secondes passent, avant que Gobelin ne laisse échapper un rire. Le son éclate, comme une vitre se brise, rictus déchire ses lèvres, Gobelin bascule la tête, les yeux roulent dans les orbites, accompagnent le geste, avant de revenir sur le visage, de l’Impératrice.
_ Un homme ordinaire ?! Croasse Gobelin, Non, non, je suis vilain ! Regardez, Impératrice, le vilain vilain Gobelin !
Et Gobelin tire sur son nez, montre ses narines, tire la langue et louche, les yeux se renversent alors qu’il tire sur ses joues inexistantes, le tout dans des bruits cocasses, jusqu’à finalement, dresser fièrement l’index et l’enfoncer dans sa narine.
_ Qu’il est moche ce Gobelin ! Ne le trouvez pas là, ordinaire, les Hommes comme vos gardes, le prendraient très mal ! Et Gobelin, Gobelin n’est pas qu’un “ordinaire”, pour que vous l’ayez convié.
Son expression n’est plus la même. Plus de grimace, un simple sourire, la tête doucement penchée sur le côté. Les yeux verts, la dévisagent avec attention ; aucune naïveté, aucune innocence, dans ses yeux, la méfiance d’une âme déjà maintes fois trahie, d’un mercenaire, qui ne connaît que trop bien, les vices du monde et de la politique.
Mais Gobelin connaît ses racines, il est de Son peuple, il doit Lui obéir.
_ Quel est votre projet d’aide ?
Aucune émotion n’est plus visible. L’expression figée, comme un masque mortuaire déposé sur un visage méconnaissable, les yeux verts sont de verre, inerte. Dans le vide, au travers des mèches obscures, l’homme retrousse simplement ses manches, dévoilant les marques sur ses bras, qu’il affiche cette fois, sans gêne.
_ Que voulez-vous, aux Orphelins ? A ceux qui n’ont déjà plus rien ?
Demande-t-il, redressant dignement la tête.
_ Votre garde a su montrer, avec quelle bienveillance l’on traite les Gobelins. Est-ce ainsi, que seront traités les Orphelins ?
Murmure-t-il à l’adresse de l’Impératrice.
Qu’attend t elle ? Que veut-elle ? Est-elle inquiète, comme le Duc d’Adda ? Ou souhaite-t-elle acheter les enfants, faire d’eux, soldats ou objets ?
_ Il ne leur reste, plus argent, plus famille, plus terre, ils n'ont plus, que l'espoir et la liberté, il ne faut pas leur en priver. Impératrice, ayez pitié.
Sa voix, supplie.
Il n'y a plus de grimaces, plus de jeux, plus de menace, ce n'est pas, comme avec le Duc d'Adda, car elle, est l'Impératrice, car Elle, a le droit de le tuer si Elle le désire. Il est, dans son empire, il n'est qu'un Gobelin, qu'une poussière à balayer, qu'un misérable à écraser.
Bien sûr, que c’est Lui, le seul, celui dont l’on grimace le nom, Gobelin, le Mercenaire des Lanternes Vertes, le monstre des bois, celui qui ravit les enfants et se nourrit de cadavres, on le dit, immonde, terrible, redoutable, il est cruel, répugnant, détestable. Pourtant, il arrive que certains murmurent la beauté de ses spectacles, l’espoir qu’il offre aux orphelins, il n’est pas rare de voir sa troupe suivie d’une quinzaine de bambins, dont ils prennent apparemment soin. Mais ils sont rares, ceux qui propagent ces rumeurs là, de toute façon, ce n’est pas celles dont l’on veut se souvenir.
Car l’Homme a beau se réfugier derrière les sciences et la religion, derrière la philosophie et toutes ses questions, l’Homme reste et restera toujours effrayé par ce qu’il ne sait pas expliquer. L’inconnu éveille un malaise viscéral, dégoût ou attirance lugubre, pour tout ce qui dérange, et Gobelin se sait maître de leurs regards. Il est pourtant comme tous ces pauvres gens que l’on ignore, difforme, misérable. Ses armes, ne sont guère la magie ou l’acier non, ce sont celles que la Déesse lui a données. Son corps, son esprit vif et acéré, ses espoirs. Il a pris le masque, qu’on lui a donné. Il joue son rôle dans ce grand théâtre, mais son texte n’est pas celui qu’on lui a dicté.
Il est, ce qu’il a lui-même créé.
Jouant des attentes, pour mieux les tromper. Il bouleverse, les à priori, il veut, marquer les esprits, il veut, rappeler l’existence de toutes ces âmes oubliées, il veut, renverser l’ordre si bien établie de cette société. Un Duc, s’est incliné jusqu’au sol devant lui et voilà qu’à présent, l’Impératrice elle-même l’a invité. Si les Lanternes se sont affolées, Gobelin lui, a éclaté de rire, d’un rire qui a défié le ciel, d’un rictus, il a donné sa réponse au messager stupéfait.
Il serait présent.
Il ignore ce qu’elle attend de lui, si même ! Elle le laissera sortir vivant.
Les lanternes inquiètes sont abandonnées au détour d'un carrefour, restez à l'orée des bois, partez, si Gobelin ne revient pas. L'homme, un baluchon sur l'épaule, s'arrête auprès d'une rivière pour se laver, enfiler une nouvelle tenue, attacher ses cheveux, face à son reflet, il hésite. Sur le bout de ses doigts, ciel noir imprégné d'étoiles, teintures qu'il écrase sur ses paupières, charbon, pour allonger le dessin des yeux, Gobelin, devient Zeng Min, mais la métamorphose s'interrompt.
Car il entend les rires.
Ses mains s'emplissent d'eau et l'eau, ruisselle sur son visage, effaçant toutes traces de maquillage. Il sait qu'il aura beau frotter, rien, rien ne parviendra à polir ses traits osseux, rien n'effacera, tous ces traits disgracieux. Alors, entre ses lèvres, s'échappe un rire, crissement d'ongles sur le bois d'un cercueil, raclement de coeur, contre la gorge. Son dos, se tord, se tend, entre ses mains, se réfugie son visage hideux.
Quoi qu'il fasse, il ne pourra jamais, cacher ce qu'il est.
Et c'est ce qui fait sa force. Rire, de ce qui les horrifie, vivre, de ce qui les mortifie. Il est et sera toujours, Survivant.
Alors Gobelin se présente au Palais. Vêtu d'un simple kimono vert, qui dévoile ses genoux cagneux, ses mollets maigres, les ongles crasseux dans les getas. Les bras malingres et osseux, les poignets saillants, les mains, aux très, très longs doigts, les griffes, étirées. Les cheveux noirs huileux, dégoulinent sur sa peau cadavérique, les mèches s'écartent par tas, dévoilant le long nez aquilin aux parois creusées. Au fond des orbites creusées, luisent les prunelles : d'un vert, comme celui des eaux croupies des marais, animé de lointains feux follets. Fantômes lugubres, de tant de vies qui ont défilé, de toutes ces fois où la mort l'a frôlé. Ses lèvres inexistantes, font que sa bouche entrouverte a tout d'une plaie ouverte, où s'extirpent borborygmes et jacassements.
L'arrivée du Gobelin surprend les gardes, ils s'échangent un regard, peut-il se présenter ainsi à l'Impératrice ?
Et alors que l'un prévient la Dame, l'autre saisit la créature abjecte par le bras. Le geste n'est d'aucune douceur, Gobelin bascule à genoux dans un croassement surpris, l'homme appuie son pied contre son genou pour l'empêcher de se relever. Gobelin a levé son bras libre, entre ses mèches, ses yeux se sont écarquilés. La peur, d'être frappée, s'accompagne d'un rictus provocateur, d'un rire défiant, d'une langue qui s'échappe d'entre les babines.
_ Vous allez frapper Gobelin ?! Misérable Gobelin ! Est-ce ce que l'Impératrice désire ?
L'homme serre les dents, bien sûr que non, elle ne voudrait pas cela, mais son devoir, son honneur, lui font resserrer ses emprises. Sous sa poigne d'acier, résistent à peine les os fragiles, les tendons, les muscles, les yeux du Gobelin, se réfugient sous ses paupières. Ses yeux se sont éteints, il ne reste plus qu'une profonde, profonde obscurité, quand ses lèvres susurrent.
_ Maltraitez donc, les faibles et les souffrants, c'est ainsi que vous vous sentez puissants ? Frappez ! Satisfaites donc votre ego ! Il vaut mieux tabasser du Gobelin qu'user de vos poings sur vos propres gamins.
Le garde le relâche, avec dégoût, il prend un mouchoir pour s'essuyer les mains.
_ Faites un minimum d'effort. Une tenue convenable, pour voir l'Impératrice.
_ Ah ! Elle a demandé à me voir, pas à ce que je me fasse beau ! S'écrie Gobelin théatralement, écarquillant les yeux en plaquant ses mains contre son torse malingre, Qu'est-ce que Gobelin va faire ?!
Croasse t il. Le second garde les rejoint, étonné des éclats de voix, tourne les yeux vers son congénère puis l'être abjecte, fronçant le nez de dégoût.
_ Que se passe-t-il ici ?
_Gobelin doit voir l'Impératrice ! Ne la faites pas attendre !
Il sort de sa poche, la lettre qu'il a soigneusement gardée pour preuve. Les 2 gardes s'échangent un regard, quelques mots, Gobelin attend, jusqu'à couiner quand de nouveau, une poigne puissante le tire par le poignet. Gobelin crie et proteste comme un porc, il fait du bruit, pour attirer les regards, susciter les rumeurs, finalement, le garde abandonne, lui lance une brosse.
_ Frotte toi avec ça, que tu sois un minimum présentable pour l'Impératrice.
_ Frotter, frotter ! On peut essayer, ça n'efface pas la mocheté ! Glapit Gobelin bien qu'il s'exécute, grattant ses ongles, sa tignasse, est-ce lui ou la brosse sent le cheval ? Le garde a probablement fait avec ce qu'il avait.
Les gardes se rendent rapidement compte, que les propos du monstre sont bien vrais. Il retire la crasse de sous les ongles, mais rien ne fait à ses cheveux, rien ne fait à sa sale tronche, et en plus de cela, il sent maintenant le cheval. Par jeu, l'un lui balance un sceau d'eau, l'autre, une serviette, Gobelin se débarrasse de l'odeur, le garde dira à l'impératrice, que Gobelin a trainé des pieds.
Lorsqu'elle le voit, que discerne-t-elle ? Les cheveux qui dégoulinent, le dos voûté, les épaules nerveusement relevées et les mains ramenées nerveusement contre son torse, il l'observe entre ses mèches, de ses yeux verts incisifs. Et lui, que voit il ?
Une femme. Magnifique. La longue chevelure claire, visage aux traits doux, peau délicieusement rosée, elle est comme ces fruis d'été, gorgés de soleil et recouverts de rosée. Un corps, tout ce qu'il y a de plus parfait, fait de courbes harmonieuses, elle est, montagnes et vallées, champs traversés de rivières ondulantes, sa voix dégage, une alliance de fraicheur et de majesté, de douceur, d'innocence et d'autorité.
Gobelin ne descend pas plus bas mais le garde, d'une main ferme qu'il abat sur sa nuque, le fait se plier plus bas encore ; incapable de résister, Gobelin tombe à genoux, ses mains s'écrasent au sol, il s'applatit de tout son long, en fait même un peu trop, surprenant le garde qui le relâche tout aussi vite.
_ Mais relevez vous !
Perd-t-il patience ou s'inquiète-t-il ? Gobelin, dans un gémissement, redresse son popotin, à 4 pattes, tourne la tête vers le garde pour lui adresser un mauvais regard, le visage tordu, d'un rictus.
_ Osez vous commander avant l'Impératrice ? C'est à elle, que Gobelin obéit.
Aussi, c'est lorsqu'elle lui demande qu'il se redresse. Le garde s'éloigne. Gobelin le suit du regard, ses yeux reviennent vers la jeune femme qu'il dévisage. Elle est d'une telle beauté, qu'elle lui fait mal. Et l'envie, lui serre le ventre.
_ Gobelin, Gobelin n'a pas de nom. Le sien, il se l'est donné, c'est son trésor. Ne soyez pas ! Si triste, d'appeler Gobelin, Gobelin, c'est ce qu'il est. C'est ainsi qu'on l'appelle, de toutes parts avec le sourire, qu'on le salue, qu'on parle de lui, ce nom, est une fierté, c'est une part de son identité. Qu'il y a t il d'odieux à cela ? Certains Humains, sont plus monstrueux que les monstres eux-mêmes et pourtant, ont un prénom pour les qualifier. Si vous le souhaitez O, O douce et magnifique Impératrice, Gobelin vous contera l'histoire de son surnom et celle-ci, vous fera peut-être sourire, vous fera peut-être voir d'un tout autre œil Gobelin. C'est un plaisir, d'entendre votre si belle voix, prononcer ces quelques syllabes. Gobelin, c’est un nom qui sautille, un nom qui glapit, c’est, un rire qui résonne comme une crécelle ! Dans votre bouche, c’est un nom qui sonne, comme celui d’un chevalier ou d’un Noble, Sir Gobelin, quel plaisir de vous accueillir ici !
Il s'installe face à elle. Décontenancé, il écarquille les yeux en voyant… Qu'elle se tient face à lui. Sur un rang d'égalité. Qu'elle saisit la théière, qu'elle déverse son contenu dans une tasse, qu'elle pousse dans sa direction. L'Impératrice le… sert ?! Éberlué, Gobelin reste sans voix. Ses yeux s'écarquillent. Sa bouche s'entrouvre. Sa main saisit son bras, le pince durement à plusieurs reprises, et peut-être qu'Elle voit les marques rouges. Les empreintes des mains des gardes qui l'ont malmené. Les traces sont particulièrement récentes et commencent déjà à noircir. Car sa peau fragile, est une toile parfaite pour la violence. Elle marque si aisément, les coups et les griffures, les morsures et les blessures, les cicatrices sont nombreuses.
La surprise laisse place à l'émotion, puis à une étrange extinction. Le regard éteint, de longues secondes passent, avant que Gobelin ne laisse échapper un rire. Le son éclate, comme une vitre se brise, rictus déchire ses lèvres, Gobelin bascule la tête, les yeux roulent dans les orbites, accompagnent le geste, avant de revenir sur le visage, de l’Impératrice.
_ Un homme ordinaire ?! Croasse Gobelin, Non, non, je suis vilain ! Regardez, Impératrice, le vilain vilain Gobelin !
Et Gobelin tire sur son nez, montre ses narines, tire la langue et louche, les yeux se renversent alors qu’il tire sur ses joues inexistantes, le tout dans des bruits cocasses, jusqu’à finalement, dresser fièrement l’index et l’enfoncer dans sa narine.
_ Qu’il est moche ce Gobelin ! Ne le trouvez pas là, ordinaire, les Hommes comme vos gardes, le prendraient très mal ! Et Gobelin, Gobelin n’est pas qu’un “ordinaire”, pour que vous l’ayez convié.
Son expression n’est plus la même. Plus de grimace, un simple sourire, la tête doucement penchée sur le côté. Les yeux verts, la dévisagent avec attention ; aucune naïveté, aucune innocence, dans ses yeux, la méfiance d’une âme déjà maintes fois trahie, d’un mercenaire, qui ne connaît que trop bien, les vices du monde et de la politique.
Mais Gobelin connaît ses racines, il est de Son peuple, il doit Lui obéir.
_ Quel est votre projet d’aide ?
Aucune émotion n’est plus visible. L’expression figée, comme un masque mortuaire déposé sur un visage méconnaissable, les yeux verts sont de verre, inerte. Dans le vide, au travers des mèches obscures, l’homme retrousse simplement ses manches, dévoilant les marques sur ses bras, qu’il affiche cette fois, sans gêne.
_ Que voulez-vous, aux Orphelins ? A ceux qui n’ont déjà plus rien ?
Demande-t-il, redressant dignement la tête.
_ Votre garde a su montrer, avec quelle bienveillance l’on traite les Gobelins. Est-ce ainsi, que seront traités les Orphelins ?
Murmure-t-il à l’adresse de l’Impératrice.
Qu’attend t elle ? Que veut-elle ? Est-elle inquiète, comme le Duc d’Adda ? Ou souhaite-t-elle acheter les enfants, faire d’eux, soldats ou objets ?
_ Il ne leur reste, plus argent, plus famille, plus terre, ils n'ont plus, que l'espoir et la liberté, il ne faut pas leur en priver. Impératrice, ayez pitié.
Sa voix, supplie.
Il n'y a plus de grimaces, plus de jeux, plus de menace, ce n'est pas, comme avec le Duc d'Adda, car elle, est l'Impératrice, car Elle, a le droit de le tuer si Elle le désire. Il est, dans son empire, il n'est qu'un Gobelin, qu'une poussière à balayer, qu'un misérable à écraser.
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Lannha / Zeng : DES ACTES POUR ATTÉNUER LES REGRETS (libre)
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Des actes pour atténuer les regrets
Oh, si tu savais comme je m'en veux…
Ne cesse-t-elle de se lamenter en observant le ciel à longueur de journée, sans oser jamais faire un pas en avant vers la Capitale du Royaume. Comment oserait-elle songer à y mettre les pieds alors qu'elle a agi avec tant de méchanceté envers sa précieuse amie ? Depuis cet incident, Lannah a pris la ferme décision de s'effacer de la vie de Sehrazad afin de ne plus jamais lui causer du tort. Ainsi, elle sera plus heureuse, n'est-ce pas ?
Pourtant, depuis, la vie n'a plus le même goût. Avant, Lannah la croquait à pleine dents, comme dans une pomme bien juteuse et sucrée. Elle profitait de chaque jour, courait dans tous les sens, s'amusait avec n'importe qui, n'importe quoi et passait son temps à rire aux éclats. Maintenant, elle a l'impression de croquer dans du sable. Il n'y a plus aucune saveur, plus aucune douceur. Sa gorge est sèche et la démange. Sa voix peine à sortir, toujours dans un murmure, jamais dans un cri.
Lannah s'est amaigrie progressivement, jour après jour. Ses hanches dodues ne sont plus. Elle n'en a presque plus. Elle a toujours aimé manger mais maintenant, elle n'a plus faim. Elle n'a plus d'appétit. Elle n'a envie de rien alors elle travaille pour passer le temps. Elle essaye de se concentrer sur son travail et de s'y impliquer de toute son âme. Cependant, le coeur n'y est pas et elle manque de force. Elle s'épuise et est régulièrement remplacée par d'autres couturières.
Elle se laisse dépérir et ne s'en cache pas. La culpabilité la ronge un peu plus à chaque mois qui s'écoule.
Son frère lui manque, Sehrazad lui manque mais c'est de sa faute, c'est elle qui a mal agi. Comment pourrait-elle s'imposer à eux après ce qu'elle a commis ? C'est impossible... Elle ne mérite pas leur pardon.
Cette nuit, elle observe sans cesse les étoiles qui lui rappellent Sehrazad. Elles brillent dans l'obscurité, malgré les nuages (les médisances de ceux qui la critiquent), malgré leur taille variable, elles continuent de scintiller. Toutes du même éclat, celui pur de l'espoir. Cette vision la rend mélancolique, lui rappelle sans cesse ses erreurs et elle sent les larmes gagner ses yeux.
Se plaint Lannah, allongée sur un coin d'herbe, bien loin de la maison. Elle aime s'isoler afin de ne pas être entendue dans ses lamentations. Elle préfère être seule dans sa détresse que de demander de l'aide. Alors qu'elle essuie ses paupières humides, des torches attirent son attention.
En plissant les yeux, Lannah remarque qu'ils se dirigent vers les enclos des moutons. Elle ne reconnaît pas ses parents ni les employés chargés de l'élevage. De toute façon, ils ne viendraient jamais en plein milieu de la nuit et ne seraient pas armés d'épée ou de lance. Elle comprend bien vite qu'il s'agit d'une bande de voleurs et qu'ils vont sûrement prendre quelques bêtes sans demander la permission.
Oh non non non... Que peut-elle faire ? Elle est incapable de les empêcher de commettre ce méfait… Pourquoi viennent-ils maintenant…? Il n'y a personne d'autre à part elle…? Pourquoi n'y a-t-il aucun garde ? Pourquoi ne font-ils pas de ronde toute la nuit ?
Elle veut sonner l'alerte mais elle a trop peur.
Lannah s'accroupit, couvre sa tête de ses mains et ferme les yeux, tremblante de peur.
Comme ça, personne ne la verra. Comme ça, elle ne sera au courant de rien. Ce n'est pas de sa faute, elle n'est pas armée, elle ne peut pas s'opposer à un groupe d'hommes... Pourquoi son frère n'est pas à ses côtés ? Inconscient, c'est lui qu'elle appelle suivi de Seth. Sauf que ses protecteurs ne sont pas là.
Le bêlement des animaux la fait relever son regard vers la scène. Ce sont les moutons des Borgia. Les Domingo doivent les protéger. En cas de perte, sa famille devra les rembourser. Ils sont les vassaux des Borgia. Pour aller plus loin, Lannah est censée protéger Sehrazad. Bien qu'elle ne lui ait attiré que des problèmes…
Si elle fuit encore… Comment pourra t-elle recoller les morceaux…?
Allez Lannah, un peu de nerf.
Lentement, la jeune femme se lève et se dirige vers l'enclos, le coeur battant d'adrénaline mais surtout d'effroi. Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle n'a aucun plan. Elle ne sait même pas se battre correctement. Est-ce qu'elle va réussir à lancer un sort alors qu'elle peine à sortir sa voix ?
La bande de bandits la remarque et l'éclaire de leurs torches. Les genoux s'entrechoquant, Lannah serre les poings, terrifiée. Ils sont nombreux, rigoureux et ont l'avantage. La preuve, ils n'ont absolument pas peur d'elle. Au contraire, ils ricanent en voyant cette femme chétive dans sa robe de lin qui essaye de s'imposer.
Son coup de bluff ne marche pas du tout. Il faut dire que s'il y avait des gardes, elle serait venue avec eux. Sauf qu'elle est seule et inoffensive. Un peu comme un mouton noir.
Ne cesse-t-elle de se lamenter en observant le ciel à longueur de journée, sans oser jamais faire un pas en avant vers la Capitale du Royaume. Comment oserait-elle songer à y mettre les pieds alors qu'elle a agi avec tant de méchanceté envers sa précieuse amie ? Depuis cet incident, Lannah a pris la ferme décision de s'effacer de la vie de Sehrazad afin de ne plus jamais lui causer du tort. Ainsi, elle sera plus heureuse, n'est-ce pas ?
Pourtant, depuis, la vie n'a plus le même goût. Avant, Lannah la croquait à pleine dents, comme dans une pomme bien juteuse et sucrée. Elle profitait de chaque jour, courait dans tous les sens, s'amusait avec n'importe qui, n'importe quoi et passait son temps à rire aux éclats. Maintenant, elle a l'impression de croquer dans du sable. Il n'y a plus aucune saveur, plus aucune douceur. Sa gorge est sèche et la démange. Sa voix peine à sortir, toujours dans un murmure, jamais dans un cri.
Lannah s'est amaigrie progressivement, jour après jour. Ses hanches dodues ne sont plus. Elle n'en a presque plus. Elle a toujours aimé manger mais maintenant, elle n'a plus faim. Elle n'a plus d'appétit. Elle n'a envie de rien alors elle travaille pour passer le temps. Elle essaye de se concentrer sur son travail et de s'y impliquer de toute son âme. Cependant, le coeur n'y est pas et elle manque de force. Elle s'épuise et est régulièrement remplacée par d'autres couturières.
Elle se laisse dépérir et ne s'en cache pas. La culpabilité la ronge un peu plus à chaque mois qui s'écoule.
Son frère lui manque, Sehrazad lui manque mais c'est de sa faute, c'est elle qui a mal agi. Comment pourrait-elle s'imposer à eux après ce qu'elle a commis ? C'est impossible... Elle ne mérite pas leur pardon.
Cette nuit, elle observe sans cesse les étoiles qui lui rappellent Sehrazad. Elles brillent dans l'obscurité, malgré les nuages (les médisances de ceux qui la critiquent), malgré leur taille variable, elles continuent de scintiller. Toutes du même éclat, celui pur de l'espoir. Cette vision la rend mélancolique, lui rappelle sans cesse ses erreurs et elle sent les larmes gagner ses yeux.
— Je ne suis qu'une égoïste… Je ne pense qu'à moi…
Se plaint Lannah, allongée sur un coin d'herbe, bien loin de la maison. Elle aime s'isoler afin de ne pas être entendue dans ses lamentations. Elle préfère être seule dans sa détresse que de demander de l'aide. Alors qu'elle essuie ses paupières humides, des torches attirent son attention.
En plissant les yeux, Lannah remarque qu'ils se dirigent vers les enclos des moutons. Elle ne reconnaît pas ses parents ni les employés chargés de l'élevage. De toute façon, ils ne viendraient jamais en plein milieu de la nuit et ne seraient pas armés d'épée ou de lance. Elle comprend bien vite qu'il s'agit d'une bande de voleurs et qu'ils vont sûrement prendre quelques bêtes sans demander la permission.
Oh non non non... Que peut-elle faire ? Elle est incapable de les empêcher de commettre ce méfait… Pourquoi viennent-ils maintenant…? Il n'y a personne d'autre à part elle…? Pourquoi n'y a-t-il aucun garde ? Pourquoi ne font-ils pas de ronde toute la nuit ?
Elle veut sonner l'alerte mais elle a trop peur.
Lannah s'accroupit, couvre sa tête de ses mains et ferme les yeux, tremblante de peur.
Comme ça, personne ne la verra. Comme ça, elle ne sera au courant de rien. Ce n'est pas de sa faute, elle n'est pas armée, elle ne peut pas s'opposer à un groupe d'hommes... Pourquoi son frère n'est pas à ses côtés ? Inconscient, c'est lui qu'elle appelle suivi de Seth. Sauf que ses protecteurs ne sont pas là.
Le bêlement des animaux la fait relever son regard vers la scène. Ce sont les moutons des Borgia. Les Domingo doivent les protéger. En cas de perte, sa famille devra les rembourser. Ils sont les vassaux des Borgia. Pour aller plus loin, Lannah est censée protéger Sehrazad. Bien qu'elle ne lui ait attiré que des problèmes…
Si elle fuit encore… Comment pourra t-elle recoller les morceaux…?
Allez Lannah, un peu de nerf.
Lentement, la jeune femme se lève et se dirige vers l'enclos, le coeur battant d'adrénaline mais surtout d'effroi. Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle n'a aucun plan. Elle ne sait même pas se battre correctement. Est-ce qu'elle va réussir à lancer un sort alors qu'elle peine à sortir sa voix ?
— H… Hey….! A… Arrêtez…! V... Vous ! A... Arrêtez...!
La bande de bandits la remarque et l'éclaire de leurs torches. Les genoux s'entrechoquant, Lannah serre les poings, terrifiée. Ils sont nombreux, rigoureux et ont l'avantage. La preuve, ils n'ont absolument pas peur d'elle. Au contraire, ils ricanent en voyant cette femme chétive dans sa robe de lin qui essaye de s'imposer.
— R... Relâchez les moutons...! Sinon j'appelle les gardes !...
Son coup de bluff ne marche pas du tout. Il faut dire que s'il y avait des gardes, elle serait venue avec eux. Sauf qu'elle est seule et inoffensive. Un peu comme un mouton noir.
Les hommes s’échangent un regard amusé.
L’un d’eux crache par terre, un autre observe les environs, le dernier s’approche de la jeune femme, le visage barré d’un sourire mauvais. Sa main se lève, s’apprêtant à la saisir.
_ Tu veux qu’on te donne une raison de les appeler ? Ricane-t-il.
_ Tu veux me donner une raison de te tuer ?
Les mots surprennent le voleur. Décontenancé, l’homme cligne des paupières, arrête son geste, se retourne. Ses yeux vont vers ses comparses, qui, décontenancés, s’échangent un regard. Les torches balaient l’obscurité, et combien même les éclairent-elles, elles ne font qu’accroître les ombres.
Un son se fait entendre. Un grincement, comme une porte aux charnières rongées de rouille, s’anime sous la pression du vent. Mais il n’y a aucune brise. Le son, s’accroît, gagne, en ampleur. L’horreur, quand l’on comprend que ce son, ce son vient bien de quelqu'un, non, de quelque chose. Ce son, ça provient d'un larynx écrasé, d'une gorge broyée, d'une cage thoracique, perforée.
_ MONTRE TOI !
Le brigand aboie, d’un bond, il jaillit, affronte les ténèbres. Sa torche va et vient. Rien. Rien, si ce n'eut été, un soudain silence. Le monstre, a-t-il pris peur ? Son visage s'éclaire d'un sourire de défi, jusqu'à ce qu'une lumière attire son regard. Un feu. Pas le sien. Le feu, le dévore.
Le feu prend, le vêtement de l’homme, qui s’étrangle lorsque sa tunique s’embrase. Il hurle et se jette, face contre sable, se roule dans la poussière. Sa torche s’éteint, il disparaît, dans les ténèbres.
_ Tout va bien ? Apostrophe l’un des brigands.
_ Ca vARGH !
La voix s’étrangle, laisse place à un hurlement brusquement réduit au silence. Le brigand le plus proche s’élance, lorsqu’il arrive sur la scène, il n’y a plus aucune trace de son comparse : que le sable, creusé, une traînée, le corps a été emporté. Le brigand recule de deux pas, ses yeux observent nerveusement l’obscurité. Tremblant, il dégaine son épée de sa main libre, imité par les autres.
_ QUI EST LA ?! QU’EST CE QUE VOUS VOULEZ ?
Le silence.
Tous retiennent leur souffle. La nuit elle même, n’a plus d’étoiles. Sa lune dissimulée, par un voile noir. Elle porte le deuil, de toutes ces âmes que le désert a emportées. Le sable étouffe les pas, les torches, au lieu de les aider, font qu’ils sont si faciles à repérer. Et leur lumière, les aveugle. Les brigands ne voient plus, où se terre le danger.
Ils se rassemblent, dos les uns aux autres, à proximité du bétail.
Soudain, une comète embrasée déchire la pénombre. L’objet grésillant retombe, roule jusqu’aux pieds des voleurs, une détonation. Les hommes ont hurlé, leur groupe a éclaté, alors qu’un nuage de fumée s’est élevé. Pris de panique, plusieurs d’entre eux se sont enfuis, il ne reste que quelques uns, qui se relèvent en tremblant. Il ne reste qu’une torche, qu’un homme saisi, élève, pour voir.
La lumière se reflète au fond d’yeux, luisants dans la pénombre. Puits, d’obscurité, où la lumière se reflète, comme le pâle reflet d’une bougie tremblote, sur la surface d’une mare d’eau croupie. Le visage dévoré d’ombres, s’extirpent entre les pans de nuit, masque de porcelaine, masque mortuaire, fendu d’un rictus, qui déchire de part et d’autre le faciès. Dents aiguisés, la langue s’extirpe comme un ver des mâchoires entrouvertes. L’homme voit, la Mort, un cri étranglé s’arrache de ses lèvres, la créature jaillit. Ses mains, aux très longs doigts, aux très, très longues griffes, aux bras interminables, saisissent le visage de l'homme, dans un rire à glacer le sang, le monstre le tire vers l’avant, l’homme perd l’équilibre, hurle et s’étouffe, la torche laisse voir, l’homme traîné dans l’ombre, avalé par la nuit.
Les 2 brigands restants tombent au sol, se redressent et prennent la fuite et un calme surnaturel reprend soudain ses droits.
Les moutons, nerveux, bêlent et s’agitent.
Les minutes passent.
La lune jette un discret regard, timide, derrière un rideau de nuage. Une torche abandonnée, éteinte, est ramassée. Allumée, d’un geste de la main. Le bras qui la tient, est osseux. Terminé d’ongles acérés. Souillés de terre et de sang. La torche se lève lentement, dévoilant les pieds nus, le kimono vert. Il est de petite taille, pour un homme. Famélique, nez aquilin, yeux verts, longs cheveux noirs, large front et mâchoires discrètes, joues creusées et orbites enfoncés, Gobelin marche d’un pas lent, jusqu’à ce que sa lumière éclaire la jeune femme.
Un sourire étire ses lèvres, lubrique, ses paupières retombent lourdement sur ses prunelles, langueur d’un fauve, prêt à bondir.
_ Oooh, voilà.
La voix coasse, la créature bascule soudainement en position accroupie, la torche toujours levée, pour les éclairer.
_ La fille, la fille qui gémissait.
Pouffe-t-il en penchant la tête sur le côté.
_ Est-elle blessée ? Est ce que tout va bien ? Les brigands sont partis. Ils ne reviendront pas de si tôt, foi de Gobelin !
Car lui, n'a rien d'un mouton, car lui, n'a rien d'un loup, il n'est pas même humain.
Il est, créature de nuit, il alimente, les histoires et les cauchemars, il est Gobelin.
L’un d’eux crache par terre, un autre observe les environs, le dernier s’approche de la jeune femme, le visage barré d’un sourire mauvais. Sa main se lève, s’apprêtant à la saisir.
_ Tu veux qu’on te donne une raison de les appeler ? Ricane-t-il.
_ Tu veux me donner une raison de te tuer ?
Les mots surprennent le voleur. Décontenancé, l’homme cligne des paupières, arrête son geste, se retourne. Ses yeux vont vers ses comparses, qui, décontenancés, s’échangent un regard. Les torches balaient l’obscurité, et combien même les éclairent-elles, elles ne font qu’accroître les ombres.
Un son se fait entendre. Un grincement, comme une porte aux charnières rongées de rouille, s’anime sous la pression du vent. Mais il n’y a aucune brise. Le son, s’accroît, gagne, en ampleur. L’horreur, quand l’on comprend que ce son, ce son vient bien de quelqu'un, non, de quelque chose. Ce son, ça provient d'un larynx écrasé, d'une gorge broyée, d'une cage thoracique, perforée.
_ MONTRE TOI !
Le brigand aboie, d’un bond, il jaillit, affronte les ténèbres. Sa torche va et vient. Rien. Rien, si ce n'eut été, un soudain silence. Le monstre, a-t-il pris peur ? Son visage s'éclaire d'un sourire de défi, jusqu'à ce qu'une lumière attire son regard. Un feu. Pas le sien. Le feu, le dévore.
Le feu prend, le vêtement de l’homme, qui s’étrangle lorsque sa tunique s’embrase. Il hurle et se jette, face contre sable, se roule dans la poussière. Sa torche s’éteint, il disparaît, dans les ténèbres.
_ Tout va bien ? Apostrophe l’un des brigands.
_ Ca vARGH !
La voix s’étrangle, laisse place à un hurlement brusquement réduit au silence. Le brigand le plus proche s’élance, lorsqu’il arrive sur la scène, il n’y a plus aucune trace de son comparse : que le sable, creusé, une traînée, le corps a été emporté. Le brigand recule de deux pas, ses yeux observent nerveusement l’obscurité. Tremblant, il dégaine son épée de sa main libre, imité par les autres.
_ QUI EST LA ?! QU’EST CE QUE VOUS VOULEZ ?
Le silence.
Tous retiennent leur souffle. La nuit elle même, n’a plus d’étoiles. Sa lune dissimulée, par un voile noir. Elle porte le deuil, de toutes ces âmes que le désert a emportées. Le sable étouffe les pas, les torches, au lieu de les aider, font qu’ils sont si faciles à repérer. Et leur lumière, les aveugle. Les brigands ne voient plus, où se terre le danger.
Ils se rassemblent, dos les uns aux autres, à proximité du bétail.
Soudain, une comète embrasée déchire la pénombre. L’objet grésillant retombe, roule jusqu’aux pieds des voleurs, une détonation. Les hommes ont hurlé, leur groupe a éclaté, alors qu’un nuage de fumée s’est élevé. Pris de panique, plusieurs d’entre eux se sont enfuis, il ne reste que quelques uns, qui se relèvent en tremblant. Il ne reste qu’une torche, qu’un homme saisi, élève, pour voir.
La lumière se reflète au fond d’yeux, luisants dans la pénombre. Puits, d’obscurité, où la lumière se reflète, comme le pâle reflet d’une bougie tremblote, sur la surface d’une mare d’eau croupie. Le visage dévoré d’ombres, s’extirpent entre les pans de nuit, masque de porcelaine, masque mortuaire, fendu d’un rictus, qui déchire de part et d’autre le faciès. Dents aiguisés, la langue s’extirpe comme un ver des mâchoires entrouvertes. L’homme voit, la Mort, un cri étranglé s’arrache de ses lèvres, la créature jaillit. Ses mains, aux très longs doigts, aux très, très longues griffes, aux bras interminables, saisissent le visage de l'homme, dans un rire à glacer le sang, le monstre le tire vers l’avant, l’homme perd l’équilibre, hurle et s’étouffe, la torche laisse voir, l’homme traîné dans l’ombre, avalé par la nuit.
Les 2 brigands restants tombent au sol, se redressent et prennent la fuite et un calme surnaturel reprend soudain ses droits.
Les moutons, nerveux, bêlent et s’agitent.
Les minutes passent.
La lune jette un discret regard, timide, derrière un rideau de nuage. Une torche abandonnée, éteinte, est ramassée. Allumée, d’un geste de la main. Le bras qui la tient, est osseux. Terminé d’ongles acérés. Souillés de terre et de sang. La torche se lève lentement, dévoilant les pieds nus, le kimono vert. Il est de petite taille, pour un homme. Famélique, nez aquilin, yeux verts, longs cheveux noirs, large front et mâchoires discrètes, joues creusées et orbites enfoncés, Gobelin marche d’un pas lent, jusqu’à ce que sa lumière éclaire la jeune femme.
Un sourire étire ses lèvres, lubrique, ses paupières retombent lourdement sur ses prunelles, langueur d’un fauve, prêt à bondir.
_ Oooh, voilà.
La voix coasse, la créature bascule soudainement en position accroupie, la torche toujours levée, pour les éclairer.
_ La fille, la fille qui gémissait.
Pouffe-t-il en penchant la tête sur le côté.
_ Est-elle blessée ? Est ce que tout va bien ? Les brigands sont partis. Ils ne reviendront pas de si tôt, foi de Gobelin !
Car lui, n'a rien d'un mouton, car lui, n'a rien d'un loup, il n'est pas même humain.
Il est, créature de nuit, il alimente, les histoires et les cauchemars, il est Gobelin.
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Almire & Adam
Il y a des gens qui voient la vie en rose - ou qui s'efforcent de voir la vie en rose - qui affichent constamment un grand sourire et débordent d'énergie en espérant contaminer leur entourage, comme si être un simplet hyperactif était la définition même du bonheur. Et puis il y a d'autres gens qui aiment se plaindre de tout, à qui rien n'est assez bien pour eux, et qui semblent tirer une satisfaction personnelle de critiquer autrui.
Tu fais partie de cette deuxième catégorie, Almire.
Tu as à peine commencé à prendre ton nouveau rôle de Narratrice que tu réussis tout de même à te plaindre déjà.
Tu as une bonne mémoire et une belle prose, tu ne doutes pas briller dans ce métier. Mais côtoyer les gens du bas ? Ça, c'était une véritable épreuve.
Tu réprimes donc un soupir - en vérité tu réprimes toute une cascade de plaintes. Un comportement si puéril ne sied pas à une dame de ton rang. Partout où tu iras, tu offriras un sourire bienveillant et une noblesse de corps et d'âme.
Ce qui ne t'empêchera pas de les mépriser secrètement.
C'est bien pour ça que tu cherches une affaire plus complaisante. Enfin, plutôt une collaboration.
Car aussi gros soit ton ego, tu ne peux nier être une débutante en la matière. L'Histoire, tu la connais, mais ça n'allait pas être suffisant. Il allait te falloir la connaitre sur le bout des doigts, il allait te falloir la vivre avec passion.
Tu allais avoir besoin de reprendre toutes les bases, avec un nouvel œil bien plus fin qu'autrefois.
Et rien de tel qu'un scribe, pour ça.
Eux aussi sont spécialisés dans l'Histoire, et, l'avantage d'être scribe, c'est qu'ils consignaient leurs connaissances - au lieu de la chanter comme vous faisiez. Ils étaient le fondement de votre connaissance à vous. C'est donc le point de départ de ton nouvel apprentissage, Almire.
Pour cela, hors de question de faire appel à un quidam. C'est un jeune homme issu d'une bonne famille et dont la réputation le précède que tu as choisi. Mandé par le pharaon lui-même en ces Terres de Babel ! Assurément, pour toi Babel reste la plus belle... Mais quelqu'un qui s'était attiré les faveurs du Pharaon était tout à fait signe de ton intérêt.
Vous aviez donc convenu d'un rendez-vous au quartier d’Adda, connu pour rassembler les connaissances. En tant que gentlewoman, il est de ton devoir d'aller accueillir proprement tes invités.
Et toujours avec le sens de la mise en scène.
En voyant la chevelure de feu du scribe, c'est en t'inclinant légèrement, une main sur le cœur, un sourire au visage, et des pétales autour de toi que tu l'accueilles.
-Monsieur Helvar ? Je suis Almire di Contini, Narratrice en formation. Je suis ravie de vous rencontrer, et d'avoir l'opportunité de pouvoir travailler à vos côtés.
Tu te redresses, lui offrant un sourire courtois.
Encore faudra-t-il qu'il te supporte plus de cinq minutes.
@"Adam Helvar"
SCIENTIA POTENTIA EST
Même si ce n'avait pas toujours été le cas, voilà des décennies que les Helvar écrivaient l'Histoire. De génération en génération, ils embrassaient le métier de scribe. Adam ne dérogeait pas à la règle. Baignait par les récits de sa mère le soir avant d'aller se coucher et ceux appris lors de son apprentissage, le second fils avait lui aussi eu l'envie de suivre cette voie tout comme son père ou grand-père avant lui. Le Royaume du Pharaon était sa nation, celle qui l'avait vu naître. Et pourtant, c'était en remarquant son manque d'épanouissement que le dirigeant lui-même l'avait conseillé à la nation d'à côté, les Terres de Babel.
Depuis, trois ans s'étaient écoulés. Une liberté nouvelle qui ne faisait que commencer. Quelques semaines, plus tôt, il avait reçu une lettre au sein du Conseil. Surpris par cette dernière, il l'était d'autant plus en découvrant qu'elle provenait d'Almire di Contini, une famille vassale des Galvani. Ses yeux avaient parcouru les mots inscrits sur le papier et un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres. Ainsi, elle souhaitait lui proposer de se rencontrer afin que le rouquin puisse lui apporter des connaissances pour son métier de narratrice. Adam se sentait visiblement un peu fier que l'on s'adresse à lui, alors qu'il existait bien d'autres scribes compétents avant sa personne. Il lui renvoyait une missive en lui adressant une réponse positive. Tout deux devaient alors se retrouver dans le fief d'Adda sur les Terres de Babel.
Le trajet s'était déroulé sans encombre. Alors qu'il pénétrait dans le quartier où se trouvait le palais du Savoir, une femme à l'allure d'un homme se présentait à lui. Il clignait des paupières, visiblement peu habitué à une telle mise en scène. La seconde d'après, l'homme s'inclinait en retour devant cette noble.
Oui c'est bien cela, Adam Helvar, scribe du Conseil de Babel. Je suis également ravi de vous rencontrer et espère vous apporter le nécessaire.
Un sourire chaleureux sur ses lèvres, il jette un coup d'œil aux alentours avant de reporter son attention sur la di Contini.
Peut-être devrions-nous trouver un endroit plus approprié pour commencer ?
Alors qu'ils décidaient d'un endroit pouvant leur convenir et qu'ils s'y dirigeaient, Adam en profitaient pour essayer de détailler la demoiselle avec discrétion. Moult questions brûlaient ses lèvres à commencer par une qu'il se permettait de poser durant leur marche.
Voilà un métier bien fascinant que vous souhaitiez faire dame Almire. Mais dites moi, qu'est-ce qui vous a poussé à viser cela ? L'amour pour l'Histoire ?
Almire Adam fief d'Adda
Héritage
Almire & Adam
L'homme face à toi n'était pas de ce pays - quand bien même il y avait été envoyé depuis un moment - alors il était de ton devoir, en tant que noble dame, de bien le traiter à la façon Babelienne. Il était hors de question qu'on puisse médiser sur le pays de la liberté, et tu allais faire honneur à ta réputation - pour une fois, Almire.
Le jeune scribe se présente à son tour, et tu ne peux retenir un sourire satisfait. Scribe du Conseil de Babel. Voila une personne digne de t'enseigner les bases du métier.
Tu n'aurais pas accepté moins.
-Peut-être devrions-nous trouver un endroit plus approprié pour commencer ?
-Bien sur. Suivez-moi, je connais l'endroit idéal pour ça.
Tu le guides vers une bibliothèque, certes pas la grande bibliothèque - réservée seulement à quelques élites, dont tu feras bientôt partie - mais une autre bien grande elle aussi. Car après tout, quoi de mieux qu'une bibliothèque entre amoureux de l'Histoire ?
Et justement. La prochaine question d'Adam cible directement vos activités respectives. Une question à laquelle tu t'es attendue, pendant une discussion de professionnel à - presque - professionnel.
-Voilà un métier bien fascinant que vous souhaitiez faire dame Almire. Mais dites moi, qu'est-ce qui vous a poussé à viser cela ? L'amour pour l'Histoire ?
Tu te diriges vers l'une des salles de travail, seul endroit dans une bibliothèque dans lequel vous pouviez parler librement sans crainte de se faire rabrouer pour avoir fait du bruit. Évidemment, tu ne manques pas d'offrir une rose à la bibliothécaire qui vous a réservé la salle. Tout en t'installant, tu réfléchis à ta réponse - car après tout, ta première vocation n'était certainement pas Narratrice.
-Evidemment. Pensez vous qu'une personne n'ayant cure de l'Histoire puisse faire un travail de qualité en tant que Narrateur ? Je ne le crois pas. Il faut de la passion dans son métier, pour pouvoir l'exercer correctement. Mais ce n'est pas tout.
Tu déblatérais ton discours avec moults gestes, ouvrant les bras lorsque tu embrassais la profession, serrant le poing et pliant le coude lorsque tu parlais de passion. Cette fois, tu te lèves, ton regard porté au loin, vers la fenêtre.
-Cette profession a quelque chose de merveilleux, ne trouvez-vous pas, Monsieur Helvar ? Grâce à la parole, elle instruit même le petit peuple, et leur offre une chance d'avoir le même niveau de connaissances que leur niveau de vie leur interdirait normalement. Il y a une certaine noblesse d'âme, à pratiquer cet art.
Et toi, tu te positionneras en tant que bienfaitrice du petit peuple, qui t'admirera autant que tu le détestes.
Petite hypocrite.
Tu te rassois, ton menton simplement posé entre tes mains croisées, adressant un sourire charmant au scribe.
-Et vous, très cher ? Il me semble que la famille Helvar pratique le noble métier de scribe depuis des générations. Est-ce pour cette raison, que vous l'avez pratiqué ? Ou bien est-ce pour des convictions plus personnelles ?
Vous aussi, vous avez été enchainé par les fils de votre héritage ?
@"Adam Helvar"
SCIENTIA POTENTIA EST
Almire l'invitait à la suivre vers l'endroit qu'elle jugeait idéal. Alors, un pas après l'autre, le scribe marche derrière elle jusqu'à une bibliothèque. Bien qu'il ne s'agissait pas de la plus grande et la plus reconnue du fief d'Adda, l'endroit n'était pas en reste. Il lui avait posé une question durant le trajet et ce n'était qu'une fois bien installée dans une des salles de travail, que la noble se permettait de lui répondre. Ici, il n'y aurait pas besoin de faire attention au bruit susceptible de déranger autrui.
Pour une femme qui débutait dans le domaine, Almire semblait prise d'une fougue ardente. Cela faisait plaisir de la voir gesticuler et parler ainsi avec passion. Et, en soit, elle n'avait pas totalement en ce qui concerne l'Histoire. Un sourire au coin des lèvres, l'homme se permet de rajouter.
Avant de l'écrire, l'Histoire se racontait principalement. La gestuelle et l'intonation jouent des rôles principaux pour attirer l'attention des gens. Mais comme vous dites, une personne qui n'aurait aucun intérêt pour celle-ci, serait très certainement un piètre narrateur.
Et qui souhaiterait croire une personne de cette trempe ? Peut-être ceux qui ne peuvent accéder facilement à l'éducation et sont ces paroles, sonneraient comme une vérité absolue. Pourtant, il savait que ce genre d'événement était très certainement arrivé par le passé comme maintenant. C'était à eux - Almire comme Adam ou d'autres - de protéger la véritable histoire. La demoiselle se remettait sur sa chaise, laissant son menton reposer au creux de ses mains. La question qui vient, il ne s'y attendait que trop bien. Pour tout avouer, ce n'était pas la première fois qu'on lui posait cette interrogation, le Pharaon ou même le Conseil de Babel n'ayant pas hésité à l'époque.
-Et vous, très cher ? Il me semble que la famille Helvar pratique le noble métier de scribe depuis des générations. Est-ce pour cette raison, que vous l'avez pratiqué ? Ou bien est-ce pour des convictions plus personnelles ?
Il laissait quelques secondes s'écouler, période durant laquelle le scribe, c'était à réfléchir. Se souvenir d'un passé ou on l'avait déjà préparé à embrasser ce métier, alors même que sa magie ne s'était pas encore manifestée. Mais aussi, ce moment où il s'était réellement intéressé à l'Histoire, posant des tonnes de questions à sa mère. Encore aujourd'hui, il lui était reconnaissant et même s'il lui arrivait parfois de faire autre chose, il ne regrettait pas le choix qu'il avait fait.
Il serait idiot de mentir et de vous dire que cela était un choix totalement délibéré. Car ce n'est pas tout à fait le cas. Il est vrai que l'on attend souvent des Helvar de suivre le même chemin, surtout si cela concerne les enfants du duc et de la duchesse. Il haussait les épaules, d'un air qui se voulait vaguement désintéressé. Mais si une partie de moi c'est senti obligé de suivre la tradition, j'ai appris à aimer grâce aux nombreux récits de ma mère, ce métier qu'est celui de scribe. Pouvoir coucher sur papier des mots qui peuvent se perdre avec le temps. Mais sans un conteur pour nous épauler, l'Histoire ne nous est pas totalement acquise.
Adam lui offrait un petit clin d'œil. Il ne cherchait pas à la rassurer du choix qu'elle avait fait, ou encore moins, la charmer d'une quelconque manière.
Que souhaitez-vous que je vous apporte comme connaissance ? Vous n'êtes pas sans savoir que le choix de vos mots et l'intonation que vous prendrez, sera les deux points majeurs à maîtriser. Maintenant que des livres ont vu le jour, il serait judicieux de les lires et s'imprégner de tout cela. La curiosité est une bonne qualité, je dirais aussi ainsi que savoir ne pas s'éparpiller.
Almire Adam fief d'Adda
Vous voilà, deux savants acquiescant sur la même manière de partager l'Histoire, de la passion que vous partagez. Enfin, si celle d'Adam semble innée, chez toi elle t'est apparue de manière un peu désespérée, cherchant une alternative après avoir vu ton premier objectif piétiné. Mais de cela, il n'en saura rien. Car tu dois apparaitre comme parfaite, Almire. Tu ne dois pas seulement apparaitre : tu dois l'être. Tu dois être douée - tu dois être la meilleure ! Alors si la passion te raménerait au top, passionnée tu seras.
Almire di Contini brillera jusqu'aux sommets.
Et ta jalousie pointe dans les tréfonds de ton perfide coeur. Car Adam Helvar a déjà un nom dans son domaine. Helvar a déjà une bonne réputation, et l'on sait qu'il fera les choses bien. Sa famille a déjà construit sa réputation, il doit juste en être à la hauteur.
Toi, tu dois tout construire. Car ton nom n'est pas connu pour déclamer l'Histoire, sinon à la créer par la pointe de l'épée.
Mais range donc tes vipères, Almire ! Tu es ici pour te faire un allié de poids.
Tu as bien plus à perdre qu'il n'a à gagner de cette alliance. Tu dois être maligne, et te faire des amis.
Alors, en tant qu'enfants de bonne famille, quoi de plus naturel que de parler de celles-ci.
-Il serait idiot de mentir et de vous dire que cela était un choix totalement délibéré. Car ce n'est pas tout à fait le cas. Il est vrai que l'on attend souvent des Helvar de suivre le même chemin, surtout si cela concerne les enfants du duc et de la duchesse. Mais si une partie de moi c'est senti obligé de suivre la tradition, j'ai appris à aimer grâce aux nombreux récits de ma mère, ce métier qu'est celui de scribe. Pouvoir coucher sur papier des mots qui peuvent se perdre avec le temps. Mais sans un conteur pour nous épauler, l'Histoire ne nous est pas totalement acquise.
Menton posé sur le dos de tes mains, tu le regardais avec un regard charmant, qui se voulait totalement poli.
Quel chanceux que voici. En voilà un qui avait embrassé sa destinée - et qui y excellait !
Et toi, Almire. Pourquoi a t-il fallu que tu échoues à une tache aussi simple ?
-Voila qui est merveilleux ! Une si belle destinée, qui en plus vous sied. Que demander de plus ? Monsieur Helvar, vous assurerez la prospérité de votre lignée.
Et il t'adresse un clin d'oeil pour appuyer ses propos, par lequel tu réponds par un sourire.
Ces enfants parfaits.
En vérité, tu les jalousais.
Adam passe ensuite directement aux choses sérieuses : la raison même de l'invitation. Tu bombes le torse et pousse sur ta voix lorsqu'il évoque la manière de raconter.
-Evidemment, sinon, il suffirait simplement de réciter des textes à voix haute... Mon but en tant que Narratrice est de m'approprier ces textes, de leur donner vie via paroles et gestes, de les rendre marquants et des les répandre même là où parfois les livres ne peuvent voyager.
De bien grands et nobles mots.
Tout ça pour ne pas dire que tu souhaites que les gens te retiennent toi plus que les récits.
Tu joins tes mains, embrassant la salle du regard.
-C'est bien pour ça que je nécessite l'assistance de votre sagesse, Monsieur Helvar ! La curiosité et la soif de connaissances ne suffisent pas hélas, et j'aurais besoin des points essentiels à connaitre puis transmettre dans le métier. Nul doute que tout l'est, cependant, il me semble que certains points sont considérés comme des "bases" pour se faire connaitre dans le milieu. Si j'ai évidemment une large connaissance sur l'histoire de Babel, j'ai, encore, quelques lacunes concernant les terres au delà. Auriez-vous, très cher, des conseils concernant les grands évènements à connaitre absolument pour bien débuter dans ce domaine ?
Babel était ta terre favorite, c'était un fait incontestable.
Apprendre l'Histoire au delà ? Ça allait être une douleur à laquelle tu allais devoir te confronter.
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Zeng x Yeong ; Chivalry and Dragoons
Yu-Seong avait, évidemment, mit à profit les trois semaines séparant la lecture de la lettre et le jour de la rencontre. Ses soldats avaient inspecté et étudié non seulement le village d’Almea, mais aussi le bois environnant – le point de rendez-vous. Ces braves guerriers y étaient allés habillés en civil bien sûr, le but n’étant pas d’inquiéter les villageois qui n’avaient – jusqu’à preuve du contraire – rien à voir dans cette histoire ! Toujours est-il qu’au jour J, certains de ces hommes déguisés se trouvaient toujours au village. Juste au cas où.
Le duc, quant à lui, avait galopé jusqu’à Almea avec une poignée de soldats (en armure ceux-là). Puis, guidés par les habitants – heureux ou non de la présence d’un gobelin dans les parages –, ils continuèrent jusqu’à la forêt. Lorsque l’un de ses soldats l’informa que le fameux cerisier était tout proche, Yu-Seong abandonna monture et guerriers afin de continuer seul. Enfin, "seul" … C’était vite dit. Ses hommes n’étaient pas si éloignés. Il suffisait d’un seul cri, d’un seul ordre aboyé assez fort, pour qu’ils accourent à sa rescousse. La seule raison pourquoi ils ne suivaient pas leur seigneur comme son ombre était à cause de la lettre de Gobelin :
L’Adda ne souhaitait pas non plus que la vue de soldats armés effraie les enfants. Alors pour l’heure, il allait faire confiance au mercenaire … Mais Yu-Seong n’hésitera pas une seule seconde à l’appréhender s’il tentait quoi que ce soit de louche. Et pas juste lui : ses Lanternes Vertes également, car monsieur le duc se doutait que ceux-là devaient traîner dans le coin au même titre que ses propres hommes.
Bref, il se montrait prudent. Pouvait-on vraiment le lui reprocher, lui qui, à cause de son rang, était victime de tentatives d’assassinat depuis des années ? Certes, il en commanditait plus qu’il en subissait, mais là n’était pas la question.
Ses appréhensions invisibles sur son beau visage, Yu-Seong fut accueilli par un gobelin qui avait retrouvé ses mimiques presque animales. Bien que la comparaison soit un peu insultante et erronée, le seigneur ne put s’empêcher d’y voir un chien sortant des buissons pour accueillir joyeusement son maître. Ah, si seulement le mercenaire pouvait être aussi soumis … Il était aussi laid que la dernière fois en tout cas, mais ça, c’était à prévoir.
« Le Ducami en personne, » répliqua-t-il d’un ton calme mais amical tout en se présentant d’un vague geste de la main. « Je vois que vous êtes en forme. » Ses yeux bruns suivaient les mouvements de Gobelin alors que ce dernier l’inspectait. Ce n’était pas sans lui rappeler la dernière fois, lors de leur rencontre dans cette foutue ruelle … Or, cette fois-ci, le duc n’était pas à deux doigts de faire un malaise. N’empêche, qu’est-ce que l’homme sale cherchait ainsi ? Craignait-il que le duc soit armé ? Évidemment qu’il était armé ! Il n’était pas assez fou pour se pointer à un rendez-vous sans rien pour se défendre ! Une dague soigneusement cachée sous ses riches vêtements amples, dans son dos. Si Gobelin l’avait remarquée ou non, Yu-Seong ne pouvait le savoir. Ce visage était aussi moche qu’insondable.
Un frémissement parcourut son corps lorsque Gobelin agrippa sans prévenir son poignet, mais il ne tenta pas de se dégager. Vraiment, qu’est-ce que le mercenaire voulait à la fin ?! On ne le saura jamais, car la créature le relâcha presque aussitôt avant de passer à la suite du programme. Un… jeu ? Son esprit paranoïaque imagina tout de suite le pire, mais alors que Gobelin enchaînait, un soupir de soulagement s’échappa presque de ses lèvres. Que la Déesse soit louée, il parlait d’un vrai jeu et non d’un truc tordu.
Croisant les bras, Yu-Seong écouta la poignante narration. On dirait que Gobelin possédait un don pour raconter des histoires; il devrait peut-être ranger ses armes et changer de métier. Enfin, le duc n’était pas là pour juger son choix de carrière; il était là pour recueillir le témoignage de trois enfants. Enfants pas très subtils d’ailleurs, mais par respect pour ces gamins qui se croyaient bien cachés, le duc les ignora pour l’instant. Un jeu, un jeu … Était-ce de cette façon que Gobelin comptait arrondir les angles ? Le côté contrôlant du seigneur aurait préféré que cela se passe rapidement et sous ses propres conditions, mais son côté paternel ne souhaitait pas brusquer ces jeunes orphelins. Ah là là …
Vint alors la présentation des gamins en question. Voilà qui intéressa davantage le duc qui garda en mémoire les informations importantes. Ignace, enfant possiblement sauvage qui aime les fraises et les mûres. Elea, jeune fille qui aime les prunes et qui risque peut-être de l’attaquer avec un lance-pierre. Odalus, sûrement blessé aux jambes, préfère manger des tartes que parler aux gens. Ah, Yu-Seong le comprenait ! C’était pénible de socialiser parfois …
Au fur et à mesure que Gobelin présentait ces valeureux héros, le noble seigneur se détendait et un sourire plus franc apparaissait sur son visage. Faut dire que les rires étouffés des enfants y étaient pour beaucoup; le simple fait de les entendre s’amuser réchauffait son cœur sensible de papa. Tout le monde a des points faibles, bon ! Il aimerait dire que cela le ramenait en enfance, mais ce serait mentir; ses premiers jeux, il les avait connus en tant que père et non en tant que fils. Cela le ramenait donc plutôt à l’époque où ses enfants étaient encore petits.
« Gobelin, mon brave, j’aime les potages et les tartes comme n’importe qui. Comment pourrais-je rester les bras croisés alors qu’un monstre les dévore tous sous notre nez ? » Pour appuyer ses propos, il décroisa justement les bras et à la place, il posa une main sur l’épaule osseuse du mercenaire. « D’ailleurs, vous n’hésitez pas à nous envoyer affronter une bête affamée, mais qu’en est-il de vous ? Ne me dites pas que vous allez roupiller sous un arbre pendant que nous faisons tout le travail ?! » le taquina-t-il d’un air faussement offusqué. Un pouffement aigu s’échappa de nouveau des buissons. À cet instant précis, Yu-Seong comprit qu’il ne pouvait plus faire marche arrière. Principalement parce que son instinct paternel venait de prendre le dessus. Aujourd’hui, lui et Gobelin n’étaient plus que deux pères déterminés à amuser ces trois enfants. Leurs témoignages pouvaient attendre.
Le duc pivota vers les cachettes naturelles sans toutefois poser son regard sur celle des gamins. Protégeant ses yeux du soleil avec le dos de sa main libre, il fit mine de scruter intensivement les environs. « Mais comment les trouver ? Comment les convaincre ? Ces jeunes héros se cachent aussi bien que mes soldats lors des corvées de nettoyage ! » Autres petits rires qui se voulaient subtils. S’éloignant de Gobelin, le seigneur décida de commencer ses "recherches" proche de la rivière. En tant que mage d’eau, cela le rassurait qu’une source aussi importante soit à sa disposition. Pour se défendre au cas où, vous savez. « Nageraient-ils quelque part ici ? Hm, sûrement pas en cette saison … » Rebroussant le chemin, il alla plutôt admirer le cerisier. « J’ai une idée Gobelin, » l’interpella-t-il en tournant la tête vers lui et en pointant l’arbre. « Et si vous grimpiez pour me dire si quelqu’un s’y cache ? Après, si vous êtes coincé au sommet, je suis sûr qu’Elea pourra vous aider à descendre avec son lance-pierre. »
Les enfants s’esclaffaient dans leur coin, visiblement amusés par les pitreries du duo. Sûrement trouvaient-ils cela comique que des grandes personnes disent autant de bêtises ! Finalement, Yu-Seong leva les bras en l’air, comme pour s’avouer vaincu. « Ah, quel dommage que je ne parvienne pas à trouver ces valeureux guerriers ! Moi qui avais préparé un festin de tartes pour ceux qui vaincront le dragon; il semblerait que seuls moi et Gobelin pourrons en profiter ! » Il tourna les talons et fit semblant de partir. Il n’alla pas bien loin toutefois, car dans son dos, il entendit des buissons bougés et des gamins en sortir, presque paniqués. « Attendez, on veut des tartes, on veut des tartes ! » réclamaient-ils.
Eh bien voilà, il les avait forcés à sortir de leur cachette et les avait achetés par le ventre. Après une œillade complice à l’intention de Gobelin, Yu-Seong se tourna vers les trois orphelins et les rejoignit afin qu’ils ne gaspillent pas leur précieuse énergie à essayer de le rattraper. Pliant les genoux pour être à leur hauteur, il les accueillit avec un sourire tout aussi chaleureux que taquin. « Les tartes, nous pourrons seulement les manger une fois le monstre vaincu. Sinon, il va nous les voler avant que l’on puisse en prendre une seule bouchée ! Puis-je compter sur votre aide ? » Il plaça sa main entre les enfants afin de les inciter à placer la leur sur la sienne en signe de solidarité. Comme avant une partie sportive, quoi. Le duc releva les yeux sur Gobelin, attendant la suite de son super plan pour battre le soi-disant monstre.
Surtout, Yu-Seong se demandait comment il allait faire pour trouver autant de tartes avant la fin de la journée. Il fallait absolument qu’il parvienne à transmettre l’ordre à l’un de ses hommes, car il avait promis à ces gamins qu’ils allaient manger des tartes de la victoire, et par la Déesse, il allait tenir parole !KoalaVolant
Si quelqu’un avait été témoin de la scène, il aurait pensé que les deux adultes s’amusaient plus que les enfants … Est-ce qu’il aurait eu tort ? Enfin bref, maintenant que les trois fameux orphelins étaient près de lui, Yu-Seong pouvait les détailler. De façon subtile et naturelle bien sûr; il ne voulait pas donner l’impression qu’il les fixait comme des bêtes de foire. Il voulait juste mettre un visage sur leur nom.
Elea, la petite blonde farouche. À première vue la plus courageuse de la bande, elle ne trompait pas le duc qui côtoyait des "acteurs" au quotidien. Elle était nerveuse. Jouait-elle les braves pour protéger ses deux autres petits compagnons ? Un peu comme une grande sœur, bien qu’elle ne semblait pas être la plus vieille. Difficile à dire. En tout cas, elle avait l’air un peu garçon manqué, mais ce n’était pas un reproche. Les femmes fortes, Yu-Seong n’avait rien contre; après tout, il avait marié la femme la plus forte du monde !
Odalus était sage tel son titre l’indiquait. Le duc ne s’attendait pas à ce que les jambes de l’enfant soient complètement paralysées, mais la surprise ne parut pas sur son visage doux. À la place, il ne pouvait s’empêcher de féliciter mentalement l’ingéniosité des Lanternes Vertes en voyant le petit véhicule pratique et le beau bâton de sorcier. N’empêche … Il savait ce que c’était d’être incapable de bouger, lui qui avait été alité pendant plus d’un an. Ce gamin était beaucoup plus courageux que lui.
Ignace, le plus petit. Tel un chiot craintif, il restait collé aux autres et gardait le silence. Il avait l’air si fragile … Le papa n’avait qu’une envie : lui donner plein de tartes afin qu’il gagne un peu de poids ! Mais encore fallait-il parvenir à les trouver, ces tartes … Lorsque l’adulte remarqua le jouet neuf, il sentit son cœur fondre dans sa poitrine en réalisant que cela faisait partie des achats listés dans la lettre de Gobelin. Finalement, ce n’était pas si mal que l’argent ait servi à rendre heureux les enfants plutôt qu’à corrompre le mercenaire …
Maintenant que les présentations étaient faites et que tout le monde se sentait d’attaque pour chasser la bête, le gobelin les abandonna afin de préparer le terrain. Ne restaient que le duc et les orphelins pour une réunion stratégique de la plus haute importante. Dès le début, le noble fut décontenancé par le langage très direct d’Elea. Se faire tester de la sorte par une fillette de moins de dix ans, c’était… étrange. « Ce que je sais faire ? » répéta-t-il afin de se donner le temps de trouver une réponse. Il ne pouvait pas leur dire que normalement, il envoyait d’autres personnes se battre et mourir pour lui ! Sa place n’était pas sur le champ de bataille après tout. La blonde dût sentir son doute, car elle repassa à l’attaque et… Attendez, quoi ? « A-Ah, Gobelin a dit ça ? » s’étrangla-t-il presque. Quelle autre connerie le mercenaire avait-il bien pu raconter à sa troupe ?!
Heureusement, Odalus était raisonnable malgré son jeune âge et calma aussitôt le jeu. Un vrai sage. Pourtant, la blonde revint à la charge et ne manqua pas de lui rappeler sa promesse. « Bien sûr ! » assura-t-il avec la confiance inébranlable d’un politicien qui promettait quelque chose juste pour gagner des votes. Son regard se posa sur un Ignace qui n’était pas très rassuré. Silencieux, savait-il seulement parler ? « Il en aura même assez pour tes deux petits compagnons canins, » assura-t-il alors qu’il creusait un peu plus sa propre tombe. C’était beaucoup plus facile de baratiner des aristocrates que des enfants, car avec les premiers, le duc s’en foutait de ne pas tenir sa promesse. Là, il se sentait comme la pire des ordures. Il fallait ABSOLUMENT qu’il trouve une solution.
Sa panique imperceptible fut coupée par l’annonce du gobelin narrateur : la Tarasque était là ! Les enfants s’énervaient alors que Yu-Seong se releva très lentement avant d’aller tout aussi calmement se placer aux côtés d’Elea. Il ne pouvait quand même pas la laisser seule au front, si ? Face au regard inquiet de la gamine, il se contenta de lui offrir un sourire rassurant. Puis, le monstre apparut devant eux. Le duc était plutôt admiratif : avec les moyens du bord, Gobelin était parvenu à reproduire une marionnette assez incroyable. Vraiment, pourquoi était-il mercenaire alors qu’il possédait tant d’autres talents ? Ah, c’est vrai : la liberté.
Le noble se retint de rire et de passer un commentaire en apprenant que le gobelin avait été gobé par la bête. Elea, en tout cas, ne trouvait pas cela drôle; déterminée à sauver son sauveur, elle attaqua sans aucune hésitation le dragon. Quelle précision ! « En plein dans l’œil ! Bravo, tu as créé un angle mort dans son champ de vision ! » la félicita-t-il.
Vint ensuite Ignace qui fit preuve d’un courage étonnant en lançant à son tour quelque chose sur le monstre, soit son doudou. Yu-Seong apprit ainsi que le nom de ce fidèle compagnon était Poro. « Bien joué Ignace ! Toi et Poro faites vraiment la paire ! » Son sourire ne faisait que s’élargir en écoutant la narration de Gobelin. Les enfants étaient chanceux de pouvoir vivre une telle aventure … Aventure très réelle à leurs yeux, car face à la menace d’un souffle brûlant, ils paniquèrent un peu. Si Ignace optait pour la fuite et Elea l’attaque, Odalus, lui, choisit la défense. On allait ignorer les gros mots pour cette fois.
« Quelle réactivité, Odalus ! Tu nous as sauvés ! » Les enfants étaient vraiment, vraiment à fond dans le jeu. C’était rassurant de voir que de si jeunes âmes meurtries pouvaient encore s’amuser de la sorte; le contraire aurait été fort déprimant. Yu-Seong n’eut toutefois pas le temps de s’attendrir davantage, car Elea lui ordonna très poliment (non) d’achever le monstre en lui coupant la tête. Hm … Le petit magicien n’était pas le seul à réfléchir rapidement; c’était aussi le cas du grand magicien. Et avec sa taille, il ne lui fallut que deux enjambés pour rejoindre Odalus. Posant un genou sur le sol afin d’être à sa hauteur, le duc pointa la Tarasque que la fillette occupait farouchement.
« Sage Odalus, j’ai besoin de ta puissance afin de porter le coup fatal. Concentre ta magie juste au-dessus de la tête du monstre … » Les doigts de son autre main s’agitaient subtilement afin de préparer son propre sort. Un vrai cette fois ! Alors que l’enfant se concentrait à l’aide de son bâton, des gouttelettes commencèrent à former une masse aqueuse au-dessus de la marionnette. C’était plutôt facile puisque la zone était assez humide. Bon, voyons voir … Le but n’était pas d’exploser la marionnette. Il serait aussi dommage de complètement détremper les draps qui forment le monstre. Yu-Seong allait devoir faire preuve de précision, et heureusement, il était meilleur pour lancer des sorts que pour chasser les gobelins.
L’adulte – également concentré – modifia donc la forme de l’eau afin qu’elle soit mince comme une feuille de papier. Ou plutôt, afin qu’elle prenne vaguement la forme d’une guillotine. Il fallait couper la tête de cette saloperie, non ? Avec sa main, il imita le mouvement du couperet qui retombe; au même moment, la lame d’eau en fit de même, tranchant la tête de la marionnette. Ça ne fonctionnerait sûrement pas sur un vrai cou humain malheureusement … Ou heureusement ! On n’était pas là pour tuer qui que soit après tout, hahaha !...
D’abord émerveillés par la magie, les gamins réalisèrent tout d’un coup qu’ils avaient gagné. Alors que des cris de victoire fusaient, Yu-Seong offrit un clin d’œil complice à Odalus avant de se relever un peu péniblement, mais ça, fallait pas le dire. « Bravo les enfants, c’était un superbe travail d’équipe ! Sans vous tous, j’aurais fini dans le ventre du monstre comme ce pauvre Gobelin. » Lui, en tout cas, n’aurait pas causé d’indigestion ! « D’ailleurs, Elea, comme tu es la plus proche, pourrais-tu sortir notre ami de là ? » Quelque chose lui disait que cela ne dérangerait pas la blonde de fouiller dans les tripes d’une Tarasque. « Tu ne risques rien, Poro monte la garde. » La peluche qui avait courageusement brisé l’une des ailes était, en effet, tout juste à côté de la carcasse.
Avec ce commentaire, le duc avait tourné son visage souriant vers les buissons où était caché Ignace. Ce dernier était clairement le plus craintif et timide de la bande; le papa ne voulait certes pas le brusquer, mais il ne voulait pas non plus que l’enfant se sente à part. Ces trois orphelins avaient tellement besoin d’attention positive … Ah, s’il s’écoutait, il les serrerait tous dans ses bras ! Mais c’était clairement une mauvaise idée, alors il se retenait. Toutefois, dès qu’il sera de retour chez lui, il allait étreindre ses propres enfants sans aucune gêne. Peut-être pour s’excuser de ne pas avoir pu inventer de tels jeux lorsqu’ils étaient petits.
Tandis qu’Elea, Odalus et Ignace étaient occupés à célébrer leur victoire, la main de Yu-Seong glissa instinctivement sur sa vieille blessure. Quel âge avaient ses enfants lorsque c’était arrivé ? Ils ne devaient pas être plus vieux que les trois petites lanternes vertes. Et à cause de ça, il n’avait pas pu jouer avec eux comme un père le devrait. Il ne pouvait pas, comme Gobelin, grimper dans les arbres, courir pendant des heures, se rouler dans l’herbe et que sais-je encore … Il leur avait donné beaucoup d’amour, certes, mais est-ce que ça avait été suffisant ? Est-ce que ses héritiers lui en voulaient secrètement ? Ah, fichtre ! Ressaisis-toi ! Le stade de l’autoflagellation, tu l’as dépassé depuis longtemps, tu te souviens ? Les efforts de Gobelin pour rendre les orphelins heureux ne devraient pas te déprimer, au contraire !
Son sourire s’était quelque peu attristé et son regard s’était perdu quelque part. Pas pour longtemps, car le duc secoua la tête afin de retrouver des traits plus amènes. Bien que les gamins étaient concentrés sur la carcasse du Tarasque, il devait faire attention; ces petits êtres sensibles pouvaient percevoir les changements émotionnels les plus infimes. Et puis il y avait Gobelin, évidemment. Avec une telle personne dans les parages, il ne fallait pas montrer de faiblesse. Yu-Seong rejoignit le petit groupe, mine de rien, et se pencha un peu afin d’observer ce qu’ils trafiquaient.
« Alors, est-ce qu’il reste quelque chose de Gobelin ? » s’enquit-il avant d’ajouter pour se moquer gentiment du mercenaire : « Il doit être difficile à digérer, j’espère que le monstre n’a pas eu trop mal au ventre avant de trépasser … »KoalaVolant
Le Gobelin ?
Cette fois, l'on sait où se trouve l'abject créature. Les moues écoeurées ou amusées accompagnent les mouvements de bras, lorsqu'on indique la direction de l'orée du bois. Il est passé par là, lui et sa petite troupe. Les enfants jouent près de la rivière.
Dans ces lieux paisibles, quelques silhouettes jouent en toute insouciance sous les branches du cerisier, à la cime immaculée. A l'approche du Duc, les ombres se rétractent, se réfugient derrière l'arbre et les buissons, sous couvert, d'un arbre à terre. Le vent s'engouffre, au travers des feuilles, le bruissement s'accompagne de murmures et de pouffements. Derrière le tronc renversé, émergent yeux chafouin, rictus carnassier, d'un geste vif, Gobelin surgit.
Perché sur ses getas, en équilibre, il bascule et retombe dans la position d'un crapaud, son kimono vert dévoile les genoux cagneux, les mollets faméliques, les orteils et les ongles crasseux, la voix du Gobelin croasse.
_ Le Ducami !
Il jaillit, retombe sur ses pieds et s'approche de l'homme, les bras glissés dans le dos. Le pas est naturellement bondissant, joueur, alors que Gobelin dévisage attentivement le Duc, sous tous les angles. L'examen minutieux s'attarde peut être un peu trop, quand Gobelin saisit le poignet du Duc pour examiner sa main - s'il se dégage ou qu'on le repousse, Gobelin se rétracte d'un bond en couinant.
Les extrémités de son propre vêtement sont souillées de boue. Ses longs cheveux huileux, laissés libres, dégoulinent le long de son visage, plaquant son derme pâle, mettant en exergue les arcades et les pommettes saillantes et surtout, le très long nez. Le rictus qui s'étire, de part et d'autre de son visage, une plaie béante d'où s'arrachent les habituels borborygmes, onomatopées réflexives, il s'accroupit de nouveau et laisse ses bras retomber, entre ses jambes.
_ Merci, merci au Ducami, d'être venu jusqu'ici. La troupe des Lanternes Vertes a préparé un petit, petit jeu.
Le rictus s'étire davantage et Gobelin se dresse, il est, à présent, narrateur. Une main sur le coeur, son sourire s'efface sur ses lèvres, grave, il se tourne vers une assemblée inexistante, élève le bras pour qu'on l'entende.
_ Peuple d'Almea ! Depuis trop longtemps déjà, vous vivez sous la menace d'une terrible Tarasque ! Cette créature verte aux épaisses écailles s'est extirpée des eaux, elle a rampé jusqu'à vos maisons, pour y voler oh ! Tous vos délicieux potages et les si bonnes tartes aux prunes ! Qu'allons nous faire ! Qui appeler ? Sommes nous condamnés ?
Gémit Gobelin d'une voix plaintive, abattant le dos de sa main contre son front.
_ Ne pleurez pas, ne vous désolez pas ! Car le Duc est LA ! Il a parcouru, à cheval, accompagné de ses plus fidèles alliés, tant de terres et de champs pour affronter le terrible dragon rampant ! N'ayez crainte ! Car le Duc n'est pas seul. Ici, à Almea, se trouvent 3 âmes des plus valeureuses. Ignace, le dompteur de loups ! L'on raconte que ce jeune homme aux cheveux bruns, aux tâches de rousseur, a été trouvé près d'une louve et d'elle, il a hérité toute sa pugnacité. Il a à ses côtés une bête redoutable, aux crocs effilés. L'on dit, qu'il adore les fraises et les mûres, peut-être est-ce dans un buisson que vous le trouverez.
Les pouffements des enfants trahissent leur présence, ils ne sont pas loin, bien que le Duc ne puisse pas encore les voir.
_ Vient ensuite ! Elea la Fol ! C'est le nom qu'elle s'est donnée. Car elle a déjà bravé bien des dangers, armée seulement de son fidèle lance-pierres. Elle a déjà touché un aigle en plein vol, bien qu'elle préfère décrocher les prunes de l'arbre d'un tir bien placé. Sa blonde chevelure est sévèrement disciplinée, en deux tresses qu'elle aime enrouler, elle vous dira qu'il n'y a rien de mieux, pour enfiler un casque : ça évite, que l'acier n'écrase ses fines oreilles.
Précise Gobelin en levant l'index.
_ Et enfin ! Le Sage Odalus ! Savez-vous ce que l'on raconte, Duc ? Qu'il aurait en sa possession un livre contenant tous les sorts du monde ! Toutes les magies existantes en cet univers ! Cependant, une telle puissance n'est pas sans coût. Il a sacrifié ses jambes, pour devenir le sorcier le plus puissant de tous les temps ! Pourquoi n'en profite t il pas pour régner sur le monde ? Car Odalus préfère grignoter les tartes que remplir des papiers ou donner des ordres, c'est un solitaire, vous comprenez.
Des rires plus francs s'échappent et Gobelin pouffe à son tour, amusé, il se reprend rapidement.
_ Duc ! Acceptez-vous leur aide pour vaincre la terrible Tarasque ? Aussi fort soyez vous, j'ai crainte que sans leur appui, le Dragon ne gobe tous vos soldats ! Si vous voulez leur soutien, vous aurez pour tâche de les trouver. Et de les convaincre de vous aider à lutter contre le monstre qui menace, ce village tant aimé. Acceptez vous ?
Défie Gobelin, insistant volontairement sur la dernière question.
Il n'y a, à dire vrai, pas tant d'endroits à fouiller. Le cerisier, l'arbre renversé, les buissons et le bord de la rivière. Et les marmots ne sont pas des plus discrets, peut-être sont-ils même impatients de rencontrer l'homme. Car Gobelin ne s'encombre pas d'étiquette, car pour Gobelin, les héros sont probablement ce Duc et sûrement les orphelins. Car il ne veut pas, que les enfants s'inquiètent et s'intimident, car il veut, que la vie reste un jeu.
Cette fois, l'on sait où se trouve l'abject créature. Les moues écoeurées ou amusées accompagnent les mouvements de bras, lorsqu'on indique la direction de l'orée du bois. Il est passé par là, lui et sa petite troupe. Les enfants jouent près de la rivière.
Dans ces lieux paisibles, quelques silhouettes jouent en toute insouciance sous les branches du cerisier, à la cime immaculée. A l'approche du Duc, les ombres se rétractent, se réfugient derrière l'arbre et les buissons, sous couvert, d'un arbre à terre. Le vent s'engouffre, au travers des feuilles, le bruissement s'accompagne de murmures et de pouffements. Derrière le tronc renversé, émergent yeux chafouin, rictus carnassier, d'un geste vif, Gobelin surgit.
Perché sur ses getas, en équilibre, il bascule et retombe dans la position d'un crapaud, son kimono vert dévoile les genoux cagneux, les mollets faméliques, les orteils et les ongles crasseux, la voix du Gobelin croasse.
_ Le Ducami !
Il jaillit, retombe sur ses pieds et s'approche de l'homme, les bras glissés dans le dos. Le pas est naturellement bondissant, joueur, alors que Gobelin dévisage attentivement le Duc, sous tous les angles. L'examen minutieux s'attarde peut être un peu trop, quand Gobelin saisit le poignet du Duc pour examiner sa main - s'il se dégage ou qu'on le repousse, Gobelin se rétracte d'un bond en couinant.
Les extrémités de son propre vêtement sont souillées de boue. Ses longs cheveux huileux, laissés libres, dégoulinent le long de son visage, plaquant son derme pâle, mettant en exergue les arcades et les pommettes saillantes et surtout, le très long nez. Le rictus qui s'étire, de part et d'autre de son visage, une plaie béante d'où s'arrachent les habituels borborygmes, onomatopées réflexives, il s'accroupit de nouveau et laisse ses bras retomber, entre ses jambes.
_ Merci, merci au Ducami, d'être venu jusqu'ici. La troupe des Lanternes Vertes a préparé un petit, petit jeu.
Le rictus s'étire davantage et Gobelin se dresse, il est, à présent, narrateur. Une main sur le coeur, son sourire s'efface sur ses lèvres, grave, il se tourne vers une assemblée inexistante, élève le bras pour qu'on l'entende.
_ Peuple d'Almea ! Depuis trop longtemps déjà, vous vivez sous la menace d'une terrible Tarasque ! Cette créature verte aux épaisses écailles s'est extirpée des eaux, elle a rampé jusqu'à vos maisons, pour y voler oh ! Tous vos délicieux potages et les si bonnes tartes aux prunes ! Qu'allons nous faire ! Qui appeler ? Sommes nous condamnés ?
Gémit Gobelin d'une voix plaintive, abattant le dos de sa main contre son front.
_ Ne pleurez pas, ne vous désolez pas ! Car le Duc est LA ! Il a parcouru, à cheval, accompagné de ses plus fidèles alliés, tant de terres et de champs pour affronter le terrible dragon rampant ! N'ayez crainte ! Car le Duc n'est pas seul. Ici, à Almea, se trouvent 3 âmes des plus valeureuses. Ignace, le dompteur de loups ! L'on raconte que ce jeune homme aux cheveux bruns, aux tâches de rousseur, a été trouvé près d'une louve et d'elle, il a hérité toute sa pugnacité. Il a à ses côtés une bête redoutable, aux crocs effilés. L'on dit, qu'il adore les fraises et les mûres, peut-être est-ce dans un buisson que vous le trouverez.
Les pouffements des enfants trahissent leur présence, ils ne sont pas loin, bien que le Duc ne puisse pas encore les voir.
_ Vient ensuite ! Elea la Fol ! C'est le nom qu'elle s'est donnée. Car elle a déjà bravé bien des dangers, armée seulement de son fidèle lance-pierres. Elle a déjà touché un aigle en plein vol, bien qu'elle préfère décrocher les prunes de l'arbre d'un tir bien placé. Sa blonde chevelure est sévèrement disciplinée, en deux tresses qu'elle aime enrouler, elle vous dira qu'il n'y a rien de mieux, pour enfiler un casque : ça évite, que l'acier n'écrase ses fines oreilles.
Précise Gobelin en levant l'index.
_ Et enfin ! Le Sage Odalus ! Savez-vous ce que l'on raconte, Duc ? Qu'il aurait en sa possession un livre contenant tous les sorts du monde ! Toutes les magies existantes en cet univers ! Cependant, une telle puissance n'est pas sans coût. Il a sacrifié ses jambes, pour devenir le sorcier le plus puissant de tous les temps ! Pourquoi n'en profite t il pas pour régner sur le monde ? Car Odalus préfère grignoter les tartes que remplir des papiers ou donner des ordres, c'est un solitaire, vous comprenez.
Des rires plus francs s'échappent et Gobelin pouffe à son tour, amusé, il se reprend rapidement.
_ Duc ! Acceptez-vous leur aide pour vaincre la terrible Tarasque ? Aussi fort soyez vous, j'ai crainte que sans leur appui, le Dragon ne gobe tous vos soldats ! Si vous voulez leur soutien, vous aurez pour tâche de les trouver. Et de les convaincre de vous aider à lutter contre le monstre qui menace, ce village tant aimé. Acceptez vous ?
Défie Gobelin, insistant volontairement sur la dernière question.
Il n'y a, à dire vrai, pas tant d'endroits à fouiller. Le cerisier, l'arbre renversé, les buissons et le bord de la rivière. Et les marmots ne sont pas des plus discrets, peut-être sont-ils même impatients de rencontrer l'homme. Car Gobelin ne s'encombre pas d'étiquette, car pour Gobelin, les héros sont probablement ce Duc et sûrement les orphelins. Car il ne veut pas, que les enfants s'inquiètent et s'intimident, car il veut, que la vie reste un jeu.
Chivalry and Dragoons
Les monstres et les enfants
Yu-Seong avait, évidemment, mit à profit les trois semaines séparant la lecture de la lettre et le jour de la rencontre. Ses soldats avaient inspecté et étudié non seulement le village d’Almea, mais aussi le bois environnant – le point de rendez-vous. Ces braves guerriers y étaient allés habillés en civil bien sûr, le but n’étant pas d’inquiéter les villageois qui n’avaient – jusqu’à preuve du contraire – rien à voir dans cette histoire ! Toujours est-il qu’au jour J, certains de ces hommes déguisés se trouvaient toujours au village. Juste au cas où.
Le duc, quant à lui, avait galopé jusqu’à Almea avec une poignée de soldats (en armure ceux-là). Puis, guidés par les habitants – heureux ou non de la présence d’un gobelin dans les parages –, ils continuèrent jusqu’à la forêt. Lorsque l’un de ses soldats l’informa que le fameux cerisier était tout proche, Yu-Seong abandonna monture et guerriers afin de continuer seul. Enfin, "seul" … C’était vite dit. Ses hommes n’étaient pas si éloignés. Il suffisait d’un seul cri, d’un seul ordre aboyé assez fort, pour qu’ils accourent à sa rescousse. La seule raison pourquoi ils ne suivaient pas leur seigneur comme son ombre était à cause de la lettre de Gobelin :
Les enfants seront là, ne venez pas arrêter le misérable petit Gobelin, ne les effrayez pas.
L’Adda ne souhaitait pas non plus que la vue de soldats armés effraie les enfants. Alors pour l’heure, il allait faire confiance au mercenaire … Mais Yu-Seong n’hésitera pas une seule seconde à l’appréhender s’il tentait quoi que ce soit de louche. Et pas juste lui : ses Lanternes Vertes également, car monsieur le duc se doutait que ceux-là devaient traîner dans le coin au même titre que ses propres hommes.
Bref, il se montrait prudent. Pouvait-on vraiment le lui reprocher, lui qui, à cause de son rang, était victime de tentatives d’assassinat depuis des années ? Certes, il en commanditait plus qu’il en subissait, mais là n’était pas la question.
Ses appréhensions invisibles sur son beau visage, Yu-Seong fut accueilli par un gobelin qui avait retrouvé ses mimiques presque animales. Bien que la comparaison soit un peu insultante et erronée, le seigneur ne put s’empêcher d’y voir un chien sortant des buissons pour accueillir joyeusement son maître. Ah, si seulement le mercenaire pouvait être aussi soumis … Il était aussi laid que la dernière fois en tout cas, mais ça, c’était à prévoir.
« Le Ducami en personne, » répliqua-t-il d’un ton calme mais amical tout en se présentant d’un vague geste de la main. « Je vois que vous êtes en forme. » Ses yeux bruns suivaient les mouvements de Gobelin alors que ce dernier l’inspectait. Ce n’était pas sans lui rappeler la dernière fois, lors de leur rencontre dans cette foutue ruelle … Or, cette fois-ci, le duc n’était pas à deux doigts de faire un malaise. N’empêche, qu’est-ce que l’homme sale cherchait ainsi ? Craignait-il que le duc soit armé ? Évidemment qu’il était armé ! Il n’était pas assez fou pour se pointer à un rendez-vous sans rien pour se défendre ! Une dague soigneusement cachée sous ses riches vêtements amples, dans son dos. Si Gobelin l’avait remarquée ou non, Yu-Seong ne pouvait le savoir. Ce visage était aussi moche qu’insondable.
Un frémissement parcourut son corps lorsque Gobelin agrippa sans prévenir son poignet, mais il ne tenta pas de se dégager. Vraiment, qu’est-ce que le mercenaire voulait à la fin ?! On ne le saura jamais, car la créature le relâcha presque aussitôt avant de passer à la suite du programme. Un… jeu ? Son esprit paranoïaque imagina tout de suite le pire, mais alors que Gobelin enchaînait, un soupir de soulagement s’échappa presque de ses lèvres. Que la Déesse soit louée, il parlait d’un vrai jeu et non d’un truc tordu.
Croisant les bras, Yu-Seong écouta la poignante narration. On dirait que Gobelin possédait un don pour raconter des histoires; il devrait peut-être ranger ses armes et changer de métier. Enfin, le duc n’était pas là pour juger son choix de carrière; il était là pour recueillir le témoignage de trois enfants. Enfants pas très subtils d’ailleurs, mais par respect pour ces gamins qui se croyaient bien cachés, le duc les ignora pour l’instant. Un jeu, un jeu … Était-ce de cette façon que Gobelin comptait arrondir les angles ? Le côté contrôlant du seigneur aurait préféré que cela se passe rapidement et sous ses propres conditions, mais son côté paternel ne souhaitait pas brusquer ces jeunes orphelins. Ah là là …
Vint alors la présentation des gamins en question. Voilà qui intéressa davantage le duc qui garda en mémoire les informations importantes. Ignace, enfant possiblement sauvage qui aime les fraises et les mûres. Elea, jeune fille qui aime les prunes et qui risque peut-être de l’attaquer avec un lance-pierre. Odalus, sûrement blessé aux jambes, préfère manger des tartes que parler aux gens. Ah, Yu-Seong le comprenait ! C’était pénible de socialiser parfois …
Au fur et à mesure que Gobelin présentait ces valeureux héros, le noble seigneur se détendait et un sourire plus franc apparaissait sur son visage. Faut dire que les rires étouffés des enfants y étaient pour beaucoup; le simple fait de les entendre s’amuser réchauffait son cœur sensible de papa. Tout le monde a des points faibles, bon ! Il aimerait dire que cela le ramenait en enfance, mais ce serait mentir; ses premiers jeux, il les avait connus en tant que père et non en tant que fils. Cela le ramenait donc plutôt à l’époque où ses enfants étaient encore petits.
« Gobelin, mon brave, j’aime les potages et les tartes comme n’importe qui. Comment pourrais-je rester les bras croisés alors qu’un monstre les dévore tous sous notre nez ? » Pour appuyer ses propos, il décroisa justement les bras et à la place, il posa une main sur l’épaule osseuse du mercenaire. « D’ailleurs, vous n’hésitez pas à nous envoyer affronter une bête affamée, mais qu’en est-il de vous ? Ne me dites pas que vous allez roupiller sous un arbre pendant que nous faisons tout le travail ?! » le taquina-t-il d’un air faussement offusqué. Un pouffement aigu s’échappa de nouveau des buissons. À cet instant précis, Yu-Seong comprit qu’il ne pouvait plus faire marche arrière. Principalement parce que son instinct paternel venait de prendre le dessus. Aujourd’hui, lui et Gobelin n’étaient plus que deux pères déterminés à amuser ces trois enfants. Leurs témoignages pouvaient attendre.
Le duc pivota vers les cachettes naturelles sans toutefois poser son regard sur celle des gamins. Protégeant ses yeux du soleil avec le dos de sa main libre, il fit mine de scruter intensivement les environs. « Mais comment les trouver ? Comment les convaincre ? Ces jeunes héros se cachent aussi bien que mes soldats lors des corvées de nettoyage ! » Autres petits rires qui se voulaient subtils. S’éloignant de Gobelin, le seigneur décida de commencer ses "recherches" proche de la rivière. En tant que mage d’eau, cela le rassurait qu’une source aussi importante soit à sa disposition. Pour se défendre au cas où, vous savez. « Nageraient-ils quelque part ici ? Hm, sûrement pas en cette saison … » Rebroussant le chemin, il alla plutôt admirer le cerisier. « J’ai une idée Gobelin, » l’interpella-t-il en tournant la tête vers lui et en pointant l’arbre. « Et si vous grimpiez pour me dire si quelqu’un s’y cache ? Après, si vous êtes coincé au sommet, je suis sûr qu’Elea pourra vous aider à descendre avec son lance-pierre. »
Les enfants s’esclaffaient dans leur coin, visiblement amusés par les pitreries du duo. Sûrement trouvaient-ils cela comique que des grandes personnes disent autant de bêtises ! Finalement, Yu-Seong leva les bras en l’air, comme pour s’avouer vaincu. « Ah, quel dommage que je ne parvienne pas à trouver ces valeureux guerriers ! Moi qui avais préparé un festin de tartes pour ceux qui vaincront le dragon; il semblerait que seuls moi et Gobelin pourrons en profiter ! » Il tourna les talons et fit semblant de partir. Il n’alla pas bien loin toutefois, car dans son dos, il entendit des buissons bougés et des gamins en sortir, presque paniqués. « Attendez, on veut des tartes, on veut des tartes ! » réclamaient-ils.
Eh bien voilà, il les avait forcés à sortir de leur cachette et les avait achetés par le ventre. Après une œillade complice à l’intention de Gobelin, Yu-Seong se tourna vers les trois orphelins et les rejoignit afin qu’ils ne gaspillent pas leur précieuse énergie à essayer de le rattraper. Pliant les genoux pour être à leur hauteur, il les accueillit avec un sourire tout aussi chaleureux que taquin. « Les tartes, nous pourrons seulement les manger une fois le monstre vaincu. Sinon, il va nous les voler avant que l’on puisse en prendre une seule bouchée ! Puis-je compter sur votre aide ? » Il plaça sa main entre les enfants afin de les inciter à placer la leur sur la sienne en signe de solidarité. Comme avant une partie sportive, quoi. Le duc releva les yeux sur Gobelin, attendant la suite de son super plan pour battre le soi-disant monstre.
Surtout, Yu-Seong se demandait comment il allait faire pour trouver autant de tartes avant la fin de la journée. Il fallait absolument qu’il parvienne à transmettre l’ordre à l’un de ses hommes, car il avait promis à ces gamins qu’ils allaient manger des tartes de la victoire, et par la Déesse, il allait tenir parole !
Les éclaireurs du Duc l'ont probablement informé que les Lanternes Vertes sont arrivées il y a quelques jours déjà. Les villageois n'apparaissent pas particulièrement inquiets de leur présence, il faut dire que le spectacle qu'ils ont donné à leur arrivée, les a distrait et a réussi à éveiller un peu de tendresse chez certain.es.
Ils sont vus, non pas comme une menace, mais une distraction de passage.
Gobelin, tout sourire, est heureux d'accueillir le Duc. Le visage éclairé d'un sourire, il ne s'attend pas à ce que la main de l'homme vienne saisir son épaule. Par réflexe, ses muscles se tendent, mais le geste, ne fait pas mal. Soulagé, il relâche la tension de son corps. Ses yeux verts s'unissent aux prunelles brunes. La remarque malicieuse le surprend, au vu des yeux ronds comme des billes qu'il écarquille. Puis au fond de ses pupilles, s'embrase un feu nouveau. Les lèvres s'étirent, les épaules s'ébranlent, Gobelin éclate de rire.
Il en deviendrait presque beau.
Car la joie, se peint si bien sur son visage. Ses yeux verts étincellent, des fossettes dues à la maigreur, accentuent son sourire, le rire résonne au fond de sa cage thoracique, Gobelin bascule la tête sur le côté, laisse ses cheveux ruisseler sur le poignet du Duc. Langoureusement, Gobelin tire malicieusement la langue et lui offre un clin d'oeil.
_ Allons allons, Ducami, n'avez vous donc pas assez d'un narrateur ! Voilà qu'il vous faut Gobelin en plus de cela ! Ne vous a-t-il pas assez ennuyé ? Mais soit ! Gobelin, invoquez vous, Gobelin vous aurez !
Et l'homme tape deux fois des mains, se détache d'un geste, tournoie sur lui-même dans un mouvement gracieux, avant de tirer sur ses paupières inférieures toute en tirant la langue.
_ Gobelin vous aidera peut-être ! Car ici est son repaire ! Grinça t il de sa voix redevenue hideuse, Non, non, chassez la Tarasque, elle a une haleine bien pire, que celle des vieilles femmes aux baisers baveux, des hommes à la sortie de l'auberge, Gobelin n'aime pas !
Gobelin retombe alors à 4 pattes et s'amuse à aller jusqu'au Duc pour s'accroupir à ses pieds, les bras branlants entre ses jambes. Le regardant faire avec le sourire, il fait mine de lever une main devant ses propres yeux.
_ Comment, comment…, répète Gobelin en écho, engageant le pas au Duc jusqu'à la rivière. Là, il s'amuse à tremper ses mains, avant de lever le nez à la proposition du Duc.
_ Quoi ?! Croasse t il, Percher Gobelin là haut, et le faire tomber, il est peut-être plissé mais n'est pas une prune à faire tomber, il est, fragile, c'est avec douceur qu'il faut le recueillir !
D'un bond, il est près du Duc, joueur, ses mains frôlent ses bras alors qu'il passe devant lui.
_ Non, non, si Gobelin est bloqué, le grand et beau Duc, viendra le rattraper ! Ces bras ont soulevé tout un peuple, ils peuvent bien porter un petit Gobelin !
Il rit et jaillit sur le cerisier. D'un saut, ses mains saisissent la branche et d'un effort, il s'hisse sur cette dernière. Se tient à l'équilibre pour regarder les environs, bien qu'il finisse par adresser un sourire complice à l'enfant tapie près de lui.
_ Il y a peut-être quelqu'un ici…
_ Non Gobelin, ne dis rien ! Souffle une petite voix.
_ Ah, peut-être pas finalement !
Répond Gobelin en faisant mine de reprendre ses recherches.
Alors que le Duc s'éloigne, les enfants sortent de leur cachette. Elea descend de la branche et Gobelin l'aide : l'attrapant par les mains, il l'aide à rejoindre le sol, avant de bondir à ses côtés.
L'enfant, du haut de ses 7 ans, possède une chevelure blonde cuivrée, coiffée en 2 tresses élégamment roulées de part et d'autre de sa tête. Des yeux gris, un nez retroussé, des tâches de rousseur éparpillées, la petite fille est armée d'un lance-pierre dans sa main droite. Elle semble déjà prête à vaincre la Tarasque ; malgré ses sourires, ses sourcils se froncent rapidement et son expression se renfrognent, pourtant, elle est la première qui s'approche.
Odalus sort de derrière l'arbre. Il tient un bâton dans ses mains, dont il se sert pour avancer. Assis dans une cagette en bois, possédant des roues, il tire et pousse, pour s'avancer. Le siege roulant improvisé semble avoir été construit par la petite troupe ; à l'arrière est suspendue une lanterne verte. L'enfant a de nombreux sacs et un livre qu'il garde sur ses jambes inertes. Ses cheveux bruns sont longs, attachés en catogan. Le plus âgé du trio, il se tient entre Elea et le dernier.
Surgit Ignace. L'enfant est assez petit, il tire, dans son dos, un chien à roue. L'animal en bois bouge la tête et la queue, quand l'enfant tire sur sa ficelle. Son bras libre garde contre son poitrail, la peluche d'un canidé difficilement identifiable, au vu de l'oreille manquante, des taches de crasse et de la forme naturellement molle de son doudou. Particulièrement frêle, l'enfant a un bec de lièvre, mais un maquillage lui donnant le nez d'un loup. Ignace reste près de Gobelin, se réfugie légèrement contre sa jambe tout en serrant son doudou.
Malgré leur jeunesse évidente, leur visage sont déjà marqués par l'expérience. Ca se voit, dans ces sourires qui s'effacent si vite, les gestes prudents, les regards qui se tournent régulièrement vers Gobelin, les enfants, sont craintifs et méfiants. Le jeu leur a permis de se rapprocher plus aisément du Duc, d'accepter d'aller vers lui, et le fait qu'il accepte de s’amuser avec eux les rassure un peu.
Mais se montrer, reste toujours une épreuve.
Car si Gobelin s'est fait un personnage comme un armure, s'est fait de son allure, son arme pour défier les moqueries, les enfants, sont encore trop jeunes pour savoir comment réagir face à la méchanceté, le mépris, les moqueries, l’indifférence. .
Quand le Duc se met à leur hauteur et sourit, Elea pose ses poings sur ses hanches. Odalus sourit faiblement à son tour, alors qu'Ignace plaque son doudou contre son nez, cachant timidement son bec de lièvre.
_ J’accepte !
Elea plaque sa main sur celle du Duc.
_ J’ suis Elea, la Fol ! J’battrai la Tarasque à vos côtés !
Odalus se rapproche à son tour, les roues de son fauteuil improvisé grincent un peu. Le bois a été peint d’étranges symboles magiques, son bâton, d’ailleurs, est décoré d’une jolie pierre soigneusement attachée par des cordelettes. Il finit par poser sa main à son tour.
_ Ma magie vous aidera.
Les regards se tournent vers Ignace qui, en réponse, tourne les yeux vers Gobelin. Gobelin s’accroupit et murmure à l’oreille de l’enfant, Ignace hoche la tête et finit par s’approcher. Encore très inquiété par la silhouette du Duc, l’enfant se colle contre Elea et préfère enlacer son bras pour se dire présent, à sa manière.
Gobelin se redresse dans un sourire et lève alors les mains.
_ Gobelin va faire l’éclaireur, peut-être trouvera-t-il la Tarasque ! Discutez stratégies !
_ Moi j’dis, que comme le Ducami est grand, il passe devant ! Décide Elea, Odalus, restes derrière moi et Ignace, tu peux te cacher dans le buisson, tes chiens attaqueront dès qu’ils pourront ! Qu’est c’qui sait y faire, l’Ducami ?
Elle interroge. Vaillante et protectrice, elle s’est naturellement interposée entre les garçons et l’homme qu’elle dévisage avec attention.
_ Si z’avez trop peur, j’peux vous défendre aussi. Le Gobelin, y a dit qu’les monstres, ça vous fiche la trouille, c’vrai ?
_ Tout le monde a peur des monstres, adoucit Odalus en haussant les épaules, Mais si on reste ensemble, tout devrait bien se passer. Ne fonce pas dans le tas, Elea, nous aurons besoin de toi et de tes pierres, pas que tu finisses dans la gueule du Dragon.
Ignace pousse un gémissement plaintif et inquiet, mais Elea lui sourit et tapote son épaule.
_ T’en fais pas, on va s’en sortir ! Et après on mange d’la tarte, l’Ducami l’a dit ! Hein…?
Ses yeux reviennent vers l’homme. Elle a toute l’impertinence d’une enfant mal élevée ; mais il n’est guère difficile de voir comme elle se tend lorsque l’homme les regarde. D’ailleurs, malgré toute sa bravoure, elle est incapable de tenir le regard du Duc et préfère détourner la tête.
Odalus est plus paisible, il faut dire que son bâton le rassure. Sur ses genoux, le livre est un simple cahier de cuisine. Dans les poches qui l’entourent, se trouvent des cailloux, du sable, des herbes, toutes ces petites choses que les enfants ramassent et collectionnent.
Ignace semble le plus craintif. Son doudou écrasé dans sa main, il le garde toujours contre son torse, mais il semble particulièrement fier du chien qu’il tire en laisse. L’objet en bois, est le jouet que Gobelin lui a acheté avec l’argent du Duc. L’animal est de bonne qualité, il a même plutôt bonne bouille, avec sa queue qui bouge quand on le tire, les couleurs vives, l’enfant en prend grand soin. Aussi, quand le sol se fait inégal ou boueux, il le prend dans ses bras et ne le repose que lorsque le sol lui paraît assez plat.
Gobelin profite de la discussion pour s’animer dans leur dos.
Caquetant à son habitude, le Duc le voit probablement suspendre à la branche du cerisier, un grand drap vert que le vent agite. Il se réfugie derrière, et après quelques minutes, on entend un bruit d’alerte : une cuillère en bois fracasse un couvercle.
_ A vos postes ! La Tarasque arrive !
Annonce la voix du Narrateur.
Les enfants sursautent.
_ Tous à son poste ! Répète Elea en levant le bras. Odalus hoche la tête et se positionne à quelques mètres. L’enfant dresse son bâton et fronce les sourcils.
_ Écartez vous si je l’ordonne. Ma magie est si puissante qu’elle pourrait vous blesser ! Prévient Odalus.
_ J’sais, j’sais ! Râle Elea en se positionnant devant le drap vert, plaçant une pierre dans son arme, elle commence déjà à étirer l’élastique. Ses yeux, inquiets, cherchent naturellement l’appui du Duc.
Ignace pousse glapissement et aboiement, il s’est réfugié dans le buisson, ses deux chiens contre lui.
_ Alors que les combattants se préparent à l’affrontement, ils peuvent sentir la terre trembler sous les pas de la terrible créature. La Tarasque arrive ! Hurle le vent qui souffle dans les arbres, La Tarasque arrive ! S’affole la rivière en prenant la fuite, mais les braves guerriers se tiennent prêts !
Annonce le Narrateur. Le fracas s’accompagne d’autres bruits, sifflements de flûte pour le vent, tambourin pour les pas de la Tarasque, le drap vert, s’envole.
Le monstre apparaît devant eux. Faits de draps verts, de bouts de bois, de tissus déchiré, un corps fait d’un tonneau crevé, sa tête est un grand bout de bois terminé d’une figure en tissu vert, les ailes, s’étirent, ce sont les pans du drap que Gobelin agitent. La marionnette est impressionnante, elle fait bien un mètre de haut, animée par les fils que Gobelin tire depuis la branche. Une poupée a été glissée dans les entrailles du monstre, dont la gueule s’ouvre dans un rugissement.
_ La Tarasque a gobé Gobelin !
_ Faut l’sauver ! Rugit Elea. D’un geste, elle lâche son caillou et l’impact ébranle la tête en tissu de la Tarasque.
_ Elea la Fol tire, la pierre siffle en tranchant l’air, elle touche la Tarasque en plein oeil ! La douleur ébranle son large corps, elle agite la tête et un sifflement s'arrache de ses mâchoires ! Continue à conter Gobelin. Sous ses doigts agiles, le monstre prend vie, agite ses ailes, avance la tête, Ignace, pris dans le jeu, se sent alors emporté par le courage.
S’extirpant de sa cachette, il charge, armé de son doudou qu’il lance sur l’une des ailes du monstre.
_ Ignace passe à l’assaut ! Son hurlement éveille en chacun, la combativité d’un loup enragé, vous êtes, ensemble pour vaincre le Monstre ! Ignace, le dompteur de Bêtes, fait hésiter la Tarasque, un instant fatal permettant à son fidèle compagnon de passer à l’attaque… Poro, aux mâchoires redoutables, déchire sous ses crocs l’une des ailes du dragon !
Gobelin lâche les fils, agitant l’aile en question et le drap retombe au sol, sous les hurlements de joie des enfants.
_ La Tarasque est furieuse ! Elle gonfle, gonfle son ventre d’air, vous devez résister à l’impulsion de son souffle, il faut, vous mettre à l’abri !
Ignace écarquille les yeux et se réfugie dans le buisson. Elea, elle, ne recule pas et bande de nouveau son arme.
_ Non ! J’recul’rai pas ! Hurle-t-elle.
_ Imbécile ! Je dresse le Bouclier de tous les Eléments ! Rugit Odalus en levant son bâton, Que ce monstre retourne aux enfers !
_ Un bouclier se dresse autour de vous, vous protégeant du souffle brûlant de la Tarasque !
Elea tourne les yeux vers le Ducami.
_ J’vais faire diversion, coupez lui la tête, à c’te salop’rie, faut sauver Gobelin !
Et impulsive, l’enfant n’attend pas son accord, elle s’élance.
La Tarasque gronde sourdement, sa tête, suit son mouvement, offrant au Duc l’occasion parfaite pour frapper.
Ils sont vus, non pas comme une menace, mais une distraction de passage.
Gobelin, tout sourire, est heureux d'accueillir le Duc. Le visage éclairé d'un sourire, il ne s'attend pas à ce que la main de l'homme vienne saisir son épaule. Par réflexe, ses muscles se tendent, mais le geste, ne fait pas mal. Soulagé, il relâche la tension de son corps. Ses yeux verts s'unissent aux prunelles brunes. La remarque malicieuse le surprend, au vu des yeux ronds comme des billes qu'il écarquille. Puis au fond de ses pupilles, s'embrase un feu nouveau. Les lèvres s'étirent, les épaules s'ébranlent, Gobelin éclate de rire.
Il en deviendrait presque beau.
Car la joie, se peint si bien sur son visage. Ses yeux verts étincellent, des fossettes dues à la maigreur, accentuent son sourire, le rire résonne au fond de sa cage thoracique, Gobelin bascule la tête sur le côté, laisse ses cheveux ruisseler sur le poignet du Duc. Langoureusement, Gobelin tire malicieusement la langue et lui offre un clin d'oeil.
_ Allons allons, Ducami, n'avez vous donc pas assez d'un narrateur ! Voilà qu'il vous faut Gobelin en plus de cela ! Ne vous a-t-il pas assez ennuyé ? Mais soit ! Gobelin, invoquez vous, Gobelin vous aurez !
Et l'homme tape deux fois des mains, se détache d'un geste, tournoie sur lui-même dans un mouvement gracieux, avant de tirer sur ses paupières inférieures toute en tirant la langue.
_ Gobelin vous aidera peut-être ! Car ici est son repaire ! Grinça t il de sa voix redevenue hideuse, Non, non, chassez la Tarasque, elle a une haleine bien pire, que celle des vieilles femmes aux baisers baveux, des hommes à la sortie de l'auberge, Gobelin n'aime pas !
Gobelin retombe alors à 4 pattes et s'amuse à aller jusqu'au Duc pour s'accroupir à ses pieds, les bras branlants entre ses jambes. Le regardant faire avec le sourire, il fait mine de lever une main devant ses propres yeux.
_ Comment, comment…, répète Gobelin en écho, engageant le pas au Duc jusqu'à la rivière. Là, il s'amuse à tremper ses mains, avant de lever le nez à la proposition du Duc.
_ Quoi ?! Croasse t il, Percher Gobelin là haut, et le faire tomber, il est peut-être plissé mais n'est pas une prune à faire tomber, il est, fragile, c'est avec douceur qu'il faut le recueillir !
D'un bond, il est près du Duc, joueur, ses mains frôlent ses bras alors qu'il passe devant lui.
_ Non, non, si Gobelin est bloqué, le grand et beau Duc, viendra le rattraper ! Ces bras ont soulevé tout un peuple, ils peuvent bien porter un petit Gobelin !
Il rit et jaillit sur le cerisier. D'un saut, ses mains saisissent la branche et d'un effort, il s'hisse sur cette dernière. Se tient à l'équilibre pour regarder les environs, bien qu'il finisse par adresser un sourire complice à l'enfant tapie près de lui.
_ Il y a peut-être quelqu'un ici…
_ Non Gobelin, ne dis rien ! Souffle une petite voix.
_ Ah, peut-être pas finalement !
Répond Gobelin en faisant mine de reprendre ses recherches.
Alors que le Duc s'éloigne, les enfants sortent de leur cachette. Elea descend de la branche et Gobelin l'aide : l'attrapant par les mains, il l'aide à rejoindre le sol, avant de bondir à ses côtés.
L'enfant, du haut de ses 7 ans, possède une chevelure blonde cuivrée, coiffée en 2 tresses élégamment roulées de part et d'autre de sa tête. Des yeux gris, un nez retroussé, des tâches de rousseur éparpillées, la petite fille est armée d'un lance-pierre dans sa main droite. Elle semble déjà prête à vaincre la Tarasque ; malgré ses sourires, ses sourcils se froncent rapidement et son expression se renfrognent, pourtant, elle est la première qui s'approche.
Odalus sort de derrière l'arbre. Il tient un bâton dans ses mains, dont il se sert pour avancer. Assis dans une cagette en bois, possédant des roues, il tire et pousse, pour s'avancer. Le siege roulant improvisé semble avoir été construit par la petite troupe ; à l'arrière est suspendue une lanterne verte. L'enfant a de nombreux sacs et un livre qu'il garde sur ses jambes inertes. Ses cheveux bruns sont longs, attachés en catogan. Le plus âgé du trio, il se tient entre Elea et le dernier.
Surgit Ignace. L'enfant est assez petit, il tire, dans son dos, un chien à roue. L'animal en bois bouge la tête et la queue, quand l'enfant tire sur sa ficelle. Son bras libre garde contre son poitrail, la peluche d'un canidé difficilement identifiable, au vu de l'oreille manquante, des taches de crasse et de la forme naturellement molle de son doudou. Particulièrement frêle, l'enfant a un bec de lièvre, mais un maquillage lui donnant le nez d'un loup. Ignace reste près de Gobelin, se réfugie légèrement contre sa jambe tout en serrant son doudou.
Malgré leur jeunesse évidente, leur visage sont déjà marqués par l'expérience. Ca se voit, dans ces sourires qui s'effacent si vite, les gestes prudents, les regards qui se tournent régulièrement vers Gobelin, les enfants, sont craintifs et méfiants. Le jeu leur a permis de se rapprocher plus aisément du Duc, d'accepter d'aller vers lui, et le fait qu'il accepte de s’amuser avec eux les rassure un peu.
Mais se montrer, reste toujours une épreuve.
Car si Gobelin s'est fait un personnage comme un armure, s'est fait de son allure, son arme pour défier les moqueries, les enfants, sont encore trop jeunes pour savoir comment réagir face à la méchanceté, le mépris, les moqueries, l’indifférence. .
Quand le Duc se met à leur hauteur et sourit, Elea pose ses poings sur ses hanches. Odalus sourit faiblement à son tour, alors qu'Ignace plaque son doudou contre son nez, cachant timidement son bec de lièvre.
_ J’accepte !
Elea plaque sa main sur celle du Duc.
_ J’ suis Elea, la Fol ! J’battrai la Tarasque à vos côtés !
Odalus se rapproche à son tour, les roues de son fauteuil improvisé grincent un peu. Le bois a été peint d’étranges symboles magiques, son bâton, d’ailleurs, est décoré d’une jolie pierre soigneusement attachée par des cordelettes. Il finit par poser sa main à son tour.
_ Ma magie vous aidera.
Les regards se tournent vers Ignace qui, en réponse, tourne les yeux vers Gobelin. Gobelin s’accroupit et murmure à l’oreille de l’enfant, Ignace hoche la tête et finit par s’approcher. Encore très inquiété par la silhouette du Duc, l’enfant se colle contre Elea et préfère enlacer son bras pour se dire présent, à sa manière.
Gobelin se redresse dans un sourire et lève alors les mains.
_ Gobelin va faire l’éclaireur, peut-être trouvera-t-il la Tarasque ! Discutez stratégies !
_ Moi j’dis, que comme le Ducami est grand, il passe devant ! Décide Elea, Odalus, restes derrière moi et Ignace, tu peux te cacher dans le buisson, tes chiens attaqueront dès qu’ils pourront ! Qu’est c’qui sait y faire, l’Ducami ?
Elle interroge. Vaillante et protectrice, elle s’est naturellement interposée entre les garçons et l’homme qu’elle dévisage avec attention.
_ Si z’avez trop peur, j’peux vous défendre aussi. Le Gobelin, y a dit qu’les monstres, ça vous fiche la trouille, c’vrai ?
_ Tout le monde a peur des monstres, adoucit Odalus en haussant les épaules, Mais si on reste ensemble, tout devrait bien se passer. Ne fonce pas dans le tas, Elea, nous aurons besoin de toi et de tes pierres, pas que tu finisses dans la gueule du Dragon.
Ignace pousse un gémissement plaintif et inquiet, mais Elea lui sourit et tapote son épaule.
_ T’en fais pas, on va s’en sortir ! Et après on mange d’la tarte, l’Ducami l’a dit ! Hein…?
Ses yeux reviennent vers l’homme. Elle a toute l’impertinence d’une enfant mal élevée ; mais il n’est guère difficile de voir comme elle se tend lorsque l’homme les regarde. D’ailleurs, malgré toute sa bravoure, elle est incapable de tenir le regard du Duc et préfère détourner la tête.
Odalus est plus paisible, il faut dire que son bâton le rassure. Sur ses genoux, le livre est un simple cahier de cuisine. Dans les poches qui l’entourent, se trouvent des cailloux, du sable, des herbes, toutes ces petites choses que les enfants ramassent et collectionnent.
Ignace semble le plus craintif. Son doudou écrasé dans sa main, il le garde toujours contre son torse, mais il semble particulièrement fier du chien qu’il tire en laisse. L’objet en bois, est le jouet que Gobelin lui a acheté avec l’argent du Duc. L’animal est de bonne qualité, il a même plutôt bonne bouille, avec sa queue qui bouge quand on le tire, les couleurs vives, l’enfant en prend grand soin. Aussi, quand le sol se fait inégal ou boueux, il le prend dans ses bras et ne le repose que lorsque le sol lui paraît assez plat.
Gobelin profite de la discussion pour s’animer dans leur dos.
Caquetant à son habitude, le Duc le voit probablement suspendre à la branche du cerisier, un grand drap vert que le vent agite. Il se réfugie derrière, et après quelques minutes, on entend un bruit d’alerte : une cuillère en bois fracasse un couvercle.
_ A vos postes ! La Tarasque arrive !
Annonce la voix du Narrateur.
Les enfants sursautent.
_ Tous à son poste ! Répète Elea en levant le bras. Odalus hoche la tête et se positionne à quelques mètres. L’enfant dresse son bâton et fronce les sourcils.
_ Écartez vous si je l’ordonne. Ma magie est si puissante qu’elle pourrait vous blesser ! Prévient Odalus.
_ J’sais, j’sais ! Râle Elea en se positionnant devant le drap vert, plaçant une pierre dans son arme, elle commence déjà à étirer l’élastique. Ses yeux, inquiets, cherchent naturellement l’appui du Duc.
Ignace pousse glapissement et aboiement, il s’est réfugié dans le buisson, ses deux chiens contre lui.
_ Alors que les combattants se préparent à l’affrontement, ils peuvent sentir la terre trembler sous les pas de la terrible créature. La Tarasque arrive ! Hurle le vent qui souffle dans les arbres, La Tarasque arrive ! S’affole la rivière en prenant la fuite, mais les braves guerriers se tiennent prêts !
Annonce le Narrateur. Le fracas s’accompagne d’autres bruits, sifflements de flûte pour le vent, tambourin pour les pas de la Tarasque, le drap vert, s’envole.
Le monstre apparaît devant eux. Faits de draps verts, de bouts de bois, de tissus déchiré, un corps fait d’un tonneau crevé, sa tête est un grand bout de bois terminé d’une figure en tissu vert, les ailes, s’étirent, ce sont les pans du drap que Gobelin agitent. La marionnette est impressionnante, elle fait bien un mètre de haut, animée par les fils que Gobelin tire depuis la branche. Une poupée a été glissée dans les entrailles du monstre, dont la gueule s’ouvre dans un rugissement.
_ La Tarasque a gobé Gobelin !
_ Faut l’sauver ! Rugit Elea. D’un geste, elle lâche son caillou et l’impact ébranle la tête en tissu de la Tarasque.
_ Elea la Fol tire, la pierre siffle en tranchant l’air, elle touche la Tarasque en plein oeil ! La douleur ébranle son large corps, elle agite la tête et un sifflement s'arrache de ses mâchoires ! Continue à conter Gobelin. Sous ses doigts agiles, le monstre prend vie, agite ses ailes, avance la tête, Ignace, pris dans le jeu, se sent alors emporté par le courage.
S’extirpant de sa cachette, il charge, armé de son doudou qu’il lance sur l’une des ailes du monstre.
_ Ignace passe à l’assaut ! Son hurlement éveille en chacun, la combativité d’un loup enragé, vous êtes, ensemble pour vaincre le Monstre ! Ignace, le dompteur de Bêtes, fait hésiter la Tarasque, un instant fatal permettant à son fidèle compagnon de passer à l’attaque… Poro, aux mâchoires redoutables, déchire sous ses crocs l’une des ailes du dragon !
Gobelin lâche les fils, agitant l’aile en question et le drap retombe au sol, sous les hurlements de joie des enfants.
_ La Tarasque est furieuse ! Elle gonfle, gonfle son ventre d’air, vous devez résister à l’impulsion de son souffle, il faut, vous mettre à l’abri !
Ignace écarquille les yeux et se réfugie dans le buisson. Elea, elle, ne recule pas et bande de nouveau son arme.
_ Non ! J’recul’rai pas ! Hurle-t-elle.
_ Imbécile ! Je dresse le Bouclier de tous les Eléments ! Rugit Odalus en levant son bâton, Que ce monstre retourne aux enfers !
_ Un bouclier se dresse autour de vous, vous protégeant du souffle brûlant de la Tarasque !
Elea tourne les yeux vers le Ducami.
_ J’vais faire diversion, coupez lui la tête, à c’te salop’rie, faut sauver Gobelin !
Et impulsive, l’enfant n’attend pas son accord, elle s’élance.
La Tarasque gronde sourdement, sa tête, suit son mouvement, offrant au Duc l’occasion parfaite pour frapper.
Chivalry and Dragoons
Les monstres et les enfants
Si quelqu’un avait été témoin de la scène, il aurait pensé que les deux adultes s’amusaient plus que les enfants … Est-ce qu’il aurait eu tort ? Enfin bref, maintenant que les trois fameux orphelins étaient près de lui, Yu-Seong pouvait les détailler. De façon subtile et naturelle bien sûr; il ne voulait pas donner l’impression qu’il les fixait comme des bêtes de foire. Il voulait juste mettre un visage sur leur nom.
Elea, la petite blonde farouche. À première vue la plus courageuse de la bande, elle ne trompait pas le duc qui côtoyait des "acteurs" au quotidien. Elle était nerveuse. Jouait-elle les braves pour protéger ses deux autres petits compagnons ? Un peu comme une grande sœur, bien qu’elle ne semblait pas être la plus vieille. Difficile à dire. En tout cas, elle avait l’air un peu garçon manqué, mais ce n’était pas un reproche. Les femmes fortes, Yu-Seong n’avait rien contre; après tout, il avait marié la femme la plus forte du monde !
Odalus était sage tel son titre l’indiquait. Le duc ne s’attendait pas à ce que les jambes de l’enfant soient complètement paralysées, mais la surprise ne parut pas sur son visage doux. À la place, il ne pouvait s’empêcher de féliciter mentalement l’ingéniosité des Lanternes Vertes en voyant le petit véhicule pratique et le beau bâton de sorcier. N’empêche … Il savait ce que c’était d’être incapable de bouger, lui qui avait été alité pendant plus d’un an. Ce gamin était beaucoup plus courageux que lui.
Ignace, le plus petit. Tel un chiot craintif, il restait collé aux autres et gardait le silence. Il avait l’air si fragile … Le papa n’avait qu’une envie : lui donner plein de tartes afin qu’il gagne un peu de poids ! Mais encore fallait-il parvenir à les trouver, ces tartes … Lorsque l’adulte remarqua le jouet neuf, il sentit son cœur fondre dans sa poitrine en réalisant que cela faisait partie des achats listés dans la lettre de Gobelin. Finalement, ce n’était pas si mal que l’argent ait servi à rendre heureux les enfants plutôt qu’à corrompre le mercenaire …
Maintenant que les présentations étaient faites et que tout le monde se sentait d’attaque pour chasser la bête, le gobelin les abandonna afin de préparer le terrain. Ne restaient que le duc et les orphelins pour une réunion stratégique de la plus haute importante. Dès le début, le noble fut décontenancé par le langage très direct d’Elea. Se faire tester de la sorte par une fillette de moins de dix ans, c’était… étrange. « Ce que je sais faire ? » répéta-t-il afin de se donner le temps de trouver une réponse. Il ne pouvait pas leur dire que normalement, il envoyait d’autres personnes se battre et mourir pour lui ! Sa place n’était pas sur le champ de bataille après tout. La blonde dût sentir son doute, car elle repassa à l’attaque et… Attendez, quoi ? « A-Ah, Gobelin a dit ça ? » s’étrangla-t-il presque. Quelle autre connerie le mercenaire avait-il bien pu raconter à sa troupe ?!
Heureusement, Odalus était raisonnable malgré son jeune âge et calma aussitôt le jeu. Un vrai sage. Pourtant, la blonde revint à la charge et ne manqua pas de lui rappeler sa promesse. « Bien sûr ! » assura-t-il avec la confiance inébranlable d’un politicien qui promettait quelque chose juste pour gagner des votes. Son regard se posa sur un Ignace qui n’était pas très rassuré. Silencieux, savait-il seulement parler ? « Il en aura même assez pour tes deux petits compagnons canins, » assura-t-il alors qu’il creusait un peu plus sa propre tombe. C’était beaucoup plus facile de baratiner des aristocrates que des enfants, car avec les premiers, le duc s’en foutait de ne pas tenir sa promesse. Là, il se sentait comme la pire des ordures. Il fallait ABSOLUMENT qu’il trouve une solution.
Sa panique imperceptible fut coupée par l’annonce du gobelin narrateur : la Tarasque était là ! Les enfants s’énervaient alors que Yu-Seong se releva très lentement avant d’aller tout aussi calmement se placer aux côtés d’Elea. Il ne pouvait quand même pas la laisser seule au front, si ? Face au regard inquiet de la gamine, il se contenta de lui offrir un sourire rassurant. Puis, le monstre apparut devant eux. Le duc était plutôt admiratif : avec les moyens du bord, Gobelin était parvenu à reproduire une marionnette assez incroyable. Vraiment, pourquoi était-il mercenaire alors qu’il possédait tant d’autres talents ? Ah, c’est vrai : la liberté.
Le noble se retint de rire et de passer un commentaire en apprenant que le gobelin avait été gobé par la bête. Elea, en tout cas, ne trouvait pas cela drôle; déterminée à sauver son sauveur, elle attaqua sans aucune hésitation le dragon. Quelle précision ! « En plein dans l’œil ! Bravo, tu as créé un angle mort dans son champ de vision ! » la félicita-t-il.
Vint ensuite Ignace qui fit preuve d’un courage étonnant en lançant à son tour quelque chose sur le monstre, soit son doudou. Yu-Seong apprit ainsi que le nom de ce fidèle compagnon était Poro. « Bien joué Ignace ! Toi et Poro faites vraiment la paire ! » Son sourire ne faisait que s’élargir en écoutant la narration de Gobelin. Les enfants étaient chanceux de pouvoir vivre une telle aventure … Aventure très réelle à leurs yeux, car face à la menace d’un souffle brûlant, ils paniquèrent un peu. Si Ignace optait pour la fuite et Elea l’attaque, Odalus, lui, choisit la défense. On allait ignorer les gros mots pour cette fois.
« Quelle réactivité, Odalus ! Tu nous as sauvés ! » Les enfants étaient vraiment, vraiment à fond dans le jeu. C’était rassurant de voir que de si jeunes âmes meurtries pouvaient encore s’amuser de la sorte; le contraire aurait été fort déprimant. Yu-Seong n’eut toutefois pas le temps de s’attendrir davantage, car Elea lui ordonna très poliment (non) d’achever le monstre en lui coupant la tête. Hm … Le petit magicien n’était pas le seul à réfléchir rapidement; c’était aussi le cas du grand magicien. Et avec sa taille, il ne lui fallut que deux enjambés pour rejoindre Odalus. Posant un genou sur le sol afin d’être à sa hauteur, le duc pointa la Tarasque que la fillette occupait farouchement.
« Sage Odalus, j’ai besoin de ta puissance afin de porter le coup fatal. Concentre ta magie juste au-dessus de la tête du monstre … » Les doigts de son autre main s’agitaient subtilement afin de préparer son propre sort. Un vrai cette fois ! Alors que l’enfant se concentrait à l’aide de son bâton, des gouttelettes commencèrent à former une masse aqueuse au-dessus de la marionnette. C’était plutôt facile puisque la zone était assez humide. Bon, voyons voir … Le but n’était pas d’exploser la marionnette. Il serait aussi dommage de complètement détremper les draps qui forment le monstre. Yu-Seong allait devoir faire preuve de précision, et heureusement, il était meilleur pour lancer des sorts que pour chasser les gobelins.
L’adulte – également concentré – modifia donc la forme de l’eau afin qu’elle soit mince comme une feuille de papier. Ou plutôt, afin qu’elle prenne vaguement la forme d’une guillotine. Il fallait couper la tête de cette saloperie, non ? Avec sa main, il imita le mouvement du couperet qui retombe; au même moment, la lame d’eau en fit de même, tranchant la tête de la marionnette. Ça ne fonctionnerait sûrement pas sur un vrai cou humain malheureusement … Ou heureusement ! On n’était pas là pour tuer qui que soit après tout, hahaha !...
D’abord émerveillés par la magie, les gamins réalisèrent tout d’un coup qu’ils avaient gagné. Alors que des cris de victoire fusaient, Yu-Seong offrit un clin d’œil complice à Odalus avant de se relever un peu péniblement, mais ça, fallait pas le dire. « Bravo les enfants, c’était un superbe travail d’équipe ! Sans vous tous, j’aurais fini dans le ventre du monstre comme ce pauvre Gobelin. » Lui, en tout cas, n’aurait pas causé d’indigestion ! « D’ailleurs, Elea, comme tu es la plus proche, pourrais-tu sortir notre ami de là ? » Quelque chose lui disait que cela ne dérangerait pas la blonde de fouiller dans les tripes d’une Tarasque. « Tu ne risques rien, Poro monte la garde. » La peluche qui avait courageusement brisé l’une des ailes était, en effet, tout juste à côté de la carcasse.
Avec ce commentaire, le duc avait tourné son visage souriant vers les buissons où était caché Ignace. Ce dernier était clairement le plus craintif et timide de la bande; le papa ne voulait certes pas le brusquer, mais il ne voulait pas non plus que l’enfant se sente à part. Ces trois orphelins avaient tellement besoin d’attention positive … Ah, s’il s’écoutait, il les serrerait tous dans ses bras ! Mais c’était clairement une mauvaise idée, alors il se retenait. Toutefois, dès qu’il sera de retour chez lui, il allait étreindre ses propres enfants sans aucune gêne. Peut-être pour s’excuser de ne pas avoir pu inventer de tels jeux lorsqu’ils étaient petits.
Tandis qu’Elea, Odalus et Ignace étaient occupés à célébrer leur victoire, la main de Yu-Seong glissa instinctivement sur sa vieille blessure. Quel âge avaient ses enfants lorsque c’était arrivé ? Ils ne devaient pas être plus vieux que les trois petites lanternes vertes. Et à cause de ça, il n’avait pas pu jouer avec eux comme un père le devrait. Il ne pouvait pas, comme Gobelin, grimper dans les arbres, courir pendant des heures, se rouler dans l’herbe et que sais-je encore … Il leur avait donné beaucoup d’amour, certes, mais est-ce que ça avait été suffisant ? Est-ce que ses héritiers lui en voulaient secrètement ? Ah, fichtre ! Ressaisis-toi ! Le stade de l’autoflagellation, tu l’as dépassé depuis longtemps, tu te souviens ? Les efforts de Gobelin pour rendre les orphelins heureux ne devraient pas te déprimer, au contraire !
Son sourire s’était quelque peu attristé et son regard s’était perdu quelque part. Pas pour longtemps, car le duc secoua la tête afin de retrouver des traits plus amènes. Bien que les gamins étaient concentrés sur la carcasse du Tarasque, il devait faire attention; ces petits êtres sensibles pouvaient percevoir les changements émotionnels les plus infimes. Et puis il y avait Gobelin, évidemment. Avec une telle personne dans les parages, il ne fallait pas montrer de faiblesse. Yu-Seong rejoignit le petit groupe, mine de rien, et se pencha un peu afin d’observer ce qu’ils trafiquaient.
« Alors, est-ce qu’il reste quelque chose de Gobelin ? » s’enquit-il avant d’ajouter pour se moquer gentiment du mercenaire : « Il doit être difficile à digérer, j’espère que le monstre n’a pas eu trop mal au ventre avant de trépasser … »
La promesse à l’adresse de ses amis canins apaise Ignace, qui offre un sourire prudent au Duc.
Les enfants, enthousiasmes, se jettent corps et âme dans la bataille. Le jeu est très sérieux : il permet aux petits d’affronter leurs peurs, de prendre confiance en eux. Ils savent qu’en réalité, ils ne risquent rien, mais ça ne les empêche pas de trembler instinctivement face au regard borgne de la Tarasque. La présence du Duc à les côtés semble les rassurer, Elea d’ailleurs affiche un sourire victorieux face au compliment que l’homme lui adresse.
Ignace rougit et baissa timidement les yeux alors qu’Odalus se rapproche après avoir lancé son bouclier. Elea s’est élancée et agite les bras pour attirer le regard de l’animal, le dragon dodeline de la tête en grondant. Odalus lève les yeux vers le Duc pour l’écouter avec attention.
_ Bien… Je vais faire de mon mieux.
L’enfant pointe son bâton en fronçant les sourcils… Et écarquille les yeux à la vue de l’eau qui se forme au-dessus de la tête de la créature. Surpris, Odalus laisse échapper un cri surpris et manque de lâcher son bâton, mais il préfère raffermir l’étreinte de ses mains sur son arme au point où ses jointures blanchissent. L’enfant semble vraiment croire que sa volonté peut aider celle du Duc – car bien que naïf, il se doute que l’eau, ne vient pas de lui -, alors il grimace sous l’effort… Elea pousse un cri de stupeur et Ignace sort timidement la tête de sa cachette pour observer à son tour. Quand la guillotine s’abat, la tête de la marionnette roule au sol.
Un court silence, les enfants retiennent leur souffle.
_ LA TARASQUE EST VAINCUE !
Elea crie de joie, ses bras levés vers le ciel, elle court donner un coup de pied à la tête du monstre. Odalus sourit, radieux. Avant que le Duc n’ait le temps de s’écarter de lui, sa main se pose sur sa jambe pour attirer son attention.
_ Merci !
Il sourit, heureux, avant de reposer son regard sur le corps du monstre. Car pour une fois, la magie, il ne l’a pas seulement imaginée ! Elle a pris naissance devant ses yeux. Et l’enfant, découvre l’espoir qu’un jour, il pourrait réellement agir, qu’il pourrait, se battre comme les autres !
Ignace sautille à son tour, son fidèle chien à roues dans ses bras. L’enfant danse même un peu, avant qu’entendre le nom de Poro ne lui fasse tourner les yeux vers la carcasse et son doudou. Ignace hoche la tête et lève l’index.
_ Pas bou’er Poro ! Ordonne Ignace, acceptant à ce que l’on entende sa voix pour la première fois. Le bec de lièvre fait que certains sons sont complexes à prononcer. Le r, d’ailleurs, est particulièrement rocailleux devant venir du fond de sa gorge. Elea obéit docilement : gonflant le poitrail et levant les bras de part et d’autres de son corps comme si d’énormes biceps l’empêchaient de les baisser, elle s’approche en roulant des mécaniques. Elle imite bien des animaux qui veulent se donner l’air plus gros qu’ils ne sont, dans une stratégie d’intimidation. Mais le monstre ne bronche pas et elle se penche finalement pour récupérer la peluche au sein du tonneau… Jusqu’à ce qu’une main osseuse se referme sur son bras.
Elea glapit de peur.
Gobelin rit.
Alors, elle rit à son tour.
_ T’es bête Gobelin ! Tu m’as foutu la trouille, hey !
Gobelin rampe hors du tonneau et bascule sur le dos, laissant ses bras retomber en croix, la langue pendante hors de ses lèvres. Comme ces serpents qui font le mort. Elea ramasse un bâton et s’amuse à appuyer l’extrémité contre le flanc de leur sauveur, un rire franchissant de nouveau ses lèvres.
_ Gobelin a encore la force de faire des bêtises ! C’est qu’il va bien !
Comprend-t-elle en s’éloignant vers le Duc, les poings sur ses hanches. Ignace, lui, écarquille les yeux et se précipite sur Gobelin pour s’effondrer sur son torse.
_ Oh, Gobelin a droit à un câlin ! Couine Gobelin en enlaçant tendrement Ignace, Bravo, bravo les poussins ! Vous avez vaincu la Tarasque !
_ Le Duc nous a aidés, précise Odalus.
Gobelin serre tendrement Ignace.
_ Merci de m’avoir sauvéééé !
L’enfant finit doucement par s’écarter et va récupérer Poro qu’il enlace fièrement contre son cœur. Gobelin se redresse et époussète sa tenue. Ses yeux reviennent sur le Duc, alors qu’un rictus carnassier étire ses lèvres.
_ Ah ! Croyez moi, Gobelin a fait bien des misères à ce vilain monstre ! Il l’a ! Planté de ses ongles acérés et l’a mordu de l’intérieur, peut-être était-ce pour cela qu’il était si agité ! Quelle idée, de manger du Gobelin, en plus d’une viande coriace et probablement un peu passée de date, a du piquant !
Il rit et fouille dans ses poches.
Ses yeux vont vers Ignace. S’accroupissant devant lui, il lui offre alors un fin médaillon en bois gravé. Le médaillon représente une tête de loup, peinte d’un peu de noir. L’enfant, à la vue du médaillon s’arrête puis le prend avec de grands yeux.
_ Pour fêter ta victoire, Ignace ! Mère Loup te donne un pouvoir très spécial ! Tu as la Protection des Loups ! Tant que tu as Poro ou Malu dans tes bras, tu seras protégé d’une attaque, n’importe laquelle !
L’enfant hoche gravement la tête.
Elea, en voyant les récompenses, s’empresse de s’approcher.
_ Et moi ?! Exige-t-elle.
_ Toi ! Ce sera à la fin ! Tu dois apprendre, la patience, tout sourit à celleux qui attendent ! Sourit malicieusement Gobelin en levant l’index. La blonde enfant fronce franchement les sourcils, boudeuse, elle croise les bras sur son torse. Ignace, lui, contemple son médaillon et finit par doucement le glisser autour de son cou dans un sourire.
Gobelin bondit vers Odalus et s’agenouille face à lui, il lui tend ses mains et au creux de ses paumes, se trouve un autre objet en bois gravé. L’objet est une broche représentant comme un courant d’air s’enroulant sur lui-même…
_ La Tarasque a été vaincue et ton livre absorbe ses pouvoirs ! Tu as présent le Souffle Embrasé ! Un vent puissant, si brûlant qu’il peut blesser un ennemi ! C’est un sort rapide, que tu peux lancer sans même t’accorder un moment de concentration, mais tu peux ne l’utiliser que 2 fois en combat !
Gobelin se tourne vers Elea et sourit en s’approchant d’elle.
_ Quant à Elea la folle… Nous avons trouvé dans les viscères de la Bête, l’épée d’un combattant tombé au combat. Tu peux t’en servir pour percer une armure, d’écailles ou d’acier ! Et ainsi, réduire à néant la défense d’un ennemi. Cependant, une fois plantée, tu ne peux la retirer !
Il lui confie alors, une arme en bois gravée ; un simple couteau, au bout rond, mais la jeune fille observe avec admiration sa nouvelle arme, qu’elle lève devant ses yeux pour l’observer.
_ Quant au Ducami…
Gobelin, tout sourire, grince des dents.
_ Lui offre-t-on quelque chose, les enfants ?
_ Oui ! Il s’y est battu avec courage ! S’écrie Elea.
_ Sans sa magie, nous n’aurons pas vaincu la Tarasque ! Appuie Odalus.
Ignace, lui, hoche simplement la tête et s’approche de Gobelin pour murmurer à son oreille. Gobelin fait mine de lâcher un soupir exaspéré, roule des yeux en tirant la langue.
_ Mais le Duc ! N’a besoin de rien ! Il a, argent, armes, toit et famille, que peut-il attendre, de cette victoire ? Ah ! Gobelin sait !
Gobelin, tout sourire, se redresse comme un Diable sort de sa boîte. Il lève fièrement, une médaille.
Toute faite de bois, elle représente avec précision une tarte aux prunes. La pâte brisée, peinte de jaune et d’orange, accueille en son sein une compotée violette, au fumet parfumé. La tenant entre ses griffes, est représentée une Tarasque verte dont la gueule s’ouvre d’un sourire, elle hume le parfum de la tarte à pleins naseaux.
_ Une médaille de mérite ! Pour avoir vaincu la Tarasque ! Un souvenir, à garder à garder, car qui sait, peut-être qu’un jour, il pourra l’échanger, contre quelque chose de précieux ?
Ses yeux se tournent vers les enfants, qui opinent avec connivence.
_ En attendant, elle sera pour le Ducami, la preuve de sa victoire et scellera en sa mémoire, les souvenirs de cette journée mémorable ! Voici !
Gobelin confie la médaille aux mains du Duc, le visage éclairé d’un rictus carnassier.
_ Car les Hommes ont toujours besoin, de se souvenir de leurs victoires, des moments de joie, des sourires, de toutes ces choses qui donnent, le plaisir de vivre ! Et maintenant, que fait-on ?
_ LES TARTES ! Vocifère Elea de toutes ses forces.
Gobelin éclate de rire et tape des mains à deux reprises.
_ Eh bien allons en chercher, il y en a dans le village ! Nous pourrons ensuite tous nous installer sous l’arbre ! Allons, allons, venez, venez !
Gobelin devance la petite troupe en quelques sauts, les attend, perché sur ses chaussures, en équilibre. Ignace le suit docilement, tenant Poro d’une main, tirant Malu de l’autre. Elea, tout sourire, s’élance et se jette sur Gobelin, qui la fait tourner avant de la reposer. Odalus, lui, s’aide de son bâton comme d’une pagaie pour avancer, jusqu’à faire signe à Gobelin. L’homme revient vers lui, Odalus lui lance une corde et Gobelin l’attache autour de sa taille, pour marcher tout en entraînant l’enfant avec lui.
Odalus repose son bâton et observe autour de lui, les maisons qui se présentent. Gobelin entraîne le Duc dans le village. Elea court à quelques mètres devant eux et Ignace court à sa suite.
Gobelin, tout sourire, adresse un regard au Duc. Ses yeux, pourtant, sont plus sombres.
_ Vous pourrez discuter avec eux lors du goûter. Merci d’avoir participé.
Puis un éclat se ravive au sein de ses pupilles.
_ Vous vous êtes amusé ? Cela change ! Des festivités noblières et de l’étiquette, avez-vous pris, plaisir, aimez-vous, la liberté ?
Le sourire de Gobelin, s’étire davantage, se fait, cruel et malicieux, dévoilant ses dents et plissant ses yeux.
_ Gobelin, a entendu une très belle phrase, qui pourrait devenir une arme pour le Duc, s’il ne la manie pas déjà ! Pour celleux qui se moquent de vous, ol vaut mieux être un bâtard, qu’encourager des traditions d’incestes et de consanguinités, apporter un peu de sang neuf, de matière et d’idée nouvelles, à un terreau qui a eu tout le temps de pourrir. Car la pérennité, ne vient pas d’une plante qu’on laisse sous un verre, non, non, c’est grandir, c’est s’ouvrir, c’est changer d’air, c’est évoluer et s’adapter, c’est la nouveauté ! Et celleux, qui vous accusent et vous attaquent, ont simplement peur des changements que vous pourriez apporter ! Mais ! Allons, allons, allons Gobelin !
S’arrête-t-il soudain en levant une main devant ses lèvres.
_ Que dis-tu, vilain imbécile ? Tais toi donc, si le Duc ne sait rien, de la vie des Orphelins, qu’es-tu, pour parler des Nobles et de leurs coutumes ?! Tu vas finir, dans une cellule au mieux, au pire, oulà le pire, n’y pense pas, vite, excuse-toi, oui, oui, oh Ducami, Gobelin vous présente ses plus plates excuses, si plates qu’il peut se mettre à terre si vous le désirez !
Gobelin s’arrête, courbe l’échine et s’incline.
Il se redresse quand le Duc l'y autorise. Toujours, le sourire persistant sur ses lèvres et pourtant, il revient sur ce détail que le Duc a soulevé, non pas pour se moquer, mais l'aider, à sa manière. Car il a l'habitude de se défaire, des moqueries et du mépris, de faire de ses défauts, une carapace.
Car il a été touché, par les propos du Duc et qu'il n'a pas pu rester, les bras croisés à ignorer, la détresse qu'il a pu traverser.
_ Gobelin est désolé, désolé de l'imbécilité du monde, murmure Gobelin comme pour lui-même, le regard ailleurs, Désolé de voir, que l'on rejette la différence, que l'on a toujours besoin de mépriser, pour se sentir, plus fort, plus puissant, qu'il y ait besoin, de faibles et de forts, comme si ! Le monde, ne pouvait vivre, en acceptant que tous soient, complémentaires, non, non, il faut toujours, toujours, que...
La fin de sa phrase, meurt entre ses lèvres, ses yeux sont noirs, vides, ça ne dure que quelques secondes. Car il vient de voir qu'Ignace cache son visage derrière son doudou, que l'enfant, n'ose plus suivre Elea, il fait demi-tour et vient marcher, aux côtés de Gobelin. Gobelin sourit et, tendrement, repose une main sur son crâne, ses yeux ont repris vie.
_ Tartes ! DES TARTES LA BAS ! Rugit fièrement Elea, leur indiquant la direction d'un doigt autoritaire.
Les enfants, enthousiasmes, se jettent corps et âme dans la bataille. Le jeu est très sérieux : il permet aux petits d’affronter leurs peurs, de prendre confiance en eux. Ils savent qu’en réalité, ils ne risquent rien, mais ça ne les empêche pas de trembler instinctivement face au regard borgne de la Tarasque. La présence du Duc à les côtés semble les rassurer, Elea d’ailleurs affiche un sourire victorieux face au compliment que l’homme lui adresse.
Ignace rougit et baissa timidement les yeux alors qu’Odalus se rapproche après avoir lancé son bouclier. Elea s’est élancée et agite les bras pour attirer le regard de l’animal, le dragon dodeline de la tête en grondant. Odalus lève les yeux vers le Duc pour l’écouter avec attention.
_ Bien… Je vais faire de mon mieux.
L’enfant pointe son bâton en fronçant les sourcils… Et écarquille les yeux à la vue de l’eau qui se forme au-dessus de la tête de la créature. Surpris, Odalus laisse échapper un cri surpris et manque de lâcher son bâton, mais il préfère raffermir l’étreinte de ses mains sur son arme au point où ses jointures blanchissent. L’enfant semble vraiment croire que sa volonté peut aider celle du Duc – car bien que naïf, il se doute que l’eau, ne vient pas de lui -, alors il grimace sous l’effort… Elea pousse un cri de stupeur et Ignace sort timidement la tête de sa cachette pour observer à son tour. Quand la guillotine s’abat, la tête de la marionnette roule au sol.
Un court silence, les enfants retiennent leur souffle.
_ LA TARASQUE EST VAINCUE !
Elea crie de joie, ses bras levés vers le ciel, elle court donner un coup de pied à la tête du monstre. Odalus sourit, radieux. Avant que le Duc n’ait le temps de s’écarter de lui, sa main se pose sur sa jambe pour attirer son attention.
_ Merci !
Il sourit, heureux, avant de reposer son regard sur le corps du monstre. Car pour une fois, la magie, il ne l’a pas seulement imaginée ! Elle a pris naissance devant ses yeux. Et l’enfant, découvre l’espoir qu’un jour, il pourrait réellement agir, qu’il pourrait, se battre comme les autres !
Ignace sautille à son tour, son fidèle chien à roues dans ses bras. L’enfant danse même un peu, avant qu’entendre le nom de Poro ne lui fasse tourner les yeux vers la carcasse et son doudou. Ignace hoche la tête et lève l’index.
_ Pas bou’er Poro ! Ordonne Ignace, acceptant à ce que l’on entende sa voix pour la première fois. Le bec de lièvre fait que certains sons sont complexes à prononcer. Le r, d’ailleurs, est particulièrement rocailleux devant venir du fond de sa gorge. Elea obéit docilement : gonflant le poitrail et levant les bras de part et d’autres de son corps comme si d’énormes biceps l’empêchaient de les baisser, elle s’approche en roulant des mécaniques. Elle imite bien des animaux qui veulent se donner l’air plus gros qu’ils ne sont, dans une stratégie d’intimidation. Mais le monstre ne bronche pas et elle se penche finalement pour récupérer la peluche au sein du tonneau… Jusqu’à ce qu’une main osseuse se referme sur son bras.
Elea glapit de peur.
Gobelin rit.
Alors, elle rit à son tour.
_ T’es bête Gobelin ! Tu m’as foutu la trouille, hey !
Gobelin rampe hors du tonneau et bascule sur le dos, laissant ses bras retomber en croix, la langue pendante hors de ses lèvres. Comme ces serpents qui font le mort. Elea ramasse un bâton et s’amuse à appuyer l’extrémité contre le flanc de leur sauveur, un rire franchissant de nouveau ses lèvres.
_ Gobelin a encore la force de faire des bêtises ! C’est qu’il va bien !
Comprend-t-elle en s’éloignant vers le Duc, les poings sur ses hanches. Ignace, lui, écarquille les yeux et se précipite sur Gobelin pour s’effondrer sur son torse.
_ Oh, Gobelin a droit à un câlin ! Couine Gobelin en enlaçant tendrement Ignace, Bravo, bravo les poussins ! Vous avez vaincu la Tarasque !
_ Le Duc nous a aidés, précise Odalus.
Gobelin serre tendrement Ignace.
_ Merci de m’avoir sauvéééé !
L’enfant finit doucement par s’écarter et va récupérer Poro qu’il enlace fièrement contre son cœur. Gobelin se redresse et époussète sa tenue. Ses yeux reviennent sur le Duc, alors qu’un rictus carnassier étire ses lèvres.
_ Ah ! Croyez moi, Gobelin a fait bien des misères à ce vilain monstre ! Il l’a ! Planté de ses ongles acérés et l’a mordu de l’intérieur, peut-être était-ce pour cela qu’il était si agité ! Quelle idée, de manger du Gobelin, en plus d’une viande coriace et probablement un peu passée de date, a du piquant !
Il rit et fouille dans ses poches.
Ses yeux vont vers Ignace. S’accroupissant devant lui, il lui offre alors un fin médaillon en bois gravé. Le médaillon représente une tête de loup, peinte d’un peu de noir. L’enfant, à la vue du médaillon s’arrête puis le prend avec de grands yeux.
_ Pour fêter ta victoire, Ignace ! Mère Loup te donne un pouvoir très spécial ! Tu as la Protection des Loups ! Tant que tu as Poro ou Malu dans tes bras, tu seras protégé d’une attaque, n’importe laquelle !
L’enfant hoche gravement la tête.
Elea, en voyant les récompenses, s’empresse de s’approcher.
_ Et moi ?! Exige-t-elle.
_ Toi ! Ce sera à la fin ! Tu dois apprendre, la patience, tout sourit à celleux qui attendent ! Sourit malicieusement Gobelin en levant l’index. La blonde enfant fronce franchement les sourcils, boudeuse, elle croise les bras sur son torse. Ignace, lui, contemple son médaillon et finit par doucement le glisser autour de son cou dans un sourire.
Gobelin bondit vers Odalus et s’agenouille face à lui, il lui tend ses mains et au creux de ses paumes, se trouve un autre objet en bois gravé. L’objet est une broche représentant comme un courant d’air s’enroulant sur lui-même…
_ La Tarasque a été vaincue et ton livre absorbe ses pouvoirs ! Tu as présent le Souffle Embrasé ! Un vent puissant, si brûlant qu’il peut blesser un ennemi ! C’est un sort rapide, que tu peux lancer sans même t’accorder un moment de concentration, mais tu peux ne l’utiliser que 2 fois en combat !
Gobelin se tourne vers Elea et sourit en s’approchant d’elle.
_ Quant à Elea la folle… Nous avons trouvé dans les viscères de la Bête, l’épée d’un combattant tombé au combat. Tu peux t’en servir pour percer une armure, d’écailles ou d’acier ! Et ainsi, réduire à néant la défense d’un ennemi. Cependant, une fois plantée, tu ne peux la retirer !
Il lui confie alors, une arme en bois gravée ; un simple couteau, au bout rond, mais la jeune fille observe avec admiration sa nouvelle arme, qu’elle lève devant ses yeux pour l’observer.
_ Quant au Ducami…
Gobelin, tout sourire, grince des dents.
_ Lui offre-t-on quelque chose, les enfants ?
_ Oui ! Il s’y est battu avec courage ! S’écrie Elea.
_ Sans sa magie, nous n’aurons pas vaincu la Tarasque ! Appuie Odalus.
Ignace, lui, hoche simplement la tête et s’approche de Gobelin pour murmurer à son oreille. Gobelin fait mine de lâcher un soupir exaspéré, roule des yeux en tirant la langue.
_ Mais le Duc ! N’a besoin de rien ! Il a, argent, armes, toit et famille, que peut-il attendre, de cette victoire ? Ah ! Gobelin sait !
Gobelin, tout sourire, se redresse comme un Diable sort de sa boîte. Il lève fièrement, une médaille.
Toute faite de bois, elle représente avec précision une tarte aux prunes. La pâte brisée, peinte de jaune et d’orange, accueille en son sein une compotée violette, au fumet parfumé. La tenant entre ses griffes, est représentée une Tarasque verte dont la gueule s’ouvre d’un sourire, elle hume le parfum de la tarte à pleins naseaux.
_ Une médaille de mérite ! Pour avoir vaincu la Tarasque ! Un souvenir, à garder à garder, car qui sait, peut-être qu’un jour, il pourra l’échanger, contre quelque chose de précieux ?
Ses yeux se tournent vers les enfants, qui opinent avec connivence.
_ En attendant, elle sera pour le Ducami, la preuve de sa victoire et scellera en sa mémoire, les souvenirs de cette journée mémorable ! Voici !
Gobelin confie la médaille aux mains du Duc, le visage éclairé d’un rictus carnassier.
_ Car les Hommes ont toujours besoin, de se souvenir de leurs victoires, des moments de joie, des sourires, de toutes ces choses qui donnent, le plaisir de vivre ! Et maintenant, que fait-on ?
_ LES TARTES ! Vocifère Elea de toutes ses forces.
Gobelin éclate de rire et tape des mains à deux reprises.
_ Eh bien allons en chercher, il y en a dans le village ! Nous pourrons ensuite tous nous installer sous l’arbre ! Allons, allons, venez, venez !
Gobelin devance la petite troupe en quelques sauts, les attend, perché sur ses chaussures, en équilibre. Ignace le suit docilement, tenant Poro d’une main, tirant Malu de l’autre. Elea, tout sourire, s’élance et se jette sur Gobelin, qui la fait tourner avant de la reposer. Odalus, lui, s’aide de son bâton comme d’une pagaie pour avancer, jusqu’à faire signe à Gobelin. L’homme revient vers lui, Odalus lui lance une corde et Gobelin l’attache autour de sa taille, pour marcher tout en entraînant l’enfant avec lui.
Odalus repose son bâton et observe autour de lui, les maisons qui se présentent. Gobelin entraîne le Duc dans le village. Elea court à quelques mètres devant eux et Ignace court à sa suite.
Gobelin, tout sourire, adresse un regard au Duc. Ses yeux, pourtant, sont plus sombres.
_ Vous pourrez discuter avec eux lors du goûter. Merci d’avoir participé.
Puis un éclat se ravive au sein de ses pupilles.
_ Vous vous êtes amusé ? Cela change ! Des festivités noblières et de l’étiquette, avez-vous pris, plaisir, aimez-vous, la liberté ?
Le sourire de Gobelin, s’étire davantage, se fait, cruel et malicieux, dévoilant ses dents et plissant ses yeux.
_ Gobelin, a entendu une très belle phrase, qui pourrait devenir une arme pour le Duc, s’il ne la manie pas déjà ! Pour celleux qui se moquent de vous, ol vaut mieux être un bâtard, qu’encourager des traditions d’incestes et de consanguinités, apporter un peu de sang neuf, de matière et d’idée nouvelles, à un terreau qui a eu tout le temps de pourrir. Car la pérennité, ne vient pas d’une plante qu’on laisse sous un verre, non, non, c’est grandir, c’est s’ouvrir, c’est changer d’air, c’est évoluer et s’adapter, c’est la nouveauté ! Et celleux, qui vous accusent et vous attaquent, ont simplement peur des changements que vous pourriez apporter ! Mais ! Allons, allons, allons Gobelin !
S’arrête-t-il soudain en levant une main devant ses lèvres.
_ Que dis-tu, vilain imbécile ? Tais toi donc, si le Duc ne sait rien, de la vie des Orphelins, qu’es-tu, pour parler des Nobles et de leurs coutumes ?! Tu vas finir, dans une cellule au mieux, au pire, oulà le pire, n’y pense pas, vite, excuse-toi, oui, oui, oh Ducami, Gobelin vous présente ses plus plates excuses, si plates qu’il peut se mettre à terre si vous le désirez !
Gobelin s’arrête, courbe l’échine et s’incline.
Il se redresse quand le Duc l'y autorise. Toujours, le sourire persistant sur ses lèvres et pourtant, il revient sur ce détail que le Duc a soulevé, non pas pour se moquer, mais l'aider, à sa manière. Car il a l'habitude de se défaire, des moqueries et du mépris, de faire de ses défauts, une carapace.
Car il a été touché, par les propos du Duc et qu'il n'a pas pu rester, les bras croisés à ignorer, la détresse qu'il a pu traverser.
_ Gobelin est désolé, désolé de l'imbécilité du monde, murmure Gobelin comme pour lui-même, le regard ailleurs, Désolé de voir, que l'on rejette la différence, que l'on a toujours besoin de mépriser, pour se sentir, plus fort, plus puissant, qu'il y ait besoin, de faibles et de forts, comme si ! Le monde, ne pouvait vivre, en acceptant que tous soient, complémentaires, non, non, il faut toujours, toujours, que...
La fin de sa phrase, meurt entre ses lèvres, ses yeux sont noirs, vides, ça ne dure que quelques secondes. Car il vient de voir qu'Ignace cache son visage derrière son doudou, que l'enfant, n'ose plus suivre Elea, il fait demi-tour et vient marcher, aux côtés de Gobelin. Gobelin sourit et, tendrement, repose une main sur son crâne, ses yeux ont repris vie.
_ Tartes ! DES TARTES LA BAS ! Rugit fièrement Elea, leur indiquant la direction d'un doigt autoritaire.
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FIEF DE PHARAOS / ROYAUME DU PHARAON
ZENG X SEHRAZAD
ERRANCE
La nuit était profonde. Entre chaque étoile, un abime de noirceur, insondable, intouchable. Inaltérable. Il n'y avait tout simplement rien à faire, les étoiles pouvaient briller à en mourir, elles n'effaceraient jamais l'obscurité qui les entouraient. Aussi fortes soient-elles, aussi belles puissent-elles être, si loin, perdues dans le ciel, elles étaient incapables de se défaire de cette trame noire, de cette étoffe tissée avant elles. Piégées et inaccessibles, elles brillaient et brillaient encore. Elles se reflétaient dans les prunelles trop tendres, trop humides, d’une jeune femme couchée dans le sable.
Ses longs cheveux se perdaient dans la dune, sa fragile silhouette rendue plus frêle encore dans ce décor trop vaste. Seule, elle regardait les étoiles. Perdue dans une trame obscure. Elle venait toujours ici lorsque son coeur devenait trop lourd. Ici, il se brisait. En silence. Il coulait sur ses joues et s’éparpillait en mille morceaux dans le désert.
Puis, la rosée viendrait. Éphémère presque illusoire. Et mille couleurs traverseraient ces perles mêlées aux éclats de ce coeur brisé. L’obscurité, lentement, si lentement, reculerait. Les étoiles disparaîtraient sans jamais partir. Et le soleil viendrait. Sa chaleur caressant ces joues humides, il ferait disparaître la rosée, disparaître les larmes. Il passerait une main dans ses cheveux, approcherait son visage et d’un baiser offert sans condition, il soignerait une fois de plus ce coeur de porcelaine. Alors, elle ouvrirait les yeux et elle lui sourirait. Elle brillerait.
Quelques heures plus tard, elle rencontrait les visages qui accompagneraient son voyage jusqu’aux terres de Babel. Elle espérait trouver là-bas les connaissances qui lui manquait, trouver un nouvel espoir dans sa quête perpétuelle. Elle espérait aussi retrouver un ami, un appui sur lequel elle n’oserait sans doute pas entièrement se reposer mais qui soulagerait certainement son isolement. Sehrazad devait abandonner son fiancé, son soleil, pour un temps, aussi court que possible. Cette séparation était de son fait, elle ne pouvait fermer les yeux sur toutes les connaissances qui l’attendaient de l’autre côté de la frontière, elle devait essayer, quand bien même le chemin serait long et malgré la douleur qui tiraillait son âme d’ainsi s’éloigner de l’homme qu’elle aimait. Elle ne se retournerait pas alors que ses pas l’éloignaient de chez elle, elle avait pris sa décision, elle devait la porter dignement sur ses épaules jusqu’à son retour.
Emportée par un flot inconnu, elle se noie dans la cacophonie bonne enfant qui l’entoure. Silencieuse et attentive, la jeune femme observe le mouvement qui la porte. C’était une troupe si hétéroclite qu’elle pourrait sembler disparate, des hommes et des femmes, des enfants, des armes visibles parfois, des instruments et des rires. Ils pourraient être une troupe de saltimbanques, de joyeux vagabonds vendant leurs belles histoires autour d’un feu de camp. Peut-être faisaient-ils cela aussi ? Sehrazad les observe, ils sont si vivants, ils ressemblent à ces nuées d’étourneaux qui dansent dans le ciel, tous uniques et parties d’un tout en mouvement. Ils viennent de tous les horizons, ces oiseaux, petits ou grands, jeunes ou moins, rieurs et introvertis. De discrets yeux couleur d’azur, de tonitruantes exclamations, des pas bondissants, des rires juvéniles, le souffle du vent dans une ombrelle. La demoiselle du désert ferme les yeux, les dunes résonnent sous ses pieds et elle sourit paisiblement, que cette cacophonie est agréable.
La musique rythme leur avancée, joyeuse et insouciante, était-ce toujours ainsi qu’ils voyageaient ? Si c’était ainsi, ah si c’était ainsi… Dans une autre vie, elle aurait souhaité les rejoindre. La mélodie s’apaise sans qu’elle ne s’en aperçoive et une voix tout près d’elle la ramène au réel. Sehrazad ouvre ses grandes prunelles noisettes pour découvrir le visage qui s’est penché sur elle. On lui avait décrit cet homme et bien des mots avaient tenté leur chance pour cerner sa physionomie. Gobelin. Qui avait choisi ce surnom ? Le visage de la jeune femme s’éclaire d’un sourire à ravir les astres.
- Vous êtes adorable.
Et le sable crisse sous ses pieds, les étourneaux continuent de chanter, le désert referme ses bras sur les diamants d’honnêteté qui s’envolent de la bouche de sa fille. Puis elle reprend, comptant savamment sur ses doigts le décompte de ses réponses.
- Je me porte très bien, le rythme est parfait, c’est bien la première fois, je n’hésiterai pas à faire appel à vos services, je vous remercie.
La voilà qui tourne à nouveau son regard sur le visage de l’homme, l’air ravie et joueuse. Cependant, elle avait peut-être répondu un peu trop vite. Posant un index sur son menton, la demoiselle rectifiait :
- C’est bien la première fois que je quitte le royaume du Pharaon mais ce n’est pas la première fois que je voyage dans le désert. Je ne suis pas aussi expérimentée que vous mais, si je peux vous être utile, j’en serais très heureuse.
Elle portait une main à sa poitrine, appuyant sa modeste requête, elle n’aimait pas être un poids et elle l’avait été trop souvent ces derniers temps, trouver une utilité même minime la soulagerait. Ses yeux naviguaient entre les yeux de son interlocuteur et le haut de sa tête, s’égaraient un instant le long de ses longs cheveux noirs. Elle hésitait quelques longues secondes, cherchant visiblement ses mots avant de finir par retrouver le chemin de ces yeux verts, comme embarrassée.
- Je ne veux pas vous commander bien sûr mais…
Elle levait son bras, lentement, jusqu’au visage du Gobelin, ses doigts se tendaient finalement vers son front, effleurant ses cheveux.
- Vous avez les cheveux préférés du soleil, vous devriez les couvrir avant qu’il n’essaie de vous les voler.
C’était ce qu’on enseignait aux enfants… Sehrazad avait pensé que ce serait moins insultant que de dire très crûment à un homme bien plus aguerri qu’elle qu’il devait porter un turban dans le désert mais cela sonnait finalement comme un sermon. Gênée de sa potentielle impolitesse, Sehrazad détournait le regard lorsqu’il s’arrêta sur la flûte que tenait le mercenaire.
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ZENG X SEHRAZAD
ERRANCE
_ Lavez vous ! Lavez vous !
Couine la voix glapissante du Gobelin. Elle s'éclate contre le récif de ses dents effilés, dans un rire sonore et grinçant, alors qu'il s'accroupit au bord de l'oasis. Il plonge ses bras nus dans l'eau claire. Comme un éclat de lune, sa peau claire luit. Ses détours troublés par la surface capricieuse ne font que renforcer l'aspect étrangement éthéré de sa silhouette osseuse. Les années de dénutrition ont marqué son corps, comme les coups parfois plus ou moins adroits, de villageois effrayés ou d'adversaires expérimentés.
Les vertèbres gondolent le long de son dos, les hanches osseuses, les genoux cagneux, les cheveux noirs cascadent, la rigole sombre et huileuse, recouvre au mieux les imperfections, sans réellement les dissimuler. Au contraire, certaines d'entre elles n'en ressortent que plus affreuses, comme son très long nez à l'arrête trop bien dessiné, maintes fois brisé. Et dans ses yeux verts reptiliens, les rayons du soleil se diluent, se diffusent, comme sa peau disparaît sous les remous de l'eau savonneuse.
Gobelin fredonne, une mélopée que seule lui connaît mais que ses comparses ont l'habitude d'écouter. L'un d'eux finit par se lever et s'affale près du Gobelin. Ce dernier n'est pas dérangé de se faire éclabousser, il se contente de reposer ses coudes sur ses genoux, de pencher la tête sur le côté. Une onomatopée interrogative franchit ses lèvres, avant que ses yeux ne se plissent.
_ Oh, le regard de Lazur est troublé. A quoi pense-t-il ?
Un rictus étire les lèvres du Gobelin, qui s'amuse à patauger dans l'eau. Accroupi dans cette dernière, c'est à 4 pattes qu'il finit par y marcher.
Lazur a une vingtaine d'années. Il porte toujours un turban blanc, et un voile qui dissimule le bas de son visage, ne laissant voir que ses yeux bleus. Une cicatrice, une maladie, il cache sous son masque ce qui lui a vallu le rejet de son village. Ramenant ses jambes contre lui, Lazur finit par demander.
_ Qu'est-ce qu'on va faire, Zeng ? Quelle mission tu nous as trouvé ?
Car Gobelin a un nom, un nom qu'il ne donne qu'à celleux qui le méritent. Gobelin grimpe sur une racine, s'y assoit et étend langoureusement ses jambes, il lève ses mains et contemple ses ongles vernis. Les griffes sont acérées, couvertes d'une peinture noire, comme celle qu'il aime appliquer sur ses paupières. Car le noir, ne va vraiment pas à sa peau, mais Zeng espère qu'il fera ressortir sa lumière. Qu'il cachera, toutes ces choses qu'il n'aime pas vraiment montrer - bien qu'il ait appris à en rire, à les assumer, il sait qu'il doit bien présenter.
_ Une mission d'escorte. Nous allons trouver une jeune femme, du nom de Sehrazad Borgia. Nous devons la conduire jusqu'aux Terres de Babel, en échange d'une belle somme ! Alors faisons nous beaux, beaux pour se présenter à elle, ou en tous cas, le moins vilain possible ! Ce n'est pas vraiment gagné pour Gobelin…
Ricane l'homme. Son comparse se contente de battre doucement des paupières, baiser de chat, c'est avec la même souplesse qu'il se redresse et se détourne.
_ Lazur, que caches-tu sous ton masque ?
Lazur s'arrête et se retourne à demi.
_ Et vous, que cachez-vous sous vos grimaces ?
Gobelin cligne des paupières et laisse un sifflement s'échapper de ses lèvres, elles se retroussent dans un rictus carnassier. Amusé, son regard se fait d'une froideur assassine, il lève l'index et gratte sa joue.
_ Vous dissimulez votre humanité, moi, je protège ma tranquillité.
Lazur s'éloigne d'un pas tranquille et Zeng Min ne cherche pas à l'arrêter. Il retombe dans le silence et, perdu dans ses pensées, ferme un instant les yeux. Ce sont quelques heures plus tard qu'ils se présentent, tous vêtus de leurs plus beaux apparats.
Ses longs cheveux noirs sont à présent retenus en queue de cheval militaire, tenus par deux baguettes en bois ornées de gravures vertes. Ses paupières sont parées de nuits et de fragments d'étoiles, lovées sous elles, luisent lugubrement ses yeux d'un vert profond. Son corps famélique, abrité sous plusieurs couches de tissus légers, l'on ne voit pas les côtes saillantes, les épaules osseuses, le ventre qui reste creusé, non, il y a le lin épais, d'un vert sombre, orné de lanternes d'un vert tendre brodées à même le tissu. La lance reposée sur son épaule porte une Lanterne de cette couleur.
Après quelques mots échangés avec leur employeur et le contrat signé, la jeune femme est invitée à suivre la quinzaine de mercenaires. Des femmes, des hommes, de tout horizon. Lazur semble habitué au désert, comme Pavir, un homme massif, aux bonnes manières et au rire bruyant, un ancien paysan. Il y a la malicieuse Roshirir, venue de l'Empire de Nuhoko, petite et agile, ou encore, l'embrasé Kador du Royaume du Nord. Il ne cesse de se chamailler avec Uiko, leur cuisiner, un très jeune homme qui n'est pas prêt de se laisser marcher sur les pieds. Mael semble grandement souffrir de la chaleur, iel tient tant bien que mal une ombrelle entre ses mains d'une délicatesse rare, iel est d'un genre indéfinissable et que personne ne cherche à définir, lui offrant tour à tour, il ou elle selon ses envies. Ludinael clame haut et fort, qu'après les plus durs gels de l'hiver, elle est capable de tenir face aux plus terribles intempéries, tant qu'elle a un peu d'alcool dans sa besace ! Une clameur qui exaspère Nuwel, un homme trapu et ventru dont les cheveux très épais dissimulent ses yeux. Lui explique que la chaleur fait du bien à ses vieux os. Gael, quant à lui, marche à l'arrière. Sa taille n'a rien d'impressionnant - mais sa musculature et l'énorme épée qui repose à son flanc imposent le respect. L'homme a un grand nez, de courts cheveux gris et une cicatrice ancienne qui traverse le coin de sa mâchoire. Il ne parle que peu, mais sourit souvent, surtout quand les enfants viennent se réfugier à ses côtés, pour marcher en lui tenant la main, à lui ou Gobelin.
Car enfants, il y en a une poignée d'entre eux. Certains seront conduits à Babel, d'autres à Alexandre, et d'autres encore, resteront avec Gobelin et sa troupe. Il y a de jeunes adolescents, comme Luce qui apprend l'épée auprès de Roshirir, Mirabelle qui tire son nom de ses beaux cheveux clairs et de ses yeux pétillants.
Gobelin est le chef de ce groupe hétéroclite. Il mène, d'un pas sautillant et bondissant, glissant parmi les troupes comme un diable sortant de sa boîte. Ses facéties, sa voix caquetante et ses manières étranges, ne sont qu'un courant parmi cet océan, un courant que les autres suivent instinctivement.
Il joue d'un peu de flûte devant, un air enjoué, que certain.es accompagnent de la voix, d'autres d'instruments. Nuwel le ventru marque le rythme en remuant un grelot, accroché à un bâton, Pavir tape dans ses mains épaisses, Uiko lui, laisse ses doigts tapoter la casserole qu'il garde accrochée à sa hanche.
Finalement, la musique s'apaise et Gobelin, d'un bond, apparaît près de leur invitée. Il a défait ses longs cheveux, qui ruissellent sur son visage, ses yeux malicieusement plantés dans les prunelles de la jeune femme.
_ Comment allez-vous ? Le rythme vous convient ? Est-ce la première fois, que vous quittez chez vous ? N'hésitez pas à dire lorsque vous avez besoin d'eau ou de repos, cette compagnie et tous nos humbles services, vous sont offerts jusqu'à ce que vous arriviez à destination. Et plus vous serez bien, mieux Gobelin sera !
Assure-t-il. Et malgré l'effrayant de son rictus carnassier, le ton chaleureux de sa voix trahit sa sincérité.
----------Couine la voix glapissante du Gobelin. Elle s'éclate contre le récif de ses dents effilés, dans un rire sonore et grinçant, alors qu'il s'accroupit au bord de l'oasis. Il plonge ses bras nus dans l'eau claire. Comme un éclat de lune, sa peau claire luit. Ses détours troublés par la surface capricieuse ne font que renforcer l'aspect étrangement éthéré de sa silhouette osseuse. Les années de dénutrition ont marqué son corps, comme les coups parfois plus ou moins adroits, de villageois effrayés ou d'adversaires expérimentés.
Les vertèbres gondolent le long de son dos, les hanches osseuses, les genoux cagneux, les cheveux noirs cascadent, la rigole sombre et huileuse, recouvre au mieux les imperfections, sans réellement les dissimuler. Au contraire, certaines d'entre elles n'en ressortent que plus affreuses, comme son très long nez à l'arrête trop bien dessiné, maintes fois brisé. Et dans ses yeux verts reptiliens, les rayons du soleil se diluent, se diffusent, comme sa peau disparaît sous les remous de l'eau savonneuse.
Gobelin fredonne, une mélopée que seule lui connaît mais que ses comparses ont l'habitude d'écouter. L'un d'eux finit par se lever et s'affale près du Gobelin. Ce dernier n'est pas dérangé de se faire éclabousser, il se contente de reposer ses coudes sur ses genoux, de pencher la tête sur le côté. Une onomatopée interrogative franchit ses lèvres, avant que ses yeux ne se plissent.
_ Oh, le regard de Lazur est troublé. A quoi pense-t-il ?
Un rictus étire les lèvres du Gobelin, qui s'amuse à patauger dans l'eau. Accroupi dans cette dernière, c'est à 4 pattes qu'il finit par y marcher.
Lazur a une vingtaine d'années. Il porte toujours un turban blanc, et un voile qui dissimule le bas de son visage, ne laissant voir que ses yeux bleus. Une cicatrice, une maladie, il cache sous son masque ce qui lui a vallu le rejet de son village. Ramenant ses jambes contre lui, Lazur finit par demander.
_ Qu'est-ce qu'on va faire, Zeng ? Quelle mission tu nous as trouvé ?
Car Gobelin a un nom, un nom qu'il ne donne qu'à celleux qui le méritent. Gobelin grimpe sur une racine, s'y assoit et étend langoureusement ses jambes, il lève ses mains et contemple ses ongles vernis. Les griffes sont acérées, couvertes d'une peinture noire, comme celle qu'il aime appliquer sur ses paupières. Car le noir, ne va vraiment pas à sa peau, mais Zeng espère qu'il fera ressortir sa lumière. Qu'il cachera, toutes ces choses qu'il n'aime pas vraiment montrer - bien qu'il ait appris à en rire, à les assumer, il sait qu'il doit bien présenter.
_ Une mission d'escorte. Nous allons trouver une jeune femme, du nom de Sehrazad Borgia. Nous devons la conduire jusqu'aux Terres de Babel, en échange d'une belle somme ! Alors faisons nous beaux, beaux pour se présenter à elle, ou en tous cas, le moins vilain possible ! Ce n'est pas vraiment gagné pour Gobelin…
Ricane l'homme. Son comparse se contente de battre doucement des paupières, baiser de chat, c'est avec la même souplesse qu'il se redresse et se détourne.
_ Lazur, que caches-tu sous ton masque ?
Lazur s'arrête et se retourne à demi.
_ Et vous, que cachez-vous sous vos grimaces ?
Gobelin cligne des paupières et laisse un sifflement s'échapper de ses lèvres, elles se retroussent dans un rictus carnassier. Amusé, son regard se fait d'une froideur assassine, il lève l'index et gratte sa joue.
_ Vous dissimulez votre humanité, moi, je protège ma tranquillité.
Lazur s'éloigne d'un pas tranquille et Zeng Min ne cherche pas à l'arrêter. Il retombe dans le silence et, perdu dans ses pensées, ferme un instant les yeux. Ce sont quelques heures plus tard qu'ils se présentent, tous vêtus de leurs plus beaux apparats.
Ses longs cheveux noirs sont à présent retenus en queue de cheval militaire, tenus par deux baguettes en bois ornées de gravures vertes. Ses paupières sont parées de nuits et de fragments d'étoiles, lovées sous elles, luisent lugubrement ses yeux d'un vert profond. Son corps famélique, abrité sous plusieurs couches de tissus légers, l'on ne voit pas les côtes saillantes, les épaules osseuses, le ventre qui reste creusé, non, il y a le lin épais, d'un vert sombre, orné de lanternes d'un vert tendre brodées à même le tissu. La lance reposée sur son épaule porte une Lanterne de cette couleur.
Après quelques mots échangés avec leur employeur et le contrat signé, la jeune femme est invitée à suivre la quinzaine de mercenaires. Des femmes, des hommes, de tout horizon. Lazur semble habitué au désert, comme Pavir, un homme massif, aux bonnes manières et au rire bruyant, un ancien paysan. Il y a la malicieuse Roshirir, venue de l'Empire de Nuhoko, petite et agile, ou encore, l'embrasé Kador du Royaume du Nord. Il ne cesse de se chamailler avec Uiko, leur cuisiner, un très jeune homme qui n'est pas prêt de se laisser marcher sur les pieds. Mael semble grandement souffrir de la chaleur, iel tient tant bien que mal une ombrelle entre ses mains d'une délicatesse rare, iel est d'un genre indéfinissable et que personne ne cherche à définir, lui offrant tour à tour, il ou elle selon ses envies. Ludinael clame haut et fort, qu'après les plus durs gels de l'hiver, elle est capable de tenir face aux plus terribles intempéries, tant qu'elle a un peu d'alcool dans sa besace ! Une clameur qui exaspère Nuwel, un homme trapu et ventru dont les cheveux très épais dissimulent ses yeux. Lui explique que la chaleur fait du bien à ses vieux os. Gael, quant à lui, marche à l'arrière. Sa taille n'a rien d'impressionnant - mais sa musculature et l'énorme épée qui repose à son flanc imposent le respect. L'homme a un grand nez, de courts cheveux gris et une cicatrice ancienne qui traverse le coin de sa mâchoire. Il ne parle que peu, mais sourit souvent, surtout quand les enfants viennent se réfugier à ses côtés, pour marcher en lui tenant la main, à lui ou Gobelin.
Car enfants, il y en a une poignée d'entre eux. Certains seront conduits à Babel, d'autres à Alexandre, et d'autres encore, resteront avec Gobelin et sa troupe. Il y a de jeunes adolescents, comme Luce qui apprend l'épée auprès de Roshirir, Mirabelle qui tire son nom de ses beaux cheveux clairs et de ses yeux pétillants.
Gobelin est le chef de ce groupe hétéroclite. Il mène, d'un pas sautillant et bondissant, glissant parmi les troupes comme un diable sortant de sa boîte. Ses facéties, sa voix caquetante et ses manières étranges, ne sont qu'un courant parmi cet océan, un courant que les autres suivent instinctivement.
Il joue d'un peu de flûte devant, un air enjoué, que certain.es accompagnent de la voix, d'autres d'instruments. Nuwel le ventru marque le rythme en remuant un grelot, accroché à un bâton, Pavir tape dans ses mains épaisses, Uiko lui, laisse ses doigts tapoter la casserole qu'il garde accrochée à sa hanche.
Finalement, la musique s'apaise et Gobelin, d'un bond, apparaît près de leur invitée. Il a défait ses longs cheveux, qui ruissellent sur son visage, ses yeux malicieusement plantés dans les prunelles de la jeune femme.
_ Comment allez-vous ? Le rythme vous convient ? Est-ce la première fois, que vous quittez chez vous ? N'hésitez pas à dire lorsque vous avez besoin d'eau ou de repos, cette compagnie et tous nos humbles services, vous sont offerts jusqu'à ce que vous arriviez à destination. Et plus vous serez bien, mieux Gobelin sera !
Assure-t-il. Et malgré l'effrayant de son rictus carnassier, le ton chaleureux de sa voix trahit sa sincérité.
La nuit était profonde. Entre chaque étoile, un abime de noirceur, insondable, intouchable. Inaltérable. Il n'y avait tout simplement rien à faire, les étoiles pouvaient briller à en mourir, elles n'effaceraient jamais l'obscurité qui les entouraient. Aussi fortes soient-elles, aussi belles puissent-elles être, si loin, perdues dans le ciel, elles étaient incapables de se défaire de cette trame noire, de cette étoffe tissée avant elles. Piégées et inaccessibles, elles brillaient et brillaient encore. Elles se reflétaient dans les prunelles trop tendres, trop humides, d’une jeune femme couchée dans le sable.
Ses longs cheveux se perdaient dans la dune, sa fragile silhouette rendue plus frêle encore dans ce décor trop vaste. Seule, elle regardait les étoiles. Perdue dans une trame obscure. Elle venait toujours ici lorsque son coeur devenait trop lourd. Ici, il se brisait. En silence. Il coulait sur ses joues et s’éparpillait en mille morceaux dans le désert.
Puis, la rosée viendrait. Éphémère presque illusoire. Et mille couleurs traverseraient ces perles mêlées aux éclats de ce coeur brisé. L’obscurité, lentement, si lentement, reculerait. Les étoiles disparaîtraient sans jamais partir. Et le soleil viendrait. Sa chaleur caressant ces joues humides, il ferait disparaître la rosée, disparaître les larmes. Il passerait une main dans ses cheveux, approcherait son visage et d’un baiser offert sans condition, il soignerait une fois de plus ce coeur de porcelaine. Alors, elle ouvrirait les yeux et elle lui sourirait. Elle brillerait.
Quelques heures plus tard, elle rencontrait les visages qui accompagneraient son voyage jusqu’aux terres de Babel. Elle espérait trouver là-bas les connaissances qui lui manquait, trouver un nouvel espoir dans sa quête perpétuelle. Elle espérait aussi retrouver un ami, un appui sur lequel elle n’oserait sans doute pas entièrement se reposer mais qui soulagerait certainement son isolement. Sehrazad devait abandonner son fiancé, son soleil, pour un temps, aussi court que possible. Cette séparation était de son fait, elle ne pouvait fermer les yeux sur toutes les connaissances qui l’attendaient de l’autre côté de la frontière, elle devait essayer, quand bien même le chemin serait long et malgré la douleur qui tiraillait son âme d’ainsi s’éloigner de l’homme qu’elle aimait. Elle ne se retournerait pas alors que ses pas l’éloignaient de chez elle, elle avait pris sa décision, elle devait la porter dignement sur ses épaules jusqu’à son retour.
Emportée par un flot inconnu, elle se noie dans la cacophonie bonne enfant qui l’entoure. Silencieuse et attentive, la jeune femme observe le mouvement qui la porte. C’était une troupe si hétéroclite qu’elle pourrait sembler disparate, des hommes et des femmes, des enfants, des armes visibles parfois, des instruments et des rires. Ils pourraient être une troupe de saltimbanques, de joyeux vagabonds vendant leurs belles histoires autour d’un feu de camp. Peut-être faisaient-ils cela aussi ? Sehrazad les observe, ils sont si vivants, ils ressemblent à ces nuées d’étourneaux qui dansent dans le ciel, tous uniques et parties d’un tout en mouvement. Ils viennent de tous les horizons, ces oiseaux, petits ou grands, jeunes ou moins, rieurs et introvertis. De discrets yeux couleur d’azur, de tonitruantes exclamations, des pas bondissants, des rires juvéniles, le souffle du vent dans une ombrelle. La demoiselle du désert ferme les yeux, les dunes résonnent sous ses pieds et elle sourit paisiblement, que cette cacophonie est agréable.
La musique rythme leur avancée, joyeuse et insouciante, était-ce toujours ainsi qu’ils voyageaient ? Si c’était ainsi, ah si c’était ainsi… Dans une autre vie, elle aurait souhaité les rejoindre. La mélodie s’apaise sans qu’elle ne s’en aperçoive et une voix tout près d’elle la ramène au réel. Sehrazad ouvre ses grandes prunelles noisettes pour découvrir le visage qui s’est penché sur elle. On lui avait décrit cet homme et bien des mots avaient tenté leur chance pour cerner sa physionomie. Gobelin. Qui avait choisi ce surnom ? Le visage de la jeune femme s’éclaire d’un sourire à ravir les astres.
- Vous êtes adorable.
Et le sable crisse sous ses pieds, les étourneaux continuent de chanter, le désert referme ses bras sur les diamants d’honnêteté qui s’envolent de la bouche de sa fille. Puis elle reprend, comptant savamment sur ses doigts le décompte de ses réponses.
- Je me porte très bien, le rythme est parfait, c’est bien la première fois, je n’hésiterai pas à faire appel à vos services, je vous remercie.
La voilà qui tourne à nouveau son regard sur le visage de l’homme, l’air ravie et joueuse. Cependant, elle avait peut-être répondu un peu trop vite. Posant un index sur son menton, la demoiselle rectifiait :
- C’est bien la première fois que je quitte le royaume du Pharaon mais ce n’est pas la première fois que je voyage dans le désert. Je ne suis pas aussi expérimentée que vous mais, si je peux vous être utile, j’en serais très heureuse.
Elle portait une main à sa poitrine, appuyant sa modeste requête, elle n’aimait pas être un poids et elle l’avait été trop souvent ces derniers temps, trouver une utilité même minime la soulagerait. Ses yeux naviguaient entre les yeux de son interlocuteur et le haut de sa tête, s’égaraient un instant le long de ses longs cheveux noirs. Elle hésitait quelques longues secondes, cherchant visiblement ses mots avant de finir par retrouver le chemin de ces yeux verts, comme embarrassée.
- Je ne veux pas vous commander bien sûr mais…
Elle levait son bras, lentement, jusqu’au visage du Gobelin, ses doigts se tendaient finalement vers son front, effleurant ses cheveux.
- Vous avez les cheveux préférés du soleil, vous devriez les couvrir avant qu’il n’essaie de vous les voler.
C’était ce qu’on enseignait aux enfants… Sehrazad avait pensé que ce serait moins insultant que de dire très crûment à un homme bien plus aguerri qu’elle qu’il devait porter un turban dans le désert mais cela sonnait finalement comme un sermon. Gênée de sa potentielle impolitesse, Sehrazad détournait le regard lorsqu’il s’arrêta sur la flûte que tenait le mercenaire.
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Sous les paupières, sont lovées les pupilles luisantes du Gobelin. Sous le couvert des cils, ondulent et s’entrelacent d’inquiétantes arabesques reptiliennes : éclats glacés, prédateurs et carnassiers, luisent le vice d’un semblant d’humanité. Entre les longues mèches huileuses, se dresse un grand nez fin, à l’ossature visible, les mâchoires se fendent d’un rictus, qui se brise au compliment de la jeune femme. Les paupières battent, à deux reprises, jusqu’à s’écarquiller. Stupéfait, Gobelin regarde autour d’eux, avant que son index terminé d’un ongle verni de noir, ne désigne son propre faciès.
_ G-Gobelin ? A-Adorable ?
Sa voix balbutie, trébuche sur les syllabes, ce n’est pas seulement de l’hésitation, mais aussi, l’espoir. Et si la jeune femme affirme ses propos, la sidération laisse place à une émotion vive. Elevant les bras dans un cri, il interrompt la mélopée : Gobelin se réjouit, produit une onomatopée proche du hurlement d’un loup, il court en avant, tourne sur lui-même avant d’entourer son visage de ses propres mains.
_ Ah ! Elle dit Gobelin adorable !
Jubile Gobelin. Basculant d’un pied sur l’autre, l’homme semble en pleine extase, un grand sourire déchirant son visage. Et sa voix se brise en gloussements caquetants, accompagnés de mouvements ridicules du bassin, l’homme se dandine dans un rire. Sa réaction amuse les enfants, qui applaudissent et rient à leur tour, certains adultes lèvent les yeux au ciel et la puissante Ludinael aboie.
_ Gobelin, tais toi ! Tu nous casses les oreilles !
Gobelin pouffe malicieusement et revient en sautillant près de la jeune femme. Conquis, il tourne malicieusement près d’elle, produisant toujours de petites onomatopées enthousiastes, qui ébranlent son larynx et ses épaules frêles.
_ Un tel compliment d’une âme aussi douce et rayonnante que la vôtre, est plus qu’une bénédiction pour un bien petit Gobelin ! Flattez son égo est un jeu dangereux ! Comme un assoiffé à qui l’on propose de l’eau, il y prendrait goût !
Roucoule-t-il en lui offrant un clin d’œil. Car « adorable », est loin d’être le terme le plus employé pour décrire cette créature lugubre et bondissante. Les membres longs, longs, terminés de mains et d’ongles plus longs encore, les vêtements épais dissimulent à grands peines un corps rendu difforme. Les privations et les coups de bâton ont creusé son ventre, enfoncé quelques côtes, la malnutrition a rendu ses épaules osseuses et ses cuisses faméliques, le crâne écrasé par une tignasse sombre, obscure et huileuse. La peau, linceul étiré sur les articulations saillantes, parcourue de veines verdâtres comme des traces de moisissure, ne dissimule pas réellement les tendons et les muscles saillants. L’allure effrayante, parfois dissimulée, souvent exacerbée, par les grimaces, les bonds et roulades, les lèvres qui s’écartent sur les dents effilées, les lueurs étranges, au fond des pupilles d’un vert profond, comme les feux follets volètent à la surface d’un marais.
Adorable, n’est probablement le premier mot qui vient aux lèvres pour décrire le bien vulgaire Gobelin.
_ Oh ! Pour quelles raisons un Joyau a quitté sa couronne ? A moins que les raisons ne doivent rester dissimulées, vilain Gobelin, ne va pas mettre ton grand nez, dans des histoires qui ne te concernent pas !
Il pince son propre nez à cette remarque.
_ N’écoutez pas toutes ses questions, toujours curieuses, parfois insidieuses, Gobelin oublie parfois qu’il faut respecter les règles de l’étiquette, des bonnes conduites, la bonne distance ! Car celle-ci varie, selon les cultures et les esprits, les vécus et les envies. Si Gobelin va trop loin, n’hésitez pas à lui dire, tais toi ! Tais-toi, et Gobelin se taira. L’ignorance est aussi une bonne manière de s’en débarrasser, un conseil que vous devriez précieusement garder, sans eau pour les alimenter, de nombreux moulins arrêtent de tourner !
D’un pas en arrière, il se glisse derrière elle et surgit de l’autre côté, les mains croisées dans le dos. Il se penche légèrement vers elle, devant courber son grand dos, pour être à sa hauteur. Les yeux logés au coin de ses paupières, sa langue glisse entre ses lèvres, dans une grimace inconsciente et naturelle.
_ Quels lieux ont ravi vos yeux ? Dans ce désert, les trésors sont rares à dénicher parmi toutes ces dunes dorées ! Existe-t-il des paysages qui vous ont ravis, des lieux que Gobelin pourrait visiter ? Les Lanternes Vertes ont traversé toutes les terres, mais peut-être que certaines d’entre elles ont su leur échapper. Gobelin aimerait contempler la beauté du désert, toutes les facettes de son être ! Les sombres et les plus lumineuses, celles que l’on veut oublier et celles dont l’on veut se souvenir à jamais !
A la mention d’une quelconque utilité, la langue du Gobelin se réfugie entre ses lèvres, elles s’étirent, sourire plus mesquin, ses yeux s’en plissent et sa voix douce, devient murmure.
_ Ne doutez jamais de votre utilité. Combien même n’est-elle pas évidente à vos yeux, votre simple présence bénéficie, à vous et à d’autres. Lorsque vous marchez, peut-être que vos pas retirent le sable qui démange le dos d’un insecte, peut-être que vous aidez la Dune à se déplacer, vous offrez aux Lanternes, le bonheur d’une nouvelle compagnie et… Gobelin doit l’avouer, d’un peu d’argent pour se sustenter !
Gobelin rit, la dépasse, marche devant elle tout en lui faisant face. Il manque de glisser dans la pente, tente de se rattraper en quelques pas précipités, bascule en arrière, tombe sur les fesses, d’une roulade, se remet sur pieds. Les cheveux et le dos plein de sable, Gobelin crache, pouah ! Et s’ébouriffe pour se débarrasser des sédiments qui se sont engouffrés dans ses vêtements.
Un pas très lourd et un mouvement de vent trahissent l’approche de Gaël. L’homme à la stature solide, saisit Gobelin par le dos, le soulève et l’agite avec une certaine négligence pour le débarrasser du sable. Gobelin glapit, mais laisse échapper un rire, jusqu’à retomber sur ses pattes. Paisiblement, le grand homme ralentit le pas, retourne à l’arrière de l’escorte. Hirsute, Gobelin lâche un soupir et passe ses mains dans ses cheveux pour les chasser de ses yeux.
_ Malgré cette intervention, Gobelin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ! Que disait-il, ce pauvre Diable ? Ah ! Utile ! Vous l’êtes. Toujours, bien que beaucoup ne sauront pas le dire ou que vos yeux ne pourront pas toujours le voir !
Gobelin lève un index.
_ Car tout ce qu’il y a en ce monde, sert à quelque chose ! La guerre, à voir que la paix est un bienfait qu’il faut préserver, la famine, à quel point la nourriture est précieuse, et vous, vous avez aidé à Gobelin à réaliser à quel point les compliments sont agréables à entendre !
Il rit avec malice, glisse ses mains derrière sa tête pour s’étirer, marche finalement à ses côtés.
_ Pourquoi doutez-vous de vous ?
Demande-t-il, lui adressant une œillade. Il voit, que son regard parcourt son visage, mais ne s’en alerte pas. Car Gobelin a l’habitude d’attirer à lui tous les regards. S’il n’était que bruyant ! Mais en plus d’être des plus bavards, Gobelin est sans cesse en mouvements. Quand il ne parle pas à quelqu’un, c’est au vent qu’il s’adresse, et quand il ne bouge pas, c’est qu’il est à terre. Ses traits ont toujours attiré dans le meilleur des cas, une curiosité morbide, dans le pire, la réticence et la répugnance, mais Gobelin a su en faire ces atouts : le ridicule et la comédie, pour faire de ce faciès hideux, un masque pour faire rire !
Lorsque la main de la jeune femme s’élève vers son visage, le premier réflexe du Gobelin est un pas de recul. Il louche sur ses doigts, les renifle du bout de son nez avant de couiner.
_ Ne touchez pas les cheveux du Gobelin ! Ils sont sales et graisseux !
Glapit-il en les attrapant entre ses grandes mains osseuses. Horrifié, il se penche vers la jeune femme et lève un index vers elle.
_ Touchez-vous tout ce qui traîne à terre ? Faîtes attention ! Vous pourriez vous salir ou vous blesser ! Gobelin a beau s’être lavé, il vient de traîner dans la poussière, et en plus, il est plein d’os, il pourrait vous piquer !
L’homme n’est pas accoutumé à une telle gentillesse. Rares sont ceux qui acceptent son contact, qui viennent même le chercher ! Et il a senti son cœur s’emballer, les battements précipités, au sein de sa cage thoracique, résonnent contre les os. Si son corps n’était pas si froid, peut-être aurait-il même rougi !
_ Ah, que le Soleil ne ravisse pas mes cheveux, il s’agit bien d’une des seules choses qui pousse encore sur la terre stérile de ce corps !
Répond dramatiquement Gobelin, portant une main à son front.
_ Malgré tout ce qu’il ingère, il n’y a pas de formes rebondies qui s’épanouissent sur ses hanches, son ventre creux ou même ses bras ! Sa peau reste vierge de tous poils, ses sourcils, il les redessine au crayon, ce bien vilain Gobelin ! Alors si le soleil dérobait ses cheveux, que resterait-il ? Pas grand-chose, qu’une lanterne, une lance, un peu de peau !
Gobelin se prend dans le visage un tissu coloré, épais. L’impact est accompagné d’un glapissement animal, Gobelin récupère le tissu entre ses mains, cherche qui l’a lancé. Lazur se contente de détourner les yeux, une fuite qui trahit bien qu’il a écouté la discussion, Gobelin hésite mais accepte d’enrouler les cheveux dans le tissu, de l’attacher au sommet de sa tête. Le geste met en exergue des oreilles fines, presque taillées en pointes ; mais leur forme est gondolée, comme si elles avaient été rongées par les dents avides de quelques rongeurs.
Gobelin se remet en marche, tenant l’ensemble maladroit d’une main.
_ Ah ! Voilà une autre de vos utilités ! Empêcher Gobelin de se faire l’un de ses plus précieux biens ! Avez-vous besoin de protéger vos propres cheveux ? Lazur a bien assez de tissu pour tous nous abriter !
Lazur, malgré tous ses efforts, finit par tourner un lourd regard vers la coiffure improvisée du Gobelin. L’ensemble est des plus pitoyables : entre les pans de tissus, s’échappent les impudentes mèches noires, qui luisent sous les éclats du soleil, décidément, Gobelin et sa manie d’y appliquer des huiles ! Il roule des yeux dans un soupir exaspéré. Il est probablement l’un des seuls, avec la jeune Sehrazad, à savoir nouer un turban, mais il ne s’avance pas encore, il attend que Gobelin lui demande…
------_ G-Gobelin ? A-Adorable ?
Sa voix balbutie, trébuche sur les syllabes, ce n’est pas seulement de l’hésitation, mais aussi, l’espoir. Et si la jeune femme affirme ses propos, la sidération laisse place à une émotion vive. Elevant les bras dans un cri, il interrompt la mélopée : Gobelin se réjouit, produit une onomatopée proche du hurlement d’un loup, il court en avant, tourne sur lui-même avant d’entourer son visage de ses propres mains.
_ Ah ! Elle dit Gobelin adorable !
Jubile Gobelin. Basculant d’un pied sur l’autre, l’homme semble en pleine extase, un grand sourire déchirant son visage. Et sa voix se brise en gloussements caquetants, accompagnés de mouvements ridicules du bassin, l’homme se dandine dans un rire. Sa réaction amuse les enfants, qui applaudissent et rient à leur tour, certains adultes lèvent les yeux au ciel et la puissante Ludinael aboie.
_ Gobelin, tais toi ! Tu nous casses les oreilles !
Gobelin pouffe malicieusement et revient en sautillant près de la jeune femme. Conquis, il tourne malicieusement près d’elle, produisant toujours de petites onomatopées enthousiastes, qui ébranlent son larynx et ses épaules frêles.
_ Un tel compliment d’une âme aussi douce et rayonnante que la vôtre, est plus qu’une bénédiction pour un bien petit Gobelin ! Flattez son égo est un jeu dangereux ! Comme un assoiffé à qui l’on propose de l’eau, il y prendrait goût !
Roucoule-t-il en lui offrant un clin d’œil. Car « adorable », est loin d’être le terme le plus employé pour décrire cette créature lugubre et bondissante. Les membres longs, longs, terminés de mains et d’ongles plus longs encore, les vêtements épais dissimulent à grands peines un corps rendu difforme. Les privations et les coups de bâton ont creusé son ventre, enfoncé quelques côtes, la malnutrition a rendu ses épaules osseuses et ses cuisses faméliques, le crâne écrasé par une tignasse sombre, obscure et huileuse. La peau, linceul étiré sur les articulations saillantes, parcourue de veines verdâtres comme des traces de moisissure, ne dissimule pas réellement les tendons et les muscles saillants. L’allure effrayante, parfois dissimulée, souvent exacerbée, par les grimaces, les bonds et roulades, les lèvres qui s’écartent sur les dents effilées, les lueurs étranges, au fond des pupilles d’un vert profond, comme les feux follets volètent à la surface d’un marais.
Adorable, n’est probablement le premier mot qui vient aux lèvres pour décrire le bien vulgaire Gobelin.
_ Oh ! Pour quelles raisons un Joyau a quitté sa couronne ? A moins que les raisons ne doivent rester dissimulées, vilain Gobelin, ne va pas mettre ton grand nez, dans des histoires qui ne te concernent pas !
Il pince son propre nez à cette remarque.
_ N’écoutez pas toutes ses questions, toujours curieuses, parfois insidieuses, Gobelin oublie parfois qu’il faut respecter les règles de l’étiquette, des bonnes conduites, la bonne distance ! Car celle-ci varie, selon les cultures et les esprits, les vécus et les envies. Si Gobelin va trop loin, n’hésitez pas à lui dire, tais toi ! Tais-toi, et Gobelin se taira. L’ignorance est aussi une bonne manière de s’en débarrasser, un conseil que vous devriez précieusement garder, sans eau pour les alimenter, de nombreux moulins arrêtent de tourner !
D’un pas en arrière, il se glisse derrière elle et surgit de l’autre côté, les mains croisées dans le dos. Il se penche légèrement vers elle, devant courber son grand dos, pour être à sa hauteur. Les yeux logés au coin de ses paupières, sa langue glisse entre ses lèvres, dans une grimace inconsciente et naturelle.
_ Quels lieux ont ravi vos yeux ? Dans ce désert, les trésors sont rares à dénicher parmi toutes ces dunes dorées ! Existe-t-il des paysages qui vous ont ravis, des lieux que Gobelin pourrait visiter ? Les Lanternes Vertes ont traversé toutes les terres, mais peut-être que certaines d’entre elles ont su leur échapper. Gobelin aimerait contempler la beauté du désert, toutes les facettes de son être ! Les sombres et les plus lumineuses, celles que l’on veut oublier et celles dont l’on veut se souvenir à jamais !
A la mention d’une quelconque utilité, la langue du Gobelin se réfugie entre ses lèvres, elles s’étirent, sourire plus mesquin, ses yeux s’en plissent et sa voix douce, devient murmure.
_ Ne doutez jamais de votre utilité. Combien même n’est-elle pas évidente à vos yeux, votre simple présence bénéficie, à vous et à d’autres. Lorsque vous marchez, peut-être que vos pas retirent le sable qui démange le dos d’un insecte, peut-être que vous aidez la Dune à se déplacer, vous offrez aux Lanternes, le bonheur d’une nouvelle compagnie et… Gobelin doit l’avouer, d’un peu d’argent pour se sustenter !
Gobelin rit, la dépasse, marche devant elle tout en lui faisant face. Il manque de glisser dans la pente, tente de se rattraper en quelques pas précipités, bascule en arrière, tombe sur les fesses, d’une roulade, se remet sur pieds. Les cheveux et le dos plein de sable, Gobelin crache, pouah ! Et s’ébouriffe pour se débarrasser des sédiments qui se sont engouffrés dans ses vêtements.
Un pas très lourd et un mouvement de vent trahissent l’approche de Gaël. L’homme à la stature solide, saisit Gobelin par le dos, le soulève et l’agite avec une certaine négligence pour le débarrasser du sable. Gobelin glapit, mais laisse échapper un rire, jusqu’à retomber sur ses pattes. Paisiblement, le grand homme ralentit le pas, retourne à l’arrière de l’escorte. Hirsute, Gobelin lâche un soupir et passe ses mains dans ses cheveux pour les chasser de ses yeux.
_ Malgré cette intervention, Gobelin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ! Que disait-il, ce pauvre Diable ? Ah ! Utile ! Vous l’êtes. Toujours, bien que beaucoup ne sauront pas le dire ou que vos yeux ne pourront pas toujours le voir !
Gobelin lève un index.
_ Car tout ce qu’il y a en ce monde, sert à quelque chose ! La guerre, à voir que la paix est un bienfait qu’il faut préserver, la famine, à quel point la nourriture est précieuse, et vous, vous avez aidé à Gobelin à réaliser à quel point les compliments sont agréables à entendre !
Il rit avec malice, glisse ses mains derrière sa tête pour s’étirer, marche finalement à ses côtés.
_ Pourquoi doutez-vous de vous ?
Demande-t-il, lui adressant une œillade. Il voit, que son regard parcourt son visage, mais ne s’en alerte pas. Car Gobelin a l’habitude d’attirer à lui tous les regards. S’il n’était que bruyant ! Mais en plus d’être des plus bavards, Gobelin est sans cesse en mouvements. Quand il ne parle pas à quelqu’un, c’est au vent qu’il s’adresse, et quand il ne bouge pas, c’est qu’il est à terre. Ses traits ont toujours attiré dans le meilleur des cas, une curiosité morbide, dans le pire, la réticence et la répugnance, mais Gobelin a su en faire ces atouts : le ridicule et la comédie, pour faire de ce faciès hideux, un masque pour faire rire !
Lorsque la main de la jeune femme s’élève vers son visage, le premier réflexe du Gobelin est un pas de recul. Il louche sur ses doigts, les renifle du bout de son nez avant de couiner.
_ Ne touchez pas les cheveux du Gobelin ! Ils sont sales et graisseux !
Glapit-il en les attrapant entre ses grandes mains osseuses. Horrifié, il se penche vers la jeune femme et lève un index vers elle.
_ Touchez-vous tout ce qui traîne à terre ? Faîtes attention ! Vous pourriez vous salir ou vous blesser ! Gobelin a beau s’être lavé, il vient de traîner dans la poussière, et en plus, il est plein d’os, il pourrait vous piquer !
L’homme n’est pas accoutumé à une telle gentillesse. Rares sont ceux qui acceptent son contact, qui viennent même le chercher ! Et il a senti son cœur s’emballer, les battements précipités, au sein de sa cage thoracique, résonnent contre les os. Si son corps n’était pas si froid, peut-être aurait-il même rougi !
_ Ah, que le Soleil ne ravisse pas mes cheveux, il s’agit bien d’une des seules choses qui pousse encore sur la terre stérile de ce corps !
Répond dramatiquement Gobelin, portant une main à son front.
_ Malgré tout ce qu’il ingère, il n’y a pas de formes rebondies qui s’épanouissent sur ses hanches, son ventre creux ou même ses bras ! Sa peau reste vierge de tous poils, ses sourcils, il les redessine au crayon, ce bien vilain Gobelin ! Alors si le soleil dérobait ses cheveux, que resterait-il ? Pas grand-chose, qu’une lanterne, une lance, un peu de peau !
Gobelin se prend dans le visage un tissu coloré, épais. L’impact est accompagné d’un glapissement animal, Gobelin récupère le tissu entre ses mains, cherche qui l’a lancé. Lazur se contente de détourner les yeux, une fuite qui trahit bien qu’il a écouté la discussion, Gobelin hésite mais accepte d’enrouler les cheveux dans le tissu, de l’attacher au sommet de sa tête. Le geste met en exergue des oreilles fines, presque taillées en pointes ; mais leur forme est gondolée, comme si elles avaient été rongées par les dents avides de quelques rongeurs.
Gobelin se remet en marche, tenant l’ensemble maladroit d’une main.
_ Ah ! Voilà une autre de vos utilités ! Empêcher Gobelin de se faire l’un de ses plus précieux biens ! Avez-vous besoin de protéger vos propres cheveux ? Lazur a bien assez de tissu pour tous nous abriter !
Lazur, malgré tous ses efforts, finit par tourner un lourd regard vers la coiffure improvisée du Gobelin. L’ensemble est des plus pitoyables : entre les pans de tissus, s’échappent les impudentes mèches noires, qui luisent sous les éclats du soleil, décidément, Gobelin et sa manie d’y appliquer des huiles ! Il roule des yeux dans un soupir exaspéré. Il est probablement l’un des seuls, avec la jeune Sehrazad, à savoir nouer un turban, mais il ne s’avance pas encore, il attend que Gobelin lui demande…
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ZENG X SEHRAZAD
ERRANCE
Il lui semble voir un cabri faire ses premiers bonds alors que l’homme s’étonne de son qualificatif. Il gesticule, sautille, glapit et il court, les bras en l’air, tournoie, virevolte, il attire à lui les regards et les rires amusés. Sehrazad le couve d’un regard intrigué, pour sûr, elle n’avait jamais vu personne réagir ainsi. Puis, il y a quelque chose chez cet homme, une chose sur laquelle elle n’arrive pas à mettre de mot. Une voix puissante fait frémir le sable, imposant à l’homme le silence et ce dernier s'exécute, pour un instant au moins. Il sautille jusqu’à elle et la remercie.. ou bien la met en garde ? La jeune femme l’observe et sourit sans chercher à savoir quel pourrait bien être le danger qu’il évoque. S’il était assoiffé et qu’elle avait de l’eau, elle la partagerait avec lui. Elle ne répondait rien pourtant et à son clin d’oeil elle acquiesçait mystérieusement.
Il virevoltait et attirait à lui tous les regards, il criait, s’extasiait et se dénigrait. Il gesticulait, grotesque et extravertie, ses mots tombaient comme une cascade de sa bouche. Il ne s’arrêtait jamais, il était un roseau dans une tempête, penchant de tout côté. Non, ce n’était pas tout à fait cela. Il était le roseau et la tempête. Il l’interrogeait sur la raison de son départ mais censurait aussitôt sa curiosité, prétextant qu’il oubliait l’étiquette. Sehrazad voulait lui dire qu’elle n’avait pas l’intention de l’ignorer, qu’elle lui donnerait de l’eau, encore. Elle aurait souri avec ironie mais les mots restèrent figés derrière ses lèvres.
Une étrange hésitation nouait sa gorge. D’abord elle se demanda ce qu’elle pouvait répondre sans s’étendre sur la question. Puis, elle réalisa… qu’il ne savait pas. Il ne connaissait pas la réponse à sa propre question, n’est-ce pas ? Il passait derrière elle et elle n’écoutait plus tout à fait ce qu’il disait. Il ne savait pas, vraiment ? Il avait bien son nom, n’avait-il pas entendu la disgrâce dont elle était frappée ? S’il ne savait pas alors, avait-elle envie de lui dire ? Ses longs cils battaient ses pommettes alors qu’elle tournait à nouveau son regard sur le visage de l’homme. Il n’y avait pas dans le vert de ses yeux, ni peur, ni pitié. Elle voulait que cela reste ainsi, juste un peu plus longtemps. Ce vœu égoïste scellait ses lèvres.
Il se met à murmurer et soudain elle tend l’oreille, se sentant bien idiote de s’être perdue dans ses pensées et bien honteuse face à la raison de son mutisme. Il l’enjoint à ne pas douter de son utilité et la demoiselle sourit à sa métaphore avant de rire de sa conclusion, pécuniaire.
- Tout travail honnête mérite compensation. Laissait-elle glisser, ne voyant apparemment aucun problème à être considérée comme une source de revenu. Ils ne l’avaient pas enlevée après tout et elle était jusqu’ici très heureuse de pouvoir contribuer à la perpétuation de cette joyeuse troupe.
Il marche à reculons devant elle, manquant de chuter, elle s’avance de quelques pas précipités, tend ses bras mais il est trop tard, le voilà tombé et aussitôt relevé, d’une roulade qui parsème son corps de paillettes dont il peine à se débarrasser. Les dunes vibrent sous le pas qui approche et c’est l’homme aux muscles saillants et à l’impressionnante épée qui approche. Il secoue son acolyte comme s’il s’agissait d’un vulgaire tapis et ce dernier rit. Spectatrice, la jeune femme s’amuse des pitreries de l’homme et s’émerveille de cette étrange et extraordinaire cohésion d’équipe. Il reprend le fil de la conversation comme si tout cela n’était qu'un interlude. C’était peut-être le cas.
Puis, sans répondre à sa question, elle avait levé la main vers son front et il avait reculé. Un bref instant, les doigts suspendus dans le vide s’étaient figés d’effroi et le coeur de la jeune femme avait manqué un battement. Sur sa rétine elle revoyait ce mouvement de recul, celui de son amie, qui avait eu peur de son contact, craignant la contamination. Ses doigts graciles se rétractent et sa main retombe, plus lourdement que la jeune femme l’aurait voulu. L’homme indique la raison de son recul alors que les prunelles de Sehrazad se sont figées sur un point invisible, plus bas. Sagement, lentement, fatidiquement, elle range ses mains dans son dos, les lient entre elles, elles qui sont maudites.
Elle laisse à l’homme le loisir de s’exprimer, il le fait si bien, se dit-elle. Elle est heureuse qu’il parle, ce moulin continue l’apaise, il divertis son esprit, lui donne de quoi réfléchir à autre chose qu’aux ténèbres qui parfois enlacent son âme. Alors elle redresse le menton et sourit paisiblement, comme elle le fait si souvent. Une paix mélancolique, une paix tragique, qu’elle teint de sa lumière, travestissant ses fêlures, les recouvrant de sa douceur comme le désert engloutis les vestiges brisés.
Elle se contentera de marcher à ses côtés, ce sera déjà une expérience chaleureuse, cela l’est même déjà. Ses yeux parcourent les dunes, d’apparence dociles, comme de gigantesques lézards se dorant au soleil, elles semblent attendre, patiemment, mais Sehrazad sait, qu’elles aussi, marchent à leurs côtés.
- Ne voyez-vous que de la poussière lorsque vous regardez le désert ? demande-t-elle doucement à l’homme qui est en train de nouer le tissu qu’il vient de se prendre dans la figure.
La personne qui lui avait offert -vigoureusement- cette protection était peut-être issue de ces terres, elle portait parfaitement son turban et il y avait dans ses yeux, le bleu intense des oasis. C’était une silhouette discrète qui se tenait à l’écart, jamais trop pourtant, il semblait à Sehrazad qu’elle gardait un oeil sur l’homme qu’ils surnommaient Gobelin. Mais, à vrai dire, ils gardaient tous un oeil sur lui.
La demoiselle sourit, son coeur se réchauffait de l’affection qu’elle pouvait si aisément percevoir entre les membres de cette étrange assemblée. Elle se baisse, ses doigts se délient et se tendent vers le sol, ils tracent trois sillons dans le sable avant qu’elle ne se redresse. Dans le creux de sa paume, un peu de poussière. Une poignée de désert qui enlace ses doigts avant de glisser en cascades scintillantes, une nuée d'étoiles filantes dansent dans la brise avant de retourner former un tout, sur le flanc doré de cette colline mouvante.
- N’est-ce pas magnifique, commence-t-elle, ce qu’on peut trouver.. par terre ?
L’or brille dans ses grands yeux noisette alors que le sable abandonne sa peau pour retourner aux dunes. Elle ne lui fera pas l’affront d’appuyer son propos en le regardant. S’il se considérait comme quelque chose qui traînait par terre, elle le voyait comme elle voyait ces poussières, des étincelles d'or.
- La beauté, ne se tient pas devant nos yeux, je crois qu’elle ne s’est jamais trouvé là. Elle se situ...
Sehrazad s’était lentement tournée vers l’homme qui était si critique sur son apparence, sans intention de lui donner une leçon, elle avait laissé les mots quitter ses lèvres, absorbée par la conversation. Cependant, lorsque ses prunelles se posèrent sur le visage du dénommé Gobelin, elle n’avait pu que constater le maelstrom chaotique qui surmontait sa tête. Un tremblement irrépressible gagnait ses lèvres avant qu’elle ne se mette à rire de bon coeur, dévoilant l’éclat de sa voix avant de porter une main devant sa bouche puis à ses yeux pour en chasser l’humidité. Les larmes avaient perlées si rapidement, comme si elles étaient déjà là, depuis un moment, attendant juste d’être poussées au-dehors. Reprenant son calme, la demoiselle secouait négativement la tête.
- Vous ne pouvez pas rester ainsi, les oiseaux feront de vous leur nid.
Son corps s’était naturellement tourné vers l’homme et elle retint de justesse l’élan qui la poussait vers lui. Elle ne voulait pas le voir reculer à nouveau, la fuir. Elle resterait où elle était, sagement.
- Peut-être pourriez-vous demander à votre ami un peu d’aide ? Dit-elle en trouvant bien vite le regard bleu du généreux donateur. Si votre ami est d’accord…
Glissant d’un pas sur le côté, elle laisse de l’espace au Gobelin et à son ami s’il souhaitait approcher. Elle passait une main dans ses propres cheveux, châtains ils attiraient moins le soleil et elle avait l’habitude de la caresse de l’astre mais, il avait tout de même raison. Elle se tournait vers le dromadaire qui portait ses affaires, elle grattait le front de l’animal avant de trouver le tissu d’un bleu profond qu’elle enroulait autour de sa chevelure en quelques mouvements agiles.
-------Il virevoltait et attirait à lui tous les regards, il criait, s’extasiait et se dénigrait. Il gesticulait, grotesque et extravertie, ses mots tombaient comme une cascade de sa bouche. Il ne s’arrêtait jamais, il était un roseau dans une tempête, penchant de tout côté. Non, ce n’était pas tout à fait cela. Il était le roseau et la tempête. Il l’interrogeait sur la raison de son départ mais censurait aussitôt sa curiosité, prétextant qu’il oubliait l’étiquette. Sehrazad voulait lui dire qu’elle n’avait pas l’intention de l’ignorer, qu’elle lui donnerait de l’eau, encore. Elle aurait souri avec ironie mais les mots restèrent figés derrière ses lèvres.
Une étrange hésitation nouait sa gorge. D’abord elle se demanda ce qu’elle pouvait répondre sans s’étendre sur la question. Puis, elle réalisa… qu’il ne savait pas. Il ne connaissait pas la réponse à sa propre question, n’est-ce pas ? Il passait derrière elle et elle n’écoutait plus tout à fait ce qu’il disait. Il ne savait pas, vraiment ? Il avait bien son nom, n’avait-il pas entendu la disgrâce dont elle était frappée ? S’il ne savait pas alors, avait-elle envie de lui dire ? Ses longs cils battaient ses pommettes alors qu’elle tournait à nouveau son regard sur le visage de l’homme. Il n’y avait pas dans le vert de ses yeux, ni peur, ni pitié. Elle voulait que cela reste ainsi, juste un peu plus longtemps. Ce vœu égoïste scellait ses lèvres.
Il se met à murmurer et soudain elle tend l’oreille, se sentant bien idiote de s’être perdue dans ses pensées et bien honteuse face à la raison de son mutisme. Il l’enjoint à ne pas douter de son utilité et la demoiselle sourit à sa métaphore avant de rire de sa conclusion, pécuniaire.
- Tout travail honnête mérite compensation. Laissait-elle glisser, ne voyant apparemment aucun problème à être considérée comme une source de revenu. Ils ne l’avaient pas enlevée après tout et elle était jusqu’ici très heureuse de pouvoir contribuer à la perpétuation de cette joyeuse troupe.
Il marche à reculons devant elle, manquant de chuter, elle s’avance de quelques pas précipités, tend ses bras mais il est trop tard, le voilà tombé et aussitôt relevé, d’une roulade qui parsème son corps de paillettes dont il peine à se débarrasser. Les dunes vibrent sous le pas qui approche et c’est l’homme aux muscles saillants et à l’impressionnante épée qui approche. Il secoue son acolyte comme s’il s’agissait d’un vulgaire tapis et ce dernier rit. Spectatrice, la jeune femme s’amuse des pitreries de l’homme et s’émerveille de cette étrange et extraordinaire cohésion d’équipe. Il reprend le fil de la conversation comme si tout cela n’était qu'un interlude. C’était peut-être le cas.
Puis, sans répondre à sa question, elle avait levé la main vers son front et il avait reculé. Un bref instant, les doigts suspendus dans le vide s’étaient figés d’effroi et le coeur de la jeune femme avait manqué un battement. Sur sa rétine elle revoyait ce mouvement de recul, celui de son amie, qui avait eu peur de son contact, craignant la contamination. Ses doigts graciles se rétractent et sa main retombe, plus lourdement que la jeune femme l’aurait voulu. L’homme indique la raison de son recul alors que les prunelles de Sehrazad se sont figées sur un point invisible, plus bas. Sagement, lentement, fatidiquement, elle range ses mains dans son dos, les lient entre elles, elles qui sont maudites.
Elle laisse à l’homme le loisir de s’exprimer, il le fait si bien, se dit-elle. Elle est heureuse qu’il parle, ce moulin continue l’apaise, il divertis son esprit, lui donne de quoi réfléchir à autre chose qu’aux ténèbres qui parfois enlacent son âme. Alors elle redresse le menton et sourit paisiblement, comme elle le fait si souvent. Une paix mélancolique, une paix tragique, qu’elle teint de sa lumière, travestissant ses fêlures, les recouvrant de sa douceur comme le désert engloutis les vestiges brisés.
Elle se contentera de marcher à ses côtés, ce sera déjà une expérience chaleureuse, cela l’est même déjà. Ses yeux parcourent les dunes, d’apparence dociles, comme de gigantesques lézards se dorant au soleil, elles semblent attendre, patiemment, mais Sehrazad sait, qu’elles aussi, marchent à leurs côtés.
- Ne voyez-vous que de la poussière lorsque vous regardez le désert ? demande-t-elle doucement à l’homme qui est en train de nouer le tissu qu’il vient de se prendre dans la figure.
La personne qui lui avait offert -vigoureusement- cette protection était peut-être issue de ces terres, elle portait parfaitement son turban et il y avait dans ses yeux, le bleu intense des oasis. C’était une silhouette discrète qui se tenait à l’écart, jamais trop pourtant, il semblait à Sehrazad qu’elle gardait un oeil sur l’homme qu’ils surnommaient Gobelin. Mais, à vrai dire, ils gardaient tous un oeil sur lui.
La demoiselle sourit, son coeur se réchauffait de l’affection qu’elle pouvait si aisément percevoir entre les membres de cette étrange assemblée. Elle se baisse, ses doigts se délient et se tendent vers le sol, ils tracent trois sillons dans le sable avant qu’elle ne se redresse. Dans le creux de sa paume, un peu de poussière. Une poignée de désert qui enlace ses doigts avant de glisser en cascades scintillantes, une nuée d'étoiles filantes dansent dans la brise avant de retourner former un tout, sur le flanc doré de cette colline mouvante.
- N’est-ce pas magnifique, commence-t-elle, ce qu’on peut trouver.. par terre ?
L’or brille dans ses grands yeux noisette alors que le sable abandonne sa peau pour retourner aux dunes. Elle ne lui fera pas l’affront d’appuyer son propos en le regardant. S’il se considérait comme quelque chose qui traînait par terre, elle le voyait comme elle voyait ces poussières, des étincelles d'or.
- La beauté, ne se tient pas devant nos yeux, je crois qu’elle ne s’est jamais trouvé là. Elle se situ...
Sehrazad s’était lentement tournée vers l’homme qui était si critique sur son apparence, sans intention de lui donner une leçon, elle avait laissé les mots quitter ses lèvres, absorbée par la conversation. Cependant, lorsque ses prunelles se posèrent sur le visage du dénommé Gobelin, elle n’avait pu que constater le maelstrom chaotique qui surmontait sa tête. Un tremblement irrépressible gagnait ses lèvres avant qu’elle ne se mette à rire de bon coeur, dévoilant l’éclat de sa voix avant de porter une main devant sa bouche puis à ses yeux pour en chasser l’humidité. Les larmes avaient perlées si rapidement, comme si elles étaient déjà là, depuis un moment, attendant juste d’être poussées au-dehors. Reprenant son calme, la demoiselle secouait négativement la tête.
- Vous ne pouvez pas rester ainsi, les oiseaux feront de vous leur nid.
Son corps s’était naturellement tourné vers l’homme et elle retint de justesse l’élan qui la poussait vers lui. Elle ne voulait pas le voir reculer à nouveau, la fuir. Elle resterait où elle était, sagement.
- Peut-être pourriez-vous demander à votre ami un peu d’aide ? Dit-elle en trouvant bien vite le regard bleu du généreux donateur. Si votre ami est d’accord…
Glissant d’un pas sur le côté, elle laisse de l’espace au Gobelin et à son ami s’il souhaitait approcher. Elle passait une main dans ses propres cheveux, châtains ils attiraient moins le soleil et elle avait l’habitude de la caresse de l’astre mais, il avait tout de même raison. Elle se tournait vers le dromadaire qui portait ses affaires, elle grattait le front de l’animal avant de trouver le tissu d’un bleu profond qu’elle enroulait autour de sa chevelure en quelques mouvements agiles.
La jeune femme avance toujours d’un pas égal. Elle est habituée au sable qui s’échappe sous ses semelles, elle ne laisse pas le désert la ralentir, le soleil ne semble pas même l'éblouir, elle le suit du regard, s’égare parfois dans ses pensées. Gobelin le devine, quand ses yeux ne suivent plus ses cabrioles, quand elle s’abrite, derrière un silence ou un sourire.
Sa retenue n’a rien de méprisant. Elle ne lui accorde pas ces oeillades ennuyées, que certain.es savent si bien faire, elle ne cherche pas à s’écarter, elle accepte sa présence, ses grimaces et ses facéties, avec patience et bienveillance. Une soeur, une mère, quelques secondes, Gobelin a l’impression d’être auprès d’une figure bien plus mature que la sienne, capable de l’aimer et de l’écouter, malgré ses cris et ses acrobaties. Une telle bonté est inhabituelle, rare sur toutes les terres et Gobelin se sent chanceux d’en profiter.
La chute n’est qu’une cabriole, ses articulations sont molles, Gaël est là pour le remettre sur pieds. Le géant retourne paisiblement à l’arrière, pour dévaler la dune, il a les enfants à ses bras, les porte probablement pour qu’ils ne tombent pas. Mael se tient à Ludinaël, Roshirir s’élance pour courir, pourchassée par Kador, ils dépassent le groupe d’une dizaine de mètres. Gobelin les suit un instant du regard, jusqu’à ce que ses yeux glissent pour observer la jeune femme qui les accompagne.
Elle a tout de ces fleurs printanières. Eclats de lumière, dans la pénombre, vie émergeant de l’humus, il comprend, qu’on l’appelle bijou, qu’on la dise, précieuse, elle l’est, bien trop ! Car ce monde est avide. Il dévore les parents et les amant.es, se nourrit d’amour, d’espoirs et d’argent. Gobelin sait, qu’ils sont peu à profiter de ces richesses. Et que les sources d’espoir, d’affection, de gentillesse et de respect, sont bien trop vite asséchées ! Victimes, car combien sont celleux qui prennent sans donner, qui prennent sans compter, comme si un coeur pouvait éternellement aimer.
Et voilà que Gobelin, il a marché sur un bourgeon, le sourire meurt, la main retombe, la jeune femme, soudain, n’est plus lumière, il ne reste qu’ombres. Ses yeux se sont égarés, son esprit s’est rétracté, Gobelin sent qu’elle n’est plus avec eux. Qu’elle s’est réfugiée, au fond d’elle. Ses belles petites mains se sont frileusement rétractées, dans son dos, elle veille à les dissimuler, sans plus le regarder. A-t-elle honte ? Se sent-elle punie ? Enfant battu, s’inquiète Zeng Min, Maltraitances, se demande-t-il. Il regrette, s’approche d’un pas, il ne connaît pas les raisons, de sa réaction. Pour autant, préoccupé, il glisse avec sérieux.
_ Je suis désolé. Je ne voulais pas vous blesser.
Pas de masque, cette fois, ni de pseudonyme : c’est Zeng, qui s’adresse à elle, et non plus Gobelin. Son visage s’est transformé, sous les cheveux noirs tombant, ses paupières sont lourdes, sur ses yeux verts. Les cernes et les marques du temps et de l’expérience se dessinent en rides au coin des yeux, au coin des lèvres, il assume sa faute. Car combien même ses griffes sont aiguisées et ses dents acérées, son coeur ne s’est jamais départi de son humanité.
La question de la jeune femme le prend au dépourvu et il sort de ses pensées. Il observe d’un oeil critique le sable, dans une attitude de réflexion, sa langue s’extirpe de ses lèvres et se déroule, elle pend comme celle d’un chien.
_ Le désert ! Plein de sable, poussière, de chaleur qui assèche Gobelin !
Couine-t-il.
_ Personne n’a pris le temps d’apprendre à Gobelin à voir la beauté du désert. Car toujours, il faut se précipiter, à cause du chaud, du froid, de l’eau si rare, il ne faut pas s’attarder ! Les dunes bougent, pas de repères, s’arrêter c’est se mettre en danger. Les Terres du Gobelin sont si différentes.
Il la regarde creuser, jusqu’à ce qu’elle se redresse. Au sein de sa paume, sont logées les étoiles, qui ruissellent entre ses doigts. Précieuses et irritantes constellations, elles s’échappent et dessinent dans l’air des augures qu’il ne sait pas lire, jusqu’à se perdre dans l’immensité de l’espace. Gobelin s’accroupit comme pour voir les restes d’un message déjà chassé par le vent, il produit un son trahissant sa déception, plonge ses mains dans le sable. L’étreinte rêche est chaude, puis plus fraîche, il redresse les yeux et contemple pour une rare fois, l’étendue éclairée. De tous ces joyaux éparpillés, qui reflètent la lumière.
_ Où est la beauté, si elle ne vient pas des yeux ?
Demande-t-il, et c’est à son tour, d’être d’une naïveté infantile. Mais ses yeux reflètent la même gravité, que lorsqu’il s’est excusé.
_ Gobelin est né de terre, de poussière, non, pis que cela. Il est né de vase ! La vase, y’en a t il dans ces terres si sèches ? Peut-être qu’il y a d’autres comme Gobelin !
Il est né, il a été abandonné, au coin d’une mare, au fond de la forêt. L’enfant difforme, délaissé aux bêtes errantes et aux esprits méchants, au final, ils l’ont épargné. A croire que sa tête ou ses cris ne les aient effrayés. Jusqu’à ce qu’une vieille femme ne le recueille, la sorcière, l’appelait on.
Gobelin entretient le rêve secret, d’être beau. De se sentir beau, de le voir dans le regard des autres. De ne plus avoir à se cacher, à se dissimuler, à faire le pitre, pour mieux s’accepter, pour être aimé.
Se redressant, c’est une bande de tissu qui le frappe en plein visage. L’architecture de la coiffe est à la fois élaborée, mais des plus maladroites : les mèches et le tissu s’entremêlent, s’élèvent et chavirent à chaque pas, malgré les mains que Gobelin lève pour maintenir l’ensemble.
Plusieurs regards consternés s’échangent, bien que le plus ennuyé semble être Lazur : les paupières si lourdes sur ses yeux bleus, il ferme même un instant les yeux pour s’épargner cette vision ridicule. Mais le rire de Sehrazad gagne les lèvres du Gobelin, il éclate de rire à son tour, ça ricane et ça jacasse, et de partout, naissent finalement les sourires. Lazur, malgré tous ses efforts, laisse échapper un son bref qui ébranle ses épaules, un rire qu’il dissimule derrière une toux. Et les enfants se joignent à eux. Eux ont la tête protégée par de grands linges mouillés, Nuwel et Gael veillent tous deux sur les plus petits.
_ LAZUR ! A L’AIDE ! GOBELIN VA ATTIRER LES OISEAUX !
_ Vous feriez pourtant le meilleur des épouvantails…
Soupire Lazur. Il s’approche d’eux, hésite mais s’incline avec grand respect devant Sehrazad, avant de préférer lui tourner le dos pour s’occuper du Gobelin.
_ Cessez donc de gesticuler.
_ Bien, bien ! Glapit Gobelin.
Le groupe avance encore sans eux, sur quelques mètres. C’est après une dizaine de mètres qu’ils patientent et Lazur se recule finalement d’un pas. Les cheveux du Gobelin sont à présent bien dissimulés sous un turban soigneusement noué.
Lazur croise les bras sur son torse, se recule encore d’un pas. Gobelin tourne les yeux vers la jeune femme et lui sourit.
_ Est-ce qu’il a bien travaillé ? Est-ce que cela va bien au Gobelin ? Votre tissu bleu est magnifique ! Aussi bleu que les yeux de Lazur ! Est-ce votre couleur préférée ? Où l’avez-vous acheté ?
Lazur, est-ce vraiment son nom ? Probablement un sobriquet, comme tous ceux qu’utilisent les Lanternes Vertes. Un nom choisi, pour une nouvelle vie. D’ailleurs, Lazur garde les yeux baissés, la nuque légèrement courbée, lorsqu’il est aux côtés de la jeune femme. Il ne laisse rien paraître d’autre de son malaise.
Finalement, une gourde passe de mains en mains et leur est lancée. Gobelin la rattrape, en boit une gorgée, la propose à Sehrazad après l’avoir nettoyée sur sa manche.
_ Faut-il de l’eau, pour abreuver la petite fleur ?
Lazur soupire : lui boira sûrement en dernier.
_ N’avez-vous donc pas un peu de respect pour nos commanditaires ?
_ Quoi ? S’étrangle Gobelin, Une fleur est un très joli surnom ! N’y a-t-il pas plus grand bonheur que découvrir un champ couvert de fleurs, de surprendre leurs couleurs, sur un lit de mousse sombre, d’être accueillis par leurs parfums éthérés ? Cette Dame nous éclaire par son sourire et embaume nos cœurs de sa bienveillance !
_ Elle est l’épouse de notre Pharaon ! S’agace Lazur, haussant la voix, S’il apprend que…!
_ Que quoi ? Qu’elle nous rend heureux ? Que sa présence parmi nous est la bienvenue ? Sera-t-il offensé ? Et…
Gobelin s’arrête soudain, Lazur se fige à son tour. Ce dernier semble tendu, au vu de son froncement de sourcils. Gobelin lève l’index, le pointe vers le ciel, dans une attitude de réflexion. Puis il se penche, récupère du sable entre ses paumes, le laisse ruisseler entre ses doigts. Il regarde à nouveau toutes ces étoiles flamboyer. Et adresse une oeillade à la jeune femme, le visage éclairé d’un sourire, il est complice.
_ Avant de penser même au Pharaon, pensons à elle ! Lazur, tu soulèves là, quelque chose de très important ! Le consentement ! Alors, par un tour de magie, nous allons reprendre cette discussion depuis son commencement !
Gobelin lance alors sa poignée de sable en l’air, tournoie sur lui-même, prestidigitateur, il reprend son sourire et s’incline bien bas devant Sehrazad.
_ Bonjour, Dame ! Je me nomme Gobelin et voici Lazur, nous faisons partie des Lanternes Vertes. Quels noms et pronoms pouvons-nous employer pour vous désigner ? Quelles sont les choses que vous ne supportez pas et celles que vous préférez ? Fille du désert, du sable et de toutes ces étoiles que la terre a emprisonnées, vous êtes un éclat, une lumière, qui éclaire notre voie ! Nous guidant au travers des runes et soulevant l’espoir, que la beauté n’est pas toujours celle qui se voit !
-----Sa retenue n’a rien de méprisant. Elle ne lui accorde pas ces oeillades ennuyées, que certain.es savent si bien faire, elle ne cherche pas à s’écarter, elle accepte sa présence, ses grimaces et ses facéties, avec patience et bienveillance. Une soeur, une mère, quelques secondes, Gobelin a l’impression d’être auprès d’une figure bien plus mature que la sienne, capable de l’aimer et de l’écouter, malgré ses cris et ses acrobaties. Une telle bonté est inhabituelle, rare sur toutes les terres et Gobelin se sent chanceux d’en profiter.
La chute n’est qu’une cabriole, ses articulations sont molles, Gaël est là pour le remettre sur pieds. Le géant retourne paisiblement à l’arrière, pour dévaler la dune, il a les enfants à ses bras, les porte probablement pour qu’ils ne tombent pas. Mael se tient à Ludinaël, Roshirir s’élance pour courir, pourchassée par Kador, ils dépassent le groupe d’une dizaine de mètres. Gobelin les suit un instant du regard, jusqu’à ce que ses yeux glissent pour observer la jeune femme qui les accompagne.
Elle a tout de ces fleurs printanières. Eclats de lumière, dans la pénombre, vie émergeant de l’humus, il comprend, qu’on l’appelle bijou, qu’on la dise, précieuse, elle l’est, bien trop ! Car ce monde est avide. Il dévore les parents et les amant.es, se nourrit d’amour, d’espoirs et d’argent. Gobelin sait, qu’ils sont peu à profiter de ces richesses. Et que les sources d’espoir, d’affection, de gentillesse et de respect, sont bien trop vite asséchées ! Victimes, car combien sont celleux qui prennent sans donner, qui prennent sans compter, comme si un coeur pouvait éternellement aimer.
Et voilà que Gobelin, il a marché sur un bourgeon, le sourire meurt, la main retombe, la jeune femme, soudain, n’est plus lumière, il ne reste qu’ombres. Ses yeux se sont égarés, son esprit s’est rétracté, Gobelin sent qu’elle n’est plus avec eux. Qu’elle s’est réfugiée, au fond d’elle. Ses belles petites mains se sont frileusement rétractées, dans son dos, elle veille à les dissimuler, sans plus le regarder. A-t-elle honte ? Se sent-elle punie ? Enfant battu, s’inquiète Zeng Min, Maltraitances, se demande-t-il. Il regrette, s’approche d’un pas, il ne connaît pas les raisons, de sa réaction. Pour autant, préoccupé, il glisse avec sérieux.
_ Je suis désolé. Je ne voulais pas vous blesser.
Pas de masque, cette fois, ni de pseudonyme : c’est Zeng, qui s’adresse à elle, et non plus Gobelin. Son visage s’est transformé, sous les cheveux noirs tombant, ses paupières sont lourdes, sur ses yeux verts. Les cernes et les marques du temps et de l’expérience se dessinent en rides au coin des yeux, au coin des lèvres, il assume sa faute. Car combien même ses griffes sont aiguisées et ses dents acérées, son coeur ne s’est jamais départi de son humanité.
La question de la jeune femme le prend au dépourvu et il sort de ses pensées. Il observe d’un oeil critique le sable, dans une attitude de réflexion, sa langue s’extirpe de ses lèvres et se déroule, elle pend comme celle d’un chien.
_ Le désert ! Plein de sable, poussière, de chaleur qui assèche Gobelin !
Couine-t-il.
_ Personne n’a pris le temps d’apprendre à Gobelin à voir la beauté du désert. Car toujours, il faut se précipiter, à cause du chaud, du froid, de l’eau si rare, il ne faut pas s’attarder ! Les dunes bougent, pas de repères, s’arrêter c’est se mettre en danger. Les Terres du Gobelin sont si différentes.
Il la regarde creuser, jusqu’à ce qu’elle se redresse. Au sein de sa paume, sont logées les étoiles, qui ruissellent entre ses doigts. Précieuses et irritantes constellations, elles s’échappent et dessinent dans l’air des augures qu’il ne sait pas lire, jusqu’à se perdre dans l’immensité de l’espace. Gobelin s’accroupit comme pour voir les restes d’un message déjà chassé par le vent, il produit un son trahissant sa déception, plonge ses mains dans le sable. L’étreinte rêche est chaude, puis plus fraîche, il redresse les yeux et contemple pour une rare fois, l’étendue éclairée. De tous ces joyaux éparpillés, qui reflètent la lumière.
_ Où est la beauté, si elle ne vient pas des yeux ?
Demande-t-il, et c’est à son tour, d’être d’une naïveté infantile. Mais ses yeux reflètent la même gravité, que lorsqu’il s’est excusé.
_ Gobelin est né de terre, de poussière, non, pis que cela. Il est né de vase ! La vase, y’en a t il dans ces terres si sèches ? Peut-être qu’il y a d’autres comme Gobelin !
Il est né, il a été abandonné, au coin d’une mare, au fond de la forêt. L’enfant difforme, délaissé aux bêtes errantes et aux esprits méchants, au final, ils l’ont épargné. A croire que sa tête ou ses cris ne les aient effrayés. Jusqu’à ce qu’une vieille femme ne le recueille, la sorcière, l’appelait on.
Gobelin entretient le rêve secret, d’être beau. De se sentir beau, de le voir dans le regard des autres. De ne plus avoir à se cacher, à se dissimuler, à faire le pitre, pour mieux s’accepter, pour être aimé.
Se redressant, c’est une bande de tissu qui le frappe en plein visage. L’architecture de la coiffe est à la fois élaborée, mais des plus maladroites : les mèches et le tissu s’entremêlent, s’élèvent et chavirent à chaque pas, malgré les mains que Gobelin lève pour maintenir l’ensemble.
Plusieurs regards consternés s’échangent, bien que le plus ennuyé semble être Lazur : les paupières si lourdes sur ses yeux bleus, il ferme même un instant les yeux pour s’épargner cette vision ridicule. Mais le rire de Sehrazad gagne les lèvres du Gobelin, il éclate de rire à son tour, ça ricane et ça jacasse, et de partout, naissent finalement les sourires. Lazur, malgré tous ses efforts, laisse échapper un son bref qui ébranle ses épaules, un rire qu’il dissimule derrière une toux. Et les enfants se joignent à eux. Eux ont la tête protégée par de grands linges mouillés, Nuwel et Gael veillent tous deux sur les plus petits.
_ LAZUR ! A L’AIDE ! GOBELIN VA ATTIRER LES OISEAUX !
_ Vous feriez pourtant le meilleur des épouvantails…
Soupire Lazur. Il s’approche d’eux, hésite mais s’incline avec grand respect devant Sehrazad, avant de préférer lui tourner le dos pour s’occuper du Gobelin.
_ Cessez donc de gesticuler.
_ Bien, bien ! Glapit Gobelin.
Le groupe avance encore sans eux, sur quelques mètres. C’est après une dizaine de mètres qu’ils patientent et Lazur se recule finalement d’un pas. Les cheveux du Gobelin sont à présent bien dissimulés sous un turban soigneusement noué.
Lazur croise les bras sur son torse, se recule encore d’un pas. Gobelin tourne les yeux vers la jeune femme et lui sourit.
_ Est-ce qu’il a bien travaillé ? Est-ce que cela va bien au Gobelin ? Votre tissu bleu est magnifique ! Aussi bleu que les yeux de Lazur ! Est-ce votre couleur préférée ? Où l’avez-vous acheté ?
Lazur, est-ce vraiment son nom ? Probablement un sobriquet, comme tous ceux qu’utilisent les Lanternes Vertes. Un nom choisi, pour une nouvelle vie. D’ailleurs, Lazur garde les yeux baissés, la nuque légèrement courbée, lorsqu’il est aux côtés de la jeune femme. Il ne laisse rien paraître d’autre de son malaise.
Finalement, une gourde passe de mains en mains et leur est lancée. Gobelin la rattrape, en boit une gorgée, la propose à Sehrazad après l’avoir nettoyée sur sa manche.
_ Faut-il de l’eau, pour abreuver la petite fleur ?
Lazur soupire : lui boira sûrement en dernier.
_ N’avez-vous donc pas un peu de respect pour nos commanditaires ?
_ Quoi ? S’étrangle Gobelin, Une fleur est un très joli surnom ! N’y a-t-il pas plus grand bonheur que découvrir un champ couvert de fleurs, de surprendre leurs couleurs, sur un lit de mousse sombre, d’être accueillis par leurs parfums éthérés ? Cette Dame nous éclaire par son sourire et embaume nos cœurs de sa bienveillance !
_ Elle est l’épouse de notre Pharaon ! S’agace Lazur, haussant la voix, S’il apprend que…!
_ Que quoi ? Qu’elle nous rend heureux ? Que sa présence parmi nous est la bienvenue ? Sera-t-il offensé ? Et…
Gobelin s’arrête soudain, Lazur se fige à son tour. Ce dernier semble tendu, au vu de son froncement de sourcils. Gobelin lève l’index, le pointe vers le ciel, dans une attitude de réflexion. Puis il se penche, récupère du sable entre ses paumes, le laisse ruisseler entre ses doigts. Il regarde à nouveau toutes ces étoiles flamboyer. Et adresse une oeillade à la jeune femme, le visage éclairé d’un sourire, il est complice.
_ Avant de penser même au Pharaon, pensons à elle ! Lazur, tu soulèves là, quelque chose de très important ! Le consentement ! Alors, par un tour de magie, nous allons reprendre cette discussion depuis son commencement !
Gobelin lance alors sa poignée de sable en l’air, tournoie sur lui-même, prestidigitateur, il reprend son sourire et s’incline bien bas devant Sehrazad.
_ Bonjour, Dame ! Je me nomme Gobelin et voici Lazur, nous faisons partie des Lanternes Vertes. Quels noms et pronoms pouvons-nous employer pour vous désigner ? Quelles sont les choses que vous ne supportez pas et celles que vous préférez ? Fille du désert, du sable et de toutes ces étoiles que la terre a emprisonnées, vous êtes un éclat, une lumière, qui éclaire notre voie ! Nous guidant au travers des runes et soulevant l’espoir, que la beauté n’est pas toujours celle qui se voit !
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FIEF DE PHARAOS / ROYAUME DU PHARAON
ZENG X SEHRAZAD
ERRANCE
Happé par le courant, le nénuphar se laisse porter, docilement, reconnaissant de pouvoir voguer sur une rivière aussi joyeuse. Un sourire paisible embrasse ses lèvres roses, silencieuses mais pas inexpressives. Elle voudrait lui dire de ne pas s’inquiéter, de ne pas s’excuser, qu’il ne l’avait pas blessé mais ses mots sonneraient-ils justes ? La politesse ou l’honnêteté, qu’entendrait-il ? Elle était désolée, elle aussi, désolée d’’avoir un visage si injuste, si aisé à lire. Elle aurait préféré qu’il ne voit rien de cette blessure qu’il n’a pas infligée. Qu’il ne devine rien des ombres qui se dissimulent derrière ses paupières, qu’il ignore tout ce qu’elle parvenait si mal à cacher. Pourtant, sans cela, aurait-elle pu le voir ainsi ? Ses traits toujours tendus par les grimaces, déformés par de joyeuses pitreries, s’étaient alourdis. Ses rides trahissaient le temps passé à forcer ce masque qui tombait, le temps d’un instant. L’ombre sous ses yeux renforce l’éclat émeraude d’un regard profond et Sehrazad sait désormais, ce qu’est cette chose, cette chose si spéciale qui irradie parfois de l’homme et sur laquelle elle n’arrivait pas à mettre de mot.
Alors elle sourit. Elle sourit et remet à plus tard tout ce qu’elle voudrait lui dire maintenant. Qu’il est difficile parfois, de respecter le bon tempo. Pourtant, c’est primordial, ici plus encore qu’ailleurs, il faut savoir prendre son temps et écouter.
Il évoque ses terres, son pays natal sans doute et sa question innocente émeut la jeune femme. Elle voudrait tant s’accroupir en face de l’homme et prendre ses mains sous le sable. Elle lui expliquerait tout de la beauté, de cet endroit, de celle qu’elle voyait, de celle que d’autres ignoreraient, de celle qu’il pouvait voir, s’il le voulait. Mais en avait-elle le droit ? N’était-elle pas suffisante, orgueilleuse, de croire qu’elle avait la réponse ? Elle que la Calamité avait entachée, imprégnant dans sa chair, enfouissant dans ses entrailles la marque des maudits.
Elle doutait. Il avait raison. Elle doutait d’elle et les pas qu’elle ne faisait pas, l’éloignaient de celle qu’elle pensait être, celle qu’elle voudrait être.
Il appelle son ami à l’aide et Sehrazad apprend son nom. Lazur soupire et ses mots acerbes ne trompent sans doute personne alors qu’il approche pour venir en aide à son ami. Il s’incline après un instant d’hésitation et Sehrazad peine à interpréter l’un et l’autre, révérence et hésitation. Peut-être ne savait-il pas à quel point il devait se montrer courtois avec leur cliente ? La demoiselle répondait délicatement à sa salutation, ne souhaitant pas le mettre mal à l’aise. Il reste pourtant tendu. Il ou elle ? Les deux oasis qui percent le turban ne permettent pas de le déterminer et la voix peut-être si traîtresse. Est-ce important ? Ce n’est pas cela qui attire la curiosité de la jeune femme. Elle tente de donner au mystère qui l'entoure une explication, de comprendre l’étrange tension qui raidit sa posture et courbe son échine lorsqu'il s'approche d’elle.
Ce n’est pas très poli, se dit-elle. Ils avaient tous leurs secrets, de quel droit essayait-elle de percer celui de Lazur ? Parce que ce mystère, ce secret, cette retenue, semblait peser sur cette nuque qu’il tendait devant elle. Parce que ce malaise, l’éloignait encore un peu. Elle lui laisse de l’espace, se tient à l’écart pour ne pas être le poids qu’elle sent faire peser sur lui sans en comprendre le sens et répond avec franchise mais légèreté aux questions de la tête désormais coiffée.
- C’est du bel ouvrage, monsieur, cela vous sied à ravir.
Ses prunelles se lèvent naturellement sur le tissu qui enserre sa tête alors qu’on la questionne sur la particularité de sa couleur. C’est avec fierté qu’elle acquiesce, passant le bout de ses doigts sur le turban indigo.
- C’est la couleur qu'affectionnaient mes ancêtres lorsqu’ils étaient encore nomades. Je l’ai tissé.
Répond-t-elle tout naturellement avant de tendre ses mains vers la gourde, prenant discrètement soin de la saisir sans effleurer les mains de l’homme. Elle n’aurait pas l’occasion d’y boire cependant. Un soupire précède l’indignation de Lazur. Prise de court, Sehrazad le regarde avec surprise. Elle suit l’échange houleux sans pouvoir intervenir et soudain, elle saisit, d’où venait le malaise, le poids qui pliait la nuque de Lazur. Elle avait été sotte de ne pas le comprendre plus tôt.
Le Gobelin lance une poignée de sable en l’air, il jette un sort et la poussière devient magique. Il s’incline et tournoie, acteur de son propre spectacle, il balaie tout ce qu’il pense mauvais et reprend depuis le départ. Sehrazad hésite, non pas sur la teneur de sa réponse mais sur la forme qu’elle devrait lui donner. Elle sait qu’elle n’est pas aussi bonne comédienne que son hôte et, elle sait, que tout se lira sur ses traits. Était-ce si grave ?
Une main délicate se pose sur sa poitrine, à l’emplacement de son coeur, la main qui tient la gourde se réfugie dans son dos et son pied droit décrit une courbe gracieuse dans le sable alors qu’elle ploie doucement le genou dans une révérence élégante.
- Enchantée de faire votre connaissance. Je me nomme Sehrazad Borgia, je suis l’épouse de Caspian Pharaos, héritier de notre honorable Pharaon. Vous pouvez m’appeler Sehrazad, me surnommer comme il vous plaira, si je trouve à y redire, je m’engage à vous le faire savoir. Je ne supporte pas l’hypocrisie, l’étroitesse d’esprit et les tisanes aux asperges de ma grand tante mais, je vous serai reconnaissante si ce dernier point reste entre nous. J’apprécie la franchise, l’humour et l’odeur de la terre après la pluie. Si je peux être votre guide dans ce désert, laissez-moi une chance de vous le montrer tel que je le vois.
Elle se redresse souplement, adresse un sourire à celui qui voulait se nommer Gobelin. Elle lui trouverait un surnom, s’il la nommait fleur, elle pouvait bien le renommer elle aussi, non ? Se tournant doucement vers Lazur, la jeune femme lui tendait la gourde à laquelle elle n’avait finalement pas bu.
- Si vous m’en accordez le droit, j’aimerai être votre camarade.
Juste une camarade. Pas le poids d’un nom, d’un rang, d’une chaîne de fer ou d’un futur qui ne verrait peut-être jamais jour, pas davantage qu’une rumeur malsaine. Juste une camarade. Le temps d’un voyage. Était-ce possible, demandaient poliment ses yeux noisettes posés si doucement sur les prunelles azurées. Espérant qu’il se saisisse de son offrande d’eau et drapeau de paix, la jeune femme se tournait à nouveau vers le Gobelin et s’inclinait à nouveau, sans révérence et avec un sérieux teinté de honte et de repentir.
- Je vous présente mes excuses pour mon impolitesse de plus tôt, je suis désolée si je vous ai effrayé en essayant de vous toucher sans prévenir.
Elle était la première à ne pas avoir respecté le consentement d’autrui avant d’agir. Si elle l’avait fait sans arrière pensée, elle n’en était pas moins coupable. Il la couvait de tant d’éloges et de mots de velours alors qu’elle s’était montrée bien maladroite. Son coeur s’était serré d’allégresse dans sa poitrine, lorsqu’il lui avait proposé de boire à la même gourde qu’eux, balayant d’un geste simple l’épaisse ombre qui enserrait ses poignets.
Il ne craignait pas qu’elle le contamine. Mais il ne sait pas, clamait une maudite voix dans un coin de sa tête. Maudite mais vraie. Son dos se redressait mais son menton restait bas, ses mains venant nerveusement s’emparer l’une de l’autre comme pour se donner du courage. Elle ferait mieux d’en parler. Briser l’illusion tout de suite, elle-même, plutôt que de les laisser apprendre ce qu’elle était par les mots d’un autre. Était-ce mentir de ne rien dire de ces rumeurs affreuses ? Etait-ce les faire vraies d’en parler ? Elles étaient déjà là, partout autour d’elle, invisibles et suffocantes, elles restreignaient le moindre de ses gestes, les teintant de conséquences néfastes, de non-dits maladifs. Elle avait été si heureuse de le voir tendre cette gourde et pourtant, elle était incapable d’y boire.
- Je..
Sa voix se brise, sa détermination vacille. Elle n’y arrivait pas. Elle qui avait appris à se défendre par le silence, feignant d’ignorer ce que ses oreilles entendaient, elle était bien désarmée lorsque venait le moment de mettre ces rumeurs sur ses propres lèvres. Non, ce n’était pas les armes qui lui manquaient mais le courage. Était-elle lâche à ce point ? C’était inacceptable. Comment pouvait-elle demander à être l’une de leur camarade si elle était incapable de les regarder sans se sentir déchirée intérieurement, craignant qu'ils découvrent une imposture que d'autres avaient inventés.
- Je suis née du sable et de la poussière.
Dans ces terres si sèches. Arides. Infertiles.
- Certains perçoivent cet endroit comme damné, vide de tout, incapable de porter la vie et faisant dépérir tout ce qu’il touche. Certains..
Les mots étaient si durs, si tranchants qu’ils blessaient sa gorge, écorchant ses lèvres à chaque passage, lacérant la délicate estime d’elle-même que la jeune femme peinait à reconstruire. Qu’ils étaient douloureux et dramatiquement faciles à trouver, ces mots qui la décrivaient pour ces autres qu’elle ne nommait pas.
- Certains pensent la même chose de ma personne.
Elle ne parlerait pas explicitement de son infertilité, l’exposer à voix haute ce serait accepter une fatalité à laquelle elle ne s’était pas résignée. Elle avait fini par leur dire. Révélant à ces yeux verts si dénués de mauvaises intentions, la malédiction à laquelle ils s’exposaient. Au moins il ne serait pas dit qu’elle avait caché ce qui, révélés par d’autres, auraient pu devenir des non-dits coupables ou pire, des vérités inavouables. Pourtant, elle ne se sentait pas soulagée.
- Si cela devait remettre en question la nature de nos relations ou de votre contrat, je ne vous tiendrai pas rigueur de souhaiter mettre un terme à notre collaboration.
Le phrasé protocolaire et les mots pragmatiques s’érigeaient comme autant de murailles derrière lesquelles elle se recroquevillait. Il valait mieux que cela soit dit tout de suite, ainsi ils étaient moins pris au dépourvu, pris au piège, que s’ils s’étaient davantage enfoncés dans le désert. Ici ils pouvaient encore faire demi-tour et rejoindre la ville. Ils pouvaient encore prendre un autre chemin que le sien. Lentement, avec cette précaution et cette précision qu’on les fins marionnettistes, soucieux de ne pas briser leurs poupées, elle redresse le menton. Les voiles pâles de ses vêtements embrassent la brise et le désert s’engouffre dans le sourire qui irradie paisiblement sur le visage de sa fille. Il serait toujours là. Qu’importe la tempête. Qu’importe si l’obscurité est profonde et que les étoiles brillent en vain. Il serait là, ce soleil qui se lève, aube après aube, s’extirpant de la nuit, plus fort.
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Il l’écoute. Ils écoutent. Bien sûr, elle a perçu le silence qui l’entourait, sans savoir s’il était anxieux ou consterné, mais elle n’a compris qu’ils écoutaient vraiment que lorsqu’elle a redressé la tête. Les dunes ronronnaient au soleil, lascives et impassibles, tapis de soie brillante sous les pieds de ces petits êtres attentifs. Les mots qu’ils échangeaient, se perdaient dans le désert. Ils se transformeront en autant de grains de sable. Et les dunes sur lesquelles ils se poseront, grandiraient. Un jour, peut-être, quelqu’un se penchera et dans la poussière qu’il ramassera, il trouvera, ces mots comme des diamants.
Elle a serré ses mains entre elles, si fort qu’elles blanchissent, si fort que ses bras en tremblent. Sa petite silhouette s’est fondue dans l’ombre de l’homme qui s’est penché sur elle. Elle n’a pas cillé lorsque son doigt s’est tendu vers son front, ses yeux grands ouverts, elle l’a regardé, l’aurait-elle voulu qu’elle n’aurait sans doute pu en détacher son regard. Son visage revêtait à nouveau ces traits lourds et sérieux, teintés de l’ombre qui touche tous ceux qui ont souffert. Ce que voient les autres sur ce visage, elle l’ignore.
Les rides qui se dessinent sur son front alors qu’il fronce les sourcils, tracent les sillons d’une vie sinueuse, laborieuse mais riche d’apprentissages et de rencontres. L’obscurité qui creuse ses paupières, la fatigue d’un voyage incessant sur des terres rongées par la cruauté des hommes. Ses lèvres qui disparaissent pour ne plus dessiner qu’un trait, aussi pur et tranchant que son esprit, que ses mots. Une bouche qui se cache en pleine lumière, dévoilant des dents acérées pour détourner l’attention, travestir sa fragilité en quelques calembours. Ses prunelles de jade se voilent parfois de cette brume que Sehrazad voudrait dissiper mais, alors qu’ils parlent en son nom, elles s’embrasent. Un feu si vif brûle derrière l’émeraude qu’il projette des étincelles tout autour de lui. Des flammèches qui se logent dans le coeur de ceux qui écoutent. Dans le coeur de Sehrazad.
Il lui propose son bras et le désert devient océan. C’est une histoire étrange, une rumeur, une légende, un fantasme sans doute. Le conte improbable raconte qu’il fut un temps où l’eau recouvrait tout, des larmes de la déesse ou d’un déluge originel, le désert, serait le fond d’un océan. Cela doit être lui, qui revient couvrir les dunes, lui qui brouille sa vision et qui dévale sur ses joues. Elle est au fond de l’océan. Elle y a trouvé d’étranges poissons. Si colorés. Si beaux.
Enfin, ses mains se délient et ses épaules s’abaissent alors que ses doigts cherchent en vain à chasser la précieuse eau qui cavale. Elle ne cache pas ses larmes, c’était peine perdue. Lorsque finalement elle se souvient du mouchoir qui ne l’a quitte jamais, le soleil a déjà dévoré une partie de ces fragiles offrandes. Séchant ses joues et ses cils, la jeune femme acquiesce simplement, comme si elle acceptait enfin la proposition de l’homme.
- Merci.
Le mot voletait autour de sa bouche comme un papillon amoureux. Seul, il portait le poids de tout ce qu’il devait incarner. Sehrazad redressait un peu plus le menton, ses prunelles noisettes plongeant sans retenue dans l’océan émeraude. Accrochés à ses cils, des éclats de nacre reflétaient avec peine la reconnaissance qui brillait dans les profondeurs de ses pupilles.
- Merci, je me montrerai digne d’être une Camarade des Lanternes Vertes.
C’était une promesse. Gravée dans le sable et le bleu du ciel. Lentement, son bras se relève, ses doigts se tendent, timides et délicats, ils se posent doucement sur l’avant-bras de Zeng Min. À son côté, elle reprend la marche qu’elle a sans doute trop longtemps arrêtée. Lui en voudraient-ils de faire durer le voyage ?
Ils se remettent en mouvement et la dextre posée sur le bras masculin, se resserre légèrement, elle voudrait lui rendre sa bonté, sa gentillesse mais les mots semblent trop limités, trop pauvres pour exposer tous les sentiments qui la traversent. La caravane reprend son chemin et chacun y retrouve sa place. Au bras de l’homme, Sehrazad se souvient de ce qu’il a dit sur lui-même, “l’inconnu effraie et Gobelin fait peur”. Tous les sévices qu’il avait subi et l’écorce qu’il devait porter. Ce corps malmené, maltraité, déformé par la haine et la cruauté, forgé dans l’adversité, ce corps.. qu’il ne voyait pas comme humain. Un monstre répugnant, était-ce vraiment ce qu’il voyait ? La jeune femme ramène sa seconde main sur le bras offert, elle s’en empare et glisse à voix basse.
- Vous ne m’avez jamais effrayé… Ce n’est que par respect pour vous que je ne vous enlace pas alors, un jour.. Un jour où vous pourrez vous reposer sur moi, un jour où vous me ferez confiance, un jour laissez-moi vous enlacer et vous montrer, la beauté que je vois quand je vous regarde.
La demoiselle presse doucement le bras entre ses mains puis le relâche totalement, elle attendrait, qu’il soit prêt. Relevant ses prunelles noisettes sur l’émeraude, elle lui sourit et son visage est une promesse. Elle ne lui laisse pas le temps de répliquer, posant un doigt sur ses lèvres en s’éloignant d’un pas en arrière. Elle rabaisse sa main et poursuit.
- Avant d’écouter l’histoire des Lanternes Vertes, permettez-moi de venir en aide à votre compagnon.. Je reviens tout de suite.
Ses pas sont légers sur le sable, elle glisse et flotte, vole sur le dos des dunes, le poids qui pesait sur elle semblait avoir disparu. Elle savait pourtant, qu’il resterait en elle, profondément installé dans le creu de son ventre, il ne partirait pas si facilement mais, pour un temps, elle l’oublierait. La jeune femme s’approche de Lazur, son pas hésite, ralentit mais finalement, elle passe simplement à côté de lui, se dirigeant un peu plus en aval du convoi. Il y avait là, un homme aux cheveux grisonnants et à l’allure définitivement martiale bien que son armure soit actuellement constituée d’une ribambelle d’enfants qui se suspendaient à ses bras pour échapper aux roulis du sable.
- Peut-être puis-je vous apporter mon aide ?
Il y avait pourtant peu de chance qu’elle puisse porter autant de bambins que le solide bretteur dont les bras devaient faire deux ou trois fois la taille de ses cuisses. Faisant claquer sa langue sur son palais à deux reprises, Sehrazad se décale un peu sur le côté pour laisser approcher le dromadaire qui portait ses bagages. Le paquetage n’était pas très impressionnant, la jeune femme savait qu’il fallait voyager léger dans le désert, puis, elle se doutait qu’elle serait plus chargée au retour. Grattant affectueusement le front de l’animal, elle tournait son regard vers les enfants.
- Il s’appelle Ibtek, il est très gentil et très chatouilleux alors faites attention à ne pas trop le chatouiller avec vos pieds sinon il risque de se rouler par terre avec vous sur son dos.
Les gamins écoutaient mais leurs yeux étaient déjà rivés sur le dos de l’animal, brillants d’envie. Comment verraient-ils le monde depuis ce perchoir vivant ? Sans doute serait-il plus beau, plus scintillant, plus palpitant, depuis là-haut. Il suffisait finalement d'un tout petit changement de perspective. Sehrazad sourit et après avoir échangé un regard avec Gael, elle fait à nouveau résonner le claquement de sa langue sur son palais en se saisissant simplement de la bride, sans tirer, le simple geste accompagné du signal sonore suffisait. Ibtek ployait ses genoux avant puis arrière, laissant quelques enfants grimper sur son dos sans broncher.
- Accrochez-vous bien.
Vérifiant que c’était bien le cas, la jeune femme faisait se relever le dromadaire et regardait avec amusement les enfants secouer d’arrière en avant, surpris pour certains de sentir l’animal redresser ses pattes arrière avant celles à l’avant. Confiant finalement la bride à Gael, Sehrazad s’éclipsait discrètement, glissant à nouveau jusqu’à Lazur. Ses yeux tombaient le long de ses bras pour s’accrocher sur les bandages qui couvraient ses mains. Elle les avait vus plus tôt, lorsqu’il s’était saisi de la gourde qu’elle lui avait tendue, il avait accepté sa demande et avait eu pour elle ses mots que s’échangent les gens originaires du désert. Elle en était persuadée, Lazur était ou avait été, un compatriote. Citoyen ou esclave ? Sehrazad ne pouvait le savoir et ne chercherait pas à l’interroger sur une chose aussi délicate. Qu’importe à ses yeux, il était seulement Lazur et désormais, elle était sa camarade.
- Lazur, appelait-elle doucement, presque dans un murmure comme pour ne pas le surprendre alors qu’il l’avait sûrement vu approcher, êtes-vous blessé ?
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ZENG X SEHRAZAD
ERRANCE
Happé par le courant, le nénuphar se laisse porter, docilement, reconnaissant de pouvoir voguer sur une rivière aussi joyeuse. Un sourire paisible embrasse ses lèvres roses, silencieuses mais pas inexpressives. Elle voudrait lui dire de ne pas s’inquiéter, de ne pas s’excuser, qu’il ne l’avait pas blessé mais ses mots sonneraient-ils justes ? La politesse ou l’honnêteté, qu’entendrait-il ? Elle était désolée, elle aussi, désolée d’’avoir un visage si injuste, si aisé à lire. Elle aurait préféré qu’il ne voit rien de cette blessure qu’il n’a pas infligée. Qu’il ne devine rien des ombres qui se dissimulent derrière ses paupières, qu’il ignore tout ce qu’elle parvenait si mal à cacher. Pourtant, sans cela, aurait-elle pu le voir ainsi ? Ses traits toujours tendus par les grimaces, déformés par de joyeuses pitreries, s’étaient alourdis. Ses rides trahissaient le temps passé à forcer ce masque qui tombait, le temps d’un instant. L’ombre sous ses yeux renforce l’éclat émeraude d’un regard profond et Sehrazad sait désormais, ce qu’est cette chose, cette chose si spéciale qui irradie parfois de l’homme et sur laquelle elle n’arrivait pas à mettre de mot.
Alors elle sourit. Elle sourit et remet à plus tard tout ce qu’elle voudrait lui dire maintenant. Qu’il est difficile parfois, de respecter le bon tempo. Pourtant, c’est primordial, ici plus encore qu’ailleurs, il faut savoir prendre son temps et écouter.
Il évoque ses terres, son pays natal sans doute et sa question innocente émeut la jeune femme. Elle voudrait tant s’accroupir en face de l’homme et prendre ses mains sous le sable. Elle lui expliquerait tout de la beauté, de cet endroit, de celle qu’elle voyait, de celle que d’autres ignoreraient, de celle qu’il pouvait voir, s’il le voulait. Mais en avait-elle le droit ? N’était-elle pas suffisante, orgueilleuse, de croire qu’elle avait la réponse ? Elle que la Calamité avait entachée, imprégnant dans sa chair, enfouissant dans ses entrailles la marque des maudits.
Elle doutait. Il avait raison. Elle doutait d’elle et les pas qu’elle ne faisait pas, l’éloignaient de celle qu’elle pensait être, celle qu’elle voudrait être.
Il appelle son ami à l’aide et Sehrazad apprend son nom. Lazur soupire et ses mots acerbes ne trompent sans doute personne alors qu’il approche pour venir en aide à son ami. Il s’incline après un instant d’hésitation et Sehrazad peine à interpréter l’un et l’autre, révérence et hésitation. Peut-être ne savait-il pas à quel point il devait se montrer courtois avec leur cliente ? La demoiselle répondait délicatement à sa salutation, ne souhaitant pas le mettre mal à l’aise. Il reste pourtant tendu. Il ou elle ? Les deux oasis qui percent le turban ne permettent pas de le déterminer et la voix peut-être si traîtresse. Est-ce important ? Ce n’est pas cela qui attire la curiosité de la jeune femme. Elle tente de donner au mystère qui l'entoure une explication, de comprendre l’étrange tension qui raidit sa posture et courbe son échine lorsqu'il s'approche d’elle.
Ce n’est pas très poli, se dit-elle. Ils avaient tous leurs secrets, de quel droit essayait-elle de percer celui de Lazur ? Parce que ce mystère, ce secret, cette retenue, semblait peser sur cette nuque qu’il tendait devant elle. Parce que ce malaise, l’éloignait encore un peu. Elle lui laisse de l’espace, se tient à l’écart pour ne pas être le poids qu’elle sent faire peser sur lui sans en comprendre le sens et répond avec franchise mais légèreté aux questions de la tête désormais coiffée.
- C’est du bel ouvrage, monsieur, cela vous sied à ravir.
Ses prunelles se lèvent naturellement sur le tissu qui enserre sa tête alors qu’on la questionne sur la particularité de sa couleur. C’est avec fierté qu’elle acquiesce, passant le bout de ses doigts sur le turban indigo.
- C’est la couleur qu'affectionnaient mes ancêtres lorsqu’ils étaient encore nomades. Je l’ai tissé.
Répond-t-elle tout naturellement avant de tendre ses mains vers la gourde, prenant discrètement soin de la saisir sans effleurer les mains de l’homme. Elle n’aurait pas l’occasion d’y boire cependant. Un soupire précède l’indignation de Lazur. Prise de court, Sehrazad le regarde avec surprise. Elle suit l’échange houleux sans pouvoir intervenir et soudain, elle saisit, d’où venait le malaise, le poids qui pliait la nuque de Lazur. Elle avait été sotte de ne pas le comprendre plus tôt.
Le Gobelin lance une poignée de sable en l’air, il jette un sort et la poussière devient magique. Il s’incline et tournoie, acteur de son propre spectacle, il balaie tout ce qu’il pense mauvais et reprend depuis le départ. Sehrazad hésite, non pas sur la teneur de sa réponse mais sur la forme qu’elle devrait lui donner. Elle sait qu’elle n’est pas aussi bonne comédienne que son hôte et, elle sait, que tout se lira sur ses traits. Était-ce si grave ?
Une main délicate se pose sur sa poitrine, à l’emplacement de son coeur, la main qui tient la gourde se réfugie dans son dos et son pied droit décrit une courbe gracieuse dans le sable alors qu’elle ploie doucement le genou dans une révérence élégante.
- Enchantée de faire votre connaissance. Je me nomme Sehrazad Borgia, je suis l’épouse de Caspian Pharaos, héritier de notre honorable Pharaon. Vous pouvez m’appeler Sehrazad, me surnommer comme il vous plaira, si je trouve à y redire, je m’engage à vous le faire savoir. Je ne supporte pas l’hypocrisie, l’étroitesse d’esprit et les tisanes aux asperges de ma grand tante mais, je vous serai reconnaissante si ce dernier point reste entre nous. J’apprécie la franchise, l’humour et l’odeur de la terre après la pluie. Si je peux être votre guide dans ce désert, laissez-moi une chance de vous le montrer tel que je le vois.
Elle se redresse souplement, adresse un sourire à celui qui voulait se nommer Gobelin. Elle lui trouverait un surnom, s’il la nommait fleur, elle pouvait bien le renommer elle aussi, non ? Se tournant doucement vers Lazur, la jeune femme lui tendait la gourde à laquelle elle n’avait finalement pas bu.
- Si vous m’en accordez le droit, j’aimerai être votre camarade.
Juste une camarade. Pas le poids d’un nom, d’un rang, d’une chaîne de fer ou d’un futur qui ne verrait peut-être jamais jour, pas davantage qu’une rumeur malsaine. Juste une camarade. Le temps d’un voyage. Était-ce possible, demandaient poliment ses yeux noisettes posés si doucement sur les prunelles azurées. Espérant qu’il se saisisse de son offrande d’eau et drapeau de paix, la jeune femme se tournait à nouveau vers le Gobelin et s’inclinait à nouveau, sans révérence et avec un sérieux teinté de honte et de repentir.
- Je vous présente mes excuses pour mon impolitesse de plus tôt, je suis désolée si je vous ai effrayé en essayant de vous toucher sans prévenir.
Elle était la première à ne pas avoir respecté le consentement d’autrui avant d’agir. Si elle l’avait fait sans arrière pensée, elle n’en était pas moins coupable. Il la couvait de tant d’éloges et de mots de velours alors qu’elle s’était montrée bien maladroite. Son coeur s’était serré d’allégresse dans sa poitrine, lorsqu’il lui avait proposé de boire à la même gourde qu’eux, balayant d’un geste simple l’épaisse ombre qui enserrait ses poignets.
Il ne craignait pas qu’elle le contamine. Mais il ne sait pas, clamait une maudite voix dans un coin de sa tête. Maudite mais vraie. Son dos se redressait mais son menton restait bas, ses mains venant nerveusement s’emparer l’une de l’autre comme pour se donner du courage. Elle ferait mieux d’en parler. Briser l’illusion tout de suite, elle-même, plutôt que de les laisser apprendre ce qu’elle était par les mots d’un autre. Était-ce mentir de ne rien dire de ces rumeurs affreuses ? Etait-ce les faire vraies d’en parler ? Elles étaient déjà là, partout autour d’elle, invisibles et suffocantes, elles restreignaient le moindre de ses gestes, les teintant de conséquences néfastes, de non-dits maladifs. Elle avait été si heureuse de le voir tendre cette gourde et pourtant, elle était incapable d’y boire.
- Je..
Sa voix se brise, sa détermination vacille. Elle n’y arrivait pas. Elle qui avait appris à se défendre par le silence, feignant d’ignorer ce que ses oreilles entendaient, elle était bien désarmée lorsque venait le moment de mettre ces rumeurs sur ses propres lèvres. Non, ce n’était pas les armes qui lui manquaient mais le courage. Était-elle lâche à ce point ? C’était inacceptable. Comment pouvait-elle demander à être l’une de leur camarade si elle était incapable de les regarder sans se sentir déchirée intérieurement, craignant qu'ils découvrent une imposture que d'autres avaient inventés.
- Je suis née du sable et de la poussière.
Dans ces terres si sèches. Arides. Infertiles.
- Certains perçoivent cet endroit comme damné, vide de tout, incapable de porter la vie et faisant dépérir tout ce qu’il touche. Certains..
Les mots étaient si durs, si tranchants qu’ils blessaient sa gorge, écorchant ses lèvres à chaque passage, lacérant la délicate estime d’elle-même que la jeune femme peinait à reconstruire. Qu’ils étaient douloureux et dramatiquement faciles à trouver, ces mots qui la décrivaient pour ces autres qu’elle ne nommait pas.
- Certains pensent la même chose de ma personne.
Elle ne parlerait pas explicitement de son infertilité, l’exposer à voix haute ce serait accepter une fatalité à laquelle elle ne s’était pas résignée. Elle avait fini par leur dire. Révélant à ces yeux verts si dénués de mauvaises intentions, la malédiction à laquelle ils s’exposaient. Au moins il ne serait pas dit qu’elle avait caché ce qui, révélés par d’autres, auraient pu devenir des non-dits coupables ou pire, des vérités inavouables. Pourtant, elle ne se sentait pas soulagée.
- Si cela devait remettre en question la nature de nos relations ou de votre contrat, je ne vous tiendrai pas rigueur de souhaiter mettre un terme à notre collaboration.
Le phrasé protocolaire et les mots pragmatiques s’érigeaient comme autant de murailles derrière lesquelles elle se recroquevillait. Il valait mieux que cela soit dit tout de suite, ainsi ils étaient moins pris au dépourvu, pris au piège, que s’ils s’étaient davantage enfoncés dans le désert. Ici ils pouvaient encore faire demi-tour et rejoindre la ville. Ils pouvaient encore prendre un autre chemin que le sien. Lentement, avec cette précaution et cette précision qu’on les fins marionnettistes, soucieux de ne pas briser leurs poupées, elle redresse le menton. Les voiles pâles de ses vêtements embrassent la brise et le désert s’engouffre dans le sourire qui irradie paisiblement sur le visage de sa fille. Il serait toujours là. Qu’importe la tempête. Qu’importe si l’obscurité est profonde et que les étoiles brillent en vain. Il serait là, ce soleil qui se lève, aube après aube, s’extirpant de la nuit, plus fort.
-------
La jeune femme hésite, mais ces quelques secondes lui sont respectueusement laissées ; en attente d’une réaction, Gobelin reste incliné, Lazur reste, les bras croisés.
Délicatesse et élégance, elle dépose une main sur son coeur, la révérence fait redresser les yeux du Gobelin, il sourit et Lazur, quant à lui, est redevenu figure de marbre. Dos à la dune et la tête haute, son impassibilité est vaincue par la malice de la jeune femme : malgré tout son sérieux, il est contraint de fermer les yeux et dissimule son pouffement derrière sa main, malgré le voile qui recouvre son visage. Gobelin, lui, éclate d’un rire jacassant, ses lèvres dévoilant ses dents. Rictus déchirant, celui d’un être qui croque la vie à pleine dents. Il a tant manqué, qu’il apprend à vivre pleinement chaque instant. Et si le départ n’est pas bon, il reprend ! Voir qu’elle accepte ce jeu, de se donner à toustes, une deuxième chance, le convainc : cette Dame a le coeur bon.
Ses yeux se lèvent jusqu’à elle, s’unissent à ses yeux brun. Et se redressent lentement ses épaules, ses bras retombent le long de ses flancs, ses mains aux longs ongles se rétractent et se réfugient à l’intérieur des manches. Le linceul blafard qui recouvre son derme ne rougit pas même sous la morsure du soleil : il brûle et cloque, se fend par endroits, pêle par d’autres, il dissimule sous le tissu les squames d’un derme fragile. Face à son sourire, il répond du sien, les lippes s’étirent plus lentement, plus doucement, geste sournois, d’un reptile prêt à sortir sa langue, mais aucun poison, aucun appendice fourchu, ne s’en extirpent.
Lazur s’est déjà repris. En quelques secondes, ses paupières s'ouvrent et dévoilent le bleu précieux de ses prunelles. Océan, fragment de pierres précieuses, la couleur est d’une intensité poignante, elle captive et attire. Ses sourcils d’un brun foncé témoignent d’une pigmentation semblable, sur une peau tannée par le soleil, ici et là, un trait de sueur dessine une voie lactée, iridescente et miroitante, que Lazur ne daigne pas effacer. Le geste doux de la jeune femme a saisi son attention. Il la fixe mais ne soutient pas son regard. Après quelques secondes, ses pupilles s’abaissent vers ses lèvres, comme pour lire les mots qu’elle prononce. La gourde qu’elle lui tend est une demande, et après quelques secondes, Lazur y répond.
Sa propre main émerge de son flanc, déploie ses doigts. Sa peau est protégée de bandages, grisonnants ou souillés de poussière. Les bouts de ses doigts sont courts et comme écrasés, usés par le travail. Lorsqu’ils se referment sur la gourde, la pression est prévenante, il attend qu’elle lâche, pour approcher la gourde, la dévisser et sous son voile, récupérer quelques gorgées. Mais il y a quelque chose de maladroit, comme le fait que Lazur ne réagisse pas immédiatement, qu’il raffermisse l’emprise de ses doigts, à deux reprises, pour être sûr de bien la tenir. Si Sehrazad est attentive, elle saisira probablement qu’il y a un inconfort, dans ses mouvements. La gourde est ensuite lancée à Gobelin, qui la garde à sa hanche.
_ Nous marchons sous le même ciel et sur le même sable, répond Lazur, avec politesse et élégance, et le ton employé n’a rien à voir avec celui qu’il utilise envers le Gobelin. Sa voix grave prononce les syllabes avec distinction, c’est une phrase que l’on entend souvent dans les petits villages reculés, comme une promesse, une bénédiction, une phrase d’accueil et aussi réservée aux retrouvailles. A croire qu’il la connaît, bien qu’il baisse simplement les yeux devant elle de nouveau.
Les excuses de la jeune femme étonnent le Gobelin, qui relâche la tension de ses épaules. Il sourit, simplement, se balance d’un pied sur l’autre, et sa tête suit le mouvement. Comme si le seul poids était celui de ses yeux de verts, elle brinquebale au rythme de son geste, mais reste toujours tournée vers la jeune femme, les yeux plantés vers elle. Cobra à la collerette redressée, son corps difforme émane la même menace, dans ce geste ritualisé. Sa main se lève, finalement, dans un geste, balaie le mal.
_ Vos excuses sont acceptées. Aucun mal n’animait vos gestes, Gobelin en a conscience ! Mais vilain comme il est…
Le sourire de Gobelin s’étire, devient estafilade qui traverse le coin d’une de ses lèvres. Il repose sa tête sur la hampe de sa lance, et ses yeux verts suintent. C’est la peine qui humidifie étrangement ses yeux, bien qu’aucune larme ne menace de couler.
_ L’inconnu effraie, et Gobelin fait peur. De nombreuses mains se sont levées pour le chasser, saisir ses cheveux et les tirer, attraper sa peau et la pincer ! Et Gobelin se sent souvent couvert d’écailles, de matières molles et suintantes, répugnance, pour cette écorce qu’il doit porter. Le geste de Dame Sehrazad était bien attentionné : ses doigts ont seulement effleuré des plaies qui n’ont pas fini de cicatriser. Gobelin s’excuse de ses réactions vives et des erreurs commises. N’ayez crainte, fleur d’aube, vous n’avez ni blessé ni dérangé. Peut-être que lorsque Gobelin sera redevenu humain, il vous laissera volontiers toucher à ses cheveux ! Il aura une belle crinière, faite de soleil, ou les cheveux d’un ciel nocturne parcouru d’étoiles, et vous laissera la tresser comme vous l’entendez !
Le rêve d’un monstre, n’est-il pas d’être humain ?
Et le malaise de la jeune femme n’échappe à personne.
Les yeux verts, prédateurs et insidieux, suivent les mains qui se tordent. Immobile, il se tait soudain. Observant le mal, qui la torture. Lazur est à deux pas d’elle mais s’approche prudemment d’un, comme si, de son corps, il pouvait la protéger des mots qu’elle prononçait ; pourtant, ses yeux sont incapables une fois encore de porter l’aveu qu’elle confie. Pavir s’est assis dans le sable et a pris les enfants autour de lui, bien que ses yeux se lèvent souvent vers eux et s’inclinent, face à la Dame. Car lui est du désert, comme Lazur, et qu’il Sait probablement. Ludinael s’est arrêtée de boire à sa gourde - et Nuwel en profite pour la lui arracher des mains, mais la fière guerrière ne bronche pas, elle écoute. Aussi loin d’eux, peuvent-ils les entendre ? Certains ne démontrent d’aucune réaction, comme Gael qui observe les environs, ses bras énormes croisés sur son torse, Uiko qui découpe des morceaux de cactus alors que Mael est assis.e contre Pavir.
Sehrazad est seule, et pourtant, entourée.
Car personne ne parle, personne ne l’interrompt, qu’ils sont là, à l’écouter.
Sa douleur se sent, comme une lame qui effleure la peau, les plus sensibles ont l’impression de l’avaler, sentant le tranchant s’enfoncer. Lacérer, couper, trancher, c’est blessant, Lazur d’ailleurs, croise fermement les bras sur son torse comme pour endurer, Gobelin, lui, laisse tout ce mal, le frapper en plein coeur. Sans vaciller.
Pas de cabrioles, pas de galopades, pas d’échappatoire. Campé sur ses pieds, appuyé sur sa lance, grue immobile dont les yeux de verre sont plantés dans les siens. Certains y verront l’âme prédatrice, le coup incisif qui n’attend qu’à être porté, d’autres, peut-être, discerneront la compassion, dans cette attente figée.
L’annonce de la jeune femme plane et la menace d’une malédiction semble peser sur toutes les épaules. Chaque membre du groupe témoigne d’une réaction plus ou moins perceptible, plus ou moins compréhensible. Lazur a fermé les yeux. Ses sourcils légèrement froncés trahissent un mécontentement, douleur ou colère, il est difficile de savoir. Son voile, son turban et les épais vêtements, ne dévoilent que les prunelles à présent protégées, derrière une barrière de chair.
Gobelin a baissé les yeux. Sa tête toujours appuyée contre la hampe de la lance, il s’accroupit et plonge sa main dans le sable, il laisse les grains défiler entre ses doigts. Le geste est lent, le bruissement est perceptible, caresse de la terre contre les os saillants de la créature.
Les autres sont trop éloignés pour que la jeune femme puisse réellement les observer.
Gobelin dessine, du bout de l’index, fleurs et forêts sur le sable.
_ Dame Sehrazad… J’apprécie votre honnêteté.
Je, et non Gobelin. Zeng Min parlait, cette fois. Sa voix, son visage, sont redevenus graves.
_ Je vous remercie pour vos aveux. Et vous félicite pour le courage… de les avoir prononcés.
S’appuyant sur sa lance, Zeng Min se redresse. De toute sa hauteur.
Les longs cheveux noirs ruissellent, cascade, d’où émerge un masque mortuaire. Les paupières lourdes, sur les yeux verts, délavés et usés. La Mort l’a tant de fois embrassé que ses lèvres ont disparu : sa bouche n’est qu’une fente, où émerge parfois, dents ou long appendice musculeux. Mais cette plaie ouverte est refermée, l’expression figée. Malgré la maigreur des membres trop longs, les côtes saillantes et les hanches tordues, Zeng se tient droit. Sa main, une vraie serre, refermée sur la hampe de sa lance, il est berger des âmes égarées.
D’ailleurs, Lazur a bougé : en quelques pas, il s’est glissé derrière son Capitaine et attend, les mains jointes devant lui dans un geste de prières. Le groupe attend, alors que Zeng Min s’approche d’un pas, puis d’un autre, de la demoiselle. Il la dépasse de bien deux têtes, la différence est à présent frappante, lorsqu’il doit baisser la tête pour croiser son regard. Son dos se courbe et sa tête se penche, jusqu’à être à sa hauteur. Et les prunelles reptiléennes rampent, jusqu’à s’unir aux yeux bruns de la jeune femme.
Sa main libre émerge lentement de sa manche. De ses doigts repliés, émerge un index crochu et l’ongle effilé effleure le turban bleu, longe le nez de la jeune femme, descend plus bas que ses lèvres, pointe le coeur de la jeune femme.
_ Il y a tant de force dans ce si petit corps.
Murmure-t-il, sans la lâcher du regard.
_ Tant de force. Pour sourire, alors que tant a été pris. Pour aimer et donner, pour faire preuve de bonté, malgré toute la méchanceté, la haine et le rejet, que ce cœur a eu à affronter. Malgré les blessures, il continue de battre et ce corps continue d’avancer. Bravant toujours l’inconnu, et prêt à se jeter dans les pires dangers : le risque d’être rejeté, tout cela, parce que ce corps doit exister, tout cela parce que ce corps est différent des autres. Comme si ! Être différent interdisait d’exister, mais l’inconnu fait peur, les inconscients et les insouciants préfèrent la haine, la violence, le rejet, face à ce qu’ils sont incapables d’expliquer, de comprendre, d’accepter.
Zeng Min recule sa main. Elle vient sur son propre coeur et y plante presque ses ongles, dans une étreinte suffisante, pour que les jointures blanchissent, les tendons se devinent, la tension gagne la musculature noueuse.
_ Je demande pardon, aux noms de toustes celleux qui vous ont blessée, qui vous ont rejetée, de toustes celleux, qui n’ont pas su, pas pu, pas voulu vous accepter, dans tout ce que vous êtes et représentez.
Sous les sourcils froncés, les yeux verts sont embrasés. Roseau, il est tempête, il est chêne, il est la révolte, il est l’impétueux et le fallacieux, il est, le Gobelin et le Paladin, le monstre et l’humain.
_ Moi, Zeng Min, chef des Lanternes Vertes, vous assure notre protection. Aujourd’hui, jusqu’à la fin de notre voyage et suite à cela, vous serez toujours Camarade des Lanternes Vertes. Car si certain.es croient que le désert n’est que vide et poussières, j’ai vu ! J’ai vu ! La beauté des étoiles abandonnées sur terre, de ce sable fait de 1000 joyaux qui resplendissent sous la clarté du soleil, j’ai vu les vies qui l’habitent, de la petite pousse jusqu’aux enfants qui courent, j’ai senti la caresse du vent sur ma peau, l’embrassade d’un soleil facétieux qui veut voler ma chevelure ! J’ai vu, car vos yeux m’ont appris à voir.
Zeng Min sourit alors, d’un sourire confiant, impudent et malicieux, son index se dresse vers le ciel.
_ Et moi ! Moi j’apprendrais au monde à vous voir telle que vous êtes, à me voir comme je suis, à nous voir comme des êtres, qui ont le droit de vivre et d’exister ! Les différences ne justifient AUCUNE maltraitance, aucun rejet, aucune blessure. Car moi, j’ai vu la bonté, dans vos gestes, dans vos mots, j’ai vu la gentillesse, j’ai senti votre chaleur me gagner. Comme j’ai vu, la peur que vous ressentez et ne peux que deviner le mal qu’on vous a fait.
Son regard s’abaisse. Ses épaules s’affaissent, inquiet, il s’approche encore d’un pas, assez pour qu’elle n’ait plus que lui, à observer.
_ Ici plus qu’ailleurs, vous êtes la bienvenue et nous sommes peut-être les personnes les plus à même de comprendre.
Chuchote-t-il, avec connivence. Zeng Min offre alors son bras à la demoiselle.
_ Souhaitez-vous vous tenir à moi ? Nous allons nous remettre en marche. Et si vous le souhaitez, Gobelin vous racontera une histoire. L’origine des Lanternes ! Qu’en dîtes-vous ?
Un sourire encourageant revient étirer les lippes, dévoiler les dents, plisser les yeux. Gobelin revient, sous le masque d’une grimace malicieuse.
-------Délicatesse et élégance, elle dépose une main sur son coeur, la révérence fait redresser les yeux du Gobelin, il sourit et Lazur, quant à lui, est redevenu figure de marbre. Dos à la dune et la tête haute, son impassibilité est vaincue par la malice de la jeune femme : malgré tout son sérieux, il est contraint de fermer les yeux et dissimule son pouffement derrière sa main, malgré le voile qui recouvre son visage. Gobelin, lui, éclate d’un rire jacassant, ses lèvres dévoilant ses dents. Rictus déchirant, celui d’un être qui croque la vie à pleine dents. Il a tant manqué, qu’il apprend à vivre pleinement chaque instant. Et si le départ n’est pas bon, il reprend ! Voir qu’elle accepte ce jeu, de se donner à toustes, une deuxième chance, le convainc : cette Dame a le coeur bon.
Ses yeux se lèvent jusqu’à elle, s’unissent à ses yeux brun. Et se redressent lentement ses épaules, ses bras retombent le long de ses flancs, ses mains aux longs ongles se rétractent et se réfugient à l’intérieur des manches. Le linceul blafard qui recouvre son derme ne rougit pas même sous la morsure du soleil : il brûle et cloque, se fend par endroits, pêle par d’autres, il dissimule sous le tissu les squames d’un derme fragile. Face à son sourire, il répond du sien, les lippes s’étirent plus lentement, plus doucement, geste sournois, d’un reptile prêt à sortir sa langue, mais aucun poison, aucun appendice fourchu, ne s’en extirpent.
Lazur s’est déjà repris. En quelques secondes, ses paupières s'ouvrent et dévoilent le bleu précieux de ses prunelles. Océan, fragment de pierres précieuses, la couleur est d’une intensité poignante, elle captive et attire. Ses sourcils d’un brun foncé témoignent d’une pigmentation semblable, sur une peau tannée par le soleil, ici et là, un trait de sueur dessine une voie lactée, iridescente et miroitante, que Lazur ne daigne pas effacer. Le geste doux de la jeune femme a saisi son attention. Il la fixe mais ne soutient pas son regard. Après quelques secondes, ses pupilles s’abaissent vers ses lèvres, comme pour lire les mots qu’elle prononce. La gourde qu’elle lui tend est une demande, et après quelques secondes, Lazur y répond.
Sa propre main émerge de son flanc, déploie ses doigts. Sa peau est protégée de bandages, grisonnants ou souillés de poussière. Les bouts de ses doigts sont courts et comme écrasés, usés par le travail. Lorsqu’ils se referment sur la gourde, la pression est prévenante, il attend qu’elle lâche, pour approcher la gourde, la dévisser et sous son voile, récupérer quelques gorgées. Mais il y a quelque chose de maladroit, comme le fait que Lazur ne réagisse pas immédiatement, qu’il raffermisse l’emprise de ses doigts, à deux reprises, pour être sûr de bien la tenir. Si Sehrazad est attentive, elle saisira probablement qu’il y a un inconfort, dans ses mouvements. La gourde est ensuite lancée à Gobelin, qui la garde à sa hanche.
_ Nous marchons sous le même ciel et sur le même sable, répond Lazur, avec politesse et élégance, et le ton employé n’a rien à voir avec celui qu’il utilise envers le Gobelin. Sa voix grave prononce les syllabes avec distinction, c’est une phrase que l’on entend souvent dans les petits villages reculés, comme une promesse, une bénédiction, une phrase d’accueil et aussi réservée aux retrouvailles. A croire qu’il la connaît, bien qu’il baisse simplement les yeux devant elle de nouveau.
Les excuses de la jeune femme étonnent le Gobelin, qui relâche la tension de ses épaules. Il sourit, simplement, se balance d’un pied sur l’autre, et sa tête suit le mouvement. Comme si le seul poids était celui de ses yeux de verts, elle brinquebale au rythme de son geste, mais reste toujours tournée vers la jeune femme, les yeux plantés vers elle. Cobra à la collerette redressée, son corps difforme émane la même menace, dans ce geste ritualisé. Sa main se lève, finalement, dans un geste, balaie le mal.
_ Vos excuses sont acceptées. Aucun mal n’animait vos gestes, Gobelin en a conscience ! Mais vilain comme il est…
Le sourire de Gobelin s’étire, devient estafilade qui traverse le coin d’une de ses lèvres. Il repose sa tête sur la hampe de sa lance, et ses yeux verts suintent. C’est la peine qui humidifie étrangement ses yeux, bien qu’aucune larme ne menace de couler.
_ L’inconnu effraie, et Gobelin fait peur. De nombreuses mains se sont levées pour le chasser, saisir ses cheveux et les tirer, attraper sa peau et la pincer ! Et Gobelin se sent souvent couvert d’écailles, de matières molles et suintantes, répugnance, pour cette écorce qu’il doit porter. Le geste de Dame Sehrazad était bien attentionné : ses doigts ont seulement effleuré des plaies qui n’ont pas fini de cicatriser. Gobelin s’excuse de ses réactions vives et des erreurs commises. N’ayez crainte, fleur d’aube, vous n’avez ni blessé ni dérangé. Peut-être que lorsque Gobelin sera redevenu humain, il vous laissera volontiers toucher à ses cheveux ! Il aura une belle crinière, faite de soleil, ou les cheveux d’un ciel nocturne parcouru d’étoiles, et vous laissera la tresser comme vous l’entendez !
Le rêve d’un monstre, n’est-il pas d’être humain ?
Et le malaise de la jeune femme n’échappe à personne.
Les yeux verts, prédateurs et insidieux, suivent les mains qui se tordent. Immobile, il se tait soudain. Observant le mal, qui la torture. Lazur est à deux pas d’elle mais s’approche prudemment d’un, comme si, de son corps, il pouvait la protéger des mots qu’elle prononçait ; pourtant, ses yeux sont incapables une fois encore de porter l’aveu qu’elle confie. Pavir s’est assis dans le sable et a pris les enfants autour de lui, bien que ses yeux se lèvent souvent vers eux et s’inclinent, face à la Dame. Car lui est du désert, comme Lazur, et qu’il Sait probablement. Ludinael s’est arrêtée de boire à sa gourde - et Nuwel en profite pour la lui arracher des mains, mais la fière guerrière ne bronche pas, elle écoute. Aussi loin d’eux, peuvent-ils les entendre ? Certains ne démontrent d’aucune réaction, comme Gael qui observe les environs, ses bras énormes croisés sur son torse, Uiko qui découpe des morceaux de cactus alors que Mael est assis.e contre Pavir.
Sehrazad est seule, et pourtant, entourée.
Car personne ne parle, personne ne l’interrompt, qu’ils sont là, à l’écouter.
Sa douleur se sent, comme une lame qui effleure la peau, les plus sensibles ont l’impression de l’avaler, sentant le tranchant s’enfoncer. Lacérer, couper, trancher, c’est blessant, Lazur d’ailleurs, croise fermement les bras sur son torse comme pour endurer, Gobelin, lui, laisse tout ce mal, le frapper en plein coeur. Sans vaciller.
Pas de cabrioles, pas de galopades, pas d’échappatoire. Campé sur ses pieds, appuyé sur sa lance, grue immobile dont les yeux de verre sont plantés dans les siens. Certains y verront l’âme prédatrice, le coup incisif qui n’attend qu’à être porté, d’autres, peut-être, discerneront la compassion, dans cette attente figée.
L’annonce de la jeune femme plane et la menace d’une malédiction semble peser sur toutes les épaules. Chaque membre du groupe témoigne d’une réaction plus ou moins perceptible, plus ou moins compréhensible. Lazur a fermé les yeux. Ses sourcils légèrement froncés trahissent un mécontentement, douleur ou colère, il est difficile de savoir. Son voile, son turban et les épais vêtements, ne dévoilent que les prunelles à présent protégées, derrière une barrière de chair.
Gobelin a baissé les yeux. Sa tête toujours appuyée contre la hampe de la lance, il s’accroupit et plonge sa main dans le sable, il laisse les grains défiler entre ses doigts. Le geste est lent, le bruissement est perceptible, caresse de la terre contre les os saillants de la créature.
Les autres sont trop éloignés pour que la jeune femme puisse réellement les observer.
Gobelin dessine, du bout de l’index, fleurs et forêts sur le sable.
_ Dame Sehrazad… J’apprécie votre honnêteté.
Je, et non Gobelin. Zeng Min parlait, cette fois. Sa voix, son visage, sont redevenus graves.
_ Je vous remercie pour vos aveux. Et vous félicite pour le courage… de les avoir prononcés.
S’appuyant sur sa lance, Zeng Min se redresse. De toute sa hauteur.
Les longs cheveux noirs ruissellent, cascade, d’où émerge un masque mortuaire. Les paupières lourdes, sur les yeux verts, délavés et usés. La Mort l’a tant de fois embrassé que ses lèvres ont disparu : sa bouche n’est qu’une fente, où émerge parfois, dents ou long appendice musculeux. Mais cette plaie ouverte est refermée, l’expression figée. Malgré la maigreur des membres trop longs, les côtes saillantes et les hanches tordues, Zeng se tient droit. Sa main, une vraie serre, refermée sur la hampe de sa lance, il est berger des âmes égarées.
D’ailleurs, Lazur a bougé : en quelques pas, il s’est glissé derrière son Capitaine et attend, les mains jointes devant lui dans un geste de prières. Le groupe attend, alors que Zeng Min s’approche d’un pas, puis d’un autre, de la demoiselle. Il la dépasse de bien deux têtes, la différence est à présent frappante, lorsqu’il doit baisser la tête pour croiser son regard. Son dos se courbe et sa tête se penche, jusqu’à être à sa hauteur. Et les prunelles reptiléennes rampent, jusqu’à s’unir aux yeux bruns de la jeune femme.
Sa main libre émerge lentement de sa manche. De ses doigts repliés, émerge un index crochu et l’ongle effilé effleure le turban bleu, longe le nez de la jeune femme, descend plus bas que ses lèvres, pointe le coeur de la jeune femme.
_ Il y a tant de force dans ce si petit corps.
Murmure-t-il, sans la lâcher du regard.
_ Tant de force. Pour sourire, alors que tant a été pris. Pour aimer et donner, pour faire preuve de bonté, malgré toute la méchanceté, la haine et le rejet, que ce cœur a eu à affronter. Malgré les blessures, il continue de battre et ce corps continue d’avancer. Bravant toujours l’inconnu, et prêt à se jeter dans les pires dangers : le risque d’être rejeté, tout cela, parce que ce corps doit exister, tout cela parce que ce corps est différent des autres. Comme si ! Être différent interdisait d’exister, mais l’inconnu fait peur, les inconscients et les insouciants préfèrent la haine, la violence, le rejet, face à ce qu’ils sont incapables d’expliquer, de comprendre, d’accepter.
Zeng Min recule sa main. Elle vient sur son propre coeur et y plante presque ses ongles, dans une étreinte suffisante, pour que les jointures blanchissent, les tendons se devinent, la tension gagne la musculature noueuse.
_ Je demande pardon, aux noms de toustes celleux qui vous ont blessée, qui vous ont rejetée, de toustes celleux, qui n’ont pas su, pas pu, pas voulu vous accepter, dans tout ce que vous êtes et représentez.
Sous les sourcils froncés, les yeux verts sont embrasés. Roseau, il est tempête, il est chêne, il est la révolte, il est l’impétueux et le fallacieux, il est, le Gobelin et le Paladin, le monstre et l’humain.
_ Moi, Zeng Min, chef des Lanternes Vertes, vous assure notre protection. Aujourd’hui, jusqu’à la fin de notre voyage et suite à cela, vous serez toujours Camarade des Lanternes Vertes. Car si certain.es croient que le désert n’est que vide et poussières, j’ai vu ! J’ai vu ! La beauté des étoiles abandonnées sur terre, de ce sable fait de 1000 joyaux qui resplendissent sous la clarté du soleil, j’ai vu les vies qui l’habitent, de la petite pousse jusqu’aux enfants qui courent, j’ai senti la caresse du vent sur ma peau, l’embrassade d’un soleil facétieux qui veut voler ma chevelure ! J’ai vu, car vos yeux m’ont appris à voir.
Zeng Min sourit alors, d’un sourire confiant, impudent et malicieux, son index se dresse vers le ciel.
_ Et moi ! Moi j’apprendrais au monde à vous voir telle que vous êtes, à me voir comme je suis, à nous voir comme des êtres, qui ont le droit de vivre et d’exister ! Les différences ne justifient AUCUNE maltraitance, aucun rejet, aucune blessure. Car moi, j’ai vu la bonté, dans vos gestes, dans vos mots, j’ai vu la gentillesse, j’ai senti votre chaleur me gagner. Comme j’ai vu, la peur que vous ressentez et ne peux que deviner le mal qu’on vous a fait.
Son regard s’abaisse. Ses épaules s’affaissent, inquiet, il s’approche encore d’un pas, assez pour qu’elle n’ait plus que lui, à observer.
_ Ici plus qu’ailleurs, vous êtes la bienvenue et nous sommes peut-être les personnes les plus à même de comprendre.
Chuchote-t-il, avec connivence. Zeng Min offre alors son bras à la demoiselle.
_ Souhaitez-vous vous tenir à moi ? Nous allons nous remettre en marche. Et si vous le souhaitez, Gobelin vous racontera une histoire. L’origine des Lanternes ! Qu’en dîtes-vous ?
Un sourire encourageant revient étirer les lippes, dévoiler les dents, plisser les yeux. Gobelin revient, sous le masque d’une grimace malicieuse.
Il l’écoute. Ils écoutent. Bien sûr, elle a perçu le silence qui l’entourait, sans savoir s’il était anxieux ou consterné, mais elle n’a compris qu’ils écoutaient vraiment que lorsqu’elle a redressé la tête. Les dunes ronronnaient au soleil, lascives et impassibles, tapis de soie brillante sous les pieds de ces petits êtres attentifs. Les mots qu’ils échangeaient, se perdaient dans le désert. Ils se transformeront en autant de grains de sable. Et les dunes sur lesquelles ils se poseront, grandiraient. Un jour, peut-être, quelqu’un se penchera et dans la poussière qu’il ramassera, il trouvera, ces mots comme des diamants.
Elle a serré ses mains entre elles, si fort qu’elles blanchissent, si fort que ses bras en tremblent. Sa petite silhouette s’est fondue dans l’ombre de l’homme qui s’est penché sur elle. Elle n’a pas cillé lorsque son doigt s’est tendu vers son front, ses yeux grands ouverts, elle l’a regardé, l’aurait-elle voulu qu’elle n’aurait sans doute pu en détacher son regard. Son visage revêtait à nouveau ces traits lourds et sérieux, teintés de l’ombre qui touche tous ceux qui ont souffert. Ce que voient les autres sur ce visage, elle l’ignore.
Les rides qui se dessinent sur son front alors qu’il fronce les sourcils, tracent les sillons d’une vie sinueuse, laborieuse mais riche d’apprentissages et de rencontres. L’obscurité qui creuse ses paupières, la fatigue d’un voyage incessant sur des terres rongées par la cruauté des hommes. Ses lèvres qui disparaissent pour ne plus dessiner qu’un trait, aussi pur et tranchant que son esprit, que ses mots. Une bouche qui se cache en pleine lumière, dévoilant des dents acérées pour détourner l’attention, travestir sa fragilité en quelques calembours. Ses prunelles de jade se voilent parfois de cette brume que Sehrazad voudrait dissiper mais, alors qu’ils parlent en son nom, elles s’embrasent. Un feu si vif brûle derrière l’émeraude qu’il projette des étincelles tout autour de lui. Des flammèches qui se logent dans le coeur de ceux qui écoutent. Dans le coeur de Sehrazad.
Il lui propose son bras et le désert devient océan. C’est une histoire étrange, une rumeur, une légende, un fantasme sans doute. Le conte improbable raconte qu’il fut un temps où l’eau recouvrait tout, des larmes de la déesse ou d’un déluge originel, le désert, serait le fond d’un océan. Cela doit être lui, qui revient couvrir les dunes, lui qui brouille sa vision et qui dévale sur ses joues. Elle est au fond de l’océan. Elle y a trouvé d’étranges poissons. Si colorés. Si beaux.
Enfin, ses mains se délient et ses épaules s’abaissent alors que ses doigts cherchent en vain à chasser la précieuse eau qui cavale. Elle ne cache pas ses larmes, c’était peine perdue. Lorsque finalement elle se souvient du mouchoir qui ne l’a quitte jamais, le soleil a déjà dévoré une partie de ces fragiles offrandes. Séchant ses joues et ses cils, la jeune femme acquiesce simplement, comme si elle acceptait enfin la proposition de l’homme.
- Merci.
Le mot voletait autour de sa bouche comme un papillon amoureux. Seul, il portait le poids de tout ce qu’il devait incarner. Sehrazad redressait un peu plus le menton, ses prunelles noisettes plongeant sans retenue dans l’océan émeraude. Accrochés à ses cils, des éclats de nacre reflétaient avec peine la reconnaissance qui brillait dans les profondeurs de ses pupilles.
- Merci, je me montrerai digne d’être une Camarade des Lanternes Vertes.
C’était une promesse. Gravée dans le sable et le bleu du ciel. Lentement, son bras se relève, ses doigts se tendent, timides et délicats, ils se posent doucement sur l’avant-bras de Zeng Min. À son côté, elle reprend la marche qu’elle a sans doute trop longtemps arrêtée. Lui en voudraient-ils de faire durer le voyage ?
Ils se remettent en mouvement et la dextre posée sur le bras masculin, se resserre légèrement, elle voudrait lui rendre sa bonté, sa gentillesse mais les mots semblent trop limités, trop pauvres pour exposer tous les sentiments qui la traversent. La caravane reprend son chemin et chacun y retrouve sa place. Au bras de l’homme, Sehrazad se souvient de ce qu’il a dit sur lui-même, “l’inconnu effraie et Gobelin fait peur”. Tous les sévices qu’il avait subi et l’écorce qu’il devait porter. Ce corps malmené, maltraité, déformé par la haine et la cruauté, forgé dans l’adversité, ce corps.. qu’il ne voyait pas comme humain. Un monstre répugnant, était-ce vraiment ce qu’il voyait ? La jeune femme ramène sa seconde main sur le bras offert, elle s’en empare et glisse à voix basse.
- Vous ne m’avez jamais effrayé… Ce n’est que par respect pour vous que je ne vous enlace pas alors, un jour.. Un jour où vous pourrez vous reposer sur moi, un jour où vous me ferez confiance, un jour laissez-moi vous enlacer et vous montrer, la beauté que je vois quand je vous regarde.
La demoiselle presse doucement le bras entre ses mains puis le relâche totalement, elle attendrait, qu’il soit prêt. Relevant ses prunelles noisettes sur l’émeraude, elle lui sourit et son visage est une promesse. Elle ne lui laisse pas le temps de répliquer, posant un doigt sur ses lèvres en s’éloignant d’un pas en arrière. Elle rabaisse sa main et poursuit.
- Avant d’écouter l’histoire des Lanternes Vertes, permettez-moi de venir en aide à votre compagnon.. Je reviens tout de suite.
Ses pas sont légers sur le sable, elle glisse et flotte, vole sur le dos des dunes, le poids qui pesait sur elle semblait avoir disparu. Elle savait pourtant, qu’il resterait en elle, profondément installé dans le creu de son ventre, il ne partirait pas si facilement mais, pour un temps, elle l’oublierait. La jeune femme s’approche de Lazur, son pas hésite, ralentit mais finalement, elle passe simplement à côté de lui, se dirigeant un peu plus en aval du convoi. Il y avait là, un homme aux cheveux grisonnants et à l’allure définitivement martiale bien que son armure soit actuellement constituée d’une ribambelle d’enfants qui se suspendaient à ses bras pour échapper aux roulis du sable.
- Peut-être puis-je vous apporter mon aide ?
Il y avait pourtant peu de chance qu’elle puisse porter autant de bambins que le solide bretteur dont les bras devaient faire deux ou trois fois la taille de ses cuisses. Faisant claquer sa langue sur son palais à deux reprises, Sehrazad se décale un peu sur le côté pour laisser approcher le dromadaire qui portait ses bagages. Le paquetage n’était pas très impressionnant, la jeune femme savait qu’il fallait voyager léger dans le désert, puis, elle se doutait qu’elle serait plus chargée au retour. Grattant affectueusement le front de l’animal, elle tournait son regard vers les enfants.
- Il s’appelle Ibtek, il est très gentil et très chatouilleux alors faites attention à ne pas trop le chatouiller avec vos pieds sinon il risque de se rouler par terre avec vous sur son dos.
Les gamins écoutaient mais leurs yeux étaient déjà rivés sur le dos de l’animal, brillants d’envie. Comment verraient-ils le monde depuis ce perchoir vivant ? Sans doute serait-il plus beau, plus scintillant, plus palpitant, depuis là-haut. Il suffisait finalement d'un tout petit changement de perspective. Sehrazad sourit et après avoir échangé un regard avec Gael, elle fait à nouveau résonner le claquement de sa langue sur son palais en se saisissant simplement de la bride, sans tirer, le simple geste accompagné du signal sonore suffisait. Ibtek ployait ses genoux avant puis arrière, laissant quelques enfants grimper sur son dos sans broncher.
- Accrochez-vous bien.
Vérifiant que c’était bien le cas, la jeune femme faisait se relever le dromadaire et regardait avec amusement les enfants secouer d’arrière en avant, surpris pour certains de sentir l’animal redresser ses pattes arrière avant celles à l’avant. Confiant finalement la bride à Gael, Sehrazad s’éclipsait discrètement, glissant à nouveau jusqu’à Lazur. Ses yeux tombaient le long de ses bras pour s’accrocher sur les bandages qui couvraient ses mains. Elle les avait vus plus tôt, lorsqu’il s’était saisi de la gourde qu’elle lui avait tendue, il avait accepté sa demande et avait eu pour elle ses mots que s’échangent les gens originaires du désert. Elle en était persuadée, Lazur était ou avait été, un compatriote. Citoyen ou esclave ? Sehrazad ne pouvait le savoir et ne chercherait pas à l’interroger sur une chose aussi délicate. Qu’importe à ses yeux, il était seulement Lazur et désormais, elle était sa camarade.
- Lazur, appelait-elle doucement, presque dans un murmure comme pour ne pas le surprendre alors qu’il l’avait sûrement vu approcher, êtes-vous blessé ?
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TW : Mention de dysmorphophobie, de maladie (lèpre)
Il était une fois, l’histoire d’un garçon né au fond d’une mare.
Sa mère l’a laissé là, en proie au froid et aux esprits des bois. A-t-elle pris peur, face à cette tête énorme et ses membres maigres ? A-t-elle été dérangée par ses cris et ses coups de pied ? A-t-elle seulement désiré, ce ver qu’elle a abandonné dans la vase, ce parasite qu’elle a rejeté ? L’avait-elle seulement aimé, cet être étrange et vagissant ?
Il était si vilain que les bêtes elles-mêmes ne l’ont pas dévoré. Le premier qui l’a approché était un enfant à la vue défaillante, une fille dont les yeux voilés ne s’effrayaient plus de ce que les ombres pouvaient dissimuler. Guidée par ses cris, c’est elle qui l’a ramassé et ramené à la grand-mère, la Sorcière, qu’on l’appelait. Elle était dure, abattant son balai sur les fesses des enfants, mais aimante, assez pour coudre des vêtements et offrir un gîte à tous les gamins que personne ne voulait.
Le garçon survécut aux premiers hivers, blotti entre ses frères et soeurs, c’est avec eux qu’il fit ses premiers pas, avant de courir dans les rues du village voisin. Volant pour se nourrir, surgissant dans les demeures, chassé à coups de pieds ou de cris, l’on ne le détestait pas pourtant, car le morveux à la tête difforme avait un rire, que tous appréciaient. On s’inquiétait de ne pas l’entendre, et lorsqu’il traînait les pieds ou attendait, on lui offrait une coupelle de riz, un linge sur les épaules.
Il y avait eu du rejet, mais aussi, beaucoup d’amour, de tolérance et d’acceptation, un nom lui fut donné, un nom qu’on appelait, qu’on criait, Tu es là, tu es là Gobelin, ça fait plaisir de te voir, Gobelin, fais attention Gobelin, à bientôt Gobelin ! Et Gobelin aime raconter cette histoire, pour l’espoir qu’elle apporte, il ne veut se souvenir, que du bien qui a été fait, il veut oublier le rejet, les insultes, les coups, le désespoir.
Il veut oublier, jusqu’à voir les yeux de la jeune femme se noyer. L’humidité monte, jusqu’à la submerger, jusqu’à déborder, par gouttes énormes, elles s’échappent le long de ses joues. Sous les rayons du soleil, luit l’iridescence, magnifique, elle l’est même en pleurant. Les mains serrées contre son coeur déchiré, elle pleure et chaque goutte, Zeng Min a l’envie de les recueillir, de les effacer ; il ne bouge pas et les laisse couler.
Si son visage porte les stigmates, celles de la jeune femme sont invisibles, ses cicatrices dissimulées derrière son sourire rayonnant, derrière la douceur et la tendresse de ses gestes. Sa douleur si bien masquée, derrière sa prévenance et sa bienveillance. Mais aussi solaire soit-elle, ses ombres ne peuvent échapper à une créature née d’obscurité.
Le visage grave, il la regarde simplement, il imprègne dans sa mémoire, la vision d’un cœur qui saigne, de plaies qui suintent, il regarde sa douleur en face, sans faiblir, sans frémir, sans détourner les yeux. Car son corps malingre et ses épaules osseuses endurent un fardeau si proche du sien.
Ses larmes ruissellent, comme une pluie printanière, lui rappelle celle du village : enfant, il s'installait sous le porche d’un habitant et contemplait les reflets arc-en-ciel au travers des gouttes. La Déesse pleure, murmurait la vieille sorcière. Alors Gobelin s’élançait. Il dansait, criait, les bras levés vers le ciel, il voulait consoler la Déesse, lui dire que tout allait bien, qu’il était heureux, qu’elle devait sourire ! Car une part en lui espérait qu’elle pleure un peu pour lui.
A-t-il réussi à pleurer ? Quelques fois. Dans la chambre avec ses nombreux frères et soeurs, quand il rejoignait la mare où il était né, quand il avait quitté le village. Mais maintenant, son coeur est parfois aussi sec qu’un crouton de vieux pain. Il s’écrase, quand il voit les enfants partir, quand il voit les charniers, quand il voit son reflet. Mais plus aucune eau ne vient à ses yeux, les larmes n’arrivent plus à couler.
Le soulagement est difficile à trouver. Il ne trouve du répit que lorsque le soir tombe. Lorsqu’il applique sur sa peau, baumes et pommades parfumés. Qu’il applique sur sa peau et ses ongles, teintures colorées, du maquillage, pour mieux s’accepter. Quand il s’imagine ! Sous les traits d’un homme solide aux épais cheveux bruns, d’une femme à la poitrine et au ventre généreux, les hanches porteuses de vies, sous ceux graciles d’une créature éthérée au genre indéfinissable. Vies illusoires, bonheur éphémère, qui l’aident à porter le poids de sa propre carcasse.
Les longs cils de la jeune femme se parent d’étoiles ; toutes celles qui ont traversé le ciel, ont terminé leur chute au bord de ses yeux. A croire que ses prières ont été exaucées, c’est un simple mot qu’elle prononce, un mot qui suffit à sceller une promesse. Leurs yeux unis, le brun d’un désert crépusculaire rencontre pour la première fois, l’orée d’une forêt obscure, l’humidité, épouse la sécheresse d’un coeur aride.
Zeng Min la laisse s’installer à son bras, et finalement, il incline simplement la tête. Un sourire humble éclaire ses traits. Gobelin s’est enfin tu, d’un geste, il reprend la marche, la jeune femme à ses côtés. Un silence respectueux a pris place de longues minutes, toustes pensent peut-être, à leur histoire. Un groupe si hétéroclite ne peut être unie que par une cause commune. Et les larmes que Sehrazad a versées, se sont échappées de certaines prunelles. Kador écrase ses yeux du dos des doigts. Ludinael a le reniflement d’un sanglier et s’essuie sur sa manche.
Les paroles murmurées de la jeune femme surprennent Zeng Min. Ses yeux verts se braquent sur elle, alors que son cœur tressaute, dans sa cage thoracique.
La beauté.
Ce mot se plante comme un couteau, il sent son souffle s’arrêter un instant entre ses lèvres. Car ça fait mal, de sentir cette lame tourner dans une plaie qui ne s’est jamais fermée, dans ce trou béant qu’il n’arrive pas à combler. Le dégoût pour son physique se rappelle à lui, une aigreur qui lui serre le cœur et laisse sur ses papilles, une fragrance métallique.
C’est si douloureux de l’entendre. Et pourtant, cela fait tant de bien à la fois.
L’organe, dans sa cage thoracique, s’écrase. Et comme un fruit trop pressé, ses yeux le brûlent, sans que de réelles larmes ne parviennent à les mouiller. Les glandes lacrymales desséchées ne laissent qu’une traînée de sel, et ses yeux verts s’échappent de l’autre côté de ses paupières, il aimerait lui dire, que ce n’est pas elle, que le problème vient de sa propre chair. Et alors qu’il s’apprête à répondre, “j’ai crainte que vous ne vous blessiez sur mes os saillants ou mon grand nez !”, elle l’invite au silence d’un geste malicieux.
Docilement, Zeng se tait. Touché cette fois, il ne parvient pas à soutenir son regard et baisse les yeux face à elle. Cette femme est d’une telle force, elle est océan, elle est ras de marée, ses mots viennent de vaincre toutes les barrières qu’il a l’habitude de dresser.
D’ailleurs, son trouble se trahit probablement par ses mains plus moites, son front déjà en sueurs et le battement rapide des paupières, qui ne suffit pas à ce que les brûlures de ses prunelles ne s’apaisent. Heureusement, elle s’écarte et Gobelin la laisse se dégager, profitant de cet instant pour se reprendre.
Gobelin lève les yeux vers le ciel, Déesse, pourquoi avoir mis sur sa route une personne d’une telle gentillesse ? L’espoir revient naître, dans sa cage thoracique, c’est comme une fleur, qui prend racines dans les cicatrices, qui se nourrit de peines, pour s’ouvrir. Qu’il soit beau, bien, humain, l’est-il vraiment ? Et quelque chose de plus sournois ronge les racines, ça le bouffe de l’intérieur, c’est sa haine, sa haine pour ce petit être dont il a vu le reflet pour la première fois dans la mare, dans cette satanée mare où sa mère l’a laissé, où il s’est vu et s’est dit, je suis moche. Gobelin dans toutes les bouches, sonnait bien mieux que “oh le vilain”, c’était devenu affectueux, c’était devenu une identité, c’était devenu le masque qu’il avait accepté d’enfiler.
Car il ne peut pas changer ce à quoi il ressemble, il a beau essayer, son ventre reste creusé, ses traits, déformés. Il a tenté d’emprisonner ses propres membres pour les rapetisser, il a même hésité à coudre le coin de ses lèvres, à se cogner la tête, pour qu’elle soit moins grosse ! Mais la peur de la douleur l’a sans cesse freiné. Gobelin continue d’éviter les miroirs et les surfaces où il pourrait s’observer.
Son pas s’accélère et finalement, il court un peu dans les dunes, il rit et danse, il ne veut plus penser à tout ça.
La jeune femme approche de Gael et l’homme taciturne ralentit simplement le pas jusqu’à s’arrêter. Il l’interroge du regard, les enfants près de lui, observent la jeune femme avec de grands yeux curieux, qui s’écarquillent à la vue de l’animal extraordinaire.
_ Ib-tek ? Répète un enfant.
_ Bifteck ! Affirme un autre.
_ T’as rien compris c’est Ibtekeuh ! Hein m’dame on dit Ibtek ?
Voilà que la petite poignée de marmots s’agglutine autour de la jeune femme, sous le regard du guerrier. Il croise ses bras solides sur son torse et écarquille les paupières avec admiration quand l’animal se redresse. Les enfants ont poussé un cri, s’accrochent comme ils peuvent puis éclatent de rire, Gael ne paraît plus si grand, maintenant qu’ils sont perchés !
_ … Il est obéissant. Est-ce le vôtre ? Demande Gael, s’adressant pour la première fois à elle. Sa voix est particulièrement douce, bien que très grave ; comme toujours essoufflée. Et peut-être est-ce le cas : le sable et la chaleur sont pénibles à supporter. A sa réponse, il hoche simplement la tête. Peut-être sent-elle qu’il a l’envie de l’interroger sur l’animal, mais d’une timidité étonnante, l’homme préfère se remettre en marche, surveillant les enfants d’une oeillade inquiète. Mais les jeunes semblent prendre garde à leurs mouvements.
A l’approche de Sehrazad, Lazur se recule d’un pas, imposant toujours une distance d’un bon mètre. Son murmure le fait sursauter, comme les chats sauvages lorsqu’une main s’égare sur leur pelage ; pour autant, il ne se détourne pas. Il incline humblement la tête une nouvelle fois, la nuque écrasée d’un poids qu’il ne formule pas. Sous son vêtement ample, se laissent percevoir ses bras soigneusement bandés.
_ Je vous remercie pour votre sollicitude. Ces blessures sont anciennes. Elles ne peuvent plus être guéries, à présent.
Il répond. Sa voix se veut posée et mesurée. A l’oreille, elle est comme la caresse d’un vent chaud, au crépuscule, celui qui soupire sur les dunes, chassant au loin l’ardeur d’un soleil trop rayonnant. Il y a une certaine tristesse, dans ses yeux baissés, dans cette main qui frotte songeusement son poignet pansé.
_ Elles datent d’il y a plusieurs années. Elles sont profondes et restent douloureuses.
Sa main raffermit son emprise.
_ … Je suis malade, peut-être vaut-il mieux éviter que… que vous ne me touchiez…
Sa voix tremble franchement, cette fois. Ses paupières se sont fermées, ses sourcils se sont froncés, comme si prononcer ces mots lui faisait mal. D’ailleurs, il a comme craché, et d’un geste involontaire, essuie le coin de son visage du dos de sa main.
Le voile dévoile un instant, tuméfactions anciennes, d’une peau rongée.
Et peut-être que Sehrazad a déjà croisé ce regard azur, ces blessures, peut-être a-t-elle déjà tenté, de soigner ce village rongé d’un mal encore méconnu.
Il était une fois, l’histoire d’un garçon né au fond d’une mare.
Sa mère l’a laissé là, en proie au froid et aux esprits des bois. A-t-elle pris peur, face à cette tête énorme et ses membres maigres ? A-t-elle été dérangée par ses cris et ses coups de pied ? A-t-elle seulement désiré, ce ver qu’elle a abandonné dans la vase, ce parasite qu’elle a rejeté ? L’avait-elle seulement aimé, cet être étrange et vagissant ?
Il était si vilain que les bêtes elles-mêmes ne l’ont pas dévoré. Le premier qui l’a approché était un enfant à la vue défaillante, une fille dont les yeux voilés ne s’effrayaient plus de ce que les ombres pouvaient dissimuler. Guidée par ses cris, c’est elle qui l’a ramassé et ramené à la grand-mère, la Sorcière, qu’on l’appelait. Elle était dure, abattant son balai sur les fesses des enfants, mais aimante, assez pour coudre des vêtements et offrir un gîte à tous les gamins que personne ne voulait.
Le garçon survécut aux premiers hivers, blotti entre ses frères et soeurs, c’est avec eux qu’il fit ses premiers pas, avant de courir dans les rues du village voisin. Volant pour se nourrir, surgissant dans les demeures, chassé à coups de pieds ou de cris, l’on ne le détestait pas pourtant, car le morveux à la tête difforme avait un rire, que tous appréciaient. On s’inquiétait de ne pas l’entendre, et lorsqu’il traînait les pieds ou attendait, on lui offrait une coupelle de riz, un linge sur les épaules.
Il y avait eu du rejet, mais aussi, beaucoup d’amour, de tolérance et d’acceptation, un nom lui fut donné, un nom qu’on appelait, qu’on criait, Tu es là, tu es là Gobelin, ça fait plaisir de te voir, Gobelin, fais attention Gobelin, à bientôt Gobelin ! Et Gobelin aime raconter cette histoire, pour l’espoir qu’elle apporte, il ne veut se souvenir, que du bien qui a été fait, il veut oublier le rejet, les insultes, les coups, le désespoir.
Il veut oublier, jusqu’à voir les yeux de la jeune femme se noyer. L’humidité monte, jusqu’à la submerger, jusqu’à déborder, par gouttes énormes, elles s’échappent le long de ses joues. Sous les rayons du soleil, luit l’iridescence, magnifique, elle l’est même en pleurant. Les mains serrées contre son coeur déchiré, elle pleure et chaque goutte, Zeng Min a l’envie de les recueillir, de les effacer ; il ne bouge pas et les laisse couler.
Si son visage porte les stigmates, celles de la jeune femme sont invisibles, ses cicatrices dissimulées derrière son sourire rayonnant, derrière la douceur et la tendresse de ses gestes. Sa douleur si bien masquée, derrière sa prévenance et sa bienveillance. Mais aussi solaire soit-elle, ses ombres ne peuvent échapper à une créature née d’obscurité.
Le visage grave, il la regarde simplement, il imprègne dans sa mémoire, la vision d’un cœur qui saigne, de plaies qui suintent, il regarde sa douleur en face, sans faiblir, sans frémir, sans détourner les yeux. Car son corps malingre et ses épaules osseuses endurent un fardeau si proche du sien.
Ses larmes ruissellent, comme une pluie printanière, lui rappelle celle du village : enfant, il s'installait sous le porche d’un habitant et contemplait les reflets arc-en-ciel au travers des gouttes. La Déesse pleure, murmurait la vieille sorcière. Alors Gobelin s’élançait. Il dansait, criait, les bras levés vers le ciel, il voulait consoler la Déesse, lui dire que tout allait bien, qu’il était heureux, qu’elle devait sourire ! Car une part en lui espérait qu’elle pleure un peu pour lui.
A-t-il réussi à pleurer ? Quelques fois. Dans la chambre avec ses nombreux frères et soeurs, quand il rejoignait la mare où il était né, quand il avait quitté le village. Mais maintenant, son coeur est parfois aussi sec qu’un crouton de vieux pain. Il s’écrase, quand il voit les enfants partir, quand il voit les charniers, quand il voit son reflet. Mais plus aucune eau ne vient à ses yeux, les larmes n’arrivent plus à couler.
Le soulagement est difficile à trouver. Il ne trouve du répit que lorsque le soir tombe. Lorsqu’il applique sur sa peau, baumes et pommades parfumés. Qu’il applique sur sa peau et ses ongles, teintures colorées, du maquillage, pour mieux s’accepter. Quand il s’imagine ! Sous les traits d’un homme solide aux épais cheveux bruns, d’une femme à la poitrine et au ventre généreux, les hanches porteuses de vies, sous ceux graciles d’une créature éthérée au genre indéfinissable. Vies illusoires, bonheur éphémère, qui l’aident à porter le poids de sa propre carcasse.
Les longs cils de la jeune femme se parent d’étoiles ; toutes celles qui ont traversé le ciel, ont terminé leur chute au bord de ses yeux. A croire que ses prières ont été exaucées, c’est un simple mot qu’elle prononce, un mot qui suffit à sceller une promesse. Leurs yeux unis, le brun d’un désert crépusculaire rencontre pour la première fois, l’orée d’une forêt obscure, l’humidité, épouse la sécheresse d’un coeur aride.
Zeng Min la laisse s’installer à son bras, et finalement, il incline simplement la tête. Un sourire humble éclaire ses traits. Gobelin s’est enfin tu, d’un geste, il reprend la marche, la jeune femme à ses côtés. Un silence respectueux a pris place de longues minutes, toustes pensent peut-être, à leur histoire. Un groupe si hétéroclite ne peut être unie que par une cause commune. Et les larmes que Sehrazad a versées, se sont échappées de certaines prunelles. Kador écrase ses yeux du dos des doigts. Ludinael a le reniflement d’un sanglier et s’essuie sur sa manche.
Les paroles murmurées de la jeune femme surprennent Zeng Min. Ses yeux verts se braquent sur elle, alors que son cœur tressaute, dans sa cage thoracique.
La beauté.
Ce mot se plante comme un couteau, il sent son souffle s’arrêter un instant entre ses lèvres. Car ça fait mal, de sentir cette lame tourner dans une plaie qui ne s’est jamais fermée, dans ce trou béant qu’il n’arrive pas à combler. Le dégoût pour son physique se rappelle à lui, une aigreur qui lui serre le cœur et laisse sur ses papilles, une fragrance métallique.
C’est si douloureux de l’entendre. Et pourtant, cela fait tant de bien à la fois.
L’organe, dans sa cage thoracique, s’écrase. Et comme un fruit trop pressé, ses yeux le brûlent, sans que de réelles larmes ne parviennent à les mouiller. Les glandes lacrymales desséchées ne laissent qu’une traînée de sel, et ses yeux verts s’échappent de l’autre côté de ses paupières, il aimerait lui dire, que ce n’est pas elle, que le problème vient de sa propre chair. Et alors qu’il s’apprête à répondre, “j’ai crainte que vous ne vous blessiez sur mes os saillants ou mon grand nez !”, elle l’invite au silence d’un geste malicieux.
Docilement, Zeng se tait. Touché cette fois, il ne parvient pas à soutenir son regard et baisse les yeux face à elle. Cette femme est d’une telle force, elle est océan, elle est ras de marée, ses mots viennent de vaincre toutes les barrières qu’il a l’habitude de dresser.
D’ailleurs, son trouble se trahit probablement par ses mains plus moites, son front déjà en sueurs et le battement rapide des paupières, qui ne suffit pas à ce que les brûlures de ses prunelles ne s’apaisent. Heureusement, elle s’écarte et Gobelin la laisse se dégager, profitant de cet instant pour se reprendre.
Gobelin lève les yeux vers le ciel, Déesse, pourquoi avoir mis sur sa route une personne d’une telle gentillesse ? L’espoir revient naître, dans sa cage thoracique, c’est comme une fleur, qui prend racines dans les cicatrices, qui se nourrit de peines, pour s’ouvrir. Qu’il soit beau, bien, humain, l’est-il vraiment ? Et quelque chose de plus sournois ronge les racines, ça le bouffe de l’intérieur, c’est sa haine, sa haine pour ce petit être dont il a vu le reflet pour la première fois dans la mare, dans cette satanée mare où sa mère l’a laissé, où il s’est vu et s’est dit, je suis moche. Gobelin dans toutes les bouches, sonnait bien mieux que “oh le vilain”, c’était devenu affectueux, c’était devenu une identité, c’était devenu le masque qu’il avait accepté d’enfiler.
Car il ne peut pas changer ce à quoi il ressemble, il a beau essayer, son ventre reste creusé, ses traits, déformés. Il a tenté d’emprisonner ses propres membres pour les rapetisser, il a même hésité à coudre le coin de ses lèvres, à se cogner la tête, pour qu’elle soit moins grosse ! Mais la peur de la douleur l’a sans cesse freiné. Gobelin continue d’éviter les miroirs et les surfaces où il pourrait s’observer.
Son pas s’accélère et finalement, il court un peu dans les dunes, il rit et danse, il ne veut plus penser à tout ça.
La jeune femme approche de Gael et l’homme taciturne ralentit simplement le pas jusqu’à s’arrêter. Il l’interroge du regard, les enfants près de lui, observent la jeune femme avec de grands yeux curieux, qui s’écarquillent à la vue de l’animal extraordinaire.
_ Ib-tek ? Répète un enfant.
_ Bifteck ! Affirme un autre.
_ T’as rien compris c’est Ibtekeuh ! Hein m’dame on dit Ibtek ?
Voilà que la petite poignée de marmots s’agglutine autour de la jeune femme, sous le regard du guerrier. Il croise ses bras solides sur son torse et écarquille les paupières avec admiration quand l’animal se redresse. Les enfants ont poussé un cri, s’accrochent comme ils peuvent puis éclatent de rire, Gael ne paraît plus si grand, maintenant qu’ils sont perchés !
_ … Il est obéissant. Est-ce le vôtre ? Demande Gael, s’adressant pour la première fois à elle. Sa voix est particulièrement douce, bien que très grave ; comme toujours essoufflée. Et peut-être est-ce le cas : le sable et la chaleur sont pénibles à supporter. A sa réponse, il hoche simplement la tête. Peut-être sent-elle qu’il a l’envie de l’interroger sur l’animal, mais d’une timidité étonnante, l’homme préfère se remettre en marche, surveillant les enfants d’une oeillade inquiète. Mais les jeunes semblent prendre garde à leurs mouvements.
A l’approche de Sehrazad, Lazur se recule d’un pas, imposant toujours une distance d’un bon mètre. Son murmure le fait sursauter, comme les chats sauvages lorsqu’une main s’égare sur leur pelage ; pour autant, il ne se détourne pas. Il incline humblement la tête une nouvelle fois, la nuque écrasée d’un poids qu’il ne formule pas. Sous son vêtement ample, se laissent percevoir ses bras soigneusement bandés.
_ Je vous remercie pour votre sollicitude. Ces blessures sont anciennes. Elles ne peuvent plus être guéries, à présent.
Il répond. Sa voix se veut posée et mesurée. A l’oreille, elle est comme la caresse d’un vent chaud, au crépuscule, celui qui soupire sur les dunes, chassant au loin l’ardeur d’un soleil trop rayonnant. Il y a une certaine tristesse, dans ses yeux baissés, dans cette main qui frotte songeusement son poignet pansé.
_ Elles datent d’il y a plusieurs années. Elles sont profondes et restent douloureuses.
Sa main raffermit son emprise.
_ … Je suis malade, peut-être vaut-il mieux éviter que… que vous ne me touchiez…
Sa voix tremble franchement, cette fois. Ses paupières se sont fermées, ses sourcils se sont froncés, comme si prononcer ces mots lui faisait mal. D’ailleurs, il a comme craché, et d’un geste involontaire, essuie le coin de son visage du dos de sa main.
Le voile dévoile un instant, tuméfactions anciennes, d’une peau rongée.
Et peut-être que Sehrazad a déjà croisé ce regard azur, ces blessures, peut-être a-t-elle déjà tenté, de soigner ce village rongé d’un mal encore méconnu.
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FIEF D'HELVAR / ROYAUME DU PHARON
THE EVERLASTING SILENCE OF THANATOS
ADAM x ARIAN
Ils s'étaient mis en route quasiment aussitôt qu'Adam était arrivé au QG de l'Ordre. Quoi de mieux que l'enfant des dirigeants du fief pour servir de guide. Le rouquin n'aurait pas pensé revenir ici aussi vite et surtout, faire la mission en compagnie de la même personne qui l'avait aidé plus tôt. Une femme de nord qui ne faisait pas bon de contrarier. Au sein des chevaliers, elle possédait un grade élevé. La justice allait être avec les Helvar.
Après plusieurs jours de chevauchée, le paysage commençait à changer. Le sol rocailleux était petit à petit remplacé par du sable à perte de vue. La chaleur grimpait drastiquement, bien qu'elle était moindre qu'au cœur même du Royaume. Pour les personnes non habituées à cela, ils devaient déjà certainement souffrir de la température actuelle. Dans l'ensemble, le trajet se faisait relativement dans le calme. C'était surtout lorsque groupe décidait de faire une pause, que la conversation s'engageait. Alors un soir, du mieux qu'il le pouvait, Adam répondait aux différentes questions concernant la mission.
Il semblerait que les bandits aient élu domicile vers le Nord-ouest du fief, proche de la mer, au cœur de ruines d'un ancien village. Il s'agit du moins, de l'information la plus récente. Quelle méthode souhaitez-vous entreprendre dame Arianrhord ? Il existe deux voies pour arriver là-bas.
Sur un bout de papier, il avait vaguement dessiné le territoire des Helvar et deux chemins à emprunter afin d'arriver jusqu'au repaire des malfrats. Il était scribe et non cartographe.
Le premier... il pointait le tracé correspondant. Est certes le plus court, mais pas forcément le plus avantageux pour nous. Il s'agissait autrefois d'une route commerciale. Néanmoins, lorsque le pharaon offrit les terres à Ivankov Babel, de moins en moins de personnes se mirent à utiliser cette route. À présent, elle est aussi jonchée de multiples dunes de sable.
Il ne le disait pas à voix haute, mais il fallait se douter qu'il s'agît maintenant d'un véritable nid à monstres et autres dangerosités. Le groupe de chevaliers l'accompagnant l'avait compris très certainement et si ce n'était pas le cas, alors la capitaine brillerait par ses réflexions. Le scribe montrait alors le deuxième tracé sur le bout de papier.
Et voici le deuxième chemin. Le plus long, il nous faut contourner l'ancienne route commerciale et prendre après la direction de l'oasis. Grâce aux pavés construits, elle reste la plus praticable et évidemment la plus sécurisée. Dans les deux cas, nous devrions arriver sur les lieux en milieu de journée demain si tout se passe bien.
Il laissait alors la justice réfléchir à tout cela, lui donnant volontiers la carte de fortune. Il n'était qu'un guide. Elle était la décisionnaire.
Voilà qui fut une surprise assez particulière. Alors que je travaillais dans mon bureau, ne m’occupant que de mes affaires, je reçois une lettre d’un de mes supérieurs avec attaché une seconde lettre. Et pour ne pas les répéter, j’ai reçu une mission, des ordres et l’origine de ceux-ci. Le Duc et la Duchesse Helvar, des noms fort familier, ont demandé de l’aide pour s’occuper d’un groupe de criminel. Des bandits qui seraient selon la famille Helvar sous les ordres d’Othello Iskar. Je voyais clairement pourquoi on m’envoyait là-bas.
Non seulement c’était pour juste représenté la justice et agir dans les intérêts de l’Ordre, mais aussi pour mener une enquête. Une accusation vaine sans preuve, j’allais devoir donc trouver des preuves de l’inculpation d’Othello Iskar à ce groupe criminel, ou découvrir pourquoi la famille Helvar cherche spécifiquement à s’attaquer à lui par ce moyen-là.
Rassemblant des troupes et nos armes, je prépare rapidement une équipe pour cette expédition, préparant correctement mes soldats pour partir dans un désert. J’évite de leur faire porter des armures trop lourdes sur le coup, sinon ils ne seront pas en état de se battre si on se prend une tempête de sable ou quelque chose de similaire sur le chemin. Notre équipe est alors récupérée par un visage familier, le scribe que j’ai été des jours auparavant, Adam… Curieuse coïncidence. C’est l’ordre qui m’a choisi pour ce rôle, mais je retombe sur Adam. Ils ont dû entendre parler de ma journée avec lui ici et ont du penser que j’étais la personne la plus apte à aider ou sympathisé avec lui.
Après plusieurs jours de trajet, notre groupe arriva doucement vers sa destination, personne ne disait mot sur le voyage, l’équipe se prépara en silence ou préférait justement ce silence à une discussion en voyage. J’avais bien fait de préparer mon équipe et venir sans ma cape, s'ils étaient tous en armure lourd et côté de maille, on aurait bien pu avoir un mort avant le combat. Ce qui aurait été inacceptable.
Une fois à l'arrêt, une discussion pour un plan stratégique se lança. Adam déposa les pions sur le terrain d’échec et expliqua la suite. Domicile dans le Nord-Ouest du fief. Proche de la mer et au cœur des ruines. Adam semblait presque excité par ce voyage vu comment il me demandait déjà quelle méthode j’allais utiliser. Je ne réponds rien à la question et préfère regarder ce qu’il dessinait sur le papier.
Deux routes s’ouvraient face à nous. La première était courte, mais dangereuse. Une route commerciale qui n’est plus utilisée. Dangereuse et abandonnée, elle est entourée de dunes. Avec un chemin pareil, on risquait fortement de tomber sur des monstres, mais aussi de prendre par surprise les bandits. Sauf que j’avais une autre idée bien en tête.
Le deuxième chemin était un contour de l’ancienne route commerciale. Un voyage plus sécurisé, plus tranquille et plus praticable selon Adam. Selon lui, dans les deux cas, nous devrions arriver en même temps. Donc le choix de la route ne compliquait pas le temps du voyage, seulement la direction qu’on prenait et ce qu’on y croisait. Alors que je cherche une solution et réponse, je réponds doucement une chose qui me vient à l’esprit.
- « J’avoue que j’ai toujours voulu tremper dans une oasis. »
Je ne devais pas juste penser à ce qu’Adam me disait, mais aussi l’état de mes hommes et le résultat du voyage. La différence avec le reste de notre groupe, c’est que je ne voyais pas ça comme une mission, mais une chasse. Il fallait traquer l’animal jusque dans sa tanière. Je croise les bras en me relevant
- « Scribe Adam, dites-moi plus sur ce groupe de bandit. Qu’est-ce qu’ils attaquent et où ils attaquent ? Je veux que vous me parliez un maximum de ce que vous savez sur eux. S'ils sont ordonnés par cette fameuse personne, ils doivent avoir une méthode d’action précise, ou bien une cible particulière. Dites-moi tout ce que vous savez sur ce groupe. Je ne peux pas chasser si je ne connais pas ma proie. Parlez-moi aussi des personnes qui ont parlé et rapporté au Duc l’existence de ce groupe de bandit. »
Une chasse n’est pas un simple jeu d’esprit pour savoir qui est le plus malin ou le plus rusé. Non, une chasse n’est pas un jeu. Lors d’une chasse, le prédateur agit rapidement et s’assure de laisser sa proie agir le plus, mais uniquement le maximum d’action inutile. C’est ça l’essence d’une chasse. Ne pas laisser la proie avoir le temps de réagir ou d’agir envers nous. Un prédateur s’assure de toujours dominer ce qu’il se passe. Même si c’est au milieu du territoire ennemi.
La chasse sera plus complexe que prévu. Nous manquons d’énormément d’information sur les proies. Je viens donc poser des questions à la personne probablement le plus informé du groupe. Adam, le scribe qui nous accompagnait. La série de questions fut simple et rapide. Tout ce qu’il sait sur ce qu’on chasse. Toutes les informations seront utiles. Nos proies chassent de la nourriture, de l’eau, mais aussi autre chose. Les femmes disparaissent sans raison. Je pouvais déjà imaginer la réponse. Nous devrons peut-être nous attendre à des meat-shield une fois chez eux.
La nouvelle qui m’intéressa le plus était la capture d’un brigand. Othello serait sorti de ses lèvres… D’accord. Je vois ce qui était joué sur le moment. Cependant, un nom n’était pas une preuve. Je me frotte doucement les mains en décidant que j’en apprendrais largement plus sur place. La capture du brigand allait compliquer la tâche. Largement plus. Les proies ont perdu l’un dès leur et donc seront plus défensifs… Ou bien plus enrager. L’un n’empêchait pas l’autre.
Le scribe me regarde, disant que la vie dans le Royaume n’était pas facile, surtout loin des villes. L’oasis était donc un point de rencontre important pour tout le monde. D’accord, comme un animal, le point d’eau était une zone importante… Sauf que contrairement au peuple animal, ce n’était pas une zone neutre… Voilà qui sera utile si on veut attirer un piège.
Il m’explique alors que sa famille a toujours fait en sorte de sortir les ressources nécessaires pour leur peuple. J'hausse un sourcil en cherchant sur le moment l’utilité de son commentaire. Il me demanda alors s'il avait répondu à toutes mes questions. Je fixe un léger moment le garçon, me demandant quel était le sens derrière cette question.
- « Pas toutes. Mais vous avez répondu à celle que je voulais. Nous partirons vers l’Oasis. Il est inutile de nous risquer à un danger supplémentaire et avec de la chance, ils nous attaqueront une fois à l’oasis. »
Je fais deux pas dans une direction, avant de me retourner vers le jeune homme.
- « Mais laissez-moi vous donnez une très simple leçon, Adam. Premièrement, le simple fait qu’Othello a été donné comme nom par un brigand ne prouve rien. Ils auraient pu donner le mien, ça ne prouverait rien aussi. Nous aurons des preuves de l’implication de cette personne sur place. Mais en attendant, ce n’est pas lui notre cible. »
Je marche alors vers le chariot, remettant en place un de mes gants. « Et ensuite. Votre famille a fait en sorte d’offrir les ressources nécessaires, oui. Mais il a été stupide que vous ne protégiez pas la ressource la plus importante. Le peuple. J’ai été envoyé ici pour chasser des brigands, pas pour vous dire cela. Remontez dans le chariot, nous avons à faire. »
Je monte sur le chariot et m’adresse aux soldats.
- « Soldat ! Direction l’Oasis. Nous mangerons et passerons la nuit là-bas. Une fois au matin, nous partirons vers la ville des brigands. Nous n’avons pas de temps à perdre. »
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The everlasting silence of Thanatos
- Spoiler:
- "À l'intention du général en chef de l'Ordre des Chevaliers.
Voilà plusieurs semaines maintenant que des bandits sévissent au sein de notre fief, ravageant nos terres et n'hésitant pas à piller les habitants. D'après nos derniers renseignements, ils seraient sous les ordres d'un certain nordien répondant au nom d'Othello Iskar, dont le passif n'est plus à faire.
Nous espérons, pour une paix nouvelle et durable que les malfrats seront stoppés et sans créer d'incident diplomatique entre le Royaume du Pharaon et du Domaine de North Odin.
Le fief Helvar s'engage à vous payer gracieusement pour l'accomplissement de cette mission. Nous avons fait appel à une personne digne de confiance pour être votre guide sur ces terres ensablées.
Nous vous envoyons nos sincères salutations,
de la part du Duc et de la Duchesse Helvar."
Ils s'étaient mis en route quasiment aussitôt qu'Adam était arrivé au QG de l'Ordre. Quoi de mieux que l'enfant des dirigeants du fief pour servir de guide. Le rouquin n'aurait pas pensé revenir ici aussi vite et surtout, faire la mission en compagnie de la même personne qui l'avait aidé plus tôt. Une femme de nord qui ne faisait pas bon de contrarier. Au sein des chevaliers, elle possédait un grade élevé. La justice allait être avec les Helvar.
Après plusieurs jours de chevauchée, le paysage commençait à changer. Le sol rocailleux était petit à petit remplacé par du sable à perte de vue. La chaleur grimpait drastiquement, bien qu'elle était moindre qu'au cœur même du Royaume. Pour les personnes non habituées à cela, ils devaient déjà certainement souffrir de la température actuelle. Dans l'ensemble, le trajet se faisait relativement dans le calme. C'était surtout lorsque groupe décidait de faire une pause, que la conversation s'engageait. Alors un soir, du mieux qu'il le pouvait, Adam répondait aux différentes questions concernant la mission.
Il semblerait que les bandits aient élu domicile vers le Nord-ouest du fief, proche de la mer, au cœur de ruines d'un ancien village. Il s'agit du moins, de l'information la plus récente. Quelle méthode souhaitez-vous entreprendre dame Arianrhord ? Il existe deux voies pour arriver là-bas.
Sur un bout de papier, il avait vaguement dessiné le territoire des Helvar et deux chemins à emprunter afin d'arriver jusqu'au repaire des malfrats. Il était scribe et non cartographe.
Le premier... il pointait le tracé correspondant. Est certes le plus court, mais pas forcément le plus avantageux pour nous. Il s'agissait autrefois d'une route commerciale. Néanmoins, lorsque le pharaon offrit les terres à Ivankov Babel, de moins en moins de personnes se mirent à utiliser cette route. À présent, elle est aussi jonchée de multiples dunes de sable.
Il ne le disait pas à voix haute, mais il fallait se douter qu'il s'agît maintenant d'un véritable nid à monstres et autres dangerosités. Le groupe de chevaliers l'accompagnant l'avait compris très certainement et si ce n'était pas le cas, alors la capitaine brillerait par ses réflexions. Le scribe montrait alors le deuxième tracé sur le bout de papier.
Et voici le deuxième chemin. Le plus long, il nous faut contourner l'ancienne route commerciale et prendre après la direction de l'oasis. Grâce aux pavés construits, elle reste la plus praticable et évidemment la plus sécurisée. Dans les deux cas, nous devrions arriver sur les lieux en milieu de journée demain si tout se passe bien.
Il laissait alors la justice réfléchir à tout cela, lui donnant volontiers la carte de fortune. Il n'était qu'un guide. Elle était la décisionnaire.
Arianrhod Adam Fief Helvar
Voilà qui fut une surprise assez particulière. Alors que je travaillais dans mon bureau, ne m’occupant que de mes affaires, je reçois une lettre d’un de mes supérieurs avec attaché une seconde lettre. Et pour ne pas les répéter, j’ai reçu une mission, des ordres et l’origine de ceux-ci. Le Duc et la Duchesse Helvar, des noms fort familier, ont demandé de l’aide pour s’occuper d’un groupe de criminel. Des bandits qui seraient selon la famille Helvar sous les ordres d’Othello Iskar. Je voyais clairement pourquoi on m’envoyait là-bas.
Non seulement c’était pour juste représenté la justice et agir dans les intérêts de l’Ordre, mais aussi pour mener une enquête. Une accusation vaine sans preuve, j’allais devoir donc trouver des preuves de l’inculpation d’Othello Iskar à ce groupe criminel, ou découvrir pourquoi la famille Helvar cherche spécifiquement à s’attaquer à lui par ce moyen-là.
Rassemblant des troupes et nos armes, je prépare rapidement une équipe pour cette expédition, préparant correctement mes soldats pour partir dans un désert. J’évite de leur faire porter des armures trop lourdes sur le coup, sinon ils ne seront pas en état de se battre si on se prend une tempête de sable ou quelque chose de similaire sur le chemin. Notre équipe est alors récupérée par un visage familier, le scribe que j’ai été des jours auparavant, Adam… Curieuse coïncidence. C’est l’ordre qui m’a choisi pour ce rôle, mais je retombe sur Adam. Ils ont dû entendre parler de ma journée avec lui ici et ont du penser que j’étais la personne la plus apte à aider ou sympathisé avec lui.
Après plusieurs jours de trajet, notre groupe arriva doucement vers sa destination, personne ne disait mot sur le voyage, l’équipe se prépara en silence ou préférait justement ce silence à une discussion en voyage. J’avais bien fait de préparer mon équipe et venir sans ma cape, s'ils étaient tous en armure lourd et côté de maille, on aurait bien pu avoir un mort avant le combat. Ce qui aurait été inacceptable.
Une fois à l'arrêt, une discussion pour un plan stratégique se lança. Adam déposa les pions sur le terrain d’échec et expliqua la suite. Domicile dans le Nord-Ouest du fief. Proche de la mer et au cœur des ruines. Adam semblait presque excité par ce voyage vu comment il me demandait déjà quelle méthode j’allais utiliser. Je ne réponds rien à la question et préfère regarder ce qu’il dessinait sur le papier.
Deux routes s’ouvraient face à nous. La première était courte, mais dangereuse. Une route commerciale qui n’est plus utilisée. Dangereuse et abandonnée, elle est entourée de dunes. Avec un chemin pareil, on risquait fortement de tomber sur des monstres, mais aussi de prendre par surprise les bandits. Sauf que j’avais une autre idée bien en tête.
Le deuxième chemin était un contour de l’ancienne route commerciale. Un voyage plus sécurisé, plus tranquille et plus praticable selon Adam. Selon lui, dans les deux cas, nous devrions arriver en même temps. Donc le choix de la route ne compliquait pas le temps du voyage, seulement la direction qu’on prenait et ce qu’on y croisait. Alors que je cherche une solution et réponse, je réponds doucement une chose qui me vient à l’esprit.
- « J’avoue que j’ai toujours voulu tremper dans une oasis. »
Je ne devais pas juste penser à ce qu’Adam me disait, mais aussi l’état de mes hommes et le résultat du voyage. La différence avec le reste de notre groupe, c’est que je ne voyais pas ça comme une mission, mais une chasse. Il fallait traquer l’animal jusque dans sa tanière. Je croise les bras en me relevant
- « Scribe Adam, dites-moi plus sur ce groupe de bandit. Qu’est-ce qu’ils attaquent et où ils attaquent ? Je veux que vous me parliez un maximum de ce que vous savez sur eux. S'ils sont ordonnés par cette fameuse personne, ils doivent avoir une méthode d’action précise, ou bien une cible particulière. Dites-moi tout ce que vous savez sur ce groupe. Je ne peux pas chasser si je ne connais pas ma proie. Parlez-moi aussi des personnes qui ont parlé et rapporté au Duc l’existence de ce groupe de bandit. »
Une chasse n’est pas un simple jeu d’esprit pour savoir qui est le plus malin ou le plus rusé. Non, une chasse n’est pas un jeu. Lors d’une chasse, le prédateur agit rapidement et s’assure de laisser sa proie agir le plus, mais uniquement le maximum d’action inutile. C’est ça l’essence d’une chasse. Ne pas laisser la proie avoir le temps de réagir ou d’agir envers nous. Un prédateur s’assure de toujours dominer ce qu’il se passe. Même si c’est au milieu du territoire ennemi.
The everlasting silence of Thanatos
Excité à l'idée de retourner sur les terres du Royaume du Pharaon et de nouveau, braver cette chaleur étouffante ? Non, il s'agissait même du contraire. Néanmoins, il lui restait de la famille avec qui Adam entretenait de bonnes relations et ce souverain qui avait tant fait pour lui. Alors, oui il prenait sur lui et accompagnait les quelques chevaliers et la capitaine. On l'avait choisi lui plutôt qu'un autre par ce qu'il était - à savoir l'enfant du couple Helvar -, mais surtout, car le duc avait dû juger que le rouquin serait tout à fait capable de mener à bien sa mission.
Néanmoins, il ne pouvait pas nier le fait que d'arpenter le continent avec un but en tête et en compagnie de vaillants soldats faisaient son effet. Une certaine liberté qu'il n'aurait jamais pensé réellement connaître s'il était resté coincé entre ces dunes de sable. Il lui fallait juste faire attention de ne pas s'interposer devant l'ennemi. Car, bien qu'armé de sa lance, il était un piètre combattant comparé à son frère Piers. De plus, là n'était pas ce qu'on lui demandait de faire. La justice ne lui permettrait pas - encore heureux -.
La situation exposée à la capitaine, Adam l'écoutait attentivement lui répondre. Elle lui posait moult question qui le déstabilisait quelque peu l'espace d'un instant. Des interrogations totalement légitimes, mais le mot chasse avait le don de lui hérisser le poil. Remettant de l'ordre dans son esprit, le rouquin reprenait la parole en se voulant le plus précis possible. Heureusement, ses parents lui avaient écrit une lettre avant d'envoyer l'autre au QG des chevaliers.
De ce que je sais par un échange de lettres bref de mes parents, les bandits viennent piller les habitations aux alentours de ce qui semble être leur repaire. En général, cela est surtout des vivres et de l'eau. Autant dire, des ressources importantes pour les villageois. Mais il est arrivé aussi que des jeunes femmes disparaissent sans raisons. À l'heure actuelle, sauf un corps ayant été retrouvé sans vie, personne ne sait ce qui est devenu de ces dames. Enfin, pour ce qui est des personnes qui ont rapporté tout cela au Duc sont des miliciens. Mon père avait d'abord jugé important de se renseigner lorsque plusieurs de ses sujets lui ont rapporté des vols en masse avec bien évidemment, des dégradations de leur habitation. Après avoir pu capturer un des brigands, il semblerait que le nom d'Othello soit celui étant sorti de sa bouche.
Il jetait un bref regard à la capitaine.
La vie dans le Royaume n'est pas des plus faciles, surtout si l'on s'éloigne des grosses villes. Les oasis sont de précieux atouts pour les habitants et il leur arrive d'être visés par des gens malhonnêtes. D'aussi loin que je m'en souviens, ma famille a toujours fait en sorte d'offrir les ressources nécessaires pour leur peuple.
Du moins, c'était ce qu'il avait retenu de son éducation. Là ou avant cela lui avait paru facile à mettre en place, à présent, Adam se doutait bien des nombreux obstacles pouvant se dresser. Et autant avouer, que son père ne pouvait que prendre cette histoire très à cœur.
Ai-je répondu à toutes vos interrogations dame Arianrhod ?
Il attendait sa réaction et surtout, savoir ce qu'elle allait choisir. Le vent frais de la nuit le faisait frissonner. Il venait donc remettre comme il faut sa cape sur lui. Peut-être devraient-ils manger avant de reprendre la route, si elle se décidait à agir maintenant.
Néanmoins, il ne pouvait pas nier le fait que d'arpenter le continent avec un but en tête et en compagnie de vaillants soldats faisaient son effet. Une certaine liberté qu'il n'aurait jamais pensé réellement connaître s'il était resté coincé entre ces dunes de sable. Il lui fallait juste faire attention de ne pas s'interposer devant l'ennemi. Car, bien qu'armé de sa lance, il était un piètre combattant comparé à son frère Piers. De plus, là n'était pas ce qu'on lui demandait de faire. La justice ne lui permettrait pas - encore heureux -.
La situation exposée à la capitaine, Adam l'écoutait attentivement lui répondre. Elle lui posait moult question qui le déstabilisait quelque peu l'espace d'un instant. Des interrogations totalement légitimes, mais le mot chasse avait le don de lui hérisser le poil. Remettant de l'ordre dans son esprit, le rouquin reprenait la parole en se voulant le plus précis possible. Heureusement, ses parents lui avaient écrit une lettre avant d'envoyer l'autre au QG des chevaliers.
De ce que je sais par un échange de lettres bref de mes parents, les bandits viennent piller les habitations aux alentours de ce qui semble être leur repaire. En général, cela est surtout des vivres et de l'eau. Autant dire, des ressources importantes pour les villageois. Mais il est arrivé aussi que des jeunes femmes disparaissent sans raisons. À l'heure actuelle, sauf un corps ayant été retrouvé sans vie, personne ne sait ce qui est devenu de ces dames. Enfin, pour ce qui est des personnes qui ont rapporté tout cela au Duc sont des miliciens. Mon père avait d'abord jugé important de se renseigner lorsque plusieurs de ses sujets lui ont rapporté des vols en masse avec bien évidemment, des dégradations de leur habitation. Après avoir pu capturer un des brigands, il semblerait que le nom d'Othello soit celui étant sorti de sa bouche.
Il jetait un bref regard à la capitaine.
La vie dans le Royaume n'est pas des plus faciles, surtout si l'on s'éloigne des grosses villes. Les oasis sont de précieux atouts pour les habitants et il leur arrive d'être visés par des gens malhonnêtes. D'aussi loin que je m'en souviens, ma famille a toujours fait en sorte d'offrir les ressources nécessaires pour leur peuple.
Du moins, c'était ce qu'il avait retenu de son éducation. Là ou avant cela lui avait paru facile à mettre en place, à présent, Adam se doutait bien des nombreux obstacles pouvant se dresser. Et autant avouer, que son père ne pouvait que prendre cette histoire très à cœur.
Ai-je répondu à toutes vos interrogations dame Arianrhod ?
Il attendait sa réaction et surtout, savoir ce qu'elle allait choisir. Le vent frais de la nuit le faisait frissonner. Il venait donc remettre comme il faut sa cape sur lui. Peut-être devraient-ils manger avant de reprendre la route, si elle se décidait à agir maintenant.
Arianrhod Adam Fief Helvar
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La chasse sera plus complexe que prévu. Nous manquons d’énormément d’information sur les proies. Je viens donc poser des questions à la personne probablement le plus informé du groupe. Adam, le scribe qui nous accompagnait. La série de questions fut simple et rapide. Tout ce qu’il sait sur ce qu’on chasse. Toutes les informations seront utiles. Nos proies chassent de la nourriture, de l’eau, mais aussi autre chose. Les femmes disparaissent sans raison. Je pouvais déjà imaginer la réponse. Nous devrons peut-être nous attendre à des meat-shield une fois chez eux.
La nouvelle qui m’intéressa le plus était la capture d’un brigand. Othello serait sorti de ses lèvres… D’accord. Je vois ce qui était joué sur le moment. Cependant, un nom n’était pas une preuve. Je me frotte doucement les mains en décidant que j’en apprendrais largement plus sur place. La capture du brigand allait compliquer la tâche. Largement plus. Les proies ont perdu l’un dès leur et donc seront plus défensifs… Ou bien plus enrager. L’un n’empêchait pas l’autre.
Le scribe me regarde, disant que la vie dans le Royaume n’était pas facile, surtout loin des villes. L’oasis était donc un point de rencontre important pour tout le monde. D’accord, comme un animal, le point d’eau était une zone importante… Sauf que contrairement au peuple animal, ce n’était pas une zone neutre… Voilà qui sera utile si on veut attirer un piège.
Il m’explique alors que sa famille a toujours fait en sorte de sortir les ressources nécessaires pour leur peuple. J'hausse un sourcil en cherchant sur le moment l’utilité de son commentaire. Il me demanda alors s'il avait répondu à toutes mes questions. Je fixe un léger moment le garçon, me demandant quel était le sens derrière cette question.
- « Pas toutes. Mais vous avez répondu à celle que je voulais. Nous partirons vers l’Oasis. Il est inutile de nous risquer à un danger supplémentaire et avec de la chance, ils nous attaqueront une fois à l’oasis. »
Je fais deux pas dans une direction, avant de me retourner vers le jeune homme.
- « Mais laissez-moi vous donnez une très simple leçon, Adam. Premièrement, le simple fait qu’Othello a été donné comme nom par un brigand ne prouve rien. Ils auraient pu donner le mien, ça ne prouverait rien aussi. Nous aurons des preuves de l’implication de cette personne sur place. Mais en attendant, ce n’est pas lui notre cible. »
Je marche alors vers le chariot, remettant en place un de mes gants. « Et ensuite. Votre famille a fait en sorte d’offrir les ressources nécessaires, oui. Mais il a été stupide que vous ne protégiez pas la ressource la plus importante. Le peuple. J’ai été envoyé ici pour chasser des brigands, pas pour vous dire cela. Remontez dans le chariot, nous avons à faire. »
Je monte sur le chariot et m’adresse aux soldats.
- « Soldat ! Direction l’Oasis. Nous mangerons et passerons la nuit là-bas. Une fois au matin, nous partirons vers la ville des brigands. Nous n’avons pas de temps à perdre. »
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ADAM x ARIAN
De la colère ? Mmmh… Alors que je m’explique, disant clairement ce qu’il se passait et le problème de la situation, Adam semblait mal le prendre. Logique, je venais de rabaisser le travail de sa famille en donnant des explications très précises et en citant chacun des problèmes. J’imagine que pour lui, ses parents ont fait le maximum, ils ont fait de leur mieux… Sauf que le mieux n’est pas assez. La preuve était là. Leur mieux a été l’ennemi du bien et à apporter un problème chez-eux, directement dans leur territoire. Le scribe ne s’opposa pas à moi et à ma parole. J’imagine que l’amertume et la méchanceté de la vérité étaient un peu trop pour lui.
J’ordonne donc à la troupe de se diriger vers l’oasis. Le voyage dans le chariot fut d’un grand silence, personne ne disait mot à part pour poser quelques questions. On dirait que certains de mes soldats étaient plus curieux qu’ils voulaient le faire croire.
…
Le voyage fut long, mais nous finissons par arriver vers l’oasis. Le voyage fut sans problème, pas d’attaque ou de menace. Nous arrivons alors à la source de l’eau, une source encore entourée de lumière. Sauf que d’aussi loin, je ne pouvais pas voir s'ils y avaient encore des personnes autour de l’oasis ou si ça avait été déserter. Une embuscade ? Nan, notre présence ne s’était pas encore faite sentir. Le scribe me prévient alors que nous devrions faire attention, ça pouvait être des alliés comme des ennemis.
- « C’est faux, mais effectivement, restons sur nos gardes. »
C’est faux, car lorsque deux inconnus se rencontrent, rien ne les force à déjà être alliés ou ennemis. Lorsque des inconnus se rencontrent, ce n’est qu’à travers un échange de jugement, point de vue et règle qu’on peut les établir comme alliés ou ennemis. Personne n’est vraiment un allié ou un ennemi… C’est simplement l’objectif d’une personne qui peut s’opposer à ce qu’on veuille ou justement se joindre à nous.
Une fois que le chariot fut plus prêt, je commence à rapidement donner mes ordres.
- « Vous deux, avec moi. Le reste, vous surveillez le chariot. Adam, vous venez. Vous êtes membre d’une famille noble qui a fait beaucoup pour le peuple. Votre présence sera avantageuse pour entamer la discussion et expliquer notre présence. »
Je descends alors du chariot avec deux autres soldats et Adam… Il était temps de savoir si on pouvait faire des inconnus là-bas nos alliés ou ennemis. Je m’avance alors d’un pas déterminé, donnant un dernier ordre.
- « Scribe Adam. S'ils viennent à notre rencontre, j’attends de vous de débuter les discussions, mais s'ils ont des questions sur la présence de l’ordre, je m’en occuperais. Si jamais la situation devient violente, nous assurerons votre protection. »
Le scribe semblait soudainement très confiant en lui-même. Son regard semblait avoir repris une certaine flamme et force de vie. Je n’ai aucune idée ce qu’il avait en tête, mais s'il était sûr de lui, ça rendra les discussions et négociations plus faciles. Je marche alors avec lui et les deux autres soldats vers les lumières de l’oasis. On pouvait vite remarquer les flammes dansantes des torches. Une tente, trois chevaux, rien d’autre. Pas de chariot… Est-ce qu’ils ont été volés ? C’est une possibilité, ou justement, ils voyagent légers pour pouvoir fuir.
Un vieillard se rapprocha alors de notre troupe, venant nous demandant en tremblant ce que nous venions faire ici. Son tremblement paraissait être aussi bien à cause de l’âge que de la peur. Il est vrai que l’ordre n’est pas encore très célèbre à travers cette région, ou même à travers le monde. Adam vient commencer la discussion, disant que nous étions en voyage vers le village le plus proche. Venant même demander si cela les dérangeait. Oui, ça allait les déranger, c’est notre devoir de nous assurer que ça ne soit pas le cas. Le vieillard en rit donc avant de trembler soudainement à cause d’une toux.
La toux invoque donc une femme, sa fille. Celle-ci s’approche pour donner à boire au vieillard. Elle nous rassure juste que le vieil homme n’est pas bien et qu’ils n’étaient que des marchands voulant profiter d’un repos bien mérité avant de partir vers Babel. C’est alors que la peur frappe en elle, la faisant tourner dans une direction. Je ne prends même pas la peine de regarder là-bas et la fixe elle. Femme seule avec son père. La trentaine. Famille de marchand. Il y avait un détail qui semblait manquer.
La femme annonce alors simplement que si nous comptions séjourner ici, un groupe de bandit s’amuse à piller argent, eau et femme. Une question m’était alors posée, je fixe du regard la dame, sans bouger plus que cela, restant parfaitement droit et apaiser.« Nous sommes ici pour nos raisons, mais je peux vous assurer que vous pourrez passer une nuit tranquille ici. Mes hommes monteront la garde à tour de rôle à travers la nuit. »
Je tourne alors le regard vers Adam, non pas pour lui parler directement, ou demander son avis… Mais pour réfléchir en le fixant. Pensait-il encore vraiment que le maître de ce fief faisait assez pour le peuple si une femme pouvait être dans un tel état en fuyant vers Babel. Je me tourne avec vers les soldats derrière nous.
- « Retourner vers le chariot, faites les venir ici. Nous installerons notre camp ici pour la nuit. Vous monterez la garde à tour de rôle. Ce groupe de civil sera sous notre protection le temps de cette nuit. »
Je me retourne à nouveau vers la femme, un regard plus sérieux, inquisiteur à vrai dire. Alors que je la figeais d’un seul regard glacial, avançant d'un pas vers elle. « Madame. Combien êtes-vous ? »La question était simple, mais claire… Il y avait un cheval en trop et pas de chariot. De plus, elle avait trop peur, bien trop peur pour une famille de marchand. Quelque chose n’était pas net. Loin de là. Je pouvais le sentir sur le moment. Je pouvais bien faire fausse route, mais je voulais savoir ce qu’elle allait dire.
THE EVERLASTING SILENCE OF THANATOS
ADAM x ARIAN
The everlasting silence of Thanatos
La décision était prise, direction l'oasis. Pour Adam et bien qu'il ne soit pas un fin stratège, lui paraissait être la meilleure optique. Le chemin était certes le plus long des deux, mais clairement le moins pénible car plus facilement praticable. La justice avait raison, autant éviter un danger supplémentaire. De plus, il était quasiment évident de retrouver les bandits une fois là-bas... Ou du moins, proche de ce point d'eau vu comme une ressource essentielle pour le peuple du Royaume du Pharaon.
La seconde d'après, ses mains venaient se crisper sur ses genoux jusqu'à ce que les jointures blanchissent et que ses ongles rentrent légèrement dans sa peau caramel. C'était avec un effort surhumain que le scribe arrivait à garder sa bouche close, et ce, malgré une colère assourdissante. Qu'on lui critique était une chose, néanmoins que l'on remettait en cause la façon de diriger de ses parents de diriger le fief était un autre. Dans un premier temps, Adam n'avait fait que rapporter les mots écrit sur papier concernant Othello, que cela soit vrai ou non, là n'était pas son problème. Et s'il avait cru bon de préciser les agissements de ses parents, il n'aurait jamais pensé se recevoir une réprimande. Qui était-elle au juste pour dire cela ? Une Nyugard, fille d'une famille prestigieuse ? Oui, et alors. Une capitaine de l'Ordre ? Certes, bien que cela ne lui autorise pas de prendre ses aises en permanence.
J’ai été envoyé ici pour chasser des brigands, pas pour vous dire cela.
En même temps, personne ne lui avait demandé de dire cela. Dans le silence le plus total, le scribe se levait afin de rejoindre le chariot. Peut-être était-il idiot de se renfermer en cet instant précis. Pour autant, il s'agissait très certainement de la façon la plus judicieuse afin de ne pas créer de conflits internes. Adam n'était qu'un simple guide dans cette histoire. La mission était sa priorité, pas de chercher à remettre en place une femme qui croit en SA justice - et de cette dame de fer, il ne connaissait pas grand-chose de sa vie -. Aussitôt, les paroles d'Arianhord prononçaient que la troupe se mettait en route. Le trajet allait être peut-être long et éprouvant pour certains. Pour le rouquin, cela serait aussi le moyen de trouver le calme intérieur.
----
HIIIiiii.
Plainte lorsque une main venait attraper violemment ses cheveux et tirer en arrière. L'homme pas bien grand et au corps maigrichon n'osait pas regarder dans les yeux, celui qui était en train de le punir. Une véritable armoire de glace lui faisait face, un ours venu tout droit des contrées enneigées de North Odin. La brindille tremblait comme une pauvre feuille, sa voix tentant de percer les grognements de son chef. Mais des excuses, Othello n'en avait cure. Les ordres avaient été pourtant clairs, alors pourquoi et comment cette jeune demoiselle avait elle put s'échapper de son repaire ?
N'oublie pas celui qui t'a tendu la main mon enfant. Pars immédiatement à sa recherche avant que le peuple ne la découvre. Si tu échoues, ce n'est pas sa tête qui prônera sur une lance, mais la tienne.
La menace posait, le chef lâchait sa poigne tout aussi brutalement et regardait son poulain déguerpir aussitôt. Même la plus frêle des gazelles pouvait se montrer dangereuse lorsqu'elle faisait face au danger. Ce n'était pas encore l'heure pour Othello de plier bagage. Néanmoins, et ce, pour maximiser les chances de réussite, il envoyait deux autres brigands à la suite de l'autre. Des hommes plus robustes et plus expérimentés. En cas de problème, ils sauraient éliminer les menaces, même s'il doit être question d'une demoiselle ou un des leurs.
----
Le voyage se poursuivait tranquillement. Au fil des heures, Adam avait eu le temps de s'apaiser. Il lui arrivait même de répondre à quelques questions lorsqu'on lui posait. Évidemment, chacun restait sur ses gardes, car rien n'est jamais sûr à cent pour cent. Ils avançaient à un bon rythme et bientôt, l'oasis tant attendue pouvait se profiler à l'horizon. Au vu des quelques jeux de lumière vacillante, le scribe jugeait que l'endroit était certainement encore vivant à cette heure-ci. Peut-être des marchands... Mais rien n'était certain, alors il préférait en faire part à la capitaine.
Nous sommes bientôt arrivés. Néanmoins, nous devrions rester sur nos gardes. Les torches peuvent autant appartenir à des alliés que des ennemis.
Au fond de lui, il se doutait que pour la dame cela lui paraissait évidant et il se doutait qu'elle saurât lui faire comprendre d'une manière ou d'une autre. Cela n'avait pas d'importance, il n'aurait qu'à prendre une énième fois sur lui. Le mieux étant d'envoyer un éclaireur... S'il le fallait, Adam se proposait alors volontiers, car passant peut-être le plus inaperçu en raison de ses vêtements et aura qu'il dégageait. Il n'était point un combattant, juste un noble. Le choix revenait néanmoins à l'instigatrice de la mission. Main sur sa lance, il attendait donc les démarches à suivre.
La seconde d'après, ses mains venaient se crisper sur ses genoux jusqu'à ce que les jointures blanchissent et que ses ongles rentrent légèrement dans sa peau caramel. C'était avec un effort surhumain que le scribe arrivait à garder sa bouche close, et ce, malgré une colère assourdissante. Qu'on lui critique était une chose, néanmoins que l'on remettait en cause la façon de diriger de ses parents de diriger le fief était un autre. Dans un premier temps, Adam n'avait fait que rapporter les mots écrit sur papier concernant Othello, que cela soit vrai ou non, là n'était pas son problème. Et s'il avait cru bon de préciser les agissements de ses parents, il n'aurait jamais pensé se recevoir une réprimande. Qui était-elle au juste pour dire cela ? Une Nyugard, fille d'une famille prestigieuse ? Oui, et alors. Une capitaine de l'Ordre ? Certes, bien que cela ne lui autorise pas de prendre ses aises en permanence.
J’ai été envoyé ici pour chasser des brigands, pas pour vous dire cela.
En même temps, personne ne lui avait demandé de dire cela. Dans le silence le plus total, le scribe se levait afin de rejoindre le chariot. Peut-être était-il idiot de se renfermer en cet instant précis. Pour autant, il s'agissait très certainement de la façon la plus judicieuse afin de ne pas créer de conflits internes. Adam n'était qu'un simple guide dans cette histoire. La mission était sa priorité, pas de chercher à remettre en place une femme qui croit en SA justice - et de cette dame de fer, il ne connaissait pas grand-chose de sa vie -. Aussitôt, les paroles d'Arianhord prononçaient que la troupe se mettait en route. Le trajet allait être peut-être long et éprouvant pour certains. Pour le rouquin, cela serait aussi le moyen de trouver le calme intérieur.
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HIIIiiii.
Plainte lorsque une main venait attraper violemment ses cheveux et tirer en arrière. L'homme pas bien grand et au corps maigrichon n'osait pas regarder dans les yeux, celui qui était en train de le punir. Une véritable armoire de glace lui faisait face, un ours venu tout droit des contrées enneigées de North Odin. La brindille tremblait comme une pauvre feuille, sa voix tentant de percer les grognements de son chef. Mais des excuses, Othello n'en avait cure. Les ordres avaient été pourtant clairs, alors pourquoi et comment cette jeune demoiselle avait elle put s'échapper de son repaire ?
N'oublie pas celui qui t'a tendu la main mon enfant. Pars immédiatement à sa recherche avant que le peuple ne la découvre. Si tu échoues, ce n'est pas sa tête qui prônera sur une lance, mais la tienne.
La menace posait, le chef lâchait sa poigne tout aussi brutalement et regardait son poulain déguerpir aussitôt. Même la plus frêle des gazelles pouvait se montrer dangereuse lorsqu'elle faisait face au danger. Ce n'était pas encore l'heure pour Othello de plier bagage. Néanmoins, et ce, pour maximiser les chances de réussite, il envoyait deux autres brigands à la suite de l'autre. Des hommes plus robustes et plus expérimentés. En cas de problème, ils sauraient éliminer les menaces, même s'il doit être question d'une demoiselle ou un des leurs.
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Le voyage se poursuivait tranquillement. Au fil des heures, Adam avait eu le temps de s'apaiser. Il lui arrivait même de répondre à quelques questions lorsqu'on lui posait. Évidemment, chacun restait sur ses gardes, car rien n'est jamais sûr à cent pour cent. Ils avançaient à un bon rythme et bientôt, l'oasis tant attendue pouvait se profiler à l'horizon. Au vu des quelques jeux de lumière vacillante, le scribe jugeait que l'endroit était certainement encore vivant à cette heure-ci. Peut-être des marchands... Mais rien n'était certain, alors il préférait en faire part à la capitaine.
Nous sommes bientôt arrivés. Néanmoins, nous devrions rester sur nos gardes. Les torches peuvent autant appartenir à des alliés que des ennemis.
Au fond de lui, il se doutait que pour la dame cela lui paraissait évidant et il se doutait qu'elle saurât lui faire comprendre d'une manière ou d'une autre. Cela n'avait pas d'importance, il n'aurait qu'à prendre une énième fois sur lui. Le mieux étant d'envoyer un éclaireur... S'il le fallait, Adam se proposait alors volontiers, car passant peut-être le plus inaperçu en raison de ses vêtements et aura qu'il dégageait. Il n'était point un combattant, juste un noble. Le choix revenait néanmoins à l'instigatrice de la mission. Main sur sa lance, il attendait donc les démarches à suivre.
Arianrhod Adam Fief Helvar
http://bettyleg.tumblr.com">bettyleg
De la colère ? Mmmh… Alors que je m’explique, disant clairement ce qu’il se passait et le problème de la situation, Adam semblait mal le prendre. Logique, je venais de rabaisser le travail de sa famille en donnant des explications très précises et en citant chacun des problèmes. J’imagine que pour lui, ses parents ont fait le maximum, ils ont fait de leur mieux… Sauf que le mieux n’est pas assez. La preuve était là. Leur mieux a été l’ennemi du bien et à apporter un problème chez-eux, directement dans leur territoire. Le scribe ne s’opposa pas à moi et à ma parole. J’imagine que l’amertume et la méchanceté de la vérité étaient un peu trop pour lui.
J’ordonne donc à la troupe de se diriger vers l’oasis. Le voyage dans le chariot fut d’un grand silence, personne ne disait mot à part pour poser quelques questions. On dirait que certains de mes soldats étaient plus curieux qu’ils voulaient le faire croire.
…
Le voyage fut long, mais nous finissons par arriver vers l’oasis. Le voyage fut sans problème, pas d’attaque ou de menace. Nous arrivons alors à la source de l’eau, une source encore entourée de lumière. Sauf que d’aussi loin, je ne pouvais pas voir s'ils y avaient encore des personnes autour de l’oasis ou si ça avait été déserter. Une embuscade ? Nan, notre présence ne s’était pas encore faite sentir. Le scribe me prévient alors que nous devrions faire attention, ça pouvait être des alliés comme des ennemis.
- « C’est faux, mais effectivement, restons sur nos gardes. »
C’est faux, car lorsque deux inconnus se rencontrent, rien ne les force à déjà être alliés ou ennemis. Lorsque des inconnus se rencontrent, ce n’est qu’à travers un échange de jugement, point de vue et règle qu’on peut les établir comme alliés ou ennemis. Personne n’est vraiment un allié ou un ennemi… C’est simplement l’objectif d’une personne qui peut s’opposer à ce qu’on veuille ou justement se joindre à nous.
Une fois que le chariot fut plus prêt, je commence à rapidement donner mes ordres.
- « Vous deux, avec moi. Le reste, vous surveillez le chariot. Adam, vous venez. Vous êtes membre d’une famille noble qui a fait beaucoup pour le peuple. Votre présence sera avantageuse pour entamer la discussion et expliquer notre présence. »
Je descends alors du chariot avec deux autres soldats et Adam… Il était temps de savoir si on pouvait faire des inconnus là-bas nos alliés ou ennemis. Je m’avance alors d’un pas déterminé, donnant un dernier ordre.
- « Scribe Adam. S'ils viennent à notre rencontre, j’attends de vous de débuter les discussions, mais s'ils ont des questions sur la présence de l’ordre, je m’en occuperais. Si jamais la situation devient violente, nous assurerons votre protection. »
The everlasting silence of Thanatos
Adam battait des cils visiblement intrigués par la négation donnée de la justice. Qu'entendait-elle par c'est faux ? Il avait du mal à comprendre et bien que cette question lui brûlait les lèvres, le scribe se la gardait bien pour lui. Elle n'aurait que faire perdre du temps à chacun ici présent, autrement dit, ce n'était pas du tout le bon moment. Tout ce qui comptait, c'est que la capitaine confirmait les paroles d'Adam. Rester sur ses gardes, oui c'était le meilleur état d'esprit à adopter.
Arianrhod exposait alors son plan, acceptant ainsi le jeune noble à être de la partie. Bien qu'avec ses nombreuses années d'apprentissages, le scribe savait tout juste se défendre avec sa lance. Alors lorsque la dame de fer lui assurait protection, il ne pouvait que la remercier. Bien évidemment, il ne devait pas prendre pour acquis ce qu'elle lui disait et être potentiellement un poids lors de la mission. Mais une fois proche de l'oasis, l'enfant Helvar aurait un autre atout dans sa manche.
Dame Arianrhod je ferais de mon mieux. Nous pouvons y aller si vous le souhaitez.
Son regard noisette se plongeait avec sérieux dans celui de la capitaine. La minute d'après voilà qu'il la suivait elle et les deux autres soldats. Muni de sa lance, le petit groupe se rapprochait bien vite de l'oasis. Les lueurs au loin devenaient alors des torches facilement distinguables. Une tente semblait avoir été érigée proche du point d'eau tandis qu'au pied de palmier, trois chevaux avaient été attachés. À leur arrivé devant l'oasis, des regards se tournaient vers eux. Avec un sourire qui se voulait chaleureux, Adam espérait ne pas trop attiser leur méfiance. Malheureusement en compagnie d'Arianrhod et de deux soldats de l'ordre autant avouer que cela ne faisait pas l'effet escompté. Un homme d'un certain âge, le dos voûté s'était levé et s'approchait du quatuor.
Bonsoir cher voyageur, qu'est-ce qui vous amène à une heure aussi tardive ?
Ah le voilà qu'il était sur la défensif, essayant tout de même de faire bonne figure. Pour autant, le scribe pouvait remarquer les tremblements de sa main et malgré l'âge avancé de l'inconnu, cela n'était pas naturel. De plus, il semblait regarder avec suspicion les armes des nouveaux arrivés. Aussitôt, le noble tentait de temporiser la discussion en faisant preuve d'un grand calme.
Bien le bonsoir monsieur. Moi et mes camarades comptions nous rendre jusqu'au village le plus proche, néanmoins la route a été éprouvante et l'air s'est drôlement bien rafraîchit. Nous cherchions donc nous ressourcer ici jusqu'au lever du jour. Mais peut-être que cela vous dérange ?
Était-ce parce qu'Adam se montrait très respectueux, à son égard et donc montré une certaine noblesse ou bien, en raison des derniers événements notables dans le fief Helvar, mais un petit rire venait ébranler son corps. La seconde suivante, une terrible quinte de toux lui prenait et s'était une femme dans la trentaine environ qui se rapprochait, afin de donner une gorgée d'eau contenue dans sa gourde. Au même moment, le scribe avait fait un mouvement en sa direction pour s'enquérir de l'état de l'autre.
" Va te reposer s'il te plaît. " son regard azur se portait alors sur le quator " Veuillez me pardonner, mais mon père ne se sent pas très bien. Nous ne sommes qu'une humble famille de marchand qui profite d'un moment de repos avant de se diriger jusqu'aux terres de Babel... "
Elle s'arrêtait net de parler en croyant entendre un bruit suspect au loin. Tout son corps s'était tendu comme un arc et ce n'était qu'après une longue minute de silence qu'elle daignait reprendre la parole.
" Si vous comptez séjourner plus longtemps dans le fief, sachez qu'un groupe de bandits s'amuse à piller argent et eau... Et kidnapper des femmes. Vous n'êtes pas ? "
Une simple question laissée en suspens à l'adresse du petit groupe, mais surtout à l'intention de cette femme au regard de glace. Adam jetait un coup d'œil à Arianrhod jugeant qu'il serait préférable que ce soit elle qui réponde et dissipe - peut-être - le malentendu.
-----
Elle courrait aussi vite qu'elle le pouvait, sa respiration devenant de plus en plus difficile et les yeux baignaient de larmes. Elle n'arrivait pas à voir clairement, aussi bien que la femme trébuchait et tombait dans le sable. Non, ce n'était pas le moment, il lui fallait fuir à tout prix. Bientôt, elle serait proche de l'oasis... Plus qu'un dernier effort. La brebis ne voulait pas mourir. Pas par leurs mains.
Arianrhod exposait alors son plan, acceptant ainsi le jeune noble à être de la partie. Bien qu'avec ses nombreuses années d'apprentissages, le scribe savait tout juste se défendre avec sa lance. Alors lorsque la dame de fer lui assurait protection, il ne pouvait que la remercier. Bien évidemment, il ne devait pas prendre pour acquis ce qu'elle lui disait et être potentiellement un poids lors de la mission. Mais une fois proche de l'oasis, l'enfant Helvar aurait un autre atout dans sa manche.
Dame Arianrhod je ferais de mon mieux. Nous pouvons y aller si vous le souhaitez.
Son regard noisette se plongeait avec sérieux dans celui de la capitaine. La minute d'après voilà qu'il la suivait elle et les deux autres soldats. Muni de sa lance, le petit groupe se rapprochait bien vite de l'oasis. Les lueurs au loin devenaient alors des torches facilement distinguables. Une tente semblait avoir été érigée proche du point d'eau tandis qu'au pied de palmier, trois chevaux avaient été attachés. À leur arrivé devant l'oasis, des regards se tournaient vers eux. Avec un sourire qui se voulait chaleureux, Adam espérait ne pas trop attiser leur méfiance. Malheureusement en compagnie d'Arianrhod et de deux soldats de l'ordre autant avouer que cela ne faisait pas l'effet escompté. Un homme d'un certain âge, le dos voûté s'était levé et s'approchait du quatuor.
Bonsoir cher voyageur, qu'est-ce qui vous amène à une heure aussi tardive ?
Ah le voilà qu'il était sur la défensif, essayant tout de même de faire bonne figure. Pour autant, le scribe pouvait remarquer les tremblements de sa main et malgré l'âge avancé de l'inconnu, cela n'était pas naturel. De plus, il semblait regarder avec suspicion les armes des nouveaux arrivés. Aussitôt, le noble tentait de temporiser la discussion en faisant preuve d'un grand calme.
Bien le bonsoir monsieur. Moi et mes camarades comptions nous rendre jusqu'au village le plus proche, néanmoins la route a été éprouvante et l'air s'est drôlement bien rafraîchit. Nous cherchions donc nous ressourcer ici jusqu'au lever du jour. Mais peut-être que cela vous dérange ?
Était-ce parce qu'Adam se montrait très respectueux, à son égard et donc montré une certaine noblesse ou bien, en raison des derniers événements notables dans le fief Helvar, mais un petit rire venait ébranler son corps. La seconde suivante, une terrible quinte de toux lui prenait et s'était une femme dans la trentaine environ qui se rapprochait, afin de donner une gorgée d'eau contenue dans sa gourde. Au même moment, le scribe avait fait un mouvement en sa direction pour s'enquérir de l'état de l'autre.
" Va te reposer s'il te plaît. " son regard azur se portait alors sur le quator " Veuillez me pardonner, mais mon père ne se sent pas très bien. Nous ne sommes qu'une humble famille de marchand qui profite d'un moment de repos avant de se diriger jusqu'aux terres de Babel... "
Elle s'arrêtait net de parler en croyant entendre un bruit suspect au loin. Tout son corps s'était tendu comme un arc et ce n'était qu'après une longue minute de silence qu'elle daignait reprendre la parole.
" Si vous comptez séjourner plus longtemps dans le fief, sachez qu'un groupe de bandits s'amuse à piller argent et eau... Et kidnapper des femmes. Vous n'êtes pas ? "
Une simple question laissée en suspens à l'adresse du petit groupe, mais surtout à l'intention de cette femme au regard de glace. Adam jetait un coup d'œil à Arianrhod jugeant qu'il serait préférable que ce soit elle qui réponde et dissipe - peut-être - le malentendu.
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Elle courrait aussi vite qu'elle le pouvait, sa respiration devenant de plus en plus difficile et les yeux baignaient de larmes. Elle n'arrivait pas à voir clairement, aussi bien que la femme trébuchait et tombait dans le sable. Non, ce n'était pas le moment, il lui fallait fuir à tout prix. Bientôt, elle serait proche de l'oasis... Plus qu'un dernier effort. La brebis ne voulait pas mourir. Pas par leurs mains.
Arianrhod Adam Fief Helvar
Le scribe semblait soudainement très confiant en lui-même. Son regard semblait avoir repris une certaine flamme et force de vie. Je n’ai aucune idée ce qu’il avait en tête, mais s'il était sûr de lui, ça rendra les discussions et négociations plus faciles. Je marche alors avec lui et les deux autres soldats vers les lumières de l’oasis. On pouvait vite remarquer les flammes dansantes des torches. Une tente, trois chevaux, rien d’autre. Pas de chariot… Est-ce qu’ils ont été volés ? C’est une possibilité, ou justement, ils voyagent légers pour pouvoir fuir.
Un vieillard se rapprocha alors de notre troupe, venant nous demandant en tremblant ce que nous venions faire ici. Son tremblement paraissait être aussi bien à cause de l’âge que de la peur. Il est vrai que l’ordre n’est pas encore très célèbre à travers cette région, ou même à travers le monde. Adam vient commencer la discussion, disant que nous étions en voyage vers le village le plus proche. Venant même demander si cela les dérangeait. Oui, ça allait les déranger, c’est notre devoir de nous assurer que ça ne soit pas le cas. Le vieillard en rit donc avant de trembler soudainement à cause d’une toux.
La toux invoque donc une femme, sa fille. Celle-ci s’approche pour donner à boire au vieillard. Elle nous rassure juste que le vieil homme n’est pas bien et qu’ils n’étaient que des marchands voulant profiter d’un repos bien mérité avant de partir vers Babel. C’est alors que la peur frappe en elle, la faisant tourner dans une direction. Je ne prends même pas la peine de regarder là-bas et la fixe elle. Femme seule avec son père. La trentaine. Famille de marchand. Il y avait un détail qui semblait manquer.
La femme annonce alors simplement que si nous comptions séjourner ici, un groupe de bandit s’amuse à piller argent, eau et femme. Une question m’était alors posée, je fixe du regard la dame, sans bouger plus que cela, restant parfaitement droit et apaiser.« Nous sommes ici pour nos raisons, mais je peux vous assurer que vous pourrez passer une nuit tranquille ici. Mes hommes monteront la garde à tour de rôle à travers la nuit. »
Je tourne alors le regard vers Adam, non pas pour lui parler directement, ou demander son avis… Mais pour réfléchir en le fixant. Pensait-il encore vraiment que le maître de ce fief faisait assez pour le peuple si une femme pouvait être dans un tel état en fuyant vers Babel. Je me tourne avec vers les soldats derrière nous.
- « Retourner vers le chariot, faites les venir ici. Nous installerons notre camp ici pour la nuit. Vous monterez la garde à tour de rôle. Ce groupe de civil sera sous notre protection le temps de cette nuit. »
Je me retourne à nouveau vers la femme, un regard plus sérieux, inquisiteur à vrai dire. Alors que je la figeais d’un seul regard glacial, avançant d'un pas vers elle. « Madame. Combien êtes-vous ? »La question était simple, mais claire… Il y avait un cheval en trop et pas de chariot. De plus, elle avait trop peur, bien trop peur pour une famille de marchand. Quelque chose n’était pas net. Loin de là. Je pouvais le sentir sur le moment. Je pouvais bien faire fausse route, mais je voulais savoir ce qu’elle allait dire.
The everlasting silence of Thanatos
À la question de la marchande, la capitaine lui répondait donc avec le plus grand sérieux. Cela semblait convenir à cette femme qui, posant sa main sur sa poitrine se permettait de pousser un soupir de soulagement. Elle remerciait ce groupe en s'inclinant bien bas. Ainsi accompagné par de valeureux défenseurs de la justice, elle et sa famille n'aurait rien à craindre cette nuit. Du moins, c'était ce qu'elle espérait. Le temps que la dame du nord s'occupait de donner des ordres à ses hommes, la marchande s'empressait de faire part de la nouvelle à ses proches, notamment son père.
Durant quelques secondes qui lui paraissaient être de longues minutes, Arianrhod semblait le regarder sans qu'Adam ne puisse savoir à quoi elle pouvait bien penser. Aussitôt, son regard avait envie de fuir le sien et sa main libre venait pianoter nerveusement contre sa jambe. Peut-être se doutait-il de la tenure de ses propos non exprimés, mais tant que la justice ne le dirait pas ouvertement, tout n'était que supposition. Alors qui sait, Adam lui poserait la question un peu plus tard... Ou pas. Il la laissait ordonner à ses deux comparses de faire venir le chariot jusqu'à l'oasis. Sa "mission" maintenant terminée, le scribe consentait à faire profil bas et à permettre ainsi à une personne plus expérimentée de commencer son interrogatoire. Ne s'éloignant que de quelques pas seulement, il lui arrivait de jeter quelques coups d'œil aux deux femmes. Mais, il profitait principalement de ce moment de "libre" pour réellement observer les alentours et être à l'affût du moindre détail.
La question d'Arianrhod était un peu plus claire. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que la marchande lui fasse part des effectifs, sa voix chevrotante.
"Nous ne sommes que quatre madame. Mon père, mon mari, moi et mon petit dernier..." une pause s'imposait, sentant son cœur se serrer cruellement en essayant de se remémorer des événements passés.
Un comportement qui n'échappait à personne ici. Adam bien trop bon dans l'âme, partageait en silence cette peine. Ils auraient tantôt à en savoir plus d'ici peu. Par contre, un détail semblait interpeller le rouquin. Des quatre personnes présente sur les lieux, ils n'en avaient vu que deux pour le moment. Il était possible de les croire dans la tente monté au pied de l'oasis. Mais même dans ce cas-là, Adam aurait osé espérer voir le mari venir en premier à leur rencontre et non le plus âgé ou encore, cette dame à l'apparence fragile. Peut-être était-il tout simplement alité ou...?
Un cri perçant déchirait brusquement l'atmosphère. Adam, qui s'était accroupi près du point d'eau, se relevait d'un coup, sa main se refermant davantage sur sa lance.
Dame Arianrhod que faisons nous ?
Le bruit semblait à la fois loin comme tout proche. Partir en éclaireur maintenant, reviendrait à ce que la famille se retrouve seule ou sans un combattant expert. Le chariot n'était pas encore arrivé.
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Une flèche venait de se loger dans son épaule lui arrachant un cri d'une douleur intense. Son premier réflexe était de vouloir regarder en arrière, sachant pertinemment ce qu'elle y trouverait. Cet homme infâme qui prenait un malin plaisir de blesser cette pauvre biche. Ses dents rencontrèrent ses lèvres avec force, s'enfonçant dans cette chair afin d'en oublier cette pointe de bois.
Devant elle, les torches se faisaient plus visibles. Et avec elles, peut-être une âme qui vive. Il s'agissait d'une maigre espérance et pourtant, assez pour qu'elle puisse puiser dans ses dernières forces.
Durant quelques secondes qui lui paraissaient être de longues minutes, Arianrhod semblait le regarder sans qu'Adam ne puisse savoir à quoi elle pouvait bien penser. Aussitôt, son regard avait envie de fuir le sien et sa main libre venait pianoter nerveusement contre sa jambe. Peut-être se doutait-il de la tenure de ses propos non exprimés, mais tant que la justice ne le dirait pas ouvertement, tout n'était que supposition. Alors qui sait, Adam lui poserait la question un peu plus tard... Ou pas. Il la laissait ordonner à ses deux comparses de faire venir le chariot jusqu'à l'oasis. Sa "mission" maintenant terminée, le scribe consentait à faire profil bas et à permettre ainsi à une personne plus expérimentée de commencer son interrogatoire. Ne s'éloignant que de quelques pas seulement, il lui arrivait de jeter quelques coups d'œil aux deux femmes. Mais, il profitait principalement de ce moment de "libre" pour réellement observer les alentours et être à l'affût du moindre détail.
La question d'Arianrhod était un peu plus claire. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que la marchande lui fasse part des effectifs, sa voix chevrotante.
"Nous ne sommes que quatre madame. Mon père, mon mari, moi et mon petit dernier..." une pause s'imposait, sentant son cœur se serrer cruellement en essayant de se remémorer des événements passés.
Un comportement qui n'échappait à personne ici. Adam bien trop bon dans l'âme, partageait en silence cette peine. Ils auraient tantôt à en savoir plus d'ici peu. Par contre, un détail semblait interpeller le rouquin. Des quatre personnes présente sur les lieux, ils n'en avaient vu que deux pour le moment. Il était possible de les croire dans la tente monté au pied de l'oasis. Mais même dans ce cas-là, Adam aurait osé espérer voir le mari venir en premier à leur rencontre et non le plus âgé ou encore, cette dame à l'apparence fragile. Peut-être était-il tout simplement alité ou...?
Un cri perçant déchirait brusquement l'atmosphère. Adam, qui s'était accroupi près du point d'eau, se relevait d'un coup, sa main se refermant davantage sur sa lance.
Dame Arianrhod que faisons nous ?
Le bruit semblait à la fois loin comme tout proche. Partir en éclaireur maintenant, reviendrait à ce que la famille se retrouve seule ou sans un combattant expert. Le chariot n'était pas encore arrivé.
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Une flèche venait de se loger dans son épaule lui arrachant un cri d'une douleur intense. Son premier réflexe était de vouloir regarder en arrière, sachant pertinemment ce qu'elle y trouverait. Cet homme infâme qui prenait un malin plaisir de blesser cette pauvre biche. Ses dents rencontrèrent ses lèvres avec force, s'enfonçant dans cette chair afin d'en oublier cette pointe de bois.
Devant elle, les torches se faisaient plus visibles. Et avec elles, peut-être une âme qui vive. Il s'agissait d'une maigre espérance et pourtant, assez pour qu'elle puisse puiser dans ses dernières forces.
Arianrhod Adam Fief Helvar
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FIEF D'HELVAR / ROYAUME DU PHARON
THE EVERLASTING SILENCE OF THANATOS
ADAM x ARIAN
Au fond, j’avais probablement espoir qu’Adam puisse comprendre ma pensée d’un simple regard. Qu’il voit pendant un moment la réalité de la chose et de façon pragmatique, qu’il puisse comprendre finalement que même le meilleur ne pourra pas changer le monde en un endroit parfait. C’était justement en se satisfaisant du meilleur qu’on ne pouvait pas aller plus loin, qu’on ne pouvait plus voir ce qu’il y avait dans les ombres.
Pour ce qui est de la femme à nos côtés, je ne lui pose qu’une seule question. Combien étaient-ils ? La situation avait un étrange goût de mensonge et de manipulation. Une famille de marchand avec juste un vieillard et sa fille pour trois chevaux ? L’arnaque était visible. La femme répondue qu’ils n’étaient que quatre. Elle, son père, mais aussi son mari et son petit dernier… Pourquoi ce n’est pas le mari qui est venu nous accueillir ? Blesser ? Non, ça ne l’empêcherait pas. Effrayer ? Probable, mais c’est sa femme qui devrait l’être plus que lui. Endormi ? La nuit venait se coucher donc peut-être que la femme montait la première garde et le mari prendra le reste de la nuit.
Un silence étrange arriva, un silence qui résonna entre la femme et le Scribe. Je n’avais aucune idée de pourquoi ils étaient soudainement dans un état pareil. La voix de la femme tremblait… Que quatre ? Je n’avais pas demandé plus… Nan, ils étaient plus. Un mort ? Ou une victime des bandits. Certainement une fille alors ? Il est vrai qu’elle avait précisé un petit dernier. Oui, c’était probablement ça la solution.
- « Est-ce que je pourrais voir / Le cri d’une femme perça alors l’air. Le cri n’était pas trop loin, mais il semblait être dirigé vers nous. Le scribe me demanda alors rapidement quoi faire… Quoi faire effectivement, quoi faire ?
Je calme ma respiration d’un seul battement de cils, la réponse me vient à l’esprit. Il ne me faut qu’une seconde pour me décider et savoir quelle route prendre. Les chevaliers vont mettre du temps à venir, ils sont en armure. Le chariot a pour direction le camp. La femme est ici avec sa famille. Sans défense. Le nombre de l’ennemi est inconnu et pourrait bien être en surnombre. Affronter seul serait dangereux. Les bandits seront rapidement alertés de notre présence. La personne est en danger. Un appât ? … Peut-être. C’était un cri de douleur… Une chasse.
Une fois mes yeux réouverts, je marche déjà vers un des chevaux des marchands en attrapant une torche sur le chemin. Ma voix résonne clair et déterminé. Mon plan était parfaitement clair.
- « Adam avec moi sur le cheval. Garder votre lance. Madame, rester ici et mettez-vous à l’abri, mes soldats vont venir vous défendre. Vous n’êtes pas encore en danger, si c’était le cas, vous auriez été attaqués avant notre venue. Le seul danger est la chose qui a provoqué ce cri. Si vous voyez des brigands, cacher les avec les torches. Un feu dans un désert est une grande menace. »
Je monte alors sur l’animal, le dirigeant sans le moindre mal malgré l’absence d'une selle. J’attrape le bras d’Adam et le montant directement derrière moi. Mes talons viennent frapper l’animal pour le faire partir au galop vers l’origine du son.
- « Scribe Adam, écouté moi bien. On ne vient pas se battre, on la sauve et on retourne au camp. C’est une chasse pour eux, ils ne s’attendent pas à être attaqué de front. La personne doit être blessée. Une fois assez proche, sauter du cheval et tirer la vers le camp. Je ferais distraction ! »
Un chasseur sachant chassé ne s’attend jamais à être chassé. Un prédateur sachant fuir sait contre-attaquer ! Chargeant le cheval à vive allure, je me dirige vers ma cible, donnant des ordres très précis à Adam. Mon but est de faire distraction, enfin… Je disais distraction, mais mon idée était un poil plus complexe. Heureusement, Adam s’exécuta sans la moindre hésitation… C’était maintenant mon rôle de le défendre correctement.
Alors que le cheval prenait de la vitesse sur le sable en soulevant celui-ci, plus d’une idée me traverse l’esprit. La nuit n’était pas bien claire, mais je pouvais définitivement voir l’apparence de l’homme qui prenait ne chasse la demoiselle… Il était seul ? Nan, impossible. Ou du moins, je n’allais pas penser à cela. Un chasseur seul ne poursuit pas une proie ! Il doit avoir des renforts derrière ou bien que je n’ai pas pu les voir. J’allais prendre un risque inutile sur le moment, mais je devais augmenter les chances de survie d’Adam et la demoiselle !
Chargeant dans la nuit, me concentrant sur l’homme, une flèche file dans l’air me ratant. Un arc ? Parfait ! Je dégaine mon épée de ma main gauche et la place à droite préparant un coup d’épée fort prévisible, cachant mon autre main qui se préparait à lancer un sort. Je l’entends me hurler des insultes dessus, mais j’ignore ceux-ci. Mon esprit se vidait avec seulement mon objectif en tête. Je n’étais pas stupide, j’allais probablement me faire attaquer durant cette action, mais si je pouvais l’arrêter dans sa chasse d’un seul assaut, tout serait idéal.
Comment arrêter un loup dans sa chasse ? Arracher lui les dents ! Objectif bien plus facile à réaliser avec un humain ! Une fois assez proche du bandit, je donne un large coup d’épée qu’il esquive sans mal. Un coup aussi télégraphié était parfaitement esquivable… Et je n’attendais que cela ! Alors que mon premier coup par et qu’il recule, de mon autre main, je lance un sortilège de feu. Un sort ne visant pas à le blesser ou à le tuer, mais à brûler autant que possible. Je claque des doigts alors qu'une gerbe de flamme éclair le désert nocturne, éclairant aussi bien le brigand que moi dans une lumière brulante.
N'admirant pas le résultat, je le vois éteindre les flammes rapidement avant de préparer une seconde flèche. Je ne le regarde pas plus et reviens aussi vite que possible vers Adam. Le brigand tir son arc pour préparer le tir, mais soudainement un violent "THUNK" se fait entendre alors que la corde cède violemment sous les mains du brigand.
- « Bordel de merde ! Revient ici, salope ! Je vais te montrer ce qu’il se passe quand on se moque de moi ! »
Le plan avait marché, la flamme n’avait pas juste brûlé ses vêtements, mais aussi la corde de son arc, suffisamment pour qu’elle cède alors qu’il l’avait bandé. C’était un pari risqué, mais ce n’est pas un groupe de bandit qui va se balader avec des arcs possédant des cordes de grandes qualités. Je viens alors faire un passage rapide derrière Adam, soulevant encore du sable, mais cette fois pour créer une forme de mur léger pour le cacher.
- « Dépêchez-vous ! Il n’est probablement pas seul et je ne pourrais pas vous protéger éternellement… »
Une idée me vient… C’était une possibilité risquée, mais avant de faire cela, je devais savoir l’état de la femme. Si elle n’avait pas de blessure trop grave, je pourrais bien la faire monter sur le cheval et demander à Adam de la ramener au camp, une pierre deux coups.
- « Adam ! Est-ce qu’elle est blessé ? »
THE EVERLASTING SILENCE OF THANATOS
ADAM x ARIAN
Au fond, j’avais probablement espoir qu’Adam puisse comprendre ma pensée d’un simple regard. Qu’il voit pendant un moment la réalité de la chose et de façon pragmatique, qu’il puisse comprendre finalement que même le meilleur ne pourra pas changer le monde en un endroit parfait. C’était justement en se satisfaisant du meilleur qu’on ne pouvait pas aller plus loin, qu’on ne pouvait plus voir ce qu’il y avait dans les ombres.
Pour ce qui est de la femme à nos côtés, je ne lui pose qu’une seule question. Combien étaient-ils ? La situation avait un étrange goût de mensonge et de manipulation. Une famille de marchand avec juste un vieillard et sa fille pour trois chevaux ? L’arnaque était visible. La femme répondue qu’ils n’étaient que quatre. Elle, son père, mais aussi son mari et son petit dernier… Pourquoi ce n’est pas le mari qui est venu nous accueillir ? Blesser ? Non, ça ne l’empêcherait pas. Effrayer ? Probable, mais c’est sa femme qui devrait l’être plus que lui. Endormi ? La nuit venait se coucher donc peut-être que la femme montait la première garde et le mari prendra le reste de la nuit.
Un silence étrange arriva, un silence qui résonna entre la femme et le Scribe. Je n’avais aucune idée de pourquoi ils étaient soudainement dans un état pareil. La voix de la femme tremblait… Que quatre ? Je n’avais pas demandé plus… Nan, ils étaient plus. Un mort ? Ou une victime des bandits. Certainement une fille alors ? Il est vrai qu’elle avait précisé un petit dernier. Oui, c’était probablement ça la solution.
- « Est-ce que je pourrais voir / Le cri d’une femme perça alors l’air. Le cri n’était pas trop loin, mais il semblait être dirigé vers nous. Le scribe me demanda alors rapidement quoi faire… Quoi faire effectivement, quoi faire ?
Je calme ma respiration d’un seul battement de cils, la réponse me vient à l’esprit. Il ne me faut qu’une seconde pour me décider et savoir quelle route prendre. Les chevaliers vont mettre du temps à venir, ils sont en armure. Le chariot a pour direction le camp. La femme est ici avec sa famille. Sans défense. Le nombre de l’ennemi est inconnu et pourrait bien être en surnombre. Affronter seul serait dangereux. Les bandits seront rapidement alertés de notre présence. La personne est en danger. Un appât ? … Peut-être. C’était un cri de douleur… Une chasse.
Une fois mes yeux réouverts, je marche déjà vers un des chevaux des marchands en attrapant une torche sur le chemin. Ma voix résonne clair et déterminé. Mon plan était parfaitement clair.
- « Adam avec moi sur le cheval. Garder votre lance. Madame, rester ici et mettez-vous à l’abri, mes soldats vont venir vous défendre. Vous n’êtes pas encore en danger, si c’était le cas, vous auriez été attaqués avant notre venue. Le seul danger est la chose qui a provoqué ce cri. Si vous voyez des brigands, cacher les avec les torches. Un feu dans un désert est une grande menace. »
Je monte alors sur l’animal, le dirigeant sans le moindre mal malgré l’absence d'une selle. J’attrape le bras d’Adam et le montant directement derrière moi. Mes talons viennent frapper l’animal pour le faire partir au galop vers l’origine du son.
- « Scribe Adam, écouté moi bien. On ne vient pas se battre, on la sauve et on retourne au camp. C’est une chasse pour eux, ils ne s’attendent pas à être attaqué de front. La personne doit être blessée. Une fois assez proche, sauter du cheval et tirer la vers le camp. Je ferais distraction ! »
The everlasting silence of Thanatos
L'ordre ne tardait pas à sortir de la bouche de la justice. Simple, clair et efficace. Adam acquiesçait à cette décision et aussitôt, il se laissait agrippé par cette main afin de monter derrière Arianrhod. Alors que le cheval prenait la direction d'où le cri semblait provenir, le rouquin écoutait avec un très grand sérieux son plan. Lui, l'homme qui maîtrisait mieux les mots que la lance ne pouvait que se sentir soulagé de ne pas à avoir à se confronter directement avec l'ennemi. Il allait devoir profiter de la distraction offerte par la dame du nord pour mettre hors de danger la victime.
Bien compris. clamait-il comme unique réponse.
Pas de je vais essayer d'y arriver... Non, ceci n'était pas une option. Au fur et à mesure que la monture galopait vers le bruit, des silhouettes se dessinaient. Il avait sans peine distingué cet homme, arc en main, une nouvelle flèche déjà prête à être tirée. Et cette femme clopinant faiblement en cherchant désespérément de distancer son agresseur, en vain. Ils ne jouaient pas aux héros en cet instant précis, Adam ne pensait pas en avoir l'étoffe. Mais en voyant la scène, une toute première pour lui surtout en ce qui devait être un moment de paix, son sang ne faisait qu'un tour. En aucun cas, il pourrait rester les bras croisés sans rien faire. Une fois à la bonne distance, le plan commençait réellement.
Faites attention à vous. lâchait-il à Arianrhod avant de se laisser glisser du cheval comme convenu.
Elle partait alors jusqu'à l'ennemi, offrant un spectacle assez irréel pour le scribe. L'espace d'une seconde, il offrait une prière muette à l'intention de la Déesse mère, Zorya. Tout son corps basculait afin d'être le plus proche de la pauvre biche tremblante. Lance dans sa main droite, Adam proposait à la demoiselle de poser son bras valide son son épaule droite. Ainsi positionné, le fils Helvar pouvait alors utiliser son autre main pour l'agripper par la taille et lui offrir un soutien. Elle n'arrivait pas à le remercier ou ne serait-ce que sortir un simple mot tant la douleur irradiait son corps et les larmes rendaient sa respiration plus difficile.
Au loin, l'archer lançait un juron en voyant cette femme armée d'une épée foncer sur lui. Ses doigts relâchaient son emprise sur la corde et la flèche fusait droit vers sa cible. Avant de s'enfoncer dans le sable et non le cheval.
"Sale garce ! De quel droit oses-tu interrompre ma chasse ?!"
Colère qui ébranlait son corps et ses actions. Omnibulé par Arianrhod, il en oubliait l'objet de sa quête. Une aubaine pour Adam qui continuait son chemin en faisant attention à ne pas blesser davantage la jeune fille.
Mais tapis dans l'ombre, quelqu'un attend le moment propice pour agir. Il s'amusait de l'incompétence de l'archer aveuglé par ses sentiments. Othello était un bon bandit, celui qui ne prend pas des précautions pour rien.
Bien compris. clamait-il comme unique réponse.
Pas de je vais essayer d'y arriver... Non, ceci n'était pas une option. Au fur et à mesure que la monture galopait vers le bruit, des silhouettes se dessinaient. Il avait sans peine distingué cet homme, arc en main, une nouvelle flèche déjà prête à être tirée. Et cette femme clopinant faiblement en cherchant désespérément de distancer son agresseur, en vain. Ils ne jouaient pas aux héros en cet instant précis, Adam ne pensait pas en avoir l'étoffe. Mais en voyant la scène, une toute première pour lui surtout en ce qui devait être un moment de paix, son sang ne faisait qu'un tour. En aucun cas, il pourrait rester les bras croisés sans rien faire. Une fois à la bonne distance, le plan commençait réellement.
Faites attention à vous. lâchait-il à Arianrhod avant de se laisser glisser du cheval comme convenu.
Elle partait alors jusqu'à l'ennemi, offrant un spectacle assez irréel pour le scribe. L'espace d'une seconde, il offrait une prière muette à l'intention de la Déesse mère, Zorya. Tout son corps basculait afin d'être le plus proche de la pauvre biche tremblante. Lance dans sa main droite, Adam proposait à la demoiselle de poser son bras valide son son épaule droite. Ainsi positionné, le fils Helvar pouvait alors utiliser son autre main pour l'agripper par la taille et lui offrir un soutien. Elle n'arrivait pas à le remercier ou ne serait-ce que sortir un simple mot tant la douleur irradiait son corps et les larmes rendaient sa respiration plus difficile.
Au loin, l'archer lançait un juron en voyant cette femme armée d'une épée foncer sur lui. Ses doigts relâchaient son emprise sur la corde et la flèche fusait droit vers sa cible. Avant de s'enfoncer dans le sable et non le cheval.
"Sale garce ! De quel droit oses-tu interrompre ma chasse ?!"
Colère qui ébranlait son corps et ses actions. Omnibulé par Arianrhod, il en oubliait l'objet de sa quête. Une aubaine pour Adam qui continuait son chemin en faisant attention à ne pas blesser davantage la jeune fille.
Mais tapis dans l'ombre, quelqu'un attend le moment propice pour agir. Il s'amusait de l'incompétence de l'archer aveuglé par ses sentiments. Othello était un bon bandit, celui qui ne prend pas des précautions pour rien.
Arianrhod Adam Fief Helvar
Un chasseur sachant chassé ne s’attend jamais à être chassé. Un prédateur sachant fuir sait contre-attaquer ! Chargeant le cheval à vive allure, je me dirige vers ma cible, donnant des ordres très précis à Adam. Mon but est de faire distraction, enfin… Je disais distraction, mais mon idée était un poil plus complexe. Heureusement, Adam s’exécuta sans la moindre hésitation… C’était maintenant mon rôle de le défendre correctement.
Alors que le cheval prenait de la vitesse sur le sable en soulevant celui-ci, plus d’une idée me traverse l’esprit. La nuit n’était pas bien claire, mais je pouvais définitivement voir l’apparence de l’homme qui prenait ne chasse la demoiselle… Il était seul ? Nan, impossible. Ou du moins, je n’allais pas penser à cela. Un chasseur seul ne poursuit pas une proie ! Il doit avoir des renforts derrière ou bien que je n’ai pas pu les voir. J’allais prendre un risque inutile sur le moment, mais je devais augmenter les chances de survie d’Adam et la demoiselle !
Chargeant dans la nuit, me concentrant sur l’homme, une flèche file dans l’air me ratant. Un arc ? Parfait ! Je dégaine mon épée de ma main gauche et la place à droite préparant un coup d’épée fort prévisible, cachant mon autre main qui se préparait à lancer un sort. Je l’entends me hurler des insultes dessus, mais j’ignore ceux-ci. Mon esprit se vidait avec seulement mon objectif en tête. Je n’étais pas stupide, j’allais probablement me faire attaquer durant cette action, mais si je pouvais l’arrêter dans sa chasse d’un seul assaut, tout serait idéal.
Comment arrêter un loup dans sa chasse ? Arracher lui les dents ! Objectif bien plus facile à réaliser avec un humain ! Une fois assez proche du bandit, je donne un large coup d’épée qu’il esquive sans mal. Un coup aussi télégraphié était parfaitement esquivable… Et je n’attendais que cela ! Alors que mon premier coup par et qu’il recule, de mon autre main, je lance un sortilège de feu. Un sort ne visant pas à le blesser ou à le tuer, mais à brûler autant que possible. Je claque des doigts alors qu'une gerbe de flamme éclair le désert nocturne, éclairant aussi bien le brigand que moi dans une lumière brulante.
N'admirant pas le résultat, je le vois éteindre les flammes rapidement avant de préparer une seconde flèche. Je ne le regarde pas plus et reviens aussi vite que possible vers Adam. Le brigand tir son arc pour préparer le tir, mais soudainement un violent "THUNK" se fait entendre alors que la corde cède violemment sous les mains du brigand.
- « Bordel de merde ! Revient ici, salope ! Je vais te montrer ce qu’il se passe quand on se moque de moi ! »
Le plan avait marché, la flamme n’avait pas juste brûlé ses vêtements, mais aussi la corde de son arc, suffisamment pour qu’elle cède alors qu’il l’avait bandé. C’était un pari risqué, mais ce n’est pas un groupe de bandit qui va se balader avec des arcs possédant des cordes de grandes qualités. Je viens alors faire un passage rapide derrière Adam, soulevant encore du sable, mais cette fois pour créer une forme de mur léger pour le cacher.
- « Dépêchez-vous ! Il n’est probablement pas seul et je ne pourrais pas vous protéger éternellement… »
Une idée me vient… C’était une possibilité risquée, mais avant de faire cela, je devais savoir l’état de la femme. Si elle n’avait pas de blessure trop grave, je pourrais bien la faire monter sur le cheval et demander à Adam de la ramener au camp, une pierre deux coups.
- « Adam ! Est-ce qu’elle est blessé ? »
The everlasting silence of Thanatos
Trop occupé à essayer d'éloigner un maximum la demoiselle blessée du brigand, Adam n'avait pas suivi l'altercation entre la justice et sa proie. Seuls les jurons de l'autre et l'éclat aveuglant au beau milieu de la nuit lui donnait un petit aperçu. Néanmoins, il ne détournait pas son regard de sa mission, déjà bien embêté d'essayer de maintenir son équilibre avec le poids d'une autre personne. Il portait la plus grande attention à ne pas lui faire plus de mal.
Alors qu'Arianhord arrivait sur son cheval au galop, le scribe se permettait de stopper sa procession. Un nouvel ordre fusait et bien qu'il comprenait l'enjeu derrière cela, le rouquin ne pouvait pas faire plus. Sans un mot, il posait son regard sur la pauvre biche qui lâchait par moment quelques râles de douleurs. Au vu de sa question, elle avait bien une idée en tête. Une intention qu'Adam comprenait aussitôt sans que la justice n'ait besoin de s'expliquer. Inquiétude animant ses yeux l'espace de quelques secondes.
Oui, une flèche dans l'épaule et quelques contusions. Du moins, je crois que c'est tout.
Est-ce qu'elle supporterait d'être sur un cheval lancé à vive allure ? Pour tout avouer, le rouquin n'en était pas certain et malgré tout, est-ce qu'elle arriverait tout autant à survivre en se faisant porter de la sorte ? Dans les deux cas, la frêle demoiselle était dans un état préoccupant. Il fallait juste prendre une décision et vite, car l'ennemi avait plus d'un tour dans son sac. Cette catin avait osé user de la magie, alors c'était à son tour d'en faire autant. Se concentrant malgré la colère assourdissante, il faisait naître au creux de sa main, des projectiles de roche qu'il envoyait aussitôt sur le trio. Un des projectiles passa à quelques centimètres de la capitaine.
Nous devons tenter le coup ! lâchait alors le scribe en regardant la dame du nord avec le plus grand des sérieux.
Une fois à l'oasis, ils auraient le temps de la laisser au bon soin des marchands et ainsi, pouvoir faire fuir cet être. Du moins, c'était ce qu'il pensait sans se douter une seule seconde que celui tapi dans l'ombre apparaisse de derrière un rocher, dagues dans chaque main. Il avait sagement attendu que les autres se retrouvent et ait à faire avec son camarade, pour s'élancer droit sur Adam. La scène se passa très vite durant laquelle le rouquin eu tout juste le temps de positionner sa lance afin de se protéger. Mais l'une des lames entaillait tout de même la peau de son bras, lui arrachant une grimace et surtout, l'obligeant à mettre en retrait la blessée.
Situation délicate, mais il était évidant que certains soldats ne tarderaient pas à venir. Adam n'était pas seul, l'Ordre des Chevaliers n'avait pas été créé et entraîné pour rien.
Alors qu'Arianhord arrivait sur son cheval au galop, le scribe se permettait de stopper sa procession. Un nouvel ordre fusait et bien qu'il comprenait l'enjeu derrière cela, le rouquin ne pouvait pas faire plus. Sans un mot, il posait son regard sur la pauvre biche qui lâchait par moment quelques râles de douleurs. Au vu de sa question, elle avait bien une idée en tête. Une intention qu'Adam comprenait aussitôt sans que la justice n'ait besoin de s'expliquer. Inquiétude animant ses yeux l'espace de quelques secondes.
Oui, une flèche dans l'épaule et quelques contusions. Du moins, je crois que c'est tout.
Est-ce qu'elle supporterait d'être sur un cheval lancé à vive allure ? Pour tout avouer, le rouquin n'en était pas certain et malgré tout, est-ce qu'elle arriverait tout autant à survivre en se faisant porter de la sorte ? Dans les deux cas, la frêle demoiselle était dans un état préoccupant. Il fallait juste prendre une décision et vite, car l'ennemi avait plus d'un tour dans son sac. Cette catin avait osé user de la magie, alors c'était à son tour d'en faire autant. Se concentrant malgré la colère assourdissante, il faisait naître au creux de sa main, des projectiles de roche qu'il envoyait aussitôt sur le trio. Un des projectiles passa à quelques centimètres de la capitaine.
Nous devons tenter le coup ! lâchait alors le scribe en regardant la dame du nord avec le plus grand des sérieux.
Une fois à l'oasis, ils auraient le temps de la laisser au bon soin des marchands et ainsi, pouvoir faire fuir cet être. Du moins, c'était ce qu'il pensait sans se douter une seule seconde que celui tapi dans l'ombre apparaisse de derrière un rocher, dagues dans chaque main. Il avait sagement attendu que les autres se retrouvent et ait à faire avec son camarade, pour s'élancer droit sur Adam. La scène se passa très vite durant laquelle le rouquin eu tout juste le temps de positionner sa lance afin de se protéger. Mais l'une des lames entaillait tout de même la peau de son bras, lui arrachant une grimace et surtout, l'obligeant à mettre en retrait la blessée.
Situation délicate, mais il était évidant que certains soldats ne tarderaient pas à venir. Adam n'était pas seul, l'Ordre des Chevaliers n'avait pas été créé et entraîné pour rien.
Arianrhod Adam Fief Helvar
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THE EVERLASTING SILENCE OF THANATOS
ADAM x ARIAN
Une affirmation, c’était tout ce que j’avais besoin d’entendre. L’état de la demoiselle était mauvais, mais Adam se récupéra vite en disant qu’elle n’avait qu’une flèche dans l’épaule. Sa fatigue était probablement due au manque de sang dans son système ! Il fallait donc être rapide !
Le temps nous manqua encore plus que prévue, je n’ai pas le temps de donner des ordres qu’un projectile me frôle. Je pivote sur le cheval aussi vite que possible pour me mettre en garde. La nuit était à notre avantage, la noirceur empêchait l’homme de viser correctement avec sa magie. Il était sûrement plus doué à l’arc qu’avec sa magie. Il était encore seul, pas d’allié… Ou était le piège ?! Je me retourne à nouveau vers Adam, alors qu’il crie qu’ils devaient tenter le coup. Pas le choix, mais avions-nous seulement la même idée ?
Trop rapide, une ombre sort de derrière d’un rocher pour attaquer Adam, par chance, il arrive à se défendre. Je serre les dents et saute de ma monture pour attaquer de front l’assassin. Mon épée frappe de plein fouet sa garde le faisant reculer. Ne lâchant pas mon ennemi des yeux, j’ordonne à Adam ceci :« Prenez la victime et partez vers le camp à cheval ! Je les retiens ! »
Un ordre simple… Et j’espérais qu’il n’allait pas décider de me désobéir pour jouer au héros. Un combat n’a pas besoin d’un héros, un combat a besoin d’action précise et efficace. Sans hésiter, je fonce sur l’assassin, celui-ci semblait fort rapide, mais rien d’inatteignable. Le problème était l’obscurité. Si je relâchais des flammes maintenant, Adam risque de redevenir visible pour le tireur, je devais donc échanger des coups contre une lame plus courte sans parfaitement voir les mouvements de mon adversaire.
Comme une danse, je décide d’avancer sur l’assassin, gardant un rythme offensif sur lui. Mon épée vient plusieurs fois frapper dans sa garde et ses dagues. Je m’arrête alors soudainement pour reculer ma tête. Pendant l’instant d’une seconde, j’ai vu le reflet lumineux de la lune sur sa lame et mon réflexe me sauva un œil. Répondant à cette attaque et en simultané, je frappe son ventre d’un coup de pied, la pointe renforcé de ma chaussure venant s’enfoncer dans son ventre.
- « Tch ! »
Un bruit sort de mes lèvres alors que je sens une résistance. Armure en cuir sous la cape, un simple coup de pied ne fera rien, mais le choc va le faire reculer. Je me recule aussi, prenant rapidement une autre garde avec mon épée lever devant mon visage, la lame pointer vers l'avant, attendant son mouvement… Il patiente… Je me mets alors à rapidement bouger d’une position à une autre, restant pourtant sur mes gardes. Ma stratégie marche, car après deux sauts, un autre morceau de caillou frôle ma position.
Parfait, je gagne du temps. Il fallait réussir à abattre les deux maintenant. Ce qui sera plus compliqué, avec le terrain et la nuit, je suis en désavantage face à l’assassin. Je ne peux compter que sur un simple instant décisif pour le vaincre et espérer qu’il n’allait pas piger que je gagnais juste du temps. Mais il ne semble pas stupide, il finirait par le comprendre… Je n’attendais que cet instant et cette faiblesse dans son attitude pour passer à l’assaut.
Un deux trois, parade, riposte, contre et attaque. Dans une danse féroce, mon duel se déroula violemment, moi contre deux ennemis. L’un au loin, l’autre de près. Ils avaient l’avantage du nombre, du terrain et de la nuit. Je ne pouvais que me relier sur mon talent à l’épée, mon escrime et mon expérience pour les combattre. Je n’avais pas encore de blessure, heureusement, mais la moindre serait fatal. Chaque coup qu’avait donné l’assassin visait un organe vital, la moindre blessure m’aurait achevé sur-le-champ, je ne sais pas qui était en face de moi, mais ce n’était pas un simple homme de main… C’était un professionnel. Un véritable assassin.
Je n’étais pas aveugle, loin de là, même dans la nuit complète, je pouvais voir la lueur de vie dans les yeux de l’assassin, il n’avait pas abandonné… Et même pire, il avait encore espoir de gagner. Un cri perce alors la nuit, un cri venant de l’homme situer plus loin, l’archer et mage. Heureusement qu’il me rappelle sa présence, je savais désormais qu’il n’allait pas fuir et me prendre pour cible. S'il s'était fait discret, j’aurais pu en souffrir. Là, non, il a simplement décidé d’en faire à sa tête et de suivre bêtement ses émotions.
Sauf que le cri de rage semble apporter du courage à l’assassin face à moi qui continue sa charge et son duel ! Attaque une fois de plus, de façons plus ouverte et plus simple, une attaque frontale ne visant aucun organe… Une terrible erreur. Il était méthodique, mais en changeant de tactique, il changea d’attaque et ceci n’avait pas échappé à mon regard. Alors que son coup fend l’air, je me récupère puis le laisse glisser dans l’air où je me trouvais, son regard croise le mien. Je ne sais pas ce qu’il a vu en retour, je ne sais pas s'il a même su voir quelque chose, mais ce n’est plus de la confiance qui brillait dans ses yeux lorsque je l’esquive d’un pas léger.
D’un simple mouvement, d’un simple changement de position, j’avais retourné la situation sur lui. J’étais encore en face de lui… Mais lui était entre moi et l’homme enragé. Non stupide, l’assassin saute sur le côté et d’un pas tout aussi rapide, comme si je n’étais pas devenu son ombre, je le suis en parallèle, profitant du moment pour donner une attaque qu’il pare à son tour.
Là où nous nous trouvions, une volée de rocher éclate dans le sable. L’assassin se calme un léger moment et essaye encore de bouger assez vite pour m’arrêter et ne plus rester dans la ligne de mire, sauf que chaque mouvement qu’il fait est copié à la perfection par les miens. Un pas, deux pas, un saut, une esquive de rocher. Il essaye même un saut en arrière est suivit du mien, il essaye de profiter de mon saut en avant pour me contre-attaquer d’un coup de dague à ma gorge, mais ma lame l’arrête de justesse, nos lames se bloquant comme nos regards restaient fixés l’un dans l’autre. Je commence à le repousser alors, le faisant reculer et l’empêchant de fuir… Et sans la moindre once de magie, l’assassin se sentit doucement gelé sur place et immobilisé… Il ne savait pas qui était en face de lui, mais un froid du nord refroidit rapidement son dos.
THE EVERLASTING SILENCE OF THANATOS
ADAM x ARIAN
Une affirmation, c’était tout ce que j’avais besoin d’entendre. L’état de la demoiselle était mauvais, mais Adam se récupéra vite en disant qu’elle n’avait qu’une flèche dans l’épaule. Sa fatigue était probablement due au manque de sang dans son système ! Il fallait donc être rapide !
Le temps nous manqua encore plus que prévue, je n’ai pas le temps de donner des ordres qu’un projectile me frôle. Je pivote sur le cheval aussi vite que possible pour me mettre en garde. La nuit était à notre avantage, la noirceur empêchait l’homme de viser correctement avec sa magie. Il était sûrement plus doué à l’arc qu’avec sa magie. Il était encore seul, pas d’allié… Ou était le piège ?! Je me retourne à nouveau vers Adam, alors qu’il crie qu’ils devaient tenter le coup. Pas le choix, mais avions-nous seulement la même idée ?
Trop rapide, une ombre sort de derrière d’un rocher pour attaquer Adam, par chance, il arrive à se défendre. Je serre les dents et saute de ma monture pour attaquer de front l’assassin. Mon épée frappe de plein fouet sa garde le faisant reculer. Ne lâchant pas mon ennemi des yeux, j’ordonne à Adam ceci :« Prenez la victime et partez vers le camp à cheval ! Je les retiens ! »
Un ordre simple… Et j’espérais qu’il n’allait pas décider de me désobéir pour jouer au héros. Un combat n’a pas besoin d’un héros, un combat a besoin d’action précise et efficace. Sans hésiter, je fonce sur l’assassin, celui-ci semblait fort rapide, mais rien d’inatteignable. Le problème était l’obscurité. Si je relâchais des flammes maintenant, Adam risque de redevenir visible pour le tireur, je devais donc échanger des coups contre une lame plus courte sans parfaitement voir les mouvements de mon adversaire.
Comme une danse, je décide d’avancer sur l’assassin, gardant un rythme offensif sur lui. Mon épée vient plusieurs fois frapper dans sa garde et ses dagues. Je m’arrête alors soudainement pour reculer ma tête. Pendant l’instant d’une seconde, j’ai vu le reflet lumineux de la lune sur sa lame et mon réflexe me sauva un œil. Répondant à cette attaque et en simultané, je frappe son ventre d’un coup de pied, la pointe renforcé de ma chaussure venant s’enfoncer dans son ventre.
- « Tch ! »
Un bruit sort de mes lèvres alors que je sens une résistance. Armure en cuir sous la cape, un simple coup de pied ne fera rien, mais le choc va le faire reculer. Je me recule aussi, prenant rapidement une autre garde avec mon épée lever devant mon visage, la lame pointer vers l'avant, attendant son mouvement… Il patiente… Je me mets alors à rapidement bouger d’une position à une autre, restant pourtant sur mes gardes. Ma stratégie marche, car après deux sauts, un autre morceau de caillou frôle ma position.
Parfait, je gagne du temps. Il fallait réussir à abattre les deux maintenant. Ce qui sera plus compliqué, avec le terrain et la nuit, je suis en désavantage face à l’assassin. Je ne peux compter que sur un simple instant décisif pour le vaincre et espérer qu’il n’allait pas piger que je gagnais juste du temps. Mais il ne semble pas stupide, il finirait par le comprendre… Je n’attendais que cet instant et cette faiblesse dans son attitude pour passer à l’assaut.
The everlasting silence of Thanatos
Aussitôt l'assassin s'attaquant à Adam, que la justice sautait de son cheval afin de venir à son secours. L'ordre était ce à quoi il s'attendait et quand bien même qu'il n'avait aucunement l'envie de laisser la dame du nord seule face à deux ennemies, mettre en sécurité la demoiselle était bien plus important. Alors oui, il se décidait en aidant comme il pouvait à faire monter cette demoiselle sur le cheval. Le rouquin fonçait les sourcils, venait mordre sa lèvre inférieure en l'entendant arracher un cri de douleur. Il aurait tellement aimé la soulager en cet instant précis et pourtant, la seule chose qui lui était possible de faire, c'était de se positionner derrière elle et de prendre les rênes pour l'amener jusqu'à l'oasis.
Le cheval partait au galop, laissant derrière lui la dame du nord. Si l'assassin aux dagues continuait de rivaliser brutalement avec la capitaine, il envoyait un ordre sonore à son camarade pour viser de sa magie ceux qui s'éloignaient. Vaine tentative qui donnait des sueurs froides à l'archer. Avec son objectif qui s'éloignait, il était en train d'attirer les foudres d'Othello. Il voyait déjà sa tête quitter ses épaules. Alors, il laissait hurler sa rage et décidait de se concentrer sur cette femme. Cette vulgaire catin en armure qui lui avait enlevé sa proie. Un comportement relevant de son idiotie et alors qu'il préparait de nouveau un sort dans sa direction, son camarade laissait un soupir franchir ses lèvres.
Bien qu'excédait par l'autre, l'assassin profitait tout de même de sa présence et de sa magie de terre pour attaquer à son tour. Un coup simple avec la lame de sa dague que la femme paraît sans grande difficulté. Mais en l'attaquant de front, il espérait qu'elle soit moins alerte envers les morceaux de roches. Ils avaient l'avantage numérique, autant en profiter à défaut d'avoir récupéré la fugitive.
----
Le cheval filait à toute allure. Le scribe jetait des coups d'œils sur la blessée. Du plus profond de son cœur, il priait la Déesse Zorya de la maintenir en vie. Alors qu'il arrivait enfin de l'oasis, deux soldats venaient à sa rencontre en position de défense. Ce n'était qu'une fois à leur hauteur que le rouquin lançait un appel à l'aide.
S'il vous plaît, soignez-la.
Son regard et sa voix laissaient exprimer sa détresse. Aussitôt, ceux de l'Ordre prenaient les rênes et cherchaient à calmer l'émotion d'Adam. Il était normal pour quelqu'un n'ayant aucune expérience dans ce genre de situation, mais il était indispensable de le calmer. Il le fallait pour cette femme et ces marchands... Ainsi que pour Arianrhod en proie à l'ennemi. Une fois la situation mise au point, les soldats décidaient de se scinder en deux groupes. Un pour aller prêter main forte à leur capitaine, tandis que l'autre s'occuperait d'assurer la protection des civils. S'ils avaient préféré garder Adam en retrait, personne ne pouvait nier son importance. Car l'héritier des Helvar était le seul à connaître la position de la dame du nord.
Le cheval partait au galop, laissant derrière lui la dame du nord. Si l'assassin aux dagues continuait de rivaliser brutalement avec la capitaine, il envoyait un ordre sonore à son camarade pour viser de sa magie ceux qui s'éloignaient. Vaine tentative qui donnait des sueurs froides à l'archer. Avec son objectif qui s'éloignait, il était en train d'attirer les foudres d'Othello. Il voyait déjà sa tête quitter ses épaules. Alors, il laissait hurler sa rage et décidait de se concentrer sur cette femme. Cette vulgaire catin en armure qui lui avait enlevé sa proie. Un comportement relevant de son idiotie et alors qu'il préparait de nouveau un sort dans sa direction, son camarade laissait un soupir franchir ses lèvres.
Bien qu'excédait par l'autre, l'assassin profitait tout de même de sa présence et de sa magie de terre pour attaquer à son tour. Un coup simple avec la lame de sa dague que la femme paraît sans grande difficulté. Mais en l'attaquant de front, il espérait qu'elle soit moins alerte envers les morceaux de roches. Ils avaient l'avantage numérique, autant en profiter à défaut d'avoir récupéré la fugitive.
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Le cheval filait à toute allure. Le scribe jetait des coups d'œils sur la blessée. Du plus profond de son cœur, il priait la Déesse Zorya de la maintenir en vie. Alors qu'il arrivait enfin de l'oasis, deux soldats venaient à sa rencontre en position de défense. Ce n'était qu'une fois à leur hauteur que le rouquin lançait un appel à l'aide.
S'il vous plaît, soignez-la.
Son regard et sa voix laissaient exprimer sa détresse. Aussitôt, ceux de l'Ordre prenaient les rênes et cherchaient à calmer l'émotion d'Adam. Il était normal pour quelqu'un n'ayant aucune expérience dans ce genre de situation, mais il était indispensable de le calmer. Il le fallait pour cette femme et ces marchands... Ainsi que pour Arianrhod en proie à l'ennemi. Une fois la situation mise au point, les soldats décidaient de se scinder en deux groupes. Un pour aller prêter main forte à leur capitaine, tandis que l'autre s'occuperait d'assurer la protection des civils. S'ils avaient préféré garder Adam en retrait, personne ne pouvait nier son importance. Car l'héritier des Helvar était le seul à connaître la position de la dame du nord.
Arianrhod Adam Fief Helvar
Un deux trois, parade, riposte, contre et attaque. Dans une danse féroce, mon duel se déroula violemment, moi contre deux ennemis. L’un au loin, l’autre de près. Ils avaient l’avantage du nombre, du terrain et de la nuit. Je ne pouvais que me relier sur mon talent à l’épée, mon escrime et mon expérience pour les combattre. Je n’avais pas encore de blessure, heureusement, mais la moindre serait fatal. Chaque coup qu’avait donné l’assassin visait un organe vital, la moindre blessure m’aurait achevé sur-le-champ, je ne sais pas qui était en face de moi, mais ce n’était pas un simple homme de main… C’était un professionnel. Un véritable assassin.
Je n’étais pas aveugle, loin de là, même dans la nuit complète, je pouvais voir la lueur de vie dans les yeux de l’assassin, il n’avait pas abandonné… Et même pire, il avait encore espoir de gagner. Un cri perce alors la nuit, un cri venant de l’homme situer plus loin, l’archer et mage. Heureusement qu’il me rappelle sa présence, je savais désormais qu’il n’allait pas fuir et me prendre pour cible. S'il s'était fait discret, j’aurais pu en souffrir. Là, non, il a simplement décidé d’en faire à sa tête et de suivre bêtement ses émotions.
Sauf que le cri de rage semble apporter du courage à l’assassin face à moi qui continue sa charge et son duel ! Attaque une fois de plus, de façons plus ouverte et plus simple, une attaque frontale ne visant aucun organe… Une terrible erreur. Il était méthodique, mais en changeant de tactique, il changea d’attaque et ceci n’avait pas échappé à mon regard. Alors que son coup fend l’air, je me récupère puis le laisse glisser dans l’air où je me trouvais, son regard croise le mien. Je ne sais pas ce qu’il a vu en retour, je ne sais pas s'il a même su voir quelque chose, mais ce n’est plus de la confiance qui brillait dans ses yeux lorsque je l’esquive d’un pas léger.
D’un simple mouvement, d’un simple changement de position, j’avais retourné la situation sur lui. J’étais encore en face de lui… Mais lui était entre moi et l’homme enragé. Non stupide, l’assassin saute sur le côté et d’un pas tout aussi rapide, comme si je n’étais pas devenu son ombre, je le suis en parallèle, profitant du moment pour donner une attaque qu’il pare à son tour.
Là où nous nous trouvions, une volée de rocher éclate dans le sable. L’assassin se calme un léger moment et essaye encore de bouger assez vite pour m’arrêter et ne plus rester dans la ligne de mire, sauf que chaque mouvement qu’il fait est copié à la perfection par les miens. Un pas, deux pas, un saut, une esquive de rocher. Il essaye même un saut en arrière est suivit du mien, il essaye de profiter de mon saut en avant pour me contre-attaquer d’un coup de dague à ma gorge, mais ma lame l’arrête de justesse, nos lames se bloquant comme nos regards restaient fixés l’un dans l’autre. Je commence à le repousser alors, le faisant reculer et l’empêchant de fuir… Et sans la moindre once de magie, l’assassin se sentit doucement gelé sur place et immobilisé… Il ne savait pas qui était en face de lui, mais un froid du nord refroidit rapidement son dos.
The everlasting silence of Thanatos
Une danse endiablée et funeste commençait alors entre la dame du nord et les deux brigands. L'archer et magiciens se laissaient aller à la colère en la guidant sur cette guerrière. Des attaques magiques qui au fil des minutes devenaient de moins en moins précises. Car s'il était commun d'utiliser le pouvoir sommeillant en chaque personne, cela pouvait devenir un danger sur le corps et l'esprit à terme. Puisant dans l'énergie même du porteur. Mais l'homme semblait en avoir cure et continuait d'envoyer droit sur sa cible des morceaux de roches.
De son côté, l'assassin se voulait beaucoup plus prudent. Ses attaques servaient à jauger son adversaire. S'il n'était pas qu'un simple brigand, cette femme l'était tout autant. Parade, attaque, riposte... L'un semblait être le reflet de l'autre et si le combat s'avérait complexe, l'homme n'en prenait que plus de plaisir. Ses dagues cherchaient avec énergie une ouverture dans laquelle se glisser et trancher sa chaire. Un sourire narquois à la commissure de ses lèvres. Oh oui, il prenait un grand plaisir à croiser le fer avec la dame du nord. Les minutes passaient et il devait se rendre à l'évidence. Ce qu'il prenait pour un jeu finissait par se retourner contre lui. La guerrière venait de le faire reculer assez pour que son rictus ne s'efface pas. Son regard transperçait celui de son ennemie malgré la pénombre.
L'archer allait profiter de l'occasion pour lâcher une ultime attaque, mais alors qu'il brandissait sa main en direction des deux autres, une flèche se logeait dans son cou. La seconde d'après, son corps tombait lourdement dans le sable sans un râle. Un peu plus loin se trouvaient Adam et deux autres chevaliers de l'ordre. C'était l'un d'eux qui venait mettre fin à la vie de cet être sans une once de pitié. Seul, secourir la capitaine était vital et malgré son aveuglement, il restait un élément dangereux. Le deuxième guerrier, muni de sa hache, venait à la rencontre d'Arianrhod et l'assassin laissant en retrait le scribe.
Un soupir de soulagement franchissait les lèvres du rouquin. Ils avaient pu arriver à temps. Oh, il ne remettait pas en doute les talents de la dame de North Odin et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Il l'avait laissé avec deux ennemis sur son dos, si bien qu'à un moment donné, elle aurait très certainement flanché. Juste assez pour que l'on profite de l'occasion et qu'elle subisse de grandes blessures.
"Dame Arianrhod, vous pouvez compter sur moi. Que faisons nous ?"
Le guerrier à la hache attendait les ordres, main maintenant fermement son arme et se mettant en garde.
De son côté, l'assassin se voulait beaucoup plus prudent. Ses attaques servaient à jauger son adversaire. S'il n'était pas qu'un simple brigand, cette femme l'était tout autant. Parade, attaque, riposte... L'un semblait être le reflet de l'autre et si le combat s'avérait complexe, l'homme n'en prenait que plus de plaisir. Ses dagues cherchaient avec énergie une ouverture dans laquelle se glisser et trancher sa chaire. Un sourire narquois à la commissure de ses lèvres. Oh oui, il prenait un grand plaisir à croiser le fer avec la dame du nord. Les minutes passaient et il devait se rendre à l'évidence. Ce qu'il prenait pour un jeu finissait par se retourner contre lui. La guerrière venait de le faire reculer assez pour que son rictus ne s'efface pas. Son regard transperçait celui de son ennemie malgré la pénombre.
L'archer allait profiter de l'occasion pour lâcher une ultime attaque, mais alors qu'il brandissait sa main en direction des deux autres, une flèche se logeait dans son cou. La seconde d'après, son corps tombait lourdement dans le sable sans un râle. Un peu plus loin se trouvaient Adam et deux autres chevaliers de l'ordre. C'était l'un d'eux qui venait mettre fin à la vie de cet être sans une once de pitié. Seul, secourir la capitaine était vital et malgré son aveuglement, il restait un élément dangereux. Le deuxième guerrier, muni de sa hache, venait à la rencontre d'Arianrhod et l'assassin laissant en retrait le scribe.
Un soupir de soulagement franchissait les lèvres du rouquin. Ils avaient pu arriver à temps. Oh, il ne remettait pas en doute les talents de la dame de North Odin et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Il l'avait laissé avec deux ennemis sur son dos, si bien qu'à un moment donné, elle aurait très certainement flanché. Juste assez pour que l'on profite de l'occasion et qu'elle subisse de grandes blessures.
"Dame Arianrhod, vous pouvez compter sur moi. Que faisons nous ?"
Le guerrier à la hache attendait les ordres, main maintenant fermement son arme et se mettant en garde.
Arianrhod Adam Fief Helvar
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CAPITAL ERIDU / TERRES DE BABEL
DREAMS AT DAWN
ZENG x BAI
le sourire tranquille et les épaules relâchées dans une allure détendue
voilà plusieurs jours maintenant que bai est arrivé à destination
visiteur coincé entre les murs de cette cité détentrice de secrets qui ne lui appartiennent pas.
il connaît quelques personnes en ces contrées, membres des ailes de l’ombre dispersés aux quatre coins du monde
(jamais assez loin pour s’arracher à son influence (tromper les regards (passer sous son radar))
bai
mauvais présage
oiseau de malheur
(sans même s’en rendre compte)
bai comme une ombre
cachée dans les moindres recoins
bai a des yeux des oreilles partout
c’est bien pour ça qu’il est à babel en ce jour
loin de ses contrées qui l’ont vu naître et grandir
une visite de courtoisie chez un.e membre de l’organisation des ailes de l’ombre
rien de plus rien de moins
(car corbeau veille corbeau guette
toujours à l’affût
des traîtres (et
du reste))
le vent porte jusqu’à lui des bribes de voix
piaillements trop lointains pour qu’il puisse en distinguer les propos
corbeau réprime pourtant un frisson
sentant le poids d’un regard sur sa personne
(à moins que ça ne soit
la paranoïa qui parle
toujours nichée au creux de ses
entrailles)
le regard alerte les yeux perdus
les yeux un peu
fous.
le voilà qui presse le pas
bouscule quelques passants en maugréant quelques excuses tout bas
presque timidement mais pas sincères le moins du monde.
corbeau s’engonce dans une rue moins achalandée
à mesure que s’immiscent dans son esprit tourmenté des scénarios plus horribles les uns que les autres
la peur d’être reconnu
la crainte d’avoir été suivi
(et si jamais
quelqu’un en voulait à sa vie? (c’est qu’il ne serait pas
surpris))
la mâchoire se crispe
d’instinct ses doigts coulent jusqu’à sa ceinture où pend sa dague
se désiste au dernier moment tandis qu’il lui fait volte-face
ses sourcils froncés se relâchent en une expression confuse bouche béante lorsque le regard se pose sur ce visage si familier, ce rire qu’il reconnaîtrait entre mille.
« a..ah.. ze.. hm.. g-gobelin.. »
propos rendus presque inintelligibles par le choc la surprise
cette joie de le revoir qu’il peine à procéder
les mains viennent se réfugier dans celles du gobelin
(son père? son frère?
sa famille (tout simplement))
le seul qui trouve réellement grâce à ses yeux
un petit objet glisse contre sa paume et doucement il le relève à la hauteur du regard
pousse délicatement le masque vers le haut pendant une seconde ou deux
le temps de mieux observer le petit animal sculpté
et un sourire ne tarde pas à fleurir sur le bout des lèvres
tandis qu’il remet son masque en place.
bai a toujours aimé les sculptures du gobelin
dans sa petite demeure à nuhoko, a disposé chacune d’entre elles qu’on lui a donné un peu partout chez lui
près des fenêtres, au-dessus de la petite cheminée ou encore sur sa table de chevet pour qu’il puisse les admirer une fois la nuit venue, les regarder au réveil,
avoir une pensée pour zeng min.
« c’est joli… je l’adore. merci. »
la gratitude transpire dans sa voix bien que bai ait toujours été un homme de peu de mots
moins théâtral que son parent, plus réservé, plus discret. Méfiant.
son bras se glisse dans le sien lorsque celui-ci lui offre.
bai n’aime pas particulièrement les contacts physiques
prend sur lui lorsqu’on lui donne un coup amical sur l’épaule, qu’on lui offre une accolade sans arrière pensée
sourire factice sur les lèvres, figé éternellement sur son visage délicat de poupée
mais pour zeng si c’est lui uniquement lui
bai ça ne le dérange pas
parce que c’est lui toujours lui
le seul qui lui ait donné une chance dans ce monde désastreux.
« pour toi, gobelin, j’aurai toujours du temps… »
pour lui il a tout le temps du monde
pour lui tout peut attendre, les responsabilités le devoir tout le reste
tout.
« je crois me souvenir qu’il y avait une auberge non loin d’ici… »
ou peut-être bien qu’elle était loin.
bai a toujours eu du mal avec les directions
avec les années, ça n’a pas changé.
« je suis… soulagé. que ce soit toi. et heureux. ça aussi… j’ai cru qu’on m’avait suivi. Un étranger en ces terres, ça doit faire de moi une cible facile, j’imagine… »
surtout quand on a l’air aussi perdu que lui
(qu’il cherche à se faire plus petit qu’il ne l’est réellement (le loup dans la bergerie))
DREAMS AT DAWN
ZENG x BAI
Gobelin est perché sur l’un des toits de la Cité.
Au crépuscule, sa silhouette se dessine, difforme et hideuse. Le dos courbé, les genoux repliés jusqu’à ses oreilles, la tête penchée, vers les rues qu’il observe. Ses cheveux noirs, rigoles obscures, dégoulinent de son crâne, cascadent, devant son visage. L’arrête osseuse d’un nez saillant, tranche en deux cette rivière huileuse et ébène, où se devine la peau de nacre, d’un masque mortuaire. Le faciès inerte d’un noyé, les lèvres scellées, dans ses orbites creusés, luisent ses yeux. Prunelles serpentines, d’un vert froid rendu visqueux, par l’humidité des muqueuses. Les lèvres s’entrouvrent, et une langue s’allonge, s’étire, parcourt les lèvres inexistantes, jusqu’à pendre lamentablement, Gobelin l’agite, la remonte, jusqu’à toucher, le bout de son nez, il louche et s’amuse.
Babel, la Cité des promesses. La muse, qui anime tous les esprits artistes, l’espoir, d’un avenir meilleur, d’une union entre les peuples, d’une Cité où l’Ordre et l’Harmonie règnent, une Cité où Gobelin s’interroge. A-t-il sa place ici ? Laisse-t-on vagabonder les vilains, les chaotiques et les mercenaires, les êtres qui vivent de la guerre ? Gobelin voit, en bas, les armes qui s’affichent aux tailles, le vol désespéré d’une maigre femme, les regards mauvais qui s’échangent, les rictus moqueurs, adressés à un homme de passage.
Gobelin pousse un croassement, un son qui vient du tréfond de son être et fait racler sa gorge, témoin de sa déception et de sa frustration. Gobelin penche la tête, jusqu’à ce qu’une silhouette familière, lui fasse écarquiller les yeux. Alors, le diable surgit de sa boîte. Son corps se détend, les longues jambes, se déplient, les bras se lèvent, Gobelin bondit, saisit dans un rire caquetant, le bord de la gouttière, se laisse choir sur le balcon d’en bas, en équilibre précaire sur ses getas. Il bat des bras, bascule dans le vide, se rattrape in extremis, agite les jambes, se balance et retombe finalement sur les fesses, dans un couinement de douleur. Gobelin masse ses reins, il ramasse la lance qu’il a laissée là. Sa main plonge dans la poche de son kimono d’un vert sombre et déplie, avec expérience, la lanterne de papier.
Il l’accroche à l’extrémité de sa lance et s’élance, dans un nouvel éclat de rire, un son perçant, qui attire les regards des passants. Surpris, on tourne les yeux, assiste à la course effrénée, d’un Gobelin effrayant.
Son pas n’est plus seulement sautillant, il bondit, d’une geta sur l’autre, le manque d’équilibre lui sert d’élan et parfois, voilà qu’il s’appuie sur sa lance, pour jaillir vers l’avant. Le vent balaie son visage, ses cheveux noirs dévoilent un rictus carnassier, la langue au vent, les yeux embrasés, d’un feu lugubre.
_ Poussin ! Poussin !
Glapit Gobelin, les bras levés vers le ciel, sa main se lève. Sa main aux longs, très longs doigts, terminés de griffes acérées, s’agite pour attirer l’attention du jeune homme qu’il appelle. Sa voix fait grimacer, cette voix criarde rompue de gloussements, jusqu’à ce que Gobelin parvienne enfin à rejoindre la personne qu’il poursuit.
Il s’arrête à un mètre, s’appuie sur sa lance, de tout son poids. Haletant, il reprend son souffle. Accrochée à sa lance, la lanterne tournoie à deux reprises, avant de s’arrêter dans un grincement sinistre. Gobelin s’agenouille, Gobelin rit, d’une joie simple et infantile, il lève les yeux vers le ciel, puis vers lui, sa tête reposée sur la hampe de sa lance.
_ Gobelin n’aurait jamais crû te trouver là Poussin ! Comment vas-tu ? Manges-tu à ta faim ?
Gobelin se lève d’un bond, s’approche de l’enfant, le dévisage avec attention. Tendrement, sa main effleure timidement la sienne, y glissant subtilement, un petit objet qu’il lui a trouvé. Une simple statuette en bois, qu’il a gravée pour lui, qu’il a peint pour lui, elle représente une grue délicate, à la tête penchée, perchée sur une seule de ses pattes, les ailes repliées contre elle. L’allure est noble, distinguée, maîtrisée, malgré la finesse de l’ouvrage, se devine la puissance de l’animal. Prêt à s’envoler à tout instant.
Gobelin a toujours voulu à ce qu’il ait de quoi s’amuser. Lui gravant dans le bois, différents animaux avec lesquels jouer. Et bien qu’ils se soient séparés depuis des années à présent, il a toujours dans sa poche, un petit cadeau à lui offrir.
_ Gobelin est si heureux de te voir, mon garçon, mon Poussin, si heureux, si heureux ! Couine-t-il joyeusement, les yeux brillants, Et il a tant d’histoires à te raconter. Mais avant toutes choses, il est là pour t’écouter. As-tu du temps à accorder au vieux Gobelin ? Nous pourrions aller nous sustenter et nous conter oh ! Oh toutes ces nouvelles choses que nous avons vues, vécues, goûtées, partagées, rêvées ! Rêvées, et l’un de ses rêves, s’est réalisé ce soir, te revoir ! La Cité de Babel est décidément des plus extraordinaires, nous venons d’assister à la réalisation de mes prières !
Gobelin, pour l’occasion, esquisse un pas de danse, un petit tour sur lui-même, une courbette élégante, il lui confie son bras.
_ Un humble serviteur peut-il vous escorter, jusqu’au lieu où nous aurons décidé de nous poser ?
Minaude-t-il, avec malice, levant ses prunelles vers lui. Derrière l’apparence effrayante et mystérieuse, se cache un frère, un parent, une famille. Bien que Zeng Min n’ait eu ni père ni mère, il sait que ce qui le lie à cet enfant, est une affection sincère, sans faille, un amour pour ce qu’il est, et le bonheur de le voir grandir.
Combien même s’inquiète-t-il parfois, de tout ce qu’il n’a pas réussi à lui offrir.
Il espère qu’au moins, il a su lui apprendre le plus important.
Qu’il a su lui faire comprendre, la valeur de son existence, et tout l’amour qu’il lui vouait.
Au crépuscule, sa silhouette se dessine, difforme et hideuse. Le dos courbé, les genoux repliés jusqu’à ses oreilles, la tête penchée, vers les rues qu’il observe. Ses cheveux noirs, rigoles obscures, dégoulinent de son crâne, cascadent, devant son visage. L’arrête osseuse d’un nez saillant, tranche en deux cette rivière huileuse et ébène, où se devine la peau de nacre, d’un masque mortuaire. Le faciès inerte d’un noyé, les lèvres scellées, dans ses orbites creusés, luisent ses yeux. Prunelles serpentines, d’un vert froid rendu visqueux, par l’humidité des muqueuses. Les lèvres s’entrouvrent, et une langue s’allonge, s’étire, parcourt les lèvres inexistantes, jusqu’à pendre lamentablement, Gobelin l’agite, la remonte, jusqu’à toucher, le bout de son nez, il louche et s’amuse.
Babel, la Cité des promesses. La muse, qui anime tous les esprits artistes, l’espoir, d’un avenir meilleur, d’une union entre les peuples, d’une Cité où l’Ordre et l’Harmonie règnent, une Cité où Gobelin s’interroge. A-t-il sa place ici ? Laisse-t-on vagabonder les vilains, les chaotiques et les mercenaires, les êtres qui vivent de la guerre ? Gobelin voit, en bas, les armes qui s’affichent aux tailles, le vol désespéré d’une maigre femme, les regards mauvais qui s’échangent, les rictus moqueurs, adressés à un homme de passage.
Gobelin pousse un croassement, un son qui vient du tréfond de son être et fait racler sa gorge, témoin de sa déception et de sa frustration. Gobelin penche la tête, jusqu’à ce qu’une silhouette familière, lui fasse écarquiller les yeux. Alors, le diable surgit de sa boîte. Son corps se détend, les longues jambes, se déplient, les bras se lèvent, Gobelin bondit, saisit dans un rire caquetant, le bord de la gouttière, se laisse choir sur le balcon d’en bas, en équilibre précaire sur ses getas. Il bat des bras, bascule dans le vide, se rattrape in extremis, agite les jambes, se balance et retombe finalement sur les fesses, dans un couinement de douleur. Gobelin masse ses reins, il ramasse la lance qu’il a laissée là. Sa main plonge dans la poche de son kimono d’un vert sombre et déplie, avec expérience, la lanterne de papier.
Il l’accroche à l’extrémité de sa lance et s’élance, dans un nouvel éclat de rire, un son perçant, qui attire les regards des passants. Surpris, on tourne les yeux, assiste à la course effrénée, d’un Gobelin effrayant.
Son pas n’est plus seulement sautillant, il bondit, d’une geta sur l’autre, le manque d’équilibre lui sert d’élan et parfois, voilà qu’il s’appuie sur sa lance, pour jaillir vers l’avant. Le vent balaie son visage, ses cheveux noirs dévoilent un rictus carnassier, la langue au vent, les yeux embrasés, d’un feu lugubre.
_ Poussin ! Poussin !
Glapit Gobelin, les bras levés vers le ciel, sa main se lève. Sa main aux longs, très longs doigts, terminés de griffes acérées, s’agite pour attirer l’attention du jeune homme qu’il appelle. Sa voix fait grimacer, cette voix criarde rompue de gloussements, jusqu’à ce que Gobelin parvienne enfin à rejoindre la personne qu’il poursuit.
Il s’arrête à un mètre, s’appuie sur sa lance, de tout son poids. Haletant, il reprend son souffle. Accrochée à sa lance, la lanterne tournoie à deux reprises, avant de s’arrêter dans un grincement sinistre. Gobelin s’agenouille, Gobelin rit, d’une joie simple et infantile, il lève les yeux vers le ciel, puis vers lui, sa tête reposée sur la hampe de sa lance.
_ Gobelin n’aurait jamais crû te trouver là Poussin ! Comment vas-tu ? Manges-tu à ta faim ?
Gobelin se lève d’un bond, s’approche de l’enfant, le dévisage avec attention. Tendrement, sa main effleure timidement la sienne, y glissant subtilement, un petit objet qu’il lui a trouvé. Une simple statuette en bois, qu’il a gravée pour lui, qu’il a peint pour lui, elle représente une grue délicate, à la tête penchée, perchée sur une seule de ses pattes, les ailes repliées contre elle. L’allure est noble, distinguée, maîtrisée, malgré la finesse de l’ouvrage, se devine la puissance de l’animal. Prêt à s’envoler à tout instant.
Gobelin a toujours voulu à ce qu’il ait de quoi s’amuser. Lui gravant dans le bois, différents animaux avec lesquels jouer. Et bien qu’ils se soient séparés depuis des années à présent, il a toujours dans sa poche, un petit cadeau à lui offrir.
_ Gobelin est si heureux de te voir, mon garçon, mon Poussin, si heureux, si heureux ! Couine-t-il joyeusement, les yeux brillants, Et il a tant d’histoires à te raconter. Mais avant toutes choses, il est là pour t’écouter. As-tu du temps à accorder au vieux Gobelin ? Nous pourrions aller nous sustenter et nous conter oh ! Oh toutes ces nouvelles choses que nous avons vues, vécues, goûtées, partagées, rêvées ! Rêvées, et l’un de ses rêves, s’est réalisé ce soir, te revoir ! La Cité de Babel est décidément des plus extraordinaires, nous venons d’assister à la réalisation de mes prières !
Gobelin, pour l’occasion, esquisse un pas de danse, un petit tour sur lui-même, une courbette élégante, il lui confie son bras.
_ Un humble serviteur peut-il vous escorter, jusqu’au lieu où nous aurons décidé de nous poser ?
Minaude-t-il, avec malice, levant ses prunelles vers lui. Derrière l’apparence effrayante et mystérieuse, se cache un frère, un parent, une famille. Bien que Zeng Min n’ait eu ni père ni mère, il sait que ce qui le lie à cet enfant, est une affection sincère, sans faille, un amour pour ce qu’il est, et le bonheur de le voir grandir.
Combien même s’inquiète-t-il parfois, de tout ce qu’il n’a pas réussi à lui offrir.
Il espère qu’au moins, il a su lui apprendre le plus important.
Qu’il a su lui faire comprendre, la valeur de son existence, et tout l’amour qu’il lui vouait.
le sourire tranquille et les épaules relâchées dans une allure détendue
voilà plusieurs jours maintenant que bai est arrivé à destination
visiteur coincé entre les murs de cette cité détentrice de secrets qui ne lui appartiennent pas.
il connaît quelques personnes en ces contrées, membres des ailes de l’ombre dispersés aux quatre coins du monde
(jamais assez loin pour s’arracher à son influence (tromper les regards (passer sous son radar))
bai
mauvais présage
oiseau de malheur
(sans même s’en rendre compte)
bai comme une ombre
cachée dans les moindres recoins
bai a des yeux des oreilles partout
c’est bien pour ça qu’il est à babel en ce jour
loin de ses contrées qui l’ont vu naître et grandir
une visite de courtoisie chez un.e membre de l’organisation des ailes de l’ombre
rien de plus rien de moins
(car corbeau veille corbeau guette
toujours à l’affût
des traîtres (et
du reste))
le vent porte jusqu’à lui des bribes de voix
piaillements trop lointains pour qu’il puisse en distinguer les propos
corbeau réprime pourtant un frisson
sentant le poids d’un regard sur sa personne
(à moins que ça ne soit
la paranoïa qui parle
toujours nichée au creux de ses
entrailles)
le regard alerte les yeux perdus
les yeux un peu
fous.
le voilà qui presse le pas
bouscule quelques passants en maugréant quelques excuses tout bas
presque timidement mais pas sincères le moins du monde.
corbeau s’engonce dans une rue moins achalandée
à mesure que s’immiscent dans son esprit tourmenté des scénarios plus horribles les uns que les autres
la peur d’être reconnu
la crainte d’avoir été suivi
(et si jamais
quelqu’un en voulait à sa vie? (c’est qu’il ne serait pas
surpris))
la mâchoire se crispe
d’instinct ses doigts coulent jusqu’à sa ceinture où pend sa dague
se désiste au dernier moment tandis qu’il lui fait volte-face
ses sourcils froncés se relâchent en une expression confuse bouche béante lorsque le regard se pose sur ce visage si familier, ce rire qu’il reconnaîtrait entre mille.
« a..ah.. ze.. hm.. g-gobelin.. »
propos rendus presque inintelligibles par le choc la surprise
cette joie de le revoir qu’il peine à procéder
les mains viennent se réfugier dans celles du gobelin
(son père? son frère?
sa famille (tout simplement))
le seul qui trouve réellement grâce à ses yeux
un petit objet glisse contre sa paume et doucement il le relève à la hauteur du regard
pousse délicatement le masque vers le haut pendant une seconde ou deux
le temps de mieux observer le petit animal sculpté
et un sourire ne tarde pas à fleurir sur le bout des lèvres
tandis qu’il remet son masque en place.
bai a toujours aimé les sculptures du gobelin
dans sa petite demeure à nuhoko, a disposé chacune d’entre elles qu’on lui a donné un peu partout chez lui
près des fenêtres, au-dessus de la petite cheminée ou encore sur sa table de chevet pour qu’il puisse les admirer une fois la nuit venue, les regarder au réveil,
avoir une pensée pour zeng min.
« c’est joli… je l’adore. merci. »
la gratitude transpire dans sa voix bien que bai ait toujours été un homme de peu de mots
moins théâtral que son parent, plus réservé, plus discret. Méfiant.
son bras se glisse dans le sien lorsque celui-ci lui offre.
bai n’aime pas particulièrement les contacts physiques
prend sur lui lorsqu’on lui donne un coup amical sur l’épaule, qu’on lui offre une accolade sans arrière pensée
sourire factice sur les lèvres, figé éternellement sur son visage délicat de poupée
mais pour zeng si c’est lui uniquement lui
bai ça ne le dérange pas
parce que c’est lui toujours lui
le seul qui lui ait donné une chance dans ce monde désastreux.
« pour toi, gobelin, j’aurai toujours du temps… »
pour lui il a tout le temps du monde
pour lui tout peut attendre, les responsabilités le devoir tout le reste
tout.
« je crois me souvenir qu’il y avait une auberge non loin d’ici… »
ou peut-être bien qu’elle était loin.
bai a toujours eu du mal avec les directions
avec les années, ça n’a pas changé.
« je suis… soulagé. que ce soit toi. et heureux. ça aussi… j’ai cru qu’on m’avait suivi. Un étranger en ces terres, ça doit faire de moi une cible facile, j’imagine… »
surtout quand on a l’air aussi perdu que lui
(qu’il cherche à se faire plus petit qu’il ne l’est réellement (le loup dans la bergerie))
dreams
at dawn
D
elirose
La joie fait gazouiller le Gobelin.
Ricanements et borborygmes, ébranlent les épaules et la cage thoracique. Les sons discordants retentissent contre le larynx et le palais, le masque mortuaire brisé d’un rictus carnassier, la vie luit, derrière les prunelles d’un vert vaseux. Gobelin perçoit-il le trouble, dans les mouvements de son poussin ? A-t-il compris, lorsqu’il l’a vu s’enfuir ? Et pourtant, il l’a suivi, avec ses caquètements et son pas bondissant, il a surgi, comme un diable hors de sa boîte, sans craindre la lame qui aurait pu le transpercer de part en part.
Négligence, inconscience, confiance, à moins que ce ne soit, tout cela à la fois. Car Gobelin ne connaît que trop bien la peur qu’il inspire, hideux, hideux et vilain, crachaient les villageois, face à l’enfant difforme qu’il était. Les pierres et les coups de balai auraient pu rompre en deux son dos ou son peu d’ego, mais Gobelin a su faire de son allure, une source de rires. Le ridicule pour dissimuler les blessures, transformer la crainte en stupeur et curiosité, déranger pour mieux amuser. Alors peut-être est-ce pour cela qu’il continue son cirque, malgré les sourcils froncés, la main levée vers la dague, la rapidité du mouvement lorsqu’il lui a fait volte-face.
Gobelin sait qu’il risque toujours de prendre un mauvais coup, ce n’est la faute de personne, seulement de sa bêtise, de son impatience, de cet amour débordant, car ses manières trahissent toute l’affection qui dégouline. Il retient ses caresses, l’envie d’embrasser sa peau, de le serrer contre lui, de danser avec lui ! De l’hisser sur ses épaules, comme lorsqu’il était enfant, tout ça, il ne faut pas le faire, même si ça fait envie.
Gobelin, son nom, son titre, son prénom est un secret qu’il n’a confié que quelques fois à Bai. La première fois, c’était un soir, alors qu’il veillait sur lui, Bai était malade. Il se reposait sous sa tente et Gobelin était à son chevet. L’homme, à l’abri des regards, dévoilait son vrai visage. Il n’y avait plus de sons étranges, non, seulement sa voix grave et posée, ses gestes étaient maîtrisés. Sa main glissant dans ses cheveux, épongeant son front, ses yeux le détaillant, un sourire doux, apaisant enfin les traits émaciés, il lui avait donné son nom, Zeng Min, un nom qu’il s’était choisi. Une histoire qu’il lui racontait, pour lui permettre d’oublier le mal qui lui rongeait le corps, la fièvre qui tapait ses tempes. Ce nom, il lui avait redit alors qu’ils lisaient un jour ensemble, entourés d’une couverture qu’ils partageaient. Ce nom, il aime entendre Bai le dire, car lui, il sait, il a vu, il connaît l’humain sous le masque du Gobelin.
Quand Bai accepte de lui confier ses mains, les très longs doigts du Gobelin les entourent précieusement. Ses pouces caressent sa peau, il raffermit leur étreinte, il cherche de nouvelles cicatrices, des os saillants, des tremblements, il veut s’assurer qu’il aille bien. Jusqu’à glisser dans sa paume, ce qu’il a pris soin de tailler, de peindre et de vernir, ces derniers mois. C’est pour lui qu’il l’a fait ! Pour lui, comme toutes les autres statuettes qu’il s’est amusé à lui fabriquer.
Il a commencé peu de temps après que Bai les ait rejoins. Il voulait qu’il ait un jouet, pour s’amuser avec les autres orphelins. Alors Zeng Min a pris le temps de lui faire un superbe corbeau en bois, et c’est avec ses propres teintures, celles qu’il réservait pour ses paupières, qu’il a peint l’oiseau. Peignant ses plumes de nuit, les ponctuant d’étoiles, Bai n’avait qu’à tirer une cordelette pour que l’animal batte des ailes.
_ Je sais que tu aimes les oiseaux. Je suis content qu’il te plaise. Quel animal préfères-tu à présent ? Est-ce que cela a changé, avec le temps ?
Gobelin sent tout son être fondre, quand le masque se soulève et qu’il effleure du regard, un sourire éphémère. Ses sourires sont rares, discrets, ce sont des flocons de neige, qu’il prend le temps d’observer. Ils fondent si aisément, emportés par la chaleur d’un monde aride, d’un monde brûlant, de braises que Gobelin voit parfois brûler au fond de ses prunelles. Ils n’en ont jamais vraiment parlé, de cette froideur qui luit, au fond de ses pupilles.
Quand Bai saisit docilement son bras, Gobelin s’amuse doucement à le faire tourner, comme une valse, une danse, invitant à la légèreté de l’instant. Puis ils se relâchent et Gobelin marche paisiblement à ses côtés. Une main se glisse dans la poche ventrale de son kimono, l’autre tient sa lance, alors qu’il lève les yeux pour observer la route devant eux.
_ Allons, allons ! Gobelin n’est pas pressé, car le temps passé aux côtés de Bai n’est du temps ni perdu ni gaspillé, c’est un temps qu’il faut prendre de savourer, un présent, dont Gobelin veut profiter. Où as-tu voyagé, Bai ? Qu’as-tu vu de beau, as-tu goûté à des choses que tu as aimées ?
Il cligne des paupières et protecteur, laisse son épaule effleurer la sienne. Ses yeux verts, serpentins, se faufilent au travers du masque, à la recherche des prunelles de son protégé. Ses lèvres dévoilent ses dents, sa langue s’en extirpe, pend légèrement, comme une grimace, faire peur aux peurs, de quoi les chasser, le vilain Gobelin, c’est ce qu’il dit aux enfants, pour les rassurer. Si vilain ! Que les cauchemars font demi tour, que les ennemis s’enfuient !
_ Une cible facile ? Ha !
Un rire bref franchit ses lèvres, elles se redressent comme des babines, rictus carnassier. Les yeux plissés, la mimique mêle malice et cruauté, dissimulent son cœur serré, face à l’afflux des souvenirs, et ses prunelles glissent vers la dague à la hanche de Bai.
_ Tu sais te défendre. Ils seraient sots de t’attaquer ! Et pourquoi ? Quel mal voudrait-on à Poussin ? T’es-tu fait des ennemis ?
Préoccupé, ses yeux reviennent vers ceux du jeune homme. Et sa tête glisse, sur le côté, se penche, vers l’épaule de Bai, pour reprendre.
_ Tu peux revenir avec nous, tu sais ? Voyager avec nous ! Si tu ne te sens pas sûr. Gobelin veillera sur toi. Gobelin sera toujours ta famille. Gobelin a promis de te protéger.
Et il lui sourit.
_ Tu le sais ?
Demande-t-il, et il lève la main, tend l’index, c’est une promesse.
_ Est-ce que tu te souviens ? De ce qu’on fait aux doutes, aux peurs, de tous ces cauchemars que l’on a chassés ? Ces armes, tu les possèdes, et comme toujours, Gobelin sera ton allié !
Car Gobelin fait le naïf et l’innocent, Gobelin fait le gamin, mais il sait mieux que personne le mal que peut faire l’humanité. Son corps porte les traces de l’intolérance, son cœur marqué à jamais par le mépris et le rejet, au point où toujours, il se cache. Derrière un sourire, des cabrioles, des grimaces. Préférant que l’on ait une raison, pour rire et se moquer, car c’est une manière comme une autre, de se rapprocher et de partager.
Car si l’un est le loup dans la bergerie, l’autre est l’étoile d’une nuit.
Ricanements et borborygmes, ébranlent les épaules et la cage thoracique. Les sons discordants retentissent contre le larynx et le palais, le masque mortuaire brisé d’un rictus carnassier, la vie luit, derrière les prunelles d’un vert vaseux. Gobelin perçoit-il le trouble, dans les mouvements de son poussin ? A-t-il compris, lorsqu’il l’a vu s’enfuir ? Et pourtant, il l’a suivi, avec ses caquètements et son pas bondissant, il a surgi, comme un diable hors de sa boîte, sans craindre la lame qui aurait pu le transpercer de part en part.
Négligence, inconscience, confiance, à moins que ce ne soit, tout cela à la fois. Car Gobelin ne connaît que trop bien la peur qu’il inspire, hideux, hideux et vilain, crachaient les villageois, face à l’enfant difforme qu’il était. Les pierres et les coups de balai auraient pu rompre en deux son dos ou son peu d’ego, mais Gobelin a su faire de son allure, une source de rires. Le ridicule pour dissimuler les blessures, transformer la crainte en stupeur et curiosité, déranger pour mieux amuser. Alors peut-être est-ce pour cela qu’il continue son cirque, malgré les sourcils froncés, la main levée vers la dague, la rapidité du mouvement lorsqu’il lui a fait volte-face.
Gobelin sait qu’il risque toujours de prendre un mauvais coup, ce n’est la faute de personne, seulement de sa bêtise, de son impatience, de cet amour débordant, car ses manières trahissent toute l’affection qui dégouline. Il retient ses caresses, l’envie d’embrasser sa peau, de le serrer contre lui, de danser avec lui ! De l’hisser sur ses épaules, comme lorsqu’il était enfant, tout ça, il ne faut pas le faire, même si ça fait envie.
Gobelin, son nom, son titre, son prénom est un secret qu’il n’a confié que quelques fois à Bai. La première fois, c’était un soir, alors qu’il veillait sur lui, Bai était malade. Il se reposait sous sa tente et Gobelin était à son chevet. L’homme, à l’abri des regards, dévoilait son vrai visage. Il n’y avait plus de sons étranges, non, seulement sa voix grave et posée, ses gestes étaient maîtrisés. Sa main glissant dans ses cheveux, épongeant son front, ses yeux le détaillant, un sourire doux, apaisant enfin les traits émaciés, il lui avait donné son nom, Zeng Min, un nom qu’il s’était choisi. Une histoire qu’il lui racontait, pour lui permettre d’oublier le mal qui lui rongeait le corps, la fièvre qui tapait ses tempes. Ce nom, il lui avait redit alors qu’ils lisaient un jour ensemble, entourés d’une couverture qu’ils partageaient. Ce nom, il aime entendre Bai le dire, car lui, il sait, il a vu, il connaît l’humain sous le masque du Gobelin.
Quand Bai accepte de lui confier ses mains, les très longs doigts du Gobelin les entourent précieusement. Ses pouces caressent sa peau, il raffermit leur étreinte, il cherche de nouvelles cicatrices, des os saillants, des tremblements, il veut s’assurer qu’il aille bien. Jusqu’à glisser dans sa paume, ce qu’il a pris soin de tailler, de peindre et de vernir, ces derniers mois. C’est pour lui qu’il l’a fait ! Pour lui, comme toutes les autres statuettes qu’il s’est amusé à lui fabriquer.
Il a commencé peu de temps après que Bai les ait rejoins. Il voulait qu’il ait un jouet, pour s’amuser avec les autres orphelins. Alors Zeng Min a pris le temps de lui faire un superbe corbeau en bois, et c’est avec ses propres teintures, celles qu’il réservait pour ses paupières, qu’il a peint l’oiseau. Peignant ses plumes de nuit, les ponctuant d’étoiles, Bai n’avait qu’à tirer une cordelette pour que l’animal batte des ailes.
_ Je sais que tu aimes les oiseaux. Je suis content qu’il te plaise. Quel animal préfères-tu à présent ? Est-ce que cela a changé, avec le temps ?
Gobelin sent tout son être fondre, quand le masque se soulève et qu’il effleure du regard, un sourire éphémère. Ses sourires sont rares, discrets, ce sont des flocons de neige, qu’il prend le temps d’observer. Ils fondent si aisément, emportés par la chaleur d’un monde aride, d’un monde brûlant, de braises que Gobelin voit parfois brûler au fond de ses prunelles. Ils n’en ont jamais vraiment parlé, de cette froideur qui luit, au fond de ses pupilles.
Quand Bai saisit docilement son bras, Gobelin s’amuse doucement à le faire tourner, comme une valse, une danse, invitant à la légèreté de l’instant. Puis ils se relâchent et Gobelin marche paisiblement à ses côtés. Une main se glisse dans la poche ventrale de son kimono, l’autre tient sa lance, alors qu’il lève les yeux pour observer la route devant eux.
_ Allons, allons ! Gobelin n’est pas pressé, car le temps passé aux côtés de Bai n’est du temps ni perdu ni gaspillé, c’est un temps qu’il faut prendre de savourer, un présent, dont Gobelin veut profiter. Où as-tu voyagé, Bai ? Qu’as-tu vu de beau, as-tu goûté à des choses que tu as aimées ?
Il cligne des paupières et protecteur, laisse son épaule effleurer la sienne. Ses yeux verts, serpentins, se faufilent au travers du masque, à la recherche des prunelles de son protégé. Ses lèvres dévoilent ses dents, sa langue s’en extirpe, pend légèrement, comme une grimace, faire peur aux peurs, de quoi les chasser, le vilain Gobelin, c’est ce qu’il dit aux enfants, pour les rassurer. Si vilain ! Que les cauchemars font demi tour, que les ennemis s’enfuient !
_ Une cible facile ? Ha !
Un rire bref franchit ses lèvres, elles se redressent comme des babines, rictus carnassier. Les yeux plissés, la mimique mêle malice et cruauté, dissimulent son cœur serré, face à l’afflux des souvenirs, et ses prunelles glissent vers la dague à la hanche de Bai.
_ Tu sais te défendre. Ils seraient sots de t’attaquer ! Et pourquoi ? Quel mal voudrait-on à Poussin ? T’es-tu fait des ennemis ?
Préoccupé, ses yeux reviennent vers ceux du jeune homme. Et sa tête glisse, sur le côté, se penche, vers l’épaule de Bai, pour reprendre.
_ Tu peux revenir avec nous, tu sais ? Voyager avec nous ! Si tu ne te sens pas sûr. Gobelin veillera sur toi. Gobelin sera toujours ta famille. Gobelin a promis de te protéger.
Et il lui sourit.
_ Tu le sais ?
Demande-t-il, et il lève la main, tend l’index, c’est une promesse.
_ Est-ce que tu te souviens ? De ce qu’on fait aux doutes, aux peurs, de tous ces cauchemars que l’on a chassés ? Ces armes, tu les possèdes, et comme toujours, Gobelin sera ton allié !
Car Gobelin fait le naïf et l’innocent, Gobelin fait le gamin, mais il sait mieux que personne le mal que peut faire l’humanité. Son corps porte les traces de l’intolérance, son cœur marqué à jamais par le mépris et le rejet, au point où toujours, il se cache. Derrière un sourire, des cabrioles, des grimaces. Préférant que l’on ait une raison, pour rire et se moquer, car c’est une manière comme une autre, de se rapprocher et de partager.
Car si l’un est le loup dans la bergerie, l’autre est l’étoile d’une nuit.
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TOUR DE ZORYA / TERRES DE BABEL
PLUS PROCHE DES CIEUX
SEHRAZAD x ADAM
Elle se dressait vers le ciel, main tendue vers la déesse dont les doigts disparaissaient entre les nuages. Cette prouesse pouvait-elle vraiment être l’œuvre des Hommes ? Devait-on craindre la prétention de leur ambition ou voir en un tel prodige la présence de la déesse ? Les paillettes dorées qui illuminent les prunelles noisette de la demoiselle, parlent d'elles-mêmes. Serhazad est émerveillée par l'audace et l'ingéniosité des babéliens mais ses mains croisées sur sa poitrine ne laissent pas de place au doute, évidemment ces hommes ont été inspiré par la déesse.
La fille de désert était arrivée la veille, franchissant les frontières sous bonne escorte. Elle n'avait pu attendre plus d'une nuit, si elle était fatiguée par le voyage elle n'en laissait rien paraitre. Baignée de la lumière de Zorya, elle frissonnait pourtant au pied de la tour. Peut-être étaient-ce les températures plus clémentes qui faisaient frémir son épiderme, le ciel du fief de Babel connaissait des nuages plus cotonneux et lascifs que ceux du désert. Le soleil n'était pas aussi franc et massif qu'il l'était au-dessus des dunes, pourtant, il était bien là et la plupart des habitants étaient habillés légèrement.
Dans sa robe de lin brodée de délicat fils dorés, le blanc lotus qu'était Sehrazad ne pu s'empêcher de serrer ses bras autour de sa poitrine. Avait-elle vraiment froid ? Elle sait que ces frissons ne sont pas tant dus à la météo qu'à son appréhension. Dans cette grande tour, trouverait-elle des réponses ? Si elle se rapprochait de Zorya, lui accorderait-elle son attention ? N'était-ce pas prétentieux ou même déplacé de sa part d'ainsi réclamer une attention qu'elle avait peut-être déjà ? La déesse s'était-elle vraiment détournée ? La pieuse créature ne pouvait se poser ces questions s'en ressentir honte et culpabilité, qui était-elle pour question la divinité ? Pour oser douter ?
Les longs cils se referment et les paillettes disparaissent, un bref instant où la silhouette féminine semble devenir plus fragile, plus brumeuse dans la brise matinale. Puis Sehrazad rouvre les yeux et il n'y brille que détermination et courage.
D'un pas discret mais assuré, la demoiselle s'avance enfin jusqu'aux portes de la tour. Elle devrait se concentrer sur le positif. Elle allait revoir un ami et cela emplissait son coeur d'allégresse. Avait-il vieillit ? Avait-il changé ? Trouverait-elle un sage barbu là où elle avait laissé un jeune renard roux ? Ne pouvant s'empêcher de sourire en imaginant Adam affublé d'une longue barbe, la jeune femme entrait dans la tour. Ne sachant où poser son regard ni à qui s'adresser, elle errait très volontiers dans le vaste rez-de-chaussé. Ce n'est qu'après plusieurs minutes d'observation ravie qu'elle osait interrompre une personne qui semblait savoir où elle allait.
- Pardonnez-moi, sauriez-vous m'indiquer où m'adresser, je cherche une personne du nom d'Adam Helvar.
Ses petites mains croisées devant ses cuisses, elle souriait avec amabilité, à la fois désolée de déranger une brave dame dans son quotidien mais aussi excitée de se retrouver ici, comme n'importe qu'elle touriste avide de découvertes.
PLUS PROCHE DES CIEUX
SEHRAZAD x ADAM
Elle se dressait vers le ciel, main tendue vers la déesse dont les doigts disparaissaient entre les nuages. Cette prouesse pouvait-elle vraiment être l’œuvre des Hommes ? Devait-on craindre la prétention de leur ambition ou voir en un tel prodige la présence de la déesse ? Les paillettes dorées qui illuminent les prunelles noisette de la demoiselle, parlent d'elles-mêmes. Serhazad est émerveillée par l'audace et l'ingéniosité des babéliens mais ses mains croisées sur sa poitrine ne laissent pas de place au doute, évidemment ces hommes ont été inspiré par la déesse.
La fille de désert était arrivée la veille, franchissant les frontières sous bonne escorte. Elle n'avait pu attendre plus d'une nuit, si elle était fatiguée par le voyage elle n'en laissait rien paraitre. Baignée de la lumière de Zorya, elle frissonnait pourtant au pied de la tour. Peut-être étaient-ce les températures plus clémentes qui faisaient frémir son épiderme, le ciel du fief de Babel connaissait des nuages plus cotonneux et lascifs que ceux du désert. Le soleil n'était pas aussi franc et massif qu'il l'était au-dessus des dunes, pourtant, il était bien là et la plupart des habitants étaient habillés légèrement.
Dans sa robe de lin brodée de délicat fils dorés, le blanc lotus qu'était Sehrazad ne pu s'empêcher de serrer ses bras autour de sa poitrine. Avait-elle vraiment froid ? Elle sait que ces frissons ne sont pas tant dus à la météo qu'à son appréhension. Dans cette grande tour, trouverait-elle des réponses ? Si elle se rapprochait de Zorya, lui accorderait-elle son attention ? N'était-ce pas prétentieux ou même déplacé de sa part d'ainsi réclamer une attention qu'elle avait peut-être déjà ? La déesse s'était-elle vraiment détournée ? La pieuse créature ne pouvait se poser ces questions s'en ressentir honte et culpabilité, qui était-elle pour question la divinité ? Pour oser douter ?
Les longs cils se referment et les paillettes disparaissent, un bref instant où la silhouette féminine semble devenir plus fragile, plus brumeuse dans la brise matinale. Puis Sehrazad rouvre les yeux et il n'y brille que détermination et courage.
D'un pas discret mais assuré, la demoiselle s'avance enfin jusqu'aux portes de la tour. Elle devrait se concentrer sur le positif. Elle allait revoir un ami et cela emplissait son coeur d'allégresse. Avait-il vieillit ? Avait-il changé ? Trouverait-elle un sage barbu là où elle avait laissé un jeune renard roux ? Ne pouvant s'empêcher de sourire en imaginant Adam affublé d'une longue barbe, la jeune femme entrait dans la tour. Ne sachant où poser son regard ni à qui s'adresser, elle errait très volontiers dans le vaste rez-de-chaussé. Ce n'est qu'après plusieurs minutes d'observation ravie qu'elle osait interrompre une personne qui semblait savoir où elle allait.
- Pardonnez-moi, sauriez-vous m'indiquer où m'adresser, je cherche une personne du nom d'Adam Helvar.
Ses petites mains croisées devant ses cuisses, elle souriait avec amabilité, à la fois désolée de déranger une brave dame dans son quotidien mais aussi excitée de se retrouver ici, comme n'importe qu'elle touriste avide de découvertes.
Plus proche des cieux
Pour toute personne habituée aux températures extrêmes du Royaume du Pharaon, le changement d'une nation pouvait s'avérer difficile, très difficile même. Cela n'était pas comparable au climat du Domaine de North Odin, mais en arrivant la première fois sur ces Terres, Adam avait dû mettre au mois quelques mois pour s'y habituer totalement. Sachant que la nation appartenait autrefois aux contrées ensablées, il y avait certainement eu un temps ou le peuple du Royaume avait connu des températures plus diverses et surtout plus clémentes.
Cela ne les empêchait guère de vivre sans trop d'accroches malgré des journées relativement chaudes et des nuits plutôt froides. Tant qu'ils pouvaient continuer de s'approvisionner en eau et de ne pas manquer de nourriture. Alors bien que le scribe préférât vivre en Babel, il était fier d'être originaire de la nation du désert. Confortablement installé dans son bureau, il regardait par la fenêtre. Même après trois années passées ici, il ne cessait de s'émerveiller du paysage qui s'offrait à lui. Cette tour majestueuse dans laquelle il se trouvait embrassé presque le ciel. Comment pouvait-elle tenir vraiment debout avec toute cette charge à supporter ? Cela restait un grand mystère, si bien que son appellation était tout juste trouvée. La tour de Zorya, en l'honneur de la Déesse. Une volonté d'être au plus proche d'elle... Peut-être un désir des hommes avides de pouvoir de s'égaler à elle. Pour tout avouer, il se fichait bien de la véritable volonté des dirigeants quant à la création de ce bâtiment. Dans une des innombrables pièces du deuxième étage, il pouvait exercer son métier de scribe sereinement.
On toquait alors à la porte, sortant Adam de sa contemplation. D'une voix calme, il invitait la personne à pénétrer dans le bureau. Un homme de petite taille, cheveux ébouriffés poivre sel, le teint pâle entrait et annonçait la venue d'une demoiselle en ces lieux. Arquant un sourcil, son visage se transformait la seconde d'après, affichant un sourire radieux. Elle était donc enfin parvenue jusqu'aux terres de Babel ? Ni une ni deux, le rouquin quittait l'endroit et suivi le domestique. Pour arriver jusqu'au rez-de-chaussée, il lui fallu plusieurs dizaines de minutes, mais en voyant la jeune femme dans sa robe de lin, il pressait le pas. Le scribe ne cachait pas sa joie de la voir, il se demandait même si son époux avait fait le trajet en sa compagnie. Elle devait certainement remarquer qu'il cherchait quelqu'un en particulier des yeux avant de reporter son attention sur l'invitée.
Sehrazad, quel plaisir de te voir ! Je ne m'attendais pas à ce que tu arrives si tôt. Le voyage s'est bien déroulé, j'espère ?
Il la couvait d'un regard bienveillant. Cette fille qu'il considérait comme sa petite soeur, cette femme qui était la compagne de Caspian Pharaos, fils héritier du dirigeant du Royaume. Et si elle ne montrait rien, Adam n'était pas dupe. Il la sentait fatiguée. Oui, il aurait pu la convier à aller se reposer pourtant, il n'en fit rien. Il n'était pas bon de tenir tête à Sehrazad, malgré sa douceur et bienveillance. Les années passaient avait rendue la tisseuse bien plus jolie qu'elle ne l'était déjà et lui conférait une maturité nouvelle.
Souhaites-tu manger un petit quelque chose ?
Cela ne les empêchait guère de vivre sans trop d'accroches malgré des journées relativement chaudes et des nuits plutôt froides. Tant qu'ils pouvaient continuer de s'approvisionner en eau et de ne pas manquer de nourriture. Alors bien que le scribe préférât vivre en Babel, il était fier d'être originaire de la nation du désert. Confortablement installé dans son bureau, il regardait par la fenêtre. Même après trois années passées ici, il ne cessait de s'émerveiller du paysage qui s'offrait à lui. Cette tour majestueuse dans laquelle il se trouvait embrassé presque le ciel. Comment pouvait-elle tenir vraiment debout avec toute cette charge à supporter ? Cela restait un grand mystère, si bien que son appellation était tout juste trouvée. La tour de Zorya, en l'honneur de la Déesse. Une volonté d'être au plus proche d'elle... Peut-être un désir des hommes avides de pouvoir de s'égaler à elle. Pour tout avouer, il se fichait bien de la véritable volonté des dirigeants quant à la création de ce bâtiment. Dans une des innombrables pièces du deuxième étage, il pouvait exercer son métier de scribe sereinement.
On toquait alors à la porte, sortant Adam de sa contemplation. D'une voix calme, il invitait la personne à pénétrer dans le bureau. Un homme de petite taille, cheveux ébouriffés poivre sel, le teint pâle entrait et annonçait la venue d'une demoiselle en ces lieux. Arquant un sourcil, son visage se transformait la seconde d'après, affichant un sourire radieux. Elle était donc enfin parvenue jusqu'aux terres de Babel ? Ni une ni deux, le rouquin quittait l'endroit et suivi le domestique. Pour arriver jusqu'au rez-de-chaussée, il lui fallu plusieurs dizaines de minutes, mais en voyant la jeune femme dans sa robe de lin, il pressait le pas. Le scribe ne cachait pas sa joie de la voir, il se demandait même si son époux avait fait le trajet en sa compagnie. Elle devait certainement remarquer qu'il cherchait quelqu'un en particulier des yeux avant de reporter son attention sur l'invitée.
Sehrazad, quel plaisir de te voir ! Je ne m'attendais pas à ce que tu arrives si tôt. Le voyage s'est bien déroulé, j'espère ?
Il la couvait d'un regard bienveillant. Cette fille qu'il considérait comme sa petite soeur, cette femme qui était la compagne de Caspian Pharaos, fils héritier du dirigeant du Royaume. Et si elle ne montrait rien, Adam n'était pas dupe. Il la sentait fatiguée. Oui, il aurait pu la convier à aller se reposer pourtant, il n'en fit rien. Il n'était pas bon de tenir tête à Sehrazad, malgré sa douceur et bienveillance. Les années passaient avait rendue la tisseuse bien plus jolie qu'elle ne l'était déjà et lui conférait une maturité nouvelle.
Souhaites-tu manger un petit quelque chose ?
Sehrazad Adam Tour de Zorya
Dès que sa chevelure flamboyante apparue, un nouvel air entrait dans les poumons de la jeune femme. Bien sûr, elle voyait son regard chercher, en vain hélas mais rien ne pourrait l’empêcher de presser le pas pour le rejoindre. Il n’avait pas changé. Et il avait tellement changé ! N’avait-il pas grandi ? Son regard n’avait-il pas mûrit ? Il semblait si serein, si plein d’assurance, était-ce sa nouvelle vie ou ce décor ? Ah c’était peut-être cela, être en harmonie ?
Elle s’arrêtait à cette distance raisonnable que gardaient les gens entre eux. Ils ne s’étaient pas vu depuis longtemps, comment devaient-ils se comporter désormais ? Il avait grandi et elle aussi. Il était devenu un beau jeune homme et elle une femme, ils n’étaient plus des enfants ni des adolescents. Il était connu ici, il avait un rôle et sans doute un rang à tenir, peut-être même une étiquette à respecter. Elle aussi qui était une étrangère, devrait faire attention à ce qu’elle faisait.
Ah, elle en était incapable ! Ses petits pieds franchissaient la distance qui les séparaient, engloutissant en quelques enjambées tout ce qui les séparait. Elle ne laisserait pas un gouffre s’ouvrir entre eux, que les années ou que les lieux aient changés, ils étaient là, eux. Ses bras se tendent en avant et ses mains délicates se saisissent de celles de son ami, les enfermant dans ses dextres chaleureuses.
- Adam !
Avait-elle besoin de lui dire combien elle était heureuse de le voir ? Ses yeux étincelaient de bonheur et les mots lui manquaient. Elle voulait tout savoir de sa vie, de ses pérégrinations, de ses aventures, de son travail. Mais il y avait un temps pour tout. Un sourire lumineux aux lèvres, Sehrazad relâchait ses mains et acquiesçait.
- Je compte sur toi pour me faire découvrir la cuisine locale !
Se mettant à son côté, elle le laissait les guider à travers la tour. Son regard furetait tout autour d’eux alors qu’elle répondait à sa précédente question.
- Le voyage était fascinant.
C’était sans doute un mot juste, oh il ne suffisait certainement pas à lui seul.. mais c’était une autre histoire ! Portant à nouveau son attention sur le jeune homme à ses côtés, Sehrazad le détaillait avant de se souvenir de son regard lorsqu’il était parvenu jusqu’à elle. Elle s’éclaircissait la voix avant de la forcer à emprunter des tonalités plus graves :
- “Ce n’est pas à moi de venir mais à lui de revenir.”
Si la voix n’y était pas, l’intonation et la locution étaient des imitations quasi-parfaites.
- Ainsi a parlé Caspian Pharaos. Confirmait-elle avant de croiser les mains dans son dos, penchant la tête sur le côté. Il ne plaisantait qu’à moitié tu sais.. Disait-elle un peu trop souriante. Tu seras toujours le bienvenu à ses côtés.
Elle n’insistait pas davantage, ce n’était pas sa place et ni ce pourquoi elle était ici. Elle préférait pourtant ne pas aborder ce sujet là, pas tout de suite.
- Cela dit, je crois que je peux comprendre ton attachement à ce lieu, il est incroyable !
C’était peu dire en ce qui concernait la tour de Zorya. Elle était bien curieuse d’en apprendre plus à son propos et il était évident qu’elle désirait s’élever davantage dans les étages.. Tournant à nouveau son visage vers Adam, elle affichait une petite moue enfantine.
- Ce n’est vraiment pas possible d’aller tout en haut ?
Elle s’arrêtait à cette distance raisonnable que gardaient les gens entre eux. Ils ne s’étaient pas vu depuis longtemps, comment devaient-ils se comporter désormais ? Il avait grandi et elle aussi. Il était devenu un beau jeune homme et elle une femme, ils n’étaient plus des enfants ni des adolescents. Il était connu ici, il avait un rôle et sans doute un rang à tenir, peut-être même une étiquette à respecter. Elle aussi qui était une étrangère, devrait faire attention à ce qu’elle faisait.
Ah, elle en était incapable ! Ses petits pieds franchissaient la distance qui les séparaient, engloutissant en quelques enjambées tout ce qui les séparait. Elle ne laisserait pas un gouffre s’ouvrir entre eux, que les années ou que les lieux aient changés, ils étaient là, eux. Ses bras se tendent en avant et ses mains délicates se saisissent de celles de son ami, les enfermant dans ses dextres chaleureuses.
- Adam !
Avait-elle besoin de lui dire combien elle était heureuse de le voir ? Ses yeux étincelaient de bonheur et les mots lui manquaient. Elle voulait tout savoir de sa vie, de ses pérégrinations, de ses aventures, de son travail. Mais il y avait un temps pour tout. Un sourire lumineux aux lèvres, Sehrazad relâchait ses mains et acquiesçait.
- Je compte sur toi pour me faire découvrir la cuisine locale !
Se mettant à son côté, elle le laissait les guider à travers la tour. Son regard furetait tout autour d’eux alors qu’elle répondait à sa précédente question.
- Le voyage était fascinant.
C’était sans doute un mot juste, oh il ne suffisait certainement pas à lui seul.. mais c’était une autre histoire ! Portant à nouveau son attention sur le jeune homme à ses côtés, Sehrazad le détaillait avant de se souvenir de son regard lorsqu’il était parvenu jusqu’à elle. Elle s’éclaircissait la voix avant de la forcer à emprunter des tonalités plus graves :
- “Ce n’est pas à moi de venir mais à lui de revenir.”
Si la voix n’y était pas, l’intonation et la locution étaient des imitations quasi-parfaites.
- Ainsi a parlé Caspian Pharaos. Confirmait-elle avant de croiser les mains dans son dos, penchant la tête sur le côté. Il ne plaisantait qu’à moitié tu sais.. Disait-elle un peu trop souriante. Tu seras toujours le bienvenu à ses côtés.
Elle n’insistait pas davantage, ce n’était pas sa place et ni ce pourquoi elle était ici. Elle préférait pourtant ne pas aborder ce sujet là, pas tout de suite.
- Cela dit, je crois que je peux comprendre ton attachement à ce lieu, il est incroyable !
C’était peu dire en ce qui concernait la tour de Zorya. Elle était bien curieuse d’en apprendre plus à son propos et il était évident qu’elle désirait s’élever davantage dans les étages.. Tournant à nouveau son visage vers Adam, elle affichait une petite moue enfantine.
- Ce n’est vraiment pas possible d’aller tout en haut ?
Plus proche des cieux
La façon dont elle prononçait le prénom du scribe. Même si la fatigue pouvait se faire ressentir dans le timbre, il y avait se quelque chose qui réchauffait les cœurs. D'une certaine manière, il pouvait comprendre pourquoi Caspian, notre cher prince héritier du royaume du pharaon avait fini par succomber au charme de celle qui lui faisait face. Sehrazad était comparable au soleil, aussi éclatante et chaleur. Mais si certains pouvaient croire à avoir affaire à une délicate fleur, elle se montrait tout aussi féroce. Adam acquiesçait lorsqu'elle lui demandait de lui faire découvrir la cuisine locale. Ne disait-on pas de toute manière, que la nourriture était ce qui raliait les Hommes ? Il n'était alors pas étonnant de chercher les plaisirs de la fin quand on arrivait dans un lieu qui nous était totalement inconnu.
Le rouquin marquait un arrêt dans ses gestes, clignant des yeux avec surprise. Pendant quelques secondes, aucun son ne sortait de sa bouche avant qu'un puissant rire ébranle sa cage thoracique. L'imitation à laquelle le scribe venait d'assister était quasiment parfaite. Et bien qu'il avait quitté la nation depuis un temps maintenant, il reconnaissait entre mille le comportement de Caspian. Le fait d'avoir renoncer au titre de Pharaon ne semblait pas l'avoir changer plus que cela... Du moins, c'était ce qu'il se disait.
Je reviendrais.
Lâchait le rouquin avec un regard bienveillant. Avec sa famille, le prince héritier et quelques autres personnes du Royaume étaient définitivement une des raisons qui pouvait le pousser à revenir là-bas en profitant pleinement.
- Cela dit, je crois que je peux comprendre ton attachement à ce lieu, il est incroyable !
Parlait-elle ici des Terres de Babel, nation prônant la mixité culturelle et la liberté ou alors, de cette immense tour vertigineuse ? La question ne se posait pas alors davantage lorsque Sehrazad reprenait la parole. Adam s'amusait de cette moue enfantine qu'elle abordait. Et si son visage cherchait à renvoyer l'image d'un vieux scribe mécontent de cette demande potentiellement irrespectueuse, sa voix, quant à elle, était chaleureuse.
Comprend bien que je suis sincèrement désolé de ne pas pouvoir accéder à ta requête, mon amie. Pour aller au-delà des premiers étages, un laisser-passer est requis. Même un scribe comme moi ne peut s'en procurer un aussi facilement.
Il commençait à faire les cents pas devant elle, l'air pensif. Oh oui, il pourrait demander au Conseil même... Mais, il ne pouvait pas faire cela juste parce qu'il s'agissait d'une amie et donc, laisser les sentiments parler.
Serait-il malvenu de ma part de te demander pourquoi tu souhaiterais absolument aller tout en haut ? Tu sais, il faudrait bien des heures, voir des jours pour réussir à atteindre le sommet. Et sans avoir mangé ou s'être reposé, cela risque d'être encore plus fatigant non ? Je peux te proposer néanmoins d'aller jusqu'à mon bureau si tu le veux bien ?
Le rouquin marquait un arrêt dans ses gestes, clignant des yeux avec surprise. Pendant quelques secondes, aucun son ne sortait de sa bouche avant qu'un puissant rire ébranle sa cage thoracique. L'imitation à laquelle le scribe venait d'assister était quasiment parfaite. Et bien qu'il avait quitté la nation depuis un temps maintenant, il reconnaissait entre mille le comportement de Caspian. Le fait d'avoir renoncer au titre de Pharaon ne semblait pas l'avoir changer plus que cela... Du moins, c'était ce qu'il se disait.
Je reviendrais.
Lâchait le rouquin avec un regard bienveillant. Avec sa famille, le prince héritier et quelques autres personnes du Royaume étaient définitivement une des raisons qui pouvait le pousser à revenir là-bas en profitant pleinement.
- Cela dit, je crois que je peux comprendre ton attachement à ce lieu, il est incroyable !
Parlait-elle ici des Terres de Babel, nation prônant la mixité culturelle et la liberté ou alors, de cette immense tour vertigineuse ? La question ne se posait pas alors davantage lorsque Sehrazad reprenait la parole. Adam s'amusait de cette moue enfantine qu'elle abordait. Et si son visage cherchait à renvoyer l'image d'un vieux scribe mécontent de cette demande potentiellement irrespectueuse, sa voix, quant à elle, était chaleureuse.
Comprend bien que je suis sincèrement désolé de ne pas pouvoir accéder à ta requête, mon amie. Pour aller au-delà des premiers étages, un laisser-passer est requis. Même un scribe comme moi ne peut s'en procurer un aussi facilement.
Il commençait à faire les cents pas devant elle, l'air pensif. Oh oui, il pourrait demander au Conseil même... Mais, il ne pouvait pas faire cela juste parce qu'il s'agissait d'une amie et donc, laisser les sentiments parler.
Serait-il malvenu de ma part de te demander pourquoi tu souhaiterais absolument aller tout en haut ? Tu sais, il faudrait bien des heures, voir des jours pour réussir à atteindre le sommet. Et sans avoir mangé ou s'être reposé, cela risque d'être encore plus fatigant non ? Je peux te proposer néanmoins d'aller jusqu'à mon bureau si tu le veux bien ?
Sehrazad Adam Tour de Zorya
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TOUR DE ZORYA / TERRES DE BABEL
PLUS PROCHE DES CIEUX
SEHRAZAD x ADAM
PLUS PROCHE DES CIEUX
SEHRAZAD x ADAM
Je reviendrai, avait-il dit ! Sehrazad marque un temps de surprise vite teintée de joie avant de sourire, plaçant ses mains dans son dos en suivant le rythme de marche de son guide. Caspian serait content mais Adam devrait sans doute se préparer à endurer son courroux et ses fausses menaces de l’enfermer au fief, une tablette d’argile pour seule compagne. Mais voilà déjà qu’il répond à sa demande en prenant la stature formelle de sa fonction. La jeune femme observe avec curiosité, cette nouvelle facette de son ami, ce rôle qu’elle ne lui connaissait pas.
Il ne peut l’emmener dans les étages supérieurs, elle savait déjà cela, sa demande n’était qu’un vœu égoïste et enfantin.. Pourtant, son coeur se serre de le voir chercher une solution, ses pieds parcourant les couloirs comme ses pensées arpentaient le labyrinthe de ses méninges. Il finissait par poser la question. Cette question. La jeune femme le laisse poursuivre, lui souriant tendrement alors qu’il essaie de décourager une rude escalade. Il propose de rejoindre son bureau et la demoiselle acquiesce.
- Je veux voir l’endroit où tu travailles !
Visiblement enjouée, elle emboîte son pas et le suit dans les méandres de la Tour.
- Comme ça, tu as ton propre bureau ? Aurai-je dû amener des présents pour tes disciples ? Si tu as des servants, tu devras partager avec eux !
Affirmait-elle sans en dire davantage, une flamme malicieuse agitant le fond de ses prunelles. À ses côtés, elle approchait d’une nouvelle porte et découvrait l’intérieur du bureau qui devait retenir son ami plus longtemps qu’il n’est raisonnable. Son travail avait toujours eu une importance si particulière pour Adam, cela n’avait pas changé.
- Explique-moi, comment se déroulent tes journées ici ? Tes collègues sont-ils gentils ? Manges-tu assez ? As-tu écris des choses intéressantes, amusantes, ces derniers temps ?
La jeune femme explorait les lieux avec une curiosité presque avide, interrogeant son ami comme si elle en était la parente. Mais après tout, n’avait-il pas un peu pâli ? Elle était certaine qu’il passait trop de temps enfermé entre ces quatre murs ! Approchant de la fenêtre, l’énergique colibri se posait enfin, son visage tourné vers la ville. Elle jouait les mères poules mais la seule question qu’elle voulait vraiment lui poser tenait en moins de mots. Ses grands yeux noisette se tournaient doucement vers le visage du jeune homme.
- Es-tu heureux ici, Adam ?
C’était tout ce qui comptait, au final. Le bonheur, où qu'on puisse le trouver, quel qu'il soit, était le plus précieux trésor d'une vie. S'il l'avait trouvé ici, Caspian aussi, devrait l'entendre.
Il ne peut l’emmener dans les étages supérieurs, elle savait déjà cela, sa demande n’était qu’un vœu égoïste et enfantin.. Pourtant, son coeur se serre de le voir chercher une solution, ses pieds parcourant les couloirs comme ses pensées arpentaient le labyrinthe de ses méninges. Il finissait par poser la question. Cette question. La jeune femme le laisse poursuivre, lui souriant tendrement alors qu’il essaie de décourager une rude escalade. Il propose de rejoindre son bureau et la demoiselle acquiesce.
- Je veux voir l’endroit où tu travailles !
Visiblement enjouée, elle emboîte son pas et le suit dans les méandres de la Tour.
- Comme ça, tu as ton propre bureau ? Aurai-je dû amener des présents pour tes disciples ? Si tu as des servants, tu devras partager avec eux !
Affirmait-elle sans en dire davantage, une flamme malicieuse agitant le fond de ses prunelles. À ses côtés, elle approchait d’une nouvelle porte et découvrait l’intérieur du bureau qui devait retenir son ami plus longtemps qu’il n’est raisonnable. Son travail avait toujours eu une importance si particulière pour Adam, cela n’avait pas changé.
- Explique-moi, comment se déroulent tes journées ici ? Tes collègues sont-ils gentils ? Manges-tu assez ? As-tu écris des choses intéressantes, amusantes, ces derniers temps ?
La jeune femme explorait les lieux avec une curiosité presque avide, interrogeant son ami comme si elle en était la parente. Mais après tout, n’avait-il pas un peu pâli ? Elle était certaine qu’il passait trop de temps enfermé entre ces quatre murs ! Approchant de la fenêtre, l’énergique colibri se posait enfin, son visage tourné vers la ville. Elle jouait les mères poules mais la seule question qu’elle voulait vraiment lui poser tenait en moins de mots. Ses grands yeux noisette se tournaient doucement vers le visage du jeune homme.
- Es-tu heureux ici, Adam ?
C’était tout ce qui comptait, au final. Le bonheur, où qu'on puisse le trouver, quel qu'il soit, était le plus précieux trésor d'une vie. S'il l'avait trouvé ici, Caspian aussi, devrait l'entendre.
Plus proche des cieux
Si les années passées avaient fait d'elle une véritable femme, à l'instant présent, Sehrazad ressemblait plus à la petite fille d'autrefois. Elle s'intéressait à Adam, à la vie qu'il avait construit sur les Terres de Babel. Cette chaleur sincère aurait pu faire verser une petite larme, au sensible qu'il était. Mais au contraire, c'était de nouveau un rire qui franchissait ses lèvres et venait se répercuter sur les murs de la Tour. Faisant bien attention à ne pas aller trop vite et distancer la femme de Caspian, le scribe montait les marches.
- Comme ça, tu as ton propre bureau ? Aurai-je dû amener des présents pour tes disciples ? Si tu as des servants, tu devras partager avec eux !
Arrivant jusqu'au lieu promis, Adam ouvrait la porte et d'un geste de la main, invitait son amie de pénétrer dans le bureau. L'endroit n'était pas aussi grand que certaines pièces possibles de trouver dans la Tour, mais c'était tout ce qu'il lui fallait pour se sentir bien. Il possédait assez d'espace pour ne pas se sentir oppressé et surtout, permettre de recevoir quelques invités comme cette femme.
- Explique-moi, comment se déroulent tes journées ici ? Tes collègues sont-ils gentils ? Manges-tu assez ? As-tu écris des choses intéressantes, amusantes, ces derniers temps ?
Il s'amusait à la voir aussi énergique, solaire. Cette curiosité visible alors qu'elle faisait les cent pas dans la pièce. Une figure maternelle pour beaucoup de personnes, voilà ce qu'était Sehrazad. Le genre d'individu que l'on ne pouvait pas détester, qui devait être inondé d'amour. Mais lorsqu'elle lui demandait le plus sérieusement du monde s'il était heureux, Adam ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une profonde tristesse étreindre son cœur. Il ne laissait rien paraître, préférant s'asseoir sur le fauteuil installé autour d'une table qui n'était pas son bureau.
Ta présence est déjà un cadeau, tu sais. Mes collègues peuvent me mener la vie dure, mais ils restent très gentils. Cette vie est, chaque jour, enrichissante. J'ai encore beaucoup à apprendre surtout avec cette nouvelle ère de paix qui a demandé un travail colossal pour beaucoup.
Le rouquin se souvenait encore des tensions qui avaient pu se former lors de l'assemblée. Et encore plus lorsqu'il avait été question de la création de l'Ordre des Chevaliers. Si c'était à refaire, Adam n'hésiterait pas à refaire malgré les difficultés.
Je recense la population, je peux être amené à rédiger les textes officiels pour pouvoir maintenir une paix saine et durable. C'est varié, pas forcément évident surtout lorsque l'on a comme dirigeant plusieurs personnes et non, une seule comme dans le Royaume du Pharaon.
Un changement de vie radicale au début, source de stress.
Mais je suis heureux. Et toi, l'es-tu ? Adam scrutait le moindre détail dans ses réactions. Il est vrai que je ne suis pas revenu vous voir depuis un moment, toi et Caspian. Je m'en excuse. Vous devez être très occupés tout les deux ?
Oh s'il savait, ses lèvres seraient restées closes.
- Comme ça, tu as ton propre bureau ? Aurai-je dû amener des présents pour tes disciples ? Si tu as des servants, tu devras partager avec eux !
Arrivant jusqu'au lieu promis, Adam ouvrait la porte et d'un geste de la main, invitait son amie de pénétrer dans le bureau. L'endroit n'était pas aussi grand que certaines pièces possibles de trouver dans la Tour, mais c'était tout ce qu'il lui fallait pour se sentir bien. Il possédait assez d'espace pour ne pas se sentir oppressé et surtout, permettre de recevoir quelques invités comme cette femme.
- Explique-moi, comment se déroulent tes journées ici ? Tes collègues sont-ils gentils ? Manges-tu assez ? As-tu écris des choses intéressantes, amusantes, ces derniers temps ?
Il s'amusait à la voir aussi énergique, solaire. Cette curiosité visible alors qu'elle faisait les cent pas dans la pièce. Une figure maternelle pour beaucoup de personnes, voilà ce qu'était Sehrazad. Le genre d'individu que l'on ne pouvait pas détester, qui devait être inondé d'amour. Mais lorsqu'elle lui demandait le plus sérieusement du monde s'il était heureux, Adam ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une profonde tristesse étreindre son cœur. Il ne laissait rien paraître, préférant s'asseoir sur le fauteuil installé autour d'une table qui n'était pas son bureau.
Ta présence est déjà un cadeau, tu sais. Mes collègues peuvent me mener la vie dure, mais ils restent très gentils. Cette vie est, chaque jour, enrichissante. J'ai encore beaucoup à apprendre surtout avec cette nouvelle ère de paix qui a demandé un travail colossal pour beaucoup.
Le rouquin se souvenait encore des tensions qui avaient pu se former lors de l'assemblée. Et encore plus lorsqu'il avait été question de la création de l'Ordre des Chevaliers. Si c'était à refaire, Adam n'hésiterait pas à refaire malgré les difficultés.
Je recense la population, je peux être amené à rédiger les textes officiels pour pouvoir maintenir une paix saine et durable. C'est varié, pas forcément évident surtout lorsque l'on a comme dirigeant plusieurs personnes et non, une seule comme dans le Royaume du Pharaon.
Un changement de vie radicale au début, source de stress.
Mais je suis heureux. Et toi, l'es-tu ? Adam scrutait le moindre détail dans ses réactions. Il est vrai que je ne suis pas revenu vous voir depuis un moment, toi et Caspian. Je m'en excuse. Vous devez être très occupés tout les deux ?
Oh s'il savait, ses lèvres seraient restées closes.
Sehrazad Adam Tour de Zorya
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CAPITAL ERIDU / TERRES DE BABEL
TIME STORIES
ZENG x ALMIRE
L’on raconte d’étranges fables. Celles d’un Gobelin ayant élu domicile à l'orée du bois. Gobelin, quelle vile créature ! Maligne, ne cherchant qu’à tourmenter les enfants !
Celle-ci, pourtant, leur a lancé un étrange maléfice. Car loin d’être emportés et kidnappés, ceux-ci reviennent tout sourire. Ceux-ci parlent du Gobelin en de bons mots, et semblent presque… l’aduler ? Comment diable peut on admirer une créature aussi grotesque ? Discours dangereux, qui encourage les plus jeunes à s’aventurer dans des endroits peu praticables, rencontrer une créature ne faisant que les amuser toute la journée. Piètre éducation : les enfants, ils devaient apprendre l’autorité. Ils devaient apprendre la valeur du labeur, car seulement ainsi, ils deviendront des adultes responsables qui pourront briller en société – n’est-ce pas là le but de chaque citoyen bien civilisé ?
Almire, tu ne faisais pas exception à l’opinion de la haute société : tu entendais ces histoires avec un soupçon de mépris. Mais derrière cette froide et hautaine façade, il y avait une pointe de jalousie.
Comment une créature même pas correctement civilisée pouvait susciter plus d’admiration que les nobles savants comme vous ?
Tu n’appréciais pas ça, non. Et ça tombait bien, car où légende urbaine il y avait, yeux de narrateurs y allaient.
Tu allais observer cette légende urbaine, en déceler le vrai du faux – surtout, tu voulais la déceler et la réduire au silence.
Cela te répugne, cependant. Il y avait bien des inconvénients à ta nouvelle reconversion professionnelle, l’un d’eux était de côtoyer les gens et les lieux du bas. Bien que tu sois équipée pour une telle expédition, le sol vaseux allait souiller tes jolis souliers. Quelle plaie.
Tu espérais sincèrement que cette expédition en valait le couop. De toute façon, ton valet, Aryn, était venu avec toi pour prendre soin à ce que tu ne manques de rien. Il n’allait pas manquer de cirer tes pompes avant que tu ne reviennes en ville – il était hors de question que le citoyens te voyaient avec une seule tâche. Tu avais toi même bien du mal à supporter une telle salissure sur ta belle personne, alors qu' on te le faisait remarquer, ce serait l’humiliation totale.
Tu n’as pas à aller bien loin cependant. L’on t’avait dit, qu’il suffisait de suivre la lanterne verte. Tu la voyais, cette lueur, briller dans l’obscurité de la nuit. Tu la voyais comme une étoile qui s’agitait, qui te guidait. Si ta jalousie n’obscurcissait pas ton jugement, tu aurais bien avoué que c’était du plus bel effet, et que ce subterfuge pouvait efficacement attirer n’importe qui qui s’aventurerait dans ces bois.
Dont toi.
Tout comme d’autres personnes se baladant joyeusement – d’une insouciance que tu n’avais pas – tu suis la lanterne.
Pour enfin le voir.
Gobelin.
Tu comprends mieux ce surnom. Il n’a, effectivement, pas l'air humain, avec ce long corps, avec ces articulations dont il sait jouer avec sa souplesse et sa rapidité. Avec ses longues dents blanches s’apparentant plus à des canines. Avec ses longs cheveux noirs qui, loin d'être disciplinés, volaient librement et sauvagement. Avec ce long nez aquilin qui lui donnaient des traits si particuliers. Avec la pâleur de sa peau qui faisait ressortir le corbeau de ses cheveux. Et ses grimaces, qui rendaient son visage si caractéristiques. Et ses cabrioles, qui étonnaient et attiraient le regard. Et sa voix, qui tonnait, qu’on ne pouvait ignorer.
Gobelin. Gobelin qui attirait les enfants et rassemblait des gens, malgré ses pitreries et sa stature différente. Oui, c’est ça : il était différent. Il fascinait par sa différence, il détonnait par sa différence. S’il se trouvait dans le même manoir où tu vis, dans le quartier des nobles, c'est lui qu’on regarderait.
Car il était si différent.
Ah, Almire. Si tu étais à côté de lui, c’est quand même lui qu’on regarderait.
Ça te rend jalouse à en crever.
Tu avais donc croisé les bras, plissé les yeux, analysant chacun de ses gestes, de ses mots. Grossier personnage, odeur peu charmante. Comment pouvaient-ils l’aimer ? Comment pouvaient- ils l’adorer ?
Le voilà qui raconte une histoire. Ah, les histoires. C’est censé être ton rayon, Almire. Alors ouvre grand tes oreilles, et inspire t’en – car lui, tout le monde l'écoute.
Et il raconte l’histoire de deux frères. Un cadet qui n’en a cure de l’héritage. Allons bon, sans doute une histoire inventée…
Et alors que tu roules des yeux face à cette fantaisie, voilà qu’il te désigne de son long doigt. Voilà qu’il t’invite à monter sur scène pour participer à son petit théâtre, si tu le souhaites. Le souhaites-tu, Almire ?
Oh. Tu en crèves d’envie.
Tu te redresses donc, Aryn comprenant le signe pour jeter des pétales de rose autour de toi, alors que l’attention était braquée sur toi - décidément, tu n’en loupes pas une.
-Rejeter votre proposition ? Allons bon, très cher. C’est avec plaisir que je l’accepte. Je ferai honneur à votre représentation, croyez moi.
Et tu lui adresses un sourire charmant, courtois. Et tu voulais montrer à tous ton rang – et tu voulais tous qu’ils te regardent.
Cest donc d’une démarche princière, masculine malgré le sexe qu’on t’a attribué à ta naissance, que tu grimpes sur l’estrade. Tu adresses une élégante courbette au public, pour te présenter, telle le veut l’étiquette. Tu te tournes ensuite vers le Gobelin, tes yeux d’ambre le scrutant – vraiment différent, tu ne comprenais pas.
-J’ai la tâche de jouer le rôle de Hue, c’est bien cela, très cher ?
Le cadet qui n’a pas le droit à l’héritage. Allons bon. Cela te revenait dans la figure, même en pleine pièce de théâtre…
-Eh bien, mon frère ? Allons chercher ce remède pour remettre notre aîné d'aplomb.
Une amertume dans ta voix pointait, malgré le ton théâtral que tu t’efforçais d'employer.
Cette histoire tu ne l’aimais pas – elle faisait étrangement écho à la tienne.
Écho à ton propre échec.
Ton arrivée spectaculaire a eu l'effet escompté. Tous les regards sont sur toi, les applaudissements raisonnent, leur admiration booste ton ego.
Pendant un instant, en tout cas. Car voilà, l'hôte de cet évènement, s'il n'inspire aucune noblesse, capte son public, accroche l'attention, et tous se taisent pour mieux l'écouter. Toi, tu te tiens à ses côtés, fière, en tout cas, autant que tu peux le paraitre - et tu es très bonne comédienne. Cette capacité à fasciner par la voix et par les gestes, c'est une capacité que tu veux avoir en tant que Narratrice - c'est un talent essentiel !
C'est un talent dans lequel le Gobelin semblait naturellement exceller.
Aujourd'hui aussi, tu faisais ton travail : tu étais en train d'Observer.
Alors pour cela, rentrer dans le jeu. Faire moults sourires et tendre des mains - gantées, Dieu merci - se mêler aux autres, quitte à nettoyer ses vêtements juste après.
Aujourd'hui, Almire di Contini allait encore jouer les bonnes samaritaines.
-Seigneur, appelez un roturier comme moi par cette appellation ferait s’offusquer votre père ! Enfin. Après tout, il ignore tous ces jeux que nous faisions ensemble il y a de cela quelques années ! Te souviens tu Hue, de ces parties de cache-cache dans les fourrés, de toutes ces fois où je me faufilais dans les jardins de ton père ou tu t’évadais avec moi jusqu’au village ? Il fallait te ramener avant l’aube, avant que les servantes ne voient que tu n’étais pas là !
Il était excellent comédien, en plus de ça. Un talent qui venait naturellement avec sa capacité de capter l'attention.
Dans ce cas, il fallait se montrer meilleure actrice que lui.
-Et comment l'oublier ! Vagabonder à tes côtés, pendant que je m'échappais, était pour moi synonyme de liberté. C'est toi, cher ami, qui m'a appris ce qu'est de vivre.
Et tu en rajoutais une couche, Almire. Et tu étais actrice, car c'était ce que le public cherchait.
Petite poupée, pour lui, tu vas encore performer.
-Qui aurait crû, que tu voyagerais ainsi avec moi ? Enfin ! Nous allons commencer par traverser les Plaines aux Linettes Enneigées, nous rejoindrons les bois sombres de Mori et devrons nous y enfoncer… La route sera probablement longue ! Qu’as-tu emmené pour le voyage ?
-Une rapière, pour nous protéger de chaque danger ! Un sac, pour récolter, mais aussi pour donner ! Une corde, pour que nous nous retrouvions si nous devions être séparés ! Et évidemment, des provisions pour avoir de quoi nous sustenter... Mais dis-moi, Ganji. Toi qui as des marchandises venues d'ailleurs, dis-moi ce qui se cache dans ton sac de voyage ?
Tout en déclamant tes objets, tu avais mimé leur utilisation, donnant plus de vie à ton récit.
Et finalement, au delà de la compétition, au delà de l'ego.
Tu te prendrais presque au jeu, Almire.
Ne joues-tu pas ton propre rôle chaque jour ?
-Que ressens-tu à l’idée de quitter ces terres ? J’ai cru percevoir, dans ta voix, une certaine aigreur. Tout va bien ? Ne me fais pas croire que tu es inquiet ! Tu es celui qui saura probablement mieux que moi, nous protéger des dangers que nous allons rencontrer.
-Hélas ! Tu m'as percé à jour, mon ami.
Tu pousses un soupir, ton regard se perdant dans les étoiles, rajoutant un côté dramatique - et aussi un peu trop réel.
-C'est la première fois que je m'aventure aussi loin, vois-tu. Si je manie l'épée, serai-je pour autant capable de te protéger des dangers inconnus ? Si moi-même je les ignore, n'est-ce pas qu'une question de temps avant qu'ils ne me dévorent ?
Tu te retournes alors vers ton "ami", dans un mouvement qui se voulait gracieux mais déterminé - dans un mouvement qui voulait attirer les regards.
-Mais enfin ! Comme lorsque nous étions enfants, je sais que tu es là, à mes côtés, pour me guider. A deux, nous irons au bout de cette aventure, et sauverons Umeko !
Peut-être en as tu trop fait ?
Quand n'en fais-tu pas trop, Almire ?
TIME STORIES
ZENG x ALMIRE
L’on murmure, que certains soirs, à la lisière de Babel, à l’orée des bois, une lumière aurait été aperçue.
Un feu follet, d’un vert lugubre.
L’on raconte, que menés par cette flamme, des esprits curieux se sont égarés. Qu’ils ont rencontré, au détour d’un rire, une créature grotesque, arrachée des ombres les plus profondes. Le monstre bondissant et caquetant, au rire de crécelle et aux grimaces affreuses, anime quelques heures les âmes les plus braves, qui repartent, le regard ailleurs et un sourire au cœur, à l’abri des murs de la Cité.
Les enfants plissent les yeux avec connivence, murmurent un nom du bout des lèvres, Gobelin !, par crainte que le vilain ne les emporte au fond du bois ! Et pourtant, ils sourient, rient et s’amusent, la Lanterne Verte, ils l’ont vue, ils veulent écouter les histoires, voir de leurs propres yeux, la créature abyssale.
Et ce soir, dans la pénombre à l’orée du bois, une lueur verte attire naturellement les regards.
La Lanterne Verte est suspendue au crochet d’une lance, plantée dans la terre. Sa flamme vacille parfois, sous les soupirs d’un vent frais. Les derniers relents de chaleur se perçoivent lorsque son souffle retombe, abandonnant dans l’air, les dernières traces d’une aigreur, celle d’une terre sèche. Elle appelle au ciel, pour quelques gouttes salvatrices et le ciel s’emplit de lourds nuages. La tension est perceptible, dans l’attente impatiente, des âmes qui se rassemblent.
Des enfants, des plus grands, observent avec prudence la Lanterne. Elle grince légèrement, par instant, produisant un son strident, qui s’impose, dans le silence.
Un sursaut, lorsqu’une main apparaît. Les longs, longs doigts blancs, se déplient et se referment, sur la hampe de la lance. Dévoilant un court instant, les griffes acérées, recouvertes d’un vernis noir.
_ Qui voilààà ?
Croasse une voix… Avant que la créature ne surgisse d’un bond. Les spectateurs.trices sursautent mais le monstre retombe, en position accroupie. Les cheveux noirs, sont une rigole obscure, où émerge un long nez osseux. Où luisent, des prunelles d’un vert insidieux et incisif. L’être est tapi, les genoux remontés jusqu’à ses oreilles fines, sa tête, s’incline lorsque les pupilles glissent, le long de ses paupières. Comme si son crâne vide, n’est mené que par les mouvements d’yeux de verre, à la surface luisante, dans l’obscurité. Des sons s’échappent parfois, d’une bouche encore invisible : les claquements d’une langue contre le palais, des dents, contraction du larynx, onomatopées osseuses et animale.
_ Bienvenue, bienvenue, petit.es et grand.es, au Royaume des Rêves et des Songes, au Théâtre des Merveilles, à la Tanière du Gobelin !
Sa voix, d’une surprenante puissance, résonne dans sa maigre cage thoracique. La créature s’appuie de sa lance et se redresse, étend son bras libre, vers une estrade qu’on éclaire d’autres lanternes. Gobelin rit et s’élance. Sa silhouette n’est humaine qu’un instant, lorsque l’on discerne ses 4 membres, jusqu’à ce qu’il tombe presque à 4 pattes pour redresser un enfant qui bascule.
_ Oh oh, attention petit poussin ! Ne te presse pas, Gobelin ne part pas bien loin !
Un sourire, étire ses lèvres très fines, ses yeux pétillant d’une malice infantile, jusqu’à ce qu’il plante sa lance au sol et grimpe sur l’estrade d’un bond. Ses bras s’élèvent, alors que le sourire sur ses lèvres, s’étire encore, presque jusqu’à atteindre ses oreilles.
_ Ici ce soir ! Gobelin va vous raconter une histoire ! Une histoire, il y en a tant, il y en a tant dans les livres, mais le mieux est de les vivre ! Ce soir, Gobelin est votre humble serviteur, pour vous mener, là où votre cœur le désire. Sur quelles terres la Lanterne Verte va-t-elle donc vous mener ? Ne vous fiez pas au froid du domaine de North Ordin, si les terres y sont glacées, les cœurs eux, brûlent ! De vie et de passion, pour les combats et la boisson ! L’Empire Nuhoko et son climat paisible, où les bêtes et les petits Gobelins se mêlent au peuple humain, pour des aventures emplies de malice ! A moins que le Royaume du Pharaon, ses dunes de sable et ses murs emplis d’or, n’attisent vos convoitises, où l’eau si précieuse, manque ce soir à Babel ! Sur quelles terres, vous rendrez vous ce soir ?
Les cris surgissent de toutes parts et Gobelin bascule de nouveau sur ses geta, se balance d’avant en arrière, parfois, fait mine de tendre l’oreille.
_ L’Empire ! L’Empire, crie-t-on de vive voix, et c’est l’Empire qui l’emportera ! Est-ce donc la quiétude du climat, ou les charmes de notre Impératrice, à moins que ce ne soit l’inverse, qui suscitent donc tant d’enthousiasme ? A moins que vous n’espériez seulement la visite d’un Gobelin dans cette histoire ! Sourit malicieusement l’homme, Alors ! Nuhoko !
Gobelin tape deux fois dans ses mains. Les lanternes se parent d’un vert plus tendre. L’assemblée, se retrouve comme sous les cimes d’arbres printaniers aux feuilles gorgées de sève. Des musiciens, compagnes et compagnons de la Lanterne Verte, jouent d’un simple instrument à cordes pincées, une flûte, s’élève et Gobelin devient alors, voyageur.
Appuyé contre un mur invisible, Gobelin fait mine de réfléchir, attendant que l’assemblée se taise, pour tourner les yeux vers elle. Dans un geste complice, il se penche vers l’avant.
_ Sais-tu ce que j’ai entendu ? L’on raconte qu’il existerait une plante, capable de soigner de toutes les maladies, au fin fond des bois de Mori. Mais les lieux, sont très bien gardés, plusieurs épreuves sont à passer, pour la trouver. Es-tu prêt.e à t’y rendre ?
Gobelin attend l’acclamation, pour reprendre.
_ Bien, bien, tu sembles très motivé ! S’amuse-t-il, Mais sois sur tes gardes, prends ton arme, on ne sait jamais quelles mauvaises rencontres l’on pourrait faire ! Ne t’inquiète pas, je veillerai sur tes arrières.
Gobelin fait mine de marcher, d’un pas lent, traversant de part et d’autre l’estrade.
_ Ce sera sûrement le meilleur moyen de soigner ton frère. Il est vrai qu’il est très bon combattant ! Et tu te débrouilles assez bien, toi aussi, tu sais. Moi ? Oh, moi, tant que j’arrive à me curer les dents avec mon épée, je me considère plutôt doué.
Pouffe malicieusement Gobelin. Le ton de sa voix change, devient cette fois, narrateur.
_ L’histoire est celle de Hue et de son comparse, le taquin Ganji. Hue est le cadet, d’une famille de nombreux enfants. Il n’attend pas d’être l’héritier, non, bien qu’il espère, faire la fierté de ses parents. Les espoirs reposent sur son frère, le Seigneur Umeko, mais qui a été mordu par un serpent… Malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à trouver un remède. Ganji, lui, est un marchand. Il erre, sur toutes les routes et même en dehors, laissant traîner autant ses oreilles que ses pieds. Il sait tout, ou prétend savoir.
Quelques pouffements s’échappent et Gobelin sourit.
_ Les deux comparses cheminent longtemps, avant d’arriver face au bois épais. Ils s’arrêtent, face aux arbres serrés les uns contre les autres, il fait nuit, ils s’interrogent. Vont-ils rester ici ou traverser la forêt, sous le couvert de la nuit ?
Soudain, Gobelin tend le doigt vers une silhouette, à qui il affiche un sourire.
_ Vous ! Que dîtes-vous de nous aider, à raconter cette histoire ? Vous joueriez Hue et moi Ganji, à moins que vous ne préfériez inverser les rôles ? Et si vous ne souhaitez pas participer, ce n’est rien, faîtes seulement, un petit geste à Gobelin et Gobelin cherchera une autre âme, parmi toustes celleux qui nous regardent ! Et si personne ne veut participer, Gobelin sera plusieurs visages ce soir !
Un feu follet, d’un vert lugubre.
L’on raconte, que menés par cette flamme, des esprits curieux se sont égarés. Qu’ils ont rencontré, au détour d’un rire, une créature grotesque, arrachée des ombres les plus profondes. Le monstre bondissant et caquetant, au rire de crécelle et aux grimaces affreuses, anime quelques heures les âmes les plus braves, qui repartent, le regard ailleurs et un sourire au cœur, à l’abri des murs de la Cité.
Les enfants plissent les yeux avec connivence, murmurent un nom du bout des lèvres, Gobelin !, par crainte que le vilain ne les emporte au fond du bois ! Et pourtant, ils sourient, rient et s’amusent, la Lanterne Verte, ils l’ont vue, ils veulent écouter les histoires, voir de leurs propres yeux, la créature abyssale.
Et ce soir, dans la pénombre à l’orée du bois, une lueur verte attire naturellement les regards.
La Lanterne Verte est suspendue au crochet d’une lance, plantée dans la terre. Sa flamme vacille parfois, sous les soupirs d’un vent frais. Les derniers relents de chaleur se perçoivent lorsque son souffle retombe, abandonnant dans l’air, les dernières traces d’une aigreur, celle d’une terre sèche. Elle appelle au ciel, pour quelques gouttes salvatrices et le ciel s’emplit de lourds nuages. La tension est perceptible, dans l’attente impatiente, des âmes qui se rassemblent.
Des enfants, des plus grands, observent avec prudence la Lanterne. Elle grince légèrement, par instant, produisant un son strident, qui s’impose, dans le silence.
Un sursaut, lorsqu’une main apparaît. Les longs, longs doigts blancs, se déplient et se referment, sur la hampe de la lance. Dévoilant un court instant, les griffes acérées, recouvertes d’un vernis noir.
_ Qui voilààà ?
Croasse une voix… Avant que la créature ne surgisse d’un bond. Les spectateurs.trices sursautent mais le monstre retombe, en position accroupie. Les cheveux noirs, sont une rigole obscure, où émerge un long nez osseux. Où luisent, des prunelles d’un vert insidieux et incisif. L’être est tapi, les genoux remontés jusqu’à ses oreilles fines, sa tête, s’incline lorsque les pupilles glissent, le long de ses paupières. Comme si son crâne vide, n’est mené que par les mouvements d’yeux de verre, à la surface luisante, dans l’obscurité. Des sons s’échappent parfois, d’une bouche encore invisible : les claquements d’une langue contre le palais, des dents, contraction du larynx, onomatopées osseuses et animale.
_ Bienvenue, bienvenue, petit.es et grand.es, au Royaume des Rêves et des Songes, au Théâtre des Merveilles, à la Tanière du Gobelin !
Sa voix, d’une surprenante puissance, résonne dans sa maigre cage thoracique. La créature s’appuie de sa lance et se redresse, étend son bras libre, vers une estrade qu’on éclaire d’autres lanternes. Gobelin rit et s’élance. Sa silhouette n’est humaine qu’un instant, lorsque l’on discerne ses 4 membres, jusqu’à ce qu’il tombe presque à 4 pattes pour redresser un enfant qui bascule.
_ Oh oh, attention petit poussin ! Ne te presse pas, Gobelin ne part pas bien loin !
Un sourire, étire ses lèvres très fines, ses yeux pétillant d’une malice infantile, jusqu’à ce qu’il plante sa lance au sol et grimpe sur l’estrade d’un bond. Ses bras s’élèvent, alors que le sourire sur ses lèvres, s’étire encore, presque jusqu’à atteindre ses oreilles.
_ Ici ce soir ! Gobelin va vous raconter une histoire ! Une histoire, il y en a tant, il y en a tant dans les livres, mais le mieux est de les vivre ! Ce soir, Gobelin est votre humble serviteur, pour vous mener, là où votre cœur le désire. Sur quelles terres la Lanterne Verte va-t-elle donc vous mener ? Ne vous fiez pas au froid du domaine de North Ordin, si les terres y sont glacées, les cœurs eux, brûlent ! De vie et de passion, pour les combats et la boisson ! L’Empire Nuhoko et son climat paisible, où les bêtes et les petits Gobelins se mêlent au peuple humain, pour des aventures emplies de malice ! A moins que le Royaume du Pharaon, ses dunes de sable et ses murs emplis d’or, n’attisent vos convoitises, où l’eau si précieuse, manque ce soir à Babel ! Sur quelles terres, vous rendrez vous ce soir ?
Les cris surgissent de toutes parts et Gobelin bascule de nouveau sur ses geta, se balance d’avant en arrière, parfois, fait mine de tendre l’oreille.
_ L’Empire ! L’Empire, crie-t-on de vive voix, et c’est l’Empire qui l’emportera ! Est-ce donc la quiétude du climat, ou les charmes de notre Impératrice, à moins que ce ne soit l’inverse, qui suscitent donc tant d’enthousiasme ? A moins que vous n’espériez seulement la visite d’un Gobelin dans cette histoire ! Sourit malicieusement l’homme, Alors ! Nuhoko !
Gobelin tape deux fois dans ses mains. Les lanternes se parent d’un vert plus tendre. L’assemblée, se retrouve comme sous les cimes d’arbres printaniers aux feuilles gorgées de sève. Des musiciens, compagnes et compagnons de la Lanterne Verte, jouent d’un simple instrument à cordes pincées, une flûte, s’élève et Gobelin devient alors, voyageur.
Appuyé contre un mur invisible, Gobelin fait mine de réfléchir, attendant que l’assemblée se taise, pour tourner les yeux vers elle. Dans un geste complice, il se penche vers l’avant.
_ Sais-tu ce que j’ai entendu ? L’on raconte qu’il existerait une plante, capable de soigner de toutes les maladies, au fin fond des bois de Mori. Mais les lieux, sont très bien gardés, plusieurs épreuves sont à passer, pour la trouver. Es-tu prêt.e à t’y rendre ?
Gobelin attend l’acclamation, pour reprendre.
_ Bien, bien, tu sembles très motivé ! S’amuse-t-il, Mais sois sur tes gardes, prends ton arme, on ne sait jamais quelles mauvaises rencontres l’on pourrait faire ! Ne t’inquiète pas, je veillerai sur tes arrières.
Gobelin fait mine de marcher, d’un pas lent, traversant de part et d’autre l’estrade.
_ Ce sera sûrement le meilleur moyen de soigner ton frère. Il est vrai qu’il est très bon combattant ! Et tu te débrouilles assez bien, toi aussi, tu sais. Moi ? Oh, moi, tant que j’arrive à me curer les dents avec mon épée, je me considère plutôt doué.
Pouffe malicieusement Gobelin. Le ton de sa voix change, devient cette fois, narrateur.
_ L’histoire est celle de Hue et de son comparse, le taquin Ganji. Hue est le cadet, d’une famille de nombreux enfants. Il n’attend pas d’être l’héritier, non, bien qu’il espère, faire la fierté de ses parents. Les espoirs reposent sur son frère, le Seigneur Umeko, mais qui a été mordu par un serpent… Malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à trouver un remède. Ganji, lui, est un marchand. Il erre, sur toutes les routes et même en dehors, laissant traîner autant ses oreilles que ses pieds. Il sait tout, ou prétend savoir.
Quelques pouffements s’échappent et Gobelin sourit.
_ Les deux comparses cheminent longtemps, avant d’arriver face au bois épais. Ils s’arrêtent, face aux arbres serrés les uns contre les autres, il fait nuit, ils s’interrogent. Vont-ils rester ici ou traverser la forêt, sous le couvert de la nuit ?
Soudain, Gobelin tend le doigt vers une silhouette, à qui il affiche un sourire.
_ Vous ! Que dîtes-vous de nous aider, à raconter cette histoire ? Vous joueriez Hue et moi Ganji, à moins que vous ne préfériez inverser les rôles ? Et si vous ne souhaitez pas participer, ce n’est rien, faîtes seulement, un petit geste à Gobelin et Gobelin cherchera une autre âme, parmi toustes celleux qui nous regardent ! Et si personne ne veut participer, Gobelin sera plusieurs visages ce soir !
Théâtre
Almire & Zeng Min
L’on raconte d’étranges fables. Celles d’un Gobelin ayant élu domicile à l'orée du bois. Gobelin, quelle vile créature ! Maligne, ne cherchant qu’à tourmenter les enfants !
Celle-ci, pourtant, leur a lancé un étrange maléfice. Car loin d’être emportés et kidnappés, ceux-ci reviennent tout sourire. Ceux-ci parlent du Gobelin en de bons mots, et semblent presque… l’aduler ? Comment diable peut on admirer une créature aussi grotesque ? Discours dangereux, qui encourage les plus jeunes à s’aventurer dans des endroits peu praticables, rencontrer une créature ne faisant que les amuser toute la journée. Piètre éducation : les enfants, ils devaient apprendre l’autorité. Ils devaient apprendre la valeur du labeur, car seulement ainsi, ils deviendront des adultes responsables qui pourront briller en société – n’est-ce pas là le but de chaque citoyen bien civilisé ?
Almire, tu ne faisais pas exception à l’opinion de la haute société : tu entendais ces histoires avec un soupçon de mépris. Mais derrière cette froide et hautaine façade, il y avait une pointe de jalousie.
Comment une créature même pas correctement civilisée pouvait susciter plus d’admiration que les nobles savants comme vous ?
Tu n’appréciais pas ça, non. Et ça tombait bien, car où légende urbaine il y avait, yeux de narrateurs y allaient.
Tu allais observer cette légende urbaine, en déceler le vrai du faux – surtout, tu voulais la déceler et la réduire au silence.
Cela te répugne, cependant. Il y avait bien des inconvénients à ta nouvelle reconversion professionnelle, l’un d’eux était de côtoyer les gens et les lieux du bas. Bien que tu sois équipée pour une telle expédition, le sol vaseux allait souiller tes jolis souliers. Quelle plaie.
Tu espérais sincèrement que cette expédition en valait le couop. De toute façon, ton valet, Aryn, était venu avec toi pour prendre soin à ce que tu ne manques de rien. Il n’allait pas manquer de cirer tes pompes avant que tu ne reviennes en ville – il était hors de question que le citoyens te voyaient avec une seule tâche. Tu avais toi même bien du mal à supporter une telle salissure sur ta belle personne, alors qu' on te le faisait remarquer, ce serait l’humiliation totale.
Tu n’as pas à aller bien loin cependant. L’on t’avait dit, qu’il suffisait de suivre la lanterne verte. Tu la voyais, cette lueur, briller dans l’obscurité de la nuit. Tu la voyais comme une étoile qui s’agitait, qui te guidait. Si ta jalousie n’obscurcissait pas ton jugement, tu aurais bien avoué que c’était du plus bel effet, et que ce subterfuge pouvait efficacement attirer n’importe qui qui s’aventurerait dans ces bois.
Dont toi.
Tout comme d’autres personnes se baladant joyeusement – d’une insouciance que tu n’avais pas – tu suis la lanterne.
Pour enfin le voir.
Gobelin.
Tu comprends mieux ce surnom. Il n’a, effectivement, pas l'air humain, avec ce long corps, avec ces articulations dont il sait jouer avec sa souplesse et sa rapidité. Avec ses longues dents blanches s’apparentant plus à des canines. Avec ses longs cheveux noirs qui, loin d'être disciplinés, volaient librement et sauvagement. Avec ce long nez aquilin qui lui donnaient des traits si particuliers. Avec la pâleur de sa peau qui faisait ressortir le corbeau de ses cheveux. Et ses grimaces, qui rendaient son visage si caractéristiques. Et ses cabrioles, qui étonnaient et attiraient le regard. Et sa voix, qui tonnait, qu’on ne pouvait ignorer.
Gobelin. Gobelin qui attirait les enfants et rassemblait des gens, malgré ses pitreries et sa stature différente. Oui, c’est ça : il était différent. Il fascinait par sa différence, il détonnait par sa différence. S’il se trouvait dans le même manoir où tu vis, dans le quartier des nobles, c'est lui qu’on regarderait.
Car il était si différent.
Ah, Almire. Si tu étais à côté de lui, c’est quand même lui qu’on regarderait.
Ça te rend jalouse à en crever.
Tu avais donc croisé les bras, plissé les yeux, analysant chacun de ses gestes, de ses mots. Grossier personnage, odeur peu charmante. Comment pouvaient-ils l’aimer ? Comment pouvaient- ils l’adorer ?
Le voilà qui raconte une histoire. Ah, les histoires. C’est censé être ton rayon, Almire. Alors ouvre grand tes oreilles, et inspire t’en – car lui, tout le monde l'écoute.
Et il raconte l’histoire de deux frères. Un cadet qui n’en a cure de l’héritage. Allons bon, sans doute une histoire inventée…
Et alors que tu roules des yeux face à cette fantaisie, voilà qu’il te désigne de son long doigt. Voilà qu’il t’invite à monter sur scène pour participer à son petit théâtre, si tu le souhaites. Le souhaites-tu, Almire ?
Oh. Tu en crèves d’envie.
Tu te redresses donc, Aryn comprenant le signe pour jeter des pétales de rose autour de toi, alors que l’attention était braquée sur toi - décidément, tu n’en loupes pas une.
-Rejeter votre proposition ? Allons bon, très cher. C’est avec plaisir que je l’accepte. Je ferai honneur à votre représentation, croyez moi.
Et tu lui adresses un sourire charmant, courtois. Et tu voulais montrer à tous ton rang – et tu voulais tous qu’ils te regardent.
Cest donc d’une démarche princière, masculine malgré le sexe qu’on t’a attribué à ta naissance, que tu grimpes sur l’estrade. Tu adresses une élégante courbette au public, pour te présenter, telle le veut l’étiquette. Tu te tournes ensuite vers le Gobelin, tes yeux d’ambre le scrutant – vraiment différent, tu ne comprenais pas.
-J’ai la tâche de jouer le rôle de Hue, c’est bien cela, très cher ?
Le cadet qui n’a pas le droit à l’héritage. Allons bon. Cela te revenait dans la figure, même en pleine pièce de théâtre…
-Eh bien, mon frère ? Allons chercher ce remède pour remettre notre aîné d'aplomb.
Une amertume dans ta voix pointait, malgré le ton théâtral que tu t’efforçais d'employer.
Cette histoire tu ne l’aimais pas – elle faisait étrangement écho à la tienne.
Écho à ton propre échec.
La personne se redresse.
Le mouvement accompagné d’un jet de pétales. Gobelin cligne des paupières, admiratif, il s’accroupit sous la surprise. Ses paupières s’ouvrent et s’écarquillent : ses prunelles s’emplissent d’un émerveillement enfantin, d’ailleurs, il applaudit ! Un geste repris par les spectateurs, qui pensent qu’il ne s’agit qu’un ajout au spectacle. Mais Gobelin trouve ça magique, magnifique, toutes ces fleurs qui tourbillonnent et elle, qui se tient droite et fière. Comme ces esprits des bois, qui s'éveillent au sein des fleurs printanières. Auréolés, de doux parfums et de lumière.
_ Elle accepte !
Glapit Gobelin, d’un bond, il s’élance, voltige jusqu’à l’extrémité de l’estrade. D’un pied qu’il glisse vers l’arrière, il incline le torse et déplie son long bras, chacun de ses doigts, armés d’ongles effilés. Vernis, d’une encre noire, sa peau pâle, s’arrachant de la pénombre.
Face à son sourire charmant, un sourire d’une délicatesse et d’une noblesse évidente, l’abjecte créature courbe docilement l’échine. Mais il y a, dans le regard malicieux qu’il lui adresse, une tendre impertinence. Mercenaire, il sait que son existence ne dépend que de la générosité des plus riches – bien qu’une miche de pain peut lui suffire comme paiement. Mais son assurance, vient de cette liberté qu’il veille à préserver : car mercenaire ! Il est libre de choisir, pour quelle cause se battre et quel Noble, servir.
Elle gravit l’estrade, d’un pas ferme et militaire, d’une détermination écrasante et Gobelin se rétracte d’un couinement, les mains posées sur la tête, il fait un tour sur lui-même avant d’étendre les bras.
_ Acclamez, acclamez ! Le courage et le charisme de cette personne, qui ce soir, accepte de jouer pour sustenter votre curiosité ! Gobelin est ravi, ravi d’être aussi bien accompagné, par vous et par elle, pour cette soirée !
Et Gobelin applaudit encore, quelques instants, jusqu’à ce que ses yeux verts reviennent jusqu’à elle. Les prunelles luisantes dans la pénombre s’unissent à ses yeux d’ambre, l’or et l’émeraude, partagent un éclat. La volonté, de se défier sur ce terrain de jeu. Est-ce une question de fierté ? Peut-on réellement parler de dignité, lorsque l’on voit les mimiques de la créature ? Se tourner au ridicule ne l’effraie guère, car ce soir, Gobelin ne se considère qu’outil d’un destin qu’Almire semble vouloir prendre en mains.
Elle est ! Princière et autoritaire, maître de son image et de ses gestes, la courbette élégante, le verbe énoncé avec éloquence, les mains gantées et le sourire de circonstance. Les yeux d’ambre, prédateurs, l’étudient et l’observent, elle est peut-être, noble et chevalière, roturière et dignitaire, de quoi est-elle le bras armé ?
Car il y a au travers de sa posture et de son assurance, quelque chose à prouver ou à défendre. Elle n’est pas seulement ici pour s’amuser.
Mais Gobelin, lui, a appris à rire de tout et de rien, il fallait bien ! Quand l’on naît avec sa tête, pour garder l’espoir et gagner la sympathie. Pour trouver le plaisir de vivre et de tenir, pour se dire, qu’il avait le droit d’exister, de voyager et d’aimer ! Car combien même, est-il des plus vilains, il veille à ce que ses pas suivent le chemin du bien. Et peut-être qu’un jour, cette lumière se verra avant ses grimaces.
Peut-être qu’un jour, on verra l’humain, sous le faciès du Gobelin.
Et ce soir, alors que les adultes et enfants se réunissent, Zeng Min se dit qu’il a peut-être réussi. Que ce soir, beaucoup partiront avec le sourire. Et qu’il espère, qu’Almire aussi, s’en ira avec un bon souvenir.
Alors il se décide, il fera en sorte que ce soir, son aventure soit mémorable. Qu’elle soit heureuse, qu’elle soit victorieuse, qu’elle soit grandiose et magnifique, qu’elle soit l’héroïne, de son histoire.
_ Oui, oui, Hue et Gobelin jouera Ganji. Le cadet et le marchand itinérant !
L’amertume dans sa voix n’échappe pas au Gobelin – non, Ganji ce soir.
L’homme attache ses cheveux en catogan, laisse une mèche longer son visage. Il repose négligemment sa lance sur son épaule et fait mine de s’avancer, s’étirant dans un bâillement qu’il retient derrière sa main. Grattant sa joue du bout de l’index, il reprend.
_ Mon frère ? Ah !
Un sourire amusé éclaire le coin de ses lèvres. En cet instant, il n’y a plus Gobelin, mais un homme habitué aux voyages, d’un naturel taquin et nonchalant. La malice d’ailleurs, étire davantage ses lèvres.
_ Seigneur, appelez un roturier comme moi par cette appellation ferait s’offusquer votre père ! Enfin. Après tout, il ignore tous ces jeux que nous faisions ensemble il y a de cela quelques années ! Te souviens tu Hue, de ces parties de cache-cache dans les fourrés, de toutes ces fois où je me faufilais dans les jardins de ton père ou tu t’évadais avec moi jusqu’au village ? Il fallait te ramener avant l’aube, avant que les servantes ne voient que tu n’étais pas là ! Qui aurait crû, que tu voyagerais ainsi avec moi ? Enfin ! Nous allons commencer par traverser les Plaines aux Linettes Enneigées, nous rejoindrons les bois sombres de Mori et devrons nous y enfoncer… La route sera probablement longue ! Qu’as-tu emmené pour le voyage ?
Interroge-t-il. Il adaptera la suite de l’histoire, à ce que « Hue » aura pensé à emmener. Narrateur, Gobelin aime partager ses récits et mieux encore ! Les écrire à plusieurs. Vivre ensemble une aventure. Son sourire se fait rêveur, lorsqu’il lève les yeux vers le ciel étoilé, marchant d’un pas lent, pour traverser et part et d’autre l’estrade, faisant croire à une simple promenade.
_ Que ressens-tu à l’idée de quitter ces terres ? J’ai cru percevoir, dans ta voix, une certaine aigreur. Tout va bien ? Ne me fais pas croire que tu es inquiet ! Tu es celui qui saura probablement mieux que moi, nous protéger des dangers que nous allons rencontrer.
Car chaque nuit, les histoires sont différentes, car il arrive parfois, que les spectateurs participent.
_ Est-ce la première fois que tu voyages ?
------Le mouvement accompagné d’un jet de pétales. Gobelin cligne des paupières, admiratif, il s’accroupit sous la surprise. Ses paupières s’ouvrent et s’écarquillent : ses prunelles s’emplissent d’un émerveillement enfantin, d’ailleurs, il applaudit ! Un geste repris par les spectateurs, qui pensent qu’il ne s’agit qu’un ajout au spectacle. Mais Gobelin trouve ça magique, magnifique, toutes ces fleurs qui tourbillonnent et elle, qui se tient droite et fière. Comme ces esprits des bois, qui s'éveillent au sein des fleurs printanières. Auréolés, de doux parfums et de lumière.
_ Elle accepte !
Glapit Gobelin, d’un bond, il s’élance, voltige jusqu’à l’extrémité de l’estrade. D’un pied qu’il glisse vers l’arrière, il incline le torse et déplie son long bras, chacun de ses doigts, armés d’ongles effilés. Vernis, d’une encre noire, sa peau pâle, s’arrachant de la pénombre.
Face à son sourire charmant, un sourire d’une délicatesse et d’une noblesse évidente, l’abjecte créature courbe docilement l’échine. Mais il y a, dans le regard malicieux qu’il lui adresse, une tendre impertinence. Mercenaire, il sait que son existence ne dépend que de la générosité des plus riches – bien qu’une miche de pain peut lui suffire comme paiement. Mais son assurance, vient de cette liberté qu’il veille à préserver : car mercenaire ! Il est libre de choisir, pour quelle cause se battre et quel Noble, servir.
Elle gravit l’estrade, d’un pas ferme et militaire, d’une détermination écrasante et Gobelin se rétracte d’un couinement, les mains posées sur la tête, il fait un tour sur lui-même avant d’étendre les bras.
_ Acclamez, acclamez ! Le courage et le charisme de cette personne, qui ce soir, accepte de jouer pour sustenter votre curiosité ! Gobelin est ravi, ravi d’être aussi bien accompagné, par vous et par elle, pour cette soirée !
Et Gobelin applaudit encore, quelques instants, jusqu’à ce que ses yeux verts reviennent jusqu’à elle. Les prunelles luisantes dans la pénombre s’unissent à ses yeux d’ambre, l’or et l’émeraude, partagent un éclat. La volonté, de se défier sur ce terrain de jeu. Est-ce une question de fierté ? Peut-on réellement parler de dignité, lorsque l’on voit les mimiques de la créature ? Se tourner au ridicule ne l’effraie guère, car ce soir, Gobelin ne se considère qu’outil d’un destin qu’Almire semble vouloir prendre en mains.
Elle est ! Princière et autoritaire, maître de son image et de ses gestes, la courbette élégante, le verbe énoncé avec éloquence, les mains gantées et le sourire de circonstance. Les yeux d’ambre, prédateurs, l’étudient et l’observent, elle est peut-être, noble et chevalière, roturière et dignitaire, de quoi est-elle le bras armé ?
Car il y a au travers de sa posture et de son assurance, quelque chose à prouver ou à défendre. Elle n’est pas seulement ici pour s’amuser.
Mais Gobelin, lui, a appris à rire de tout et de rien, il fallait bien ! Quand l’on naît avec sa tête, pour garder l’espoir et gagner la sympathie. Pour trouver le plaisir de vivre et de tenir, pour se dire, qu’il avait le droit d’exister, de voyager et d’aimer ! Car combien même, est-il des plus vilains, il veille à ce que ses pas suivent le chemin du bien. Et peut-être qu’un jour, cette lumière se verra avant ses grimaces.
Peut-être qu’un jour, on verra l’humain, sous le faciès du Gobelin.
Et ce soir, alors que les adultes et enfants se réunissent, Zeng Min se dit qu’il a peut-être réussi. Que ce soir, beaucoup partiront avec le sourire. Et qu’il espère, qu’Almire aussi, s’en ira avec un bon souvenir.
Alors il se décide, il fera en sorte que ce soir, son aventure soit mémorable. Qu’elle soit heureuse, qu’elle soit victorieuse, qu’elle soit grandiose et magnifique, qu’elle soit l’héroïne, de son histoire.
_ Oui, oui, Hue et Gobelin jouera Ganji. Le cadet et le marchand itinérant !
L’amertume dans sa voix n’échappe pas au Gobelin – non, Ganji ce soir.
L’homme attache ses cheveux en catogan, laisse une mèche longer son visage. Il repose négligemment sa lance sur son épaule et fait mine de s’avancer, s’étirant dans un bâillement qu’il retient derrière sa main. Grattant sa joue du bout de l’index, il reprend.
_ Mon frère ? Ah !
Un sourire amusé éclaire le coin de ses lèvres. En cet instant, il n’y a plus Gobelin, mais un homme habitué aux voyages, d’un naturel taquin et nonchalant. La malice d’ailleurs, étire davantage ses lèvres.
_ Seigneur, appelez un roturier comme moi par cette appellation ferait s’offusquer votre père ! Enfin. Après tout, il ignore tous ces jeux que nous faisions ensemble il y a de cela quelques années ! Te souviens tu Hue, de ces parties de cache-cache dans les fourrés, de toutes ces fois où je me faufilais dans les jardins de ton père ou tu t’évadais avec moi jusqu’au village ? Il fallait te ramener avant l’aube, avant que les servantes ne voient que tu n’étais pas là ! Qui aurait crû, que tu voyagerais ainsi avec moi ? Enfin ! Nous allons commencer par traverser les Plaines aux Linettes Enneigées, nous rejoindrons les bois sombres de Mori et devrons nous y enfoncer… La route sera probablement longue ! Qu’as-tu emmené pour le voyage ?
Interroge-t-il. Il adaptera la suite de l’histoire, à ce que « Hue » aura pensé à emmener. Narrateur, Gobelin aime partager ses récits et mieux encore ! Les écrire à plusieurs. Vivre ensemble une aventure. Son sourire se fait rêveur, lorsqu’il lève les yeux vers le ciel étoilé, marchant d’un pas lent, pour traverser et part et d’autre l’estrade, faisant croire à une simple promenade.
_ Que ressens-tu à l’idée de quitter ces terres ? J’ai cru percevoir, dans ta voix, une certaine aigreur. Tout va bien ? Ne me fais pas croire que tu es inquiet ! Tu es celui qui saura probablement mieux que moi, nous protéger des dangers que nous allons rencontrer.
Car chaque nuit, les histoires sont différentes, car il arrive parfois, que les spectateurs participent.
_ Est-ce la première fois que tu voyages ?
Ton arrivée spectaculaire a eu l'effet escompté. Tous les regards sont sur toi, les applaudissements raisonnent, leur admiration booste ton ego.
Pendant un instant, en tout cas. Car voilà, l'hôte de cet évènement, s'il n'inspire aucune noblesse, capte son public, accroche l'attention, et tous se taisent pour mieux l'écouter. Toi, tu te tiens à ses côtés, fière, en tout cas, autant que tu peux le paraitre - et tu es très bonne comédienne. Cette capacité à fasciner par la voix et par les gestes, c'est une capacité que tu veux avoir en tant que Narratrice - c'est un talent essentiel !
C'est un talent dans lequel le Gobelin semblait naturellement exceller.
Aujourd'hui aussi, tu faisais ton travail : tu étais en train d'Observer.
Alors pour cela, rentrer dans le jeu. Faire moults sourires et tendre des mains - gantées, Dieu merci - se mêler aux autres, quitte à nettoyer ses vêtements juste après.
Aujourd'hui, Almire di Contini allait encore jouer les bonnes samaritaines.
-Seigneur, appelez un roturier comme moi par cette appellation ferait s’offusquer votre père ! Enfin. Après tout, il ignore tous ces jeux que nous faisions ensemble il y a de cela quelques années ! Te souviens tu Hue, de ces parties de cache-cache dans les fourrés, de toutes ces fois où je me faufilais dans les jardins de ton père ou tu t’évadais avec moi jusqu’au village ? Il fallait te ramener avant l’aube, avant que les servantes ne voient que tu n’étais pas là !
Il était excellent comédien, en plus de ça. Un talent qui venait naturellement avec sa capacité de capter l'attention.
Dans ce cas, il fallait se montrer meilleure actrice que lui.
-Et comment l'oublier ! Vagabonder à tes côtés, pendant que je m'échappais, était pour moi synonyme de liberté. C'est toi, cher ami, qui m'a appris ce qu'est de vivre.
Et tu en rajoutais une couche, Almire. Et tu étais actrice, car c'était ce que le public cherchait.
Petite poupée, pour lui, tu vas encore performer.
-Qui aurait crû, que tu voyagerais ainsi avec moi ? Enfin ! Nous allons commencer par traverser les Plaines aux Linettes Enneigées, nous rejoindrons les bois sombres de Mori et devrons nous y enfoncer… La route sera probablement longue ! Qu’as-tu emmené pour le voyage ?
-Une rapière, pour nous protéger de chaque danger ! Un sac, pour récolter, mais aussi pour donner ! Une corde, pour que nous nous retrouvions si nous devions être séparés ! Et évidemment, des provisions pour avoir de quoi nous sustenter... Mais dis-moi, Ganji. Toi qui as des marchandises venues d'ailleurs, dis-moi ce qui se cache dans ton sac de voyage ?
Tout en déclamant tes objets, tu avais mimé leur utilisation, donnant plus de vie à ton récit.
Et finalement, au delà de la compétition, au delà de l'ego.
Tu te prendrais presque au jeu, Almire.
Ne joues-tu pas ton propre rôle chaque jour ?
-Que ressens-tu à l’idée de quitter ces terres ? J’ai cru percevoir, dans ta voix, une certaine aigreur. Tout va bien ? Ne me fais pas croire que tu es inquiet ! Tu es celui qui saura probablement mieux que moi, nous protéger des dangers que nous allons rencontrer.
-Hélas ! Tu m'as percé à jour, mon ami.
Tu pousses un soupir, ton regard se perdant dans les étoiles, rajoutant un côté dramatique - et aussi un peu trop réel.
-C'est la première fois que je m'aventure aussi loin, vois-tu. Si je manie l'épée, serai-je pour autant capable de te protéger des dangers inconnus ? Si moi-même je les ignore, n'est-ce pas qu'une question de temps avant qu'ils ne me dévorent ?
Tu te retournes alors vers ton "ami", dans un mouvement qui se voulait gracieux mais déterminé - dans un mouvement qui voulait attirer les regards.
-Mais enfin ! Comme lorsque nous étions enfants, je sais que tu es là, à mes côtés, pour me guider. A deux, nous irons au bout de cette aventure, et sauverons Umeko !
Peut-être en as tu trop fait ?
Quand n'en fais-tu pas trop, Almire ?
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FIEF DE WALSCH / TERRES DE BABEL
AND SOMEHOW I’M LOST IN LIFE
BAI x ADAM
Il y a de ça bien longtemps,
une éternité entière derrière lui, une toute autre vie, Bai parcourait ces terres étrangères du temps où le prêtre en lui n’était pas encore né,
du temps où son passé de mercenaire n’était pas encore
mort
enterré
quelque part sous la chute où aura eu lieu le rituel de purification, quand on l’eut lavé de ses péchés, délesté de la saleté imbibée jusque dans son âme.
Mais aujourd’hui Bai, il n’a plus l’habitude de quitter l’empire nuhoko, partir loin de ces terres qui l’ont vu naître, comme si une part de lui avait oublié ce qu’ailleurs avait à offrir, des merveilles dont le monde recelait,
un peu comme si
son sens de l’émerveillement s’était tu en même temps que sa carrière de mercenaire.
Ah, c’est qu’il aurait bien aimé que Zeng soit avec lui en ce jour. Entre eux deux, le gobelin a toujours été celui doté du plus grand sens de l’orientation.
Bai, lui, s’est toujours contenté de le suivre, yeux fermés jusqu’au bout du monde. Avoir su que leurs chemins se seraient ainsi séparé un jour, qu’il ne pourrait pas éternellement le suivre dans ses pèlerinages, suivre ses enseignements, avoir ses conseils à portée de main, le prêtre aurait fait l’effort de mémoriser ces rues, les graver dans son esprit, sous les rétines bleues cachées sous le masque.
Les doigts pincent l’extrémité de ses robes tandis qu’il peste lorsqu’un jeune homme lui rentre dedans, qu’une gamine qui passait tout près lui marche sur le pied sans un regard ni une excuse.
Les enfants sont bien mal élevés, de nos jours.
Horribles petites choses criardes.
Bai ne les aime pas.
Bai n’aime personne.
Bai n’aime que celui qui l’a vu grandir, ne comprend pas comment Zeng peut supporter ces petits êtres qui n’ont que le verbe chialer comme seul vocabulaire.
Bousculades écartées, mises de côté, Bai déambule dans les rues, se fait la réflexion
une deux fois
que Zeng aimerait peut-être ce vêtement
qu’un autre est affreux
tandis que celui-là, Bai il est presque
non,
il est sûr,
l’avoir vu auparavant, être déjà passé par ici il y a de ça quelques minutes à peine.
Dans un soupir, Bai, les lippes pincées,
n’a plus rien du timide prêtre tant même sous le masque on peut y déceler l’irritation qui irradie de tout son être.
Le chemin jusqu’à la capitale sera long.
Mais en attendant,
c’est qu’il a l’air bête ainsi planté là.
petite poupée frustrée d’ainsi perdre son temps
il a des gens à voir, des lieux où se rendre
mais surtout
surtout pas le temps de jouer aux touristes transis devant les paysages inexplorés et autres merveilles qui lui sont inconnues
quand une voix soudain l’interpelle, l’irritation s’évapore pour n’en laisser que cette image de lui-même qu’il a si soigneusement polie au fil du temps et au gré des expériences passées,
illusion d’innocence.
« a-ah. oui. à vrai dire je cherche… je cherche mon chemin. »
bras doucement levé, un mouvement qui en serait presque élégant s’il n’était pas empreint d’une sorte de timidité apparente faisant écho aux paroles plus tôt énoncées
de la main il désigne les alentours.
« c’est que tout se ressemble. surtout quand on ne voit pratiquement rien, vous savez… »
il a un rire bref
presque désagréable tant il paraît forcé
tandis que sous le masque les yeux se plissent
pour une fois il ne ment qu’à moitié sur sa cécité
bai n’a jamais eu une vision excellente
la faute à son albinisme peut-être
un mal pour un bien puisque bai a su développer tous ses autres sens pour compenser son acuité visuelle défaillante
le silence retombe
les mains se rejoignent alors qu’il se triture les doigts
les discussions avec des inconnus, les conversations tout simplement
ça n’a jamais fait partie de ses domaines de prédilection
se contente de jouer les grands timides un peu ébahis par tout et pour rien.
c’est que poupée de porcelaine a un rôle à jouer
jamais il n’en sort, de cette pièce de théâtre improvisée
comme si la vie elle-même était une scène
prêtre aux allures frêles destiné à jouer les brebis égarées pour tromper les passants
ceux qui fourrent le nez là où ça n’a pas lieu d’être…
sauf peut-être aujourd’hui où ça a du bon une main tendue pour le pauvre damoiseau que voilà.
AND SOMEHOW I’M LOST IN LIFE
BAI x ADAM
Il y a de ça bien longtemps,
une éternité entière derrière lui, une toute autre vie, Bai parcourait ces terres étrangères du temps où le prêtre en lui n’était pas encore né,
du temps où son passé de mercenaire n’était pas encore
mort
enterré
quelque part sous la chute où aura eu lieu le rituel de purification, quand on l’eut lavé de ses péchés, délesté de la saleté imbibée jusque dans son âme.
Mais aujourd’hui Bai, il n’a plus l’habitude de quitter l’empire nuhoko, partir loin de ces terres qui l’ont vu naître, comme si une part de lui avait oublié ce qu’ailleurs avait à offrir, des merveilles dont le monde recelait,
un peu comme si
son sens de l’émerveillement s’était tu en même temps que sa carrière de mercenaire.
Ah, c’est qu’il aurait bien aimé que Zeng soit avec lui en ce jour. Entre eux deux, le gobelin a toujours été celui doté du plus grand sens de l’orientation.
Bai, lui, s’est toujours contenté de le suivre, yeux fermés jusqu’au bout du monde. Avoir su que leurs chemins se seraient ainsi séparé un jour, qu’il ne pourrait pas éternellement le suivre dans ses pèlerinages, suivre ses enseignements, avoir ses conseils à portée de main, le prêtre aurait fait l’effort de mémoriser ces rues, les graver dans son esprit, sous les rétines bleues cachées sous le masque.
Les doigts pincent l’extrémité de ses robes tandis qu’il peste lorsqu’un jeune homme lui rentre dedans, qu’une gamine qui passait tout près lui marche sur le pied sans un regard ni une excuse.
Les enfants sont bien mal élevés, de nos jours.
Horribles petites choses criardes.
Bai ne les aime pas.
Bai n’aime personne.
Bai n’aime que celui qui l’a vu grandir, ne comprend pas comment Zeng peut supporter ces petits êtres qui n’ont que le verbe chialer comme seul vocabulaire.
Bousculades écartées, mises de côté, Bai déambule dans les rues, se fait la réflexion
une deux fois
que Zeng aimerait peut-être ce vêtement
qu’un autre est affreux
tandis que celui-là, Bai il est presque
non,
il est sûr,
l’avoir vu auparavant, être déjà passé par ici il y a de ça quelques minutes à peine.
Dans un soupir, Bai, les lippes pincées,
n’a plus rien du timide prêtre tant même sous le masque on peut y déceler l’irritation qui irradie de tout son être.
Le chemin jusqu’à la capitale sera long.
Mais en attendant,
c’est qu’il a l’air bête ainsi planté là.
and somehow
i’m lost in life
D
elirose
AND SOMEHOW I’M LOST IN LIFE
Si le soleil brillait fort dans ce ciel bleu, le vent qui soufflait était froid en cette période de l'année. Pénétrant à travers les vêtements et faisant frissonner les moins habitués. Adam Helvar faisait partie de ces gens-là, même si en trois années, il avait pu s'imprégner totalement des Terres de Babel. Les températures n'étaient en rien comparable à celles de sa nation d'origine, le Royaume du Pharaon. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu'il n'avait jamais connu le froid là-bas, au contraire. C'était juste différent.
Alors vêtu d'une cape assez épaisse, il déambulait dans les ruelles animées de la plus grande ville du fief de Walsch. Un passage obligatoire pour le scribe qu'il était en voulant rentrer à la capitale Eridu lorsqu'il revenait de l'Ordre des Chevaliers. Encore une fois, le Conseil de Babel avait eu besoin de ses services là-bas. Il lui restait encore du temps avant de retrouver son chez lui et son estomac réclamait de quoi se sustenter. La cité se trouvait fort animée malgré les basses températures. Les gamins courraient sur les pavés en s'esclaffant bruyamment et bousculant par la même occasion certaines personnes. Nombreux marchands n'hésitaient pas à se faire entendre afin d'attirer d'éventuels curieux et acheteurs.
Une ambiance détendue que le scribe ne pouvait s'apprécier. Alors, c'était avec un regard bienveillant et l'envie de poser sur papier cette tranche de vie commune qu'il souriant jusqu'à s'en décrocher la mâchoire. Sans un mot, le rouquin remerciait la Déesse Zorya d'avoir permis aux habitants de pouvoir enfin vivre dans une nouvelle ère. Et si les cœurs ne pouvaient changer aussi facilement, il espérait que la paix perdure le plus longtemps possible. Une silhouette retenait son attention l'espace de quelques minutes. Rien ne semblait penser qu'il le connaissait personnellement, mais le fait de l'avoir déjà vu passer par ici peu de temps auparavant et le fait qu'il restait immobile intriguait l'enfant Helvar. Faisait-il partie de ces personnes qui s'étaient égarées ? En quelques pas à peine il se trouvait à présent face à et l'accostait d'une voix calme.
Bonjour, je vous dérange peut-être, mais vous cherchez quelque chose ?
Dans le pire des cas il n'aurait qu'à s'excuser de son initiative.
Alors vêtu d'une cape assez épaisse, il déambulait dans les ruelles animées de la plus grande ville du fief de Walsch. Un passage obligatoire pour le scribe qu'il était en voulant rentrer à la capitale Eridu lorsqu'il revenait de l'Ordre des Chevaliers. Encore une fois, le Conseil de Babel avait eu besoin de ses services là-bas. Il lui restait encore du temps avant de retrouver son chez lui et son estomac réclamait de quoi se sustenter. La cité se trouvait fort animée malgré les basses températures. Les gamins courraient sur les pavés en s'esclaffant bruyamment et bousculant par la même occasion certaines personnes. Nombreux marchands n'hésitaient pas à se faire entendre afin d'attirer d'éventuels curieux et acheteurs.
Une ambiance détendue que le scribe ne pouvait s'apprécier. Alors, c'était avec un regard bienveillant et l'envie de poser sur papier cette tranche de vie commune qu'il souriant jusqu'à s'en décrocher la mâchoire. Sans un mot, le rouquin remerciait la Déesse Zorya d'avoir permis aux habitants de pouvoir enfin vivre dans une nouvelle ère. Et si les cœurs ne pouvaient changer aussi facilement, il espérait que la paix perdure le plus longtemps possible. Une silhouette retenait son attention l'espace de quelques minutes. Rien ne semblait penser qu'il le connaissait personnellement, mais le fait de l'avoir déjà vu passer par ici peu de temps auparavant et le fait qu'il restait immobile intriguait l'enfant Helvar. Faisait-il partie de ces personnes qui s'étaient égarées ? En quelques pas à peine il se trouvait à présent face à et l'accostait d'une voix calme.
Bonjour, je vous dérange peut-être, mais vous cherchez quelque chose ?
Dans le pire des cas il n'aurait qu'à s'excuser de son initiative.
Bai Adam fief de Walsch
petite poupée frustrée d’ainsi perdre son temps
il a des gens à voir, des lieux où se rendre
mais surtout
surtout pas le temps de jouer aux touristes transis devant les paysages inexplorés et autres merveilles qui lui sont inconnues
quand une voix soudain l’interpelle, l’irritation s’évapore pour n’en laisser que cette image de lui-même qu’il a si soigneusement polie au fil du temps et au gré des expériences passées,
illusion d’innocence.
« a-ah. oui. à vrai dire je cherche… je cherche mon chemin. »
bras doucement levé, un mouvement qui en serait presque élégant s’il n’était pas empreint d’une sorte de timidité apparente faisant écho aux paroles plus tôt énoncées
de la main il désigne les alentours.
« c’est que tout se ressemble. surtout quand on ne voit pratiquement rien, vous savez… »
il a un rire bref
presque désagréable tant il paraît forcé
tandis que sous le masque les yeux se plissent
pour une fois il ne ment qu’à moitié sur sa cécité
bai n’a jamais eu une vision excellente
la faute à son albinisme peut-être
un mal pour un bien puisque bai a su développer tous ses autres sens pour compenser son acuité visuelle défaillante
le silence retombe
les mains se rejoignent alors qu’il se triture les doigts
les discussions avec des inconnus, les conversations tout simplement
ça n’a jamais fait partie de ses domaines de prédilection
se contente de jouer les grands timides un peu ébahis par tout et pour rien.
c’est que poupée de porcelaine a un rôle à jouer
jamais il n’en sort, de cette pièce de théâtre improvisée
comme si la vie elle-même était une scène
prêtre aux allures frêles destiné à jouer les brebis égarées pour tromper les passants
ceux qui fourrent le nez là où ça n’a pas lieu d’être…
sauf peut-être aujourd’hui où ça a du bon une main tendue pour le pauvre damoiseau que voilà.
and somehow
i’m lost in life
D
elirose
AND SOMEHOW I’M LOST IN LIFE
L'homme se retournait, offrant son visage masqué au scribe. S'il était intrigué dans un premier temps de cette particularité, le rouquin préférait se concentrer sur ces paroles. Ainsi, l'inconnu était bel et bien perdu dans les grandes ruelles. Un rire manquait de s'échapper des lèvres du fils Helvar, sauf qu'en entendant les soucis de vue de l'homme, il ne peut que se contenir.
Ne vous inquiétez pas, je connais assez bien le coin pour vous aider si vous le souhaitez ? Vous vouliez aller à un endroit particulier ?
Il attendait patiemment la réponse de celui au masque, prêt à devenir un chevalier servant. Il fallait avouer qu'il n'avait pas grand-chose à faire à l'heure actuelle, alors bon autant qu'il tuait le temps en rendant service. De plus, la cité fourmillait de vie et pouvant rendre le pèlerinage de l'inconnu bien plus compliqué à cause de ces problèmes de cécité. D'une certaine manière, il savait que son geste pouvait être considéré comme de la pitié envers une personne avec un handicap. Personnellement, cela n'avait jamais traversé l'esprit du jeune homme.
Regardant autour de lui, Adam réfléchissait au trajet le plus court et le moins bondé pour arriver jusqu'au lieu désiré. Si les grands axes étaient pleins de vies surtout en cette période de calme, alors il fallait logiquement opter pour des endroits un peu moins fréquentés. Un raisonnement qu'il faisait part à l'autre d'une voix neutre.
Il serait plus judicieux de passer par les petites ruelles adjacentes. À cette heure-ci, il devrait y avoir bien moins de monde et surtout d'enfants excités comme des puces. On peut vite se perdre, mais aussi arriver plus rapidement sur place. Qu'en pensez-vous ?
Il ne voulait pas imposer quoi que ce soit et se plierait à sa volonté. Dès lors que le fils Helvar avait sa réponse, il commence la marche, prenant un rythme convenable pour ne pas perdre de vue l'inconnu. Ne sachant pas rester trop longtemps sans fermer sa bouche, Adam décidait donc d'entamer la conversation à commencer par se présenter.
Vous pouvez m'appeler Adam si vous le souhaitez. Le voyage n'a pas été trop long ?
Ne vous inquiétez pas, je connais assez bien le coin pour vous aider si vous le souhaitez ? Vous vouliez aller à un endroit particulier ?
Il attendait patiemment la réponse de celui au masque, prêt à devenir un chevalier servant. Il fallait avouer qu'il n'avait pas grand-chose à faire à l'heure actuelle, alors bon autant qu'il tuait le temps en rendant service. De plus, la cité fourmillait de vie et pouvant rendre le pèlerinage de l'inconnu bien plus compliqué à cause de ces problèmes de cécité. D'une certaine manière, il savait que son geste pouvait être considéré comme de la pitié envers une personne avec un handicap. Personnellement, cela n'avait jamais traversé l'esprit du jeune homme.
Regardant autour de lui, Adam réfléchissait au trajet le plus court et le moins bondé pour arriver jusqu'au lieu désiré. Si les grands axes étaient pleins de vies surtout en cette période de calme, alors il fallait logiquement opter pour des endroits un peu moins fréquentés. Un raisonnement qu'il faisait part à l'autre d'une voix neutre.
Il serait plus judicieux de passer par les petites ruelles adjacentes. À cette heure-ci, il devrait y avoir bien moins de monde et surtout d'enfants excités comme des puces. On peut vite se perdre, mais aussi arriver plus rapidement sur place. Qu'en pensez-vous ?
Il ne voulait pas imposer quoi que ce soit et se plierait à sa volonté. Dès lors que le fils Helvar avait sa réponse, il commence la marche, prenant un rythme convenable pour ne pas perdre de vue l'inconnu. Ne sachant pas rester trop longtemps sans fermer sa bouche, Adam décidait donc d'entamer la conversation à commencer par se présenter.
Vous pouvez m'appeler Adam si vous le souhaitez. Le voyage n'a pas été trop long ?
Bai Adam fief de Walsch
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FIEF D'ADDA / TERRES DE BABEL
AN UNBELIEVABLE MEET
ADAM x AADHYA
Des questions – encore et toujours des questions.
Allait-on, un jour, cesser de lui en poser ? Allait-on, un jour, ne plus rien lui demander
ne plus exiger qu’elle réponde à ces interrogations, qu’elle crache des bribes d’informations qui ne concernent guère celleux qui les demandent ?
Sous le large capuchon, le voile qui couvre la moitié inférieure du visage camoufle la moue, et Aadhya lève les yeux au ciel, soupire doucement comme pour simuler une longue expiration. Elle n’a pas envie de répondre. Elle est fatiguée – de la vie, du voyage qu’elle entreprend aux côtés des caravanes qui traversent le désert. Et maintenant qu’ils se sont rendus jusqu’à la frontière qui sépare son pays natal des Terres de Babel, la jeune femme n’a qu’une envie : prendre un peu de repos.
Mais lui – cet homme auquel elle fait face, qu’elle observe de son regard bichrome entre deux mèches de sa frange complètement blanche et depuis le creux de son capuchon – lui l’empêche de rejoindre ses compagnons de voyage. Lui et ce qui s’annonce être un interrogatoire interminable.
« L’attente était déjà bien longue, et maintenant, on me retient davantage en m’interrogeant sur la raison de ma venue en ces lieux ? » qu’elle répond d’abord, l’irritation bien audible aux tonalités de sa voix.
Les bras se croisent et Aadhya se redresse, la posture déhanchée afin de reposer un peu l’une de ses jambes douloureuses. La traversée du désert a été difficile – soleil de plomb, vents violents et soulèvement de sable – même avec les caravanes, il était compliqué de se frayer un chemin parmi les dunes interminables du sud du continent. Même après avoir passé la frontière, la fatigue occasionnée par le voyage n’était que le moindre de ses soucis.
Un soupir se fraie un chemin entre ses lèvres lorsque l’homme lui fait signe de s’avancer, mais Aadhya s’exécute sans mot dire. Les bras toujours bien croisés, le regard qui en dit long sur l’irritation et la fatigue qui l’habitent, elle s’arrête devant le bureau improvisé, une aura légèrement colérique émanant de sa personne.
« Aadhya. Mon nom est Aadhya, » qu’elle répond, d’un ton vaguement agacé. « Et avant que vous ne me le demandiez, non, je n’ai pas de nom de famille. »
Je n’en ai plus depuis bien longtemps, qu’elle pense très fort, mais évite de prononcer à voix haute.
« Je voyage en ces contrées pour quitter mon pays. Voir quelque chose de nouveau. C’est tout. »
Évidemment, Aadhya n’ira pas crier qu’elle est une ex-esclave.
Évidemment, Aadhya n’ira pas non plus dire qu’elle fuit son pays par peur qu’on essaie de la récupérer, de la revendre comme esclave une fois de plus.
Ce ne sont pas des choses qui se disent
pas quand on a une famille comme la sienne
qui ferait certainement tout en son pouvoir pour la faire disparaître
si cela peut sauver
leur nom
leur réputation
leur fortune.
cactus
Aadhya ne faisait pas trop attention au rouquin devant elle – fait encore moins attention à la surprise qui se peint sur ses traits, se contente simplement de replacer un tant soit peu l’ample capuchon l’aidant à masquer son identité. Le voile ornant le bas de son visage est toujours en place – elle l’a tout juste vérifié afin de s’en assurer. Et quand bien même essaie-t-elle de se cacher, l’irritation est bien visible sur ce qui pouvait être aperçu de son visage ; les yeux qui brillent d’un agacement certain, les sourcils froncés à en plisser la peau. Ce n’est que lorsque le jeune homme reprend la parole qu’elle daigne enfin lever les yeux vers lui.
Êtes-vous une esclave ?
Le sang ne fait qu’un tour dans les veines, le cœur loupe un battement. L’irritation s’intensifie dans le regard et la panique la gagne peu à peu. Mais Aadhya n’y cède pas. Elle sait très bien que quiconque cède à la panique se garantit une issue terrible à quelque situation que ce soit.
« Je n’ai plus de maître, » qu’elle répond, quelque peu sèchement.
Mais le sang bout dans les veines et le regard se voile d’une intense colère. Qu’ajouter de plus à cette réponse peut-être un peu trop simple ? Que c’était elle qui l’avait tué de ses propres mains ? Que c’était parce qu’elle en avait eu assez d’être utilisée tel un jouet, un objet que l’on pouvait briser et remodeler selon ses envies les plus sombres ? Non, non. Aadhya n’est pas si sotte, tout de même. Mais elle explique, dans un soupir :
« Mon maître est récemment mort. De ce fait, j’en profite pour m’éloigner du pays. »
La voix est plus douce, alors que les bras se croisent sur la poitrine. Du bout des doigts, elle se pince l’arête du nez. Non, Aadhya était loin d’être sotte. Elle n’allait tout de même pas avouer avoir comis un crime capital dans de telles circonstances – surtout pas en essayant de fuir les contrées du pharaon.
Tout ça lui retourne un peu l’estomac, il fallait bien l’avouer. L’anxiété la frappe soudainement, comme un roc qui serait tombé d’une falaise quelconque seulement pour atterrir sur sa caboche. Le roux ne lui a posé que quelques questions et pourtant, la pensée qui lui est venue à peine quelques minutes plus tôt lui revient. La peur soudaine qu’on découvre ce qu’elle a fait, le sang carmin qui laisse ses coulées invisibles sur les mains de ceux qui le versent ; elle la hante un tant soit peu. L’interrogatoire qu’elle a l’impression de passer la met bien mal à l’aise.
« Est-ce possible de savoir si nous en avons encore pour longtemps ? » qu’elle demande, en redressant la tête légèrement, plantant son regard hétérochrome dans celui du jeune homme. « C’est que je suis fatiguée après cette longue traversée. J’aimerais bien pouvoir me reposer, si ce n’est trop en demander. »
L’irritation toujours visible dans les prunelles, et sous celles-ci les paupières sont bouffies de fatigue. Aadhya qui espère bien qu’on accèdera à sa demande, qu’on la laisse enfin aller se poser auprès des membres de sa caravane. Mais quelque chose lui dit qu’il n’en serait guère ainsi, qu’on avait certainement davantage de questions à lui poser, qu’on la retiendrait encore un temps.
Et ça l’emmerdait déjà, par avance.
cactus
AN UNBELIEVABLE MEET
ADAM x AADHYA
An unbelievable meet
Une nouvelle ère planait sur Elysia depuis maintenant près d'un an. Si depuis, l'Ordre des Chevaliers - fraîchement fondé - arrivait à maintenir une certaine paix, cela n'arrêterait jamais complètement le banditisme et autres drames à survenir. Par conséquent, il arrivait aux fiefs de prendre quelques mesures spécifiques.
En cette nuit, le ciel des Terres de Babel était menaçant. Les rayons de la lune ne parvenaient pas à se frayer un chemin à travers les nuages et l'hiver se faisait ressentir. L'air glacial s'engouffrant avec malice dans les pans de vêtements du fils Helvar. Il aurait préféré rester bien confortablement dans son petit cocon toutefois, une lui avait été confiée quelques jours plus tôt et il ne pouvait pas passer outre la demande du Conseil.
Il levait le visage vers les cieux, fronçant les sourcils. Si la météo avait été clémente jusqu'à présent, ce n'était qu'une question d'heures pour que la pluie ne abat dans le fief d'Adda. Autant avouer que le rouquin avait hâte de terminer le recensement des caravanes. À l'occasion, on lui avait construit un bureau éclairé par des torches et dont une toile accrochée à des arbres pourrait lui permettre de potentiellement s'abriter. Mais ce n'était pas tout. En effet, deux soldats du duc faisaient office de garde.
Un à un, des personnes de tout horizon se présentaient à lui. Adam notait alors avec son calame sur un papier, leur identité et raison de venir jusqu'ici. Il était en ces lieux pour seulement laisser une trace et non pour décider de leur sort. Venait alors le dernier individu pour la soirée - les grandes portes de la frontière se refermant par les soldats -. Dans sa tunique et capuche vissait sur la tête plus la lumière vacillante, Adam n'arrivait pas vraiment à savoir s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
Bonsoir, je suis désolé d'avance pour les quelques questions que je vais devoir vous poser. Mais au vu de quelques incidents qui sont survenus ce mois-ci, cela est un passage important. Une fois cela fait, vous pourrez voguer à votre guise dans le fief d'Adda.
Il lui faisait signe de s'approcher un peu plus.
Quel est votre nom et prénom ? Quelle est votre raison de venir jusqu'ici ?
En cette nuit, le ciel des Terres de Babel était menaçant. Les rayons de la lune ne parvenaient pas à se frayer un chemin à travers les nuages et l'hiver se faisait ressentir. L'air glacial s'engouffrant avec malice dans les pans de vêtements du fils Helvar. Il aurait préféré rester bien confortablement dans son petit cocon toutefois, une lui avait été confiée quelques jours plus tôt et il ne pouvait pas passer outre la demande du Conseil.
Il levait le visage vers les cieux, fronçant les sourcils. Si la météo avait été clémente jusqu'à présent, ce n'était qu'une question d'heures pour que la pluie ne abat dans le fief d'Adda. Autant avouer que le rouquin avait hâte de terminer le recensement des caravanes. À l'occasion, on lui avait construit un bureau éclairé par des torches et dont une toile accrochée à des arbres pourrait lui permettre de potentiellement s'abriter. Mais ce n'était pas tout. En effet, deux soldats du duc faisaient office de garde.
Un à un, des personnes de tout horizon se présentaient à lui. Adam notait alors avec son calame sur un papier, leur identité et raison de venir jusqu'ici. Il était en ces lieux pour seulement laisser une trace et non pour décider de leur sort. Venait alors le dernier individu pour la soirée - les grandes portes de la frontière se refermant par les soldats -. Dans sa tunique et capuche vissait sur la tête plus la lumière vacillante, Adam n'arrivait pas vraiment à savoir s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
Bonsoir, je suis désolé d'avance pour les quelques questions que je vais devoir vous poser. Mais au vu de quelques incidents qui sont survenus ce mois-ci, cela est un passage important. Une fois cela fait, vous pourrez voguer à votre guise dans le fief d'Adda.
Il lui faisait signe de s'approcher un peu plus.
Quel est votre nom et prénom ? Quelle est votre raison de venir jusqu'ici ?
Aadhya Adam Fief d'Adda
Ft. Adam
An Unbelievable tale
set chaos upon thy path
An Unbelievable tale
set chaos upon thy path
Des questions – encore et toujours des questions.
Allait-on, un jour, cesser de lui en poser ? Allait-on, un jour, ne plus rien lui demander
ne plus exiger qu’elle réponde à ces interrogations, qu’elle crache des bribes d’informations qui ne concernent guère celleux qui les demandent ?
Sous le large capuchon, le voile qui couvre la moitié inférieure du visage camoufle la moue, et Aadhya lève les yeux au ciel, soupire doucement comme pour simuler une longue expiration. Elle n’a pas envie de répondre. Elle est fatiguée – de la vie, du voyage qu’elle entreprend aux côtés des caravanes qui traversent le désert. Et maintenant qu’ils se sont rendus jusqu’à la frontière qui sépare son pays natal des Terres de Babel, la jeune femme n’a qu’une envie : prendre un peu de repos.
Mais lui – cet homme auquel elle fait face, qu’elle observe de son regard bichrome entre deux mèches de sa frange complètement blanche et depuis le creux de son capuchon – lui l’empêche de rejoindre ses compagnons de voyage. Lui et ce qui s’annonce être un interrogatoire interminable.
« L’attente était déjà bien longue, et maintenant, on me retient davantage en m’interrogeant sur la raison de ma venue en ces lieux ? » qu’elle répond d’abord, l’irritation bien audible aux tonalités de sa voix.
Les bras se croisent et Aadhya se redresse, la posture déhanchée afin de reposer un peu l’une de ses jambes douloureuses. La traversée du désert a été difficile – soleil de plomb, vents violents et soulèvement de sable – même avec les caravanes, il était compliqué de se frayer un chemin parmi les dunes interminables du sud du continent. Même après avoir passé la frontière, la fatigue occasionnée par le voyage n’était que le moindre de ses soucis.
Un soupir se fraie un chemin entre ses lèvres lorsque l’homme lui fait signe de s’avancer, mais Aadhya s’exécute sans mot dire. Les bras toujours bien croisés, le regard qui en dit long sur l’irritation et la fatigue qui l’habitent, elle s’arrête devant le bureau improvisé, une aura légèrement colérique émanant de sa personne.
« Aadhya. Mon nom est Aadhya, » qu’elle répond, d’un ton vaguement agacé. « Et avant que vous ne me le demandiez, non, je n’ai pas de nom de famille. »
Je n’en ai plus depuis bien longtemps, qu’elle pense très fort, mais évite de prononcer à voix haute.
« Je voyage en ces contrées pour quitter mon pays. Voir quelque chose de nouveau. C’est tout. »
Évidemment, Aadhya n’ira pas crier qu’elle est une ex-esclave.
Évidemment, Aadhya n’ira pas non plus dire qu’elle fuit son pays par peur qu’on essaie de la récupérer, de la revendre comme esclave une fois de plus.
Ce ne sont pas des choses qui se disent
pas quand on a une famille comme la sienne
qui ferait certainement tout en son pouvoir pour la faire disparaître
si cela peut sauver
leur nom
leur réputation
leur fortune.
An unbelievable meet
Il comprenait l'agacement des personnes présentes en ces lieux et qui devaient se plier à un interrogatoire surprise. Elles souhaitaient tout simplement pouvoir se mouvoir librement sans avoir de compte à régler avec le premier venu. Malheureusement, il lui était impossible d'aller à l'encontre des dirigeants des Terres de Babel. Il n'avait pas d'autres choix que de prendre sur lui et balayer d'un revers de la main, toute réflexions.
La personne encapuchonnée s'avançait vers le rouquin. À présent, Adam pouvait mieux voir les traits de l'inconnue. Sous sa capuche, il pouvait apercevoir la particularité de ses yeux. Une particularité qu'il avait eue l'occasion d'observer qu'une seule fois dans sa vie. Des souvenirs très lointains à une époque où le fils Helvar n'était qu'insouciance et innocence. Une mèche blanche barrée son visage à la peau caramel. Quelque chose en elle faisait naître un étrange sentiment dans le cœur du scribe, sans pouvoir y mettre un nom.
« Aadhya. Mon nom est Aadhya. Et avant que vous ne me le demandiez, non, je n’ai pas de nom de famille. »
Sa bouche s'ouvrait, mais aucun son n'en sortait. Pour quiconque, on pourrait penser qu'il restait muet à cause des paroles de la femme. Il n'en était rien. Adam n'avait jamais imaginé une seule seconde repenser à une cousine qu'il n'avait pourtant pas revu depuis des années. La surprise passée, le rouquin notait les informations.
Je peux comprendre que je puisse vous offenser et je m'en excuse par avance. il marquait une pause, cherchait à trouver les bons mots Êtes vous une esclave ?
Une question qui pouvait paraître idiote, surtout dans une nation libre comme les Terres de Babel. Pourtant, il connaissait la vie dans le Royaume du Pharaon. Si son intuition était bonne quant à cette femme, alors il lui fallait comprendre comment Aadhya pouvait se mouvoir librement d'un endroit à l'autre, seule. C'était une interrogation risquée et pour tout avouer, Adam s'attendait déjà à recevoir de nouveau sa colère en plein dans la figure.
Après quelques secondes de silence durant lesquelles il posait son menton au creux de ses mains, il reprend la parole d'une voix qui se veut rassurante.
Je ne dirais rien à personne, rassurez-vous. Je m'inquiète seulement pour vous, en connaissant les mœurs du Royaume. Vous pourrez découvrir de nouveaux endroits, mais il sera difficile pour Babel de vous protéger de votre maître.
Ce dernier cas allait s'avérer bien plus délicat que ce à quoi il s'attendait.
La personne encapuchonnée s'avançait vers le rouquin. À présent, Adam pouvait mieux voir les traits de l'inconnue. Sous sa capuche, il pouvait apercevoir la particularité de ses yeux. Une particularité qu'il avait eue l'occasion d'observer qu'une seule fois dans sa vie. Des souvenirs très lointains à une époque où le fils Helvar n'était qu'insouciance et innocence. Une mèche blanche barrée son visage à la peau caramel. Quelque chose en elle faisait naître un étrange sentiment dans le cœur du scribe, sans pouvoir y mettre un nom.
« Aadhya. Mon nom est Aadhya. Et avant que vous ne me le demandiez, non, je n’ai pas de nom de famille. »
Sa bouche s'ouvrait, mais aucun son n'en sortait. Pour quiconque, on pourrait penser qu'il restait muet à cause des paroles de la femme. Il n'en était rien. Adam n'avait jamais imaginé une seule seconde repenser à une cousine qu'il n'avait pourtant pas revu depuis des années. La surprise passée, le rouquin notait les informations.
Je peux comprendre que je puisse vous offenser et je m'en excuse par avance. il marquait une pause, cherchait à trouver les bons mots Êtes vous une esclave ?
Une question qui pouvait paraître idiote, surtout dans une nation libre comme les Terres de Babel. Pourtant, il connaissait la vie dans le Royaume du Pharaon. Si son intuition était bonne quant à cette femme, alors il lui fallait comprendre comment Aadhya pouvait se mouvoir librement d'un endroit à l'autre, seule. C'était une interrogation risquée et pour tout avouer, Adam s'attendait déjà à recevoir de nouveau sa colère en plein dans la figure.
Après quelques secondes de silence durant lesquelles il posait son menton au creux de ses mains, il reprend la parole d'une voix qui se veut rassurante.
Je ne dirais rien à personne, rassurez-vous. Je m'inquiète seulement pour vous, en connaissant les mœurs du Royaume. Vous pourrez découvrir de nouveaux endroits, mais il sera difficile pour Babel de vous protéger de votre maître.
Ce dernier cas allait s'avérer bien plus délicat que ce à quoi il s'attendait.
Aadhya Adam Fief d'Adda
Ft. Adam
An Unbelievable tale
set chaos upon thy path
An Unbelievable tale
set chaos upon thy path
Aadhya ne faisait pas trop attention au rouquin devant elle – fait encore moins attention à la surprise qui se peint sur ses traits, se contente simplement de replacer un tant soit peu l’ample capuchon l’aidant à masquer son identité. Le voile ornant le bas de son visage est toujours en place – elle l’a tout juste vérifié afin de s’en assurer. Et quand bien même essaie-t-elle de se cacher, l’irritation est bien visible sur ce qui pouvait être aperçu de son visage ; les yeux qui brillent d’un agacement certain, les sourcils froncés à en plisser la peau. Ce n’est que lorsque le jeune homme reprend la parole qu’elle daigne enfin lever les yeux vers lui.
Êtes-vous une esclave ?
Le sang ne fait qu’un tour dans les veines, le cœur loupe un battement. L’irritation s’intensifie dans le regard et la panique la gagne peu à peu. Mais Aadhya n’y cède pas. Elle sait très bien que quiconque cède à la panique se garantit une issue terrible à quelque situation que ce soit.
« Je n’ai plus de maître, » qu’elle répond, quelque peu sèchement.
Mais le sang bout dans les veines et le regard se voile d’une intense colère. Qu’ajouter de plus à cette réponse peut-être un peu trop simple ? Que c’était elle qui l’avait tué de ses propres mains ? Que c’était parce qu’elle en avait eu assez d’être utilisée tel un jouet, un objet que l’on pouvait briser et remodeler selon ses envies les plus sombres ? Non, non. Aadhya n’est pas si sotte, tout de même. Mais elle explique, dans un soupir :
« Mon maître est récemment mort. De ce fait, j’en profite pour m’éloigner du pays. »
La voix est plus douce, alors que les bras se croisent sur la poitrine. Du bout des doigts, elle se pince l’arête du nez. Non, Aadhya était loin d’être sotte. Elle n’allait tout de même pas avouer avoir comis un crime capital dans de telles circonstances – surtout pas en essayant de fuir les contrées du pharaon.
Tout ça lui retourne un peu l’estomac, il fallait bien l’avouer. L’anxiété la frappe soudainement, comme un roc qui serait tombé d’une falaise quelconque seulement pour atterrir sur sa caboche. Le roux ne lui a posé que quelques questions et pourtant, la pensée qui lui est venue à peine quelques minutes plus tôt lui revient. La peur soudaine qu’on découvre ce qu’elle a fait, le sang carmin qui laisse ses coulées invisibles sur les mains de ceux qui le versent ; elle la hante un tant soit peu. L’interrogatoire qu’elle a l’impression de passer la met bien mal à l’aise.
« Est-ce possible de savoir si nous en avons encore pour longtemps ? » qu’elle demande, en redressant la tête légèrement, plantant son regard hétérochrome dans celui du jeune homme. « C’est que je suis fatiguée après cette longue traversée. J’aimerais bien pouvoir me reposer, si ce n’est trop en demander. »
L’irritation toujours visible dans les prunelles, et sous celles-ci les paupières sont bouffies de fatigue. Aadhya qui espère bien qu’on accèdera à sa demande, qu’on la laisse enfin aller se poser auprès des membres de sa caravane. Mais quelque chose lui dit qu’il n’en serait guère ainsi, qu’on avait certainement davantage de questions à lui poser, qu’on la retiendrait encore un temps.
Et ça l’emmerdait déjà, par avance.
An unbelievable meet
Sans surprise, l’esclave qui lui faisait face et qu’il interrogeait était en colère. Quand bien même qu’elle cherchait à se contenir, l’intonation de sa voix ne pouvait pas mentir. Les traits du visage du scribe se déformaient l’espace d’un instant, son esprit assaillit par mille et une question. Pourtant, le rouquin avait cette conviction que s’il tentait de creuser davantage le sujet à l’instant t, rien de bon n’arriverait. Et s’il était bel et bien présent pour éviter qu’une personne malintentionnée ne franchisse la frontière, pouvait il juger seulement par la mort de son maître, que cette esclave pouvait être considéré comme une quelconque menace ?
Les minutes passaient durant lesquelles aucun son ne sortait de la bouche du fils Helvar. Il attendait calmement que la demoiselle décide d’elle-même de s’exprimer et pourquoi pas, lui donner une bonne raison de la laisser déambuler librement dans le camp. La réponse ne s’était pas fait attendre et Adam manquait de laisser un petit gloussement franchir ses lèvres. Pour tout avouer, cette fille n’était très certainement pas la seule à chercher aussitôt l’envie de s’éloigner du pays qui l’avait restreinte depuis des années. Lui qui n’était pas un esclave et qui avait du mal à accepter que l’on puisse ainsi mettre des chaînes à leurs poignets et chevilles… N’aurait-il pas cherchait à faire pareil ?
Vous m’en voyez désolé.
Il aurait dû rigoler de son erreur. Pourquoi être désolé de la mort d’un inconnu qui, potentiellement, n’était pas tendre envers sa « propriété ? C’était avec les joues rougis par la confusion de ses propos, qu’il tentait de retomber sur ses pattes.
Je peux comprendre que vous ayez envie de respirer l'air frais d'un endroit nouveau. Et si vous promettez ne rien tenter, je ne vois pas pourquoi je serais obliger de refuser cela.
Il voyait la demoiselle se sentir quelque peu faible l'espace d'un moment. Inquiet, il se levait de son siège près à se rapprocher d'elle pour lui offrir un soutien. À moins que cela soit dû à ses piètres paroles. Mais aussitôt, celle à la mèche blanche lui faisait part de sa fatigue et de sa volonté de pouvoir aller se reposer. Le rouquin se souciait vraiment de l'état des gens qui l'entourait, dont cette femme... Surtout lorsqu'elle ne cessait de lui rappeler quelqu'un.
Il me reste bien deux où trois questions, mais sachant que vous êtes la dernière et qu'il se fait tard, peut-être pouvons nous mettre un terme à cet interrogatoire. Puis-je vous proposer de vous raccompagner jusqu'à votre caravane ? C'est pour m'excuser de vous avoir forcé à venir ici. Il est vrai que le voyage a dû être long et éprouvant, surtout en cette période ou la traversée du désert est très complexe. La chaleur a dû vous accommoder ?
Et décidément, il ne pouvait pas la laisser filer aussi vite, sans lui poser une ultime question.
Aadhya est un prénom très joli et assez rare.
Les minutes passaient durant lesquelles aucun son ne sortait de la bouche du fils Helvar. Il attendait calmement que la demoiselle décide d’elle-même de s’exprimer et pourquoi pas, lui donner une bonne raison de la laisser déambuler librement dans le camp. La réponse ne s’était pas fait attendre et Adam manquait de laisser un petit gloussement franchir ses lèvres. Pour tout avouer, cette fille n’était très certainement pas la seule à chercher aussitôt l’envie de s’éloigner du pays qui l’avait restreinte depuis des années. Lui qui n’était pas un esclave et qui avait du mal à accepter que l’on puisse ainsi mettre des chaînes à leurs poignets et chevilles… N’aurait-il pas cherchait à faire pareil ?
Vous m’en voyez désolé.
Il aurait dû rigoler de son erreur. Pourquoi être désolé de la mort d’un inconnu qui, potentiellement, n’était pas tendre envers sa « propriété ? C’était avec les joues rougis par la confusion de ses propos, qu’il tentait de retomber sur ses pattes.
Je peux comprendre que vous ayez envie de respirer l'air frais d'un endroit nouveau. Et si vous promettez ne rien tenter, je ne vois pas pourquoi je serais obliger de refuser cela.
Il voyait la demoiselle se sentir quelque peu faible l'espace d'un moment. Inquiet, il se levait de son siège près à se rapprocher d'elle pour lui offrir un soutien. À moins que cela soit dû à ses piètres paroles. Mais aussitôt, celle à la mèche blanche lui faisait part de sa fatigue et de sa volonté de pouvoir aller se reposer. Le rouquin se souciait vraiment de l'état des gens qui l'entourait, dont cette femme... Surtout lorsqu'elle ne cessait de lui rappeler quelqu'un.
Il me reste bien deux où trois questions, mais sachant que vous êtes la dernière et qu'il se fait tard, peut-être pouvons nous mettre un terme à cet interrogatoire. Puis-je vous proposer de vous raccompagner jusqu'à votre caravane ? C'est pour m'excuser de vous avoir forcé à venir ici. Il est vrai que le voyage a dû être long et éprouvant, surtout en cette période ou la traversée du désert est très complexe. La chaleur a dû vous accommoder ?
Et décidément, il ne pouvait pas la laisser filer aussi vite, sans lui poser une ultime question.
Aadhya est un prénom très joli et assez rare.
Aadhya Adam Fief d'Adda
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ÉCOUTER LE SILENCE
EIRA x YU-SEONG
D’habitude, Yu-Seong aimait bien ce genre d’événement. Mais aujourd’hui, il n’avait pas la tête à ça.
Confortablement assis et surélevés pour avoir la meilleure vue possible (contrairement à la plèbe qui se tenait debout et dont les plus petits représentants ne voyaient rien à cause des plus grands qui les cachaient), les membres de la famille Adda assistaient – comme tout le monde – au spectacle de cette troupe itinérante. La place centrale de la plus grande ville du fief était très animée et pourtant, le duc peinait à rester concentré. Même les coups de coude répétés de sa femme afin d’attirer son attention ne suffisaient pas; l’homme avait tout simplement trop de choses auxquelles penser. Pour sa défense, ce fut une année assez folle pour lui, alors il était normal que ses batteries soient à plat ! Malgré tout, il refusait de déléguer ses tâches. Plutôt souffrir que de donner ne serait-ce qu’une fraction de son pouvoir à quelqu’un d’autre.
Yu-Seong regardait les artistes sans vraiment les voir, le coude sur l’accoudoir de sa chaise et sa joue contre son poing. C’était rare, mais pour une fois, il avait hâte de rejoindre son lit et dormir. Et alors que rien ne semblait pouvoir le tirer de ses pensées, un éclat doré fit son apparition sur scène. Tel le soleil après la pluie, les mouvements gracieux de cette nouvelle danseuse chassèrent peu à peu les nuages gris de son esprit. Petit à petit, le grand homme se redressa sur son siège, aussi captivé que le reste du public. Cette femme semblait si jeune et pourtant, sa danse évoquait un long vécu. C’était difficile à expliquer, mais… c’était comme si chaque geste représentait une émotion aussi brute que précise. Yu-Seong, en tout cas, était assez impressionné.
Et le spectacle prit fin aussitôt après cette hypnotique performance. Évidemment, il fallait que cela se termine tout de suite après que le duc y éprouve enfin de l’intérêt ! La vie était drôlement faite parfois … La foule acclama haut et fort les artistes tandis que le duc se contenta d’applaudir; malgré tout, il avait enfin retrouvé son sourire. Et il le devait à cette danseuse blonde. Il fallait absolument qu’il aille la féliciter en personne ! Cependant, il y avait beaucoup trop de monde entre lui et la troupe. De plus, les membres de cette dernière avaient très certainement besoin de souffler après cette performance. Yu-Seong allait devoir patienter encore un peu avant de se lever. Bref, avec tout ça, il avait trouvé son second souffle. Dommage pour son lit, ils n’allaient pas se retrouver de sitôt !
Pour passer le temps, le duc et la duchesse décidèrent de jouer aux jeunes tourtereaux incapables de se détacher l’un de l’autre, juste pour bien taper la honte à leurs enfants qui roulaient des yeux en grommelant. Tout le monde sait qu’il n’y a rien de plus amusant pour des parents que d’exaspérer leurs progénitures en public ! Ce ne fut qu’après plusieurs longues minutes (heures du point de vue des jeunes Adda) que la foule se dispersa suffisamment au goût du père. Celui-ci murmura quelque chose à l’oreille de sa femme avant de lui voler un baiser (qui fit râler son plus jeune fils derrière) et d’enfin se lever pour aller à la rencontre de la troupe.
Yu-Seong saluait les membres, remerciait leur chef, riait à leurs blagues, leur souhaitait beaucoup de succès, mais entre toutes ces platitudes, le grand homme cherchait du regard la personne à qui il souhaitait réellement parler : la danseuse blonde. Finalement, ses yeux encore vifs malgré l’âge repérèrent sa cible; elle se tenait à l’écart de l’agitation. Était-elle gênée ou bien réservée ? Peu importe. Cette demoiselle était parvenue à chasser ses idées noires le temps de quelques minutes; elle méritait des remerciements dignes de ce nom ! C’était bien la moindre des choses !
Le duc prit aussitôt congé du groupe et s’approcha calmement de la fille, question de ne pas trop l’effrayer au cas où qu'elle soit réellement timide. Il attira son attention avec un « Mademoiselle ! » joyeux et, une main sur le cœur, il s’inclina brièvement mais sincèrement. « Je suis le Duc Adda, maître de ce fief, » se présenta-t-il comme si ce n'était pas assez évident, mais sait-on jamais. Tout sourire, il enchaîna : « Je tenais à vous féliciter en personne, car sur cette scène, vous étiez celle qui brillait le plus à mes yeux. Chacun de vos gestes était empreint d’une émotion si vive, si intense ! »
Bien que l’homme ne soit guère un expert en danse, il avait remarqué le talent de la demoiselle. Très jeune demoiselle d’ailleurs, et encore plus jolie de proche. Oh, elle n’était pas aussi belle que sa femme bien sûr, mais elle devait très certainement avoir une armée d’admirateurs qui ne demandaient qu’à la marier ! Ah, cela ne devait pas être facile tous les jours …
« M-Monsieur ! » l’interpella une voix. Elle appartenait à un jeune homme – membre de la troupe – qui s’était détaché du groupe en voyant le duc discuter avec la blonde. « Eira ne peut pas vous répondre, elle… elle est muette. » Yu-Seong tourna la tête vers le garçon, son expression inchangée, cachant parfaitement son agacement. Il n’avait pas du tout apprécié ce ton rempli de sous-entendus, comme si ce serait une perte de temps de parler avec elle. Certes, son mutisme était une information bonne à savoir, mais il y avait une façon de dire les choses !
« Dans ce cas, mon garçon, pourquoi n’irais-tu pas chercher de quoi dessiner ou écrire pour ton amie ? » Yu-Seong posa une main sur l’épaule du jeunot qui se raidit. D’un point de vue extérieur, on pourrait presque croire que ce geste était paternel. Après tout, l’Adda était tout sourire en regardant le petit voyageur ! Mais ce dernier, lui, sentait la main du duc serrer sa frêle épaule. Il comprit immédiatement que ce n’était pas une requête qu’il pouvait refuser. Sans un mot, le pauvre garçon hocha la tête avant de déguerpir à toute vitesse. Ils se trouvaient dans le royaume des livres, pardi ! Il trouvera bien quelque chose !
Yu-Seong se tourna de nouveau vers la jeune femme, continuant à sourire comme si rien n’était. Eira, Eira, Eira … C’était un joli petit nom. En ajoutant à cela ses cheveux dorés et ses yeux bleutés, on pouvait assumer qu’elle était originaire du nord. Quoique le duc était bien placé pour savoir qu’on ne pouvait pas se fier aux apparences; lui-même semblait appartenir à l’Empire plutôt qu’à Babel. Si ça trouve, la danseuse venait du désert !... Bon, d’accord, peut-être pas.
« J’espère que vous appréciez votre séjour, » reprit-il avant de réfléchir un court instant. Il ne voulait pas lui poser des questions ouvertes et l’obliger à mimer ses réponses; ce serait humiliant pour elle. « Est-ce la première fois que vous visitez mon fief ? Mes citoyens adorent les potins – ils parleront encore de vous bien après votre départ – mais ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas méchants, » finit-il par plaisanter avec un clin d’œil complice. « De toute manière, il n’y a que du positif à dire sur votre prestation ! »KoalaVolant
Les yeux clos, la main droite sur son ventre et l'autre sur son cœur, la belle-dame inspire profondément par la bouche avant d'expirer. Elle répète le processus une dizaine de fois, son esprit se vidant complètement d'une quelconque pensée. Il faut bien ce petit rituel pour se mettre en condition avant de monter sur l'estrade.
Eira c'est à toi.
Ses paupières s'ouvrent, dévoilant l'éclat azuré de ses iris. Un sourire ravissant se fige sur son visage, alors qu'elle se lève de son tabouret et rejoindre l'homme qui vient de parler. Aucun mot ne sort de sa bouche, il ne s'en offusque pas, car il le sait. La nordienne à la chevelure d'or a perdu la voix depuis bien longtemps... Mais si elle se retrouve sur cette grande place pour l'occasion, ce n'est pas pour user de ses dons d'oratrice inexistante. Une fois sur les lieux, Eira peut remarquer l'engouement du peuple du fief d'Adda pour la venue de la petite troupe. Son cœur manque un battement face à la foule, l'excitation grandissante la fait frémir inconsciemment. Au regard des autres, pourtant, elle semble très calme.
Les premiers coups de tambour résonnent alors et Eira sort avec une lenteur calculée, un éventail de son ample robe. L'air joué ainsi que les pas de danse du tournesol s'inspire grandement de l'Empire. Pas de grandes cabrioles, mais un début de prestation qui sait captiver la foule. Joie d'une enfant gambadant dans les couloirs de la demeure familiale, l'amour reçu d'une mère. Des émotions que la nordienne vie à deux cents pour cent à l'instant t et qui se reflète à travers son jeu.
Puis, elle fait mine de s'écrouler au sol, tête baissée comme défaite. Alors, la musique devient légèrement nostalgique l'espace de quelques secondes, le violon pour seul instrument. Personne ne vient remarquer que la demoiselle vient défaire les liens de sa robe, récupérer un bâton à la place de l'éventail et lorsque les tambours se font plus insistants et qu'elle en profite pour se relever, c'est une nouvelle tenue qui s'offre au spectateur. Une robe blanche, sans aucune broderie... Elle sautille sur quelques centimètres, légère comme une plume. Tourne, virevolte. Une personne qui a perdue beaucoup dans la vie et qui pourtant, continue d'aller de l'avant. Se battre pour une liberté, sa propre liberté.
Évidemment, lorsque sa prestation se conclut, chacun se lève pour l'applaudir. Elle leur offre un sourire gratifiant et incline son torse vers l'avant en une révérence. À présent, il est l'heure pour la troupe de signer la fin du spectacle. Ils sont une dizaine tout au plus à se positionner au centre de l'estrade et remercier le public comme il se doit. Pour Eira, c'est toujours un déchirement malgré la fatigue qui étreint son corps. Devoir dire au revoir et plier bagage. Mais elle peut se réconforter en se disant que ce n'est que le début d'une grande tournée à travers Elysia. Alors, elle quitte la scène, laissant ses collègues et amis recevoir ceux qui souhaitent discuter. Ses prunelles azur scrutent les environs avec nonchalance, sa respiration saccadée reprenant un rythme plus adéquat.
« Mademoiselle ! »
Une voix qui l'interpelle, fait pivoter sa tête en direction de la personne. Le tournesol l'écoute se présenter et vanter les talents de la demoiselle. Seul un immense sourire dévoilant sa dentition fait office de réponse, visiblement conquise d'entendre cela. À moins que ce ne soit parce que le duc d'Adda s'est présenté de lui-même. La voilà bien plus chanceuse qu'elle ne l'aurait penser, c'est le corbeau qui pouvait se réjouir pour les événements à venir. Quelques secondes après, c'est Salem qui se pointe en souhaitant clarifier un point important sur la nordienne. Son mutisme. Et si elle est habituée à ce que quelqu'un se ramène pour agir à sa place, pensant très certainement que son mutisme pouvait l'empêcher toutes interactions, c'est de l'agacement qui naissait dans son corps.
Mais le duc, lui aussi, ne paraît pas très heureux de l'intervention de l'autre. S'il garde un visage tout souriant, qui ne dit pas qu'il est en colère ? Salem déguerpit à grandes enjambées, partant à la recherche des précieux objets. Ainsi, il laisse "seules" les deux personnes pour le plus grand bonheur d'Eira. Main droite se posant sur ses fines lèvres rosées, la blonde laisse échapper un gloussement silencieux qui secoue son corps par la même occasion. Cet homme est décidément plein de fougue... Très certainement un bon duc pour son peuple et un bon membre du conseil pour Elysia. Pourtant, cela ne peut pas éloigner Eira de son objectif secret.
Elle hoche la tête afin de répondre à chacune de ses questions par la positif, puis, faisant quelques pas dans sa direction, tend sa main gauche vers lui, la paume en évidence. Peut-être va-t-il comprendre qu'il lui demande de placer sa propre main dans la sienne. Alors, la danseuse pourrait au moins "écrire" avec son doigt. Cela lui permettra de patienter le retour de Salem, qui malgré une recherche active, n'arrête pas de se faire alpaguer dans tous les sens.
Merci pour vos mots, cela me va droit au cœur. Essaie-t-elle de lui faire comprendre.
Oh oui, définitivement la chance lui sourit aujourd'hui.
Comme Yu-Seong était soulagé ! La demoiselle ne semblait pas trop timide. Tant mieux puisqu’il ne souhaitait pas la mettre mal à l’aise. Même que ce fut tout l’inverse qui se produisit : Eira rayonnait de bonheur. Ce que le duc ignorait, c’était que la joie de la blonde n’était pas entièrement due à ses compliments. Il ne pouvait pas savoir que la danseuse voulait l’assassiner ! Il aurait déjà donné l’ordre d’enfermer cette criminelle sinon. Et de l’exécuter après l’avoir questionnée bien sûr.
Ironiquement donc, cet homme si méfiant ne se sentait pas du tout menacé à l’heure actuelle. Des gardes patrouillaient non loin (même que l’un d’eux essayait de reproduire en cachette les pas de danse vus plus tôt). Des archers sur les toits surveillaient jour et nuit les mouvements de la foule. Vraiment, le membre du Conseil se sentait plus en sécurité dans les rues de sa ville que dans les couloirs de l’un de ses vassaux. De même, plus ces derniers se tenaient loin de leur seigneur, mieux ils respiraient. Par chance, cette ambiance toxique omniprésente dans les hautes sphères du fief d’Adda n’avait pas encore contaminé le quotidien du petit peuple aussi joyeux qu’insouciant.
Mais revenons à nos deux personnages ! Lorsque l’artiste tendit sa main, Yu-Seong comprit rapidement ce qu’elle avait en tête et posa sa propre main droite dans celle de la jeune femme, paume vers le ciel. Attentif aux mots qu’elle traçait avec son doigt si fin, le père de famille manqua quelques lettres, mais le message restait clair. C’était une façon forte ingénieuse de se faire comprendre en tout cas. La preuve qu’Eira n’était pas dénuée d’intelligence malgré son mutisme. Il releva les yeux vers son visage, lui aussi toujours souriant.
« Il est naturel que tout effort digne de ce nom soit au moins félicité, » répondit-il. « Mais plus qu’un effort, c’était du beau travail. Hmm … »
Le voilà de nouveau pensif. La danseuse et toute la troupe avaient su divertir son peuple, sa famille et lui-même. Cela méritait une récompense supérieure, vous ne trouvez pas ? Quelque chose de mieux qu’une simple tape dans le dos et quelques remerciements. Que pouvait-il bien leur offrir en retour ? N’importe quoi bien sûr ! Il était le duc après tout, il avait tous les pouvoirs. Il pouvait bien faire ce qu’il voulait.
« J’imagine que vous allez passer la nuit dans une auberge avant de reprendre la route ? » Yu-Seong ne pouvait imaginer le contraire. Après un tel spectacle, les artistes méritaient de se reposer un peu avant de repartir en voyage ! À moins que le chef de la troupe était un sale type qui les exploitait sans scrupules, mais vu le visage rayonnant d’Eira, cela l’étonnerait. « Si tel est le cas, alors votre séjour sera à mes frais ! Vous pourrez vous détendre sans vous préoccuper des dépenses. J’en parlerai à votre patron. »
Ce n’était pas une façon d’étaler sa richesse aux yeux de tous; l’Adda était sincère. Bien qu’il possédait de nombreux défauts plus ou moins cachés, sa générosité était réelle et cela lui faisait toujours plaisir de donner à son prochain … Lorsque son prochain le méritait bien sûr. À quoi bon avoir de l’argent si on ne le dépensait pas, hein ? Tous les nobles devraient au moins partager un peu de leur richesse avec la plèbe. Cela règlerait bien des problèmes.
« L’idée vous plaît-elle ? » Il espérait que oui. Yu-Seong regarda vite fait autour d’eux. Le jeune homme n’était toujours pas revenu ? Bah, peu importe. Ils n’allaient quand même pas mettre leur discussion sur pause jusqu’à son retour ! Le duc se concentra de nouveau sur la jolie fleur jaune qu’était la demoiselle. « Je peux même faire en sorte que l’on vous serve un plat de votre choix. Y a-t-il quelque chose en particulier qui vous ferait plaisir ? » Pas étonnant que son peuple l’adore. Une facette réservée aux gentils roturiers. Évidemment, un fois encore, il ne pouvait pas savoir que cette danseuse venait en réalité de la noblesse … Agirait-il différemment s’il le savait ?
Dans tous les cas, il espérait que sa question ne soit pas trop complexe à répondre. Il n’avait pas retiré sa main, alors celle-ci pouvait encore servir de papier, mais quand même … Il tenait juste à la remercier, pas à l’embarrasser. À moins qu’il désirait aussi s’assurer qu’elle mange correctement après tous ses efforts ? Un peu comme un papa qui se démenait pour offrir un régime équilibré à ses enfants. Ce n’était pas de sa faute ! À ses yeux, Eira avait une face de bébé. Quoiqu’à son âge, nombreux étaient ceux qu’il pouvait considérer comme des enfants … La joie de vivre longtemps dans un monde dangereux.KoalaVolant
Depuis que sa voix se meurt sans même franchir ses fines lèvres rosées, le monde est devenu plus terne. Incomprise par une majorité, car ils n'ont que faire à chercher à comprendre une gamine incapable d'aligner ne serait-ce qu'un seul mot. Pourtant, elle griffonne comme elle peut sur toute surface susceptible de convenir. Sur du papier, dans la neige de North Odin, dans le sable... Tant que cela rend la "communication" avec les autres plus accessible.
Puis il y a ce duc. La demoiselle à la chevelure d'or est sincèrement et étonnamment heureuse qu'enfin quelqu'un lui réponde. S'il n'a peut-être pas tout saisi de ce que le doigt cherchait à décrire sur la paume de sa main, il est clair qu'il en a compris le principal. Alors l'émotion la prend à la gorge malgré, fait briller ses prunelles azurs d'une lueur nouvelle. En tant que membre de la petite troupe, le compliment est très certainement le plus beau des cadeaux que l'on puisse lui faire.
La question de l'homme lui fait pencher la tête sur le côté, lui offrant un regard intrigué. La danse ne comprenait pas vraiment cette demande quelque peu particulière. Il ne faut même pas deux minutes pour être éclairé. Ainsi, il suffit simplement de donner une belle prestation et redonner la bonne humeur au duc d'Adda, pour que celui-ci vienne proposer de régler les frais des artistes. Pour tout avouer, la demoiselle ne sait pas si elle doit se sentir honorée par son geste ou avoir l'impression de se faire insulter. Elle ne montre rien des deux sentiments qui s'opposent dans son cerveau et hoche simplement de la tête de façon à accepter ce qui est demandé par l'homme. D'une certaine manière, Eira va pouvoir profiter davantage de sa présence afin de l'épier en toute discrétion. Elle doit garder la tête sur les épaules.
« Je peux même faire en sorte que l’on vous serve un plat de votre choix. Y a-t-il quelque chose en particulier qui vous ferait plaisir ? »
Gentil, beaucoup trop gentil pour que cela la fasse froncer légèrement les sourcils. Peut-être pense-t-il qu'elle ne peut pas s'offrir ce qu'elle souhaite réellement. Et la blonde peut lui demander la raison d'autant de bonnes intentions. Toutefois, elle garde cela pour elle et vient glisser son doigt sur sa main.
Si vous faites du sanglier rôti au miel et aux abricots par ici, cela serait un réel plaisir que d'accepter.
Comme pour accentuer ses paroles, le ventre de la danseuse se met à grommeler bruyamment, ses joues prenant la couleur d'une tomate bien mûre. Ce n'est pas tout, mais la prestation a été éprouvante et parler de nourriture lui donne bien envie de manger tout d'un coup.
Veuillez m'excuser... signe-t'elle à toute hâte avant de rajouter, plus posément. Je ne me suis pas présentée, Eira. Je vous remercie pour votre hospitalité, la troupe n'en sera que plus ravie.
Son regard azur scrute les environs, se demandant si Salem va revenir vite ou au contraire, si sa malchance légendaire va encore sévir. Le tournesol ne l'apprécie pas particulièrement, mais elle ne peut pas se résoudre à s'éloigner sans l'avoir averti.
Bien sûr, le duc remarquait les petites réactions physiques de la demoiselle, mais jamais il n’imagina qu’elles étaient négatives. Il lui offrait un toit et un repas gratuit; qui s’en fâcherait ? Yu-Seong désirait simplement rendre service et faire plaisir aux habitants n’ayant pas eu la chance de naître avec une cuillère d’argent dans la bouche. Sûrement son seul rêve de jeunesse qui n’était pas mort en cours de route.
Eira lui répondit de la même manière que la fois d’avant, c'est-à-dire doigt glissant dans sa paume. Aussi concentré qu’un docteur opérant un patient, l’Adda mimait silencieusement des lèvres chaque lettre tracée afin de s’aider. Surtout que c’était une longue phrase … Mais c’était bien ainsi ! Cela prouvait que la danseuse était à l’aise; elle essayerait d’expédier la chose sinon. Bon, voyons voir … Plissant les yeux, le puissant noble crut comprendre à peu près ce qu’elle disait. Un goût un peu raffiné pour ce qu’il croyait être une roturière, mais peut-être était-ce normal pour une artiste; c’était bien leur genre. Oh, ce n’était pas un jugement méchant ! Simple constatation.
« Sanglier, miel et abricots, c’est bien cela ? » répéta-t-il afin de s’assurer de ne pas s’être trompé. « Aucun problème ma chère, je vais m’assurer que l’on vous serve ce plat ce soir– » Il fut brusquement coupé par le bruit d’un ventre qui gargouille. Pas le sien évidemment, quoi que cela lui arrivait parfois lorsqu’il sautait un ou deux repas … Bref, Yu-Seong ne put retenir un rire franc en voyant le visage d’Eira devenir aussi rouge qu’une cerise. Ce n’était pas d’elle qu’il riait, il trouvait juste ça mignon.
La pauvre, elle signa tellement vite que le duc n’eut pas le temps de lire. Pas besoin toutefois, car il était clair qu’elle était gênée par son estomac vide et traître. « Ce n’est rien voyons, ne vous excusez pas, » la rassura-t-il avec son sourire toujours aussi charmant. Mais déjà, la blonde traçait d’autres lettres sur sa main. Eira … Hospitalité … Troupe … Ravie … C’était gentil de se présenter officiellement même si le garçon l’avait fait pour elle plus tôt. Où était-il d’ailleurs ? S’était-il perdu ? Yu-Seong commençait à se sentir un peu mal pour le jeune homme. Juste un peu.
« Le sentiment est réciproque; je suis ravi que vous ayez décidé de vous arrêter dans mon fief. Et puis, je serais fort indigne des Terres de Babel si je ne prenais pas soin des artistes ! » se justifia-t-il en rigolant. Certes, ce n’était pas le fief de Babel ici, mais l’art restait important à Adda puisque le duc ainsi que son père avant lui désiraient conserver une trace écrite des toutes ces œuvres. Une mission importante pour ceux dont le rôle était de créer, partager et protéger les livres. Une mission que Yu-Seong remplissait avec sérieux, bien qu'en compagnie de cette jeune danseuse, il n’avait pas du tout l’air sévère. « Je sais que vous voyagez beaucoup, alors si je peux vous aider à complètement vous détendre ne serait-ce qu’une nuit, j’en serais honoré. »
Attendez une minute … Ah, mais quel idiot ! Se détendre, manger, le ventre qui gargouille ! La pauvre était sûrement morte de fatigue et il l’accaparait avec son blablabla ! Jugeant qu’il serait plus sage de la laisser se reposer, Yu-Seong s’apprêta à prendre congé, mais fut interrompu par le retour inespéré du garçon. Ce dernier était parvenu à trouver du parchemin et un bâtonnet de fusain. Bah voilà, ce n’était pas si compliqué ! Le noble posa de nouveau une main sur l’épaule du jeune homme épuisé, mais cette fois-ci, ce fut pour le remercier et non l’intimider.
« Merci, hum … ? » Réalisant que le grand homme voulait connaître son nom, le garçon le donna prestement : « S-Salem, monsieur ! » Le sourire du duc s’élargit, bienveillant. « Merci Salem. Voilà de quoi rembourser l’achat. » Il sortit de sa poche quelques pièces qu’il glissa dans la main libre de Salem. Celui-ci n’osa pas lui dire que le matériel n’avait pas coûté aussi cher. En fait, Yu-Seong s’en doutait, mais il s’en foutait. Disons que c'était un bonus pour les troubles rencontrés. Après plusieurs remerciements rapides, le garçon donna les objets au duc avant de filer. Comme si c’était lui qui en avait besoin ! Ah, les jeunes et leur côté étourdi … Secouant la tête, il tourna son regard sur Eira qui était – évidemment – restée silencieuse.
« Pardonnez-moi, je réalise que je vous retiens alors que vous êtes certainement épuisée. C’était très égoïste de ma part, haha … » Yu-Seong lui tendit les morceaux de parchemin et le fusain. « Oh, et gardez le tout, je vous en prie. J’espère que cela vous sera utile lors de votre bref séjour ici. » Elle devrait aller rejoindre ses amis, et lui devait aller parler au chef de la troupe pour l’arrangement de ce soir, tout ça, tout ça … Bien entendu, il ignorait qu’Eira avait tout intérêt à le garder proche d’elle le plus longtemps possible.KoalaVolant
ÉCOUTER LE SILENCE
EIRA x YU-SEONG
Écouter le silence
Le duc et la danseuse
D’habitude, Yu-Seong aimait bien ce genre d’événement. Mais aujourd’hui, il n’avait pas la tête à ça.
Confortablement assis et surélevés pour avoir la meilleure vue possible (contrairement à la plèbe qui se tenait debout et dont les plus petits représentants ne voyaient rien à cause des plus grands qui les cachaient), les membres de la famille Adda assistaient – comme tout le monde – au spectacle de cette troupe itinérante. La place centrale de la plus grande ville du fief était très animée et pourtant, le duc peinait à rester concentré. Même les coups de coude répétés de sa femme afin d’attirer son attention ne suffisaient pas; l’homme avait tout simplement trop de choses auxquelles penser. Pour sa défense, ce fut une année assez folle pour lui, alors il était normal que ses batteries soient à plat ! Malgré tout, il refusait de déléguer ses tâches. Plutôt souffrir que de donner ne serait-ce qu’une fraction de son pouvoir à quelqu’un d’autre.
Yu-Seong regardait les artistes sans vraiment les voir, le coude sur l’accoudoir de sa chaise et sa joue contre son poing. C’était rare, mais pour une fois, il avait hâte de rejoindre son lit et dormir. Et alors que rien ne semblait pouvoir le tirer de ses pensées, un éclat doré fit son apparition sur scène. Tel le soleil après la pluie, les mouvements gracieux de cette nouvelle danseuse chassèrent peu à peu les nuages gris de son esprit. Petit à petit, le grand homme se redressa sur son siège, aussi captivé que le reste du public. Cette femme semblait si jeune et pourtant, sa danse évoquait un long vécu. C’était difficile à expliquer, mais… c’était comme si chaque geste représentait une émotion aussi brute que précise. Yu-Seong, en tout cas, était assez impressionné.
Et le spectacle prit fin aussitôt après cette hypnotique performance. Évidemment, il fallait que cela se termine tout de suite après que le duc y éprouve enfin de l’intérêt ! La vie était drôlement faite parfois … La foule acclama haut et fort les artistes tandis que le duc se contenta d’applaudir; malgré tout, il avait enfin retrouvé son sourire. Et il le devait à cette danseuse blonde. Il fallait absolument qu’il aille la féliciter en personne ! Cependant, il y avait beaucoup trop de monde entre lui et la troupe. De plus, les membres de cette dernière avaient très certainement besoin de souffler après cette performance. Yu-Seong allait devoir patienter encore un peu avant de se lever. Bref, avec tout ça, il avait trouvé son second souffle. Dommage pour son lit, ils n’allaient pas se retrouver de sitôt !
Pour passer le temps, le duc et la duchesse décidèrent de jouer aux jeunes tourtereaux incapables de se détacher l’un de l’autre, juste pour bien taper la honte à leurs enfants qui roulaient des yeux en grommelant. Tout le monde sait qu’il n’y a rien de plus amusant pour des parents que d’exaspérer leurs progénitures en public ! Ce ne fut qu’après plusieurs longues minutes (heures du point de vue des jeunes Adda) que la foule se dispersa suffisamment au goût du père. Celui-ci murmura quelque chose à l’oreille de sa femme avant de lui voler un baiser (qui fit râler son plus jeune fils derrière) et d’enfin se lever pour aller à la rencontre de la troupe.
Yu-Seong saluait les membres, remerciait leur chef, riait à leurs blagues, leur souhaitait beaucoup de succès, mais entre toutes ces platitudes, le grand homme cherchait du regard la personne à qui il souhaitait réellement parler : la danseuse blonde. Finalement, ses yeux encore vifs malgré l’âge repérèrent sa cible; elle se tenait à l’écart de l’agitation. Était-elle gênée ou bien réservée ? Peu importe. Cette demoiselle était parvenue à chasser ses idées noires le temps de quelques minutes; elle méritait des remerciements dignes de ce nom ! C’était bien la moindre des choses !
Le duc prit aussitôt congé du groupe et s’approcha calmement de la fille, question de ne pas trop l’effrayer au cas où qu'elle soit réellement timide. Il attira son attention avec un « Mademoiselle ! » joyeux et, une main sur le cœur, il s’inclina brièvement mais sincèrement. « Je suis le Duc Adda, maître de ce fief, » se présenta-t-il comme si ce n'était pas assez évident, mais sait-on jamais. Tout sourire, il enchaîna : « Je tenais à vous féliciter en personne, car sur cette scène, vous étiez celle qui brillait le plus à mes yeux. Chacun de vos gestes était empreint d’une émotion si vive, si intense ! »
Bien que l’homme ne soit guère un expert en danse, il avait remarqué le talent de la demoiselle. Très jeune demoiselle d’ailleurs, et encore plus jolie de proche. Oh, elle n’était pas aussi belle que sa femme bien sûr, mais elle devait très certainement avoir une armée d’admirateurs qui ne demandaient qu’à la marier ! Ah, cela ne devait pas être facile tous les jours …
« M-Monsieur ! » l’interpella une voix. Elle appartenait à un jeune homme – membre de la troupe – qui s’était détaché du groupe en voyant le duc discuter avec la blonde. « Eira ne peut pas vous répondre, elle… elle est muette. » Yu-Seong tourna la tête vers le garçon, son expression inchangée, cachant parfaitement son agacement. Il n’avait pas du tout apprécié ce ton rempli de sous-entendus, comme si ce serait une perte de temps de parler avec elle. Certes, son mutisme était une information bonne à savoir, mais il y avait une façon de dire les choses !
« Dans ce cas, mon garçon, pourquoi n’irais-tu pas chercher de quoi dessiner ou écrire pour ton amie ? » Yu-Seong posa une main sur l’épaule du jeunot qui se raidit. D’un point de vue extérieur, on pourrait presque croire que ce geste était paternel. Après tout, l’Adda était tout sourire en regardant le petit voyageur ! Mais ce dernier, lui, sentait la main du duc serrer sa frêle épaule. Il comprit immédiatement que ce n’était pas une requête qu’il pouvait refuser. Sans un mot, le pauvre garçon hocha la tête avant de déguerpir à toute vitesse. Ils se trouvaient dans le royaume des livres, pardi ! Il trouvera bien quelque chose !
Yu-Seong se tourna de nouveau vers la jeune femme, continuant à sourire comme si rien n’était. Eira, Eira, Eira … C’était un joli petit nom. En ajoutant à cela ses cheveux dorés et ses yeux bleutés, on pouvait assumer qu’elle était originaire du nord. Quoique le duc était bien placé pour savoir qu’on ne pouvait pas se fier aux apparences; lui-même semblait appartenir à l’Empire plutôt qu’à Babel. Si ça trouve, la danseuse venait du désert !... Bon, d’accord, peut-être pas.
« J’espère que vous appréciez votre séjour, » reprit-il avant de réfléchir un court instant. Il ne voulait pas lui poser des questions ouvertes et l’obliger à mimer ses réponses; ce serait humiliant pour elle. « Est-ce la première fois que vous visitez mon fief ? Mes citoyens adorent les potins – ils parleront encore de vous bien après votre départ – mais ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas méchants, » finit-il par plaisanter avec un clin d’œil complice. « De toute manière, il n’y a que du positif à dire sur votre prestation ! »
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Écouter le silence
fief d'AddaLes yeux clos, la main droite sur son ventre et l'autre sur son cœur, la belle-dame inspire profondément par la bouche avant d'expirer. Elle répète le processus une dizaine de fois, son esprit se vidant complètement d'une quelconque pensée. Il faut bien ce petit rituel pour se mettre en condition avant de monter sur l'estrade.
Eira c'est à toi.
Ses paupières s'ouvrent, dévoilant l'éclat azuré de ses iris. Un sourire ravissant se fige sur son visage, alors qu'elle se lève de son tabouret et rejoindre l'homme qui vient de parler. Aucun mot ne sort de sa bouche, il ne s'en offusque pas, car il le sait. La nordienne à la chevelure d'or a perdu la voix depuis bien longtemps... Mais si elle se retrouve sur cette grande place pour l'occasion, ce n'est pas pour user de ses dons d'oratrice inexistante. Une fois sur les lieux, Eira peut remarquer l'engouement du peuple du fief d'Adda pour la venue de la petite troupe. Son cœur manque un battement face à la foule, l'excitation grandissante la fait frémir inconsciemment. Au regard des autres, pourtant, elle semble très calme.
Les premiers coups de tambour résonnent alors et Eira sort avec une lenteur calculée, un éventail de son ample robe. L'air joué ainsi que les pas de danse du tournesol s'inspire grandement de l'Empire. Pas de grandes cabrioles, mais un début de prestation qui sait captiver la foule. Joie d'une enfant gambadant dans les couloirs de la demeure familiale, l'amour reçu d'une mère. Des émotions que la nordienne vie à deux cents pour cent à l'instant t et qui se reflète à travers son jeu.
Puis, elle fait mine de s'écrouler au sol, tête baissée comme défaite. Alors, la musique devient légèrement nostalgique l'espace de quelques secondes, le violon pour seul instrument. Personne ne vient remarquer que la demoiselle vient défaire les liens de sa robe, récupérer un bâton à la place de l'éventail et lorsque les tambours se font plus insistants et qu'elle en profite pour se relever, c'est une nouvelle tenue qui s'offre au spectateur. Une robe blanche, sans aucune broderie... Elle sautille sur quelques centimètres, légère comme une plume. Tourne, virevolte. Une personne qui a perdue beaucoup dans la vie et qui pourtant, continue d'aller de l'avant. Se battre pour une liberté, sa propre liberté.
Évidemment, lorsque sa prestation se conclut, chacun se lève pour l'applaudir. Elle leur offre un sourire gratifiant et incline son torse vers l'avant en une révérence. À présent, il est l'heure pour la troupe de signer la fin du spectacle. Ils sont une dizaine tout au plus à se positionner au centre de l'estrade et remercier le public comme il se doit. Pour Eira, c'est toujours un déchirement malgré la fatigue qui étreint son corps. Devoir dire au revoir et plier bagage. Mais elle peut se réconforter en se disant que ce n'est que le début d'une grande tournée à travers Elysia. Alors, elle quitte la scène, laissant ses collègues et amis recevoir ceux qui souhaitent discuter. Ses prunelles azur scrutent les environs avec nonchalance, sa respiration saccadée reprenant un rythme plus adéquat.
« Mademoiselle ! »
Une voix qui l'interpelle, fait pivoter sa tête en direction de la personne. Le tournesol l'écoute se présenter et vanter les talents de la demoiselle. Seul un immense sourire dévoilant sa dentition fait office de réponse, visiblement conquise d'entendre cela. À moins que ce ne soit parce que le duc d'Adda s'est présenté de lui-même. La voilà bien plus chanceuse qu'elle ne l'aurait penser, c'est le corbeau qui pouvait se réjouir pour les événements à venir. Quelques secondes après, c'est Salem qui se pointe en souhaitant clarifier un point important sur la nordienne. Son mutisme. Et si elle est habituée à ce que quelqu'un se ramène pour agir à sa place, pensant très certainement que son mutisme pouvait l'empêcher toutes interactions, c'est de l'agacement qui naissait dans son corps.
Mais le duc, lui aussi, ne paraît pas très heureux de l'intervention de l'autre. S'il garde un visage tout souriant, qui ne dit pas qu'il est en colère ? Salem déguerpit à grandes enjambées, partant à la recherche des précieux objets. Ainsi, il laisse "seules" les deux personnes pour le plus grand bonheur d'Eira. Main droite se posant sur ses fines lèvres rosées, la blonde laisse échapper un gloussement silencieux qui secoue son corps par la même occasion. Cet homme est décidément plein de fougue... Très certainement un bon duc pour son peuple et un bon membre du conseil pour Elysia. Pourtant, cela ne peut pas éloigner Eira de son objectif secret.
Elle hoche la tête afin de répondre à chacune de ses questions par la positif, puis, faisant quelques pas dans sa direction, tend sa main gauche vers lui, la paume en évidence. Peut-être va-t-il comprendre qu'il lui demande de placer sa propre main dans la sienne. Alors, la danseuse pourrait au moins "écrire" avec son doigt. Cela lui permettra de patienter le retour de Salem, qui malgré une recherche active, n'arrête pas de se faire alpaguer dans tous les sens.
Merci pour vos mots, cela me va droit au cœur. Essaie-t-elle de lui faire comprendre.
Oh oui, définitivement la chance lui sourit aujourd'hui.
Yu-Seong Adda
Écouter le silence
Le duc et la danseuse
Comme Yu-Seong était soulagé ! La demoiselle ne semblait pas trop timide. Tant mieux puisqu’il ne souhaitait pas la mettre mal à l’aise. Même que ce fut tout l’inverse qui se produisit : Eira rayonnait de bonheur. Ce que le duc ignorait, c’était que la joie de la blonde n’était pas entièrement due à ses compliments. Il ne pouvait pas savoir que la danseuse voulait l’assassiner ! Il aurait déjà donné l’ordre d’enfermer cette criminelle sinon. Et de l’exécuter après l’avoir questionnée bien sûr.
Ironiquement donc, cet homme si méfiant ne se sentait pas du tout menacé à l’heure actuelle. Des gardes patrouillaient non loin (même que l’un d’eux essayait de reproduire en cachette les pas de danse vus plus tôt). Des archers sur les toits surveillaient jour et nuit les mouvements de la foule. Vraiment, le membre du Conseil se sentait plus en sécurité dans les rues de sa ville que dans les couloirs de l’un de ses vassaux. De même, plus ces derniers se tenaient loin de leur seigneur, mieux ils respiraient. Par chance, cette ambiance toxique omniprésente dans les hautes sphères du fief d’Adda n’avait pas encore contaminé le quotidien du petit peuple aussi joyeux qu’insouciant.
Mais revenons à nos deux personnages ! Lorsque l’artiste tendit sa main, Yu-Seong comprit rapidement ce qu’elle avait en tête et posa sa propre main droite dans celle de la jeune femme, paume vers le ciel. Attentif aux mots qu’elle traçait avec son doigt si fin, le père de famille manqua quelques lettres, mais le message restait clair. C’était une façon forte ingénieuse de se faire comprendre en tout cas. La preuve qu’Eira n’était pas dénuée d’intelligence malgré son mutisme. Il releva les yeux vers son visage, lui aussi toujours souriant.
« Il est naturel que tout effort digne de ce nom soit au moins félicité, » répondit-il. « Mais plus qu’un effort, c’était du beau travail. Hmm … »
Le voilà de nouveau pensif. La danseuse et toute la troupe avaient su divertir son peuple, sa famille et lui-même. Cela méritait une récompense supérieure, vous ne trouvez pas ? Quelque chose de mieux qu’une simple tape dans le dos et quelques remerciements. Que pouvait-il bien leur offrir en retour ? N’importe quoi bien sûr ! Il était le duc après tout, il avait tous les pouvoirs. Il pouvait bien faire ce qu’il voulait.
« J’imagine que vous allez passer la nuit dans une auberge avant de reprendre la route ? » Yu-Seong ne pouvait imaginer le contraire. Après un tel spectacle, les artistes méritaient de se reposer un peu avant de repartir en voyage ! À moins que le chef de la troupe était un sale type qui les exploitait sans scrupules, mais vu le visage rayonnant d’Eira, cela l’étonnerait. « Si tel est le cas, alors votre séjour sera à mes frais ! Vous pourrez vous détendre sans vous préoccuper des dépenses. J’en parlerai à votre patron. »
Ce n’était pas une façon d’étaler sa richesse aux yeux de tous; l’Adda était sincère. Bien qu’il possédait de nombreux défauts plus ou moins cachés, sa générosité était réelle et cela lui faisait toujours plaisir de donner à son prochain … Lorsque son prochain le méritait bien sûr. À quoi bon avoir de l’argent si on ne le dépensait pas, hein ? Tous les nobles devraient au moins partager un peu de leur richesse avec la plèbe. Cela règlerait bien des problèmes.
« L’idée vous plaît-elle ? » Il espérait que oui. Yu-Seong regarda vite fait autour d’eux. Le jeune homme n’était toujours pas revenu ? Bah, peu importe. Ils n’allaient quand même pas mettre leur discussion sur pause jusqu’à son retour ! Le duc se concentra de nouveau sur la jolie fleur jaune qu’était la demoiselle. « Je peux même faire en sorte que l’on vous serve un plat de votre choix. Y a-t-il quelque chose en particulier qui vous ferait plaisir ? » Pas étonnant que son peuple l’adore. Une facette réservée aux gentils roturiers. Évidemment, un fois encore, il ne pouvait pas savoir que cette danseuse venait en réalité de la noblesse … Agirait-il différemment s’il le savait ?
Dans tous les cas, il espérait que sa question ne soit pas trop complexe à répondre. Il n’avait pas retiré sa main, alors celle-ci pouvait encore servir de papier, mais quand même … Il tenait juste à la remercier, pas à l’embarrasser. À moins qu’il désirait aussi s’assurer qu’elle mange correctement après tous ses efforts ? Un peu comme un papa qui se démenait pour offrir un régime équilibré à ses enfants. Ce n’était pas de sa faute ! À ses yeux, Eira avait une face de bébé. Quoiqu’à son âge, nombreux étaient ceux qu’il pouvait considérer comme des enfants … La joie de vivre longtemps dans un monde dangereux.
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Écouter le silence
fief d'AddaDepuis que sa voix se meurt sans même franchir ses fines lèvres rosées, le monde est devenu plus terne. Incomprise par une majorité, car ils n'ont que faire à chercher à comprendre une gamine incapable d'aligner ne serait-ce qu'un seul mot. Pourtant, elle griffonne comme elle peut sur toute surface susceptible de convenir. Sur du papier, dans la neige de North Odin, dans le sable... Tant que cela rend la "communication" avec les autres plus accessible.
Puis il y a ce duc. La demoiselle à la chevelure d'or est sincèrement et étonnamment heureuse qu'enfin quelqu'un lui réponde. S'il n'a peut-être pas tout saisi de ce que le doigt cherchait à décrire sur la paume de sa main, il est clair qu'il en a compris le principal. Alors l'émotion la prend à la gorge malgré, fait briller ses prunelles azurs d'une lueur nouvelle. En tant que membre de la petite troupe, le compliment est très certainement le plus beau des cadeaux que l'on puisse lui faire.
La question de l'homme lui fait pencher la tête sur le côté, lui offrant un regard intrigué. La danse ne comprenait pas vraiment cette demande quelque peu particulière. Il ne faut même pas deux minutes pour être éclairé. Ainsi, il suffit simplement de donner une belle prestation et redonner la bonne humeur au duc d'Adda, pour que celui-ci vienne proposer de régler les frais des artistes. Pour tout avouer, la demoiselle ne sait pas si elle doit se sentir honorée par son geste ou avoir l'impression de se faire insulter. Elle ne montre rien des deux sentiments qui s'opposent dans son cerveau et hoche simplement de la tête de façon à accepter ce qui est demandé par l'homme. D'une certaine manière, Eira va pouvoir profiter davantage de sa présence afin de l'épier en toute discrétion. Elle doit garder la tête sur les épaules.
« Je peux même faire en sorte que l’on vous serve un plat de votre choix. Y a-t-il quelque chose en particulier qui vous ferait plaisir ? »
Gentil, beaucoup trop gentil pour que cela la fasse froncer légèrement les sourcils. Peut-être pense-t-il qu'elle ne peut pas s'offrir ce qu'elle souhaite réellement. Et la blonde peut lui demander la raison d'autant de bonnes intentions. Toutefois, elle garde cela pour elle et vient glisser son doigt sur sa main.
Si vous faites du sanglier rôti au miel et aux abricots par ici, cela serait un réel plaisir que d'accepter.
Comme pour accentuer ses paroles, le ventre de la danseuse se met à grommeler bruyamment, ses joues prenant la couleur d'une tomate bien mûre. Ce n'est pas tout, mais la prestation a été éprouvante et parler de nourriture lui donne bien envie de manger tout d'un coup.
Veuillez m'excuser... signe-t'elle à toute hâte avant de rajouter, plus posément. Je ne me suis pas présentée, Eira. Je vous remercie pour votre hospitalité, la troupe n'en sera que plus ravie.
Son regard azur scrute les environs, se demandant si Salem va revenir vite ou au contraire, si sa malchance légendaire va encore sévir. Le tournesol ne l'apprécie pas particulièrement, mais elle ne peut pas se résoudre à s'éloigner sans l'avoir averti.
Yu-Seong Adda
Écouter le silence
Le duc et la danseuse
Bien sûr, le duc remarquait les petites réactions physiques de la demoiselle, mais jamais il n’imagina qu’elles étaient négatives. Il lui offrait un toit et un repas gratuit; qui s’en fâcherait ? Yu-Seong désirait simplement rendre service et faire plaisir aux habitants n’ayant pas eu la chance de naître avec une cuillère d’argent dans la bouche. Sûrement son seul rêve de jeunesse qui n’était pas mort en cours de route.
Eira lui répondit de la même manière que la fois d’avant, c'est-à-dire doigt glissant dans sa paume. Aussi concentré qu’un docteur opérant un patient, l’Adda mimait silencieusement des lèvres chaque lettre tracée afin de s’aider. Surtout que c’était une longue phrase … Mais c’était bien ainsi ! Cela prouvait que la danseuse était à l’aise; elle essayerait d’expédier la chose sinon. Bon, voyons voir … Plissant les yeux, le puissant noble crut comprendre à peu près ce qu’elle disait. Un goût un peu raffiné pour ce qu’il croyait être une roturière, mais peut-être était-ce normal pour une artiste; c’était bien leur genre. Oh, ce n’était pas un jugement méchant ! Simple constatation.
« Sanglier, miel et abricots, c’est bien cela ? » répéta-t-il afin de s’assurer de ne pas s’être trompé. « Aucun problème ma chère, je vais m’assurer que l’on vous serve ce plat ce soir– » Il fut brusquement coupé par le bruit d’un ventre qui gargouille. Pas le sien évidemment, quoi que cela lui arrivait parfois lorsqu’il sautait un ou deux repas … Bref, Yu-Seong ne put retenir un rire franc en voyant le visage d’Eira devenir aussi rouge qu’une cerise. Ce n’était pas d’elle qu’il riait, il trouvait juste ça mignon.
La pauvre, elle signa tellement vite que le duc n’eut pas le temps de lire. Pas besoin toutefois, car il était clair qu’elle était gênée par son estomac vide et traître. « Ce n’est rien voyons, ne vous excusez pas, » la rassura-t-il avec son sourire toujours aussi charmant. Mais déjà, la blonde traçait d’autres lettres sur sa main. Eira … Hospitalité … Troupe … Ravie … C’était gentil de se présenter officiellement même si le garçon l’avait fait pour elle plus tôt. Où était-il d’ailleurs ? S’était-il perdu ? Yu-Seong commençait à se sentir un peu mal pour le jeune homme. Juste un peu.
« Le sentiment est réciproque; je suis ravi que vous ayez décidé de vous arrêter dans mon fief. Et puis, je serais fort indigne des Terres de Babel si je ne prenais pas soin des artistes ! » se justifia-t-il en rigolant. Certes, ce n’était pas le fief de Babel ici, mais l’art restait important à Adda puisque le duc ainsi que son père avant lui désiraient conserver une trace écrite des toutes ces œuvres. Une mission importante pour ceux dont le rôle était de créer, partager et protéger les livres. Une mission que Yu-Seong remplissait avec sérieux, bien qu'en compagnie de cette jeune danseuse, il n’avait pas du tout l’air sévère. « Je sais que vous voyagez beaucoup, alors si je peux vous aider à complètement vous détendre ne serait-ce qu’une nuit, j’en serais honoré. »
Attendez une minute … Ah, mais quel idiot ! Se détendre, manger, le ventre qui gargouille ! La pauvre était sûrement morte de fatigue et il l’accaparait avec son blablabla ! Jugeant qu’il serait plus sage de la laisser se reposer, Yu-Seong s’apprêta à prendre congé, mais fut interrompu par le retour inespéré du garçon. Ce dernier était parvenu à trouver du parchemin et un bâtonnet de fusain. Bah voilà, ce n’était pas si compliqué ! Le noble posa de nouveau une main sur l’épaule du jeune homme épuisé, mais cette fois-ci, ce fut pour le remercier et non l’intimider.
« Merci, hum … ? » Réalisant que le grand homme voulait connaître son nom, le garçon le donna prestement : « S-Salem, monsieur ! » Le sourire du duc s’élargit, bienveillant. « Merci Salem. Voilà de quoi rembourser l’achat. » Il sortit de sa poche quelques pièces qu’il glissa dans la main libre de Salem. Celui-ci n’osa pas lui dire que le matériel n’avait pas coûté aussi cher. En fait, Yu-Seong s’en doutait, mais il s’en foutait. Disons que c'était un bonus pour les troubles rencontrés. Après plusieurs remerciements rapides, le garçon donna les objets au duc avant de filer. Comme si c’était lui qui en avait besoin ! Ah, les jeunes et leur côté étourdi … Secouant la tête, il tourna son regard sur Eira qui était – évidemment – restée silencieuse.
« Pardonnez-moi, je réalise que je vous retiens alors que vous êtes certainement épuisée. C’était très égoïste de ma part, haha … » Yu-Seong lui tendit les morceaux de parchemin et le fusain. « Oh, et gardez le tout, je vous en prie. J’espère que cela vous sera utile lors de votre bref séjour ici. » Elle devrait aller rejoindre ses amis, et lui devait aller parler au chef de la troupe pour l’arrangement de ce soir, tout ça, tout ça … Bien entendu, il ignorait qu’Eira avait tout intérêt à le garder proche d’elle le plus longtemps possible.
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Adam x Yu-Seong
Peu de temps après le grand conseil des souverains du Continent Blanc
La lune se trouvait dans le ciel sans nuages, lorsque chacun quittait la grande salle. Durant plusieurs jours, les réunions diplomatiques s'étaient succédé. Les siècles de guerres et de tensions venaient enfin d'épuiser les esprits des dirigeants. Au point de devoir trouver une solution avant que le Continent Blanc lui-même ne sombre complètement. D'un accord commun - et cela avait été difficile de réussir à se mettre sur la même longueur d'onde -, un traité avait été érigé et signé. Et dans cette grande pièce angoissante, il était celui - avec l'aide de ses confrères - qui avait posé ça de manière officielle afin que cela reste dans l'histoire.
Une nouvelle ère pouvait s'ouvrir au peuple du Continent Blanc. Non... D'Elysia. Un nom pour marquer le renouveau et surtout, un travail main dans la main. Dont la création d'un corps militaire unique, l'Ordre des Chevaliers. Si la discussion s'était déjà avérée difficile pour le reste, ce sujet avait suscité un violent éclat de voix de la part d'un homme. Un seul être qui maintenait sa position face aux autres souverains. Un seul individu qui s'opposait ouvertement à cette création. Et évidemment, la majorité avait eu raison.
Si Adam toquait à la porte du membre du Conseil en question quelques jours plus tard, ce n'était pas pour pointer du doigt sa vive réaction lors du débat - avait-il d'ailleurs la légitimité pour cela -, mais plus pour satisfaire sa curiosité. Il ne pénétrait dans le bureau qu'après avoir reçu l'autorisation de le faire.
Bonsoir monsieur Adda. Lançait-il poliment avant que son sourire ne s'élargisse.
Le duc d'Adda était une connaissance de longue date de la famille Helvar. Pour tout avouer, Adam l'avait déjà rencontré à plusieurs reprises, bien avant d'atterrir ici.
Il se souvenait, enfant, d'avoir longtemps converser avec cet homme et que celui-ci vienne satisfaire sa curiosité instable. Encore aujourd'hui, il était comme un oncle pour lui et pouvait passer des heures à discuter ensemble.
Je te dérange peut-être ?
Ainsi seul en sa présence, le scribe pouvait se permettre d'être familier. De le tutoyer ou encore, l'appeler par son prénom. Il s'approchait du bureau, déposait sur celui-ci un petit écrin en bois enveloppé dans un tissu.
Je m'excuse de donner mon cadeau d'anniversaire pour ta dernière tardivement. Il s'en est passé des choses ces derniers jours. Pouvoir s'imaginer qu'un tel traité pourrait exister enfin... Beaucoup en ont rêvé et vous... L'avez fait. Cela va être un long chemin à emprunter. Il marquait une courte pause. Tu regrettes de la décision pour l'Ordre n'est-ce pas ?
Quelle semaine merdique.
Assis derrière son bureau, l’homme ne travaillait pas. Même que la surface était quasi vide. Les coudes contre son meuble, les doigts croisés, les lèvres crispées contre ses mains, Yu-Seong ressassait les événements des derniers jours. Il avait lutté, mais cela n’avait pas été suffisant. Ils auraient pu se contenter du traité de paix et savourer cette victoire, mais non ! Les humains sont des éternels insatisfaits, et plusieurs sont également des éternels imbéciles. Franchement, quel crétin pensait que c’était une bonne idée de créer un ordre militaire indépendant ? La réponse : tout le monde sauf l’Adda. Si ces idiots tenaient absolument à envoyer leurs meilleurs éléments dans un groupe douteux pour ensuite se retrouver sans défense, grand bien leur fasse ! Yu-Seong allait garder ses soldats talentueux et gagner un avantage sur le long terme. C’était ça, le problème des autres dirigeants : maintenant que la guerre était officiellement terminée, ils ne pensaient qu’au court terme. Pauvres fous.
Lorsque l’on toqua à sa porte, le père de famille ne bougea pas. Il avait envie de garder le silence et de faire comme s’il était absent, mais fuir ses responsabilités n’était pas son genre. Même si ses responsabilités étaient d’écouter des reproches dont il n’avait strictement rien à faire.
« Entrez. »
Heureusement, ce n’était pas un vieil homme aigri qui débarqua dans son bureau, mais plutôt un jeune homme plein de vie. En voyant Adam, Yu-Seong se détendit d’un coup. C’était le deuxième fils des Helvar, alliés de longue date des Adda, alors ils se côtoyaient depuis longtemps. Lorsque le scribe avait été envoyé à Babel afin d’y travailler, le duc en avait été très heureux. Il adorait cette tête rousse toujours pleine d’idées et de questions. Certes, le tonton taquinait parfois son neveu à propos de ses goûts vestimentaires, mais ce n’était jamais bien méchant. Le tonton jugeait également que son neveu était trop naïf, mais il ne pouvait pas faire grand-chose à ce propos.
À sa question, il répliqua : « Ai-je l’air occupé ? » tout en ouvrant grand les bras afin de présenter son bureau vide, ses lèvres formant presque un sourire farceur. La réponse était évidemment non. Enfin, si, mais c’étaient ses pensées qui l’occupaient et non pas de la paperasse quelconque. Adam ne pouvait pas savoir ça.
Un cadeau finement emballé vint embellir l’espace désert du luxueux meuble en bois. Quelle touchante attention. Si seulement cela s’était arrêté là. Depuis le temps, le duc devrait savoir que chaque présent est toujours accompagné d’une requête. Ou d’une remarque désobligeante. Dans tous les cas, il n’aurait pas dû être étonné par le questionnement du jeune scribe. Tout le monde le jugeait depuis la fameuse décision fatidique; pourquoi son neveu de cœur n’en ferait-il pas autant ? On peut vraiment faire confiance à personne ici !
Au lieu d’inviter le visiteur à s’asseoir, ce fut l’hôte qui se leva. Paisiblement, il se détourna d’Adam et se dirigea vers la fenêtre se trouvant derrière son bureau. Les mains dans le dos, il observa le ciel nocturne. Ainsi, le jeune homme ne pouvait pas lire l’expression sur le visage du plus vieux.
« Ma femme me manque, Adam, » finit-il par avouer dans un soupir. Quel rapport avec les dernières paroles du rouquin ? « Mes enfants me manquent. Je ne les ai pas vus depuis des semaines. Bien sûr, c’était pour la bonne cause. Toutes ces longues discussions afin de trouver un terrain d’entente … Il fallait que ces vieilles querelles cessent. »
Le grand homme se détacha de la fenêtre et se mit plutôt à faire les cent pas, toujours derrière sans bureau. Ses yeux fixaient un point invisible devant lui, ne s’arrêtant jamais sur le jeune Helvar. Pas encore. « Bientôt, je vais pouvoir rejoindre mon fief et être enfin réuni avec ma famille. Les nouvelles voyageant vites, ils seront déjà au courant de tout. C’est pourquoi lorsque je franchirai le seuil de ma demeure, ils me demanderont : "Père, Chéri, pourquoi ne veux-tu pas de Chevaliers ?" Et je vais leur répondre la même chose que je vais te dire à l’instant. »
Yu-Seong pivota enfin vers Adam. Pas de sourire cette fois. Pas de traits froncés non plus. Juste une expression neutre. C’était le mieux qu’il pouvait faire pour le moment. « Je suis le seul qui ne soit pas aveuglé par cette nouvelle paix. Voilà pourquoi. » Un soupir lui échappa de nouveau et il se frotta la nuque. Combien de fois allait-il devoir expliquer et défendre sa position ? « Ne te méprends pas; je suis satisfait par le traité de paix. Seulement, cela ne signifie pas pour autant que le Mal a été éradiqué du continent. Créer un ordre ouvert à tous … Donner autant de pouvoir à une masse d’inconnus … C’est jouer avec le feu. Tôt ou tard, il y aura des abus que l’on ne pourra contenir. Tu comprends ce que je veux dire ? »KoalaVolant
Bien que l'homme affichait un sourire farceur et qu'il invitait le rouquin pénétrer dans la pièce, sa voix se faisait bien monotone. En se rapprochant de sa personne afin de lui remettre le précieux pour la dernière de la famille Adda, le scribe pouvait lire dans les yeux de Yu-Seong, une énorme fatigue. L'espace d'un instant, Adam se sentait bien idiot que d'avoir voulu aller le retrouver. Il le savait bien trop respectueux pour lui dire avec franchise de rebrousser chemin et de rentrer chez lui. Cette gêne s'accentuait davantage lorsque le duc quittait son siège et avouait que sa famille lui manquait.
Mais il était vrai que tout cela avait été pour la bonne cause. Des hommes et des femmes se mettant enfin à marcher main dans la main. Alors, oui les grandes nouvelles allaient se répandre comme une traînée de poudre... Et celle du désaccord de Yu-Seong concernant la non-volonté d'adhérer à la création de l'Ordre des Chevaliers. Si Adam voulait tout simplement comprendre, il était certains que beaucoup en apprenant la nouvelle, viendraient hurler leur mécontentement. Peut-être même que pour une poignée, ce duc n'était pas là pour prôner cette paix. Au plus profond de son cœur le scribe espérait que cela ne nuit pas à sa réputation. Surtout, que l'autre devait certainement avoir une bonne raison n'est-ce pas ?
Elle lui venait quelques secondes après, alors que Yu-Seong prenait enfin la peine de pivoter vers le jeune homme et lui offrir un visage sans émotion. D'une oreille attentive, le rouquin assimile les mots du duc. Pour tout avouer, s'il comprenait son raisonnement, il était étonné que celui qui lui faisait face, voit aussi loin dans le temps. Un avis qu'il se dépêchait de partager au principal intéressé, le sérieux déformant ses traits.
Je comprends ce que tu viens de me dire et sincèrement, je ne pensait pas que quelqu'un pouvait voir sur le long terme. Enfin, peut-être que d'autres des souverains présents lors de la réunion a pu avoir la même réflexion, ils ont préféré miser sur l'enjeu que cela peut amener sur le moment. Adam se grattait la joue droite du bout de l'ongle, songeur. Peut-on parler d'aveuglement ? Penses-tu qu'il y avait pu avoir un meilleur choix dans tout cela ? Une question sincère pour quelqu'un qui souhaitait une paix durable.
Malheureusement, le vote était terminé et il n'y avait plus de retour en arrière. Alors même si les craintes de son "oncle" s'avéraient juste, il allait falloir retomber sur ses pas au moment venu. Et Yu-Seong allait très certainement vivre avec cette crainte la majeure partie de sa vie, si ce n'était pas celle de sa famille. Adam ne souhaitait pas trop s'imaginer le pire et préférait donc changer de sujet sans que cela fasse trop particulier.
Maintenant, que le sommet est terminé, tu vas enfin pouvoir retrouver les tiens ? Cela te dérangerait que l'on fasse un bout de chemin ensemble ?
Chacun allait pouvoir embrasser leur proche. Voilà des mois que le rouquin n'avait pas eu l'occasion de serrer sa mère dans ses bras, avoir un mot doux pour son père. Et si Addam n'avait pas non plus joué un grand rôle dans cette nouvelle ère, ses parents seraient certainement fiers de lui.
N'empêche, avec toutes ces années à espérer un monde meilleur, pourquoi seulement maintenant ?
L’atmosphère dans ce riche bureau était encore tolérable. Bien que Yu-Seong était un peu déprimé et qu’Adam était un peu inconfortable, l’ambiance n’était pas trop lourde. Pour l’instant. Bref, cela rassurait le duc que le scribe comprenne ne serait-ce un minimum son point de vue, mais évidemment, il fallait que le plus jeune se sente obligé de défendre les autres souverains. Portant de nouveau ses mains derrière son dos, l’Adda se retint de soupirer une fois de plus. C’était normal que le rouquin soit curieux, mais était-ce normal que son tonton ait l’impression d’être le seul avec un cerveau pleinement fonctionnel dans cette tour ? Était-ce l’âge qui l’avait rendu si têtu et arrogant ? Était-il si vieux que ça ? Il n’était même pas grand-père encore ! Pas que cela le dérangerait d’avoir des petits-enfants, hein; il serait fou de joie. Malheureusement, ses enfants ne semblaient pas pressés de lui faire cet honneur, ah là là … Enfin, on s’égare.
« Si ce n’est pas de l’aveuglement, alors c’est de la bêtise pure et simple, » répliqua Yu-Seong d’un rictus mi-moqueur mi-contrarié. « Un souverain qui cherche le profit à court terme sans penser aux conséquences futures ne mérite pas sa place. » En temps normal, jamais le duc n’insulterait quelqu’un aussi ouvertement – et encore moins des personnes de son rang. Il faut croire que l’épuisement physique et mental des derniers jours l’avaient rattrapé. Mais il s’en fichait pas mal sur le coup, alors il continua sur sa lancée : « Et des solutions meilleures, il doit en exister des tonnes. Par exemple, nous aurions pu coordonner nos soldats afin de protéger les routes et les villages isolés. Prendre une carte et y tracer des zones de surveillance. Bâtir un réseau de communication efficace entre les nations afin de faciliter la capture des criminels les plus recherchés. Nul besoin de créer une organisation à part entière juste pour cela ! » conclut-il en balayant d’une main l’air devant lui comme pour chasser cette idée stupide. Cela aurait été l’occasion parfaite de travailler main dans la main, mais visiblement, les dirigeants des autres pays préféraient qu’un groupe tierce règle tous leurs petits problèmes. Pathétique !
Yu-Seong était clairement amer même s’il tentait de rester le plus posé possible. Par chance, Adam eut la présence d’esprit de changer de sujet. Le pauvre père de famille éprouvé ne répondit pas tout de suite; il prit plutôt ces quelques secondes pour se calmer. Il ne faut pas se fâcher devant son neveu voyons ! Certes, ce dernier pouvait se montrer aussi naïf qu’indiscret, mais c’était juste de la curiosité. Ce gamin – qui n’en était plus vraiment un – ne possédait aucune once de méchanceté. Ou si c’était le cas, elle était bien cachée.
Finalement, le duc recula de quelques pas afin de s’accoter dos au mur, les bras croisés. Avec un sourire en coin, il observa le Helvar. « Je ne peux pas partir tout de suite. Je dois encore faire acte de présence pendant au moins un jour ou deux afin de ne pas donner l’impression que je fuis. » Même s’il disait cela d’un ton blagueur, cela restait la triste réalité. « Si cela ne te dérange pas d’attendre, ta compagnie me ferait plaisir. Mais je comprendrais si tu es pressé. » Il ne voulait surtout pas retenir le jeune homme; il savait que cela faisait encore plus longtemps que lui qu’Adam n’avait pas vu sa famille. Et la famille, c’est sacré. Même si ce n’était pas l’avis de tout le monde …
Mais bien sûr, la curiosité du jumeau roux le poussa à revenir sur le sujet initial de la conservation. Ah, bordel … L’Adda ne connaîtra donc pas la paix aujourd’hui. Il secoua la tête, mais se força à garder le sourire. Tout était clair maintenant. En fait, si Adam posait autant de questions, ce n'était pas juste par curiosité; c’était aussi parce qu’il n’osait pas partager son avis. Et s’il n’osait pas se confier directement au duc, cela ne pouvait signifier qu’une chose : il était en désaccord avec lui. Décevant, mais pas surprenant.
Avant de s’attaquer à ce problème toutefois, il fallait d’abord répondre à sa question. La politesse, vous savez. « C’est simple. Il fallait que le temps fasse son œuvre, que les vieilles blessures se referment et que les vieilles rancœurs s’oublient. » Pensif, il porta son poing à son menton, cherchant un exemple rapide. « Voudrais-tu faire la paix avec l’homme qui a tué ton père, ta mère, ton frère ? Bien sûr que non. Tu voudrais les venger, pas serrer la main de leur meurtrier. » Il leva son index. « À l’inverse, est-ce que cela te dérangerait de faire la paix avec l’homme dont l’arrière-arrière-grand-père a tué ton arrière-arrière-arrière-grand-père ? Sûrement pas. C’est à ce stade que nous sommes aujourd’hui. Puisque le conflit n’est plus personnel, on peut voir l’intérêt d’une alliance avec l’autre. »
Yu-Seong se détacha du mur et contourna son immense bureau. « Et parlant de conflit personnel … » Il empoigna une chaise qui traînait et la glissa derrière Adam. Un peu plus et il lui défonçait les jambes avec le siège afin de le forcer à s’asseoir. Sans un mot, il retourna à son bureau pour y prendre place. Il reprit la position qu’il avait avant que l’on cogne à sa porte : coudes sur le bureau et doigts croisés. Et cette fois, regard planté dans celui de son invité.
« Nous nous connaissons depuis longtemps, Adam. Je lis en toi comme dans un livre ouvert. » Allez savoir si le jeu de mots était voulu ou non. « Je sais que tu meures d’envie de partager ton avis sur les décisions du conseil. Ou est-ce que ce sont plutôt les miennes que tu es venu critiquer ? » Il se redressa sur son siège. Peu importe à quel point il essayait d’avoir l’air amical présentement, son sourire – qui se voulait encourageant – n’avait pas sa chaleur habituelle … « Ne sois pas timide. Je t’écoute. »KoalaVolant
Adam x Yu-Seong
[flashback] Discorde au sommet
Peu de temps après le grand conseil des souverains du Continent Blanc
La lune se trouvait dans le ciel sans nuages, lorsque chacun quittait la grande salle. Durant plusieurs jours, les réunions diplomatiques s'étaient succédé. Les siècles de guerres et de tensions venaient enfin d'épuiser les esprits des dirigeants. Au point de devoir trouver une solution avant que le Continent Blanc lui-même ne sombre complètement. D'un accord commun - et cela avait été difficile de réussir à se mettre sur la même longueur d'onde -, un traité avait été érigé et signé. Et dans cette grande pièce angoissante, il était celui - avec l'aide de ses confrères - qui avait posé ça de manière officielle afin que cela reste dans l'histoire.
Une nouvelle ère pouvait s'ouvrir au peuple du Continent Blanc. Non... D'Elysia. Un nom pour marquer le renouveau et surtout, un travail main dans la main. Dont la création d'un corps militaire unique, l'Ordre des Chevaliers. Si la discussion s'était déjà avérée difficile pour le reste, ce sujet avait suscité un violent éclat de voix de la part d'un homme. Un seul être qui maintenait sa position face aux autres souverains. Un seul individu qui s'opposait ouvertement à cette création. Et évidemment, la majorité avait eu raison.
Si Adam toquait à la porte du membre du Conseil en question quelques jours plus tard, ce n'était pas pour pointer du doigt sa vive réaction lors du débat - avait-il d'ailleurs la légitimité pour cela -, mais plus pour satisfaire sa curiosité. Il ne pénétrait dans le bureau qu'après avoir reçu l'autorisation de le faire.
Bonsoir monsieur Adda. Lançait-il poliment avant que son sourire ne s'élargisse.
Le duc d'Adda était une connaissance de longue date de la famille Helvar. Pour tout avouer, Adam l'avait déjà rencontré à plusieurs reprises, bien avant d'atterrir ici.
Il se souvenait, enfant, d'avoir longtemps converser avec cet homme et que celui-ci vienne satisfaire sa curiosité instable. Encore aujourd'hui, il était comme un oncle pour lui et pouvait passer des heures à discuter ensemble.
Je te dérange peut-être ?
Ainsi seul en sa présence, le scribe pouvait se permettre d'être familier. De le tutoyer ou encore, l'appeler par son prénom. Il s'approchait du bureau, déposait sur celui-ci un petit écrin en bois enveloppé dans un tissu.
Je m'excuse de donner mon cadeau d'anniversaire pour ta dernière tardivement. Il s'en est passé des choses ces derniers jours. Pouvoir s'imaginer qu'un tel traité pourrait exister enfin... Beaucoup en ont rêvé et vous... L'avez fait. Cela va être un long chemin à emprunter. Il marquait une courte pause. Tu regrettes de la décision pour l'Ordre n'est-ce pas ?
Yu-Seong Adam Tour de Zorya
Discorde au sommet
Le duc et le scribe
Quelle semaine merdique.
Assis derrière son bureau, l’homme ne travaillait pas. Même que la surface était quasi vide. Les coudes contre son meuble, les doigts croisés, les lèvres crispées contre ses mains, Yu-Seong ressassait les événements des derniers jours. Il avait lutté, mais cela n’avait pas été suffisant. Ils auraient pu se contenter du traité de paix et savourer cette victoire, mais non ! Les humains sont des éternels insatisfaits, et plusieurs sont également des éternels imbéciles. Franchement, quel crétin pensait que c’était une bonne idée de créer un ordre militaire indépendant ? La réponse : tout le monde sauf l’Adda. Si ces idiots tenaient absolument à envoyer leurs meilleurs éléments dans un groupe douteux pour ensuite se retrouver sans défense, grand bien leur fasse ! Yu-Seong allait garder ses soldats talentueux et gagner un avantage sur le long terme. C’était ça, le problème des autres dirigeants : maintenant que la guerre était officiellement terminée, ils ne pensaient qu’au court terme. Pauvres fous.
Lorsque l’on toqua à sa porte, le père de famille ne bougea pas. Il avait envie de garder le silence et de faire comme s’il était absent, mais fuir ses responsabilités n’était pas son genre. Même si ses responsabilités étaient d’écouter des reproches dont il n’avait strictement rien à faire.
« Entrez. »
Heureusement, ce n’était pas un vieil homme aigri qui débarqua dans son bureau, mais plutôt un jeune homme plein de vie. En voyant Adam, Yu-Seong se détendit d’un coup. C’était le deuxième fils des Helvar, alliés de longue date des Adda, alors ils se côtoyaient depuis longtemps. Lorsque le scribe avait été envoyé à Babel afin d’y travailler, le duc en avait été très heureux. Il adorait cette tête rousse toujours pleine d’idées et de questions. Certes, le tonton taquinait parfois son neveu à propos de ses goûts vestimentaires, mais ce n’était jamais bien méchant. Le tonton jugeait également que son neveu était trop naïf, mais il ne pouvait pas faire grand-chose à ce propos.
À sa question, il répliqua : « Ai-je l’air occupé ? » tout en ouvrant grand les bras afin de présenter son bureau vide, ses lèvres formant presque un sourire farceur. La réponse était évidemment non. Enfin, si, mais c’étaient ses pensées qui l’occupaient et non pas de la paperasse quelconque. Adam ne pouvait pas savoir ça.
Un cadeau finement emballé vint embellir l’espace désert du luxueux meuble en bois. Quelle touchante attention. Si seulement cela s’était arrêté là. Depuis le temps, le duc devrait savoir que chaque présent est toujours accompagné d’une requête. Ou d’une remarque désobligeante. Dans tous les cas, il n’aurait pas dû être étonné par le questionnement du jeune scribe. Tout le monde le jugeait depuis la fameuse décision fatidique; pourquoi son neveu de cœur n’en ferait-il pas autant ? On peut vraiment faire confiance à personne ici !
Au lieu d’inviter le visiteur à s’asseoir, ce fut l’hôte qui se leva. Paisiblement, il se détourna d’Adam et se dirigea vers la fenêtre se trouvant derrière son bureau. Les mains dans le dos, il observa le ciel nocturne. Ainsi, le jeune homme ne pouvait pas lire l’expression sur le visage du plus vieux.
« Ma femme me manque, Adam, » finit-il par avouer dans un soupir. Quel rapport avec les dernières paroles du rouquin ? « Mes enfants me manquent. Je ne les ai pas vus depuis des semaines. Bien sûr, c’était pour la bonne cause. Toutes ces longues discussions afin de trouver un terrain d’entente … Il fallait que ces vieilles querelles cessent. »
Le grand homme se détacha de la fenêtre et se mit plutôt à faire les cent pas, toujours derrière sans bureau. Ses yeux fixaient un point invisible devant lui, ne s’arrêtant jamais sur le jeune Helvar. Pas encore. « Bientôt, je vais pouvoir rejoindre mon fief et être enfin réuni avec ma famille. Les nouvelles voyageant vites, ils seront déjà au courant de tout. C’est pourquoi lorsque je franchirai le seuil de ma demeure, ils me demanderont : "Père, Chéri, pourquoi ne veux-tu pas de Chevaliers ?" Et je vais leur répondre la même chose que je vais te dire à l’instant. »
Yu-Seong pivota enfin vers Adam. Pas de sourire cette fois. Pas de traits froncés non plus. Juste une expression neutre. C’était le mieux qu’il pouvait faire pour le moment. « Je suis le seul qui ne soit pas aveuglé par cette nouvelle paix. Voilà pourquoi. » Un soupir lui échappa de nouveau et il se frotta la nuque. Combien de fois allait-il devoir expliquer et défendre sa position ? « Ne te méprends pas; je suis satisfait par le traité de paix. Seulement, cela ne signifie pas pour autant que le Mal a été éradiqué du continent. Créer un ordre ouvert à tous … Donner autant de pouvoir à une masse d’inconnus … C’est jouer avec le feu. Tôt ou tard, il y aura des abus que l’on ne pourra contenir. Tu comprends ce que je veux dire ? »
[flashback] Discorde a au sommet
Bien que l'homme affichait un sourire farceur et qu'il invitait le rouquin pénétrer dans la pièce, sa voix se faisait bien monotone. En se rapprochant de sa personne afin de lui remettre le précieux pour la dernière de la famille Adda, le scribe pouvait lire dans les yeux de Yu-Seong, une énorme fatigue. L'espace d'un instant, Adam se sentait bien idiot que d'avoir voulu aller le retrouver. Il le savait bien trop respectueux pour lui dire avec franchise de rebrousser chemin et de rentrer chez lui. Cette gêne s'accentuait davantage lorsque le duc quittait son siège et avouait que sa famille lui manquait.
Mais il était vrai que tout cela avait été pour la bonne cause. Des hommes et des femmes se mettant enfin à marcher main dans la main. Alors, oui les grandes nouvelles allaient se répandre comme une traînée de poudre... Et celle du désaccord de Yu-Seong concernant la non-volonté d'adhérer à la création de l'Ordre des Chevaliers. Si Adam voulait tout simplement comprendre, il était certains que beaucoup en apprenant la nouvelle, viendraient hurler leur mécontentement. Peut-être même que pour une poignée, ce duc n'était pas là pour prôner cette paix. Au plus profond de son cœur le scribe espérait que cela ne nuit pas à sa réputation. Surtout, que l'autre devait certainement avoir une bonne raison n'est-ce pas ?
Elle lui venait quelques secondes après, alors que Yu-Seong prenait enfin la peine de pivoter vers le jeune homme et lui offrir un visage sans émotion. D'une oreille attentive, le rouquin assimile les mots du duc. Pour tout avouer, s'il comprenait son raisonnement, il était étonné que celui qui lui faisait face, voit aussi loin dans le temps. Un avis qu'il se dépêchait de partager au principal intéressé, le sérieux déformant ses traits.
Je comprends ce que tu viens de me dire et sincèrement, je ne pensait pas que quelqu'un pouvait voir sur le long terme. Enfin, peut-être que d'autres des souverains présents lors de la réunion a pu avoir la même réflexion, ils ont préféré miser sur l'enjeu que cela peut amener sur le moment. Adam se grattait la joue droite du bout de l'ongle, songeur. Peut-on parler d'aveuglement ? Penses-tu qu'il y avait pu avoir un meilleur choix dans tout cela ? Une question sincère pour quelqu'un qui souhaitait une paix durable.
Malheureusement, le vote était terminé et il n'y avait plus de retour en arrière. Alors même si les craintes de son "oncle" s'avéraient juste, il allait falloir retomber sur ses pas au moment venu. Et Yu-Seong allait très certainement vivre avec cette crainte la majeure partie de sa vie, si ce n'était pas celle de sa famille. Adam ne souhaitait pas trop s'imaginer le pire et préférait donc changer de sujet sans que cela fasse trop particulier.
Maintenant, que le sommet est terminé, tu vas enfin pouvoir retrouver les tiens ? Cela te dérangerait que l'on fasse un bout de chemin ensemble ?
Chacun allait pouvoir embrasser leur proche. Voilà des mois que le rouquin n'avait pas eu l'occasion de serrer sa mère dans ses bras, avoir un mot doux pour son père. Et si Addam n'avait pas non plus joué un grand rôle dans cette nouvelle ère, ses parents seraient certainement fiers de lui.
N'empêche, avec toutes ces années à espérer un monde meilleur, pourquoi seulement maintenant ?
Yu-Seong Adam Tour de Zorya
Discorde au sommet
Le duc et le scribe
L’atmosphère dans ce riche bureau était encore tolérable. Bien que Yu-Seong était un peu déprimé et qu’Adam était un peu inconfortable, l’ambiance n’était pas trop lourde. Pour l’instant. Bref, cela rassurait le duc que le scribe comprenne ne serait-ce un minimum son point de vue, mais évidemment, il fallait que le plus jeune se sente obligé de défendre les autres souverains. Portant de nouveau ses mains derrière son dos, l’Adda se retint de soupirer une fois de plus. C’était normal que le rouquin soit curieux, mais était-ce normal que son tonton ait l’impression d’être le seul avec un cerveau pleinement fonctionnel dans cette tour ? Était-ce l’âge qui l’avait rendu si têtu et arrogant ? Était-il si vieux que ça ? Il n’était même pas grand-père encore ! Pas que cela le dérangerait d’avoir des petits-enfants, hein; il serait fou de joie. Malheureusement, ses enfants ne semblaient pas pressés de lui faire cet honneur, ah là là … Enfin, on s’égare.
« Si ce n’est pas de l’aveuglement, alors c’est de la bêtise pure et simple, » répliqua Yu-Seong d’un rictus mi-moqueur mi-contrarié. « Un souverain qui cherche le profit à court terme sans penser aux conséquences futures ne mérite pas sa place. » En temps normal, jamais le duc n’insulterait quelqu’un aussi ouvertement – et encore moins des personnes de son rang. Il faut croire que l’épuisement physique et mental des derniers jours l’avaient rattrapé. Mais il s’en fichait pas mal sur le coup, alors il continua sur sa lancée : « Et des solutions meilleures, il doit en exister des tonnes. Par exemple, nous aurions pu coordonner nos soldats afin de protéger les routes et les villages isolés. Prendre une carte et y tracer des zones de surveillance. Bâtir un réseau de communication efficace entre les nations afin de faciliter la capture des criminels les plus recherchés. Nul besoin de créer une organisation à part entière juste pour cela ! » conclut-il en balayant d’une main l’air devant lui comme pour chasser cette idée stupide. Cela aurait été l’occasion parfaite de travailler main dans la main, mais visiblement, les dirigeants des autres pays préféraient qu’un groupe tierce règle tous leurs petits problèmes. Pathétique !
Yu-Seong était clairement amer même s’il tentait de rester le plus posé possible. Par chance, Adam eut la présence d’esprit de changer de sujet. Le pauvre père de famille éprouvé ne répondit pas tout de suite; il prit plutôt ces quelques secondes pour se calmer. Il ne faut pas se fâcher devant son neveu voyons ! Certes, ce dernier pouvait se montrer aussi naïf qu’indiscret, mais c’était juste de la curiosité. Ce gamin – qui n’en était plus vraiment un – ne possédait aucune once de méchanceté. Ou si c’était le cas, elle était bien cachée.
Finalement, le duc recula de quelques pas afin de s’accoter dos au mur, les bras croisés. Avec un sourire en coin, il observa le Helvar. « Je ne peux pas partir tout de suite. Je dois encore faire acte de présence pendant au moins un jour ou deux afin de ne pas donner l’impression que je fuis. » Même s’il disait cela d’un ton blagueur, cela restait la triste réalité. « Si cela ne te dérange pas d’attendre, ta compagnie me ferait plaisir. Mais je comprendrais si tu es pressé. » Il ne voulait surtout pas retenir le jeune homme; il savait que cela faisait encore plus longtemps que lui qu’Adam n’avait pas vu sa famille. Et la famille, c’est sacré. Même si ce n’était pas l’avis de tout le monde …
Mais bien sûr, la curiosité du jumeau roux le poussa à revenir sur le sujet initial de la conservation. Ah, bordel … L’Adda ne connaîtra donc pas la paix aujourd’hui. Il secoua la tête, mais se força à garder le sourire. Tout était clair maintenant. En fait, si Adam posait autant de questions, ce n'était pas juste par curiosité; c’était aussi parce qu’il n’osait pas partager son avis. Et s’il n’osait pas se confier directement au duc, cela ne pouvait signifier qu’une chose : il était en désaccord avec lui. Décevant, mais pas surprenant.
Avant de s’attaquer à ce problème toutefois, il fallait d’abord répondre à sa question. La politesse, vous savez. « C’est simple. Il fallait que le temps fasse son œuvre, que les vieilles blessures se referment et que les vieilles rancœurs s’oublient. » Pensif, il porta son poing à son menton, cherchant un exemple rapide. « Voudrais-tu faire la paix avec l’homme qui a tué ton père, ta mère, ton frère ? Bien sûr que non. Tu voudrais les venger, pas serrer la main de leur meurtrier. » Il leva son index. « À l’inverse, est-ce que cela te dérangerait de faire la paix avec l’homme dont l’arrière-arrière-grand-père a tué ton arrière-arrière-arrière-grand-père ? Sûrement pas. C’est à ce stade que nous sommes aujourd’hui. Puisque le conflit n’est plus personnel, on peut voir l’intérêt d’une alliance avec l’autre. »
Yu-Seong se détacha du mur et contourna son immense bureau. « Et parlant de conflit personnel … » Il empoigna une chaise qui traînait et la glissa derrière Adam. Un peu plus et il lui défonçait les jambes avec le siège afin de le forcer à s’asseoir. Sans un mot, il retourna à son bureau pour y prendre place. Il reprit la position qu’il avait avant que l’on cogne à sa porte : coudes sur le bureau et doigts croisés. Et cette fois, regard planté dans celui de son invité.
« Nous nous connaissons depuis longtemps, Adam. Je lis en toi comme dans un livre ouvert. » Allez savoir si le jeu de mots était voulu ou non. « Je sais que tu meures d’envie de partager ton avis sur les décisions du conseil. Ou est-ce que ce sont plutôt les miennes que tu es venu critiquer ? » Il se redressa sur son siège. Peu importe à quel point il essayait d’avoir l’air amical présentement, son sourire – qui se voulait encourageant – n’avait pas sa chaleur habituelle … « Ne sois pas timide. Je t’écoute. »
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Adam x Yu-Seong
Lorsqu’Adam se permit de critiquer les dirigeants après que son tonton l’eut fait, ce dernier se contenta d’un rictus. Ce n’était pas l’envie de les insulter davantage qui lui manquait, or cela restait un sujet glissant. Ce serait bête de se faire étiqueter en tant que traître, même si l’idée de s’approprier le pouvoir des quatre autres conseillers et de régner seul au sommet n’était pas déplaisante. Yu-Seong ne se leurrait pas toutefois; même s’il essayait, il était peu probable qu’il parvienne à arracher le pouvoir et encore moins à le garder. Un plan pour se faire couper la tête, quoi.
Puis, lorsque le scribe accepta de patienter quelques jours avant de rentrer chez lui, son tonton le remercia silencieusement en hochant la tête. Quel gentil garçon ce rouquin. Aussi doux que naïf. Mauvais menteur aussi, à moins que le duc soit tout simplement trop expérimenté pour le jeune homme. Parce que son « Je ne pourrais pas me permettre de te critiquer et tu le sais très bien », Yu-Seong y croyait moyen.
Fort possible aussi qu’il n’y ait aucun mensonge là-dedans et que le duc était juste trop méfiant.
En tout cas, Adam était pressé d’expliquer son comportement de plus en plus suspect aux yeux de son oncle. Celui-ci sentait la panique du plus jeune et s’en délectait presque; après tout, il était d’humeur massacrante malgré le masque sympathique qu’il s’efforçait de garder pour son neveu. Masque qui commençait à se fissurer, car Adam était au mauvais endroit au mauvais moment, et Yu-Seong avait envie de se défouler sur quelqu’un. Si c’était injuste pour le rouquin ? Bah … Il avait eu l’occasion de s’éclipser plusieurs fois. Il l’avait cherché avec ses questions indiscrètes, bon ! Faut savoir s’assumer !
« Pourtant …? » répéta-t-il en se penchant de nouveau vers son interlocuteur, ses lèvres s’étirant davantage. Il voulait l’encourager à continuer, mais son sourire était peu rassurant, tel un prédateur attendant patiemment que sa proie tombe dans son piège. Malgré le malaise, courageux ou inconscient, Adam acheva sa pensée.
D’abord, le duc fut surpris que le scribe s’inquiète pour lui; il en écarquilla même les yeux, son sourire s’effaçant enfin. Puis, la drôlerie de ces paroles le rattrapa. Ses épaules se secouèrent même, vaine tentative pour retenir un rire. S’il craignait pour sa sécurité ? S’il craignait pour sa sécurité ?! ÉVIDEMMENT QU’IL CRAIGNAIT POUR SA SÉCURITÉ ! Chaque jour de sa vie, la pensée que quelqu’un quelque part puisse s’en prendre à lui traverse son esprit ! Chaque heure de sa vie, il complote pour que cela n’arrive pas ! Évidemment qu’il craignait pour sa sécurité après s’être opposé à tous les autres dirigeants ! Évidemment qu’il y avait pensé ! Demander à un paranoïaque s’il avait peur, c’était comme demander à un alcoolique s’il avait soif … Même si Adam ne pouvait pas vraiment se douter que son tonton était atteint à ce point. Quoi qu’il aura de quoi se poser la question puisque le tonton en question venait d’éclater de rire, incapable de se contenir plus longtemps.
Ce n’était pas du jeune homme dont le plus vieux se moquait, mais bien de la situation. Si même une personne douce comme Adam songeait aux représailles, alors… oui, le duc s’était peut-être mis dans la merde en osant aller contre-courant. Il avait pris une chance et cela n’avait pas payé. Maintenant, lui aussi devait assumer les conséquences de ses actes. Nuits blanches assurées pendant les prochaines semaines.
Yu-Seong finit par se calmer et après avoir essuyé une larme hilare dans le coin de son œil, il put enfin répondre au pauvre scribe. « Hahaha, pardonne-moi Adam, c’est juste que… » Que… ? Il décida de ne pas poursuivre cette pensée. À la place, coude sur le bureau, il posa sa joue contre son poing et observa en silence son neveu. Ah, vraiment, Adam était trop gentil pour ce monde de brutes … Trop rêveur … Malgré son rang prestigieux, il était si peu préparé à la dure réalité de la noblesse … L’art de poignarder dans le dos, tout ça, tout ça …
Les sourcils du duc se froncèrent subitement.
Attendez une minute … L’art de poignarder dans le dos … Adam qui lui dit qu’il devrait s’inquiéter pour sa sécurité … Était-ce vraiment son genre de penser à cela ? Quelqu’un lui aurait-il soufflé l’idée ? Qui ? Les dirigeants ? Connaissant ses connexions avec le duc d’Adda, ils l’auraient envoyé s’occuper de lui ? Adam accepterait, car il croit que l’Ordre est une bonne chose; il venait de le dire. Était-ce pour cela que le jumeau se montrait étonnement téméraire dans ses paroles aujourd’hui ? Il essayait de pousser le duc à dire quelque chose de condamnable. En serait-il capable ? Non, non, pas son petit Adam si optimiste … Mais … Tout pointe vers cette conclusion. Yu-Seong ne pouvait pas lui faire confiance. L’allégeance du scribe allait au Pharaon avant tout, pas à son oncle qui n’était même pas son vrai oncle. Et puis, ils ne se connaissaient pas tant que ça, hein ! Qui sait ce qui se tramait réellement sous cette chevelure rousse ?! Les inquiétudes d’Adam étaient en réalité un avertissement … Non, c’était… des menaces ?
« Ce ne sont pas de très jolies pensées que tu as là, Adam. » Yu-Seong n’avait plus du tout envie de plaisanter; malgré cela, il s’efforçait de sourire, plus par habitude qu’autre chose. C’était forcé et cela paraissait. « Insinues-tu que mes chers collègues du Conseil pourraient s’en prendre à moi ? Insinues-tu que des personnes si nobles et si justes puissent s’abaisser à ce point ? » Il voulait mettre la pression au jumeau en déformant ses propos et en cherchant le plus de petits sous-entendus possibles. « Insinues-tu que les dirigeants des autres pays oseraient s’en prendre à moi malgré mon rang ? Ton Pharaon oserait-il ? » On frappe où ça fait mal bien sûr.
Le duc se redressa dans son siège, et ce fut comme si son masque tomba au même moment. Les scénarios défilaient dans sa tête et plus il regardait l’homme devant lui, moins il lui faisait confiance. Ce n’était pas raisonnable, ce n’était même pas sensé, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. La fatigue, la frustration et la peur font mauvais ménage et malheureusement pour le scribe, il allait en payer les frais.
Les traits sévères, le ton plus sec, le dos bien droit, il revint à la charge : « À moins que cela soit moi le problème ? Est-ce ce que tu essayes de me dire ? Que je représente une menace pour la paix nouvelle et que l’on devrait m’éliminer avant que je ne cause davantage de discorde ? » Un bref rire amer s’échappa de ses lèvres, puis il leva les mains en l’air, coudes pliés. « Tiens, pourquoi ne pas utiliser vos chevaliers adorés pour me tuer ! Franchement, je trouve que cela enverrait un puissant message à toute la population d’Elysia. Qu’en penses-tu ? » proposa-t-il avant d’éclater à nouveau d’un rire acerbe. Ah, cet homme avait clairement besoin de vacances …KoalaVolant
Adam x Yu-Seong
[flashback] Discorde a au sommet
Du haut de ses vingt-sept ans et de l'expérience qu'il avait réussi à gagner pour le moment, Adam ne restait encore qu'un enfant comparé au duc d'Adda. Si bien que ses paroles pussent sonner comme de l'ignorance et de l'idiotie aux oreilles de son "oncle". Heureusement, et malgré un soupir qui s'entendait parfaitement dans le bureau, le plus vieux gardait sa patience légendaire et continuait de lui répondre. C'était d'ailleurs comme ça que le rouquin se rendait compte que d'à quel point Yu-Seong pouvait réfléchir sur le long terme. Du moins, bien plus que sa propre personne ou encore, des souverains. Il s'agissait certes de mots crus et venant d'un homme tel que lui, voilà des paroles qui auraient fais jaser. Pourtant, du point de vue d'Adam, il ne pouvait pas réellement le contredire.
Venait alors la longue tirade ou le duc donnait son avis et les potentielles idées qui auraient pu servir à la place de la création d'un ordre. Des points qui ont été bien pensés ne peut qu'avouer le scribe en détournant ses iris pour ne pas avoir affaire à son regard sévère. Néanmoins, il lui semblait bon de lui répondre en espérant que cela ne l'exaspère pas.
Je vois ce que tu veux dire et de tes idées, on peut ressentir la notion d'unicité qui manquait entre ces quatre nations. N'ont-ils pas juste cherché quelque chose qui aurait certainement plus d'impact pour un peuple et pour eux ?
Sans prendre réellement de gants, Adam venait de dénoncer des intentions de certains. Cela n'était peut-être pas une certitude, il ne fallait pourtant pas se leurrer. Si lui avait eu cette pensée qui lui traversait l'esprit, alors il n'était clairement pas le seul dans cette optique. Et c'était principalement en présence du duc d'Adda qu'il pouvait se permettre de dire cela sans que l'on ne cherche à l'accuser de trahison. Néanmoins, ce n'était pas pour étant que le scribe devait se permettre trop de liberté.
Adam devait retourner chez les siens, au cœur de la nation du Royaume du Pharaon. Et même s'il était impatient de les retrouver, il n'avait pas vraiment donné de date spécifique à ses parents. Alors, le jeune rouquin ne pouvait-il pas faire preuve de patience supplémentaire et profiter alors de cet homme qu'il affectionnait ? Il lui offrait un sourire serein, réconfortant.
Je peux bien attendre encore un jour où deux tu sais. En plus, il y aura très certainement encore des papiers à rédiger.
Malheureusement pour le duc, Adam ne savait pas passer à autre chose aussi facilement. Bien entendu, son comportement n'échappait pas au plus ancien qui, même s'il prenait le temps de lui répondre et de lui fournir des exemples concrets, finissait enfin par lui poser la question fatidique. Aussitôt, ses joues se tentaient de rouge et son regard se faisait presque honteux. Comme un enfant que l'on venait de prendre la main dans le sac. Bougeant frénétiquement les mains devant son corps de droite et à gauche, le scribe s'empressait de "s'expliquer".
Je ne pourrais pas me permettre de te critiquer et tu le sais très bien. Cela semblait couler de source que pour lui seul. Poussant un profond soupir, il rajoutait. Pour tout avouer, c'est la première fois que j'assiste à cela et je ne sais pas quoi en pas. Nous avons tant espéré pour enterrer la hache de guerre et instaurer une nouvelle ère. La voilà enfin à portée de main ! Tous les dirigeants sont enfin sur la même longueur d'onde. Mais les voilà qui ont été bien surpris de te voir t'opposer à la création de l'Ordre des Chevaliers. C'est ton choix et je le respecte, toi-même, tu as pu m'expliquer la raison de ta décision. Pourtant...
Il marquait une pause, venait triturer ses doigts comme mal à l'aise tout d'un coup. Il fallait avouer que le rouquin se souvenait encore des regards courroucés de certains à l'égard de Yu-Seong. Comme si le conflit était prêt à reprendre à chaque instant.
Ne crains tu pas ta sécurité en t'étant imposé et opposé de la sorte ? Je ne pense pas que la création de l'Ordre soit une mauvaise chose. Sincèrement. Mais, est-ce que la façon de vouloir le mettre en place est convenable, je ne sais pas. Peut-être suis-je encore trop jeune et ignorant pour comprendre. Où juste pouvoir voir aussi loin que toi ou un autre.
Était-ce là ce que souhaitait entendre l'homme de Babel ? Car il n'y avait pas grand-chose à dire que d'émettre son incompréhension. Alors d'une certaine manière, Adam espérait que débattre lui permettrait de remettre ses idées en places.
Venait alors la longue tirade ou le duc donnait son avis et les potentielles idées qui auraient pu servir à la place de la création d'un ordre. Des points qui ont été bien pensés ne peut qu'avouer le scribe en détournant ses iris pour ne pas avoir affaire à son regard sévère. Néanmoins, il lui semblait bon de lui répondre en espérant que cela ne l'exaspère pas.
Je vois ce que tu veux dire et de tes idées, on peut ressentir la notion d'unicité qui manquait entre ces quatre nations. N'ont-ils pas juste cherché quelque chose qui aurait certainement plus d'impact pour un peuple et pour eux ?
Sans prendre réellement de gants, Adam venait de dénoncer des intentions de certains. Cela n'était peut-être pas une certitude, il ne fallait pourtant pas se leurrer. Si lui avait eu cette pensée qui lui traversait l'esprit, alors il n'était clairement pas le seul dans cette optique. Et c'était principalement en présence du duc d'Adda qu'il pouvait se permettre de dire cela sans que l'on ne cherche à l'accuser de trahison. Néanmoins, ce n'était pas pour étant que le scribe devait se permettre trop de liberté.
Adam devait retourner chez les siens, au cœur de la nation du Royaume du Pharaon. Et même s'il était impatient de les retrouver, il n'avait pas vraiment donné de date spécifique à ses parents. Alors, le jeune rouquin ne pouvait-il pas faire preuve de patience supplémentaire et profiter alors de cet homme qu'il affectionnait ? Il lui offrait un sourire serein, réconfortant.
Je peux bien attendre encore un jour où deux tu sais. En plus, il y aura très certainement encore des papiers à rédiger.
Malheureusement pour le duc, Adam ne savait pas passer à autre chose aussi facilement. Bien entendu, son comportement n'échappait pas au plus ancien qui, même s'il prenait le temps de lui répondre et de lui fournir des exemples concrets, finissait enfin par lui poser la question fatidique. Aussitôt, ses joues se tentaient de rouge et son regard se faisait presque honteux. Comme un enfant que l'on venait de prendre la main dans le sac. Bougeant frénétiquement les mains devant son corps de droite et à gauche, le scribe s'empressait de "s'expliquer".
Je ne pourrais pas me permettre de te critiquer et tu le sais très bien. Cela semblait couler de source que pour lui seul. Poussant un profond soupir, il rajoutait. Pour tout avouer, c'est la première fois que j'assiste à cela et je ne sais pas quoi en pas. Nous avons tant espéré pour enterrer la hache de guerre et instaurer une nouvelle ère. La voilà enfin à portée de main ! Tous les dirigeants sont enfin sur la même longueur d'onde. Mais les voilà qui ont été bien surpris de te voir t'opposer à la création de l'Ordre des Chevaliers. C'est ton choix et je le respecte, toi-même, tu as pu m'expliquer la raison de ta décision. Pourtant...
Il marquait une pause, venait triturer ses doigts comme mal à l'aise tout d'un coup. Il fallait avouer que le rouquin se souvenait encore des regards courroucés de certains à l'égard de Yu-Seong. Comme si le conflit était prêt à reprendre à chaque instant.
Ne crains tu pas ta sécurité en t'étant imposé et opposé de la sorte ? Je ne pense pas que la création de l'Ordre soit une mauvaise chose. Sincèrement. Mais, est-ce que la façon de vouloir le mettre en place est convenable, je ne sais pas. Peut-être suis-je encore trop jeune et ignorant pour comprendre. Où juste pouvoir voir aussi loin que toi ou un autre.
Était-ce là ce que souhaitait entendre l'homme de Babel ? Car il n'y avait pas grand-chose à dire que d'émettre son incompréhension. Alors d'une certaine manière, Adam espérait que débattre lui permettrait de remettre ses idées en places.
Yu-Seong Adam Tour de Zorya
Discorde au sommet
Le duc et le scribe
Lorsqu’Adam se permit de critiquer les dirigeants après que son tonton l’eut fait, ce dernier se contenta d’un rictus. Ce n’était pas l’envie de les insulter davantage qui lui manquait, or cela restait un sujet glissant. Ce serait bête de se faire étiqueter en tant que traître, même si l’idée de s’approprier le pouvoir des quatre autres conseillers et de régner seul au sommet n’était pas déplaisante. Yu-Seong ne se leurrait pas toutefois; même s’il essayait, il était peu probable qu’il parvienne à arracher le pouvoir et encore moins à le garder. Un plan pour se faire couper la tête, quoi.
Puis, lorsque le scribe accepta de patienter quelques jours avant de rentrer chez lui, son tonton le remercia silencieusement en hochant la tête. Quel gentil garçon ce rouquin. Aussi doux que naïf. Mauvais menteur aussi, à moins que le duc soit tout simplement trop expérimenté pour le jeune homme. Parce que son « Je ne pourrais pas me permettre de te critiquer et tu le sais très bien », Yu-Seong y croyait moyen.
Fort possible aussi qu’il n’y ait aucun mensonge là-dedans et que le duc était juste trop méfiant.
En tout cas, Adam était pressé d’expliquer son comportement de plus en plus suspect aux yeux de son oncle. Celui-ci sentait la panique du plus jeune et s’en délectait presque; après tout, il était d’humeur massacrante malgré le masque sympathique qu’il s’efforçait de garder pour son neveu. Masque qui commençait à se fissurer, car Adam était au mauvais endroit au mauvais moment, et Yu-Seong avait envie de se défouler sur quelqu’un. Si c’était injuste pour le rouquin ? Bah … Il avait eu l’occasion de s’éclipser plusieurs fois. Il l’avait cherché avec ses questions indiscrètes, bon ! Faut savoir s’assumer !
« Pourtant …? » répéta-t-il en se penchant de nouveau vers son interlocuteur, ses lèvres s’étirant davantage. Il voulait l’encourager à continuer, mais son sourire était peu rassurant, tel un prédateur attendant patiemment que sa proie tombe dans son piège. Malgré le malaise, courageux ou inconscient, Adam acheva sa pensée.
D’abord, le duc fut surpris que le scribe s’inquiète pour lui; il en écarquilla même les yeux, son sourire s’effaçant enfin. Puis, la drôlerie de ces paroles le rattrapa. Ses épaules se secouèrent même, vaine tentative pour retenir un rire. S’il craignait pour sa sécurité ? S’il craignait pour sa sécurité ?! ÉVIDEMMENT QU’IL CRAIGNAIT POUR SA SÉCURITÉ ! Chaque jour de sa vie, la pensée que quelqu’un quelque part puisse s’en prendre à lui traverse son esprit ! Chaque heure de sa vie, il complote pour que cela n’arrive pas ! Évidemment qu’il craignait pour sa sécurité après s’être opposé à tous les autres dirigeants ! Évidemment qu’il y avait pensé ! Demander à un paranoïaque s’il avait peur, c’était comme demander à un alcoolique s’il avait soif … Même si Adam ne pouvait pas vraiment se douter que son tonton était atteint à ce point. Quoi qu’il aura de quoi se poser la question puisque le tonton en question venait d’éclater de rire, incapable de se contenir plus longtemps.
Ce n’était pas du jeune homme dont le plus vieux se moquait, mais bien de la situation. Si même une personne douce comme Adam songeait aux représailles, alors… oui, le duc s’était peut-être mis dans la merde en osant aller contre-courant. Il avait pris une chance et cela n’avait pas payé. Maintenant, lui aussi devait assumer les conséquences de ses actes. Nuits blanches assurées pendant les prochaines semaines.
Yu-Seong finit par se calmer et après avoir essuyé une larme hilare dans le coin de son œil, il put enfin répondre au pauvre scribe. « Hahaha, pardonne-moi Adam, c’est juste que… » Que… ? Il décida de ne pas poursuivre cette pensée. À la place, coude sur le bureau, il posa sa joue contre son poing et observa en silence son neveu. Ah, vraiment, Adam était trop gentil pour ce monde de brutes … Trop rêveur … Malgré son rang prestigieux, il était si peu préparé à la dure réalité de la noblesse … L’art de poignarder dans le dos, tout ça, tout ça …
Les sourcils du duc se froncèrent subitement.
Attendez une minute … L’art de poignarder dans le dos … Adam qui lui dit qu’il devrait s’inquiéter pour sa sécurité … Était-ce vraiment son genre de penser à cela ? Quelqu’un lui aurait-il soufflé l’idée ? Qui ? Les dirigeants ? Connaissant ses connexions avec le duc d’Adda, ils l’auraient envoyé s’occuper de lui ? Adam accepterait, car il croit que l’Ordre est une bonne chose; il venait de le dire. Était-ce pour cela que le jumeau se montrait étonnement téméraire dans ses paroles aujourd’hui ? Il essayait de pousser le duc à dire quelque chose de condamnable. En serait-il capable ? Non, non, pas son petit Adam si optimiste … Mais … Tout pointe vers cette conclusion. Yu-Seong ne pouvait pas lui faire confiance. L’allégeance du scribe allait au Pharaon avant tout, pas à son oncle qui n’était même pas son vrai oncle. Et puis, ils ne se connaissaient pas tant que ça, hein ! Qui sait ce qui se tramait réellement sous cette chevelure rousse ?! Les inquiétudes d’Adam étaient en réalité un avertissement … Non, c’était… des menaces ?
« Ce ne sont pas de très jolies pensées que tu as là, Adam. » Yu-Seong n’avait plus du tout envie de plaisanter; malgré cela, il s’efforçait de sourire, plus par habitude qu’autre chose. C’était forcé et cela paraissait. « Insinues-tu que mes chers collègues du Conseil pourraient s’en prendre à moi ? Insinues-tu que des personnes si nobles et si justes puissent s’abaisser à ce point ? » Il voulait mettre la pression au jumeau en déformant ses propos et en cherchant le plus de petits sous-entendus possibles. « Insinues-tu que les dirigeants des autres pays oseraient s’en prendre à moi malgré mon rang ? Ton Pharaon oserait-il ? » On frappe où ça fait mal bien sûr.
Le duc se redressa dans son siège, et ce fut comme si son masque tomba au même moment. Les scénarios défilaient dans sa tête et plus il regardait l’homme devant lui, moins il lui faisait confiance. Ce n’était pas raisonnable, ce n’était même pas sensé, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. La fatigue, la frustration et la peur font mauvais ménage et malheureusement pour le scribe, il allait en payer les frais.
Les traits sévères, le ton plus sec, le dos bien droit, il revint à la charge : « À moins que cela soit moi le problème ? Est-ce ce que tu essayes de me dire ? Que je représente une menace pour la paix nouvelle et que l’on devrait m’éliminer avant que je ne cause davantage de discorde ? » Un bref rire amer s’échappa de ses lèvres, puis il leva les mains en l’air, coudes pliés. « Tiens, pourquoi ne pas utiliser vos chevaliers adorés pour me tuer ! Franchement, je trouve que cela enverrait un puissant message à toute la population d’Elysia. Qu’en penses-tu ? » proposa-t-il avant d’éclater à nouveau d’un rire acerbe. Ah, cet homme avait clairement besoin de vacances …
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I'M A LUXURY FEW CAN AFFORD // PV : ADAM // - 5 (FB)
Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
Aucun nuage ne s’interpose : le soleil darde ses rayons ardents.
Sa pluie incandescente, traverse les maigres barrières de tissu, suinte sur les peaux, en lourdes gouttes de sueur, rigoles d’or sur les fronts. Ses paupières alourdies par les assauts continuels, ses yeux verts, lovés sous ses cils, luisent, serpentines. Ses lèvres s’entrouvrent, s’extirpe, sinueuse, une longue langue ; elle récolte le nectar salé, se rétracte d’un soupir.
L’on se retourne sur son passage, le Gobelin ne s’en étonne plus. Son teint blafard, lugubre, exsangue, vidé de vie et d’énergie, est une insulte au soleil qui règne en ces lieux. L’astre ne le mord que plus durement, ses longs cheveux noirs, collent à son front, les mèches retombent sur son visage, entre elles, ses yeux scintillent, d’une malice impudente. Son pas est lent, d’une paisible indolence, une main réfugiée dans un pan de son kimono noir brodé de vert, l’autre main, se repose sur la hampe de sa lance. Par étrange équilibre, elle tient, contre son épaule, sa pointe, porte la hanse d’une lanterne verte. Elle se balance au rythme de ses pas, grincement, qui fait parfois serrer les dents.
Il flâne dans cette rue bondée, naturellement, l’on s’écarte de son passage. Il n’est pourtant pas bien impressionnant, il est petit pour un homme, trop petit, pour son vêtement qui accentue la finesse de ses membres. Difforme, les bras semblent terriblement longs par rapport au reste de son corps, ses longs, longs, longs doigts, terminés d’ongles noirs, taillés et vernis, en véritables griffes.
Et soudain, le Gobelin s’anime.
Un éclat d’or se reflète dans ses prunelles, ses paupières se soulèvent, son nez pointe. Saisi d’une passion soudaine, d’une vitalité effrayante, Gobelin bondit, son pas s’allonge, il jaillit, hors de sa torpeur, diable hors de sa boîte, mort surgi de sa tombe. Un rire franchit ses lèvres, l’archet gratte les cordes vocales déjà usées, chant de crécelle, craquement de larynx, Gobelin bascule sur une jambe, tourne sur lui-même, étend les bras, abat ses mains l’une contre l’autre. La lanterne se balance, sur son support, elle grince et tourne comme une girouette, prisonnière des vents capricieux, des élans de son maîtres. Elle continue de tourner sur elle-même, plus lentement, quand l’avant du corps s’affaisse.
Tombe-t-il ? Non. Perché en équilibre sur ses getas, dans une posture probablement inconfortable, tout le haut du corps est penché, pour voir les teintures de plus près. Du khôl, du maquillage, des crèmes à la base de lait ou de chair de cactus, plus loin, des bijoux attirent son attention. Ses lèvres tranchent un rictus sur son visage anguleux, un gloussement ébranle sa cage thoracique alors qu’il lève les yeux vers le marchand.
_ Oh marchand ! Tes possessions sont de toute beauté !
Gobelin demande, Gobelin discute, pointe de l’index, étale sur son derme quelques pigments, un peu de couleur, un peu de vie, sur cet écrin de porcelaine, ce masque mortuaire. Il approuve, d’un signe de tête, le vert émeraude, l’or, le rouge, lui plaisent, le khôl aussi, tout cela réuni dans de précieux petites bouteilles refermées d’un bouchon. Les bijoux, il les recueille entre ses grandes mains, les tournent face au Soleil. Offrandes, ponctuées d’un rictus appréciateur, les dents se dessinent entre les lèvres fines, jusqu’à ce qu’un fruit heurte sa tempe.
Surpris, Gobelin tourne les yeux en battant des paupières.
Un homme goguenard s’adosse au mur. Ils sont 3, un balourd, un filandreux, la belle gueule. Gobelin laisse ses paupières retomber, indolent, il appuie sa lance au sol, se penche, récupère le fruit. Il se redresse, le fait tourner entre ses griffes, les 3 hommes réagissent. Le balourd fait rouler sa musculature, le filandreux plisse les yeux, la belle gueule fronce légèrement les sourcils, lorsque les prunelles vertes, reptiles, rampent jusqu’au coin de ses paupières. Ce qui luit, au fond de son regard, les remous d’écailles, l’onde morbide, dissimule une menace suintante, créature abyssale.
Ses lèvres s’entrouvrent, dévoilant ses dents. Gobelin mord dans le fruit qu’on lui a jeté dans la tête, paisiblement, il tourne les yeux vers l’étale et reprend ses achats.
_ C’est meilleur quand c’est gratuit ! Minaude-t-il, le rictus s’étirant jusqu’à ses oreilles. Surpris, les 3 hommes hésitent, avant de commencer à profaner des insultes et des moqueries, sous l’indifférence de Gobelin. Parfois, il leur adresse une œillade, amusé, il ricane en secouant la tête.
_ Quels mauvais artistes. Je me croyais pitoyable acteur, mais je ne cesse d’aller en surprise.
Les insultes et les remarques se sont plus incisives. Crachant sur sa virilité qu’ils considèrent inexistantes – devrait-il leur montrer ce qu’il a entre les jambes pour qu’ils se taisent ? Se demande Gobelin dans une moue songeuse.
Il ne s’attend pas à ce qu’une personne réagisse : personne ne défend un « monstre ».
Sa pluie incandescente, traverse les maigres barrières de tissu, suinte sur les peaux, en lourdes gouttes de sueur, rigoles d’or sur les fronts. Ses paupières alourdies par les assauts continuels, ses yeux verts, lovés sous ses cils, luisent, serpentines. Ses lèvres s’entrouvrent, s’extirpe, sinueuse, une longue langue ; elle récolte le nectar salé, se rétracte d’un soupir.
L’on se retourne sur son passage, le Gobelin ne s’en étonne plus. Son teint blafard, lugubre, exsangue, vidé de vie et d’énergie, est une insulte au soleil qui règne en ces lieux. L’astre ne le mord que plus durement, ses longs cheveux noirs, collent à son front, les mèches retombent sur son visage, entre elles, ses yeux scintillent, d’une malice impudente. Son pas est lent, d’une paisible indolence, une main réfugiée dans un pan de son kimono noir brodé de vert, l’autre main, se repose sur la hampe de sa lance. Par étrange équilibre, elle tient, contre son épaule, sa pointe, porte la hanse d’une lanterne verte. Elle se balance au rythme de ses pas, grincement, qui fait parfois serrer les dents.
Il flâne dans cette rue bondée, naturellement, l’on s’écarte de son passage. Il n’est pourtant pas bien impressionnant, il est petit pour un homme, trop petit, pour son vêtement qui accentue la finesse de ses membres. Difforme, les bras semblent terriblement longs par rapport au reste de son corps, ses longs, longs, longs doigts, terminés d’ongles noirs, taillés et vernis, en véritables griffes.
Et soudain, le Gobelin s’anime.
Un éclat d’or se reflète dans ses prunelles, ses paupières se soulèvent, son nez pointe. Saisi d’une passion soudaine, d’une vitalité effrayante, Gobelin bondit, son pas s’allonge, il jaillit, hors de sa torpeur, diable hors de sa boîte, mort surgi de sa tombe. Un rire franchit ses lèvres, l’archet gratte les cordes vocales déjà usées, chant de crécelle, craquement de larynx, Gobelin bascule sur une jambe, tourne sur lui-même, étend les bras, abat ses mains l’une contre l’autre. La lanterne se balance, sur son support, elle grince et tourne comme une girouette, prisonnière des vents capricieux, des élans de son maîtres. Elle continue de tourner sur elle-même, plus lentement, quand l’avant du corps s’affaisse.
Tombe-t-il ? Non. Perché en équilibre sur ses getas, dans une posture probablement inconfortable, tout le haut du corps est penché, pour voir les teintures de plus près. Du khôl, du maquillage, des crèmes à la base de lait ou de chair de cactus, plus loin, des bijoux attirent son attention. Ses lèvres tranchent un rictus sur son visage anguleux, un gloussement ébranle sa cage thoracique alors qu’il lève les yeux vers le marchand.
_ Oh marchand ! Tes possessions sont de toute beauté !
Gobelin demande, Gobelin discute, pointe de l’index, étale sur son derme quelques pigments, un peu de couleur, un peu de vie, sur cet écrin de porcelaine, ce masque mortuaire. Il approuve, d’un signe de tête, le vert émeraude, l’or, le rouge, lui plaisent, le khôl aussi, tout cela réuni dans de précieux petites bouteilles refermées d’un bouchon. Les bijoux, il les recueille entre ses grandes mains, les tournent face au Soleil. Offrandes, ponctuées d’un rictus appréciateur, les dents se dessinent entre les lèvres fines, jusqu’à ce qu’un fruit heurte sa tempe.
Surpris, Gobelin tourne les yeux en battant des paupières.
Un homme goguenard s’adosse au mur. Ils sont 3, un balourd, un filandreux, la belle gueule. Gobelin laisse ses paupières retomber, indolent, il appuie sa lance au sol, se penche, récupère le fruit. Il se redresse, le fait tourner entre ses griffes, les 3 hommes réagissent. Le balourd fait rouler sa musculature, le filandreux plisse les yeux, la belle gueule fronce légèrement les sourcils, lorsque les prunelles vertes, reptiles, rampent jusqu’au coin de ses paupières. Ce qui luit, au fond de son regard, les remous d’écailles, l’onde morbide, dissimule une menace suintante, créature abyssale.
Ses lèvres s’entrouvrent, dévoilant ses dents. Gobelin mord dans le fruit qu’on lui a jeté dans la tête, paisiblement, il tourne les yeux vers l’étale et reprend ses achats.
_ C’est meilleur quand c’est gratuit ! Minaude-t-il, le rictus s’étirant jusqu’à ses oreilles. Surpris, les 3 hommes hésitent, avant de commencer à profaner des insultes et des moqueries, sous l’indifférence de Gobelin. Parfois, il leur adresse une œillade, amusé, il ricane en secouant la tête.
_ Quels mauvais artistes. Je me croyais pitoyable acteur, mais je ne cesse d’aller en surprise.
Les insultes et les remarques se sont plus incisives. Crachant sur sa virilité qu’ils considèrent inexistantes – devrait-il leur montrer ce qu’il a entre les jambes pour qu’ils se taisent ? Se demande Gobelin dans une moue songeuse.
Il ne s’attend pas à ce qu’une personne réagisse : personne ne défend un « monstre ».
I'm a luxury few can afford
Dans l'histoire du Royaume du Pharaon, la pluie était quelque chose d'assez méconnu pour le peuple en raison du climat aride. Il était déjà arrivé que des gouttes d'eau viennent s'abattre sur le sable à perte de vue. Mais jamais bien longtemps pour réellement en profiter. Ici, les oasis jouaient un grand rôle pour les habitants et autant se le dire de suite, chercher à dégrader ces points d'eaux revenait à un acte grave.
Le tout jeune scribe répondant au nom d'Adam Helvar était habitué à cette chaleur écrasante depuis sa naissance. Cela avait été difficile au début pour l'enfant, ayant parfois eu l'impression de suffoquer. Même encore maintenant, il pouvait éprouver quelques difficultés. À moins que cela soit à cause de sa lassitude face à son pays d'origine. À l'heure actuelle, cela n'avait aucune importance. Le rouquin vagabonda entre les étals du marché à la recherche de la perle rare. Maintenant qu'il avait quitté la demeure principale de ses parents pour une maison dans le fief des Helvar, il se sentait libre et plus enclin à se fondre dans la masse sans faire valoir son statut social. Seuls ses vêtements de blanc et de bleu ainsi que ses multiples bijoux montrait une partie de sa fortune. Il s'en fichait bien, car cela ne définissait aucunement sa façon d'être.
L'endroit fourmillait de monde. Le regard du jeune homme allait et venait sur des boucles d'oreilles, pensif. Voilà des pièces très belles, mais qui en regardant de plus près, pouvaient manquer de finitions. À l'étal d'à côté, se trouve un vendeur de maquillage. Il ne se souciait pas vraiment de ce type d'objet, néanmoins il finissait par s'y diriger avec l'intention d'offrir un cadeau à sa mère. Quelques pas après, le jeune scribe avait manqué de se recevoir un fruit au visage. Froncement de sourcil, visiblement contrarié par cela. Mais ce qui venait à présent échauffer son esprit était ce qui se déroulait sous ses yeux. Un homme à la longue chevelure de jais, qui s'était reçu le fameux fruit. Adam aurait pu penser à la maladresse de quelqu'un, sauf qu'au vu des trois zigotos adossés contre un mur qui ptofanaient des insultes, ce n'était visiblement pas le cas. Le rouquin était admiratif face à cet inconnu qui ne rentrait pas dans leur jeu. Tout le contraire de lui qui ne pouvait pas s'empêcher de se rapprocher d'eux.
Autant avouer qu'avoir un noble qui vrnait en bon samaritain ne les impressionnaient guère, au contraire. Adam le savait pertinemment et c'était bien dans ces moments-là qu'il usait de nom de famille comme une menace. Lui l'un des fils du duc et duchesse d'un des fiefs du Royaume du Pharaon.
Ne pensez-vous pas que vous avez d'autres choses plus importantes à faire que d'embêter un inconnu ? Vous savez, le duc Helvar n'aime pas les hommes de votre genre et s'il sait que vous avez touché à son fils, je pense que vous aurez le droit à un aller simple jusqu'à la prison.
Il finissait sa réplique avec un petit sourire en coin,avant de présenter ses excuses à l'homme proche de l'étal.
Bonjour, veuillez pardonner l'imbécilité de ces hommes. Pour la peine, choisissez un article de votre choix et cela sera leur prix.
C'était la moindre des choses pour cet homme qui n'avait strictement rien demandé. Mais peut-être qu'il s'agissait d'une action qui pouvait montrer une certaine pitié alors qu'il n'en était rien.
Le tout jeune scribe répondant au nom d'Adam Helvar était habitué à cette chaleur écrasante depuis sa naissance. Cela avait été difficile au début pour l'enfant, ayant parfois eu l'impression de suffoquer. Même encore maintenant, il pouvait éprouver quelques difficultés. À moins que cela soit à cause de sa lassitude face à son pays d'origine. À l'heure actuelle, cela n'avait aucune importance. Le rouquin vagabonda entre les étals du marché à la recherche de la perle rare. Maintenant qu'il avait quitté la demeure principale de ses parents pour une maison dans le fief des Helvar, il se sentait libre et plus enclin à se fondre dans la masse sans faire valoir son statut social. Seuls ses vêtements de blanc et de bleu ainsi que ses multiples bijoux montrait une partie de sa fortune. Il s'en fichait bien, car cela ne définissait aucunement sa façon d'être.
L'endroit fourmillait de monde. Le regard du jeune homme allait et venait sur des boucles d'oreilles, pensif. Voilà des pièces très belles, mais qui en regardant de plus près, pouvaient manquer de finitions. À l'étal d'à côté, se trouve un vendeur de maquillage. Il ne se souciait pas vraiment de ce type d'objet, néanmoins il finissait par s'y diriger avec l'intention d'offrir un cadeau à sa mère. Quelques pas après, le jeune scribe avait manqué de se recevoir un fruit au visage. Froncement de sourcil, visiblement contrarié par cela. Mais ce qui venait à présent échauffer son esprit était ce qui se déroulait sous ses yeux. Un homme à la longue chevelure de jais, qui s'était reçu le fameux fruit. Adam aurait pu penser à la maladresse de quelqu'un, sauf qu'au vu des trois zigotos adossés contre un mur qui ptofanaient des insultes, ce n'était visiblement pas le cas. Le rouquin était admiratif face à cet inconnu qui ne rentrait pas dans leur jeu. Tout le contraire de lui qui ne pouvait pas s'empêcher de se rapprocher d'eux.
Autant avouer qu'avoir un noble qui vrnait en bon samaritain ne les impressionnaient guère, au contraire. Adam le savait pertinemment et c'était bien dans ces moments-là qu'il usait de nom de famille comme une menace. Lui l'un des fils du duc et duchesse d'un des fiefs du Royaume du Pharaon.
Ne pensez-vous pas que vous avez d'autres choses plus importantes à faire que d'embêter un inconnu ? Vous savez, le duc Helvar n'aime pas les hommes de votre genre et s'il sait que vous avez touché à son fils, je pense que vous aurez le droit à un aller simple jusqu'à la prison.
Il finissait sa réplique avec un petit sourire en coin,avant de présenter ses excuses à l'homme proche de l'étal.
Bonjour, veuillez pardonner l'imbécilité de ces hommes. Pour la peine, choisissez un article de votre choix et cela sera leur prix.
C'était la moindre des choses pour cet homme qui n'avait strictement rien demandé. Mais peut-être qu'il s'agissait d'une action qui pouvait montrer une certaine pitié alors qu'il n'en était rien.
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
http://bettyleg.tumblr.com">bettyleg
Les moqueries l’ont toujours accompagné.
Les mots assassins glissent sur sa peau squameuse, sa chevelure huileuse, il en faut, pour percer ses côtes : derrière les os, son cœur bat, victorieux, sans frémir sous les assauts de langues fallacieuses. La sournoiserie et le mépris de l’Humanité ne l’atteignent plus depuis des années : les remarques et les critiques manquent d’originalité. Les visages changent, mais l’animosité se pare toujours des mêmes armes, d’attaques qu’il a appris à parer.
Il a vu le jour dans une mare boueuse, abandonné par sa mère, recueilli par une sorcière. Monstre vagissant, devenu gobelin bondissant, jaillissant des ténèbres, pour ravir linge, nourritures et enfants, les emmenant au loin dans son repère. Dans ce bois obscur, son rire caquetant, signe d’une rapine réussie.
Bien qu’il ait grandi, cette vie ne l’abandonne pas tellement : il reste chimère, créature issue des cauchemars et de fantasmes enfouis. La misère se dessine sous ses traits émaciés, ses membres allongés, dans tout ce qu’il porte à sa bouche, dont ce fruit pourri qu’il mange sans même penser à ce goût douceâtre suspect. Son pas est d’une vivacité dérangeante, au vu de sa maigreur, celle d’une âme qui s’arrache de terre, d’un diable qui jaillit hors de sa boîte, son visage éclairé, d’un rictus qui fait tout son visage, les traits se déforment, grimaces hideuses. Au fond de ses prunelles vertes, luisent les feux follets, d’un esprit empli de rêves inachevés, de vies depuis longtemps enterrées qui ne cessent de le hanter : l’espoir d’une richesse, d’une aisance, d’une vie de gloire et de sérénité, d’une paix à laquelle il ne peut qu’aspirer.
Gobelin sait qu’il faut endurer. A force de les ignorer, ces hommes se lasseront.
Attaquer ? Il ne peut se le permettre, songe-t-il en observant le fruit entre ses doigts. Il effleure l’intérieur du bout de la langue, la plonge dans les viscères molles, plante ses dents dans sa carne sucrée, en arrache une bouchée, laisse le jus dégouliner sur son menton, s’essuie du dos de la main dans un soupir.
Les attaquer, c’est se mettre la foule à dos. C’est faire parler. C’est mettre à bas sa réputation et dire adieu, à ceux qui voudraient l’embaucher. Se pensent-ils dominants, ces imbéciles ? Ils ignorent qu’ils participent à sa réputation : ils vont faire parler de lui. De son amour pour les bijoux et les maquillages, certes, mais du calme qu’il a su conserver. Il est important de conserver son sang-froid, en tant que mercenaire. Car les émotions sont si traîtresses.
Un éclat de voix l’arrache de ses pensées.
Instinctivement, la tension dresse son dos, ses muscles se contractent, ses yeux se tournent avec vivacité. Il s’attend à ce que la remarque s’abatte sur ses épaules, qu’il doive quitter la rue, que sa présence dérange – mais la stupeur le fait cligner des yeux.
Paladin prend la défense du Gobelin.
Ses yeux ronds comme ceux d’un merlan, ses paupières s’écarquillent, les pupilles figées sur la silhouette inconnue. Les lèvres s’entrouvrent, happent l’air, à deux reprises, avant de rester de nouveau béantes, dévoilant la chair du fruit qui persiste sur ses lèvres.
Balourd s’écrase devant l’aristocrate, filandreux se plie en deux, la belle gueule perd son sourire et croise les bras sur son torse, il se tient droit et fier, solide sur ses appuis, sûr de lui. De ses connaissances imbéciles, celles d’un monde manichéen où tout doit marcher bien droit, de ce monde où le Mal est puni, où ce qui ne correspond pas à sa vision de la société, doit être chassé.
_ Sieur ! Fils du Duc Helvar ! Nous vous respectons, vous et votre autorité. Ne voyez pas en mal nos actions.
Belle gueule montre Gobelin du doigt.
_ Cet être nous a manqués de respect, à nous, à vous et à tous les gens de cette rue ! Il effraie les enfants, avec son pas de sauterelle et son rire menaçant ! Il observe les bijoux des femmes, comme s’il allait pouvoir les payer avec ses poches vides ! Et il veut du maquillage, pourquoi faire ? Cacher sa sale tête ! Ce type ne semble pas avoir tout son esprit, il est menaçant, fils du Duc, protégez nous de sa folie !
Face à une telle audace, l’espoir qui avait empli sa cage thoracique, s’échappe d’un très lourd soupir. Les paupières de Gobelin retombent, lascives, sur ses prunelles et sa langue sinueuse, s’extirpe de ses lèvres, récupère la chair qu’il déglutit.
Gobelin s’appuie sur sa lance, comme si tout le poids du monde reposait sur ses épaules, le poids de ce monde que Belle gueule veut imposer : celle d’un monde coupé en deux, entre le mal et le bien, les femmes et les hommes, toutes ces choses qui s’opposent. Alors que la réalité, est une myriade de possibilités, un spectre sur lequel flâner, un infini de découvertes, la liberté d’exister.
Alors c’est au tour de Gobelin, de prendre la parole. Sa voix n’est plus crécelle, non, cette fois, elle vient des tréfonds de son ventre. D’un feu qu’on a déjà tenté d’éteindre, mais dont la flamme continue de perdurer. Pourtant, ce feu repose sur un bois mouillé. Par les larmes d’un petit Gobelin, quand les coups tombaient sur sa tête trop grosse, par les larmes de Grand Gobelin, quand il a vu que le monde se divise en deux et qu’il se considérait trois.
_ Connaissez vous le meilleur moyen de se débarrasser d’un Gobelin ?
Gobelin lève l’index, attire le regard. Connivence, il se penche en avant et instinctivement, Belle Gueule s’approche d’un pas. Ses sourcils sont froncés, il est sur ses gardes, mais ses yeux, ses yeux, sont plantés dans les siens. Gobelin est ravi : le voilà tombé dans son filet. Ses yeux se plissent, alors que son esprit l’entoure, de ses paroles langoureuses.
_ Le tuer ? Ce ne serait que ramener sa meute et garder sa mauvaise odeur sur vos mains. L’humilier ? Cela vous amusera un temps, mais vous fatiguera avant lui. L’ignorer ? L’ignorer serait probablement le meilleur moyen.
La voix de l’homme devient murmure.
_ Savez-vous pourquoi ? Car chaque seconde de votre attention, est du temps de votre vie donné au Gobelin. Vous sacrifiez le précieux temps de votre existence, à une créature qui se gorge de votre attention. Gobelin n’attaquera pas, Gobelin ne fera rien : il aime que vous vous occupiez de lui, que vous parliez de lui, vous lui montrez qu’il compte ! Et il en veut davantage. Qu’on parle de lui. Qu’on pense à lui. Qu’il n’est plus un monstre, mais une personne, dans votre esprit.
Ses yeux glissent jusqu’à l’inconnu alors que son sourire s’étire.
_ Et au fur et à mesure que Gobelin a de l’emprise, sa réputation croît : celle d’un être qui, par son simple passage, révolte un peuple, se fait protéger d’un Duc, d’un homme qui a le bras long, alors que Gobelin n’a pas même de nom !
Ses yeux reviennent s’unir à ceux de Belle Gueule et son sourire s’étire. Malice et menace, s’unissent : la rigole de cheveux sombres, dissimulent ses prunelles, qui luisent dans la pénombre. Un pouffement ébranle ses épaules, son dos se creuse, sa tête se repose contre la lance, dévoilant le rictus moqueur.
_ Qu’allez-vous faire, bel homme ?
Sa main qui tient le fruit s’élève vers Belle Gueule alors qu’il sourit.
_ Payez la dette que vous devez, ou vous acharnez à satisfaire votre soif de justice ? La rassasier des larmes ou du sang de Gobelin ne vous mènera qu’à un plus grand sacrifice : le grand Héros finira entre les 4 murs d’une prison, sur ses épaules, le fardeau d’une vie bien moindre à la sienne et la colère d’un Duc offensé. Un Duc qui a su offrir, compassion, tolérance et acceptance, à la misérable existence d’un Gobelin de passage. Le Duc sait ! Il sait que Gobelin est étrange et qu’il n’a rien d’humain, mais qu’il suffit de l’oublier pour qu’il disparaisse, sans commettre le moindre méfait si ce n’eut été… Laisser un peu de son odeur dans ces rues, le souvenir d’une grimace, dans les esprits des enfants, qui sauront qu’il ne faut pas sortir seul le soir.
Gobelin se détourne vers l’étale.
_ Il n’est pas seulement histoire d’un coupable à trouver, mais de responsabilités et de choix à assumer. Et si vous voulez me prendre un article…
Gobelin montre fièrement le khôl de l’index.
_ Cette poudre de nuit saura satisfaire le prix de l’offense !
Belle Gueule met de longues minutes à réagir. Décontenancé, il semble réfléchir au défile des mots employés par Gobelin : l’a-t-il compris ? A moins que ce ne soit simplement l’autorité du jeune homme qui le convainc d’obéir. Quelques pièces, et la poudre noire est rangée dans une bouteille, elle-même directement donnée à Gobelin. Gobelin saute de joie, il tourne sur lui-même et frotte la bouteille contre sa joue.
_ Belle poudre de nuit ! Couine-t-il avec ravissement. Belle Gueule fait la grimace, mais tourne un regard inquiet vers l’inconnu.
_ Notre dette est payée. J’espère que le Duc Helvar considérera que nous avons agi dans son intérêt et non seulement le nôtre.
Belle Gueule s’en va avec ses acolytes. Gobelin les salue de la main, le visage éclairé d’un sourire moqueur, avant que ses yeux ne glissent vers l’inconnu. Le sourire disparaît de ses lèvres, entre ses mèches noires, il l’observe avec attention.
_ Bonjour, jeune homme. Brave guerrier, ton intervention fut surprenante et je dois dire que je l’ai beaucoup appréciée. N’as-tu pas crainte, d’aider un Gobelin ? J’espère que ces hommes ne te chercheront pas rigueur, ni à toi ni à ton père.
Il se lève, plonge ses mains dans ses cheveux et les tire en arrière. Il se tient droit, une main sur le cœur, incline le torse avec élégance, avant de se redresser.
_ Car je suis Gobelin, le Chef des Lanternes Vertes, un groupe de mercenaires qui erre de terres en terres, offrant nos services à toutes celleux dans le besoin. Et le service que vous m’avez rendu, bien que je ne l’ai pas demandé, reste un geste qu’il m’est nécessaire de rendre. Une dette est une dette !
Les mots assassins glissent sur sa peau squameuse, sa chevelure huileuse, il en faut, pour percer ses côtes : derrière les os, son cœur bat, victorieux, sans frémir sous les assauts de langues fallacieuses. La sournoiserie et le mépris de l’Humanité ne l’atteignent plus depuis des années : les remarques et les critiques manquent d’originalité. Les visages changent, mais l’animosité se pare toujours des mêmes armes, d’attaques qu’il a appris à parer.
Il a vu le jour dans une mare boueuse, abandonné par sa mère, recueilli par une sorcière. Monstre vagissant, devenu gobelin bondissant, jaillissant des ténèbres, pour ravir linge, nourritures et enfants, les emmenant au loin dans son repère. Dans ce bois obscur, son rire caquetant, signe d’une rapine réussie.
Bien qu’il ait grandi, cette vie ne l’abandonne pas tellement : il reste chimère, créature issue des cauchemars et de fantasmes enfouis. La misère se dessine sous ses traits émaciés, ses membres allongés, dans tout ce qu’il porte à sa bouche, dont ce fruit pourri qu’il mange sans même penser à ce goût douceâtre suspect. Son pas est d’une vivacité dérangeante, au vu de sa maigreur, celle d’une âme qui s’arrache de terre, d’un diable qui jaillit hors de sa boîte, son visage éclairé, d’un rictus qui fait tout son visage, les traits se déforment, grimaces hideuses. Au fond de ses prunelles vertes, luisent les feux follets, d’un esprit empli de rêves inachevés, de vies depuis longtemps enterrées qui ne cessent de le hanter : l’espoir d’une richesse, d’une aisance, d’une vie de gloire et de sérénité, d’une paix à laquelle il ne peut qu’aspirer.
Gobelin sait qu’il faut endurer. A force de les ignorer, ces hommes se lasseront.
Attaquer ? Il ne peut se le permettre, songe-t-il en observant le fruit entre ses doigts. Il effleure l’intérieur du bout de la langue, la plonge dans les viscères molles, plante ses dents dans sa carne sucrée, en arrache une bouchée, laisse le jus dégouliner sur son menton, s’essuie du dos de la main dans un soupir.
Les attaquer, c’est se mettre la foule à dos. C’est faire parler. C’est mettre à bas sa réputation et dire adieu, à ceux qui voudraient l’embaucher. Se pensent-ils dominants, ces imbéciles ? Ils ignorent qu’ils participent à sa réputation : ils vont faire parler de lui. De son amour pour les bijoux et les maquillages, certes, mais du calme qu’il a su conserver. Il est important de conserver son sang-froid, en tant que mercenaire. Car les émotions sont si traîtresses.
Un éclat de voix l’arrache de ses pensées.
Instinctivement, la tension dresse son dos, ses muscles se contractent, ses yeux se tournent avec vivacité. Il s’attend à ce que la remarque s’abatte sur ses épaules, qu’il doive quitter la rue, que sa présence dérange – mais la stupeur le fait cligner des yeux.
Paladin prend la défense du Gobelin.
Ses yeux ronds comme ceux d’un merlan, ses paupières s’écarquillent, les pupilles figées sur la silhouette inconnue. Les lèvres s’entrouvrent, happent l’air, à deux reprises, avant de rester de nouveau béantes, dévoilant la chair du fruit qui persiste sur ses lèvres.
Balourd s’écrase devant l’aristocrate, filandreux se plie en deux, la belle gueule perd son sourire et croise les bras sur son torse, il se tient droit et fier, solide sur ses appuis, sûr de lui. De ses connaissances imbéciles, celles d’un monde manichéen où tout doit marcher bien droit, de ce monde où le Mal est puni, où ce qui ne correspond pas à sa vision de la société, doit être chassé.
_ Sieur ! Fils du Duc Helvar ! Nous vous respectons, vous et votre autorité. Ne voyez pas en mal nos actions.
Belle gueule montre Gobelin du doigt.
_ Cet être nous a manqués de respect, à nous, à vous et à tous les gens de cette rue ! Il effraie les enfants, avec son pas de sauterelle et son rire menaçant ! Il observe les bijoux des femmes, comme s’il allait pouvoir les payer avec ses poches vides ! Et il veut du maquillage, pourquoi faire ? Cacher sa sale tête ! Ce type ne semble pas avoir tout son esprit, il est menaçant, fils du Duc, protégez nous de sa folie !
Face à une telle audace, l’espoir qui avait empli sa cage thoracique, s’échappe d’un très lourd soupir. Les paupières de Gobelin retombent, lascives, sur ses prunelles et sa langue sinueuse, s’extirpe de ses lèvres, récupère la chair qu’il déglutit.
Gobelin s’appuie sur sa lance, comme si tout le poids du monde reposait sur ses épaules, le poids de ce monde que Belle gueule veut imposer : celle d’un monde coupé en deux, entre le mal et le bien, les femmes et les hommes, toutes ces choses qui s’opposent. Alors que la réalité, est une myriade de possibilités, un spectre sur lequel flâner, un infini de découvertes, la liberté d’exister.
Alors c’est au tour de Gobelin, de prendre la parole. Sa voix n’est plus crécelle, non, cette fois, elle vient des tréfonds de son ventre. D’un feu qu’on a déjà tenté d’éteindre, mais dont la flamme continue de perdurer. Pourtant, ce feu repose sur un bois mouillé. Par les larmes d’un petit Gobelin, quand les coups tombaient sur sa tête trop grosse, par les larmes de Grand Gobelin, quand il a vu que le monde se divise en deux et qu’il se considérait trois.
_ Connaissez vous le meilleur moyen de se débarrasser d’un Gobelin ?
Gobelin lève l’index, attire le regard. Connivence, il se penche en avant et instinctivement, Belle Gueule s’approche d’un pas. Ses sourcils sont froncés, il est sur ses gardes, mais ses yeux, ses yeux, sont plantés dans les siens. Gobelin est ravi : le voilà tombé dans son filet. Ses yeux se plissent, alors que son esprit l’entoure, de ses paroles langoureuses.
_ Le tuer ? Ce ne serait que ramener sa meute et garder sa mauvaise odeur sur vos mains. L’humilier ? Cela vous amusera un temps, mais vous fatiguera avant lui. L’ignorer ? L’ignorer serait probablement le meilleur moyen.
La voix de l’homme devient murmure.
_ Savez-vous pourquoi ? Car chaque seconde de votre attention, est du temps de votre vie donné au Gobelin. Vous sacrifiez le précieux temps de votre existence, à une créature qui se gorge de votre attention. Gobelin n’attaquera pas, Gobelin ne fera rien : il aime que vous vous occupiez de lui, que vous parliez de lui, vous lui montrez qu’il compte ! Et il en veut davantage. Qu’on parle de lui. Qu’on pense à lui. Qu’il n’est plus un monstre, mais une personne, dans votre esprit.
Ses yeux glissent jusqu’à l’inconnu alors que son sourire s’étire.
_ Et au fur et à mesure que Gobelin a de l’emprise, sa réputation croît : celle d’un être qui, par son simple passage, révolte un peuple, se fait protéger d’un Duc, d’un homme qui a le bras long, alors que Gobelin n’a pas même de nom !
Ses yeux reviennent s’unir à ceux de Belle Gueule et son sourire s’étire. Malice et menace, s’unissent : la rigole de cheveux sombres, dissimulent ses prunelles, qui luisent dans la pénombre. Un pouffement ébranle ses épaules, son dos se creuse, sa tête se repose contre la lance, dévoilant le rictus moqueur.
_ Qu’allez-vous faire, bel homme ?
Sa main qui tient le fruit s’élève vers Belle Gueule alors qu’il sourit.
_ Payez la dette que vous devez, ou vous acharnez à satisfaire votre soif de justice ? La rassasier des larmes ou du sang de Gobelin ne vous mènera qu’à un plus grand sacrifice : le grand Héros finira entre les 4 murs d’une prison, sur ses épaules, le fardeau d’une vie bien moindre à la sienne et la colère d’un Duc offensé. Un Duc qui a su offrir, compassion, tolérance et acceptance, à la misérable existence d’un Gobelin de passage. Le Duc sait ! Il sait que Gobelin est étrange et qu’il n’a rien d’humain, mais qu’il suffit de l’oublier pour qu’il disparaisse, sans commettre le moindre méfait si ce n’eut été… Laisser un peu de son odeur dans ces rues, le souvenir d’une grimace, dans les esprits des enfants, qui sauront qu’il ne faut pas sortir seul le soir.
Gobelin se détourne vers l’étale.
_ Il n’est pas seulement histoire d’un coupable à trouver, mais de responsabilités et de choix à assumer. Et si vous voulez me prendre un article…
Gobelin montre fièrement le khôl de l’index.
_ Cette poudre de nuit saura satisfaire le prix de l’offense !
Belle Gueule met de longues minutes à réagir. Décontenancé, il semble réfléchir au défile des mots employés par Gobelin : l’a-t-il compris ? A moins que ce ne soit simplement l’autorité du jeune homme qui le convainc d’obéir. Quelques pièces, et la poudre noire est rangée dans une bouteille, elle-même directement donnée à Gobelin. Gobelin saute de joie, il tourne sur lui-même et frotte la bouteille contre sa joue.
_ Belle poudre de nuit ! Couine-t-il avec ravissement. Belle Gueule fait la grimace, mais tourne un regard inquiet vers l’inconnu.
_ Notre dette est payée. J’espère que le Duc Helvar considérera que nous avons agi dans son intérêt et non seulement le nôtre.
Belle Gueule s’en va avec ses acolytes. Gobelin les salue de la main, le visage éclairé d’un sourire moqueur, avant que ses yeux ne glissent vers l’inconnu. Le sourire disparaît de ses lèvres, entre ses mèches noires, il l’observe avec attention.
_ Bonjour, jeune homme. Brave guerrier, ton intervention fut surprenante et je dois dire que je l’ai beaucoup appréciée. N’as-tu pas crainte, d’aider un Gobelin ? J’espère que ces hommes ne te chercheront pas rigueur, ni à toi ni à ton père.
Il se lève, plonge ses mains dans ses cheveux et les tire en arrière. Il se tient droit, une main sur le cœur, incline le torse avec élégance, avant de se redresser.
_ Car je suis Gobelin, le Chef des Lanternes Vertes, un groupe de mercenaires qui erre de terres en terres, offrant nos services à toutes celleux dans le besoin. Et le service que vous m’avez rendu, bien que je ne l’ai pas demandé, reste un geste qu’il m’est nécessaire de rendre. Une dette est une dette !
I'm a luxury few can afford
Quoi de plus facile que de rejeter leur comportement sur un inconnu au lieu d'avouer leur tord. D'après leurs dires, cet être était la pire des créatures en ces lieux et rien que sa présence était une honte. Des mots empli d'une méchanceté sans égal et qui faisait dresser le poil du scribe. Certes, jamais il n'avait été tout blanc mais de là à faire preuve d'autant d'aigreur. C'était à se demander de qui méritait le plus la sentence de la Déesse Zorya, mère de toute chose. Celui qui semblait se faire nommer le gobelin ou cette bande d'idiots qui courbe l'échine lorsqu'ils se retrouvent face au fils du duc.
Sa langue venait claquer brutalement contre son palet, visiblement mécontent et près à en découdre. Toutefois, le rouquin n'avait pas le temps de penser à une réplique que l'accusé prenait les devants. Il observait la scène d'un regard attentif et admiratif. Derrière son visage laid pour certains, l'homme usait d'une élocution remarquable. Des mots aussi tranchant que de l'acier et pourtant, teinté d'une certaine mélodie. Des menaces à peine masquées pour ceux qui savent réfléchir un tant soit peu. Pour autant, jamais Adam ne pourrait savoir si c'était à cause de celui qui lui fait face ou lui-même si le chef du groupe accepte de payer leur bêtise.
_ Notre dette est payée. J’espère que le Duc Helvar considérera que nous avons agi dans son intérêt et non seulement le nôtre.
Le fils Helvar ne prenait même pas la peine de lui répondre de peur que la vérité dépasse la raison et par la même occasion, donner une mauvaise image de sa personne. Car même si jouer les héros lui rapporte la sympathie du peuple, un rien pouvait jouer en sa défaveur. Son père avait des yeux partout au sein de son fief. Tandis qu'il les observait quitter leurs champs de vision, l'inconnu va à sa rencontre afin de le remercier. Son visage, qui se voulait le plus impassible, se transformait alors. Les sourcils froncés, les yeux légèrement plissés et un petit sourire au coin des lèvres.
Il serait idiot que de vouloir se retourner contre les Helvar pour si peu. Mais soit, s'ils ne savent pas faire marcher leurs méninges, que pouvons nous faire de plus ?
Il haussait les épaules, faisant preuve d'insouciance.
Pourquoi craindre de vous aider ?
Il s'agissait d'une question sincère et sans arrière-pensée. Néanmoins, quelques secondes, plus tard, Adam avait très certainement sa réponse. Elle n'était pas un mauvais signe pour le plus jeune des jumeaux du duc et de la duchesse. Pour autant, cela n'était pas une information dont il fallait se réjouir. Car les mercenaires n'ont pas vraiment de port d'attache, tant que l'argent atterrissait dans leurs poches. De plus, le nom des Lanternes Vertes était connu par certains du Royaume du Pharaon - à commencé par son dirigeant. De sa confusion et méfiance naissante, le scribe n'en montrait rien préférant continuer la conversation comme si de rien était.
Je vous remercie de votre offre, mais je ne pense pas savoir quoi vous demander en retour afin de rembourser votre dette. Peut-être prendre le temps de vous promener avec moi ?
Il se doutait quelque peu que sa demande ne fût pas celle que l'on pouvait entendre. Pourtant, elle avait été énoncée avec le plus grand du sérieux.
Vous semblez vous connaître en maquillage, là où je prêche totalement. Si vous pouvez m'aider à trouver pour l'anniversaire de ma mère, alors vous aurez remboursé votre dette à mon égard.
Sa langue venait claquer brutalement contre son palet, visiblement mécontent et près à en découdre. Toutefois, le rouquin n'avait pas le temps de penser à une réplique que l'accusé prenait les devants. Il observait la scène d'un regard attentif et admiratif. Derrière son visage laid pour certains, l'homme usait d'une élocution remarquable. Des mots aussi tranchant que de l'acier et pourtant, teinté d'une certaine mélodie. Des menaces à peine masquées pour ceux qui savent réfléchir un tant soit peu. Pour autant, jamais Adam ne pourrait savoir si c'était à cause de celui qui lui fait face ou lui-même si le chef du groupe accepte de payer leur bêtise.
_ Notre dette est payée. J’espère que le Duc Helvar considérera que nous avons agi dans son intérêt et non seulement le nôtre.
Le fils Helvar ne prenait même pas la peine de lui répondre de peur que la vérité dépasse la raison et par la même occasion, donner une mauvaise image de sa personne. Car même si jouer les héros lui rapporte la sympathie du peuple, un rien pouvait jouer en sa défaveur. Son père avait des yeux partout au sein de son fief. Tandis qu'il les observait quitter leurs champs de vision, l'inconnu va à sa rencontre afin de le remercier. Son visage, qui se voulait le plus impassible, se transformait alors. Les sourcils froncés, les yeux légèrement plissés et un petit sourire au coin des lèvres.
Il serait idiot que de vouloir se retourner contre les Helvar pour si peu. Mais soit, s'ils ne savent pas faire marcher leurs méninges, que pouvons nous faire de plus ?
Il haussait les épaules, faisant preuve d'insouciance.
Pourquoi craindre de vous aider ?
Il s'agissait d'une question sincère et sans arrière-pensée. Néanmoins, quelques secondes, plus tard, Adam avait très certainement sa réponse. Elle n'était pas un mauvais signe pour le plus jeune des jumeaux du duc et de la duchesse. Pour autant, cela n'était pas une information dont il fallait se réjouir. Car les mercenaires n'ont pas vraiment de port d'attache, tant que l'argent atterrissait dans leurs poches. De plus, le nom des Lanternes Vertes était connu par certains du Royaume du Pharaon - à commencé par son dirigeant. De sa confusion et méfiance naissante, le scribe n'en montrait rien préférant continuer la conversation comme si de rien était.
Je vous remercie de votre offre, mais je ne pense pas savoir quoi vous demander en retour afin de rembourser votre dette. Peut-être prendre le temps de vous promener avec moi ?
Il se doutait quelque peu que sa demande ne fût pas celle que l'on pouvait entendre. Pourtant, elle avait été énoncée avec le plus grand du sérieux.
Vous semblez vous connaître en maquillage, là où je prêche totalement. Si vous pouvez m'aider à trouver pour l'anniversaire de ma mère, alors vous aurez remboursé votre dette à mon égard.
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
Le visage si impassible de l’homme se trouble. La surface de l’eau ondule, s’orne de ridules, lorsqu’un sourire éclaire le coin de ses lèvres. Les yeux plissés et les sourcils froncés attestent d’une attention particulière, toute dirigée sur lui. Et Gobelin sourit, avec l’innocence d’un nouveau-né, l’impudence malicieuse d’un adolescent, la sagesse d’un aîné. Sa tête bascule légèrement sur le côté, alors qu’un pouffement ébranle ses épaules. Face au Paladin, le monstre fait patte blanche, yeux verts, se tient naturellement plus bas que lui, les épaules voûtées, Gobelin connaît sa place, elle est à ses pieds, les deux genoux, dans la poussière.
_ Face à la sottise et la stupidité, face à l’inconscience et à la méchanceté, il y a tant de choses que l’on peut faire ! Eduquer, apprendre que la différence n’est pas une erreur à faire payer et qu’un acte a ses conséquences, apprendre que le pardon n’est pas un dû, mais quelque chose que l’on gagne ! Car chaque tête abrite une âme et chaque âme, une raison, bien que ces raisons puissent vous échapper, il y a toujours une logique à ces actions.
Gobelin tourne les yeux vers les silhouettes qui s’éloignent, sa tête s’appuie contre la hampe de sa lance, la lanterne grince, comme ses genoux, lorsqu’il se redresse d’un soupir.
_ L’émotion anime tous les êtres, la peur pour ce que l’on ni ne comprend ni ne connaît, la colère, pour les existences que l’on considère menaçantes à la sienne. Gobelin est bien vilain, et Gobelin aime des choses bien trop humaines ! Jeune Duc, votre autorité est une responsabilité qu’il peut être pénible de porter, car « ne rien faire », n’est pas une solution.
Ses yeux glissent le long de ses paupières, s’unissent à ceux de son interlocuteur. Sa voix s’échappe entre ses lèvres, malice et tendresse, il dévoile légèrement ses dents, son expression se fait d’une froideur assassine, alors que ses mots, sont d’une douceur maternelle réelle.
_ Il y a tant de choses que l’on peut faire… Tant de choses, petit Duc, ne vous contentez pas d’une impuissance acquise quand déjà, vous avez agi, vous avez le pouvoir pour le faire et l’esprit pour intervenir ! Pour les reprendre et leur apprendre, pour qu’ils comprennent et changent. Il est du devoir de chacun, d’éduquer et d’au moins, intervenir pour qu’ils savent que leur vision du monde n’est qu’une parcelle de la réalité, qu’un fragment d’une vérité subjective.
La question sincère le fait cligner des yeux et un instant, il est au tour du Gobelin de se taire. Les yeux grands ouverts, regard de merlan frit, sa bouche s’entrouvre et se referme, à son tour, de réfléchir. Il se redresse et porte la main à son menton, dans une attitude de réflexion, qu’il appuie de quelques pas sur un côté, puis de l’autre, avant d’hausser les épaules.
_ Il est vrai. Pourquoi craindre d’aider Gobelin ? Peut-être parce qu’il est vilain et que vous êtes d’une beauté bien supérieure, qui s’inquiéterait d’être souillée. Ne vous inquiétez pas, la laideur d’un corps n’est pas contagieuse, au contraire de celle du cœur.
Un sourire revient sur ses lèvres.
_ Bien que ma lame s’offre à l’âme généreuse, n’ayez aucune inquiétude : ma présence n’est en rien animée d’une volonté de nuire, seulement celle d’emplir ma bourse d’argent, de vivres et de souvenirs. De plus, contrairement aux Gobelins sauvages, Gobelin devant vous, a des règles auxquels il se tient ! Notamment celle de payer les dettes qu’il doit ! Et dette, je vous en dois une, minime certes, mais pour un service rendu, un service offert ! Gobelin est votre obligé !
Gobelin s’approche d’un pas, puis d’un autre de son interlocuteur, jusqu’à être assez près de lui. Se redressant doucement, il penche de nouveau la tête pour l’observer, les yeux brillants.
_ Nous promener ? Ensemble ? Par la Déesse, Seigneur, vous alourdissez la dette que je vous dois !
Annonce-t-il en portant une main à son front. Et en cette seule seconde, le surnom disparaît de ses lèvres : Zeng Min parle en son propre nom. Car face à cette invitation, le mercenaire a ressenti quelque chose. Un petit quelque chose.
_ Mais soit. En ce cas, Gobelin assurera votre protection, jusqu’à la fin de vos achats ou que vous le congédiez. Et s’il ne se passe aucun incident, votre dette sera toujours impayée.
Il lève un index, sérieux cette fois.
_ Je m’en souviendrai. Alors si plus tard, vous avez besoin de mes services, n’hésitez pas à faire appel à nous.
Il lui offre un clin d’œil.
_ Gobelin vous fera un prix d’ami.
Minaude-t-il avant de marcher à ses côtés. Le pas de l’homme, malgré son âge, est sautillant. Il avance comme sur un navire, comme sur les eaux capricieuses d’un océan, au rythme de ses envies, basculant sur ses getas, s’appuyant sur sa lance, voltigeant, d’un mouvement de hanches. Se déhanchant, de-ci de-là, cahin-caha, avec l’adresse d’un funambule, valsant avec la gravité, surgissant parfois, d’un bond en avant, vers un étale qui suscite son intérêt, se rétractant avec la même vivacité.
_ L’anniversaire de votre mère ? Un évènement merveilleux !
Gobelin se glisse devant le jeune Duc, marche à reculons, adressant parfois une œillade dans son dos.
_ Le maquillage, comme tous cadeaux, ne s’offre pas au hasard. Aussi, des questions sont nécessaires, pour guider le choix. Première chose, l’aimez-vous ? Comme il faut aimer sa mère, par devoir, ou parce qu’elle mérite votre affection ? Que souhaitez-vous lui exprimer par ce cadeau ? Deuxième chose, comment est-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Qu’est-ce qui l’anime, pour quelle cause se bat elle, quelles sont ses rêves, ses combats, l’image qu’elle veut donner d’elle ? Ah et enfin…
Gobelin évite d’une pirouette le passage d’un homme, se reçoit sur un pied, retombe sur l’autre, avant de se pencher en avant. Détournant les yeux, il murmure avec connivence en remuant légèrement la main.
_ Le moins intéressant, le plus pragmatique et nécessaire : quelle somme souhaitez-vous investir ?
_ Face à la sottise et la stupidité, face à l’inconscience et à la méchanceté, il y a tant de choses que l’on peut faire ! Eduquer, apprendre que la différence n’est pas une erreur à faire payer et qu’un acte a ses conséquences, apprendre que le pardon n’est pas un dû, mais quelque chose que l’on gagne ! Car chaque tête abrite une âme et chaque âme, une raison, bien que ces raisons puissent vous échapper, il y a toujours une logique à ces actions.
Gobelin tourne les yeux vers les silhouettes qui s’éloignent, sa tête s’appuie contre la hampe de sa lance, la lanterne grince, comme ses genoux, lorsqu’il se redresse d’un soupir.
_ L’émotion anime tous les êtres, la peur pour ce que l’on ni ne comprend ni ne connaît, la colère, pour les existences que l’on considère menaçantes à la sienne. Gobelin est bien vilain, et Gobelin aime des choses bien trop humaines ! Jeune Duc, votre autorité est une responsabilité qu’il peut être pénible de porter, car « ne rien faire », n’est pas une solution.
Ses yeux glissent le long de ses paupières, s’unissent à ceux de son interlocuteur. Sa voix s’échappe entre ses lèvres, malice et tendresse, il dévoile légèrement ses dents, son expression se fait d’une froideur assassine, alors que ses mots, sont d’une douceur maternelle réelle.
_ Il y a tant de choses que l’on peut faire… Tant de choses, petit Duc, ne vous contentez pas d’une impuissance acquise quand déjà, vous avez agi, vous avez le pouvoir pour le faire et l’esprit pour intervenir ! Pour les reprendre et leur apprendre, pour qu’ils comprennent et changent. Il est du devoir de chacun, d’éduquer et d’au moins, intervenir pour qu’ils savent que leur vision du monde n’est qu’une parcelle de la réalité, qu’un fragment d’une vérité subjective.
La question sincère le fait cligner des yeux et un instant, il est au tour du Gobelin de se taire. Les yeux grands ouverts, regard de merlan frit, sa bouche s’entrouvre et se referme, à son tour, de réfléchir. Il se redresse et porte la main à son menton, dans une attitude de réflexion, qu’il appuie de quelques pas sur un côté, puis de l’autre, avant d’hausser les épaules.
_ Il est vrai. Pourquoi craindre d’aider Gobelin ? Peut-être parce qu’il est vilain et que vous êtes d’une beauté bien supérieure, qui s’inquiéterait d’être souillée. Ne vous inquiétez pas, la laideur d’un corps n’est pas contagieuse, au contraire de celle du cœur.
Un sourire revient sur ses lèvres.
_ Bien que ma lame s’offre à l’âme généreuse, n’ayez aucune inquiétude : ma présence n’est en rien animée d’une volonté de nuire, seulement celle d’emplir ma bourse d’argent, de vivres et de souvenirs. De plus, contrairement aux Gobelins sauvages, Gobelin devant vous, a des règles auxquels il se tient ! Notamment celle de payer les dettes qu’il doit ! Et dette, je vous en dois une, minime certes, mais pour un service rendu, un service offert ! Gobelin est votre obligé !
Gobelin s’approche d’un pas, puis d’un autre de son interlocuteur, jusqu’à être assez près de lui. Se redressant doucement, il penche de nouveau la tête pour l’observer, les yeux brillants.
_ Nous promener ? Ensemble ? Par la Déesse, Seigneur, vous alourdissez la dette que je vous dois !
Annonce-t-il en portant une main à son front. Et en cette seule seconde, le surnom disparaît de ses lèvres : Zeng Min parle en son propre nom. Car face à cette invitation, le mercenaire a ressenti quelque chose. Un petit quelque chose.
_ Mais soit. En ce cas, Gobelin assurera votre protection, jusqu’à la fin de vos achats ou que vous le congédiez. Et s’il ne se passe aucun incident, votre dette sera toujours impayée.
Il lève un index, sérieux cette fois.
_ Je m’en souviendrai. Alors si plus tard, vous avez besoin de mes services, n’hésitez pas à faire appel à nous.
Il lui offre un clin d’œil.
_ Gobelin vous fera un prix d’ami.
Minaude-t-il avant de marcher à ses côtés. Le pas de l’homme, malgré son âge, est sautillant. Il avance comme sur un navire, comme sur les eaux capricieuses d’un océan, au rythme de ses envies, basculant sur ses getas, s’appuyant sur sa lance, voltigeant, d’un mouvement de hanches. Se déhanchant, de-ci de-là, cahin-caha, avec l’adresse d’un funambule, valsant avec la gravité, surgissant parfois, d’un bond en avant, vers un étale qui suscite son intérêt, se rétractant avec la même vivacité.
_ L’anniversaire de votre mère ? Un évènement merveilleux !
Gobelin se glisse devant le jeune Duc, marche à reculons, adressant parfois une œillade dans son dos.
_ Le maquillage, comme tous cadeaux, ne s’offre pas au hasard. Aussi, des questions sont nécessaires, pour guider le choix. Première chose, l’aimez-vous ? Comme il faut aimer sa mère, par devoir, ou parce qu’elle mérite votre affection ? Que souhaitez-vous lui exprimer par ce cadeau ? Deuxième chose, comment est-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Qu’est-ce qui l’anime, pour quelle cause se bat elle, quelles sont ses rêves, ses combats, l’image qu’elle veut donner d’elle ? Ah et enfin…
Gobelin évite d’une pirouette le passage d’un homme, se reçoit sur un pied, retombe sur l’autre, avant de se pencher en avant. Détournant les yeux, il murmure avec connivence en remuant légèrement la main.
_ Le moins intéressant, le plus pragmatique et nécessaire : quelle somme souhaitez-vous investir ?
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Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
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Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
I'm a luxury few can afford
Au-delà de sa laideur qu'il ne cessait de proclamer, le gobelin avait bien plus d'éloquence que bon nombre de nobles. Presque pendu à ses lèvres, appréciait la capacité de l'autre à lui donner une leçon de vie avec cette douceur maternelle. Et de l'autre côté, le scribe se sentait terriblement, mal à l'aise de le voir courber l'échine devant lui. Il était pourtant habitué de voir les "pauvres" se comporter ainsi face aux nobles. Adam n'était pas non plus n'importe qui, lui l'enfant du duc et la duchesse Helvar, famille ayant une grande importance dans le Royaume du Pharaon. Avoir des propos ou des gestes malveillants à son égard pouvaient provoquer de lourdes sanctions. Il aurait tellement aimé leur dire qu'il n'avait pas besoin d'être traité différemment, car outre son rang, Adam restait un simple être humain.
Une fois que l'homme se redressait et évoquait sa présence en ses lieux en faisant bien attention de préciser que cela n'est en rien pour nuire au fief, le scribe ouvrait la bouche. Il souhaitait faire un point sur une chose qui lui semblait important.
Ne pensez pas que parce que ma beauté, vous parez bien supérieure, ma sagesse l'est aussi. Au contraire, vous voilà bien plus honorable que ma personne.
Un sourire sincère naissait à la commissure de ses lèvres. À peine avait-il eu le temps de lui proposer de passer du temps ensemble que le gobelin se rapprochait aussitôt de lui. Ce geste brusque et imprévisible le fait sursauter sur le coup. La surprise passée, le scribe laissait échapper un petit gloussement. L'espace d'un instant, il voyait en ce mercenaire un petit-enfant heureux de découvrir que quelqu'un veut bien de sa compagnie. En une invitation, Adam venait de s'allouer les services de l'homme. Bien que ce n'était pas son but premier, il aurait été idiot de ne pas accepter. Alors il hochait la tête avant de se mettre à faire quelques pas, gobelin à ses côtés. Sa manière de marcher amuse comme intriguent les passants.
La discussion se concentrait alors sur l'anniversaire de la duchesse Helvar. Un événement précieux qui n'arrivait qu'une fois par an, il lui fallait donc que son cadeau marque le coup. Le mercenaire prenait tout cela à cœur, n'hésitant pas à l'assener de multiples questions. Les yeux du noble brillent de joie alors qu'il essayait de lui répondre au mieux.
Elle est celle qui m'a mise au monde et élevée avec amour. Hum je dirais qu'à travers ce cadeau, j'aimerais ma gratitude envers ma mère d'avoir et d'être toujours là pour moi. Tiyi Helvar est une femme pas très grande à la longue chevelure flamboyante. Son visage peut paraître froid au premier abord, mais elle est d'une douceur infinie envers sa famille et son peuple. Cela ne l'empêche pourtant pas de se faire respecter et prendre des décisions lorsqu'il le faut.
Il s'arrêtait de parler, les joues légèrement rougis. N'importe qui aurait pu ressentir son attachant à l'égard de sa mère et si cela n'avait été que lui, il aurait pu en discuter encore bien longtemps. Toutefois gobelin n'était pas là pour écouter des éloges durant un temps indéfini.
Qu’est-ce qui l’anime, pour quelle cause se bat elle, quelles sont ses rêves, ses combats, l’image qu’elle veut donner d’elle ?
Voilà une question qui faisait stopper le jeune homme dans son vagabondage, pris dans une intense réflexion. Pour tout avouer, il était presque incapable de savoir quoi répondre à cette interrogation... Tout simplement car il n'avait jamais pris la peine de lui parler de tout cela. Il essayait donc de fouiller dans ses souvenirs, à la recherche d'indices pouvant l'aiguiller.
Je... Je ne saurais réellement vous dire. C'est paradoxal et idiot vous ne trouvez pas ? il lâchait un petit rire nerveux. Mais je suis prêt à mettre le prix qu'il faut pour un produit de qualité et qui saura lui convenir au mieux.
Adam allait employer le mot gobelin comme l'homme aimait se nommer. Pour autant, le scribe trouvait cela totalement inapproprié et surtout terriblement douteux que d'employer ce terme.
Le gobelin n'a-t-il pas un prénom lui saillant mieux que ce surnom ? Ne vous inquiétez pas, mes lèvres resteront closes et ne vous trahiront point. Vous êtes déjà si bon à accepter ma demande enfantine.
Une fois que l'homme se redressait et évoquait sa présence en ses lieux en faisant bien attention de préciser que cela n'est en rien pour nuire au fief, le scribe ouvrait la bouche. Il souhaitait faire un point sur une chose qui lui semblait important.
Ne pensez pas que parce que ma beauté, vous parez bien supérieure, ma sagesse l'est aussi. Au contraire, vous voilà bien plus honorable que ma personne.
Un sourire sincère naissait à la commissure de ses lèvres. À peine avait-il eu le temps de lui proposer de passer du temps ensemble que le gobelin se rapprochait aussitôt de lui. Ce geste brusque et imprévisible le fait sursauter sur le coup. La surprise passée, le scribe laissait échapper un petit gloussement. L'espace d'un instant, il voyait en ce mercenaire un petit-enfant heureux de découvrir que quelqu'un veut bien de sa compagnie. En une invitation, Adam venait de s'allouer les services de l'homme. Bien que ce n'était pas son but premier, il aurait été idiot de ne pas accepter. Alors il hochait la tête avant de se mettre à faire quelques pas, gobelin à ses côtés. Sa manière de marcher amuse comme intriguent les passants.
La discussion se concentrait alors sur l'anniversaire de la duchesse Helvar. Un événement précieux qui n'arrivait qu'une fois par an, il lui fallait donc que son cadeau marque le coup. Le mercenaire prenait tout cela à cœur, n'hésitant pas à l'assener de multiples questions. Les yeux du noble brillent de joie alors qu'il essayait de lui répondre au mieux.
Elle est celle qui m'a mise au monde et élevée avec amour. Hum je dirais qu'à travers ce cadeau, j'aimerais ma gratitude envers ma mère d'avoir et d'être toujours là pour moi. Tiyi Helvar est une femme pas très grande à la longue chevelure flamboyante. Son visage peut paraître froid au premier abord, mais elle est d'une douceur infinie envers sa famille et son peuple. Cela ne l'empêche pourtant pas de se faire respecter et prendre des décisions lorsqu'il le faut.
Il s'arrêtait de parler, les joues légèrement rougis. N'importe qui aurait pu ressentir son attachant à l'égard de sa mère et si cela n'avait été que lui, il aurait pu en discuter encore bien longtemps. Toutefois gobelin n'était pas là pour écouter des éloges durant un temps indéfini.
Qu’est-ce qui l’anime, pour quelle cause se bat elle, quelles sont ses rêves, ses combats, l’image qu’elle veut donner d’elle ?
Voilà une question qui faisait stopper le jeune homme dans son vagabondage, pris dans une intense réflexion. Pour tout avouer, il était presque incapable de savoir quoi répondre à cette interrogation... Tout simplement car il n'avait jamais pris la peine de lui parler de tout cela. Il essayait donc de fouiller dans ses souvenirs, à la recherche d'indices pouvant l'aiguiller.
Je... Je ne saurais réellement vous dire. C'est paradoxal et idiot vous ne trouvez pas ? il lâchait un petit rire nerveux. Mais je suis prêt à mettre le prix qu'il faut pour un produit de qualité et qui saura lui convenir au mieux.
Adam allait employer le mot gobelin comme l'homme aimait se nommer. Pour autant, le scribe trouvait cela totalement inapproprié et surtout terriblement douteux que d'employer ce terme.
Le gobelin n'a-t-il pas un prénom lui saillant mieux que ce surnom ? Ne vous inquiétez pas, mes lèvres resteront closes et ne vous trahiront point. Vous êtes déjà si bon à accepter ma demande enfantine.
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
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_ Ah ! Les années n’apportent pas que quelques cheveux blancs et raideurs articulaires, pour les survivants, elle offre l’expérience ! Sagesse, elle ne le devient que lorsqu’elle est partagée et écoutée, ce ne sont que quelques semis que vous décidez de germer ! Gobelin veille simplement à ce que les graines que je disperse ne soient pas issues de mauvais plants : la haine, la cruauté et le mépris ne sont pas cultivés dans sa pépinière.
Le surprendre le fait reculer d’un pas, jusqu’à ce qu’un pouffement s’échappe des lèvres du scribe. Gobelin, en réponse, ricane avec malice et lui adresse un clin d’œil. Car derrière le masque du monstre, se tapit une innocence que le monde n’a pas su ravir. La résilience d’un adulte qui n’attend rien et s’émerveille d’un tout. Rien n’est acquis, tout est à prendre, apprécier chaque instant, comme un présent, sans penser à ce qui a été perdu et ce qui risque de disparaître.
Gobelin se tait. Pendu à ses lèvres, il écoute, avec respect, l’amour d’un fils à sa mère. Il aime les belles histoires, celles qui finissent bien. Etonnant, pour un mercenaire : et pourtant, il est rare qu’il vante la brutalité des combats ou la violence de victoires arrachées à de terribles adversaires. Ces récits enthousiasment les jeunes âmes en quête de conquêtes et d’héroïsmes, qui cherchent un sens à leur vie, à s’épanouir, au travers de la souffrance, qu’ils endurent ou infligent. Est-ce cela, la vie ? Est-ce cela, ce qu’il désire ? Non, Gobelin lui, veut d’une vie paisible, bercée d’amour, de paix et d’espoir. Il se nourrit de contes qu’il écoute ou invente, d’histoires où tout se passe bien, un peu de rêve, une touche de douceur, qui aident à tolérer l’existence. Car combien même la souffrance est-elle inséparable de l’existence, qu’est-ce qui pousse à se relever et à avancer ? Gobelin doute que la gloire et la vengeance soient les seules réponses. Foncièrement, l’Humanité ne cherche-t-elle pas à vivre, aimée et protégée ? Les histoires sont parfois le seul refuge qu’il reste, face à une impitoyable réalité.
Mais là, ce qu’il entend n’est pas le produit de son imagination, c’est réel. C’est une famille qui s’aime.
L’expression sérieuse de Gobelin se fait songeuse, puis rêveuse. Sous ses paupières mi-closes, ses yeux s’adoucissent, alors qu’un sourire étire ses lèvres. Le geste mêle espoir et mélancolie. Le deuil d’un orphelin sans mère et la volonté d’un homme devenu déjà maintes fois père. Tant d’enfants l’ont accompagné, des petits sans familles, qu’il a aimés : a-t-il réussi ? Réussi à leur donner une famille ?
Lorsqu’ils parlent de lui, lorsqu’ils pensent à lui, sourient-ils comme le fait le jeune Noble en face de lui ?
D’un battement de paupières, ses yeux fixent les rougeurs sur les joues du jeune homme, avant de s’élever vers ses pupilles. Ses prunelles vertes sont toujours animées d’une vivacité et d’une précision serpentines. Ses pupilles sont d’une froideur animale, brisée par le sourire doucereux qui étire ses lèvres fines.
_ Jeune Duc, quelles sont ces hésitations qui s’esquissent ? Quelles doutes se glissent dans votre esprit ? Idiot, enfantine, dîtes vous !
Gobelin penche la tête sur le côté.
_ Ayez confiance en vous. Vos intentions sont sincères, les sentiments qui vous animent sont bons et purs. Ne laissez pas vos craintes s’insinuer : elles n’ont pas leur place entre nous. Gobelin ne jugera pas et n’est absolument pas en position de le faire.
Ses paupières se referment sur ses prunelles, accentuant l’intensité de ses pupilles sombres.
_ Ma vie de mercenaire m’a appris qu’il n’y avait rien de plus difficile à trouver que l’amour pour son prochain, parfois même, pour sa famille. Il n’y a rien d’enfantin à vouloir prendre soin d’une personne que vous aimez, au contraire, cela sauve des vies parfois bien plus certainement que ne le feraient des lois ou une épée. Quant à ne pas tout connaître de votre mère, si cela peut vous soulager, Gobelin ne sait pas même le nom de la sienne !
Un rire ébranle sa cage thoracique osseuse alors qu’il hausse négligemment les épaules, sa tête se redresse alors que l’homme l’interroge sur son prénom. Gobelin marque une hésitation, avant qu’il n’imite la surprise.
_ Allons. Êtes vous gêné d’appeler Gobelin, Gobelin ?
Ses paupières se plissent avec malice, alors qu’il fait tourner sa lanterne au bout de son arme d’un geste de la main. De l’autre, il invite Adam à le suivre, d’un geste de l’index qu’il replie, puis il s’éloigne, se balançant doucement d’un pied sur l’autre, laissant son regard traîner le long des étals. Ses yeux parcourent les pigments, parfois, sa main saisit un pot qu’il élève vers ses yeux, approche du visage d’Adam, évaluant l’harmonie entre le teint de sa peau et celle des couleurs qu’il étudie.
_ Gobelin va vous raconter une histoire. Celle de son nom.
L’homme lui adresse une œillade malicieuse.
_ Et peut-être verrez-vous d’un œil nouveau ! Ce sobriquet. Car s’il y a bien une leçon à retenir aujourd’hui, est qu’il ne faut pas se contenter de la première impression. Jeune homme devient paladin et Gobelin, humain !
Alors que ses yeux s’égarent, son pas reprend.
_ Gobelin, c’est le nom que l’on a donné, à un bébé trouvé au fond d’une mare. Le dos dans la boue et les pieds dans l’eau, il criait, si fort qu’aucune bête ne s’était approchée. Il était déjà probablement assez vilain, pour que sa mère l’ait laissé là, espérant qu’un esprit l’emporterait. Plusieurs enfants l’ont trouvé et l’ont ramené à la vieille qui vivait au fond de ce bois épais. La vieille n’était pas tendre, pas méchante non plus : sa maison recueillait les orphelins, les gamins que les autres ne voulaient pas, les difformes, les estropiés, ceux qui ne parlaient pas, ceux qui ne voyaient pas, ceux qui comprenaient différemment le monde. Gobelin, c’est le nom qui lui a été donné, parce qu’il avait les yeux verts, une très grosse tête pour un tout petit corps, parce qu’il sautait partout et qu’il riait toujours, parce qu’il faisait peur, à surgir de la pénombre, pour voler un bol de riz, un fruit, un vêtement ! Et qu’il s’enfuyait dans un rire, disparaissant sous le couvert de la nuit.
D’un geste lent, sa main récupère quelques pots contenant de la poudre colorée, qu’il met de côté.
_ Au village à côté, Gobelin se fait connaître, par ses méfaits d’abord, l’on pense qu’il ne tiendra pas plus d’une poignée d’hiver. L’Humanité est dotée de compassion : ses vols, sont excusés, finalement, des vêtements sont donnés pour couvrir son cul nu, ça étouffe les bruits des coups de bâton, quand il se fait voir la main dans le sac de riz ou dans la bourse ventrue d’un voyageur ! On le nourrit, par pitié, puis finalement, on décide de le rendre utile. Gobelin, continue-t-on à l’appeler, Gobelin, fais ci, fais ça, Gobelin commence à travailler, Gobelin gagne de l’argent, Gobelin aime ce qu’il brille, alors il continue, il fait tout ce qu’on lui demande. Alors on ne crie plus le nom de Gobelin : on l’appelle, on le sourit, on le salue avec un rire, merci Gobelin, à demain, Gobelin, reviens demain Gobelin.
Le sourire qui s’esquisse sur ses lèvres se teinte de nostalgie. L’homme, dans un geste spontané, lève la main, salue ces gens qu’il ne verra plus, sa main se rabaisse dans un soupir.
_ Au revoir, Gobelin, disent les villageois, quand Gobelin décide d’aller voir au-delà des bois. Gobelin part, Gobelin s’en va, pleure certains, et Gobelin s’évade, il explore le monde. Parfois, sa route croise celle d’enfants, d’enfants qui n’ont rien et à qui il donne tout ce qu’il a, papa, veulent-ils l’appeler, mais Gobelin corrige, non, appelle moi Gobelin. Parce que c’est ce qu’il est, il est né monstre et espère un jour, devenir humain ! Gobelin s’est trouvé un nom, un nom pour les personnes qui verront en lui, l’homme et non pas le monstre.
Il s’appuie contre sa lance, qu’il a plantée dans le sol.
_ Son prénom, il l’a trouvé dans un livre. C’est celui d’un héros, connu pour sa beauté, son éloquence et son élégance. Pour son esthétisme et sa bienveillance. Ce prénom, Gobelin aimerait le porter, mais ne se reconnaît pas encore lorsqu’il l’entend. Gobelin n’est probablement pas encore assez digne pour l’avoir : alors il attend, il fait de son mieux, jusqu’au jour où il pourra proclamer haut et fort, bonjour, je m’appelle…
Il ne termine pas sa phrase. Laisse un silence.
_ Jusqu’au jour où il pourra proclamer haut et fort, « bonjour, je m’appelle »… Sans avoir la sensation de mentir. Peut-être qu’un jour, quelqu’un connaîtra son prénom avant même qu’il n’ait à le dire ! Ce serait merveilleux, impossible mais merveilleux.
Ce serait le connaître. Le connaître lui, pour ce qu’il est et ce qu’il aime. Cet ouvrage dont il parle conte l’histoire d’un guerrier, d’un homme d’une très grande renommée, d’un artiste humble et sensible, d’un modèle. Zeng Min.
_ Le nom de Gobelin est peut-être l’un de ses plus grands secrets ! Et pour attirer l’attention, qu’il y a-t-il de mieux que faire planer le mystère ? Peut-être que cela deviendra l’une de vos quêtes ! Trouver le nom du Gobelin et rompre le mauvais sort !
Gobelin sourit et glisse en direction du jeune homme, de l’orange clair et vif, éclats d’ambre, de l’orange plus sombre, presque brun moucheté d’or, un bleu épatant, le bleu d’une oasis, un vert émeraude, aux reflets plus clairs, les écailles d’un serpent.
_ Du discret et de l’éclatant. Un fond serait nécessaire, pour que les pigments restent, malgré la sudation due à la chaleur. Crème d’amande, à déposer de l’index, sur les paupières - tout en expliquant, Gobelin mime. Il lève son index et, avec une maîtrise indéniable, applique une crème imaginaire sur sa paupière -, le crayon, gras, une matière riche mais d’une couleur neutre, pour dessiner le pourtour des yeux et enfin, à l’aide d’un pinceau, prélever les pigments pour l’appliquer sur la base !
Gobelin affiche une petite moue et murmure sur le ton de la connivence.
_ Pour les longues journées, ajoutez une goutte d’eau de rose sur le pinceau qui applique les pigments… Ils résisteront aux températures les plus impitoyables !
Il se redresse et penche la tête sur le côté, dans un sourire avenant.
_ Le jeune Duc Helvar est-il satisfait ? Son humble serviteur peut-il encore répondre à l’une de ses demandes ?
Il dissimule la sincérité de sa demande en exagérant les tonalités de sa voix, sa posture volontairement misérable, les épaules redressées, la tête réfugiée, sa voix couine, il imite à la perfection le domestique totalement soumis à l’autorité de son maître.
Mais la malice dans ses yeux ne trompe probablement plus le jeune scribe : Gobelin joue un rôle, satyre, il aime à se moquer de la société, et non pas de l’homme qu’il a en face de lui. L’auto-dérision n’est qu’une arme pour dénoncer, mettre en exergue ce que certain.es ont l’habitude d’oublier. Et peut-être que dans cette mimique caricaturale, Adam reconnaît des serviteurs qu’il a croisés…
Le jeu ne dure pas plus de quelques secondes, Gobelin éclate de rire et se redresse, il lève la main et la glisse dans sa longue chevelure noire, pour la tirer en arrière.
_ Gobelin aime chercher ! Et le maquillage, rares sont ceux qui s’y intéressent. S’il en faut plus, il y a du rouge à lèvre, des baumes au cactus pour la peau, résister au sable du désert ! Et s’il y en a assez pour le cadeau, avez-vous soif ? Gobelin a la gorge aussi sèche que ses pieds !
Le surprendre le fait reculer d’un pas, jusqu’à ce qu’un pouffement s’échappe des lèvres du scribe. Gobelin, en réponse, ricane avec malice et lui adresse un clin d’œil. Car derrière le masque du monstre, se tapit une innocence que le monde n’a pas su ravir. La résilience d’un adulte qui n’attend rien et s’émerveille d’un tout. Rien n’est acquis, tout est à prendre, apprécier chaque instant, comme un présent, sans penser à ce qui a été perdu et ce qui risque de disparaître.
Gobelin se tait. Pendu à ses lèvres, il écoute, avec respect, l’amour d’un fils à sa mère. Il aime les belles histoires, celles qui finissent bien. Etonnant, pour un mercenaire : et pourtant, il est rare qu’il vante la brutalité des combats ou la violence de victoires arrachées à de terribles adversaires. Ces récits enthousiasment les jeunes âmes en quête de conquêtes et d’héroïsmes, qui cherchent un sens à leur vie, à s’épanouir, au travers de la souffrance, qu’ils endurent ou infligent. Est-ce cela, la vie ? Est-ce cela, ce qu’il désire ? Non, Gobelin lui, veut d’une vie paisible, bercée d’amour, de paix et d’espoir. Il se nourrit de contes qu’il écoute ou invente, d’histoires où tout se passe bien, un peu de rêve, une touche de douceur, qui aident à tolérer l’existence. Car combien même la souffrance est-elle inséparable de l’existence, qu’est-ce qui pousse à se relever et à avancer ? Gobelin doute que la gloire et la vengeance soient les seules réponses. Foncièrement, l’Humanité ne cherche-t-elle pas à vivre, aimée et protégée ? Les histoires sont parfois le seul refuge qu’il reste, face à une impitoyable réalité.
Mais là, ce qu’il entend n’est pas le produit de son imagination, c’est réel. C’est une famille qui s’aime.
L’expression sérieuse de Gobelin se fait songeuse, puis rêveuse. Sous ses paupières mi-closes, ses yeux s’adoucissent, alors qu’un sourire étire ses lèvres. Le geste mêle espoir et mélancolie. Le deuil d’un orphelin sans mère et la volonté d’un homme devenu déjà maintes fois père. Tant d’enfants l’ont accompagné, des petits sans familles, qu’il a aimés : a-t-il réussi ? Réussi à leur donner une famille ?
Lorsqu’ils parlent de lui, lorsqu’ils pensent à lui, sourient-ils comme le fait le jeune Noble en face de lui ?
D’un battement de paupières, ses yeux fixent les rougeurs sur les joues du jeune homme, avant de s’élever vers ses pupilles. Ses prunelles vertes sont toujours animées d’une vivacité et d’une précision serpentines. Ses pupilles sont d’une froideur animale, brisée par le sourire doucereux qui étire ses lèvres fines.
_ Jeune Duc, quelles sont ces hésitations qui s’esquissent ? Quelles doutes se glissent dans votre esprit ? Idiot, enfantine, dîtes vous !
Gobelin penche la tête sur le côté.
_ Ayez confiance en vous. Vos intentions sont sincères, les sentiments qui vous animent sont bons et purs. Ne laissez pas vos craintes s’insinuer : elles n’ont pas leur place entre nous. Gobelin ne jugera pas et n’est absolument pas en position de le faire.
Ses paupières se referment sur ses prunelles, accentuant l’intensité de ses pupilles sombres.
_ Ma vie de mercenaire m’a appris qu’il n’y avait rien de plus difficile à trouver que l’amour pour son prochain, parfois même, pour sa famille. Il n’y a rien d’enfantin à vouloir prendre soin d’une personne que vous aimez, au contraire, cela sauve des vies parfois bien plus certainement que ne le feraient des lois ou une épée. Quant à ne pas tout connaître de votre mère, si cela peut vous soulager, Gobelin ne sait pas même le nom de la sienne !
Un rire ébranle sa cage thoracique osseuse alors qu’il hausse négligemment les épaules, sa tête se redresse alors que l’homme l’interroge sur son prénom. Gobelin marque une hésitation, avant qu’il n’imite la surprise.
_ Allons. Êtes vous gêné d’appeler Gobelin, Gobelin ?
Ses paupières se plissent avec malice, alors qu’il fait tourner sa lanterne au bout de son arme d’un geste de la main. De l’autre, il invite Adam à le suivre, d’un geste de l’index qu’il replie, puis il s’éloigne, se balançant doucement d’un pied sur l’autre, laissant son regard traîner le long des étals. Ses yeux parcourent les pigments, parfois, sa main saisit un pot qu’il élève vers ses yeux, approche du visage d’Adam, évaluant l’harmonie entre le teint de sa peau et celle des couleurs qu’il étudie.
_ Gobelin va vous raconter une histoire. Celle de son nom.
L’homme lui adresse une œillade malicieuse.
_ Et peut-être verrez-vous d’un œil nouveau ! Ce sobriquet. Car s’il y a bien une leçon à retenir aujourd’hui, est qu’il ne faut pas se contenter de la première impression. Jeune homme devient paladin et Gobelin, humain !
Alors que ses yeux s’égarent, son pas reprend.
_ Gobelin, c’est le nom que l’on a donné, à un bébé trouvé au fond d’une mare. Le dos dans la boue et les pieds dans l’eau, il criait, si fort qu’aucune bête ne s’était approchée. Il était déjà probablement assez vilain, pour que sa mère l’ait laissé là, espérant qu’un esprit l’emporterait. Plusieurs enfants l’ont trouvé et l’ont ramené à la vieille qui vivait au fond de ce bois épais. La vieille n’était pas tendre, pas méchante non plus : sa maison recueillait les orphelins, les gamins que les autres ne voulaient pas, les difformes, les estropiés, ceux qui ne parlaient pas, ceux qui ne voyaient pas, ceux qui comprenaient différemment le monde. Gobelin, c’est le nom qui lui a été donné, parce qu’il avait les yeux verts, une très grosse tête pour un tout petit corps, parce qu’il sautait partout et qu’il riait toujours, parce qu’il faisait peur, à surgir de la pénombre, pour voler un bol de riz, un fruit, un vêtement ! Et qu’il s’enfuyait dans un rire, disparaissant sous le couvert de la nuit.
D’un geste lent, sa main récupère quelques pots contenant de la poudre colorée, qu’il met de côté.
_ Au village à côté, Gobelin se fait connaître, par ses méfaits d’abord, l’on pense qu’il ne tiendra pas plus d’une poignée d’hiver. L’Humanité est dotée de compassion : ses vols, sont excusés, finalement, des vêtements sont donnés pour couvrir son cul nu, ça étouffe les bruits des coups de bâton, quand il se fait voir la main dans le sac de riz ou dans la bourse ventrue d’un voyageur ! On le nourrit, par pitié, puis finalement, on décide de le rendre utile. Gobelin, continue-t-on à l’appeler, Gobelin, fais ci, fais ça, Gobelin commence à travailler, Gobelin gagne de l’argent, Gobelin aime ce qu’il brille, alors il continue, il fait tout ce qu’on lui demande. Alors on ne crie plus le nom de Gobelin : on l’appelle, on le sourit, on le salue avec un rire, merci Gobelin, à demain, Gobelin, reviens demain Gobelin.
Le sourire qui s’esquisse sur ses lèvres se teinte de nostalgie. L’homme, dans un geste spontané, lève la main, salue ces gens qu’il ne verra plus, sa main se rabaisse dans un soupir.
_ Au revoir, Gobelin, disent les villageois, quand Gobelin décide d’aller voir au-delà des bois. Gobelin part, Gobelin s’en va, pleure certains, et Gobelin s’évade, il explore le monde. Parfois, sa route croise celle d’enfants, d’enfants qui n’ont rien et à qui il donne tout ce qu’il a, papa, veulent-ils l’appeler, mais Gobelin corrige, non, appelle moi Gobelin. Parce que c’est ce qu’il est, il est né monstre et espère un jour, devenir humain ! Gobelin s’est trouvé un nom, un nom pour les personnes qui verront en lui, l’homme et non pas le monstre.
Il s’appuie contre sa lance, qu’il a plantée dans le sol.
_ Son prénom, il l’a trouvé dans un livre. C’est celui d’un héros, connu pour sa beauté, son éloquence et son élégance. Pour son esthétisme et sa bienveillance. Ce prénom, Gobelin aimerait le porter, mais ne se reconnaît pas encore lorsqu’il l’entend. Gobelin n’est probablement pas encore assez digne pour l’avoir : alors il attend, il fait de son mieux, jusqu’au jour où il pourra proclamer haut et fort, bonjour, je m’appelle…
Il ne termine pas sa phrase. Laisse un silence.
_ Jusqu’au jour où il pourra proclamer haut et fort, « bonjour, je m’appelle »… Sans avoir la sensation de mentir. Peut-être qu’un jour, quelqu’un connaîtra son prénom avant même qu’il n’ait à le dire ! Ce serait merveilleux, impossible mais merveilleux.
Ce serait le connaître. Le connaître lui, pour ce qu’il est et ce qu’il aime. Cet ouvrage dont il parle conte l’histoire d’un guerrier, d’un homme d’une très grande renommée, d’un artiste humble et sensible, d’un modèle. Zeng Min.
_ Le nom de Gobelin est peut-être l’un de ses plus grands secrets ! Et pour attirer l’attention, qu’il y a-t-il de mieux que faire planer le mystère ? Peut-être que cela deviendra l’une de vos quêtes ! Trouver le nom du Gobelin et rompre le mauvais sort !
Gobelin sourit et glisse en direction du jeune homme, de l’orange clair et vif, éclats d’ambre, de l’orange plus sombre, presque brun moucheté d’or, un bleu épatant, le bleu d’une oasis, un vert émeraude, aux reflets plus clairs, les écailles d’un serpent.
_ Du discret et de l’éclatant. Un fond serait nécessaire, pour que les pigments restent, malgré la sudation due à la chaleur. Crème d’amande, à déposer de l’index, sur les paupières - tout en expliquant, Gobelin mime. Il lève son index et, avec une maîtrise indéniable, applique une crème imaginaire sur sa paupière -, le crayon, gras, une matière riche mais d’une couleur neutre, pour dessiner le pourtour des yeux et enfin, à l’aide d’un pinceau, prélever les pigments pour l’appliquer sur la base !
Gobelin affiche une petite moue et murmure sur le ton de la connivence.
_ Pour les longues journées, ajoutez une goutte d’eau de rose sur le pinceau qui applique les pigments… Ils résisteront aux températures les plus impitoyables !
Il se redresse et penche la tête sur le côté, dans un sourire avenant.
_ Le jeune Duc Helvar est-il satisfait ? Son humble serviteur peut-il encore répondre à l’une de ses demandes ?
Il dissimule la sincérité de sa demande en exagérant les tonalités de sa voix, sa posture volontairement misérable, les épaules redressées, la tête réfugiée, sa voix couine, il imite à la perfection le domestique totalement soumis à l’autorité de son maître.
Mais la malice dans ses yeux ne trompe probablement plus le jeune scribe : Gobelin joue un rôle, satyre, il aime à se moquer de la société, et non pas de l’homme qu’il a en face de lui. L’auto-dérision n’est qu’une arme pour dénoncer, mettre en exergue ce que certain.es ont l’habitude d’oublier. Et peut-être que dans cette mimique caricaturale, Adam reconnaît des serviteurs qu’il a croisés…
Le jeu ne dure pas plus de quelques secondes, Gobelin éclate de rire et se redresse, il lève la main et la glisse dans sa longue chevelure noire, pour la tirer en arrière.
_ Gobelin aime chercher ! Et le maquillage, rares sont ceux qui s’y intéressent. S’il en faut plus, il y a du rouge à lèvre, des baumes au cactus pour la peau, résister au sable du désert ! Et s’il y en a assez pour le cadeau, avez-vous soif ? Gobelin a la gorge aussi sèche que ses pieds !
I'm a luxury few can afford
Chaque parole de gobelin avait tendance à le déstabiliser. Chaque minute rendait cet homme bien intéressant que les appropries des autres. Sa laideur n'avait que l'apparence et encore, elle l'était pour ceux ne sachant pas accepter la différence. Alors qu'il parlait de sa mère et de sa famille, aimante - malgré quelques points plus négatifs à son goût omis délibérément -, le rouquin pouvait apercevoir la moue du mercenaire changer. Non, ce n'était définitivement pas un laideron que l'on devait écarter du reste du monde. Tout comme Adam, il était un être humain.
Aussitôt hésitant, que le gobelin s'aimait en balayant ses craintes d'un revers de la main. Sans s'en rendre compte, celui qu'il avait sauvé venait de lui offrir le plus beau des cadeaux. Ne pas être jugé par ses paroles, ses actions... Comme si toute sa vie, il n'avait qu'attendu ce moment précis. On l'aurait bien traité d'émotif en réagissant de là pour si peu. Et en soi, ils n'auraient pas tout à fait tord. La question du mercenaire s'élevait, faisant de nouveau naître sur ses joues un brin de rouge.
Oh non pas du tout ! C'est juste ma curiosité.
Il se sentait obligé de répondre, quand bien même que l'autre lui aurait certainement réagit de la même façon. L'histoire commençait alors, happant le scribe dès les premières paroles. La naissance non désirée de cet être laissait dans une mare et finissant par vivre dans les rues. Si le gobelin contait à merveille sa vie, elle n'en restait pas dure à l'écoute. Si sur son visage, il essayait de rien montrer, les yeux du scribe brillaient d'une émotion toute particulière. Il en venait presqu'à regretter de lui avoir demandé... Mais heureusement, le gobelin enjolive l'histoire afin de ne pas engendrer la pitié. Ainsi, son véritable prénom se trouvait dans les livres. Piqué par la curiosité, Adam se promettait de mener son enquête - surtout que les livres étaient encore assez rares de nos jours -.
Lorsque le mercenaire commençait à parler du maquillage, le rouquin clignait des paupières, visiblement perdu par les conseils. Fascinant, vraiment.
_ Le jeune Duc Helvar est-il satisfait ? Son humble serviteur peut-il encore répondre à l’une de ses demandes ?
Si d'habitude, il aurait fait claquer sa langue contre son palet, s'était un rire cristallin qui franchissait ses lèvres. La question n'était pas à poser, le gobelin avait fait bien plus qu'il ne l'espérait et au vu de sa dernière réplique, le duo n'était pas prêt de se séparer aussi tôt.
Vous m'impressionnez. Vous avez une connaissance sur le maquillage que je n'aurais jamais soupçonné.
Marquant une pause, il faisait signe au marchand qu'il prenait tous les produits conseillés par le mercenaire. Dès la marchandise au creux des mains contre des pièces, Adam prenait un grand soin pour le ranger dans un sac en toile.
Oh non, allons donc nous abreuver. Je n'ai guère envie que votre gosier ne d'assèche davantage. Je connais une taverne non loin d'ici si vous le voulez bien.
Il commençait alors à remonter l'allée principale. Durant le trajet, Adam lui demandait avec une pointe de malice dans la voix.
Ne vous a t'on jamais dis que vous seriez un artiste talentueux ?
Aussitôt hésitant, que le gobelin s'aimait en balayant ses craintes d'un revers de la main. Sans s'en rendre compte, celui qu'il avait sauvé venait de lui offrir le plus beau des cadeaux. Ne pas être jugé par ses paroles, ses actions... Comme si toute sa vie, il n'avait qu'attendu ce moment précis. On l'aurait bien traité d'émotif en réagissant de là pour si peu. Et en soi, ils n'auraient pas tout à fait tord. La question du mercenaire s'élevait, faisant de nouveau naître sur ses joues un brin de rouge.
Oh non pas du tout ! C'est juste ma curiosité.
Il se sentait obligé de répondre, quand bien même que l'autre lui aurait certainement réagit de la même façon. L'histoire commençait alors, happant le scribe dès les premières paroles. La naissance non désirée de cet être laissait dans une mare et finissant par vivre dans les rues. Si le gobelin contait à merveille sa vie, elle n'en restait pas dure à l'écoute. Si sur son visage, il essayait de rien montrer, les yeux du scribe brillaient d'une émotion toute particulière. Il en venait presqu'à regretter de lui avoir demandé... Mais heureusement, le gobelin enjolive l'histoire afin de ne pas engendrer la pitié. Ainsi, son véritable prénom se trouvait dans les livres. Piqué par la curiosité, Adam se promettait de mener son enquête - surtout que les livres étaient encore assez rares de nos jours -.
Lorsque le mercenaire commençait à parler du maquillage, le rouquin clignait des paupières, visiblement perdu par les conseils. Fascinant, vraiment.
_ Le jeune Duc Helvar est-il satisfait ? Son humble serviteur peut-il encore répondre à l’une de ses demandes ?
Si d'habitude, il aurait fait claquer sa langue contre son palet, s'était un rire cristallin qui franchissait ses lèvres. La question n'était pas à poser, le gobelin avait fait bien plus qu'il ne l'espérait et au vu de sa dernière réplique, le duo n'était pas prêt de se séparer aussi tôt.
Vous m'impressionnez. Vous avez une connaissance sur le maquillage que je n'aurais jamais soupçonné.
Marquant une pause, il faisait signe au marchand qu'il prenait tous les produits conseillés par le mercenaire. Dès la marchandise au creux des mains contre des pièces, Adam prenait un grand soin pour le ranger dans un sac en toile.
Oh non, allons donc nous abreuver. Je n'ai guère envie que votre gosier ne d'assèche davantage. Je connais une taverne non loin d'ici si vous le voulez bien.
Il commençait alors à remonter l'allée principale. Durant le trajet, Adam lui demandait avec une pointe de malice dans la voix.
Ne vous a t'on jamais dis que vous seriez un artiste talentueux ?
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
Un éclat de rire.
Gobelin a connu la sécheresse. Non pas celle qui serre la gorge, non, mais celle des cœurs flétris. Il ne pense pas aux guerres, mais à ce qu’il reste, des champs dévastés, des blessé.es, des regards hagards, il pense à la misère, aux corps faméliques, aux mains qui se lèvent et aux regards, qui les ignorent ou les écrasent. Il connaît cette sensation particulière, d’une âme qui s’assèche, d’un cœur qui s’écrase, des yeux qui n’arrivent plus à pleurer ; et d’une douleur, lancinante, qui le déchire de l’intérieur.
Et c’est pour ça, que ce rire, Zeng Min s’en abreuve. Qu’il emplit son âme de toute cette joie, qu’il la savoure et qu’il offre à son tour, un rire libérateur. Le sien croasse, cliquetis de larynx, le gloussement ébranle quelque peu, ses épaules. Ses yeux verts s’élèvent vers le scribe et, repus, il laisse ses paupières retomber. Il est si bon, de rire. De vivre.
Et son sourire, sur ses lèvres, se fait d’une douceur qui balaie la difformité de son faciès. C’est un sourire, d’un homme heureux.
Il n’y a plus de grimaces ou de mimiques. Les yeux tendrement plissés, les pupilles unies à celles du jeune homme. Comme s’il avait pris ses mains dans les siennes.
Merci, dit-il sans ouvrir les lèvres, Merci pour ce moment. Pour ces instants si précieux, ces plaisirs si simples, qui constituent à eux seuls, la richesse d’une vie.
Gobelin répond, d’un geste évasif de la main, au compliment accordé par le Scribe et finalement, retrouve la grimace malicieuse, d’un rictus qui s’étire et de sa voix qui ricane.
_ Oh, d’habitude, l’on se moque du Gobelin pour cela, on ne le vante pas ! Le maquillage est, après tout, réservé à la gente féminine. Avez-vous vu les femmes, de l’Empire ?
Gobelin se redresse et place la lance sur son épaule. Ses mains se positionnent sur la hampe, qu’il tient, comme s’il se protégeait d’une ombrelle. Gobelin redresse dignement la tête, ses traits, se font cette fois, impénétrables. Sous ses paupières lourdes, ses pupilles brillantes trahissent sa malice, bien que ses lèvres, affichent un sourire contenu.
_ Leur apparence prédomine. Belles et gracieuses, la délicatesse s’allie à la subtilité, elles avancent, comme les pégases volent, effleurent le sol, du bout de leurs pieds. La peau, protégée d’une ombrelle et leur âme, protégée du monde, derrière quelques vêtements et du maquillage. Car il faut être beau, pour vivre heureux, et celleux qui ont une vilaine tête, ne peuvent compter que sur la beauté du cœur ou celle du maquillage, pour se faire aimer.
Le sourire de Gobelin, cette fois, ne dissimule plus le sérieux de ses paroles et plus encore, la légère vibration de sa voix.
_ Être aimé, après tout, est ce que tout le monde désire. Quel dommage que le maquillage soit si mal vu chez les personnes de mon genre. Enfin ! Cela n’empêche pas Gobelin de se maquiller quand il le désire, comme être un mercenaire, ne m’empêche pas d’aimer la paix. Je ne comprends juste pas, que ce que l'on aime chez l'une, on le déteste chez l'autre ! Et l'inverse est tout aussi vrai.
Gobelin roule des yeux, à ces mots. Si le scribe est attentif, il relèvera peut-être un détail. Que jusqu’à présent, l’homme parlait de lui à la troisième personne… Et qu’il arrive parfois, qu’il passe à la première. Trahissant, consciemment ou non, une vérité plus intime, la fente, dans ce masque qu’il a pris l’habitude de porter.
Finalement, il abandonne sa caricature, sa lance se repose. Négligemment appuyée sur l’épaule, Gobelin la tient d’une main posée sur sa hampe. Il marche d’un pas lent et pourtant, suffisant pour suivre l’allure du scribe, basculant d’un pied sur l’autre, maîtrisant l’équilibre de ses getas.
_ Gobelin est flatté de vous impressionner ! Comme vous avez impressionné Gobelin ! Avoir le courage de défendre vos valeurs est probablement l’une des plus grandes forces que l’on peut se vanter de posséder ! D’ailleurs, bien qu’être le fils du Duc Helvar soit probablement une occupation à plein temps, vous occupez-vous d’autres missions ? Sauvez-vous d’autres victimes de l’inconscience humaine ?
Gobelin a un petit saut en avant, dans un rire.
_ Une taverne, oui, oui ! Glapit-il joyeusement, Menez Gobelin, jusqu’à l’une des précieuses oasis de cette ville ! Que pourra-t-on y boire ? Du jus de cactus ? Gobelin a goûté déjà, c’est meilleur lorsqu’on enlève ses dards effilés ! Si étrange, le désert, les plantes sont dotées d’arêtes comme les poissons des rivières !
La malice du rouquin attise la complicité du Gobelin. En réponse, il lui adresse une œillade, et ses yeux se plissent quand son sourire s’étire.
_ Artiste…
Gobelin lève rêveusement les yeux vers le ciel.
_ Artiste, oui, une part en Gobelin, aurait tant voulu l’être ! Mais ! Ah, Gobelin, tu nous casses les oreilles, même tes rires sonnent faux ! Gobelin, le théâtre ? Si seulement, il en avait la tête ou le talent, mais Gobelin se sent plus à son aise lors des scènes improvisées. Il improvise parfois un théâtre des rues, sous couvert de sa lanterne, les gens se pressent, pour le voir jouer. Les autres arts, Gobelin les a effleurés, il peint, dessine et sculpte, de petites choses, qu’il offre aux personnes à qui il tient.
La main libre de Gobelin extirpe, de sa poche, une petite sculpture en bois. Une grue. La tête légèrement penchée, ses ailes, ramenées contre elle, perchée sur une seule de ses longues pattes. L’animal est gravé avec précision et délicatesse, peint, avec une surprenante application, jusqu’à même, le petit cercle rouge qui dessine le coin de ses doux yeux noirs. La puissance et la grâce de l’animal, exprimée par le bois. Une matière si figée et qui, en ces quelques coups de couteau bien placés, les incisions et la peinture, semble comme prête à s’envoler.
_ Porte-chance, porte-bonheur, murmure Zeng Min, élevant l’oiseau vers ses yeux, Gobelin ne sait pas, mais ce qu’il sait, c’est que ces objets, portent tout son amour.
Il range la grue dans sa poche et secoue légèrement la tête, amusé.
_ Et vous ? Auriez-voulu faire autre chose que ce que vous faîtes aujourd’hui ? Peut-être auriez-vous aimé travailler la terre ou le bois, soigner ou voyager ?
Gobelin a connu la sécheresse. Non pas celle qui serre la gorge, non, mais celle des cœurs flétris. Il ne pense pas aux guerres, mais à ce qu’il reste, des champs dévastés, des blessé.es, des regards hagards, il pense à la misère, aux corps faméliques, aux mains qui se lèvent et aux regards, qui les ignorent ou les écrasent. Il connaît cette sensation particulière, d’une âme qui s’assèche, d’un cœur qui s’écrase, des yeux qui n’arrivent plus à pleurer ; et d’une douleur, lancinante, qui le déchire de l’intérieur.
Et c’est pour ça, que ce rire, Zeng Min s’en abreuve. Qu’il emplit son âme de toute cette joie, qu’il la savoure et qu’il offre à son tour, un rire libérateur. Le sien croasse, cliquetis de larynx, le gloussement ébranle quelque peu, ses épaules. Ses yeux verts s’élèvent vers le scribe et, repus, il laisse ses paupières retomber. Il est si bon, de rire. De vivre.
Et son sourire, sur ses lèvres, se fait d’une douceur qui balaie la difformité de son faciès. C’est un sourire, d’un homme heureux.
Il n’y a plus de grimaces ou de mimiques. Les yeux tendrement plissés, les pupilles unies à celles du jeune homme. Comme s’il avait pris ses mains dans les siennes.
Merci, dit-il sans ouvrir les lèvres, Merci pour ce moment. Pour ces instants si précieux, ces plaisirs si simples, qui constituent à eux seuls, la richesse d’une vie.
Gobelin répond, d’un geste évasif de la main, au compliment accordé par le Scribe et finalement, retrouve la grimace malicieuse, d’un rictus qui s’étire et de sa voix qui ricane.
_ Oh, d’habitude, l’on se moque du Gobelin pour cela, on ne le vante pas ! Le maquillage est, après tout, réservé à la gente féminine. Avez-vous vu les femmes, de l’Empire ?
Gobelin se redresse et place la lance sur son épaule. Ses mains se positionnent sur la hampe, qu’il tient, comme s’il se protégeait d’une ombrelle. Gobelin redresse dignement la tête, ses traits, se font cette fois, impénétrables. Sous ses paupières lourdes, ses pupilles brillantes trahissent sa malice, bien que ses lèvres, affichent un sourire contenu.
_ Leur apparence prédomine. Belles et gracieuses, la délicatesse s’allie à la subtilité, elles avancent, comme les pégases volent, effleurent le sol, du bout de leurs pieds. La peau, protégée d’une ombrelle et leur âme, protégée du monde, derrière quelques vêtements et du maquillage. Car il faut être beau, pour vivre heureux, et celleux qui ont une vilaine tête, ne peuvent compter que sur la beauté du cœur ou celle du maquillage, pour se faire aimer.
Le sourire de Gobelin, cette fois, ne dissimule plus le sérieux de ses paroles et plus encore, la légère vibration de sa voix.
_ Être aimé, après tout, est ce que tout le monde désire. Quel dommage que le maquillage soit si mal vu chez les personnes de mon genre. Enfin ! Cela n’empêche pas Gobelin de se maquiller quand il le désire, comme être un mercenaire, ne m’empêche pas d’aimer la paix. Je ne comprends juste pas, que ce que l'on aime chez l'une, on le déteste chez l'autre ! Et l'inverse est tout aussi vrai.
Gobelin roule des yeux, à ces mots. Si le scribe est attentif, il relèvera peut-être un détail. Que jusqu’à présent, l’homme parlait de lui à la troisième personne… Et qu’il arrive parfois, qu’il passe à la première. Trahissant, consciemment ou non, une vérité plus intime, la fente, dans ce masque qu’il a pris l’habitude de porter.
Finalement, il abandonne sa caricature, sa lance se repose. Négligemment appuyée sur l’épaule, Gobelin la tient d’une main posée sur sa hampe. Il marche d’un pas lent et pourtant, suffisant pour suivre l’allure du scribe, basculant d’un pied sur l’autre, maîtrisant l’équilibre de ses getas.
_ Gobelin est flatté de vous impressionner ! Comme vous avez impressionné Gobelin ! Avoir le courage de défendre vos valeurs est probablement l’une des plus grandes forces que l’on peut se vanter de posséder ! D’ailleurs, bien qu’être le fils du Duc Helvar soit probablement une occupation à plein temps, vous occupez-vous d’autres missions ? Sauvez-vous d’autres victimes de l’inconscience humaine ?
Gobelin a un petit saut en avant, dans un rire.
_ Une taverne, oui, oui ! Glapit-il joyeusement, Menez Gobelin, jusqu’à l’une des précieuses oasis de cette ville ! Que pourra-t-on y boire ? Du jus de cactus ? Gobelin a goûté déjà, c’est meilleur lorsqu’on enlève ses dards effilés ! Si étrange, le désert, les plantes sont dotées d’arêtes comme les poissons des rivières !
La malice du rouquin attise la complicité du Gobelin. En réponse, il lui adresse une œillade, et ses yeux se plissent quand son sourire s’étire.
_ Artiste…
Gobelin lève rêveusement les yeux vers le ciel.
_ Artiste, oui, une part en Gobelin, aurait tant voulu l’être ! Mais ! Ah, Gobelin, tu nous casses les oreilles, même tes rires sonnent faux ! Gobelin, le théâtre ? Si seulement, il en avait la tête ou le talent, mais Gobelin se sent plus à son aise lors des scènes improvisées. Il improvise parfois un théâtre des rues, sous couvert de sa lanterne, les gens se pressent, pour le voir jouer. Les autres arts, Gobelin les a effleurés, il peint, dessine et sculpte, de petites choses, qu’il offre aux personnes à qui il tient.
La main libre de Gobelin extirpe, de sa poche, une petite sculpture en bois. Une grue. La tête légèrement penchée, ses ailes, ramenées contre elle, perchée sur une seule de ses longues pattes. L’animal est gravé avec précision et délicatesse, peint, avec une surprenante application, jusqu’à même, le petit cercle rouge qui dessine le coin de ses doux yeux noirs. La puissance et la grâce de l’animal, exprimée par le bois. Une matière si figée et qui, en ces quelques coups de couteau bien placés, les incisions et la peinture, semble comme prête à s’envoler.
_ Porte-chance, porte-bonheur, murmure Zeng Min, élevant l’oiseau vers ses yeux, Gobelin ne sait pas, mais ce qu’il sait, c’est que ces objets, portent tout son amour.
Il range la grue dans sa poche et secoue légèrement la tête, amusé.
_ Et vous ? Auriez-voulu faire autre chose que ce que vous faîtes aujourd’hui ? Peut-être auriez-vous aimé travailler la terre ou le bois, soigner ou voyager ?
I'm a luxury few can afford
Peut-être pour la première depuis sa rencontre il y a de cela quelques heures - que le temps passe vite lorsque l'on "s'amuse" - que le scribe voyait le visage sincèrement heureux du gobelin. Si son rire était semblable à un croassement et pouvait attiser le mépris chez certains, son sourire, qui gratifiait le scribe, était d'une extrême chaleur. Adam avait cette impression que le mercenaire le remerciait d'être ainsi en sa présence. À cela, il était tout simplement lui, le considérant aussi simplement que ça comme un être humain lambda. Et pour une fois depuis des lustres, il ne se sentait pas comme l'enfant d'une des grandes familles du Royaume du Pharaon. Ces personnes à qui on mesure les paroles de peur de finir ses jours dans la déchéance.
Il était vrai que le maquillage n'était pas quelque chose de commun à un homme. Si bien que la majorité des gens, actuellement, voyaient cela d'un mauvais œil. Sauf peut-être ceux étant dans le domaine artistique ou encore, ayant une classe sociale plutôt élevée. Comme exemple, Adam avait déjà vu le Pharaon lui-même avoir du noir autour des yeux sans que cela n'attise les regards des autres. À la question du gobelin, il acquiesçait. Le rouquin avait déjà eu l'occasion dans croiser dans les rues pavées di fief d'Helvar. Néanmoins, et il préférait le préciser après sa longue tirade concernant ces femmes, que jamais il n'avait eu l'occasion de fouler le sol vert de Nuhoko.
Pour tout vous avouer, je ne suis jamais allé jusqu'à là-bas. Mais je comprends ce que vous voulez dire.
Les paroles du gobelin faisaient naître en lui un sentiment encore un peu méconnu. Pour Adam, il était tout naturel que le maquillage soit principalement pour la gente féminine. Il avait été éduqué de la sorte, alors ses pensées ne pouvaient réellement concevoir le fait qu'un homme puisse bénéficier de toutes les faveurs. Pour autant, si cela devait se concrétiser alors le rouquin n'en serait pas plus aigri contrairement à certains. Il faisait partie de ceux qui restaient neutres. Si quelques-uns au sein de sa nation pouvaient se le permettre, pourquoi pas ce mercenaire ? Du moins, si le fils Helvar comprenait bien les réflexions de l'homme à ses côtés. Cela faisait sens maintenant qu'il en sache autant sur le maquillage et les diverses techniques s'il l'utilisait pour son propre compte. Fronçant les sourcils, il cherchait quelque chose à lui répondre. Sans succès. Que pouvait-il lui dire de toute manière dans ce genre de situation lorsque l'on ne comprends pas soi-même, tout ?
Heureusement, la discussion prenait une autre direction grâce aux questionnements du mercenaire. Quand bien même qu'au premier abord, il avait été facile de s'exprimer, c'était une poignée de secondes sans un seul mot sortant de sa bouche qui s'écoulait.
Vous pourrez en trouver en effet là-bas ! C'est tellement rafraîchissant avec ces chaleurs qu'elle en devient une boisson très prisée des touristes. Mais nous avons aussi de la bière ou encore du shedeh qui est fait à partir de raisins rouges fermentés. Il était heureux de pouvoir lui faire découvrir des produits locaux du royaume. Pour ce qui est de vos questions de tout à l'heure... Outre mon métier de scribe que j'affectionne particulièrement, je ne pense pas avoir d'autres missions qui m'animent. Cela me prend déjà un temps considérable. Mais je me passionne pour les histoires et les bijoux.
Doux sourire figeant son visage, alors qu'il se remémorait les moments passés avec sa mère lorsqu'il était plus jeune. Artiste... Oui gobelin semblait vraiment mériter ce titre à bien des égards. Il forçait le respect, quand bien même que la plupart ne pourraient supporter le faciès de cet être. Son regard se portait alors sur la sculpture de l'oiseau avec un intérêt à peine dissimulé. Même sans avoir l'objet dans ses mains, il pouvait ressentir le travail fournit derrière et surtout, cet amour. Peut-être manquait-il de précision dans le bois, il n'était pas un expert dans le domaine pour s'en rendre totalement compte. Et pour tout avouer, peu lui importait actuellement.
Alors qu'il l'amenait toujours en direction de la fameuse taverne, Adam se promettait de demander à l'homme de lui montrer d'autres de ses créations et pourquoi pas, en acheter pour ses parents. Il ne s'arrêtait de marcher qu'une fois sur le pas de la porte et se tournant vers le gobelin, le rouquin lui répondait avec sincérité.
Je dirais que voyager à travers le Continent Blanc serait vraiment exceptionnel. Malheureusement, bien que les tensions se soient atténuées avec les siècles, elles persistent toujours. Qui sait, peut-être dans un climat de paix. Nous y voilà.
Il faisait signe au mercenaire de pénétrer dans le bâtiment, le suivant de prêt. Beaucoup étaient ceux qui les observaient de manière bizarre et pourtant, le scribe ne s'en souciait guère. Il ne souhaitait qu'une chose à l'instant t, pouvoir continuer à discuter avec cet homme.
Prenais ce que vous voulez.
Il était vrai que le maquillage n'était pas quelque chose de commun à un homme. Si bien que la majorité des gens, actuellement, voyaient cela d'un mauvais œil. Sauf peut-être ceux étant dans le domaine artistique ou encore, ayant une classe sociale plutôt élevée. Comme exemple, Adam avait déjà vu le Pharaon lui-même avoir du noir autour des yeux sans que cela n'attise les regards des autres. À la question du gobelin, il acquiesçait. Le rouquin avait déjà eu l'occasion dans croiser dans les rues pavées di fief d'Helvar. Néanmoins, et il préférait le préciser après sa longue tirade concernant ces femmes, que jamais il n'avait eu l'occasion de fouler le sol vert de Nuhoko.
Pour tout vous avouer, je ne suis jamais allé jusqu'à là-bas. Mais je comprends ce que vous voulez dire.
Les paroles du gobelin faisaient naître en lui un sentiment encore un peu méconnu. Pour Adam, il était tout naturel que le maquillage soit principalement pour la gente féminine. Il avait été éduqué de la sorte, alors ses pensées ne pouvaient réellement concevoir le fait qu'un homme puisse bénéficier de toutes les faveurs. Pour autant, si cela devait se concrétiser alors le rouquin n'en serait pas plus aigri contrairement à certains. Il faisait partie de ceux qui restaient neutres. Si quelques-uns au sein de sa nation pouvaient se le permettre, pourquoi pas ce mercenaire ? Du moins, si le fils Helvar comprenait bien les réflexions de l'homme à ses côtés. Cela faisait sens maintenant qu'il en sache autant sur le maquillage et les diverses techniques s'il l'utilisait pour son propre compte. Fronçant les sourcils, il cherchait quelque chose à lui répondre. Sans succès. Que pouvait-il lui dire de toute manière dans ce genre de situation lorsque l'on ne comprends pas soi-même, tout ?
Heureusement, la discussion prenait une autre direction grâce aux questionnements du mercenaire. Quand bien même qu'au premier abord, il avait été facile de s'exprimer, c'était une poignée de secondes sans un seul mot sortant de sa bouche qui s'écoulait.
Vous pourrez en trouver en effet là-bas ! C'est tellement rafraîchissant avec ces chaleurs qu'elle en devient une boisson très prisée des touristes. Mais nous avons aussi de la bière ou encore du shedeh qui est fait à partir de raisins rouges fermentés. Il était heureux de pouvoir lui faire découvrir des produits locaux du royaume. Pour ce qui est de vos questions de tout à l'heure... Outre mon métier de scribe que j'affectionne particulièrement, je ne pense pas avoir d'autres missions qui m'animent. Cela me prend déjà un temps considérable. Mais je me passionne pour les histoires et les bijoux.
Doux sourire figeant son visage, alors qu'il se remémorait les moments passés avec sa mère lorsqu'il était plus jeune. Artiste... Oui gobelin semblait vraiment mériter ce titre à bien des égards. Il forçait le respect, quand bien même que la plupart ne pourraient supporter le faciès de cet être. Son regard se portait alors sur la sculpture de l'oiseau avec un intérêt à peine dissimulé. Même sans avoir l'objet dans ses mains, il pouvait ressentir le travail fournit derrière et surtout, cet amour. Peut-être manquait-il de précision dans le bois, il n'était pas un expert dans le domaine pour s'en rendre totalement compte. Et pour tout avouer, peu lui importait actuellement.
Alors qu'il l'amenait toujours en direction de la fameuse taverne, Adam se promettait de demander à l'homme de lui montrer d'autres de ses créations et pourquoi pas, en acheter pour ses parents. Il ne s'arrêtait de marcher qu'une fois sur le pas de la porte et se tournant vers le gobelin, le rouquin lui répondait avec sincérité.
Je dirais que voyager à travers le Continent Blanc serait vraiment exceptionnel. Malheureusement, bien que les tensions se soient atténuées avec les siècles, elles persistent toujours. Qui sait, peut-être dans un climat de paix. Nous y voilà.
Il faisait signe au mercenaire de pénétrer dans le bâtiment, le suivant de prêt. Beaucoup étaient ceux qui les observaient de manière bizarre et pourtant, le scribe ne s'en souciait guère. Il ne souhaitait qu'une chose à l'instant t, pouvoir continuer à discuter avec cet homme.
Prenais ce que vous voulez.
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
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I'M A LUXURY FEW CAN AFFORD // PV : ADAM // - 5 (FB)
Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
Ses yeux verts suivent la trace du scribe. Avec malice, il glisse ses pieds dans les siens, suivant ses empreintes au rythme de ses pas. Si Adam s’arrête, le mercenaire s’immobilise, puis après quelques mètres, il se glisse à ses côtés. Trèves de jeux ! C’est avec sérieux qu’il avance, la lance reposée sur son épaule, sa main libre joue avec l’une de ses mèches de cheveux. Il l’entoure autour de son index, gazouille un peu en fouillant dans son sac, récupérant la belle poudre de nuit qu’il détaille.
L’obscurité semée d’étoiles, qui scintillent paisiblement sous ses prunelles. Gobelin y glisse son index, laisse la teinture, s’imprégner sur sa peau, il l’élève jusqu’à leurs yeux et sourit, face aux reflets irisés.
_ C’est une bien jolie poudre de nuit. Que lira-t-on, quand Gobelin l’appliquera sur les paupières ? Quelle destinée se dessinera au travers de ces constellations ? Prophète, devin, oracle et astronome, que liront-ils, le long de ces lignes ? Il y a toujours au bout de la nuit l’aube d’un nouveau jour, l’espoir d’une vie meilleure. Où peut-être, le scribe découvrira les terres si fertiles de l’Empire ou les neiges éternelles du Domaine ! Il y a tant de choses à voir, à apprendre et connaître, des gens et des terres. Jeune Scribe, peut-être qu’un jour, vous accompagnerez quelques Nobles qui souhaiteraient que votre plume retrace son voyage ? Si tel est le cas, et que protection vous recherchez, faîtes appel à Gobelin ! Vous n’aurez rien à craindre, ni les bandits, ni l’ennui !
Gobelin rit et glisse son index sur ses paupières. Y déposant, une traînée sombre, ses yeux verts luisent sous la pénombre et son sourcil s’étire.
_ Gobelin pourrait vous faire voyager au travers de ses récits. Vous raconter les longues journées de marche au travers des forêts épaisses de Mori, les plaines verdoyantes de Chen, les récifs longeant Saki et les hauts sommets de Cheol. Mais ! Assez parlé de l’Empire ! Gobelin veut tout connaître de votre Royaume ! Avez-vous des légendes à conter ? Des endroits à visiter ? Ou d’autres choses à goûter !
Gobelin passe devant Adam, virevolte et lui adresse un sourire. Les lèvres s’étirent, dévoilant les dents, un éclat de rire, figé comme un éclat de verre, planté en travers de son faciès. Le rictus tordu d’un rire étranglé, qui ébranle son larynx et racle contre son palais, le son est guttural, puis se tait d’un soupir. L’expression se fait d’une langueur reptilienne, les lourdes paupières s’abattent sur les pupilles d’un vert luisant, les yeux tiennent captifs, ceux de son interlocuteur.
_ Scribe, ton cœur est bon et ta tête, emplie de connaissances. Que donnerait Gobelin, pour se repaître de ces savoirs interdits, pour se nourrir de tes histoires et de tes récits ? Il est suspendu à tes lèvres, son cœur est sec, aride, il n’attend que la pluie de tes mots, pour s’abreuver. Scribe, que tes connaissances mènent Gobelin à la lumière, que ton verve, lui permette d’effleurer la clarté solaire, l’iridescence, l’incandescence, de l’astre qu’est ce Royaume ! Car le Soleil a tant de fois brûlé sa peau si claire, ses yeux si faibles, son corps si frêle. L’écrasante puissance de l’astre ardent, du sable qui gratte et irrite et de ces cœurs endurcis par les sécheresses, ont longtemps privé Gobelin de savoir ! Il veut connaître le Royaume, au travers de tes yeux, y trouver la beauté et toutes ces bonnes choses, qui font qu’il est plaisant d’y vivre !
Gobelin grimace.
_ Car Gobelin doit avouer, qu’entre la longue marche pénible qui a usé ses pieds et ces imbéciles qui ont souillé sa peau de fruits jetés, il ignore où trouver la richesse ou les joyaux qu’on lui a tant vantés. Enfin !
Gobelin lève un index.
_ Gobelin, ta langue est parfois plus intrépide, apprends à la tenir ! Car il y a eu, deux trésors aujourd’hui, la jolie poudre de nuit et lui, lui, le Scribe ! Car il arrive parfois, que les hommes de lettres aient le courage des guerriers, que leur plume soit leur épée et leur langue, leur bouclier ! Le Scribe a agi avec un courage et une bonté que Gobelin contera aux enfants le soir, lorsqu’ils peineront à s’endormir. Il leur dira, gardez espoir, car l’on trouve au détour d’une rue, au coin d’un sourire, l’humanité et la compassion, la bienveillance et la protection. Il dira à ces orphelins, que malgré toutes les guerres qu’ils ont et auront à affronter, il y aura toujours quelque part, du courage, de la gentillesse et de l’affection. Des raisons pour lesquelles se battre.
Gobelin dresse fièrement la poudre qu’il agite, comme un ivrogne balance sa bouteille, le visage éclairé d’un rictus victorieux.
_ C’est ce que les oracles liront, dans cette poudre de nuit ! C’est ce que les étoiles sur ses paupières prédisent. L’espoir. L’espoir est bien l’une des seules choses qui tiennent bien des êtres en vie.
Son bras retombe, son sourire se fait ricanement et Gobelin bondit de quelques pas, jusqu’au comptoir, pour s’exclamer vaillamment.
_ Donnez du Shedeh au Gobelin ! Une bonne pinte ! Il y a tant de choses à découvrir sur ces terres baignées de soleil !
Et sa joie est si palpable, que certain.es habitué.es laissent échapper un rire, lèvent leur choppe pour le saluer, Gobelin répond d’un rire. Et lorsqu’il récupère son verre, Gobelin s’installe près d’Adam, accroupi à même le sol près d’une table basse, il reprend.
_ Les histoires ? Gobelin veut une belle histoire ! Qui se finit bien !
Il caquète, comme un enfant impatient.
L’obscurité semée d’étoiles, qui scintillent paisiblement sous ses prunelles. Gobelin y glisse son index, laisse la teinture, s’imprégner sur sa peau, il l’élève jusqu’à leurs yeux et sourit, face aux reflets irisés.
_ C’est une bien jolie poudre de nuit. Que lira-t-on, quand Gobelin l’appliquera sur les paupières ? Quelle destinée se dessinera au travers de ces constellations ? Prophète, devin, oracle et astronome, que liront-ils, le long de ces lignes ? Il y a toujours au bout de la nuit l’aube d’un nouveau jour, l’espoir d’une vie meilleure. Où peut-être, le scribe découvrira les terres si fertiles de l’Empire ou les neiges éternelles du Domaine ! Il y a tant de choses à voir, à apprendre et connaître, des gens et des terres. Jeune Scribe, peut-être qu’un jour, vous accompagnerez quelques Nobles qui souhaiteraient que votre plume retrace son voyage ? Si tel est le cas, et que protection vous recherchez, faîtes appel à Gobelin ! Vous n’aurez rien à craindre, ni les bandits, ni l’ennui !
Gobelin rit et glisse son index sur ses paupières. Y déposant, une traînée sombre, ses yeux verts luisent sous la pénombre et son sourcil s’étire.
_ Gobelin pourrait vous faire voyager au travers de ses récits. Vous raconter les longues journées de marche au travers des forêts épaisses de Mori, les plaines verdoyantes de Chen, les récifs longeant Saki et les hauts sommets de Cheol. Mais ! Assez parlé de l’Empire ! Gobelin veut tout connaître de votre Royaume ! Avez-vous des légendes à conter ? Des endroits à visiter ? Ou d’autres choses à goûter !
Gobelin passe devant Adam, virevolte et lui adresse un sourire. Les lèvres s’étirent, dévoilant les dents, un éclat de rire, figé comme un éclat de verre, planté en travers de son faciès. Le rictus tordu d’un rire étranglé, qui ébranle son larynx et racle contre son palais, le son est guttural, puis se tait d’un soupir. L’expression se fait d’une langueur reptilienne, les lourdes paupières s’abattent sur les pupilles d’un vert luisant, les yeux tiennent captifs, ceux de son interlocuteur.
_ Scribe, ton cœur est bon et ta tête, emplie de connaissances. Que donnerait Gobelin, pour se repaître de ces savoirs interdits, pour se nourrir de tes histoires et de tes récits ? Il est suspendu à tes lèvres, son cœur est sec, aride, il n’attend que la pluie de tes mots, pour s’abreuver. Scribe, que tes connaissances mènent Gobelin à la lumière, que ton verve, lui permette d’effleurer la clarté solaire, l’iridescence, l’incandescence, de l’astre qu’est ce Royaume ! Car le Soleil a tant de fois brûlé sa peau si claire, ses yeux si faibles, son corps si frêle. L’écrasante puissance de l’astre ardent, du sable qui gratte et irrite et de ces cœurs endurcis par les sécheresses, ont longtemps privé Gobelin de savoir ! Il veut connaître le Royaume, au travers de tes yeux, y trouver la beauté et toutes ces bonnes choses, qui font qu’il est plaisant d’y vivre !
Gobelin grimace.
_ Car Gobelin doit avouer, qu’entre la longue marche pénible qui a usé ses pieds et ces imbéciles qui ont souillé sa peau de fruits jetés, il ignore où trouver la richesse ou les joyaux qu’on lui a tant vantés. Enfin !
Gobelin lève un index.
_ Gobelin, ta langue est parfois plus intrépide, apprends à la tenir ! Car il y a eu, deux trésors aujourd’hui, la jolie poudre de nuit et lui, lui, le Scribe ! Car il arrive parfois, que les hommes de lettres aient le courage des guerriers, que leur plume soit leur épée et leur langue, leur bouclier ! Le Scribe a agi avec un courage et une bonté que Gobelin contera aux enfants le soir, lorsqu’ils peineront à s’endormir. Il leur dira, gardez espoir, car l’on trouve au détour d’une rue, au coin d’un sourire, l’humanité et la compassion, la bienveillance et la protection. Il dira à ces orphelins, que malgré toutes les guerres qu’ils ont et auront à affronter, il y aura toujours quelque part, du courage, de la gentillesse et de l’affection. Des raisons pour lesquelles se battre.
Gobelin dresse fièrement la poudre qu’il agite, comme un ivrogne balance sa bouteille, le visage éclairé d’un rictus victorieux.
_ C’est ce que les oracles liront, dans cette poudre de nuit ! C’est ce que les étoiles sur ses paupières prédisent. L’espoir. L’espoir est bien l’une des seules choses qui tiennent bien des êtres en vie.
Son bras retombe, son sourire se fait ricanement et Gobelin bondit de quelques pas, jusqu’au comptoir, pour s’exclamer vaillamment.
_ Donnez du Shedeh au Gobelin ! Une bonne pinte ! Il y a tant de choses à découvrir sur ces terres baignées de soleil !
Et sa joie est si palpable, que certain.es habitué.es laissent échapper un rire, lèvent leur choppe pour le saluer, Gobelin répond d’un rire. Et lorsqu’il récupère son verre, Gobelin s’installe près d’Adam, accroupi à même le sol près d’une table basse, il reprend.
_ Les histoires ? Gobelin veut une belle histoire ! Qui se finit bien !
Il caquète, comme un enfant impatient.
I'm a luxury few can afford
Lorsque le Gobelin s'immobilisait de nouveau, il se mettait alors à farfouiller dans son sac en toile. Intriguait, Adam posait alors son regard sur le mercenaire et pu découvrir un nouveau maquillage. Il ne s'agissait pas là d'un noir mat, mais brillant comme si elle avait été directement confectionnée avec les étoiles. En seulement un simple regard, le scribe pouvait attester de la bonne qualité de cette dite poudre de nuit. Une teinte qu'il s'imaginait que trop bien sur le pharaon lui-même. Sur les traits de l'homme lui faisant face, cela ne ferait qu'accentuer davantage sa peau déjà pâle. Pour autant, il s'agissait d'une couleur s'adaptant à merveille à l'émeraude de ses yeux et sa longue chevelure.
Si tel est le cas, et que protection vous recherchez, faîtes appel à Gobelin ! Vous n’aurez rien à craindre, ni les bandits, ni l’ennui !
Les mots glissaient jusque dans son cœur. En quelques minutes, Adam venait de rencontrer un homme atypique. Cet être qui lui proposait même de l'accompagner s'il décidait de partir à l'aventure. Un sentiment ne cessant de s'accroître en sa compagnie. D'une certaine manière, le rouquin espérait que sur un coup de tête le duo se mettrait en route vers les contrées verdoyantes de l'Empire. Fort heureusement, le mercenaire décidait de dévier la conversation sur le Royaume et de le questionner sur des légendes potentielles ou endroits à visiter. Pour le fils Helvar, cela lui faisait plaisir que de voir autant d'engouement que de curiosité dans sa voix. Si le Domaine de North Odin ou encore les Terres de Babel regorgeaient de lieux fascinants, la zone au sable chaud n'étaient pas en reste. Aussitôt, venait l'envie à Adam d'évoquer un pan historique du Royaume. Lorsqu'il n'existait encore que trois nations seulement. Un récit qui lui venait de son père qui le tenait lui-même de ses ancêtres. Mais il était préférable d'attendre d'être confortablement installé avant de jouer le conteur.
Venait alors un long monologue pour l'homme à la chevelure d'ébène durant lequel Adam l'écoutait attentivement sans l'interrompre une seule seconde. Bien que faisant partie de ces gens humbles, les paroles du gobelin flattaient son ego. Et s'il était conscient de ses connaissances, l'homme face à lui n'était pas en reste. Chez le rouquin, il avait principalement acquis cela par d'autres écris, le savoir des générations antérieures... Sans voir tout cela de ses propres yeux. Gobelin quant à lui avait voyagé, vu le monde par lui-même, et même agir de lui-même dessus pour écrire l'histoire. Ses joues prenaient une jolie teinte rosée, alors qu'il s'adressait au mercenaire.
Je vous remercie sincèrement. C'est un honneur de faire partie de votre prochain conte, alors que je n'ai fait que ce que je pensais juste.
Inconsciemment, il venait se gratter la joue visiblement peu habitué à de tels compliments. Une raison pour laquelle se battre... Peut-être qu'en le rencontrant bien plus tôt, alors que le scribe avait été dans un profond malaise, gobelin l'aurait aidé. Cet être qui pouvait être comparable à un solide pilier, bravant le temps et les saisons.
Vous avez un cœur bon et fort. Votre rencontre et vos paroles me touchent sincèrement. Vous êtes très certainement cette force aussi qui pousse les gens à se relever. Cette lumière dans ce monde incertain.
Oui l'espoir, voilà ce que c'était. Si Adam s'était confortablement installé après avoir commandé sa boisson, il arquait un sourcil en voyant l'autre s'accroupir à ses côtés. Aussitôt, le rouquin aurait voulu lui sommer de prendre place correctement. Et pourtant, est-ce que cela changerai quelque chose à part ne pas avoir des regards se portant sur eux ? Portant sa main à son menton, le scribe réfléchit à ce qu'il pourrait raconter.
Il y a longtemps, alors même que les Terres de Babel n'existaient pas, on raconte que le Royaume du Pharaon était ébranlé par des mouvements. Si cela, c'était tassé un moment, avec la prise de pouvoir du nouveau dirigeant, les tensions ont éclaté pour son plus grand malheur. Lui, qui rêvait déjà d'une paix durable, ne savait pas vraiment de comment arranger la situation. Son prédécesseur avait enchaîné ces gens, lui souhaitait les libérer. Il pouvait compter sur un ami d'enfance, un solide et honnête lien les unissaient. Ensemble, ils ont œuvré pour soulager ce peuple mécontent et leur offrir la liberté tant désirée.
Même si l'histoire avait principalement marqué les esprits par les conflits entre les nations, tout n'avait pas été si noir et sanglant.
Vouloir faire une chose est louable, mais il est important d'être accompagné par des proches et ne pas chercher à tout endosser.
Si tel est le cas, et que protection vous recherchez, faîtes appel à Gobelin ! Vous n’aurez rien à craindre, ni les bandits, ni l’ennui !
Les mots glissaient jusque dans son cœur. En quelques minutes, Adam venait de rencontrer un homme atypique. Cet être qui lui proposait même de l'accompagner s'il décidait de partir à l'aventure. Un sentiment ne cessant de s'accroître en sa compagnie. D'une certaine manière, le rouquin espérait que sur un coup de tête le duo se mettrait en route vers les contrées verdoyantes de l'Empire. Fort heureusement, le mercenaire décidait de dévier la conversation sur le Royaume et de le questionner sur des légendes potentielles ou endroits à visiter. Pour le fils Helvar, cela lui faisait plaisir que de voir autant d'engouement que de curiosité dans sa voix. Si le Domaine de North Odin ou encore les Terres de Babel regorgeaient de lieux fascinants, la zone au sable chaud n'étaient pas en reste. Aussitôt, venait l'envie à Adam d'évoquer un pan historique du Royaume. Lorsqu'il n'existait encore que trois nations seulement. Un récit qui lui venait de son père qui le tenait lui-même de ses ancêtres. Mais il était préférable d'attendre d'être confortablement installé avant de jouer le conteur.
Venait alors un long monologue pour l'homme à la chevelure d'ébène durant lequel Adam l'écoutait attentivement sans l'interrompre une seule seconde. Bien que faisant partie de ces gens humbles, les paroles du gobelin flattaient son ego. Et s'il était conscient de ses connaissances, l'homme face à lui n'était pas en reste. Chez le rouquin, il avait principalement acquis cela par d'autres écris, le savoir des générations antérieures... Sans voir tout cela de ses propres yeux. Gobelin quant à lui avait voyagé, vu le monde par lui-même, et même agir de lui-même dessus pour écrire l'histoire. Ses joues prenaient une jolie teinte rosée, alors qu'il s'adressait au mercenaire.
Je vous remercie sincèrement. C'est un honneur de faire partie de votre prochain conte, alors que je n'ai fait que ce que je pensais juste.
Inconsciemment, il venait se gratter la joue visiblement peu habitué à de tels compliments. Une raison pour laquelle se battre... Peut-être qu'en le rencontrant bien plus tôt, alors que le scribe avait été dans un profond malaise, gobelin l'aurait aidé. Cet être qui pouvait être comparable à un solide pilier, bravant le temps et les saisons.
Vous avez un cœur bon et fort. Votre rencontre et vos paroles me touchent sincèrement. Vous êtes très certainement cette force aussi qui pousse les gens à se relever. Cette lumière dans ce monde incertain.
Oui l'espoir, voilà ce que c'était. Si Adam s'était confortablement installé après avoir commandé sa boisson, il arquait un sourcil en voyant l'autre s'accroupir à ses côtés. Aussitôt, le rouquin aurait voulu lui sommer de prendre place correctement. Et pourtant, est-ce que cela changerai quelque chose à part ne pas avoir des regards se portant sur eux ? Portant sa main à son menton, le scribe réfléchit à ce qu'il pourrait raconter.
Il y a longtemps, alors même que les Terres de Babel n'existaient pas, on raconte que le Royaume du Pharaon était ébranlé par des mouvements. Si cela, c'était tassé un moment, avec la prise de pouvoir du nouveau dirigeant, les tensions ont éclaté pour son plus grand malheur. Lui, qui rêvait déjà d'une paix durable, ne savait pas vraiment de comment arranger la situation. Son prédécesseur avait enchaîné ces gens, lui souhaitait les libérer. Il pouvait compter sur un ami d'enfance, un solide et honnête lien les unissaient. Ensemble, ils ont œuvré pour soulager ce peuple mécontent et leur offrir la liberté tant désirée.
Même si l'histoire avait principalement marqué les esprits par les conflits entre les nations, tout n'avait pas été si noir et sanglant.
Vouloir faire une chose est louable, mais il est important d'être accompagné par des proches et ne pas chercher à tout endosser.
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
Gobelin sourit.
Un sourire qui, pourtant, est comme un hématome que l'on dissimule sous un vêtement. Ses paupières s'alourdissent et ses yeux s'obscurcissent, l'homme se devine sous le masque, celle d'un être usé. Les merveilles ne suffisent pas toujours à effacer les horreurs qu'il a rencontrées. Et ces cauchemars sont tous issus de l'humanité.
Les larmes qu'il a versées autrefois, continuent parfois à couler. Au souvenir, de ces personnes qu'il n'a pas pu sauver, des victimes qu'il a vainement tenté de soigner, mais parfois, les pansements et la bonne volonté, ses grimaces et ses sourires, ne suffisent pas à tout guérir. Il pense, à toutes ces victimes d'injustice, qu'il continue à y avoir.
Tous ces combats qu'il serait nécessaire de mener, tous ces efforts qui ne seront pas toujours récompensés, car Zeng Min sait qu'au fond de l'humanité, s'allient des volontés si opposées. Celles de dominer, de posséder, de diriger, de protéger, d'aimer.
_ Il n'est pas toujours simple d'être juste. Plus encore dans ce monde. Nous naissons différents, toustes uniques, par nos physiques, nos caractères et nos vécus. Et pour garantir l'ordre, un système hiérarchique s'impose, un système qui n'efface pas les différences et qui parfois, accentue les injustices.
Songe Gobelin à voix haute.
_ Mais aujourd'hui, ton intervention fut plus que bénéfique. Et Gobelin s'est senti l'égal de 3 hommes, égal, bien qu'il ne soit pas même de cette terre. N'oubliez jamais d'apprécier les différences. C'est une qualité rare et précieuse. Si d'autres étaient comme toi, oh… De nombreux malheurs seraient probablement évincés.
Gobelin gratte sa joue.
Et les compliments de l'homme ne le laissent pas indifférent. Etonné, Gobelin redresse la tête. Ses yeux s'écarquillent, s'ouvrent plus grands encore, sa bouche se fait fine, s'entrouvre, laisse apercevoir le commencement des dents aiguisées. Contraction du larynx, borborygme étouffé, Gobelin se penche, se penche jusqu'à presque recouvrir la table, de son long torse, de ses mains aux longs ongles. Les griffes se referment sur le bois, alors qu'il bascule la tête sur le côté, jusqu'à ce qu'un réflexe reptilien le fasse soudainement reculer.
Redressant le torse et les épaules, Gobelin glisse langoureusement ses mains dans ses cheveux. Les tire en arrière, alors qu'il dresse la tête en fermant les yeux, comme un bain de soleil, il laisse tous ces mots, glisser sur sa peau, s'imprégner dans sa chair, son coeur, se gorger de lumière.
Et un pouffement d'extase, d'indolence paisible, franchit ses lèvres. Ses paupières s'entrouvrent et un sourire plus suave étire ses lèvres fines, Gobelin bat des paupières. Avec une langueur vipérine, sa langue émerge et se rétracte, dans un claquement satisfait.
_ Une lumière… Quel compliment ! Pour un Gobelin issu des ombres et de la poussière… Il n'y a rien de plus beau, qu'être comparé à une lumière. Il est vrai que le nom de notre groupe vient de la volonté de cette lumière qui brille même au sein de la plus profonde obscurité, un peu d'humanité, au sein de la pire monstruosité. Et le vert… Est la couleur du printemps qui s'éveille. De la nature, qui s'épanouit. Symbole de vie et d'espoir.
Les Lanternes Vertes. Ce nom n'a pas été choisi au hasard. Et Gobelin sourit, à l'idée que le Scribe ait deviné le vrai message, derrière ces quelques mots.
Finalement, quand l'homme raconte son histoire, Gobelin s'assied correctement. Habituellement narrateur, il apprécie écouter à son tour. Attentif, ses yeux se fixent sur ceux d'Adam et cillent à peine. Son verre entre ses longues mains, il l'approche de ses lèvres, pour en boire quelques gorgées.
_ Enchaîné ?! Comment les avait-il enchaînés ? Et comment ont-ils fait ensemble pour les libérer ? Quels obstacles ont-ils rencontrés ?
La morale semble le faire réfléchir. Les yeux levés vers le ciel puis rabaissés vers son verre, ses prunelles incisives viennent sournoisement glisser vers Adam alors qu'il minaude malicieusement.
_ As tu des allié.es avec qui partager tes fardeaux ou tes responsabilités ? Gobelin, en a toute une panoplie. Les Lanternes, sont une vingtaine de personnes, toustes différent.es, par leurs physiques, leurs origines ou leurs capacités. Toustes uni.es derrière une cause.
Il lève l'index. Et son sourire, devient rictus victorieux.
_ Servir Gobelin !
Il éclate de rire puis remue la main.
_ Non, non, c'est une très mauvaise plaisanterie Gobelin, comme si tu étais Roi ou Empereur, non, tu n'es que toi, et celleux qui t'accompagnent, ont simplement le désir de le faire. Certain.es ne sont intéressé.es que par l'argent, la gloire, les combats ou encore les voyages, mais Gobelin était curieux de découvrir le monde. Pas seulement les paysages, mais aussi, les gens qui l'habitent.
Le sourire de Gobelin se fait étrangement menaçant et animal, les babines dévoilant les dents et les yeux plissés, les yeux luisants.
_ Gobelin est heureux de fonder sa famille. Et de vivre, chaque moment de sa vie, à leurs cotés. Ces gens, sont toustes là de leur plein gré et supportent facéties, malices, grimaces et moments plus sombres, c'est tout ce qui compte. Gobelin a la chance de ne pas être seul, et comme l'explique votre histoire, cela semble nécessaire d'être bien entouré ! Et toi ?
Son regard se fait plus incisif et son sourire s’affaiblit. Sa tête s’incline légèrement et sa voix murmure.
_ Tu l’es ?
Un sourire qui, pourtant, est comme un hématome que l'on dissimule sous un vêtement. Ses paupières s'alourdissent et ses yeux s'obscurcissent, l'homme se devine sous le masque, celle d'un être usé. Les merveilles ne suffisent pas toujours à effacer les horreurs qu'il a rencontrées. Et ces cauchemars sont tous issus de l'humanité.
Les larmes qu'il a versées autrefois, continuent parfois à couler. Au souvenir, de ces personnes qu'il n'a pas pu sauver, des victimes qu'il a vainement tenté de soigner, mais parfois, les pansements et la bonne volonté, ses grimaces et ses sourires, ne suffisent pas à tout guérir. Il pense, à toutes ces victimes d'injustice, qu'il continue à y avoir.
Tous ces combats qu'il serait nécessaire de mener, tous ces efforts qui ne seront pas toujours récompensés, car Zeng Min sait qu'au fond de l'humanité, s'allient des volontés si opposées. Celles de dominer, de posséder, de diriger, de protéger, d'aimer.
_ Il n'est pas toujours simple d'être juste. Plus encore dans ce monde. Nous naissons différents, toustes uniques, par nos physiques, nos caractères et nos vécus. Et pour garantir l'ordre, un système hiérarchique s'impose, un système qui n'efface pas les différences et qui parfois, accentue les injustices.
Songe Gobelin à voix haute.
_ Mais aujourd'hui, ton intervention fut plus que bénéfique. Et Gobelin s'est senti l'égal de 3 hommes, égal, bien qu'il ne soit pas même de cette terre. N'oubliez jamais d'apprécier les différences. C'est une qualité rare et précieuse. Si d'autres étaient comme toi, oh… De nombreux malheurs seraient probablement évincés.
Gobelin gratte sa joue.
Et les compliments de l'homme ne le laissent pas indifférent. Etonné, Gobelin redresse la tête. Ses yeux s'écarquillent, s'ouvrent plus grands encore, sa bouche se fait fine, s'entrouvre, laisse apercevoir le commencement des dents aiguisées. Contraction du larynx, borborygme étouffé, Gobelin se penche, se penche jusqu'à presque recouvrir la table, de son long torse, de ses mains aux longs ongles. Les griffes se referment sur le bois, alors qu'il bascule la tête sur le côté, jusqu'à ce qu'un réflexe reptilien le fasse soudainement reculer.
Redressant le torse et les épaules, Gobelin glisse langoureusement ses mains dans ses cheveux. Les tire en arrière, alors qu'il dresse la tête en fermant les yeux, comme un bain de soleil, il laisse tous ces mots, glisser sur sa peau, s'imprégner dans sa chair, son coeur, se gorger de lumière.
Et un pouffement d'extase, d'indolence paisible, franchit ses lèvres. Ses paupières s'entrouvrent et un sourire plus suave étire ses lèvres fines, Gobelin bat des paupières. Avec une langueur vipérine, sa langue émerge et se rétracte, dans un claquement satisfait.
_ Une lumière… Quel compliment ! Pour un Gobelin issu des ombres et de la poussière… Il n'y a rien de plus beau, qu'être comparé à une lumière. Il est vrai que le nom de notre groupe vient de la volonté de cette lumière qui brille même au sein de la plus profonde obscurité, un peu d'humanité, au sein de la pire monstruosité. Et le vert… Est la couleur du printemps qui s'éveille. De la nature, qui s'épanouit. Symbole de vie et d'espoir.
Les Lanternes Vertes. Ce nom n'a pas été choisi au hasard. Et Gobelin sourit, à l'idée que le Scribe ait deviné le vrai message, derrière ces quelques mots.
Finalement, quand l'homme raconte son histoire, Gobelin s'assied correctement. Habituellement narrateur, il apprécie écouter à son tour. Attentif, ses yeux se fixent sur ceux d'Adam et cillent à peine. Son verre entre ses longues mains, il l'approche de ses lèvres, pour en boire quelques gorgées.
_ Enchaîné ?! Comment les avait-il enchaînés ? Et comment ont-ils fait ensemble pour les libérer ? Quels obstacles ont-ils rencontrés ?
La morale semble le faire réfléchir. Les yeux levés vers le ciel puis rabaissés vers son verre, ses prunelles incisives viennent sournoisement glisser vers Adam alors qu'il minaude malicieusement.
_ As tu des allié.es avec qui partager tes fardeaux ou tes responsabilités ? Gobelin, en a toute une panoplie. Les Lanternes, sont une vingtaine de personnes, toustes différent.es, par leurs physiques, leurs origines ou leurs capacités. Toustes uni.es derrière une cause.
Il lève l'index. Et son sourire, devient rictus victorieux.
_ Servir Gobelin !
Il éclate de rire puis remue la main.
_ Non, non, c'est une très mauvaise plaisanterie Gobelin, comme si tu étais Roi ou Empereur, non, tu n'es que toi, et celleux qui t'accompagnent, ont simplement le désir de le faire. Certain.es ne sont intéressé.es que par l'argent, la gloire, les combats ou encore les voyages, mais Gobelin était curieux de découvrir le monde. Pas seulement les paysages, mais aussi, les gens qui l'habitent.
Le sourire de Gobelin se fait étrangement menaçant et animal, les babines dévoilant les dents et les yeux plissés, les yeux luisants.
_ Gobelin est heureux de fonder sa famille. Et de vivre, chaque moment de sa vie, à leurs cotés. Ces gens, sont toustes là de leur plein gré et supportent facéties, malices, grimaces et moments plus sombres, c'est tout ce qui compte. Gobelin a la chance de ne pas être seul, et comme l'explique votre histoire, cela semble nécessaire d'être bien entouré ! Et toi ?
Son regard se fait plus incisif et son sourire s’affaiblit. Sa tête s’incline légèrement et sa voix murmure.
_ Tu l’es ?
I'm a luxury few can afford
Oui, s'il existait des gens comme lui, le monde ne s'en serait porté que mieux. Du moins, c'était ce que certains pouvaient espérer sans vraiment savoir si cela arriverait. Mais il fallait se rendre à l'évidence, l'avidité d'un homme finissait toujours par vaincre. L'histoire jusqu'à présent en était la preuve vivante. Peut-être qu'il était maintenant temps de changer, de s'affirmer.
Son regard observait le changement d'émotion du gobelin. Oui, il n'avait pas eu tort en disant que cet homme à la chevelure de jais était semblable à la lumière. En le comparant ainsi, il venait très certainement de lui faire le plus beau des compliments. Sourire déjà figé sur la commissure de ses lèvres, s'élargissait davantage lorsque le mercenaire évoquait les origines des lanternes vertes. Il était idiot - le mot n'était pas assez fort - que de vouloir s'arrêter qu'au physique de celui qui lui faisait face. Pour tout avouer, Adam serait même d'avis qu'il ferait un très bon conseiller pour un souverain. Ses paroles étaient justes à ses yeux. Il aurait pu s'arrêter à cela, et pourtant, le gobelin lui évoquait aussi une partie des atrocités qu'il aurait pu voir dans sa vie. Pas de filtre, juste une vérité. Une véritable bouffée d'air pur. Peut-être qu'avec lui, la vie et l'espoir étaient véritablement à portée de main. Le scribe aimait croire à cette poignée de femmes et d'hommes capables d'offrir un avenir radieux.
C'était au tour d'Adam de raconter une histoire. Si au début, il avait hésité, voir l'enfant curieux dans un corps d'adulte, le ravissait.
_ Enchaîné ?! Comment les avait-il enchaînés ? Et comment ont-ils fait ensemble pour les libérer ? Quels obstacles ont-ils rencontrés ?
Il lui offrait un regard empli de tristesse l'espace de quelques secondes.
Des mouvements sont apparus aux quatre coins du Continent Blanc à l'époque. Des habitants qui faisaient valoir leur mécontentement et désir de liberté. Dans le Royaume, il semblerait que nombreuses personnes eussent disparu mystérieusement. Si personne à ce moment-là n'avait jamais réellement fait part de ces pensées, on pourrait maintenant avouer sans crainte que le Pharaon avait été responsable de cela. Sans les commanditeurs, le mouvement n'avait plus lieu d'être n'est-ce pas ?
Oui, de force, le peuple avait été réduit au silence. Un acte qui s'était fait sur des années et sous la régence de plusieurs souverains. Jusqu'à ce qu'Astophes Ier monte sur le trône.
Difficile de savoir réellement ce que les habitants ont pu rencontrer comme obstacles, mais certainement rien de bien heureux. Pourquoi chercher à écouter son peuple quitte à ébranler son territoire, lorsqu'il est possible de frapper fort pour que tout cela ne soit pas considéré comme une conspiration à l'égard d'un souverain suprême ?
Des mots prononçaient à voix basse que seul gobelin pouvaient entendre. Adam savait réfléchir, se faire une idée sur un sujet en particulier. Néanmoins, en parler ouvertement sans avoir peur de se faire traîner dans la boue, considérée comme un traître à l'égard de son pays natal, c'était une autre paire de manche. Le scribe sursautait légèrement à la question du mercenaire.
Si je suis bien entouré ? Je --
Sa gorge se serrait, incapable d'en dire davantage. Ce n'était qu'au bout de quelques minutes et un profond soupir, qu'il reprenait.
Je ne sais pas. J'ai ma famille, des amis. Je ne suis pas seul... Alors pourquoi je ne me sens pas à l'aise ici ?
Une question à laquelle il n'attendait pas de réponse. Il fallait bien que le rouquin avoue se sentir envieux de ce gobelin. Pour calmer l'angoisse grandissante dans son cœur, Adam prenait son verre et y plongeait ses lèvres. Le liquide glissa alors avec plaisir dans sa gorge.
Qu'est-ce qui vous a poussé à créer les Lanternes Vertes ?
Son regard observait le changement d'émotion du gobelin. Oui, il n'avait pas eu tort en disant que cet homme à la chevelure de jais était semblable à la lumière. En le comparant ainsi, il venait très certainement de lui faire le plus beau des compliments. Sourire déjà figé sur la commissure de ses lèvres, s'élargissait davantage lorsque le mercenaire évoquait les origines des lanternes vertes. Il était idiot - le mot n'était pas assez fort - que de vouloir s'arrêter qu'au physique de celui qui lui faisait face. Pour tout avouer, Adam serait même d'avis qu'il ferait un très bon conseiller pour un souverain. Ses paroles étaient justes à ses yeux. Il aurait pu s'arrêter à cela, et pourtant, le gobelin lui évoquait aussi une partie des atrocités qu'il aurait pu voir dans sa vie. Pas de filtre, juste une vérité. Une véritable bouffée d'air pur. Peut-être qu'avec lui, la vie et l'espoir étaient véritablement à portée de main. Le scribe aimait croire à cette poignée de femmes et d'hommes capables d'offrir un avenir radieux.
C'était au tour d'Adam de raconter une histoire. Si au début, il avait hésité, voir l'enfant curieux dans un corps d'adulte, le ravissait.
_ Enchaîné ?! Comment les avait-il enchaînés ? Et comment ont-ils fait ensemble pour les libérer ? Quels obstacles ont-ils rencontrés ?
Il lui offrait un regard empli de tristesse l'espace de quelques secondes.
Des mouvements sont apparus aux quatre coins du Continent Blanc à l'époque. Des habitants qui faisaient valoir leur mécontentement et désir de liberté. Dans le Royaume, il semblerait que nombreuses personnes eussent disparu mystérieusement. Si personne à ce moment-là n'avait jamais réellement fait part de ces pensées, on pourrait maintenant avouer sans crainte que le Pharaon avait été responsable de cela. Sans les commanditeurs, le mouvement n'avait plus lieu d'être n'est-ce pas ?
Oui, de force, le peuple avait été réduit au silence. Un acte qui s'était fait sur des années et sous la régence de plusieurs souverains. Jusqu'à ce qu'Astophes Ier monte sur le trône.
Difficile de savoir réellement ce que les habitants ont pu rencontrer comme obstacles, mais certainement rien de bien heureux. Pourquoi chercher à écouter son peuple quitte à ébranler son territoire, lorsqu'il est possible de frapper fort pour que tout cela ne soit pas considéré comme une conspiration à l'égard d'un souverain suprême ?
Des mots prononçaient à voix basse que seul gobelin pouvaient entendre. Adam savait réfléchir, se faire une idée sur un sujet en particulier. Néanmoins, en parler ouvertement sans avoir peur de se faire traîner dans la boue, considérée comme un traître à l'égard de son pays natal, c'était une autre paire de manche. Le scribe sursautait légèrement à la question du mercenaire.
Si je suis bien entouré ? Je --
Sa gorge se serrait, incapable d'en dire davantage. Ce n'était qu'au bout de quelques minutes et un profond soupir, qu'il reprenait.
Je ne sais pas. J'ai ma famille, des amis. Je ne suis pas seul... Alors pourquoi je ne me sens pas à l'aise ici ?
Une question à laquelle il n'attendait pas de réponse. Il fallait bien que le rouquin avoue se sentir envieux de ce gobelin. Pour calmer l'angoisse grandissante dans son cœur, Adam prenait son verre et y plongeait ses lèvres. Le liquide glissa alors avec plaisir dans sa gorge.
Qu'est-ce qui vous a poussé à créer les Lanternes Vertes ?
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
Gobelin est attentif. Entre ses mèches sombres, huileuses, luisent ses prunelles verdâtres. Au fond de ses pupilles se reflète la tristesse. Les yeux, ne sont-ils pas le miroir de l’âme ? Et c’est la peine d’Adam qui se renvoie. Sa longue main déplie ses longs doigts, et leur pulpe maigre effleure lentement ceux du scribe. Comme pour les lui arracher. Personne n’aurait été surpris de voir l’être grimaçant s’emparer du bras de l’homme, le tirer au fond de sa tanière et dévorer ses viscères, d’ailleurs, Gobelin dépose simplement sa paume, sur le dos de sa main. Ses longs doigts enserrent ceux du scribe et y exercent une pression légère.
Adam sent probablement les os jouer, sous la peau blafarde ; les articulations saillantes étirent le linceul immaculé qui semble prêt à se déchirer. Comme des racines sorties de terre, ou lorsque le sable du désert laisse apercevoir les carcasses abandonnées de quelques malheureuses créatures égarées. Les seules couleurs perceptibles sont les ondulations sinueuses des veines d’un bleu pâle, elles n’apportent pas même chaleur à cette main qui l’enserre. Mais le battement de son cœur est perceptible, au travers de ce voile funeste.
L’étreinte est étrangement précautionneuse, Gobelin sait, et ce geste de compassion ne s’éternise pas, l’étreinte n’a duré que quelques secondes, jusqu’à ce que sa main se rétracte, à l’abri de ses longues manches.
Ses yeux unis à ceux d’Adam, il ne sourit plus – ses pupilles plantées dans les siennes sont comme les crochets d’un serpent. Déjà, le poison se diffuse. Etrangement chaleureux. Un regard d’inquiétude prédatrice, d’un être habitué à chercher les faiblesses, non pas pour les exploiter, non : et alors que l’histoire se déroule, son expression se glace de plus en plus, les lueurs au fond de ses prunelles s’éteignent. Il n’apparaît que plus pâle encore, les traits figés, masque de porcelaine, comme ceux que l’on dépose sur les visages méconnaissables de certains guerriers.
Les paupières lourdes, sur des prunelles de verre, les lèvres à peine présentes, sur un visage de marbre.
Immobile quelques secondes, Gobelin enfin, élève le bras dans un geste lent. Appuyant son coude sur la table, il laisse la manche dévoiler son poignet et, du bout de son index, Gobelin retrace les lignes de vie, les veines qui remontent jusqu’au bout de ses doigts. Comme s’il comptait les cicatrices, les vies qu’il a croisées, ou celles perdues dans cette tragédie.
_ En effet.
Murmure Gobelin. D’une voix particulièrement grave cette fois. Sépulcrale, elle résonne au fond de sa cage thoracique.
_ Les personnes qui ont tout oublient que le monde ne leur appartient pas. Mais pourquoi leur en vouloir ? Tout être a les mêmes besoins : vivre, et pour cela, il faut boire, se nourrir, il faut un toit pour se protéger, des êtres à aimer. Et lorsque l’on menace d’arracher un minimum de nos possessions, l’on est alors prêt à tout pour les préserver. Ces personnes savent sur quelles ficelles tirer, pour défaire la volonté. Vous souhaitez vous opposer à moi ? Je vous tuerai. Je torturerai les vôtres. Je vous briserai.
Un rictus étire froidement les lèvres de l’homme.
_ Ces mots, Gobelin les a entendus au travers de tant de bouches. Et c’est peut-être ce qui a convaincu Gobelin d’être mercenaire. L’argent achète sa loyauté, pense-t-on !
Gobelin laisse échapper un rire caquetant et referme alors le poing.
_ Mais non. En réalité, Gobelin est plus loyal à ses valeurs qu’à ses employeurs. L’argent n’est qu’une excuse, pour la liberté de décider et d’agir.
Murmure Gobelin, avant de lever un doigt devant ses lèvres.
_ Garde ce secret, jeune paladin. Gobelin souhaite le préserver.
Sourit-il malicieusement avant de rabaisser la main. Car l’homme a déjà offert maintes fois sa protection, sans demander autre chose parfois, qu’un sourire ou un panier de fruits. Ce choix n’est pas sans conséquences : ce n’est pas tous les jours que Gobelin peut manger à sa faim, mais au moins, sa conscience est tranquille. Et ce repos de l’âme vaut mieux à ses yeux qu’un ventre bien rempli.
Ce n’est pas comme s’il n’était pas habitué à sentir la faim lui tirailler le ventre !
Amusé, Gobelin retrouve finalement le sourire.
_ Le successeur de ce Pharaon était d’un courage et d’une bonté exemplaires ! Accepter de lui-même de se séparer de ce que ses ancêtres ont possédé est un acte rare, important de relever ! Ce sera la fin que Gobelin gardera, lorsqu’il racontera l’histoire ! Celle d’un être qui a fait le choix de libérer son peuple plutôt que de le garder emprisonné. Mais il y a quelque chose que Gobelin ne comprend pas. S’il les a libérés, pourquoi restent-ils des esclaves ?
Les mots sont prononcés sans jugement, seulement de la curiosité. Bien qu’au fond de son être, son cœur reste en réalité épris de liberté. Dérangé à l’idée que les vies soient vendues comme des biens, Gobelin se demande seulement s’il y a moyen d’échapper à ce destin ? L’humanité rabaissée, objectivée, utilisée, Gobelin sait que pour garantir l’Ordre en ce monde, il faut des faibles et des puissants, des pauvres et des riches, des beaux et des vilains. Et Gobelin sait que malgré tous ses efforts, il restera toujours du côté le plus lésé. Par choix, par volonté, peut-être par destinée ?
Car malgré la lumière qui peut l’abriter, malgré ces valeurs auxquelles il s’est dédié, il reste l’orphelin abandonné au fond d’une mare, gamin devenu Gobelin, un monstre qu’il sera terriblement aisé d’oublier. Lors des guerres, ce n’est pas son cadavre que l’on viendra chercher.
Est-ce cela, le prix de la liberté ? Celui-ci est parfois bien plus dur à payer, que se priver d’un toit ou de vivres.
Ah, Gobelin se dit qu’ils seraient bien peu à l’acheter ! Pour une poignée d’écus, décidément très mal gaspillés !
Le sursaut du scribe suffit à ce que les yeux verts reviennent jusqu’à lui, s’embrasent et que l’homme se tienne à nouveau tranquille, à l’écoute. Sa tête bascule sur le côté, ses yeux roulent comme des billes, jusqu’au coin de ses paupières. Alors qu’un soupir ébranle le scribe, Gobelin se rapproche légèrement, sa tête bascule, de droite à gauche, comme un pendule. Le geste est lent, apaisant, comme les vagues vont et viennent au bord de l’océan.
_ Pourquoi ?
Répète Gobelin.
_ Pourquoi est-ce que tu n’es pas à l’aise ?
Gobelin unit ses mains entre elles, comme s’il recueillait en leur sein, une graine imaginaire. Et il baisse la tête pour l’observer.
_ Il arrive parfois, qu’une graine ne soit pas plantée au bon endroit. Que malgré les soins qui lui soient données, elle n’arrive pas à s’épanouir. Adam connaît il l’histoire du bonzaï qui ne pouvait grandir ? C’est l’histoire d’un beau petit arbre, que son maître taillait chaque jour et emprisonnait sous une cloche, pour qu’il reste le plus beau des arbres. Il pensait qu’ainsi il serait protégé, du bec acéré des corbeaux, de la curiosité et la cruauté humaines, qui aiment arracher les feuilles des plantes qu’ils croisent. Mais le bonzaï étouffait, dans cet endroit. Et lorsqu’un jour, la cloche fut oubliée, le bonzaï étira soudain ses branches. En quelques heures, elles étaient grandes ! Déjà dressées vers le ciel, étendues pour embrasser le monde ! Le lendemain matin, le jardinier, en voyant ça, s’est emparé de sa cisaille et a voulu couper tout cela, mais Non ! Non, cria le bonzaï. Je vous en prie, ami jardinier. Je vous en prie, ami jardinier, ne coupez pas mes branches, ne mettez plus la cloche. Laissez mes branches grandir. Laissez mon écorce durcir. Et si les Hommes te font du mal ? S’inquiète le Jardinier, Si les oiseaux brisent tes branches et fendent ta peau ? Laissez, demande le bonzaï, Laissez. Car moi, j’étouffe sous cette cloche en verre, car moi, je souffre lorsque vous coupez mes branches. Je sais que vous m’aimez, ami jardinier, que vous souhaiteriez, que je sois à jamais, le petit arbre que vous ayez fait pousser. Mais moi, je veux vivre, quitte à être blessé parfois, car maintenant que j’ai goûté à ma liberté, je ne peux plus m’en passer ! J’ai besoin d’exister.
Gobelin laisse un silence planer, après son histoire.
_ Il arrive parfois que les noms et les responsabilités soient une cloche et de nombreuses âmes y étouffent. Est-ce ton cas ? Ou est-ce… autre chose, qui fait que tu n’es pas à l’aise ici ? Des choses te dérangent ?
Reprend Gobelin.
_ Ah !
Gobelin sourit, sourire qui s’étire jusqu’à ses oreilles, les yeux brillants d’un feu ardent, la joie, de mordre la vie à pleines dents.
_ Plein, plein de choses ! Petit Gobelin voulait voir le monde, mais une si vilaine créature a peu de chances de survivre seule dans la nature. Alors petit Gobelin a réuni d’autres enfants comme lui. Ils ont marché, longtemps. Et pour avoir de quoi se nourrir, il fallait donner ! Alors les enfants ont donné tout ce qu’ils avaient. Leurs deux mains, pour ceux qui pouvaient, leurs pieds, pour ceux qui voulaient, ils ont travaillé. Au début, dans les maisons, les champs, les vergers. Ils ont traversé de part et d’autre l’Empire, acceptant toutes les tâches qui leur étaient données. Gobelin était heureux de voyager. D’aider, de semer ici et là, rires et sourires, des éclats d’espoir et de joie, parfois, un peu de zizanie, raviver la vie, dans les villages parfois oubliées, se faire une place, dans les grandes cités. Gobelin a tout essayé ! Passer le balai dans les temples, porter les commissions, garder les cochons, défendre une ville !
Gobelin pouffe et entoure tendrement sa lance de ses bras. Il repose sa tête contre le bois et ferme à demi les yeux.
_ Mercenaire, pour dire qu’en réalité, nos services s’offrent à toutes demandes. Saltimbanques, escortes, conteurs ! Les Lanternes Vertes veulent porter leur lumière et éclairer le monde, d’un peu de joie et de différences, de rêves et de légendes. Bien que l’origine de ce nom…
Gobelin marque un silence. Et sa voix se fait douce, lorsqu’il raconte.
_ Elle travaillait près d’un ponton. C’était une très belle femme, qui vivait seule. Elle fabriquait de magnifiques cerfs-volants, de toutes les couleurs. Et de belles lanternes, qu’elle apportait à la ville les plus proches : ces lanternes recueillaient les prières, puis étaient déposées sur le fleuve ou s’envolaient vers le ciel, quand la nuit tombait, elles éclairaient le ciel et l’eau par centaines ! La femme n’était pas grande, elle avait de bonnes joues, elle sentait toujours la cire d’abeilles. Ses mains étaient courtes, les doigts boudinés et couverts de cicatrices, elle parlait peu mais riait très fort. Elle s’entendait bien, avec Gobelin. Un jour, alors qu’elle remontait le grand chemin, 3 hommes l’ont assaillie.
Gobelin dresse soudain ses bras vers le ciel, faisant sursauter les personnes à proximité.
_ Gobelin surgit ! Sa lance tranche l’air, zwip, zwip, d’un éclat de rire démoniaque, il fait exploser quelques pétards, balance une poignée de sable dans les yeux de l’un, fauche les jambes d’un autre, le dernier, Gobelin le balance dans la rivière et Gobelin ricane, il sautille et agite les bras, il les chasse !
Gobelin ricane, un son qui ébranle ses épaules, lorsqu’il referme ses mains sur la hampe de sa lance.
_ Elle, c’était une vieille amie de Gobelin. Quand il était petit, il allait la voir. Pour admirer toutes les belles lanternes qu’elle allumait le soir. A l’époque, elle donnait souvent à Gobelin, un peu de riz dans une feuille d’algues. Elle a recousu son pantalon troué, et quelques fois, elle l’a même laissé dormir chez elle lorsqu’il pleuvait. Elle ne pouvait pas avoir d’enfants, et Gobelin n’avait pas vraiment de maman. Parfois, ils étaient comme une famille, lorsqu’ils mangeaient ensemble.
Souffle-t-il avec tendresse.
_ Après le sauvetage, elle et Gobelin sont allés jusqu’à la ville et sont rentrés ensemble. Elle a demandé, alors que Gobelin se reposait sur le ponton, Qu’est-ce que je peux te donner ? Gobelin répondit, une Jolie lanterne. De quelle couleur ? Elle a commencé, avant d’interrompre Gobelin, Non, laisse moi faire, je sais. Et le soir même, c’est une très belle lanterne verte qu’elle a donnée, celle que Gobelin, a encore sur sa lance aujourd’hui.
Gobelin sourit.
_ Pourquoi vert ? A-t-il demandé. Elle a répondu, Vert, car c’était une couleur que je détestais, mais que j’ai appris à aimer. Vert comme la forêt, vert comme l’espoir, vert comme la vie qui s’éveille. Vert comme tes yeux qui s’éclairent, lorsque j’allume toutes les lanternes.
L’histoire change à chaque fois mais à dire vrai, Gobelin aime toutes les versions qu’il peut donner.
_ Gobelin, tous les soirs, prend plaisir à l’allumer et pense à elle, et à toutes ces personnes, qui allument leur Lanterne. Apportant un peu de lumière, à toute cette obscurité.
Adam sent probablement les os jouer, sous la peau blafarde ; les articulations saillantes étirent le linceul immaculé qui semble prêt à se déchirer. Comme des racines sorties de terre, ou lorsque le sable du désert laisse apercevoir les carcasses abandonnées de quelques malheureuses créatures égarées. Les seules couleurs perceptibles sont les ondulations sinueuses des veines d’un bleu pâle, elles n’apportent pas même chaleur à cette main qui l’enserre. Mais le battement de son cœur est perceptible, au travers de ce voile funeste.
L’étreinte est étrangement précautionneuse, Gobelin sait, et ce geste de compassion ne s’éternise pas, l’étreinte n’a duré que quelques secondes, jusqu’à ce que sa main se rétracte, à l’abri de ses longues manches.
Ses yeux unis à ceux d’Adam, il ne sourit plus – ses pupilles plantées dans les siennes sont comme les crochets d’un serpent. Déjà, le poison se diffuse. Etrangement chaleureux. Un regard d’inquiétude prédatrice, d’un être habitué à chercher les faiblesses, non pas pour les exploiter, non : et alors que l’histoire se déroule, son expression se glace de plus en plus, les lueurs au fond de ses prunelles s’éteignent. Il n’apparaît que plus pâle encore, les traits figés, masque de porcelaine, comme ceux que l’on dépose sur les visages méconnaissables de certains guerriers.
Les paupières lourdes, sur des prunelles de verre, les lèvres à peine présentes, sur un visage de marbre.
Immobile quelques secondes, Gobelin enfin, élève le bras dans un geste lent. Appuyant son coude sur la table, il laisse la manche dévoiler son poignet et, du bout de son index, Gobelin retrace les lignes de vie, les veines qui remontent jusqu’au bout de ses doigts. Comme s’il comptait les cicatrices, les vies qu’il a croisées, ou celles perdues dans cette tragédie.
_ En effet.
Murmure Gobelin. D’une voix particulièrement grave cette fois. Sépulcrale, elle résonne au fond de sa cage thoracique.
_ Les personnes qui ont tout oublient que le monde ne leur appartient pas. Mais pourquoi leur en vouloir ? Tout être a les mêmes besoins : vivre, et pour cela, il faut boire, se nourrir, il faut un toit pour se protéger, des êtres à aimer. Et lorsque l’on menace d’arracher un minimum de nos possessions, l’on est alors prêt à tout pour les préserver. Ces personnes savent sur quelles ficelles tirer, pour défaire la volonté. Vous souhaitez vous opposer à moi ? Je vous tuerai. Je torturerai les vôtres. Je vous briserai.
Un rictus étire froidement les lèvres de l’homme.
_ Ces mots, Gobelin les a entendus au travers de tant de bouches. Et c’est peut-être ce qui a convaincu Gobelin d’être mercenaire. L’argent achète sa loyauté, pense-t-on !
Gobelin laisse échapper un rire caquetant et referme alors le poing.
_ Mais non. En réalité, Gobelin est plus loyal à ses valeurs qu’à ses employeurs. L’argent n’est qu’une excuse, pour la liberté de décider et d’agir.
Murmure Gobelin, avant de lever un doigt devant ses lèvres.
_ Garde ce secret, jeune paladin. Gobelin souhaite le préserver.
Sourit-il malicieusement avant de rabaisser la main. Car l’homme a déjà offert maintes fois sa protection, sans demander autre chose parfois, qu’un sourire ou un panier de fruits. Ce choix n’est pas sans conséquences : ce n’est pas tous les jours que Gobelin peut manger à sa faim, mais au moins, sa conscience est tranquille. Et ce repos de l’âme vaut mieux à ses yeux qu’un ventre bien rempli.
Ce n’est pas comme s’il n’était pas habitué à sentir la faim lui tirailler le ventre !
Amusé, Gobelin retrouve finalement le sourire.
_ Le successeur de ce Pharaon était d’un courage et d’une bonté exemplaires ! Accepter de lui-même de se séparer de ce que ses ancêtres ont possédé est un acte rare, important de relever ! Ce sera la fin que Gobelin gardera, lorsqu’il racontera l’histoire ! Celle d’un être qui a fait le choix de libérer son peuple plutôt que de le garder emprisonné. Mais il y a quelque chose que Gobelin ne comprend pas. S’il les a libérés, pourquoi restent-ils des esclaves ?
Les mots sont prononcés sans jugement, seulement de la curiosité. Bien qu’au fond de son être, son cœur reste en réalité épris de liberté. Dérangé à l’idée que les vies soient vendues comme des biens, Gobelin se demande seulement s’il y a moyen d’échapper à ce destin ? L’humanité rabaissée, objectivée, utilisée, Gobelin sait que pour garantir l’Ordre en ce monde, il faut des faibles et des puissants, des pauvres et des riches, des beaux et des vilains. Et Gobelin sait que malgré tous ses efforts, il restera toujours du côté le plus lésé. Par choix, par volonté, peut-être par destinée ?
Car malgré la lumière qui peut l’abriter, malgré ces valeurs auxquelles il s’est dédié, il reste l’orphelin abandonné au fond d’une mare, gamin devenu Gobelin, un monstre qu’il sera terriblement aisé d’oublier. Lors des guerres, ce n’est pas son cadavre que l’on viendra chercher.
Est-ce cela, le prix de la liberté ? Celui-ci est parfois bien plus dur à payer, que se priver d’un toit ou de vivres.
Ah, Gobelin se dit qu’ils seraient bien peu à l’acheter ! Pour une poignée d’écus, décidément très mal gaspillés !
Le sursaut du scribe suffit à ce que les yeux verts reviennent jusqu’à lui, s’embrasent et que l’homme se tienne à nouveau tranquille, à l’écoute. Sa tête bascule sur le côté, ses yeux roulent comme des billes, jusqu’au coin de ses paupières. Alors qu’un soupir ébranle le scribe, Gobelin se rapproche légèrement, sa tête bascule, de droite à gauche, comme un pendule. Le geste est lent, apaisant, comme les vagues vont et viennent au bord de l’océan.
_ Pourquoi ?
Répète Gobelin.
_ Pourquoi est-ce que tu n’es pas à l’aise ?
Gobelin unit ses mains entre elles, comme s’il recueillait en leur sein, une graine imaginaire. Et il baisse la tête pour l’observer.
_ Il arrive parfois, qu’une graine ne soit pas plantée au bon endroit. Que malgré les soins qui lui soient données, elle n’arrive pas à s’épanouir. Adam connaît il l’histoire du bonzaï qui ne pouvait grandir ? C’est l’histoire d’un beau petit arbre, que son maître taillait chaque jour et emprisonnait sous une cloche, pour qu’il reste le plus beau des arbres. Il pensait qu’ainsi il serait protégé, du bec acéré des corbeaux, de la curiosité et la cruauté humaines, qui aiment arracher les feuilles des plantes qu’ils croisent. Mais le bonzaï étouffait, dans cet endroit. Et lorsqu’un jour, la cloche fut oubliée, le bonzaï étira soudain ses branches. En quelques heures, elles étaient grandes ! Déjà dressées vers le ciel, étendues pour embrasser le monde ! Le lendemain matin, le jardinier, en voyant ça, s’est emparé de sa cisaille et a voulu couper tout cela, mais Non ! Non, cria le bonzaï. Je vous en prie, ami jardinier. Je vous en prie, ami jardinier, ne coupez pas mes branches, ne mettez plus la cloche. Laissez mes branches grandir. Laissez mon écorce durcir. Et si les Hommes te font du mal ? S’inquiète le Jardinier, Si les oiseaux brisent tes branches et fendent ta peau ? Laissez, demande le bonzaï, Laissez. Car moi, j’étouffe sous cette cloche en verre, car moi, je souffre lorsque vous coupez mes branches. Je sais que vous m’aimez, ami jardinier, que vous souhaiteriez, que je sois à jamais, le petit arbre que vous ayez fait pousser. Mais moi, je veux vivre, quitte à être blessé parfois, car maintenant que j’ai goûté à ma liberté, je ne peux plus m’en passer ! J’ai besoin d’exister.
Gobelin laisse un silence planer, après son histoire.
_ Il arrive parfois que les noms et les responsabilités soient une cloche et de nombreuses âmes y étouffent. Est-ce ton cas ? Ou est-ce… autre chose, qui fait que tu n’es pas à l’aise ici ? Des choses te dérangent ?
Reprend Gobelin.
_ Ah !
Gobelin sourit, sourire qui s’étire jusqu’à ses oreilles, les yeux brillants d’un feu ardent, la joie, de mordre la vie à pleines dents.
_ Plein, plein de choses ! Petit Gobelin voulait voir le monde, mais une si vilaine créature a peu de chances de survivre seule dans la nature. Alors petit Gobelin a réuni d’autres enfants comme lui. Ils ont marché, longtemps. Et pour avoir de quoi se nourrir, il fallait donner ! Alors les enfants ont donné tout ce qu’ils avaient. Leurs deux mains, pour ceux qui pouvaient, leurs pieds, pour ceux qui voulaient, ils ont travaillé. Au début, dans les maisons, les champs, les vergers. Ils ont traversé de part et d’autre l’Empire, acceptant toutes les tâches qui leur étaient données. Gobelin était heureux de voyager. D’aider, de semer ici et là, rires et sourires, des éclats d’espoir et de joie, parfois, un peu de zizanie, raviver la vie, dans les villages parfois oubliées, se faire une place, dans les grandes cités. Gobelin a tout essayé ! Passer le balai dans les temples, porter les commissions, garder les cochons, défendre une ville !
Gobelin pouffe et entoure tendrement sa lance de ses bras. Il repose sa tête contre le bois et ferme à demi les yeux.
_ Mercenaire, pour dire qu’en réalité, nos services s’offrent à toutes demandes. Saltimbanques, escortes, conteurs ! Les Lanternes Vertes veulent porter leur lumière et éclairer le monde, d’un peu de joie et de différences, de rêves et de légendes. Bien que l’origine de ce nom…
Gobelin marque un silence. Et sa voix se fait douce, lorsqu’il raconte.
_ Elle travaillait près d’un ponton. C’était une très belle femme, qui vivait seule. Elle fabriquait de magnifiques cerfs-volants, de toutes les couleurs. Et de belles lanternes, qu’elle apportait à la ville les plus proches : ces lanternes recueillaient les prières, puis étaient déposées sur le fleuve ou s’envolaient vers le ciel, quand la nuit tombait, elles éclairaient le ciel et l’eau par centaines ! La femme n’était pas grande, elle avait de bonnes joues, elle sentait toujours la cire d’abeilles. Ses mains étaient courtes, les doigts boudinés et couverts de cicatrices, elle parlait peu mais riait très fort. Elle s’entendait bien, avec Gobelin. Un jour, alors qu’elle remontait le grand chemin, 3 hommes l’ont assaillie.
Gobelin dresse soudain ses bras vers le ciel, faisant sursauter les personnes à proximité.
_ Gobelin surgit ! Sa lance tranche l’air, zwip, zwip, d’un éclat de rire démoniaque, il fait exploser quelques pétards, balance une poignée de sable dans les yeux de l’un, fauche les jambes d’un autre, le dernier, Gobelin le balance dans la rivière et Gobelin ricane, il sautille et agite les bras, il les chasse !
Gobelin ricane, un son qui ébranle ses épaules, lorsqu’il referme ses mains sur la hampe de sa lance.
_ Elle, c’était une vieille amie de Gobelin. Quand il était petit, il allait la voir. Pour admirer toutes les belles lanternes qu’elle allumait le soir. A l’époque, elle donnait souvent à Gobelin, un peu de riz dans une feuille d’algues. Elle a recousu son pantalon troué, et quelques fois, elle l’a même laissé dormir chez elle lorsqu’il pleuvait. Elle ne pouvait pas avoir d’enfants, et Gobelin n’avait pas vraiment de maman. Parfois, ils étaient comme une famille, lorsqu’ils mangeaient ensemble.
Souffle-t-il avec tendresse.
_ Après le sauvetage, elle et Gobelin sont allés jusqu’à la ville et sont rentrés ensemble. Elle a demandé, alors que Gobelin se reposait sur le ponton, Qu’est-ce que je peux te donner ? Gobelin répondit, une Jolie lanterne. De quelle couleur ? Elle a commencé, avant d’interrompre Gobelin, Non, laisse moi faire, je sais. Et le soir même, c’est une très belle lanterne verte qu’elle a donnée, celle que Gobelin, a encore sur sa lance aujourd’hui.
Gobelin sourit.
_ Pourquoi vert ? A-t-il demandé. Elle a répondu, Vert, car c’était une couleur que je détestais, mais que j’ai appris à aimer. Vert comme la forêt, vert comme l’espoir, vert comme la vie qui s’éveille. Vert comme tes yeux qui s’éclairent, lorsque j’allume toutes les lanternes.
L’histoire change à chaque fois mais à dire vrai, Gobelin aime toutes les versions qu’il peut donner.
_ Gobelin, tous les soirs, prend plaisir à l’allumer et pense à elle, et à toutes ces personnes, qui allument leur Lanterne. Apportant un peu de lumière, à toute cette obscurité.
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I'M A LUXURY FEW CAN AFFORD // PV : ADAM // - 5 (FB)
Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
Royaume du Pharaon
Zeng x Adam
I'm a luxury few can afford
Parler avec le gobelin était à la fois passionnant et enrichissant. S'il n'avait pas vu l'entièreté du monde, il restait pourtant un homme tout aussi cultivé que certains érudits. Et ce qui lui était inconnu, attisait sa curiosité sans fin. Pour Adam, il s'agissait là d'un échange pour lequel il aimerait que cela perdure le plus longtemps possible. On ne demandait pas, ni à Adam ni à Zeng de comprendre réellement une situation qui s'était déroulée de cela des centaines d'années.
Le scribe hochait positivement de la tête lorsqu'il lui demandait de garder les lèvres closes face à la révélation du secret. Il s'agissait là d'un état d'esprit qui fascinait le plus jeune. Car malgré les épreuves traversées, gobelin restait fidèle à ses valeurs. Ah si les gens ne daignaient pas s'arrêter à un simple faciès et prenaient le temps d'apprendre à connaître l'homme qui lui faisait face. En pensant à cela, un bref soupir s'échappait de sa bouche. L'espace d'un instant, Adam pensait que l'autre pourrait mal l'interpréter.
Et pourtant, le mercenaire se mettait à parler de nouveau du fameux moment historique. Une question posée innocemment par Zeng et le scribe lui offrait alors un regard presque triste.
Je ne saurais réellement répondre à cette question outre qu'en supposant. Peut-être étaient-ils tout simplement habitué à avoir des esclaves, car rien ne nous dit que ce n'était déjà pas le cas avant la création de Babel. Et qu'il n'y a pas besoin de se soucier de leur santé ?
Voilà un raisonnement qui lui était difficile d'avouer. Tout simplement, car il ne s'était jamais réellement intéressé sur ce cas. Mais aussi parce qu'il avait vécu quasiment toute sa vie en côtoyant des esclaves, comme s'il s'agissait d'une normalité.
La discussion dérivait alors sur quelque chose de plus personnel. Et à la réponse du scribe, l'homme à la chevelure de jais ne lui posait qu'une simple question. Un seul mot dont il ne devrait pas avoir peur. Pourquoi ? Néanmoins, lorsque cela parvenait à ses oreilles, l'homme se crispait quelque peu. Tout bonnement, car le rouquin ne savait pas... Non, les mots avaient juste du mal à franchir ses lèvres pour énoncer une vérité qu'il trouvait malaisante pour sa patrie d'origine.
Le mercenaire s'improvisait alors conteur, pour le bonheur du scribe. Une histoire de bonsaï ne se plaisant guère dans son habitat d'origine. Et si cela arraché un maigre sourire à Adam, gobelin appuyait aux bons endroits.
Je me sens dans l'ombre de mon frère. soufflait-il dans un aveu.
Sa voix s'étranglait, ses yeux se mettaient à rougir... Mais il faisait un grand effort pour ne pas laisser ses larmes couler. À quoi cela lui servirait de craquer après tant d'années à subir cette douloureuse sensation. Et si le fait d'être considéré comme inférieur à Piers était une chose, il y avait aussi cette impression de ne pas être libre dans cette terre désertique.
Leur conversation allait et venait d'un sujet à une autre sans une réelle transition. D'un point de vue différent, cela pouvait certainement être déroutant. Pour le scribe, cela lui permettait de remettre ses états d'âme à plus tard et d'écouter la genèse de la création des lanternes vertes. Il aimait ce qu'il entendait et essayait de s'imaginer ces hommes et ces femmes travaillant main dans la main. Avant même la signature du traité de paix, il y avait eu de l'espoir dans cette noirceur. Sourire au coin des lèvres, il remerciait la Déesse Zorya d'avoir pu faire rencontrer cette femme et cet homme.
C'est une très belle histoire et qui fait honneur aux valeurs que vous semblez prôner. Vous devez l'aimer comme une véritable mère ? Aussitôt, il reprenait en agitant ses mains. Mais peut qu'il s'agit d'un sujet sensible.
Peut-être qu'il n'avait pas envie d'en parler. L'estomac d'Adam se mettait alors à grommeler, le faisant s'agiter légèrement sur le tabouret. Il avisait donc un serveur et en ce tournant vers le gobelin, l'invitait à commander ce qu'il souhaitait.
C'est pour vous remercier de votre présence et du cadeau que vous m'avez conseillé concernant l'anniversaire de ma mère. Ne vous gênez pas.
De son côté, il optait pour quelques beignets à la banane.
Cela fait un moment que vous voyagez à travers le continent ? Le Continent Blanc ne doit plus avoir de secret pour vous. Mais cela n'a pas t'il était trop compliqué par les temps qui courraient ?
Le scribe hochait positivement de la tête lorsqu'il lui demandait de garder les lèvres closes face à la révélation du secret. Il s'agissait là d'un état d'esprit qui fascinait le plus jeune. Car malgré les épreuves traversées, gobelin restait fidèle à ses valeurs. Ah si les gens ne daignaient pas s'arrêter à un simple faciès et prenaient le temps d'apprendre à connaître l'homme qui lui faisait face. En pensant à cela, un bref soupir s'échappait de sa bouche. L'espace d'un instant, Adam pensait que l'autre pourrait mal l'interpréter.
Et pourtant, le mercenaire se mettait à parler de nouveau du fameux moment historique. Une question posée innocemment par Zeng et le scribe lui offrait alors un regard presque triste.
Je ne saurais réellement répondre à cette question outre qu'en supposant. Peut-être étaient-ils tout simplement habitué à avoir des esclaves, car rien ne nous dit que ce n'était déjà pas le cas avant la création de Babel. Et qu'il n'y a pas besoin de se soucier de leur santé ?
Voilà un raisonnement qui lui était difficile d'avouer. Tout simplement, car il ne s'était jamais réellement intéressé sur ce cas. Mais aussi parce qu'il avait vécu quasiment toute sa vie en côtoyant des esclaves, comme s'il s'agissait d'une normalité.
La discussion dérivait alors sur quelque chose de plus personnel. Et à la réponse du scribe, l'homme à la chevelure de jais ne lui posait qu'une simple question. Un seul mot dont il ne devrait pas avoir peur. Pourquoi ? Néanmoins, lorsque cela parvenait à ses oreilles, l'homme se crispait quelque peu. Tout bonnement, car le rouquin ne savait pas... Non, les mots avaient juste du mal à franchir ses lèvres pour énoncer une vérité qu'il trouvait malaisante pour sa patrie d'origine.
Le mercenaire s'improvisait alors conteur, pour le bonheur du scribe. Une histoire de bonsaï ne se plaisant guère dans son habitat d'origine. Et si cela arraché un maigre sourire à Adam, gobelin appuyait aux bons endroits.
Je me sens dans l'ombre de mon frère. soufflait-il dans un aveu.
Sa voix s'étranglait, ses yeux se mettaient à rougir... Mais il faisait un grand effort pour ne pas laisser ses larmes couler. À quoi cela lui servirait de craquer après tant d'années à subir cette douloureuse sensation. Et si le fait d'être considéré comme inférieur à Piers était une chose, il y avait aussi cette impression de ne pas être libre dans cette terre désertique.
Leur conversation allait et venait d'un sujet à une autre sans une réelle transition. D'un point de vue différent, cela pouvait certainement être déroutant. Pour le scribe, cela lui permettait de remettre ses états d'âme à plus tard et d'écouter la genèse de la création des lanternes vertes. Il aimait ce qu'il entendait et essayait de s'imaginer ces hommes et ces femmes travaillant main dans la main. Avant même la signature du traité de paix, il y avait eu de l'espoir dans cette noirceur. Sourire au coin des lèvres, il remerciait la Déesse Zorya d'avoir pu faire rencontrer cette femme et cet homme.
C'est une très belle histoire et qui fait honneur aux valeurs que vous semblez prôner. Vous devez l'aimer comme une véritable mère ? Aussitôt, il reprenait en agitant ses mains. Mais peut qu'il s'agit d'un sujet sensible.
Peut-être qu'il n'avait pas envie d'en parler. L'estomac d'Adam se mettait alors à grommeler, le faisant s'agiter légèrement sur le tabouret. Il avisait donc un serveur et en ce tournant vers le gobelin, l'invitait à commander ce qu'il souhaitait.
C'est pour vous remercier de votre présence et du cadeau que vous m'avez conseillé concernant l'anniversaire de ma mère. Ne vous gênez pas.
De son côté, il optait pour quelques beignets à la banane.
Cela fait un moment que vous voyagez à travers le continent ? Le Continent Blanc ne doit plus avoir de secret pour vous. Mais cela n'a pas t'il était trop compliqué par les temps qui courraient ?
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
Les mots d’Adam font s’étirer les lippes du Gobelin, dévoilant ses dents, l’expression est lascive : il n’y a aucune joie, dans ce sourire. C’est la grimace d’un homme auquel on arrache une épine - ou qu’on enfonce sous son ongle. Un son rauque s’arrache de ses lèvres, comme une toux, un pouffement étranglé, un aboiement qu’il finit de sceller en raffermissant l’étreinte de ses mâchoires.
_S’habituer…? Il est vrai qu’une des grandes erreurs de l’Humanité est de s’habituer à son confort : on oublie. On oublie que tout ce qui est possédé, peut être perdu, peut disparaître ou s’échapper. C’est effrayant, il faut dire. Effrayant de réaliser, que tout n’est qu’éphémère et que rien n’est réellement acquis.
Ses paupières retombent sur ses prunelles, sa tête dodeline, sous le poids de pensées que Gobelin veille à garder. Il a tant de fois été confronté à des employeurs.ses qui pensaient qu’un peu d’argent pourrait le priver de sa liberté. Le rictus de Gobelin s’étire, devient franchement carnassier, alors qu’il fait tourner le contenu de son verre, entre ses longs doigts.
_ Rien n’est réellement donné, rien n’est réellement possédé. Je crois que tout est une question de prêt… Ma propre existence est un prêt, que la Déesse récupérera quand elle le désirera, quand elle considérera que ce feu follet a bien assez brûlé. Prendre soin de ce qui a été prêté…. Permet probablement de le garder plus longtemps.
Songe Gobelin, observant son reflet au fond de son verre.
_ Combien vaudrait Gobelin, s’il était esclave ? Ah, pas bien cher ! La peau sur les os, la langue toujours de sortie et le nez de travers ! Qu’est-ce qu’il sait faire ? Oh ça, il sait jacasser, faire des acrobaties et des cabrioles, il sait divertir, il refait le monde ! Que vaut-il ? Gobelin répondra, très cher, car ma liberté est probablement le seul droit qu’il faudra m’arracher.
Il a abandonné depuis longtemps sa dignité et le droit de posséder. Quand la voix d’Adam s’étrangle, le scribe sent alors la pression d’une dague pointée vers sa gorge. Aucune arme, mais les yeux verts ont surgi : ils se sont plantés dans les siens. Et la lame incisive traverse ce coeur qu’il sent battre, l’arrache de sa poitrine, lorsqu’il répète les mots.
_ Dans l’ombre d’un frère ?
Sa voix est froide, dénuée d’émotions, c’est avec une précision prédatrice qu’il accentue les mots perçus.
_ Comment se fait-il, qu’un homme tel que vous, soyez dans l’ombre d’un autre ?
S’étonne-t-il, laissant même son verre heurter la table à cette question. Sa tête s’est penchée sur le côté, prunelles luisantes dans la pénombre, les larmes l’ont appâté.
_ Gobelin connaît bien des Ombres. Celles des Hommes et de bien des Sociétés. Et il sait ! Comment faire venir la lumière. Mais aujourd’hui, c’est vous qui vous vous êtes mis en lumière. C’est Vous que mes yeux ont vu, et non votre frère. Alors comment se fait-il que vous vous sentiez dans son ombre ? Est-ce lui, vous-mêmes ou d’autres, qui lui donnent cette place sur ce pied d’estale ? Y’a-t-il moyen de vous faire grimper sur la scène ?
A la mention d’un amour, comme à une mère, Gobelin cligne des paupières.
_ Ah ! Gobelin n’a jamais eu de mère. Des femmes, des hommes et d’autres se sont occupés de lui, Gobelin a été aimé, Gobelin les a aimés, bien que cet amour, Gobelin ne sait comment le qualifier. Mais cette Dame compte, comme toutes les rencontres, Gobelin aime voir de nouveaux visages et entendre de nouvelles histoires !
A sa proposition, Gobelin hésite, mais fait son choix. Il opte pour une assiette de viande et de céréales, il est affamé. Lorsque le plat est déposé, il plonge ses griffes acérées, extirpe la cuisse rebondie d’un volatile, plante goulûment ses dents dans la chair, la déchire et l’avale. Il prend à peine le temps de mâcher, il mange comme un animal, l’habitude que sa fratrie tente de lui voler ce qu’il a trouvé. Les années ont beau passé, il n’arrive pas totalement à effacer ces réflexes, sauvages diraient certain.es, désespérés diraient d’autres, et pourtant, c’est avec joie et délectation qu’il se régale. Accompagnant les bruits de mastication, Gobelin produit de douces onomatopées, gazouillis joyeux, d’une faim qu’on veille à combler. Parfois, sous la gourmandise, pour faire durer le plaisir, il déroule sa longue langue, lèche ses doigts et ses ongles, tracte les quelques graines éparpillées le long de la porcelaine.
Gobelin n’a aucune manière, l’étiquette n’est que secondaire, pour l’instant, il se consacre à son repas. Il demande du pain, le creuse à l’aide de ses doigts, glisse plusieurs pincées de miche entre ses lèvres, emplit le tout de viande et mord dedans, il se demande s’il ne devrait pas en emmener au camp, mais se décide à faire honneur à la générosité du scribe.
_ Merci, merci ! Gobelin se régale, c’est très bon !
Couine-t-il. Et son visage resplendit d’un bonheur enfantin. Les rougeurs à ses joues, les tâches de sauce et les miettes éparpillées sur ses lèvres et ses joues, offrent tant de vie à son visage. Plus de grimaces, plus de malice, les yeux clos, il se régale de l’explosion des saveurs sur ses papilles.
Il est heureux. Heureux de manger à sa faim.
_ Ca fait du bien !
S’esclaffe-t-il, reprenant une bouchée de sa viande.
_ Gobelin est gâté, le Paladin est si généreux ! Glapit il comme un chien aboie, et il s’incline même à deux reprises, Que la Déesse vous bénisse !
A la dernière question d’Adam, Gobelin hausse les épaules.
_ Gobelin voyage depuis longtemps, mais le Continent Bkanc existe depuis plus longtemps encore. Une seule vie ne suffirait pas à percer tous ses secrets, aussi affûté soit son flair et aiguisés soient ses yeux ! Chaque jour est un miracle, fait de découvertes et de contemplation et Gobelin espère que les mystères seront encore nombreux à percer. Ah ! Il faut bien pimenter un peu l’exploration n’est-ce pas ?
Les épaules maigres du Gobelin sont ébranlées d’un rire, le caquètement caractéristique résonne dans son larynx, d’une voix grinçante, Gobelin grimace.
_ La vie n'est pas toujours simple quand on a la tête de Gobelin ! Que voulez-vous savoir ? S’il a trouvé des employeurs, si les terres ont été arides, s’il y a eu la guerre et la maladie ?
Ses paupières retombent lourdement sur ses prunelles et son expression devient plus sérieuse.
_ Le monde est bouleversé. Un nouvel ordre tente de s’imposer, murmure t-on. Ils appellent à la paix, ils veulent l’Unité ! Leurs prières seront-elles un jour exaucées ? Gobelin espère qu'un jour, il y ait la paix, qu'elle perdure à jamais, et que les Lanternes Vertes deviennent saltimbanques plutôt que mercenaires !
Ses yeux glissent vers son verre, qu’il prend et porte à ses lèvres pour en boire une gorgée. Un filet s’échappe au coin de ses lèvres, il le laisse dégouliner dans sa gorge, bien que sa langue pourlèche ses babines.
_ Mais il faudra probablement des siècles avant d'y arriver.
Gobelin sourit avec cruauté.
_ Et encore ! Il y aura toujours du sang à faire couler. Le sang de celleux que l’on considère différents. Il faut toujours, pour garantir l'ordre, qu'il y ait des forts et des faibles, des puissants et des misérables, des riches et des pauvres, des beaux et des vilains, il faut toujours, que certains soient supérieurs à d'autre, et qu'il y ait des lois, des règles, des sentences. Quelles têtes va-t-on trancher, pour garantir la tranquillité ?
Sa main passe le long de sa nuque.
_ Pas celle du Gobelin ! Imaginez ! Sa tête épinglée sur un pique, bouark ! Gobelin ferait une ultime grimace !
Il louche en tirant la langue, puis éclate de rire.
_ Le monde évolue, dit-on, mais les souillures de l’âme humaine perdureront, nous avons toustes nos tâches à nettoyer. Les sociétés peuvent évoluer, mais l’humanité a plus de difficultés à suivre le mouvement. Les promesses et les valeurs ne sont pas toujours aisées à suivre et peuvent même s’opposer ! Est-ce… bénéfique ou malheureux, que chaque être humain sur cette terre soit différent ? Par son apparence, dans ce qu’il décide de défendre… Alors oui, le monde est mouvementé, le voyage n’est pas simple, mais la vie ne l’a pas toujours été pour un tout petit Gobelin. Mais quel est l’avis du scribe sur la question ? Les choses sont-elles différentes ici ?
_S’habituer…? Il est vrai qu’une des grandes erreurs de l’Humanité est de s’habituer à son confort : on oublie. On oublie que tout ce qui est possédé, peut être perdu, peut disparaître ou s’échapper. C’est effrayant, il faut dire. Effrayant de réaliser, que tout n’est qu’éphémère et que rien n’est réellement acquis.
Ses paupières retombent sur ses prunelles, sa tête dodeline, sous le poids de pensées que Gobelin veille à garder. Il a tant de fois été confronté à des employeurs.ses qui pensaient qu’un peu d’argent pourrait le priver de sa liberté. Le rictus de Gobelin s’étire, devient franchement carnassier, alors qu’il fait tourner le contenu de son verre, entre ses longs doigts.
_ Rien n’est réellement donné, rien n’est réellement possédé. Je crois que tout est une question de prêt… Ma propre existence est un prêt, que la Déesse récupérera quand elle le désirera, quand elle considérera que ce feu follet a bien assez brûlé. Prendre soin de ce qui a été prêté…. Permet probablement de le garder plus longtemps.
Songe Gobelin, observant son reflet au fond de son verre.
_ Combien vaudrait Gobelin, s’il était esclave ? Ah, pas bien cher ! La peau sur les os, la langue toujours de sortie et le nez de travers ! Qu’est-ce qu’il sait faire ? Oh ça, il sait jacasser, faire des acrobaties et des cabrioles, il sait divertir, il refait le monde ! Que vaut-il ? Gobelin répondra, très cher, car ma liberté est probablement le seul droit qu’il faudra m’arracher.
Il a abandonné depuis longtemps sa dignité et le droit de posséder. Quand la voix d’Adam s’étrangle, le scribe sent alors la pression d’une dague pointée vers sa gorge. Aucune arme, mais les yeux verts ont surgi : ils se sont plantés dans les siens. Et la lame incisive traverse ce coeur qu’il sent battre, l’arrache de sa poitrine, lorsqu’il répète les mots.
_ Dans l’ombre d’un frère ?
Sa voix est froide, dénuée d’émotions, c’est avec une précision prédatrice qu’il accentue les mots perçus.
_ Comment se fait-il, qu’un homme tel que vous, soyez dans l’ombre d’un autre ?
S’étonne-t-il, laissant même son verre heurter la table à cette question. Sa tête s’est penchée sur le côté, prunelles luisantes dans la pénombre, les larmes l’ont appâté.
_ Gobelin connaît bien des Ombres. Celles des Hommes et de bien des Sociétés. Et il sait ! Comment faire venir la lumière. Mais aujourd’hui, c’est vous qui vous vous êtes mis en lumière. C’est Vous que mes yeux ont vu, et non votre frère. Alors comment se fait-il que vous vous sentiez dans son ombre ? Est-ce lui, vous-mêmes ou d’autres, qui lui donnent cette place sur ce pied d’estale ? Y’a-t-il moyen de vous faire grimper sur la scène ?
A la mention d’un amour, comme à une mère, Gobelin cligne des paupières.
_ Ah ! Gobelin n’a jamais eu de mère. Des femmes, des hommes et d’autres se sont occupés de lui, Gobelin a été aimé, Gobelin les a aimés, bien que cet amour, Gobelin ne sait comment le qualifier. Mais cette Dame compte, comme toutes les rencontres, Gobelin aime voir de nouveaux visages et entendre de nouvelles histoires !
A sa proposition, Gobelin hésite, mais fait son choix. Il opte pour une assiette de viande et de céréales, il est affamé. Lorsque le plat est déposé, il plonge ses griffes acérées, extirpe la cuisse rebondie d’un volatile, plante goulûment ses dents dans la chair, la déchire et l’avale. Il prend à peine le temps de mâcher, il mange comme un animal, l’habitude que sa fratrie tente de lui voler ce qu’il a trouvé. Les années ont beau passé, il n’arrive pas totalement à effacer ces réflexes, sauvages diraient certain.es, désespérés diraient d’autres, et pourtant, c’est avec joie et délectation qu’il se régale. Accompagnant les bruits de mastication, Gobelin produit de douces onomatopées, gazouillis joyeux, d’une faim qu’on veille à combler. Parfois, sous la gourmandise, pour faire durer le plaisir, il déroule sa longue langue, lèche ses doigts et ses ongles, tracte les quelques graines éparpillées le long de la porcelaine.
Gobelin n’a aucune manière, l’étiquette n’est que secondaire, pour l’instant, il se consacre à son repas. Il demande du pain, le creuse à l’aide de ses doigts, glisse plusieurs pincées de miche entre ses lèvres, emplit le tout de viande et mord dedans, il se demande s’il ne devrait pas en emmener au camp, mais se décide à faire honneur à la générosité du scribe.
_ Merci, merci ! Gobelin se régale, c’est très bon !
Couine-t-il. Et son visage resplendit d’un bonheur enfantin. Les rougeurs à ses joues, les tâches de sauce et les miettes éparpillées sur ses lèvres et ses joues, offrent tant de vie à son visage. Plus de grimaces, plus de malice, les yeux clos, il se régale de l’explosion des saveurs sur ses papilles.
Il est heureux. Heureux de manger à sa faim.
_ Ca fait du bien !
S’esclaffe-t-il, reprenant une bouchée de sa viande.
_ Gobelin est gâté, le Paladin est si généreux ! Glapit il comme un chien aboie, et il s’incline même à deux reprises, Que la Déesse vous bénisse !
A la dernière question d’Adam, Gobelin hausse les épaules.
_ Gobelin voyage depuis longtemps, mais le Continent Bkanc existe depuis plus longtemps encore. Une seule vie ne suffirait pas à percer tous ses secrets, aussi affûté soit son flair et aiguisés soient ses yeux ! Chaque jour est un miracle, fait de découvertes et de contemplation et Gobelin espère que les mystères seront encore nombreux à percer. Ah ! Il faut bien pimenter un peu l’exploration n’est-ce pas ?
Les épaules maigres du Gobelin sont ébranlées d’un rire, le caquètement caractéristique résonne dans son larynx, d’une voix grinçante, Gobelin grimace.
_ La vie n'est pas toujours simple quand on a la tête de Gobelin ! Que voulez-vous savoir ? S’il a trouvé des employeurs, si les terres ont été arides, s’il y a eu la guerre et la maladie ?
Ses paupières retombent lourdement sur ses prunelles et son expression devient plus sérieuse.
_ Le monde est bouleversé. Un nouvel ordre tente de s’imposer, murmure t-on. Ils appellent à la paix, ils veulent l’Unité ! Leurs prières seront-elles un jour exaucées ? Gobelin espère qu'un jour, il y ait la paix, qu'elle perdure à jamais, et que les Lanternes Vertes deviennent saltimbanques plutôt que mercenaires !
Ses yeux glissent vers son verre, qu’il prend et porte à ses lèvres pour en boire une gorgée. Un filet s’échappe au coin de ses lèvres, il le laisse dégouliner dans sa gorge, bien que sa langue pourlèche ses babines.
_ Mais il faudra probablement des siècles avant d'y arriver.
Gobelin sourit avec cruauté.
_ Et encore ! Il y aura toujours du sang à faire couler. Le sang de celleux que l’on considère différents. Il faut toujours, pour garantir l'ordre, qu'il y ait des forts et des faibles, des puissants et des misérables, des riches et des pauvres, des beaux et des vilains, il faut toujours, que certains soient supérieurs à d'autre, et qu'il y ait des lois, des règles, des sentences. Quelles têtes va-t-on trancher, pour garantir la tranquillité ?
Sa main passe le long de sa nuque.
_ Pas celle du Gobelin ! Imaginez ! Sa tête épinglée sur un pique, bouark ! Gobelin ferait une ultime grimace !
Il louche en tirant la langue, puis éclate de rire.
_ Le monde évolue, dit-on, mais les souillures de l’âme humaine perdureront, nous avons toustes nos tâches à nettoyer. Les sociétés peuvent évoluer, mais l’humanité a plus de difficultés à suivre le mouvement. Les promesses et les valeurs ne sont pas toujours aisées à suivre et peuvent même s’opposer ! Est-ce… bénéfique ou malheureux, que chaque être humain sur cette terre soit différent ? Par son apparence, dans ce qu’il décide de défendre… Alors oui, le monde est mouvementé, le voyage n’est pas simple, mais la vie ne l’a pas toujours été pour un tout petit Gobelin. Mais quel est l’avis du scribe sur la question ? Les choses sont-elles différentes ici ?
I'm a luxury few can afford
Adam guettait la réaction du gobelin face à son raisonnement, levant les yeux vers son visage. En voyant son faciès se déformer ainsi et surtout suite à sa longue réponse, le rouquin sentait son cœur se serrait douloureusement. Il aurait aimé pouvoir se terrer dans un petit coin, à l'abri des prunelles du mercenaire. Son cerveau cherchait quelque chose à lui faire dire, mais sa bouche demeurait close par l'embarras. Peut-être n'aurait-il jamais dû faire part de son raisonnement aussi librement. Et quand bien même qu'il maintenait ses suppositions, cela ne voulait pas dire qu'Adam approuvait cette société. Il ne lui était pas rare de sentir la rage s'emparer de sa personne en voyant les conditions de vie d'un esclave. Ce même ressenti lorsque le gobelin se questionnait sur le prix de sa tête s'il se retrouvait dans la même situation.
Le froid des Terres du Nord semblait être tombé sur la table, au grand damne du fils Helvar. Il ne pouvait pas réellement remédier à cela, outre qu'en changeant de sujet.
- Dans l'ombre d'un frère ? Comment se fait-il, qu'un homme tel que vous, soyez dans l'ombre d'un autre ?
Bref rictus mélancolique naissant à la commissure de ses lèvres. Le mercenaire, avait-il une si haute estime du scribe ou bien, était-ce lui-même qui ne savait pas s'apprécier à sa juste valeur. Heureusement, les autres mots de l'homme viennent mettre du baume au cœur. Alors, il se disait qu'il pouvait bien s'ouvrir un peu.
Je suis le deuxième enfant du duc et de la duchesse Helvar de seulement quelques minutes. Très rapidement, il a montré plus de facilité à apprendre que moi. Beaucoup nous ont comparées et le font toujours.
Peut-être trouverait-il sa réaction enfantine et totalement immature. Pourtant, l'homme pouvait être très complexe. Le rouquin se grattait la joue droite tout en écoutant l'homme sur le fait qu'il n'avait pas de mère. Il aurait bien souhaité s'excuser, néanmoins ne pas avoir eu de présence maternelle, ne semblait aucunement l'avoir privé de l'amour. Un être bon, voilà ce qu'il était, et ce, malgré la vie difficile qu'il avait pu mener. Il était impossible de choisir sa famille de sang, mais pour celle du cœur, cela était autre chose.
Venait l'heure du repas. Si dans un premier temps, le gobelin semblait indécis d'accepter la demande du scribe, s'était pourtant avec enthousiasme qu'il plantait ses dents dans le morceau de viande. Aussitôt que l'homme aux cheveux d'ébène avait commencé à s'activer sur son plat, plusieurs regards se posaient sur la table. Plusieurs devaient se demander qui était cet énergumène qui se goinfrait sans aucune manière. D'autres se questionnaient sur le pourquoi il y avait là, un duo quasiment improbable. Le jour et la nuit réunie au même moment. Mais si les coups d'œils se faisaient insistant et presque malaisant, Adam s'en fichait complètement. Seule la joie du gobelin à dévorer son cadeau était ce qui comptait le plus. Le cœur plus léger, le rouquin prenait encore quelques bouchées de son repas tout en manquant de s'étouffer par un fou rire naissant.
En voilà un appétit qui fait bon à voir.
Pour tout avouer, le fils Helvar ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait à savoir, car tout simplement parce que le Continent Blanc lui était méconnu à bien des égards. Néanmoins, il y avait bien une chose qu'Adam aimerait éviter comme sujet qu'il se permettait de lâcher.
Même si cela fait partie de la vie, la maladie et la guerre ne sont pas des sujets qui me passionnent. Je suis certain que vous avez pu découvrir une facette bien plus joyeuse du Continent, n'est-ce pas ?
La seconde suivante, les prunelles noisette du scribe se reposaient de nouveau sur l'homme à la chevelure de jais. Son visage exprimait clairement la surprise face à ses paroles. N'était-ce pas là une simple hallucination auditive de sa part ? Lui qui souhaitait un avenir radieux pour ces terres, ces nations. Et tout comme le gobelin, même si cela n'était qu'une rumeur parmi tant d'autres, il aimerait y croire dur comme fer.
Cela serait une véritable libération pour beaucoup. soufflait-il avec le plus grand des sérieux.
Mais les paroles suivantes du mercenaire ne pouvaient pas être plus criantes de vérité. Il était impossible de le nier et cela lui faisait un pincement au cœur. L'homme mettait le doigt sur un sujet assez difficile à aborder et faisait surchauffer les méninges. Une discussion toutefois, très intéressante et qui animait le scribe.
- Mais quel est l’avis du scribe sur la question ? Les choses sont-elles différentes ici ?
Hum, il serait difficile de donner son avis sur le sujet sans que cela ne puisse être critiqué par certains. Mais pour vous, je vais essayer de vous faire part de ce que j'ai au fond de mon cœur. Nous avons tous était plus ou moins éduqué pour rentrer dans un même moule. Être différent ou du moins, le montrer sans retenue peut amener à un sentiment de rejet. Les regards se portent sur les personnes et sont pointés du doigt. Le Royaume du Pharaon ne fait pas forcément exception à la règle. Pourtant, je trouve que c'est cette différence qui fait une force. Comment le monde pourrait-il évoluer autrement sinon non ?
Il reprenait son souffle, se demandait si cela était vraiment aussi simple. Néanmoins, c'était certainement en passant par des discussions comme celles-ci que les mentalités pouvaient évoluer.
Le froid des Terres du Nord semblait être tombé sur la table, au grand damne du fils Helvar. Il ne pouvait pas réellement remédier à cela, outre qu'en changeant de sujet.
- Dans l'ombre d'un frère ? Comment se fait-il, qu'un homme tel que vous, soyez dans l'ombre d'un autre ?
Bref rictus mélancolique naissant à la commissure de ses lèvres. Le mercenaire, avait-il une si haute estime du scribe ou bien, était-ce lui-même qui ne savait pas s'apprécier à sa juste valeur. Heureusement, les autres mots de l'homme viennent mettre du baume au cœur. Alors, il se disait qu'il pouvait bien s'ouvrir un peu.
Je suis le deuxième enfant du duc et de la duchesse Helvar de seulement quelques minutes. Très rapidement, il a montré plus de facilité à apprendre que moi. Beaucoup nous ont comparées et le font toujours.
Peut-être trouverait-il sa réaction enfantine et totalement immature. Pourtant, l'homme pouvait être très complexe. Le rouquin se grattait la joue droite tout en écoutant l'homme sur le fait qu'il n'avait pas de mère. Il aurait bien souhaité s'excuser, néanmoins ne pas avoir eu de présence maternelle, ne semblait aucunement l'avoir privé de l'amour. Un être bon, voilà ce qu'il était, et ce, malgré la vie difficile qu'il avait pu mener. Il était impossible de choisir sa famille de sang, mais pour celle du cœur, cela était autre chose.
Venait l'heure du repas. Si dans un premier temps, le gobelin semblait indécis d'accepter la demande du scribe, s'était pourtant avec enthousiasme qu'il plantait ses dents dans le morceau de viande. Aussitôt que l'homme aux cheveux d'ébène avait commencé à s'activer sur son plat, plusieurs regards se posaient sur la table. Plusieurs devaient se demander qui était cet énergumène qui se goinfrait sans aucune manière. D'autres se questionnaient sur le pourquoi il y avait là, un duo quasiment improbable. Le jour et la nuit réunie au même moment. Mais si les coups d'œils se faisaient insistant et presque malaisant, Adam s'en fichait complètement. Seule la joie du gobelin à dévorer son cadeau était ce qui comptait le plus. Le cœur plus léger, le rouquin prenait encore quelques bouchées de son repas tout en manquant de s'étouffer par un fou rire naissant.
En voilà un appétit qui fait bon à voir.
Pour tout avouer, le fils Helvar ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait à savoir, car tout simplement parce que le Continent Blanc lui était méconnu à bien des égards. Néanmoins, il y avait bien une chose qu'Adam aimerait éviter comme sujet qu'il se permettait de lâcher.
Même si cela fait partie de la vie, la maladie et la guerre ne sont pas des sujets qui me passionnent. Je suis certain que vous avez pu découvrir une facette bien plus joyeuse du Continent, n'est-ce pas ?
La seconde suivante, les prunelles noisette du scribe se reposaient de nouveau sur l'homme à la chevelure de jais. Son visage exprimait clairement la surprise face à ses paroles. N'était-ce pas là une simple hallucination auditive de sa part ? Lui qui souhaitait un avenir radieux pour ces terres, ces nations. Et tout comme le gobelin, même si cela n'était qu'une rumeur parmi tant d'autres, il aimerait y croire dur comme fer.
Cela serait une véritable libération pour beaucoup. soufflait-il avec le plus grand des sérieux.
Mais les paroles suivantes du mercenaire ne pouvaient pas être plus criantes de vérité. Il était impossible de le nier et cela lui faisait un pincement au cœur. L'homme mettait le doigt sur un sujet assez difficile à aborder et faisait surchauffer les méninges. Une discussion toutefois, très intéressante et qui animait le scribe.
- Mais quel est l’avis du scribe sur la question ? Les choses sont-elles différentes ici ?
Hum, il serait difficile de donner son avis sur le sujet sans que cela ne puisse être critiqué par certains. Mais pour vous, je vais essayer de vous faire part de ce que j'ai au fond de mon cœur. Nous avons tous était plus ou moins éduqué pour rentrer dans un même moule. Être différent ou du moins, le montrer sans retenue peut amener à un sentiment de rejet. Les regards se portent sur les personnes et sont pointés du doigt. Le Royaume du Pharaon ne fait pas forcément exception à la règle. Pourtant, je trouve que c'est cette différence qui fait une force. Comment le monde pourrait-il évoluer autrement sinon non ?
Il reprenait son souffle, se demandait si cela était vraiment aussi simple. Néanmoins, c'était certainement en passant par des discussions comme celles-ci que les mentalités pouvaient évoluer.
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
_ Argh ! Les comparaisons ! Comme si le pégase était comparable au boeuf ! L’un a les aides, l’autre a la force, peut-être votre frère a des facilités pour apprendre mais vous, pour défendre les Gobelins en détresse !
Le visage se plisse de malice, rictus radieux et yeux luisants, s’unissent avec connivence aux yeux d’Adam.
_ Tout le monde est différent, c’est ce qui permet l’harmonie du monde. Car le martin pêcheur dévore le poisson, que le faucon dévore le martin pêcheur, l’homme abat l’oiseau, et les vers rongent sa carcasse, vers qui nourrissent ensuite le poisson. Les forces et les faiblesses, font que les Hommes ont besoin des uns et des autres, font que tout un chacun, est nécessaire pour permettre au monde de tourner, sans vous, votre frère n’est pas ce qu’il est aujourd’hui, sans lui, peut-être ne seriez vous pas à table en la charmante compagnie d’un Gobelin ! Celleux qui vous distinguent n’ouvrent peut-être pas encore les yeux sur vos qualités, mais moi, je les vois.
_ Eh ouiiii, c’est déliciiiieux ! Bravo, bravo, toutes les félicitations au cuisinier et à celleux qui ont trouvé cette viande, même si tout ce qui est gratuit, est meilleur, ce que l’on m’offre est plus bon encore !
Il roucoule et gazouille, produits de petits sons mélodieux entre les bruits de mastication, déglutition et de sa langue qui pourlèche ses babines. La voix crisse et glapit, animal sauvage, il a la joie facile.
_ Il y a des choses magnifiques, dans le continent ! Comme le festival des cerfs-volants où dans certaines villes, on accroche de partout tissus et autres objets volants, la nuit, les lanternes s’envolent vers le ciel ! La neige qui tombe, au Domaine, les petites cabanes où l’on accueille Gobelin pour lui servir à boire, il y fait chaud, il y fait bon, les gens sont chaleureux. Il y avait ce mariage, surpris une fois dans un village, où les gens dansaient et faisaient de la musique, Gobelin s’y est incrusté ! Et les grands temples austères où Gobelin s’est faufilé, l’on entend souffler le vent entre les piliers, les prières gravées sur de grands rouleaux de bois que l’on fait tourner ! Les pégases sauvages qui galopent et s’élèvent vers le ciel, les plaines, couvertes de fleurs magnifiques et parfumées, les lucioles qui dansent au dessus des mares obscures, éclats d’étoiles arrachés du ciel, qui éclairent la pénombre de la nuit profonde… Et peut-être, peut-être, l’espoir d’une paix à venir, d’une terre harmonieuse, comme la Déesse aimerait que le monde soit, probablement, Gobelin pense qu’elle n’aime pas vraiment nos guerres, qu’elle n’aime pas les mercenaires, c’est pour ça que Gobelin la prie tous les soirs et lui demande, Ô Déesse, laissez un jour de plus à Gobelin !
La réponse d’Adam semble lui plaire, d’ailleurs, Gobelin l’observe avec un sourire. Il hoche la tête et lève l’index.
_ Voyez ! Voyez, Adam, c’est peut-être là où vous êtes différent de votre frère. Vous parlez avec honnêteté, vous riez des facéties de Gobelin, tout en étant des plus sérieux lors de nos échanges. Vous avez conscience, que la différence n’est pas un mal.
Il termine sa viande et lèche son assiette. Récupérant un peu de pain, il nettoie la moindre goutte de sauce, l’émiette entre ses doigts, glisse les morceaux entre ses lèvres.
_ Mais le monde a besoin d’ordre, de règles, d’expliquer que certain.es, sont supérieur.es à d’autres. Le problème de l’humanité est que nous n’avons pas réellement de prédateurs, il faut donc justifier que d’autres hommes dominent d’autres. Par l’argent, la réputation, par leurs possessions, leur beauté, leur force physique, leur intelligence…
Enumère Gobelin en roulant des yeux.
_ Il le faut, ou ce serait le chaos. Imaginez ! Une société emplie de Gobelins ! Quelle horreur, rien qu’y penser, Gobelin en a mal à la tête. Il en faut de la patience, pour le supporter.
Gobelin sourit en haussant les épaules.
_ Gobelin apprécie, toustes celleux qui veillent à rester dans le moule et qui veulent, que toustes rentrent dans cette case carrée. Gobelin a de trop grandes oreilles pour y pénétrer, mais l’on a au moins la décence de le laisser vivre, et Gobelin, ça lui va bien de rester en dehors ! Dans cette société, quelles sont les règles qu’il vous est le plus facile de suivre ?
Curieux, il se penche vers lui.
_ Et celles…
Son sourire s’étire. Langoureusement, ses paupières retombent et un silence, s’éternise.
_ Celles que dont vous aimeriez vous affranchir ?
Le visage se plisse de malice, rictus radieux et yeux luisants, s’unissent avec connivence aux yeux d’Adam.
_ Tout le monde est différent, c’est ce qui permet l’harmonie du monde. Car le martin pêcheur dévore le poisson, que le faucon dévore le martin pêcheur, l’homme abat l’oiseau, et les vers rongent sa carcasse, vers qui nourrissent ensuite le poisson. Les forces et les faiblesses, font que les Hommes ont besoin des uns et des autres, font que tout un chacun, est nécessaire pour permettre au monde de tourner, sans vous, votre frère n’est pas ce qu’il est aujourd’hui, sans lui, peut-être ne seriez vous pas à table en la charmante compagnie d’un Gobelin ! Celleux qui vous distinguent n’ouvrent peut-être pas encore les yeux sur vos qualités, mais moi, je les vois.
_ Eh ouiiii, c’est déliciiiieux ! Bravo, bravo, toutes les félicitations au cuisinier et à celleux qui ont trouvé cette viande, même si tout ce qui est gratuit, est meilleur, ce que l’on m’offre est plus bon encore !
Il roucoule et gazouille, produits de petits sons mélodieux entre les bruits de mastication, déglutition et de sa langue qui pourlèche ses babines. La voix crisse et glapit, animal sauvage, il a la joie facile.
_ Il y a des choses magnifiques, dans le continent ! Comme le festival des cerfs-volants où dans certaines villes, on accroche de partout tissus et autres objets volants, la nuit, les lanternes s’envolent vers le ciel ! La neige qui tombe, au Domaine, les petites cabanes où l’on accueille Gobelin pour lui servir à boire, il y fait chaud, il y fait bon, les gens sont chaleureux. Il y avait ce mariage, surpris une fois dans un village, où les gens dansaient et faisaient de la musique, Gobelin s’y est incrusté ! Et les grands temples austères où Gobelin s’est faufilé, l’on entend souffler le vent entre les piliers, les prières gravées sur de grands rouleaux de bois que l’on fait tourner ! Les pégases sauvages qui galopent et s’élèvent vers le ciel, les plaines, couvertes de fleurs magnifiques et parfumées, les lucioles qui dansent au dessus des mares obscures, éclats d’étoiles arrachés du ciel, qui éclairent la pénombre de la nuit profonde… Et peut-être, peut-être, l’espoir d’une paix à venir, d’une terre harmonieuse, comme la Déesse aimerait que le monde soit, probablement, Gobelin pense qu’elle n’aime pas vraiment nos guerres, qu’elle n’aime pas les mercenaires, c’est pour ça que Gobelin la prie tous les soirs et lui demande, Ô Déesse, laissez un jour de plus à Gobelin !
La réponse d’Adam semble lui plaire, d’ailleurs, Gobelin l’observe avec un sourire. Il hoche la tête et lève l’index.
_ Voyez ! Voyez, Adam, c’est peut-être là où vous êtes différent de votre frère. Vous parlez avec honnêteté, vous riez des facéties de Gobelin, tout en étant des plus sérieux lors de nos échanges. Vous avez conscience, que la différence n’est pas un mal.
Il termine sa viande et lèche son assiette. Récupérant un peu de pain, il nettoie la moindre goutte de sauce, l’émiette entre ses doigts, glisse les morceaux entre ses lèvres.
_ Mais le monde a besoin d’ordre, de règles, d’expliquer que certain.es, sont supérieur.es à d’autres. Le problème de l’humanité est que nous n’avons pas réellement de prédateurs, il faut donc justifier que d’autres hommes dominent d’autres. Par l’argent, la réputation, par leurs possessions, leur beauté, leur force physique, leur intelligence…
Enumère Gobelin en roulant des yeux.
_ Il le faut, ou ce serait le chaos. Imaginez ! Une société emplie de Gobelins ! Quelle horreur, rien qu’y penser, Gobelin en a mal à la tête. Il en faut de la patience, pour le supporter.
Gobelin sourit en haussant les épaules.
_ Gobelin apprécie, toustes celleux qui veillent à rester dans le moule et qui veulent, que toustes rentrent dans cette case carrée. Gobelin a de trop grandes oreilles pour y pénétrer, mais l’on a au moins la décence de le laisser vivre, et Gobelin, ça lui va bien de rester en dehors ! Dans cette société, quelles sont les règles qu’il vous est le plus facile de suivre ?
Curieux, il se penche vers lui.
_ Et celles…
Son sourire s’étire. Langoureusement, ses paupières retombent et un silence, s’éternise.
_ Celles que dont vous aimeriez vous affranchir ?
I'm a luxury few can afford
Il clignait des paupières face à la révélation du gobelin. Jamais le scribe n'aurait pensé à avoir ce genre de comparaison. Évidemment, il s'agissait de mots lui venant droit au cœur, réconfortant son cœur meurtri. Il se permettait même de lui offrir un regard reconnaissant et légèrement mouillé par l'émotion. Son sourire s'était davantage étiré. Le mercenaire ressemblait bien plus à ce moment-là, à un père essayant de réconforter son enfant et de l'éduquer. En-tout-cas, c'était ce que le scribe pensait et il se demandait même si l'être qui lui faisait face avait déjà été père une fois dans sa vie. Mais pourtant, malgré toutes ces belles phrases qui réussissaient à être comme des rayons de soleil, cela n'arrivait pas à faire disparaître le malaise qu'Adam éprouvait envers son frère jumeau.
Seul le temps saura faire la part des choses.
Je vous remercie pour voir en moi tant de qualités. Cela me touche beaucoup.
Il ne mentait pas, sa voix vibrait des émotions. Ce qui l'amusait, c'était de pouvoir sauter du coq à l'âne aussi facilement comme maintenant. Les conversations s'enchaînaient et les sujets aussi. Le gobelin, repu venait remercier le cuisinier de ce repas si alléchant pour les papilles. L'instant d'après, l'homme lui répondait sur ce que le Continent Blanc avait à offrir aux gens. Des récits joliment racontés et dont Adam s'accrochait à ses lèvres, son cerveau s'imaginant déjà le festival des cerfs-volants ou encore, des pégases. Alors il évoquait la Déesse en supposant qu'elle ne devait pas aimer la guerre ainsi que les mercenaires. Mais si tel était le cas, alors pourquoi le monde était en proie à de nombreux conflits. Pourquoi ne pas réagir depuis en baignant les terres de sa douce lumière ?
Même si la différence n'est pas forcément bien vue pour certains, je ne vois pas le mal d'être honnête avec vous, de partager nos vécus, nos avis.
Un endroit sans ordres et de règles... Si cela pouvait fonctionner sans soucis, alors peut-être qu'il n'y aurait plus besoin d'avoir de souverain. Et sur ce point, gobelin avait encore un point de vue logique sur le sujet. Le scribe haussait les épaules, bien qu'un rictus amusé étirait ses lèvres.
Le monde se porterait peut-être bien mieux avec des gens comme Gobelin non ? S'il est particulier, il garde néanmoins la tête sur les épaules et ses paroles sont bien plus sages que venant d'autres énergumènes.
Il marquait une pause à la première question du mercenaire. Il ne faisait pas semblant de prendre le temps pour réfléchir. En même temps, il fallait avouer que l'interrogation n'était pas des plus simple.
Hum voilà un sujet qu'il m'est difficile d'y répondre. Depuis ma naissance, j'ai toujours plus ou moins accepté les règles qui nous étaient imposées. Peut-être que celles permettant d'assurer la sécurité du peuple sont les plus faciles à respecter. Mais si je devais me révolter contre une... Surtout, au sein du Royaume du Pharaon, cela serait très certainement celle qui concerne la légalisation de l'esclavagisme. Mais vous, vous pliez-vous aux règles des pays ou est-ce qu'il vous est déjà arrivé de passer outre ?
Seul le temps saura faire la part des choses.
Je vous remercie pour voir en moi tant de qualités. Cela me touche beaucoup.
Il ne mentait pas, sa voix vibrait des émotions. Ce qui l'amusait, c'était de pouvoir sauter du coq à l'âne aussi facilement comme maintenant. Les conversations s'enchaînaient et les sujets aussi. Le gobelin, repu venait remercier le cuisinier de ce repas si alléchant pour les papilles. L'instant d'après, l'homme lui répondait sur ce que le Continent Blanc avait à offrir aux gens. Des récits joliment racontés et dont Adam s'accrochait à ses lèvres, son cerveau s'imaginant déjà le festival des cerfs-volants ou encore, des pégases. Alors il évoquait la Déesse en supposant qu'elle ne devait pas aimer la guerre ainsi que les mercenaires. Mais si tel était le cas, alors pourquoi le monde était en proie à de nombreux conflits. Pourquoi ne pas réagir depuis en baignant les terres de sa douce lumière ?
Même si la différence n'est pas forcément bien vue pour certains, je ne vois pas le mal d'être honnête avec vous, de partager nos vécus, nos avis.
Un endroit sans ordres et de règles... Si cela pouvait fonctionner sans soucis, alors peut-être qu'il n'y aurait plus besoin d'avoir de souverain. Et sur ce point, gobelin avait encore un point de vue logique sur le sujet. Le scribe haussait les épaules, bien qu'un rictus amusé étirait ses lèvres.
Le monde se porterait peut-être bien mieux avec des gens comme Gobelin non ? S'il est particulier, il garde néanmoins la tête sur les épaules et ses paroles sont bien plus sages que venant d'autres énergumènes.
Il marquait une pause à la première question du mercenaire. Il ne faisait pas semblant de prendre le temps pour réfléchir. En même temps, il fallait avouer que l'interrogation n'était pas des plus simple.
Hum voilà un sujet qu'il m'est difficile d'y répondre. Depuis ma naissance, j'ai toujours plus ou moins accepté les règles qui nous étaient imposées. Peut-être que celles permettant d'assurer la sécurité du peuple sont les plus faciles à respecter. Mais si je devais me révolter contre une... Surtout, au sein du Royaume du Pharaon, cela serait très certainement celle qui concerne la légalisation de l'esclavagisme. Mais vous, vous pliez-vous aux règles des pays ou est-ce qu'il vous est déjà arrivé de passer outre ?
Zeng Adam Un marché comme tant d'autres
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